ECO Immobilier – n°32– avril 2012
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ECO Immobilier – n°32– avril 2012
Trimestriel – n°32 – avril 2012 Une baisse lente du marché s’amorce en 2012 Plusieurs signes de correction apparaissent depuis quelques mois. En 2011, les ventes de logements neufs promoteurs ont reculé de 11%. Début 2012, les prix de l’ancien commencent à baisser légèrement. De plus, la production de nouveaux crédits habitat se replie nettement : sur la période décembre 2011-février 2012, le flux est en recul marqué sur un an, -37%. Les facteurs négatifs qui commençaient à apparaître en 2011 sont de plus en plus présents : Un contexte économique très morose, avec une croissance du PIB quasi-nulle en 2012 (+0,3% en moyenne) et une remontée régulière du taux de chômage ; Une hausse graduelle des taux de crédit habitat ; Des prix clairement surévalués, de l’ordre de 25% en moyenne dans l’ancien, et de 35% à Paris ; Une série de mesures de durcissement fiscal, qui affectent notamment l’investissement locatif. Sommaire Tendances récentes dans l’ancien ......................2 Bonne tenue des ventes en 2011, mais signes d’érosion .................................. 2 Début de baisse des prix ............................. 2 Tendances récentes dans le neuf ........................3 Repli des ventes de logements neufs en 2011 ...................................................... 3 Légère remontée des stocks ....................... 4 Résistance des mises en chantier ............... 4 Freinage des prix ........................................ 4 2012 : début de correction du marché .................5 Après une année 2011 encore dynamique, surtout dans le logement ancien, le marché va donc amorcer une correction cette année. Mais le mouvement devrait être assez lent et graduel. Le boom immobilier français ne s’inscrit ni dans un schéma de bulle du crédit, ni dans un schéma de bulle spéculative classique. Et les facteurs de soutien structurels continueront à jouer, en premier lieu l’effet « valeur refuge ». En 2012, les ventes de logements anciens se replieraient de 10%. Dans le logement neuf, elles baisseraient de 15%. Les prix de l’ancien connaîtraient un recul de -6% en glissement (de décembre 2011 à décembre 2012) et de -2% en moyenne annuelle. Les prix dans le neuf seraient à peu près stables en glissement. En 2013, la baisse des prix de l’ancien devrait être du même ordre, soit un repli cumulé d’environ 12% entre fin 2011 et fin 2013. Olivier ELUERE 2011 : bonne année, mais premiers signaux d’inflexion....................................... 5 2012 : la correction se précise ..................... 6 Indicateurs des marchés immobiliers français ...8 Olivier ELUERE [email protected] Tendances récentes dans l’ancien Bonne tenue des ventes en 2011, mais signes d’érosion Les ventes de logements anciens sont restées élevées en 2011. Des premiers signes d’érosion sont toutefois apparus, notamment en Ile-de-France. En France, le nombre de transactions dans l’ancien a atteint 828 000 en septembre 2011, en cumul douze mois (source : Conseil général de l’environnement et du développement durable, d’après les bases fiscales et notariales), soit une hausse de 12% sur un an1. Les transactions devraient avoisiner 830 000 sur l’année entière et retrouver les records historiques atteints en 2004-2005. La hausse serait de 6% sur un an, après, rappelonsle, un rebond de 32% en 2010. Les ventes sont restées marquées au troisième trimestre, 212 000, +5,5% sur un an. Les ventes ont donc encore fait preuve de dynamisme, malgré l’émergence de plusieurs facteurs négatifs. Cette bonne tenue, au moins jusqu’à septembre, s’explique notamment par la persistance de l’effet valeur refuge (cf. page 5). En Ile-de-France, les ventes ont connu un repli. Sur l’ensemble de l’année 2011, les ventes d’appartements anciens ont atteint 104 000 unités en cumul douze mois, -8% sur