Interview Kimiko - Institut Français

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Interview Kimiko - Institut Français
Interview Kimiko - 26 Mai 2015
[Animatrice :]Chers auditeurs bonjour. J'accueille aujourd'hui la talentueuse Kimiko, auteure et illustratrice
de littérature de jeunesse. Kimiko bonjour et bienvenue à l'Institut Français de Saragosse !
[Kimiko :]Bonjour
[Animatrice :]Vous avez un parcours plutôt atypique, vous étiez d'abord dans la haute couture puis dans la
littérature de jeunesse. Qu'est-ce qui est à l'origine de ce changement, qu'est-ce qui vous a attiré dans ce
domaine ?
[Kimiko :]Alors, j'ai commencé effectivement à être styliste, à travailler dans la haute couture, mais ça fait
quand-même 20 ans que je fais des livres pour enfants maintenant. À la base, j'ai toujours voulu faire des
livres pour enfants, et c'est plutôt la mode et la haute couture qui ont été une sorte de digression. D'ailleurs je
me suis rendue compte assez rapidement que ce n'était pas ce qui m’intéressait le plus et je suis revenue à mes
premières amours qui étaient les livres pour enfants.
[Animatrice :]Mais vous entretenez encore une relation avec la mode, vous avez collaboré avec Marie Puce
pour dessiner sur des tee-shirts.
[Kimiko :]Oui. En fait quand j'ai quitté la mode j'avais envie de quitter ce milieu qui ne me plaisait pas, mais
c'est vrai que je m'intéresse toujours à la mode et c'est un peu par hasard que j'ai rencontré les créatrices de
Marie Puce et elles m'ont proposé de faire des tee-shirts pour enfants et c'est quelque chose qui me plaît
vraiment beaucoup, ça m'amuse beaucoup.
Ça a été un peu le moyen de mixer vos deux passions.
[Kimiko :]Oui. Je ne fais pas grand-chose, je ne fais que des motifs pour leurs collections deux fois par an,
mais c'est très amusant oui.
Ils sont très jolis en tout cas.
[Kimiko :]Merci
[Animatrice :]Je voudrais vous poser une question, par rapport aux illustrations que vous faites, on voit
qu'on a des illustrations « classiques » pour tout ce qui est dessin. On va avoir des illustrations plutôt pop-up
où ça va être animé, et là dernièrement j'ai vu, par exemple, « Le Grand Méchant Loup et le Petit Chaperon
Rouge » ou « Le Grand Méchant Loup et Les Trois Petits Cochons », c'est plutôt des figurines en laine. Est-ce
que vous avez une formation dans les Beaux-Arts ou êtes-vous autodidacte ?
[Kimiko :]J'ai toujours aimé dessiner, donc j'ai fait effectivement une école de graphisme, après l'école de
graphisme, j'ai fait une école de stylisme avant d'être styliste donc c'était toujours dans le dessin. Et j'ai
toujours été très manuelle, j'ai toujours fabriqué des petits objets, des choses comme ça et c'est vrai que la
laine et les personnages en laine, c'est une amie qui m'a appris ça il n'y a pas très longtemps, ça m'a beaucoup
amusé. Et c'est comme ça que j'ai commencé à faire ces livres, pour changer un peu. Mais je préfère quand
même le dessin.
[Animatrice :]Et c'est vous qui faites les mises en scène, ou vous êtes avec quelqu'un pour les photos ?
[Kimiko :]Non, je fais tout. Alors je me suis fait aider pour la photo, parce que pour publier un livre photo, il
faut que ce soit des photos de très très bonne qualité. Donc il faut un très bon matériel que je n'ai pas. J'ai
donc demandé à une amie photographe qui avait ce matériel de faire les photos pour moi. Mais c'est moi qui
ai fait la mise en scène, les décors, qui choisissait les lieux. Je pense que je ne suis pas une bonne photographe
de toute manière.
[Animatrice :]Pourtant les photos sont très jolies, la luminosité, tout est très bien choisi.
[Kimiko :]On a beaucoup travaillé là-dessus oui.
[Animatrice :]De quoi vous inspirez-vous pour écrire vos histoires ? Quelles sont vos influences ?
[Kimiko :]Je pense que mes influences sont diverses. C'est l'idée de vouloir revenir en enfance d'une part.
C'est la peinture que j'aime beaucoup, je vais voir beaucoup d'expositions de peintres que j'aime beaucoup.
C'est aussi, et je ne le fais plus, je regardais beaucoup de documentaires sur les animaux, j'adore regarder les
animaux. J'ai beaucoup aimé regarder des documentaires sur les animaux, au point que je connais vraiment
pas mal les animaux, et l'observation des animaux est une source d'inspiration même si c'est juste quelque
chose de visuel. Ce ne sont pas les animaux qui m'inspirent les histoires, ça c'est encore autre chose, mais
j'aime dessiner les animaux en fait.
