Analyse et enseignements de l`accident

Transcription

Analyse et enseignements de l`accident
Analyse et enseignements de l’accident
R. Siegenthaler <[email protected]>
Fin 2012 une spéléologue chute depuis une main courante et se blesse mortellement. Ce
document tente de reconstituer les circonstances de l’accident et d’en tirer des enseignements
dans le but de prévenir la répétition d’un tel incident tragique.
1. Reconstitution de l’accident
1.1. Constatations
Une spéléologue se déplace le long d’une main courante accrochée par sa longe courte (Figure 1,
« Main courante où l’accident a eu lieu »). Elle s’aide de son bloqueur de poing, auquel des pédales
sont attachées, pour franchir les points d’amarrage intermédiaires. Elle est très probablement assurée
par sa longe longue connectée au bloqueur poing. Son compagnon d’expédition l’entend crier derrière
lui. Quand il se retourne, il n’aperçoit plus que le bloqueur de poing de la victime, avec les pédales,
accroché à la main courante.
Figure 1. Main courante où l’accident a eu lieu
Lors du trajet aller, un demi-jour avant l’accident, les deux explorateurs ont pris des photos lors
du passage de cette même main courante. Sur une photo (Figure 2, « Gros plan sur l’assurage de
la victime ») on distingue clairement l’arrangement des agrès de la victime. Sa longe longue est
connectée au bloqueur de poing au moyen d’une chaine de deux mousquetons symétriques sans virole.
L’ouverture du doigt du mousqueton supérieur est orientée vers le bas.
Figure 2. Gros plan sur l’assurage de la victime
1.2. Interprétation
Pour franchir l’amarrage intermédiaire, la victime a fait porter tout son poids sur ses pédales,
immobilisant ainsi le mousqueton supérieur (celui qui connecte les pédales au bloqueur de poing) en
position verticale. Le second mousqueton, celui de la longe longue d’assurage, est alors délesté et peut
se mouvoir librement tout en restant connecté au premier mousqueton.
Il est à supposer que lors du report de poids sur la longe longue, ce deuxième mousqueton se
soit positionné de manière à ouvrir le doigt du premier mousqueton et se soit ainsi de lui-même
déconnecté.
La victime doit avoir constaté la déconnexion de son assurage, d’où son cri d’exclamation. Elle n’a
eu, ni la force de se retenir, ni pu reconnecter sa longe et a chuté en arrière. Les boucles de ses pédales
était nouées trop large pour qu’elle y reste accrochée.
L’utilisation d’un mousqueton sans virole comme connecteur supplémentaire entre le
bloqueur de poing et la longe d’assurage, a très probablement contribué à cette chute fatale.
La photo (Figure 3, « Agrès de la victime ») montre l'équipement original de victime, dans la
configuration supposée au moment de l’accident. Le doigt du mousqueton incriminé offrait une
résistance à l’ouverture relativement faible; cela a pu accentuer une combinaison déjà défavorable.
Figure 3. Agrès de la victime
2. Conclusions et recommandations
A la lumière de cette expérience fatale on peut émettre de nouvelles recommandations:
Il faut connecter la longe d’assurage directement au bloqueur de poing.
Pour cette raison la plupart des modèles sont équipés de deux trous prévus pour y connecter
séparément les pédales et la longe d’assurage, conformément à l’image Figure 4, « Bloqueur de poing
disposant de deux trous et maillon rapide ».
Dans ce cas même un mousqueton de longe sans virole ne peut pratiquement pas se déconnecter de
lui-même. Avec une virole fermée le dernier doute est éliminé.
Figure 4. Bloqueur de poing disposant de deux trous et maillon rapide
Si malgré tout on a besoin d’un connecteur supplémentaire, par exemple au cas où le bloqueur de
poing ne dispose que d’un seul trou, on utilisera à cet endroit impérativement un mousqueton avec
virole fermé ou un maillon rapide.
Ce connecteur supplémentaire peut en même temps recevoir les pédales et servir à y connecter la
longe d’assurage, comme illustré sur l’image Figure 5, « Bloqueur de poing disposant d’un seul trou
et mousquetons à virole ». On prendra soit de vérifier que l’ouverture du doigt du mousqueton soit
orientée vers le haut et que sa virole, ou le maillon rapide, soit bien fermé.
Figure 5. Bloqueur de poing disposant d’un seul trou et mousquetons à virole

Documents pareils