un an. Au quatrième trimestre, elles ont fortement reculé, de l’ordre de 20% sur un an (ce recul s’explique en partie par le niveau record des ventes fin 2010). Un sursaut est toutefois intervenu en janvier 2012 : sur la période novembre 2011-janvier 2012, les ventes d’appartements anciens ont rebondi de 17% sur un an, du fait notamment de la nette réduction de l’abattement sur les plusvalues, qui prend effet à partir de février 2012. Graphique 1 France : Transactions de logements anciens 250 000 Nbre estimé/trim 200 000 150 000 100 000 50 000 04 05 06 Source : CGEDD, Notaires, Crédit Agricole S.A. 07 08 09 10 11 Nbre de transactions estimées Début de baisse des prix Les prix de l’ancien sont restés en hausse assez soutenue en 2011, +6,1% en moyenne annuelle (indices INSEE Notaires). Mais le mouvement de freinage se précise. Sur un an, la hausse a atteint 3,9% au quatrième trimestre 2011, après 6,2% au troisième trimestre et 7,6% fin 2010. Le freinage a été particulièrement marqué en province, 2,3% a/a fin 2011, après 5,6% fin 2010. Les hausses de prix sont restées fortes en Ile-de-France, 9% fin 2011 (après 12% fin 2010), et plus encore à Paris, 14,8% (17,2% fin 2010). Au quatrième trimestre 2011, le prix moyen du mètre carré des appartements anciens s’élevait à 8 390 € à Paris, 4 440 € en Petite Couronne et 3 140 € en Grande Couronne. Le prix des logements anciens est estimé à 2 940 € le m2 en France. L’inflexion est encore plus nette en rythme trimestriel. Au quatrième trimestre 2011, les prix de l’ancien sont restés quasistables par rapport au troisième trimestre en données cvs (+0,1%) et ont baissé en données brutes (-0,9%). Le repli est plus marqué sur certains segments : appartements en Seine Saint Denis et Val de Marne (-1,5%), appartements en Essonne et Val d’Oise (-1,9%). Au regard des avant-contrats de vente, les prix seraient en légère baisse aux premier et deuxième trimestres 2012 sur l’ensemble de l’Ile-de-France, y compris à Paris. Malgré ces premiers signes, les prix restent très élevés. Les hausses récentes ont plus que compensé la baisse de 9% observée entre mi-2008 et mi-2009. La hausse cumulée depuis le début du boom (1998) est considérable, 158%, Les prix sont clairement surévalués, d’au moins 25%.(cf. analyse page 5) 1 Graphique 2 France : Prix des logements anciens 20 a/a indice 120 15 100 10 5 80 0 60 -5 -10 40 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 Variation sur un an, % indice base 100 T1 2010 Source : INSEE, Notaires Pour des raisons techniques, les chiffres du quatrième trimestre 2011 ne sont pas encore disponibles. N°32 – avril 2012 2 Olivier ELUERE [email protected] Tendances récentes dans le neuf Repli des ventes de logements neufs en 2011 En 2011, les ventes de logements neufs (réservations, filière promoteurs, programmes d’au moins cinq logements) se sont repliées de 11% par rapport à 2010. Elles ont atteint 103 300 unités. Ce niveau reste assez élevé, mais significativement inférieur aux records des années 2004-2007, 122 000 par an. Au quatrième trimestre, les ventes se sont toutefois bien tenues. Elles ont atteint 29 500 unités, en hausse de 4,1% sur un an, ce qui est probablement lié à la volonté de certains investisseurs de profiter in extremis d’un dispositif Scellier avec réduction d’impôt de 22%. En Ile-de-France, les ventes ont baissé encore plus nettement en 2011, de 17% sur un an. De plus, le quatrième trimestre n’a pas fait apparaître de rebond. La baisse des ventes sur l’année 2011 peut s’expliquer en partie par le niveau assez modéré des mises en ventes (cf. infra), notamment dans certaines régions comme l’Ile-de-France. Mais elle reflète avant tout un repli de la demande. Les ventes dans le neuf promoteurs sont caractérisées par une part très importante des investissements locatifs, par rapport aux achats classiques (ménages achetant un bien pour y habiter). Cette part atteint