Biologie cellulaire RAB6, PORTIER DE L`APPAREIL DE GOLGI 26
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Biologie cellulaire RAB6, PORTIER DE L`APPAREIL DE GOLGI 26
Directeur de la publication : Pr Claude Huriet Comité éditorial : Pr Daniel Louvard, Pr Jean-Nicolas Munck, Dr Marc Estève, Dr Alain Pecking, Sergio Roman-Roman, Paul Caroly, Damien Salauze Directeur de la rédaction : Eric Laurencier Rédaction : Catherine Goupillon-Senghor, Céline Giustranti, Catherine Tastemain Iconographie : Cécile Charré ISSN 1768-4463 Crédit photo : S. Tallandier - Pedro Lombardi - Noak/Le Bar Floréal - M. Schoumacher S. Miserey-Lenkei – W. Römer – C. Virely – A. Athanasiou/Institut Curie Contact : [email protected] - Tél. : 01 56 24 55 24 Maquette et réalisation : Dominique Hamot Imprimeur : tcgraphite Pour plus d’informations : www.curie.fr (~0.1-1μM), être contrecarrée par la force de tension de la membrane et ne pas polymériser sur des tubes trop gros. Tout se passe comme s’il y avait compétition entre la polymérisation de la dynamine et la déformation mécanique de la membrane. Les chercheurs émettent l’hypothèse que, pour toute protéine impliquée dans la déformation membranaire, une telle compétition doit être en jeu, pour chacune à une concentration spécifique. « Membrane Curvature Controls Dynamin Polymerization. » Roux A. et coll. Proc Natl Acad Sci USA. 2 mars 2010, 107(9):4141-6. Biologie cellulaire COMMENT AUX CELLULES CANCÉREUSES VIENNENT DES « PIEDS » INVASIFS Pour s’échapper de la tumeur primaire et envahir les tissus adjacents, les cellules cancéreuses utilisent des excroissances spécialisées, appelées invadopodes, qui perforent la membrane basale puis guident la cellule dans le stroma. Elles correspondent à des régions de réorganisation du cytosquelette d’actine. Mais comment ces « pieds » naissent-ils et franchissent-ils la membrane basale ? En utilisant pour le reproduire in vitro un nouveau modèle cellulaire très performant, l’équipe du Pr Daniel Louvard vient DAMIEN SALAUZE, directeur des brevets et des partenariats industriels, vient d’être élu à l’Académie nationale de pharmacie. Cette distinction récompense la richesse de son parcours professionnel atypique, par sa contribution à la valorisation de la recherche dans les domaines du médicament, et par ses responsabilités dans l’industrie pharmaceutique, tant au niveau des études précliniques que des essais thérapeutiques. ARMELLE CORPET, jeune chercheuse dans l’équipe de Geneviève Almouzni, a obtenu le Trophée Femme Santé et Recherche. Décerné par le quotidien régional La Tribune-Le Progrès, ce prix récompense ses travaux sur la dynamique des histones au fil de la division cellulaire et au cours de la tumorogenèse. de montrer que la formation et l’allongement des invadopodes sont un mélange de mécanismes observés chez deux autres types d’excroissances, les lamellipodes et les filopodes. Elles s’effectuent en trois étapes, chacune requérant une intervention particulière du cytosquelette et des protéines qui lui sont associées. Elément indispensable au processus, la protéine d’actine s’accumule sous la face ventrale de la cellule et forme des filaments sous l’action conjuguée de protéines initiatrices de polymérisation telles que mDia2 ou Arp2/3. Les invadopodes se forment peu à peu et commencent à dégrader la membrane basale. La deuxième étape voit les invadopodes matures s’allonger, perforer complètement la membrane basale et pénétrer dans le stroma. Des microtubules et des filaments intermédiaires comme la vimentine s’introduisent ensuite dans l’excroissance lors de la dernière étape de l’invasion, le passage de la membrane basale. « Actin, Microtubules, and Vimentin Intermediate Filaments Cooperate for Elongation of Invadopodia. » Schoumacher M. et coll. J. Cell. Biol. 3 mai 2010, 189(3):541-56. SANDRINE AUGUI, jeune chercheuse dans l’équipe d’Edith Heard, a obtenu le Prix de la fondation Pierre-Gilles-de-Gennes. Doté d’un montant de 8 000 euros, ce prix récompense ses travaux sur le processus d’inactivation du chromosome X chez les mammifères femelles. DÉBORAH BOURC’HIS, chef de l’équipe Décisions épigénétiques et reproduction chez les mammifères, a reçu le grand Prix de la Fondation Schlumberger pour l’éducation et la recherche. Ce prix de 200 000 euros financera l’achat d’équipements de pointe pour la micromanipulation d’embryons très précoces de souris et de pyroséquençage quantitatif, qui serviront à identifier des tissus et organes potentiellement plus sensibles à des perturbations épigénétiques acquises et par conséquent à l’apparition de cancers. 