qu`est-ce la lecture methodique - le blog de l`institut polyvalent moyopo
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Iiimmmmmmmm INSTITUT POLYVALENT MOYOPO BP 311 Bafoussam Cité MAETUR (Koptchou 2) Tél. 344 26 34 951 22 23 / 578 26 82 e-mail : [email protected] e Collège d’ens. Second Gen. 6 -Tle QU’EST-CE LA LECTURE METHODIQUE ? Par Gilbert MBOUBOU Principal de Moyopo L’analyse de la phrase permet d’identifier la nature et la fonction de ses composants afin de comprendre son sens. Ainsi, la grammaire de la phrase permet d’étudier méthodiquement la phrase. Le narrateur dans un récit et l’émetteur dans un texte doivent être considérés comme des équivalents du sujet du verbe. Le texte et l’œuvre intégrale comportent une structure qui n’existe pas au niveau de la phrase. Il existe aujourd’hui une grammaire du texte vouée à l’étude des éléments constitutifs du texte et des relations entre ces éléments, c’est-à-dire de ce que l’on appelle le fonctionnement du texte. La lecture méthodique est une analyse du texte ou de l’œuvre intégrale à partir de la connaissance préalable de cette grammaire textuelle. Cette analyse a pour finalité de dégager le sens du texte ou de justifier celui qu’on lui assigne. Il faut donc bien maîtriser l’organisation et le fonctionnement du texte pour pratiquer la lecture méthodique. Mais, quand on possède cette connaissance nécessaire, la lecture devient à la fois plus facile et plus enrichissante. Aussi le commentaire de texte qui en est l’application est-il devenu pour ceux qui savent apprendre, le sujet le moins risqué de français au probatoire et au bac. Mais, il faut d’abord apprendre cette grammaire textuelle. LES AXES DE LECTURE. Le texte est si riche que tous ses aspects ne peuvent s’étudier dans un devoir de quatre heures. Il faut donc choisir un, deux ou trois angles de vue, c’est-à-dire quelques aspects particuliers et s’en tenir à ceux-là. Cet angle de vue, c’est un axe de lecture. Il peut être une déclaration d’amour, l’art du dialogue, l’ironie, l’art de convaincre, un ton polémique, une situation de l’énonciation, le schéma narratif, un titre à justifier, l’intention de l’auteur, celle de l’émetteur etc. Ce dernier axe est un des meilleurs, car il évite de d’étudier le texte comme une mosaïque d’aspects sans rapport entre eux. C’est un axe principal qui peut intégrer plusieurs axes secondaires. Il est particulièrement intéressant pour la préparation du commentaire composé, dont il peut donner directement le plan comme dans l’exemple proposé ci-après. APPLICATION TEXTE LE LOUP ET L’AGNEAU. La raison du plus fort est toujours la meilleure: Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. "Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. - Sire, répond l'agneau, que votre Majesté ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Donner le meilleur de soi pour tirer le meilleur de chaque enfant 1 INSTITUT POLYVALENT MOYOPO TEL 344 26 34 Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ; Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. Tu la troubles, reprit cette bête cruelle ; Et je sais que de moi tu médis l'an passé. - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau; je tète encore ma mère. - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. - Je n'en ai point. - C'est donc un des tiens ; On me l'a dit : il faut que je me venge." Là-dessus, au fond des forêts Le Loup l'emporte et le mange, Sans autre forme de procès. J. de La Fontaine, Fables, Livre Premier, 10 QUELQUES AXES DE LECTURE POSSIBLES 1) L’art du récit, 2) un procès opposant le fort et le faible, 3) les types d’arguments, 4) l’art du fabuliste, 5) la morale de la fable. Le dernier axe correspond à l’intention du fabuliste. Il veut montrer pour le dénoncer que dans leurs rapports avec les faibles, les puissants ne prennent pas en compte d’autre droit que celui du plus fort, c’est-à-dire le droit de la bête de proie. Les axes 1, 2 et 3 constituent les moyens par lesquels le fabuliste réalise son intention. AXE 1 : L’intention du fabuliste.. La fable prouve une réalité pour la dénoncer : [« La raison du plus fort est toujours la meilleure »]. Les puissants de ce monde dans leurs rapports avec les faibles, utilisent l’argument de la force et non la force de l’argument AXE 2 : L’art du récit. Pour soutenir cette thèse l’auteur cite en exemple une tragédie mettant en scène le triomphe de la force sur la raison. AXE 3 : Le procès du faible contre le fort. Dans cette tragédie le faible a pour lui la raison et la justice, mais, il perd le procès. PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE INTRODUCTION. L’intention du fabuliste est annoncée clairement au début du texte : [La raison du plus fort est toujours la meilleure.] [Nous l’allons montrer…] Il s’agit donc de soutenir une thèse. De montrer que les raisons souvent invoquées par les puissants pour justifier leurs actes n’ont rien à voir avec la réalité ni avec la logique, et qu’ils ont pour seul fondement la force. Pour reprendre une expression courante La Fontaine dénonce les puissants qui utilisent malgré