en général 50% environ, contre 10 à 15% dans l’ancien. Elle était montée à 64% en 2009-2010, du fait du succès du dispositif Scellier. En 2011, cette part s’est réduite à 57% environ, soit une baisse estimée à 18% du nombre de ventes investisseurs. Une série de facteurs négatifs a, en effet, pénalisé les investissements locatifs en 2011 (et ceci jouera plus encore en 2012). Dans le cadre des différents plans d’économies budgétaires présentés au second semestre 2011, trois principales mesures ont été décidées. Le dispositif Scellier est revu très nettement en baisse. L’abattement sur les plus-values immobilières hors résidences principales est fortement réduit. Les taux de prélèvements sociaux sur les revenus du capital (y compris les plus-values immobilières) sont accrus de 3,2% en 2012. Ces divers éléments sont détaillés en page 5. Graphique3 France : Commercialisation de logements neufs 49 milliers par trim. 41 33 25 18 10 91 94 97 00 La demande des acquéreurs classiques et notamment des primoaccédants a, en partie, compensé ce recul de la demande des investisseurs, mais en partie seulement. Le poids de ce segment est passé de 37% en 2010 à 43% en 2011. Le nombre de ventes est resté à peu près stable par rapport à 2010, mais n’a pas progressé, malgré la mise en place du PTZ+. La demande a en effet été affectée par la remontée du chômage, des niveaux de prix trop élevés et le début de remontée des taux de crédit. Au total, les ventes ont baissé de 11% en 2011. Au regard des récentes enquêtes auprès des promoteurs, la demande de logements neufs à acheter reste mal orientée début 2012. N°32 – avril 2012 06 09 Mises en vente Ventes Source : Ministère de l'Ecologie Graphique 4 France : Stocks de logements neufs 130 milliers mois 23 110 19 90 15 70 11 50 7 30 3 91 94 97 00 03 06 09 Stocks à vendre Stock en mois de vente (éch. dr.) Source : Ministère de l'Ecologie De plus, les prix sont très élevés, ce qui conduit à des taux de rendement locatif assez faibles, de l’ordre de 3% hors mesures fiscales. Le cumul de ces facteurs a nettement réduit l’attrait des investissements locatifs dans le logement neuf. 03 Graphique 5 France : Ventes et stocks de logements neufs 45 ventes en milliers mois de vente 40 24 20 35 16 30 12 25 8 20 4 15 10 0 91 94 97 00 Ventes Source : Ministère de l'Ecologie 03 06 09 Stocks en mois de vente 3 Olivier ELUERE [email protected] Légère remontée des stocks Les mises en vente de logements ont atteint 118 000 unités, en hausse de 7,2% sur un an. Elles restent nettement en deçà des records de 2006-2007, 150 000 par an. Mais elles ont progressé, du fait de la bonne tenue des ventes en 2010 et de niveaux de stocks proches de la normale. Les mises en vente ont été en 2011 supérieures aux ventes et les stocks de logements neufs sont repartis à la hausse. Ils atteignent 69 700 logements au quatrième trimestre, Le ratio stocks/ventes, qui mesure le délai moyen d’écoulement des stocks, s’est ainsi redressé, à 7,5 mois en décembre 2011, contre 6,1 mois un an plus tôt. Il reste toutefois proche du niveau moyen de 2000-2010, 7,7 mois. Seulement 38% des stocks sont achevés ou en cours de construction, et 62% sont en projet. En Ile-de-France, les stocks remontent un peu, à 5,4 mois de vente, contre 3,8 mois un an plus tôt. Mais ces niveaux de stocks restent très bas. Les mises en vente demeurent faibles, 17 800 sur l’année, contre 19 000 en 2010 et 21 000 par an en moyenne en 1997-2007, ce qui confirme la pénurie de l’offre liée notamment au manque de foncier disponible. Graphique 6 France : Stocks de logements neufs (Ile-de-France) 20 milliers 30 mois 25 17 20 14 15 11 10 8 5 5 0 91 94 97 00 03 06 09 Stocks à vendre Stocks en mois de vente (éch. dr.) Source : Ministère de l'Ecologie Résistance des mises en chantier En 2011, la construction de logements est restée soutenue, du fait de la bonne tenue relative de la demande et de niveaux