26 LETTRE D’INFORMATION DE L’INSTITUT CURIE SEPTEMBRE 2010 Génétique LES G4 À DÉCOUVERT L’information biologique, on le sait maintenant, n’est pas seulement inscrite dans les gènes mais aussi dans les structures de l’ADN. In vitro, l’ADN peut adopter des conformations différentes de la double-hélice dévoilée par Watson et Crick. Mais des questions demeurent quant à l’existence et la nature de ces structures in vivo. L’équipe d’Alain Nicolas a récemment montré in vitro, puis in vivo dans l’organisme modèle S. cerevisiae, que la séquence humaine riche en répétitions de guanines (CEB1) forme des structures alternatives ADN-G4 ou G-quadruplexes. Cette structure est une association de 4 brins d’ADN constitués dans l’espace d’un empilement de plusieurs « plateaux », chacun constitué de quatre guanines positionnées dans un plan. De plus, grâce à une collaboration avec l’équipe de Marie-Paule Teulade-Fichou, les chercheurs viennent de valider l’effet biologique de petites molécules (ligands) capable de détecter ces régions in vivo avec pour conséquence d’induire des réarrangements de taille de la séquence CEB1. Un grand pas pour rechercher la formation de G4 dans les génomes et ainsi mieux comprendre leur rôle. « The yeast Pif1 Helicase Prevents Genomic Instability Caused by G-Quadruplex-Forming Sequences in Vivo. » Ribeyre C. et coll. PloS Genetics. Mai 2009, 5(5):e1000475. « Genetic Instability Triggered by G-Quadruplex Interacting Phen-DC Compounds in Saccharomyces Cerevisiae. » Piazza A. et coll. Nucleic Acids Res. 1er juillet 2010, 38(13):4337-48. Les progrès des traitements des cancers du sein sont attestés par l’amélioration conséquente des résultats à long terme : ainsi, l’estimation du taux de survie à 5 ans est supérieure à 85 %, et l’on estime que plus de 94 % des femmes qui reçoivent un traitement conservateur du sein n’auront pas de récidive locale à 10 ans. Les femmes traitées pour un cancer du sein vivent donc plus longtemps, et mieux ! Il faut donc être particulièrement vigilant sur le dépistage et la prévention des séquelles iatrogènes à long terme, qui peuvent retentir sur la qualité de vie de ces femmes. Ceci repose sur un suivi régulier à très long terme. Si son rôle est avant tout de dépister précocement des récidives, il doit également prendre en charge les séquelles éventuelles, et aider les femmes dans leur réinsertion familiale, sociale, et économique. Ce suivi doit être organisé en concertation avec les médecins généralistes, gynécologues, et avec les femmes traitées elles-mêmes. Le cancer du sein reste une maladie grave. L’amélioration de la connaissance du pronostic de ses différentes formes, le développement de traitement mieux ciblés et plus efficaces vont encore contribuer à augmenter les chances de guérison dans le futur. Il est essentiel que, dès la décision thérapeutique initiale, soit équilibrés les bénéfices attendus des traitements, et leur retentissement à long terme sur la qualité de vie. Le défi n’est sans doute plus seulement de soigner et souvent de guérir, mais également de vivre après un cancer. Biologie cellulaire RAB6, PORTIER DE L’APPAREIL DE GOLGI Ce qui différentie les cellules eucaryotes des cellules procaryotes est la présence de compartiments internes (comme le noyau, l’appareil de Golgi, les endosomes...) délimités par des membranes composées de lipides et protéines spécifiques et organisés autour d’un « squelette » protéique interne, le cytosquelette. Les compartiments échangent constamment entre eux des protéines et des lipides, en particulier par l’intermédiaire de vésicules dites de transport. L’équipe de Bruno Goud, spécialiste de ce transport, vient de découvrir un rôle assez inattendu pour la protéine Rab6 présente sur l’appareil de Golgi : Rab6, associée au moteur moléculaire myosine II, contrôle la formation de ses propres vésicules de transport. Ces résultats soulignent le rôle essentiel de Rab6 dans l’organisation du trafic Dr Alain Fourquet Du 4 au 10 octobre 2010 Le Congrès de la société internationale d’imagerie en Chef du département de Radiothérapie de l’Institut Curie, président de la 7e Conférence européenne du cancer du sein – Barcelone (Espagne) cancérologie à Edimburg en Ecosse. Du 8 au 10 novembre Le 27e congrès de la Société Française de Psycho-oncologie à la Maison