[Animatrice :]Pour les livres que vous avez l'habitude d'écrire, quelles sont les étapes de fabrication d'un
livre ?
[Kimiko :]Alors, en général, moi je pars du dessin. Je dessine, je fais beaucoup de croquis sur des carnets et
j'ai envie de raconter une histoire sur un personnage que j'ai dessiné. Ou alors j'ai envie de créer, comme par
exemple Nao et puis Croque-Bisous, ce sont des personnages que j'ai complètement inventé, j'avais envie que
ce soit des personnages dont on ne sait pas exactement ce que c'est. Donc j'ai beaucoup cherché autour, j'ai
dessiné et puis une fois que j'ai trouvé un personnage qui me plaît, c'est là où je me dis « Qu'est ce qu'il
pourrait lui arriver ? » et souvent ce n'est pas « Qu'est-ce qu'il pourrait lui arriver ? » c'est que le personnage
existe et je me dis « Ah mais lui, c'est ça qui va lui arriver ! » et c'est comme ça que démarre un livre. Une
fois que j'ai mon personnage, je le fais marcher, je le fais manger, je le fais bouger sur le papier et puis du
coup c'est la personnalité de ce personnage qui va faire en sorte qu'il va lui arriver telle ou telle chose.
[Animatrice :]Vous avez réalisé plusieurs interventions dans des écoles et on y voit des enfants qui s'inspirent
de votre travail afin de créer leur propre réalisation, quel est votre ressenti quand vous vous retrouvez comme
ça face à eux, face à leurs créations ?
[Kimiko :]C'est toujours fantastique, je dois dire d'ailleurs que souvent les enfants m'étonnent par leur
créativité et à chaque fois que je fais des interventions, je prends des photos de ce qu'ils font pour les garder.
Moi je leur fais faire, quand je fais des interventions dans les écoles, je leur fais faire un pop-up, je leur
apprends comment faire. Ils sont tellement heureux qu'ils vont forcément les garder pour eux et le seul moyen
que j'ai de garder un souvenir de ça c'est de prendre des photos. Et à chaque fois c'est très étonnant parce
qu'ils ont envie d'aller plus loin, de continuer. Ces derniers temps j'ai fait beaucoup d'interventions dans les
écoles et c'était toujours très joyeux, très enrichissant et les enfants sont tellement spontanés... Je pense que si
je passais beaucoup de temps dans les écoles, j'aurais encore plus d'histoires à raconter.
[Animatrice :]Cette année, c'est le cinquantième anniversaire de l'École des Loisirs, l'une de vos principales
maison d'Édition, que représente-t-elle pour vous ?
[Kimiko :]L'École des Loisirs est une maison familiale, créée par Jean Delas, qui est vraiment une petite
maison d'édition qui est indépendante et qui du coup a cette particularité de faire qu'on a l'impression d'être
dans une famille. On est une sorte de petite famille d'auteurs. La plupart des auteurs de l'École des Loisirs ne
travaillent que pour l'École des Loisirs pare que je pense qu'on s'y sent bien. Alors il y a toujours des défauts
des petites maisons d'édition, parfois on trouve qu'ils sont un peu lents ou pas assez audacieux. Et en même
temps, ils ont malgré tout été très audacieux dans leur choix d'auteurs quand on pense à Sendak qu'ils ont
édité alors que personne ne voulait l'éditer dans les années 50, Tony Monguera c'était pareil... Donc ils ont une
sorte d'audace et en même temps la lenteur d'une famille qui ne veut pas avancer trop vite. Mais je pense que
c'est la meilleure maison d'édition de littérature jeunesse en France, très créative et qui a permis à des auteurs
de ne pas suivre le commercial, c'est à dire qu'il y a des auteurs qui ne vendaient pas beaucoup de livres et ils
les soutenaient quand-même. Moi quand j'ai commencé à faire mes livres, ils n'étaient pas exceptionnels et ils
les ont quand-même édités, je ne sais pas si un autre éditeur aurait pris le risque. Ils prennent des risques en
éditant des auteurs qui ne font pas de gros chiffres de vente mais qui ont une personnalité, une particularité, et
c'est ça qui fait la grandeur de la maison d'édition de l'École des Loisirs
[Animatrice :]Ils privilégient donc la qualité à la quantité.
[Kimiko :] Oui
[Animatrice :]Kimiko, merci beaucoup pour vos réponses à mes questions ! Je vous dis bonne chance pour
votre conférence de ce soir !
[Kimiko :] Oui j'ai un peu peur. C'est la première fois que je fais ça toute seule donc j'espère que ça va bien se
passer.
[Animatrice :] Ne vous inquiétez pas, le public est toujours très sympa.
[Kimiko :] Merci beaucoup à vous.
[Animatrice :] De rien, merci à vous et peut être à bientôt !
[Kimiko :] Merci, au revoir.
[Animatrice :] Au revoir