Maintenance en instru “Un pour tous, tous po
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Maintenance en instru “Un pour tous, tous po
F orum MM. ALVAREZ & LARCHEVÊQUE - SIMTEC Maintenance en instru “Un pour tous, tous po ▼ Plusieurs constructeurs d’instruments sous l’égide du Simtec (Syndicat de l’Instrumentation de Mesure, du Test, de l’Énergie et des Communications dans le domaine de l’Électronique) se sont associés pour fournir un service client unifié pour l’étalonnage et plus généralement la maintenance de leurs équipements. Nous avons demandé aux représentants du comité maintenance et services constructeurs de ce syndicat, Jean-Loup Alvarez (MB Electronique - Fluke Service) et Jean-Pierre Larchevêque (Brüel & Kjaer France), quelques explications sur cette initiative unique en Europe. Mesures. En quoi consiste précisément cette coopération entre plusieurs fournisseurs membres du Simtec? Jean-Loup Alvarez. Concrètement, cela veut dire que nos clients peuvent s’adresser indifféremment à n’importe quel fournisseur pour prendre en charge les instruments des autres fournisseurs participant à cette opération. Le client n’aura désormais affaire qu’à un seul interlocuteur pour l’ensemble de son parc d’instruments. Par exemple, un utilisateur possédant des équipements de marque Agilent Technologies, Tektronix et Rhode & Schwarz pourra s’adresser au choix à l’un de ces trois acteurs pour réaliser la maintenance de la totalité de ses instruments. Ces services dits “constructeurs” prennent en compte tous les aspects de notre métier, à savoir les prestations métrologiques (vérification, ajustage, étalonnage), les prestations de mise à jour (tant du logiciel que du matériel), d’ajout de fonctionnalités, de réparation et d’installation sur site. Et ceci est valable aussi bien pour des interventions sur le site du client que pour des prestations dans nos laboratoires. Il s’agit d’un regroupement 28 de compétences, de méthodes et de moyens sans équivalence. Jean-Pierre Larchevêque. A une certaine époque nous étions tous des “individuels” travaillant en étroite collaboration avec nos sociétés mères et chacun faisait de son mieux (on le fait toujours). Et puis quatre d’entre nous ont estimé qu’il était bon de se regrouper pour proposer un service client unifié, harmonisé et de qualité. Cette initiative a été couronnée de succès : nous sommes désormais douze à y participer et d’autres vont encore sûrement nous rejoindre dans les années à venir. Mesures. En pratique, comment cela se passe-t-il? Prenons un exemple : si Agilent prend en charge la vérification et l’étalonnage des oscilloscopes Tektronix pour un client donné, où seront effectués les tests? Chez Agilent? Ou chez Tektronix? Jean-Loup Alvarez. La règle d’or est que la prestation sur un équipement soit réalisée par le constructeur de cet équipement. Si Agilent reçoit du matériel Tektronix, il a le devoir de le transmettre à celui-ci. C’est une règle de bon sens qui découle de la constatation suivante : nous n’avons pas la pré- Jean-Loup Alvarez (à gauche),président et Jean-Pierre Larchevêque,vice-président du MESURES 767 - SEPTEMBRE 2004 Forum tention de savoir traiter correctement les produits de nos confrères. Cet aspect est fondamental. C’est ce qui nous a poussés à développer ce réseau de services. Nous l’avons tous fait avec l’accord et le soutien de nos directions respectives et de nos services juridiques. Dans certains cas, si les moyens et les compétences le permettent et en accord avec le constructeur concerné, quelques matériels naire, en l’occurrence Agilent, à maintenir l’oscilloscope en question, plutôt que de lui envoyer un technicien. Il y a quand même des contraintes économiques que l’on ne peut ignorer! Ce genre de situation est cependant assez rare. Mesures. Comment faites-vous pour ne présenter qu’une seule facture au client? Jean-Loup Alvarez. C’est très simple. Nous fournisseur préféré, de lui demander s’il est membre du Simtec et membre du Comité Maintenance et Services Constructeurs. Pour ce qui est du choix du fournisseur, le bon sens voudrait que ce