Internationale (Paris 14e). L’ensemble des congrès et colloques organisés par l’Institut Curie sur www.curie.fr/congres FOCUS L’Institut Curie, au service des femmes atteintes de cancers du sein Rab6, contrôleur du transport intracellulaire Altérations chromosomiques et évolution du neuroblastome Déformation de la membrane sous surveillance Ikaros, accélérateur de la leucémie aigues lymphoblastique Restriction de l’immunité anti-tumoral Les pieds des cellules mis à nu Avancée dans la compréhension de l’endocytose Traitement du cancer du sein chez les femmes âgées En savoir plus sur les conformations de l’ADN des vésicules au niveau de l’appareil de Golgi. Ils suggérent aussi que les protéines de la famille Rab (63 chez l’homme) sont capables de réguler et coordonner les différentes étapes de transport entre les compartiments de la cellule eucaryote : formation des vésicules, mouvement le long du cytosquelette, fusion avec les membranes cibles. « Rab and Actomyosin-Dependent Fission of Transport Vesicles at the Golgi Complex. » Miserey-Lenkei S. et coll. Nat Cell Biol. Juillet 2010, 12(7):645-54. Leucémie QUAND IKAROS A DU PLOMB DANS L’AILE Le facteur de transcription Ikaros est l’un des régulateurs importants de l’hématopoïèse, processus qui assure le remplacement continu des cellules sanguines. Il est, en particulier, essentiel dans la détermination du lignage lymphoïde B. La délétion d’un des deux allèles du gène codant Ikaros est observée dans les cellules tumorales de nombreux patients atteints de leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL-B). Lorsque les cellules de LAL-B possèdent aussi une altération de l’oncogène BCR-ABL (résultat de la fusion de deux gènes), cette délétion se retrouve même chez 85 % patients. Pour mieux comprendre le rôle d’Ikaros, l’équipe de Jacques Ghysdael a créé un modèle murin de leucémies aiguës lymphoblastiques LAL-B présentant une mutation BCR-ABL. 26 Résultat : la perte d’un allèle sauvage du gène Ikaros facilite la progression de cette leucémie et accélère l’apparition de tumeurs. En absence de fonction normale d’Ikaros, les cellules leucémiques n’ont plus besoin de sélectionner et d’accumuler des événements oncogéniques supplémentaires qui coopèrent, habituellement, avec l’oncoprotéine BCR-ABL pour le développement ce type de leucémie. Ces résultats ouvrent la porte à de nouvelles voies de recherche en matière de traitement. « Haploinsufficiency of the IKZF1 (IKAROS) Tumor Suppressor Gene Cooperates with BCR-ABL in a Transgenic Model of Acute Lymphoblastic Leukemia. » Virely C. et coll. Leukemia. Juin 2010, 24(6):1200-4. Biologie cellulaire ETRANGLÉ PAR L’ACTINE La compréhension des mécanismes de déformation des membranes par des virus ou des toxines est une première étape dans une description plus générale de l’endocytose, mécanisme qui assure le transport des molécules vers l’intérieur des cellules. L’équipe de Ludger Johannes étudie l’internalisation de la toxine de Shiga. Comme l’a montré précédemment cette équipe, la toxine provoque la formation d’une dépression sur la membrane qui s’incurve jusqu’à former une sorte de doigt, un tubule, à l’intérieur de la cellule. Le tubule peut alors être coupé en différents points par la machinerie cellulaire. L’étude actuelle montre que cette scission tubulaire est un processus mécanique spontané. Le tubule est encerclé par une gangue d’actine (protéine du cytosquelette) et la membrane se réorganise : plusieurs microdomaines membranaires riches en cholestérol apparaissent. L’étranglement tubulaire résulte de la minimalisation des zones de contact entre les microdomaines et la membrane environnante, et ne requiert pas l’intervention de la protéine dynamine, protéine « étrangleuse » par excellence. Ce modèle est d’une grande originalité car il attribue à la réorganisation des lipides des caractéristiques mécaniques qui jusqu’ici avaient échappé aux biologistes des membranes. « Actin Dynamics Drive Membrane Reorganization and Scission in Clathrin-Independent Endocytosis. » Römer W. et coll. Cell. 19 février 2010, 140(4):540-53. Neuroblastome DES ALTÉRATIONS DE MAUVAIS ALOI Le neuroblastome, tumeur maligne qui se développe au niveau du système nerveux périphérique, est le cancer extra-crânien le plus fréquent chez le jeune enfant. Il se caractérise par une extrême variabilité, allant de la régression spontanée sans traitement à la progression rapidement fatale malgré une chimiothérapie