de stocks assez bas. Les mises en chantier ont totalisé 421 300 unités, +22% sur un an et les permis de construire 534 800 unités, +18% sur un an. Sur le quatrième trimestre, les tendances étaient encore plus dynamiques, +28% sur un an pour les mises en chantier, +34% pour les permis de construire. Cette reprise concerne surtout le logement collectif et est probablement en partie liée à la croissance marquée de la construction de logements sociaux en 2010-2011. Début 2012, une légère inflexion apparait. Sur les trois derniers mois connus (décembre-février), les mises en chantier sont en hausse de seulement 0,8% par rapport aux trois mois précédents et les permis de construire baissent de 0,3%. Graphique 7 France : Mises en chantier et permis de construire 600 500 milliers, cumul 12m mises en chantier de logements permis de construire 400 300 200 1990 1994 1998 Source : Ministère de l'Ecologie 2002 2006 2010 Freinage des prix Les prix des appartements neufs ralentissent peu à peu. Ils ont progressé de 3% sur un an au quatrième trimestre 2011, à comparer à 5,1% fin 2010. En Ile-de-France, les prix sont restés en forte hausse, 10,5% sur un an après 3,9% fin 2010. Les prix ralentissent du fait de la baisse des ventes et de la remontée des stocks. Mais ils restent en hausse, compte tenu de la nécessité d’amortir les hausses de coûts de production, avec notamment le poids des normes environnementales (« bâtiment basse consommation »). Il s’agit de prix « à la réservation ». Graphique 8 France : Prix des logements neufs 20 variation annuelle, % 16 12 8 4 0 -4 -8 appartements neufs logements anciens -12 00 01 02 03 04 05 06 07 08 Source : Ministère de l'Ecologie, INSEE Notaires N°32 – avril 2012 09 10 11 4 Olivier ELUERE [email protected] 2012 : début de correction du marché 2011 : bonne année, mais premiers signaux d’inflexion Au regard des pages précédentes, on voit que l’année 2011 a été à nouveau un bon cru pour le marché résidentiel, notamment dans le logement ancien. Ceci peut surprendre, compte tenu de la détérioration de la conjoncture, de la fragilisation du marché du travail et du début de remontée des taux de crédit. Et pourtant, les ventes de logements anciens sont restées très élevées et ont même atteint un nouveau record historique, 830 000 ventes environ, +6% par rapport à 2010. Les prix ont enregistré une hausse significative, même s’ils ont commencé à décélérer, 3,9% fin 2011, après 7,6% fin 2010. Mais, on l’a vu page 2, des signes d’inflexion apparaissent : repli des ventes en Ile de France, premières baisses de prix au quatrième trimestre 2011, dans certains départements. Dans le neuf promoteurs, les signaux d’érosion sont plus tangibles. Les ventes ont baissé de 11%, et de 18% sur la clientèle investisseurs. Dans le même temps, la construction de logements est restée assez soutenue. On constate donc un début d’affaiblissement du marché, qui reste toutefois diffus. Le même sentiment apparaît en matière de crédit habitat. L’encours de crédits habitat a progressé de 6,1% sur un an en décembre 2011, et de 6,2% en février 2012, soit des rythmes encore très élevés, mais s’ils sont en deçà de ceux de 2010 (8,2% sur un an fin 2010). En revanche, la production de nouveaux crédits habitat s’est fortement infléchie en 2011, en baisse de 8,9% sur un an. Le flux du quatrième trimestre est en recul de 38% sur un an et de 3% par rapport au trimestre précédent. Ceci s’explique toutefois en partie par un effet de base. La production était très soutenue au second semestre 2010, du fait notamment des opérations de remboursements anticipés/nouveaux prêts motivées par la baisse des taux de crédit. Comment expliquer ce panorama contrasté et ces signaux divergents ? Les « fondamentaux » favorables continuent à soutenir le marché des « accédants classiques » (qui achètent un bien pour y habiter), mais le durcissement de la fiscalité ébranle le segment