Projet Fonte d`aluminium Ateliers de Jacmel

Transcription

Projet Fonte d`aluminium Ateliers de Jacmel
SHAP
Solidarité Haïtienne Des Artistes Plasticiens
44 Ruelle Corso, Carrefour Haïti
Tel : (509) 3663-3773 / 3557-2810
E-mail : [email protected]
Projet Fonte d’aluminium
Ateliers de Jacmel
Ateliers de l'Académie de Beaux Arts de Gdansk
1
Présentation :
Le premier module du Projet Fonte d’aluminium s’est déroulé du 6 au 23 février 2012 et a
comporté 15 journées de formation.
Il a été encadré Madame Malgorzata Rozenkranz, professeur de sculpture de l’Académie de Beaux Arts de Gdansk, Monsieur Ronald Mevs, artiste sculpteur chargé des aspects
logistiques et techniques du projet, l’artisan fondeur Rigault Lindor, Jhon Charles
coordinateur de SHAP et Grazyna Krecka, directrice de l’Alliance Française de Jacmel,
partenaire de ce projet et responsable de la gestion.
Huit artistes se sont inscrits à cette formation en tant que stagiaires :
1. Photo de groupe
-
Lissa Jeannot, céramiste de Kabik,
Jean-Michel Lapin, artiste plasticien de Jacmel,
Danipy Georges, artiste plasticien de Jacmel
Hermane Desorme, artiste plasticien de Jacmel
Jean Eddy Rémy, artiste plasticien originaire des Cayes Jacmel
Lourdie Guilloteau, artiste plasticienne originaire de Jacmel
Mardochée François, artiste plasticien de Port au Prince, membre de Shap
Jhon Charles, artiste plasticien, coordonateur de l’association Shap
2
Déroulement de la formation :
Partie théorique :
Elle avait lieu dans deux salles de l’Alliance Française mises à la disposition des Ateliers
pendant toute la durée du premier module. La formatrice avait également à sa disposition un
ordinateur portable, un projecteur et un écran. Plus long les premiers jours, l’aspect théorique devenait plus ponctuel les jours suivants, servant de mise au point, d’illustration d’une problématique spécifique apparaissant au cours de créations des œuvres, ou de rappel.
Plusieurs aspects ont été abordés :
1. Présentation des œuvres de chaque participant des Ateliers (photos et/ou œuvres originales). Chaque artiste a choisi des exemples les plus significatifs de son travail
plastique. La projection des photos sur l’écran, support de discussion, a permis à chaque
participant de se présenter et de mieux faire comprendre ses sources d’inspiration et ses intérêts artistiques.
2. Présentation du travail de l’Atelier « Principes de création d’une œuvre » de la
professeur M. Rozenkranz de l’Académie de Beaux Arts de Gdansk. L’objectif était d’exposer un large éventail de sujets travaillés par ses étudiants en sculpture et l’analyse du processus de création. L’accent a été mis sur la réduction de moyens d’expression afin de parvenir à l’expression maximale de l’œuvre d’art. Des échanges, des
questionnements se sont développés très rapidement vers l’affinement de la compréhension des enjeux artistiques, des méthodes de travail et des solutions
techniques spécifiques liées aux matériaux utilisés. Les participants ont pu se rendre
compte de la multiplicité de réponses plastiques à une même incitation.
3. Cours sur quelques techniques de coulage de fonte d’aluminium utilisées dans le Département de Sculpture de l’Académie de Beaux Arts de Gdansk. La formatrice a
apporté un document Power Point très complet des derniers Ateliers de Fonte qui ont lieu
en septembre de chaque année à Gdansk. Les participants ont ainsi pu voir toutes les
étapes, dès la conception au coulage, des sculptures en fonte, ainsi que le travail de
finition des épreuves brutes.
La présentation des principes de base du coulage avec l’utilisation de polystyrène comme matériau à sculpter (technique à moule perdu) a été particulièrement développée
dans la mesure où c’est cette technique-là qui allait être introduite lors de cette formation.
3
Partie pratique :
Elle s’est également composée de trois parties :
1. Dessin avec modèle vivant et
approfondissement de la capacité
d’observation de la réalité. Les
participants, dont la plupart n’ont pas dessiné depuis très longtemps voire
jamais, ont tous été enthousiastes lors de
ces séances. Ils ont exprimé un véritable
besoin de faire ces « gammes »
régulièrement. Des échanges sur les
proportions, l’équilibre entre les vides et
les pleins, ont été très riches.