le déguisement, "l'argument de la force et non la force de l'argument". Dès lors une question se pose : Comment soutient-il cette thèse ? I. L’ART DU RECIT a) Pour soutenir sa thèse, qui est en réalité une dénonciation, le fabuliste utilise un type très intéressant d’exemple. Il s’agit d’une fable, c’est-à-dire d’un court récit irréel qui à la fois 2 INSTITUT POLYVALENT MOYOPO TEL 344 26 34 prouve et illustre la thèse. Les contes africains, les paraboles bibliques et Philosophe Platon remplissent les mêmes fonctions. les mythes du b) Un tel récit a l’avantage de jouer un rôle impressif. Il agit sur le lecteur en provoquant une émotion qui renforce l’argument. C’est ainsi que La Fontaine compose une véritable tragédie : le meurtre du faible par le fort. Le comportement du loup soulève notre indignation autant que le sort de l'agneau nous remplit de pitié. c) On y voit une situation initiale : Le loup dont la situation est insatisfaisante cherche à l’améliorer. Il a faim. Et il se trouve en présence d'un agneau, une bête innocente qui n'est âgée que de quelques mois encore. La situation initiale déclenche l’action tragique. Le loup accuse l’innocent. Celui-ci se défend vainement, car il n'a pour lui que la raison et que la justice. Cette évolution de l'action aboutit fatalement au meurtre de l'agneau. C’est l'événement rééquilibrant car il calme la faim du loup et met fin à l'action. Ainsi c'est la faim, le désir d'exploitation et de domination qui est le véritable mobile du meurtre et non la raison ni le désir de vengeance comme le prétend le loup. d) Le narrateur exprime ses jugements. Le loup est traité "d’animal plein de rage", de « bête cruelle. » Estimant que l’argumentation de la méchante bête est sans valeur, que le procès par elle intenté n’est qu’une mascarade de procès, il déclare : [« Le loup l’emporte et le mange sans autre forme de procès."]. Ainsi le narrateur qui veut nous impliquer dans son récit n'est pas neutre, il prend parti en faveur du faible opprimé. e) Par ailleurs, le récit est dialogué. Le narrateur rapporte les paroles de ses personnages au style direct. Ce mode narratif permet de mesurer par exemple la force des arguments de l’agneau. Il emploi dans un cas un connecteur logique et un modalisateur pour conclure un raisonnement irréfutable : « Et que par conséquent, en aucune façon… » Il emploie une l’interrogation rhétorique qui est l’équivalent d’une affirmation renforcée : [« Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? »] TRANSITION. Mais le rôle essentiel de la fable est d’illustrer le procès opposant le fort et le faible. II. PROCES ENTRE FORT ET FAIBLE a) Le loup qui veut manger l’agneau cherche un prétexte, pour donner une apparence de justice à son acte criminel. Il accuse la pauvre bête sans force de salir son eau, de « troubler son breuvage.» A cette accusation l’agneau oppose un argument irréfutable. Il est impossible qu’il ait troublé l’eau, puisqu’il buvait en aval, que le carnassier lui, était en amont, et qu’une distance de vingt pas les séparait. b) Mais le loup maintient son accusation et même ajoute un nouveau prétexte plus grave encore. [« Tu la troubles…] [Et je sais que de moi tu médis l’an passé »] A ce nouveau prétexte, l’agneau oppose un argument non moins imparable. Il n’a pas pu se rendre coupable de médisance puisqu’à la date indiquée, il n’était pas encore né. c) Nouveau prétexte inventé par le loup avec une déduction sans fondement. ["Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.] Nouvelle réfutation imparable : ["Je n'en ai point".] Un dernier prétexte aussi peu fondé que les autres et justifié par une autre déduction encore moins fondée.. [C’est donc quelqu’un des tiens..] Ce prétexte est suivi d’une sentence qui est exécutée immédiatement. d) Il y a là, ce qu’on appelle argument sur la personne : en dernière analyse, le loup assassine l’agneau, non pour avoir commis une faute, mais simplement parce qu’il est l’agneau. En effet il n’a pas demandé d’avoir tel ou tel frère, d’être de tel ou tel groupe. Cet argument est le même que celui dont se prévalent tant d’hommes pour haïr et tuer les hommes d’autres races ou d’autres tribus. 3 INSTITUT POLYVALENT MOYOPO TEL 344 26 34 CONCLUSION. Le faible a beau avoir la vérité et la raison de sont côté, c’est le puissant qui l’emporte, car les plus fort ne triomphent par leur force et non par la raison. Leurs arguments souvent maladroits et menteurs ne sont que des prétextes grossiers pour voiler leurs intérêts. La Fontaine nous apprend ainsi à distinguer la force de la raison. Les procès qu’intentent les puissants, les accusations qu’ils portent contre les faibles ne servent qu’à donner un semblant de légitimité à une décision précise avant tout procès et en dépit de toute raison, et de tout procès authentique. Un homme digne de ce nom ne voudrait pas se comporter comme ce modèle négatif, comme un animal en somme, qui parce qu’il est fort, remplace l’humaine raison par la force brute. Malheureusement nous vivons cette dégradation de l’humain en brute sur le plan politique et sur d’autres 4