intensive. Le gain ou la perte de chromosomes entiers (altérations numériques) se retrouve le plus souvent dans les tumeurs localisées de bon pronostic. En revanche, la perte ou le gain de régions de chromosomes (altérations segmentaires) est le signe d’une tumeur plus agressive. Explorant le rôle des altérations génomiques sur la progression tumorale, l’équipe d’Olivier Delattre vient de montrer que des tumeurs avec une combinaison d’altérations numériques et segmentaires peuvent en fait dériver de tumeurs contenant uniquement des altérations numériques, sans qu’il y ait de lien avec les effets secondaires d’un traitement cytotoxique. Il semble donc que l’accumulation d’altérations segmentaires accompagne la progression de la tumeur vers une forme plus agressive. « Accumulation of Segmental Alterations Determines Progression in Neuroblastoma. » Schleiermacher G. et coll. J. Clin. Oncol. 1er juillet 2010, 28(19):3122-30. Immunologie INTRIGANTES CELLULES TREG Les cellules Treg (pour T régulateurs) - reconnaissables par leur marqueur spécifique, Foxp3 - jouent un rôle important dans la réponse immunitaire : en contenant l’ardeur d’autres cellules immunitaires, elles freinent l’activité de cette réponse. Positive dans le cas des maladies auto-immunes, cette fonction a son envers : les cellules Treg limitent aussi l’immunité anti-tumorale. Les mécanismes de leur intervention ne sont pas encore très bien connus. L’équipe de Sebastian Amigorena a examiné, dans des modèles animaux, l’interaction entre ces cellules Treg et Image d’élastographie L’INSTITUT CURIE, AU SERVICE DES FEMMES ATTEINTES DE CANCER DU SEIN L’espoir pour les femmes atteintes de cancer du sein repose sur une innovation médicale permanente et une recherche scientifique intensive. L’Institut Curie, centre référent en Europe pour cette pathologie, en a fait ses priorités. De nouvelles méthodes diagnostiques Pour améliorer la caractérisation des lésions mammaires, le Dr Alexandra Athanasiou étudie les performances de l’élastographie en échographie. Cette nouvelle technique, développée avec l’équipe CNRS du physicien Mathias Fink, en plus de fournir une image anatomique, apporte des informations sur l’élasticité des tissus. Une première étude portant sur 42 femmes porteuses de tumeurs du sein montre que l’élastographie permet de distinguer certaines tumeurs bénignes ou malignes du sein(1). Car les zones tumorales sont plus dures que les autres. A terme, les médecins espèrent pouvoir éviter un certain nombre de biopsies en déterminant de manière précise par élastographie la nature des lésions détectées par l’échographie standard. D’autres pistes comme la tomosynthèse en mammographie et l’angio-mammographie sont également en cours d’évaluation. Pas un cancer, mais des cancers du sein n fusionnant avec le centre de lutte contre le cancer René Huguenin (SaintCloud) début 2010, l’Institut Curie a franchi une nouvelle étape en devenant un centre de référence européenne pour les cancers du sein. Chaque année, l’Institut Curie prend en charge 6 000 patientes atteintes de cancer du sein. Ce renforcement des compétences donne un nouvel élan à la recherche clinique, à l’innovation thérapeutique et permet de développer d’ambitieux projets de recherches sur cette pathologie. En voici quelques exemples. E les cellules présentatrices de l’antigène tumoral, les cellules dendritiques. Les chercheurs ont observé que, dans les ganglions lymphatiques drainant la tumeur, c’est par un contact direct stable avec des cellules Treg que les cellules dendritiques trouvent la mort. En conséquence, la quantité de l’antigène tumoral nécessaire à l’entrée en action des lymphocytes T cytotoxiques, destructeurs de tumeurs est diminuée. « Foxp3+ T Cells Induce Perforin-Dependent Dendritic Cell Death in Tumor-Draining Lymph Nodes. » Boissonnas A. et coll. Immunity. 