2. Séance de dessin avec modèle vivant à L'Alliance Française de
Jacmel.
2. Atelier pratique de sculpture :
Œuvre de technique mixte intégrant un élément apporté (bois, pierre ou autre).
Chaque participant devait réaliser
une ou deux œuvres en répondant à l’incitation suivante : « créer un
objet à trois dimensions en intégrant
un matériau de son choix et des
éléments
coulés
en
fonte
d’aluminium, en tenant compte des éléments de composition tels que le
contraste, le rythme, la couleur, la
texture et autres… »
La maquette de ce travail réalisée en
polystyrène était destinée à être
gazéifiée lors du coulage de la fonte
d’aluminium. En disparaissant, elle est remplacée par une œuvre en fonte (technique à moule perdu).
Figure 3. Jhon en train de construire sa maquette en polystyrène.
4
3. Coulage de fonte d’aluminium.
4. Le four céramique de Lissa installé dans la fonderie à Meyer.
En amont, les préparatifs pour construire l’abri de la fonderie sur un terrain à Meyer ont
commencé au mois de janvier sous la supervision très efficace de Ronald Mevs. Le
sculpteur a également mis à la disposition des Ateliers une grande quantité d’aluminium. Madame Lissa Jeannot a apporté son four céramique pour raku et un brûleur à gaz. Au
lieu d’utiliser le feu ouvert comme c’était prévu initialement après la
visite chez le fondeur de marmites, le
métal était liquéfié au gaz propane. Il
était nécessaire que chacun parcoure
l’intégralité du processus technologique pour se l’approprier et
être capable de l’utiliser en autonomie. Ainsi, les stagiaires ont
pu observer toutes les étapes de la
construction de la fonderie, celles de
son fonctionnement, ainsi que le
travail du fondeur traditionnel, Boss
5. Le stock d'aluminium de récupération: les restes d'un avion et
Rigault Lindor.
canettes.
5
Les journées ont été organisées de sorte que soient alternés les
cours de sculpture, le travail personnel de préparation du modèle
en polystyrène et des demi-journées à la fonderie pour couler
progressivement
les
épreuves.
Photo 6 et 7. Les derniers
jours ont également été
consacrés au travail des
épreuves
brutes
en
aluminium :
ébarbage,
limage, polissage, etc., à
l’aide des outils fournis.
Description de la technique à moule perdu en polystyrène.
La conception et la réflexion autour de la sculpture à
venir se fait par dessins. Au fur et à mesure, l’idée se précise, s’approfondit notamment lors des échanges avec le professeur qui joue le rôle de révélateur. Les
séances de conception et de préparation sont donc très
importantes.
8. Le dessin préparatif de Jhon.
Sculpture dans le polystyrène : ce matériau est très facile à
découper à l’aide d’un appareil muni d’un fil chauffé à haute température qui permet d’obtenir les formes voulues. D’autres outils comme le cutter, les limes, le papier de verre servent à
affiner, à lisser, à poncer les formes. Les pistolets à colle facilitent
l’assemblage de morceaux. Les grands formats doivent être évidés et réassemblées pour obtenir des sculptures creuses.
Photo 9. Découpage à la machine
6
10 et 11. Du dessin aux sculptures. A droite, une des sculptures munies de cheminées.
Les sculptures doivent être munies de cheminées : une, très large, pour verser le métal liquide, et
d’autres dont la quantité dépend de la complexité de la sculpture pour permettre un bon remplissage jusqu’aux extrémités.
Photo 12.
Préparation
dans
la
fonderie : les sculptures
sont placées dans des
caisses, entourées très
hermétiquement dans du
sable au vert (mélange
spécial de sable et
d’argile, légèrement humidifié
afin
de
présenter les qualités
suivantes : adhérer et
laisser passer les gaz).
7
Photo 13.
L’aluminium est chauffé à plus de 630°C dans le four au gaz. Lorsque
la quantité suffisante est atteinte, il
est possible de le verser. C’est le travail du Boss Rigault.
Le polystyrène fond, crée un vide
remplacé par le métal liquide.
C’est une manipulation qu’il faut faire très rapidement, car le métal,
en refroidissant, devient plus
visqueux et perd sa faculté de
pénétration.
Photo 14.