des investisseurs (qui achètent un bien pour le louer). Le marché des accédants classiques a fait preuve de résistance, tiré par les moteurs structurels habituels de la demande (désir d’accession à la propriété, démographie favorable, phénomènes de décohabitation, préparation de la retraite, saturation du marché locatif), lesquels ont largement compensé les effets de la dégradation de l’emploi et de la légère remontée des taux de crédit. Surtout, l’effet « valeur refuge » a continué de jouer son rôle. Les ménages français, confrontés à un environnement géopolitique, économique et financier très incertain et à de multiples inquiétudes – crise de la dette souveraine européenne, plans de rigueur budgétaire, risque de rechute en récession, marchés financiers jugés risqués, volatils et peu rémunérateurs- ont privilégié les valeurs refuge : les placements monétaires (livret A), l’or et l’immobilier. La pierre rassure, par son coté tangible, des évolutions assez régulières, une valorisation favorable sur longue période. La baisse des flux de placements en assurance-vie en 2011 s’explique d’ailleurs probablement en partie par des arbitrages assurance-vie/ immobilier (clôture d’un contrat assurance vie pour financer une acquisition immobilière). N°32 – avril 2012 Graphique 9 France : Encours de crédits habitat aux ménages %a/a mds € 20 800 15 600 10 400 5 200 0 0 97 montants croissance sur 12m (éch.dr.) Source : BdF, Crédit Agricole S.A. Graphique 10 France : Production de crédits habitat %a/a (cumuls 12 mois) millions € 160000 80 60 120000 40 20 80000 0 40000 -20 0 -40 04 05 06 07 08 09 10 11 12 montants croissance sur 12m (éch.dte) Source : BdF, Crédit Agricole S.A 03 Graphique 11 France : Appartements anciens vendus libres en Ile-de-France 40 000 30 000 20 000 10 000 04 05 06 Source : Chambre des notaires 07 08 09 10 11 Nbre de transactions 5 Olivier ELUERE [email protected] Ces éléments favorables expliquent la bonne tenue des ventes et des prix dans l’ancien, où le poids des investissements locatifs est faible, 10 à 15% du total. À l’inverse, le marché des investisseurs s’est érodé, du fait de l’annonce d’une série de mesures de durcissement fiscal. Graphique 12 France : Immobilier et Bourse Le dispositif Scellier est revu très nettement en baisse : la réduction d’impôt est ramenée à 22% en 2011 et 13% en 2012 pour les logements BBC (« bâtiment basse consommation »), contre 25% en 2009. Elle est réduite à 13% en 2011 et supprimée en 2012 pour les logements non-BBC. Le dispositif Scellier est supprimé en 2013. 275 L’abattement sur les plus-values immobilières hors résidences principales est fortement réduit. Les propriétaires bénéficiaient d’un abattement de 10% par an audelà de la cinquième année de détention d’un bien immobilier ou d’un terrain à bâtir. Les ventes au-delà de 15 ans de détention étaient donc exonérées d’impôt. Désormais, l’abattement est très progressif, 2% par an de la 6e à la 17e e e année, 4% de la 18 à la 24 et 8% ensuite, l’exonération n’étant totale qu’au-delà de 30 ans. Cette mesure s’applique aux ventes réalisées devant notaire à partir du 1er février 2012. 125 Les taux de prélèvements sociaux sur les revenus du capital (y compris les plus-values immobilières) sont fortement accrus, de 3,2% : 1,2% en 2011 et 2% à partir de mi-2012. Les plus-values, hors abattement, seront ainsi imposées mi-2012 à 34,5% (19% d’impôt et 15,5% de prélèvements sociaux). De plus, les prix sont très élevés, et les taux de rendement locatif hors effet Scellier sont faibles, de l’ordre de 3%. Le cumul de ces facteurs réduit sensiblement le rendement espéré d’un investissement locatif et les investisseurs sont donc devenus moins nombreux et plus hésitants. Ceci a joué surtout sur le segment neuf promoteurs, où le poids des investissements locatifs est majoritaire. 