«LE TEMPS DES PORTE-PLUMES» : rencontre

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«LE TEMPS DES PORTE-PLUMES» : rencontre
© Pascal Chantier
Daniel DUVAL, réalisateur accompagné de Jean-Paul
ROUVE, acteur sont venus présenter Le temps des porte-plumes
en avant-première au Cinéville-Colombier.
Pipo a 9 ans, retiré à sa famille, il se retrouve placé chez
des paysans.
Daniel DUVAL est très pudique, il ne s’en vantera pas, mais
c’est sa propre histoire qu’il raconte quand en 1954 il s’est
retrouvé au «dépôt» cette plaque tournante, sorte de pensionnat où les gamins attendaient d’être envoyés, le plus souvent, dans des fermes. À cette époque la communication
n’était pas à la mode, on n’expliquait rien, on ne s’inquiétait
pas des souhaits des enfants. À Pipo non plus, on a rien
expliqué, le voilà parachuté chez un jeune couple : Cécile
(Anne BROCHET) et Gustave (Jean-Paul ROUVE) ils n’ont
pas d’enfants, elle, on sent qu’elle a des problèmes et lui
c’est une crème commente l’ex Robin des Bois.
Et c’est la découverte de la vie à la ferme en plein été, à
l’époque des moissons entre les lourds chevaux de trait, les
faucheuses-lieuses et les scènes de battages à la ferme, on
sent une réelle connaissance du milieu paysan, très richement documenté montré sans nostalgie, c’est vrai, je connais
bien la campagne avoue Daniel DUVAL, j’aime la terre, je
sais quelle valeur elle a, ça a été une communion, un refuge pour moi. Mais Pipo a un passé à évacuer, il est plutôt
secret, voir un peu marginal comme tous les blessés de la vie, finalement il en rencontre
d’autres blessés : Pierre (Lorant DEUTSCH) de retour d’Indochine ou Alphonsine (Annie
GIRARDOT) un peu sorcière - un peu grand-mère avec qui Pipo tisse des liens étroits et
semble partager un secret, ma culture de la vie vient de ces gens, parfois marginaux mais
très justes, c’est eux qui m’ont changé.
Puis arrive la rentrée des classes et la confrontation avec les écoliers du cru, c’est rarement tendre, c’est bien connu, le petit nouveau est attendu au virage. À lui de se frayer un
chemin dans un monde où on aime bien les choses organisées, au point de trahir un secret
de confession pour arranger un coup : le curé, l’instit, le maire avaient tout pouvoir confie
le réalisateur qui a gardé cette histoire en lui jusqu’à 61 ans puis : il y a un moment où
ça sort, on est très motivé pour trouver les forces, j’ai mis cinq ans pour le faire, à chaque
fois que j’ai été têtu dans ma vie ça a payé, se réjouit le cinéaste.
Ça valait le coup d’attendre, Daniel DUVAL a pris du recul, la pression est retombée, les
images sont superbes, à certains moments on sent presque l’odeur des moissons.
D’autres photos sur www.cine35.com
R.M.
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Photos Benoît Meudec
«LE TEMPS DES PORTE-PLUMES» : rencontre