Chacun découvre le contenu de la caisse : la
sculpture est-elle réussie ? Certaines erreurs
peuvent être impardonnables : la sculpture n’est pas entière, présente des trous, la surface est
boursoufflée, etc.
La première étape de la finition : il faut scier les
cheminées, ébarber la surface, la limer et
poncer. Plus tard, l’aluminium pourra aussi être peint, patiné, assemblé à d’autres matériaux.
Photo 15. Sculpture en alu avec cheminées.
8
Commentaires :
Aucun des participants n’avait utilisée cette technique avant les Ateliers. Ainsi, lors de la
préparation de modèle en polystyrène, il a fallu s’adapter aux possibilités techniques de ce matériau ainsi qu’à ses obstacles. Ces derniers, imposant des solutions techniques inédites, ont poussé les artistes à détourner ces difficultés en trouvant d’autres voies. Très rapidement, ils ont
dû abandonner leurs habitudes pour s’adapter au nouveau médium. Sortir des sentiers battus était
l’un des objectifs pour progresser dans la recherche créatrice.
Photos 16 et 17. Du dessin à la sculpture, travail de Danipy Georges.
Une autre série de surprises est apparue lors de l’ouverture des caisses après le coulage : quel est
le degré de réussite, le modèle en polystyrène a-t-il bien été préparé, le sable était-il tassé
hermétiquement autour de la sculpture… ? Ces moments ont généré de l’attente et du suspens,
ainsi que de nombreux commentaires de tous les participants sur la qualité des épreuves coulées
et sur les raisons d’éventuels décalages avec les résultats escomptés. Plus qu’une simple inquiétude quant à la réussite de l’œuvre, les observations ont été sources de remarques
techniques, des solutions à respecter afin d’éviter des erreurs à venir. Il s’avère que cette technique a ses exigences qu’il faut respecter avec rigueur sous peine de perdre sa sculpture définitivement.
Le fait d’obtenir des sculptures en aluminium était d’abord une source de joie, mais également de remarques techniques qui vont mûrir jusqu’au module 2 où chacun, riche de cette première expérience, pourra aller plus loin dans sa recherche créatrice.
Deuxième source de recherche de solutions était le four à gaz. Initialement destiné aux cuissons
de céramique, il a été utilisé pour la fonderie. Une série de creusets en acier a subi des
« crevaisons » à cause de la flamme trop brûlante et trop directe. Il a fallu régler la force de la
flamme progressivement pour parvenir à un débit correct. Enfin, il n’était pas simple d’être assisté par le boss fondeur Rigault Lindor qui, habitué à faire des marmites, était assez
récalcitrant par rapport à la technique prônée par le professeur de sculpture. Mais,
progressivement, ses résistances ont pu être surmontées et il a été possible de travailler en bonne
entente. Il a compris au fur et à mesure les impératifs nécessaires aux sculptures complexes,
différentes des simples bassines, et surtout il a saisi le caractère unique et laborieux d’une 9
sculpture qu’on ne peut pas rejeter et refaire comme cela se fait avec des casseroles. Toutes les précautions sont nécessaires pour optimiser et garantir une bonne coulée. Toutes les étapes
requièrent beaucoup de rigueur.
Préparation du module 2 :
Le module 2 démarrera avec des artistes déjà aguerris par la première formation et qui auront
des projets conçus dans la tête pendant la période de gestation de plusieurs mois. Sur le plan
plastique, chaque participant pourra exploiter une technique devenue familière et dont il
comprend désormais les caractéristiques. L’objectif sera de travailler de façon plus autonome,
de se consacrer davantage au travail purement artistique.
Cependant, il est prévu d’apporter davantage de découvertes technologiques en expérimentant
d’autres matériaux, comme la cire, et des élastomères qui permettent d’obtenir des moules
permanents.
Sur le plan logistique, la fonderie subira quelques améliorations qui tiendront compte des
remarques faites en février. Nous réfléchissons également sur la construction d’un fourneau à gaz, avec soufflerie pour remplacer durablement le four céramique. Le bilan du premier module
a permis d’affiner les besoins en outils dont il conviendra faire
l’acquisition avant le mois de juillet.
Le module 2 se déroulera du 9 au 26 juillet 2012. Pour faire le
lien entre les deux formations, les participants viendront avec
leurs épreuves transformées en sculptures prêtes à être exposées,
leurs nouveaux projets et la bonne humeur dont ils ont fait
preuve chaque jour de nos Ateliers de février.
Grazyna Krecka
10

Documents pareils