250 Séries déflatées indices base 100 T1 1988 500 225 400 200 300 175 150 200 100 100 75 0 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 prix de l'ancien en France prix de l'ancien à Paris CAC 40 (éch.dte) sources : Notaires, Datastream Graphique 13 France : Taux de crédit habitat moyennes trimestrielles en % 12 taux moyen d'un crédit habitat à taux fixe (TEG) taux OAT 10 ans 10 8 6 4 2 91 93 95 97 99 01 Source : BdF, Crédit Agricole S.A. 03 05 07 09 11 2012 : la correction se précise Le marché va connaître un ajustement à la baisse en 2012 et audelà. Les facteurs négatifs qui commençaient à apparaître en 2011 sont de plus en plus présents et leur effet conjugué devrait conduire à un repli des ventes et des prix au cours des prochains trimestres. D’ailleurs les signes de correction se précisent au premier trimestre. Dans l’ancien, les ventes résistent mais les prix commencent à baisser. Et la production de nouveaux crédits habitat se replie nettement : sur la période décembre 2011-février 2012, le flux est bas, et en net recul sur un an, -37%. Ce recul est en partie lié à un effet de base (production très forte fin 2010), mais la production mensuelle de février a été très faible, 7,3 milliards, à comparer à 12,6 milliards par mois en moyenne en 2010-2011. Quatre principaux facteurs se cumulent : Le contexte économique est fortement détérioré. La croissance du PIB sera quasi nulle en moyenne en 2012 (+0,3% en moyenne) et en recul de 0,1% t/t au premier trimestre 2012. Le taux de chômage remonte et devrait atteindre 9,7% en moyenne en 2012 contre 9,3% en 2011. La hausse du pouvoir d’achat sera nulle et la confiance des ménages très médiocre. Une partie des acheteurs potentiels N°32 – avril 2012 Graphique 14 France : Ventes et prix de logements anciens 250 000 milliers 20 % 15 200 000 10 5 150 000 0 -5 100 000 -10 50 000 -15 03 04 05 06 07 08 09 10 11 Ventes variations de prix sur un an (éch. dr.) Source : CGEDD, notaires 6 Olivier ELUERE [email protected] devraient donc renoncer à acheter. Les taux de crédit habitat ont amorcé une remontée depuis le début 2011 : ils atteignent 4,04% en février 2012 pour un prêt habitat à taux fixe de durée supérieure à un an, contre 3,41% fin 2010. Ils risquent de remonter encore, mais modérément (de légers reculs semblent d’ailleurs avoir été notés en mars). Les taux courts vont baisser en phase avec la politique d’assouplissement de la BCE et le taux Euribor trois mois devrait baisser à 0,75% en moyenne en 2012, contre 1,40% en 2011. Les taux des OAT dix ans pourraient baisser un peu aussi en moyenne, à 3% en 2012, contre 3,30% en 2011, avec des taux longs allemands qui vont rester bas et un spread OAT/Bunds qui devrait se réduire très graduellement. En sens inverse, les critères d’octroi de crédit habitat seraient légèrement resserrés, un mouvement qui s’est amorcé fin 2011, en raison des contraintes de financement des banques et du fléchissement de la demande de logements. Ce resserrement qui resterait limité passerait par une légère hausse des taux de crédit et un raccourcissement des maturités. Les prix sont toujours très fortement surévalués, de l’ordre de 25% en moyenne dans l’ancien, et de 35% à Paris, au regard notamment des niveaux atteints par les taux d’effort théoriques2, près de 40% fin 2011 contre 30% en 2003 (cf. graphique 15). La conjonction de prix très élevés et de la remontée des taux de crédit pourrait avoir des effets marqués : effet d’éviction d’une partie des acheteurs, acquéreurs plus attentistes et plus exigeants sur les niveaux de prix, les concessions opérées sur la qualité et la taille des biens atteignant leurs limites. Les mesures de resserrement fiscal citées plus haut, qui en général s’appliquent à partir de 2012, vont peser encore plus qu’en 2011 sur les investissements locatifs, dans l’ancien comme dans le neuf. D’autres mesures pénalisent le logement ancien : recentrage du PTZ+ (prêt à taux zéro) sur le logement neuf et réduction du crédit