26 février 2010, 32(2):266-78. Il y a 20 ans, le traitement du cancer du sein étaient fonction de l’âge de la patiente, de la taille de sa tumeur et de la présence de cellules tumorales dans les ganglions. Aujourd’hui, grâce à l’essor de la biologie moléculaire, on peut classer les cancers du sein suivant leurs caractéristiques moléculaires et proposer des traitements spécifiques comme l’hormonothérapie pour les cancers présentant des récepteurs hormonaux ou le trastuzumab (Herceptin®) pour ceux ayant une amplification du gène HER2. Ces nouvelles molécules, administrées après le traitement local, réduisent significativement le risque de rechute. Etudiant les différents types de cancer du sein, Cancers du sein L’ÂGE NE DEVRAIT PAS COMPTER Dans les pays développés, la majorité des cancers du sein survient chez les femmes âgées. Or, le traitement de choix pour cette population reste sujet à controverse. De plus, on estime généralement, que pour ces patientes, le bénéfice des thérapies locorégionales et adjuvantes est moindre. Qu’en est-il à l’Institut Curie ? Conduite par la chirurgienne, le Dr Fatima Laki, une analyse rétrospective portant sur une cohorte de 538 femmes âgées de plus de 70 ans, traitées entre 1995 et 1999 pour un cancer du sein invasif et opérable, est éclairante. 94,7% ont été opérées et 72% ont bénéficié d’une chirurgie conservatrice. Toutes ont suivi une radiothérapie après l’opération et, lorsque cela était nécessaire, un traitement hormonal. Pour permettre les comparaisons, les données Nadège Gruel et le Dr Anne Vincent-Salomon dans l’unité d’Olivier Delattre, viennent de montrer que les cancers du sein lobulaires sont une entité à part entière(2). Très fréquent chez les femmes post-ménopausées, ce cancer se caractérise par une prolifération de cellules indépendantes les unes des autres, l’inactivation d’une protéine intercellulaire, sorte de colle cellulaire, la E-cadhérine, et une expression très fréquente des récepteurs aux œstrogènes. Jusqu’à présent, les cancers du sein lobulaires étaient considérés comme des cancers du sein de type luminal A. Les « luminaux » représentent plus de la moitié des cancers du sein. Ils se développent à l’intérieur des canaux ou des lobules (petites structures en forme de bulles qui fabriquent le lait) de la glande mammaire. On distingue les sous-groupes A (25 à 40 % des cas) et B (20 à 25 % des cas) selon que les tumeurs expriment fortement (A) ou faiblement (B) les récepteurs aux hormones et selon le taux de multiplication des cellules (prolifération). Or les spécialistes de l’Institut Curie montrent clairement que – bien qu’ayant des points communs au niveau des altérations génétiques – les cancers du sein lobulaires présentent une signature transcriptomique spécifique : contrairement aux luminaux A, ils sous-expriment des gènes impliqués dans l’adhésion cellulaire, la communication entre les cellules et avec la matrice extracellulaire, la motilité cellulaire. Les cancers du sein lobulaires sont donc bien une entité spécifique pour laquelle il est important de rechercher des stratégies thérapeutiques adaptées. Les médecins et les chercheurs de l’Institut Curie mènent bien d’autres projets de recherche : pour en savoir plus, rendez-vous sur le site cancersdusein.curie.fr concernant ces patientes ont été réparties en trois groupes en fonction de l’âge : de 70 à 75 ans, de 75 à 80 ans et plus de 80 ans. Avec un taux de survie à 5 ans supérieur à 92 % et supérieur à 85 % à 7 ans, quel que soit l’âge, il ressort de cette étude que, lorsqu’elles sont complètement et correctement soignées, les patientes les plus âgées ont autant de chance d’être guéries que les plus jeunes. « Management of Operable Invasive Breast Cancer in Women Over the Age of 70: Long-Term Results of a LargeScale Single-Institution Experience. » Laki F. et coll. Ann Surg Oncol. Juin 2010, 17(6):1530-8. (1) « Breast Lesions: Quantitative Elastography with Supersonic Shear Imaging-Preliminary Results. » Athanasiou A. et coll. Radiology. Juillet 2010, 256(1):297-303. (2) « Lobular Invasive Carcinoma of the Breast is a Molecular Entity Distinct from Luminal Invasive Ductal Carcinoma. » Gruel N. et coll. Eur J Cancer. Septembre 2010, 46(13):2399-2407. Biophysique UN GOULET D’ÉTRANGLEMENT SOUS TENSION Les membranes jouent un rôle important dans de multiples fonctions de la cellule, notamment dans le trafic intracellulaire ou le transport d’informations. Elles se déforment, se courbent, s’invaginent, forment de nouveaux compartiments cellulaires... A l’Institut Curie, ces phénomènes membranaires font l’objet d’études approfondies, menées par différentes équipes. L’équipe de Patricia Bassereau vient ainsi de publier des travaux portant sur la dynamine : en formant par polymérisation un manteau hélicoïdal encerclant le tube membranaire, elle induit la courbure de la membrane. Mais l’équipe vient de montrer que la force engendrée par la polymérisation de la dynamine, si elle est suffisante pour déformer la membrane, peut aussi, à basse concentration