Oraison funèbre prononcée aux obsèques de Madame Simone

Transcription

Oraison funèbre prononcée aux obsèques de Madame Simone
DISCOURS DU MAIRE A L’ENTERREMENT DE MADAME SIMONE VATON
LE LUNDI 28 JANVIER 2013 – 15 H
Au bout d’une nuit du hurlement des chiens… le pipiri, mal assuré, ce matin là, plaçant mal
ses drilles, déparle, lapriè mèl déraillé, le coq lui-même déchante et l’alizé hoquette.
Le matin blême hésite et s’avance… Oh… presqu’à reculons…
Woï, sasayé… mwen maché asou an pinez. Et, le téléphone sonne. C’est Emma, celle dont
le prénom s’échappe du verbe « aimer ».
-
« C’est pour Simone… »
-
« Oui… pour Simone, et pourquoi ? »
-
« Elle est morte. »
Cyclone dans ma tête, séisme dans mon cœur, knock-out, debout, à hurler… debout.
Waÿ… « Nou tout la maché asou pinez : Simone est morte ! »
Et nous voilà, Simone, tous désolés, tous dessolés, depotcholé, tous déboussolés…
Simone.
Tous… Simone.
Georges,
Tes 5 enfants,
Tes 9 petits enfants.
Tous, tous affligés et meurtris de n’avoir plus chance et bonheur à être aimés de toi, par
toi… de toi, Simone VATON née BAZIN il y a seulement 78 ans.
78 ans.
Je le sais au tout début tu fus une enfant sage, longtemps unique, réputée « douée » à
laquelle tes parents : ton père, boulanger au Lamentin et ta mère née YUNG-HING,
commerçante et faiseuse de gâteaux toutes les fois inédits, te réclamaient : le petit
compliment, la petite poésie, la petite poésie, la dernière chanson apprise à l’école.
Et tu n’aimais pas ça Simone, toi faite, en la circonstance « singe savant de l’école
française. » Et tu te rebellais Simone. Alors tu t’en es allée bien vite, en l’autre bord, à
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Bordeaux pour l’étude des Sciences, des Sciences de la vie… et pour donner la vie, ayant
rencontré Georges avec lequel tu entreras en résistance, en rébellion une nouvelle fois
contre la toxicité de l’aliénation culturelle et politique, contre l’oppression coloniale en
Algérie… et vous fîtes front ensemble pour trouver force à transmettre, à la Martinique, à
inviter à décolonisation et désaliénation culturelle à l’enseignement d’Aimé Césaire et Paulo
Freire pour la conscientisation du PEUPLE, la verticalité ; l’identité, l’autonomie.
Vous l’avez fait tous deux. Toi, tu l’as fait Simone.
Simone, femme martiniquaise d’exception, de volonté forte, exigeante du travail bien fait,
femme de générosité sans borne pour tous, d’abnégation, d’engagement auprès du PEUPLE
de ce pays tien.
Toujours, tu as poussé chacun à viser l’excellence et ce, dans tous les domaines et aspect
de ton existence et de l’existence :
-
La famille : Georges, tes enfants et tes petits-enfants te pleurent.
-
L’éducation : tes élèves et tes anciens collègues du Lycée de Bellevue te regrettent
et te pleurent.
-
Le PPM : tes camarades reconnaissants se lamentent.
-
Ton Eglise : femme de foie plutôt que femme d’église, tes sœurs et frères en religion,
attristés prient pour toi.
-
La famille municipale foyalaise à laquelle tu as tant donné est « chiré ».
-
Les amis du CEDIF.
-
Et moi, et moi, et moi marraine Simone, j’ai tant pris et appris de toi.
Simone, Simone,
Georges, tes enfants, tes petits-enfants, tes parents, tes camarades et amis, tes filleuls,
et je me prétends être de ces derniers, tourmentés dans la peur, écrasés de douleurs,
tordus par le chagrin, malmenés par la peine, te disent, te crient toute leur tendresse,
t’adressent remerciements pour t’avoir connue, d’avoir cheminé avec ou aux côtés de toi,
mais, comme moi sont tous enragés… enragés d’impuissance face à l’inexorable, face à
l’irréversible, face à l’inadmissible, enragés Simone et vois Simone :
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Vois Georges, le visage bouffi par les pleurs, vois enfants et petits-enfants souffrant,
dignes, mais fâchés, contrariés, enragés.
Enragés oui, enragés en silence.
Et l’on voudrait que je sois calme et que je reste politiquement correct dans ma conduite
et mes propos ?
Moi aussi j’enrage Simone et je foutrais bien un coup de pied dans cette caisse dite
cercueil où tu reposes, si j’avais certitude que tu te réveillerais et que… miraculeusement
Simone, tu pourrais continuer à nous aimer, à nous guider, nous consoler, nous aider à
être courageux et forts et nous réconforter.
Et l’on voudrait que je reste calme et politiquement correct en me parlant :
-
de l’autre bord,
-
de la maison d’en haut,
-
des étoiles entre lesquelles ton nom s’inscrira et brillera.
Non, je ne le peux, nous ne le pouvons, en tout cas, pas tout de suite, car nous sommes
mals, tous malades. Nous avons mal et du mal à comprendre, du mal à accepter et faute
de pouvoir prendre la mort au collet, alors nous t’appelons à notre secours.
Où que tu sois Simone : « Au secours ».
Oui, au secours : donne nous la force. « Je vous donne la paix, je vous laisse la paix. »
Est-il écrit, alors toi Simone : « Donne nous la force, laisse nous la force. »
-
La force de te chercher en nous,
-
La force de te trouver en nous, en sorte qu’à notre tour… à ton image, nous soyons
tous, hommes et femmes d’exception, tous, hommes et femmes d’excellence, tous,
hommes et femmes d’engagement aux côtés du Peuple, au pas du Peuple.
Merci Simone pour tout ce, qu’à tous, tu nous as donné.
Exemple, tu nous as montré l’exemple, et nous voulons dire à :
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Georges, ton époux,
-
Tes enfants, Inès, Solange, Dominique, Jojo et Thierry,
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-
Tes petits-enfants, Steeve, Doris, Régis, Anthony, Floréane, Jordan, Youri, Mathias,
Carmen,
Toute notre affection et toute notre tendresse.
Vous que nous aimons très sincèrement et très profondément, que votre conduite de
deuil, du deuil de Simone soit réussie et progrédiente de sorte, qu’avec nous vous
gardiez et cultiviez le souvenir vivant et si précieux de Simone, femme de cœur, saoule
de justice, d’équité, d’amour, faite par la mort et l’œuvre au noir, de celle-ci « grain de
blé. »
« Si le grain de blé tombé en terre refuse de mourir, la moisson de l’espoir des hommes
ne pourra jamais fleurir. »
Repose en nous Simone, nous fleurirons Simone, nous te le promettons.
Oui tous forts de ton souvenir et de ton enseignement nous fleurirons, nous grandirons.
Nous te remettons à Dieu Simone.
Adieu Simone, nous continuerons de t’aimer.
Raymond SAINT LOUIS AUGUSTIN
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