d’impôt développement durable (avantages fiscaux liés à la rénovation énergétique des logements). Les incertitudes liées au contexte électoral et à l’éventualité de nouvelles mesures de durcissement fiscal devraient renforcer l’attentisme des acquéreurs. La demande de logement va donc se replier. Mais elle ne va pas s’effondrer. Les facteurs de soutien structurels continueront à jouer, en premier lieu l’effet « valeur refuge ». Les marchés boursiers et obligataires vont rester volatils et incertains (même si un léger mieux a été constaté sur les derniers mois) et les placements monétaires peu attractifs. Ces éléments compenseront en partie les facteurs négatifs précités. Graphique 15 France : Taux d'effort théorique dans le logement ancien 39 en % 37 35 33 31 29 27 25 87 89 91 93 95 Source : BdF, Notaires calculs CA 97 99 01 03 05 07 09 11 annuité de crédit habitat/revenu Graphique 16 France : Appartements anciens vendus libres à Paris 45 000 40 000 % 25 20 15 35 000 10 30 000 5 0 25 000 -5 20 000 -10 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 Ventes variations de prix sur un an (éch. dr.) Source : Chambres des notaires Il convient aussi de répéter que les fondamentaux du marché demeurent sains. Le boom du marché résidentiel en France ne s’inscrit ni dans un schéma de bulle du crédit avec prises de risques excessives (comme dans les bulles récentes aux ÉtatsUnis, au Royaume-Uni ou en Espagne), ni dans un schéma de bulle spéculative classique (comme en Ile-de-France en 19851991, avec baisse marquée en 1992-1996). 2 Le taux d’effort est la charge de remboursement annuelle d’un crédit habitat (capital et intérêts) rapportée au revenu annuel du ménage acquéreur. Le taux d’effort théorique est calculé aux conditions du marché (prix, taux, durée des crédits), mais en supposant que les acheteurs achètent toujours le même type de bien (en termes de surface et de standing). N°32 – avril 2012 7 Olivier ELUERE [email protected] Un retournement marqué avec spirale délétère semble donc peu probable. On s’achemine plutôt vers une correction assez lente et graduelle, qui pourrait durer trois à quatre ans. En 2012, les ventes de logements anciens se replieraient de 10%. Elles atteindraient 750 000 unités, contre 830 000 en 2011. Dans le logement neuf, les ventes baisseraient de 15%, et avoisineraient 90 000 unités. L’offre de logements anciens restera assez mesurée. Une partie des vendeurs potentiels hésiteront à vendre, du fait de la mesure sur les plus-values (qui s’applique à partir de février 2012) et de la volonté de conserver un actif jugé plus sûr et plus rentable que les actifs financiers. Les prix de l’ancien connaîtraient une baisse de -6% en glissement (de décembre 2011 à décembre 2012) et -2% en moyenne annuelle. Les prix dans le neuf seraient à peu près stables en glissement. En 2013, la baisse des prix de l’ancien devrait être du même ordre qu’en 2012, ce qui conduirait à un repli cumulé d’environ 12% entre fin 2011 et fin 2013. Graphique 17 France : Prix des logements anciens et taux de chômage 20 6 15 10 8 5 0 10 -5 -10 12 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 hausse des prix sur un an taux de chômage (éch.dte inversée) Source : FNAIM, BdF Indicateurs des marchés immobiliers français Résidentiel Ventes Prix Construction Non résidentiel Ancien Neuf Demande Offre Taux de vacance Valeur locative Achevé de rédiger le 17 avril 2012 Directeur de la Publication : Jean-Paul Betbèze — Comité de Rédaction : Olivier Eluère Réalisation & secrétariat de rédaction : Fabienne Pesty Contact : [email protected] Crédit Agricole S.A. –Études Économiques Groupe – 12, place des États-Unis – 92127 Montrouge Cedex Copyright Crédit Agricole S.A. – ISSN : 1768-9538 Cette publication reflète l’opinion de Crédit Agricole S.A. à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informat if. 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