soit celui qui représente le plus d’équipements sur le site qui soit l’acteur désigné. Mais ça n’a rien d’obligatoire. Dans tous les cas, le client n’aura qu’un seul guichet : celui qu’il aura choisi. Un travail de longue haleine mentation : ur un!” pourront être traités par l’acteur principal. Il s’agit dans ces cas-là, d’exceptions faites à la règle. Par exemple, pour une intervention sur site, s’il y a un seul oscilloscope Tektronix parmi une foule d’instruments de marque Agilent, Tektronix va aider son parte- avons tous, les uns et les autres, une relation nouvelle de client à fournisseur et non une relation de compétiteurs. Lorsque, en tant que MB Électronique, je signe un contrat de maintenance pour des équipements à Brüel & Kjaer, j’envoie à ce dernier ses instruments pour qu’il fasse le travail, il devient donc mon prestataire et je deviens son client. Une fois qu’il a réalisé la prestation, il me présente sa facture que je reporte sur celle du client final. Dans ce cas, Brüel & Kjaer a un double engagement, d’une part vis-à-vis du client final et d’autre part vis-à-vis du partenaire Simtec, en l’occurrence MB. Il faut bien voir que ce double engagement de l’intervenant est une garantie supplémentaire pour le client. Mesures. Et pour les interventions sur site? Jean-Loup Alvarez. C’est la même chose. Le constructeur retenu (ou son distributeur exclusif) par le client coordonne l’opération et fait intervenir sur le site du client différents techniciens provenant de plusieurs entreprises. Chacun intervient dans sa marque. du comité maintenance du Simtec MESURES 767 - SEPTEMBRE 2004 Mesures. Ce service est-il à l’heure actuelle 100 % opérationnel? Jean-Loup Alvarez. Oui. Il suffit de consulter la liste des membres disponibles sur le site Internet du Simtec (www.simtec.org ou voir encadré) ou de s’adresser par rapport à ses affinités ou ses habitudes à son Mesures. Depuis combien de temps préparez-vous cette organisation? Jean-Loup Alvarez. Les premières réflexions remontent à 5 ans. Au rythme d’une réunion en moyenne toutes les six semaines, nous avons bien avancé. Nous avons harmonisé nos procédures et notre langage, nous avons adopté le Vocabulaire International de la Métrologie (VIM) afin d’éviter toute ambiguïté sur le choix des termes (vérification, ajustage et étalonnage). Nous avons l’esprit “service”, nous arrivons à dépasser les éventuelles arrièrepensées commerciales. Les premières expériences pilote ont commencé il y a deux ans. Le concept arrive aujourd’hui à maturité. Nous travaillons les uns et les autres dans un bon esprit. Jean-Pierre Larchevêque. Je pense qu’il faut insister sur ce point. Cette opération est tout sauf de l’improvisation. Il s’agit d’un travail de très longue haleine. Au fil des réunions du Comité Maintenance et Services Constructeurs du Simtec, on a appris à se connaître et à communiquer de façon saine et transparente. Le groupement exerce une veille éthique pour éviter une déviance qui pourrait nous conduire à devenir des mainteneurs généralistes. On a réussi à transcender la concurrence et à placer la qualité au bénéfice du client audessus de tout… Mesures.Comment se fait-il alors que vous n’aviez pas encore communiqué sur ce sujet? Jean-Loup Alvarez. On ne met pas la communication avant les actes et les faits. Nous faisions cela dans l’ombre : il fallait d’abord s’assurer que le projet fonctionne. L’objectif était de démarrer modestement avec quelques clients, d’avoir des expériences pilote et de tester posément, en toute sérénité, ce nouveau service. Il fallait être prêt, avoir bien finalisé la démarche et être complètement opérationnel avant de pouvoir communiquer. Aujourd’hui, concernant MB Électronique, nous constatons une crois- 29 Forum sance du nombre des produits qui ne sont pas de chez Fluke (dont nous sommes le représentant). Mesures. Compte tenu de la concurrence qui existe entre vous au niveau de la vente, on imagine que la mise en place d’un tel service exacerbe les passions, d’autant que chacun propose ses propres tarifs… Jean-Loup Alvarez. Les offres de service peuvent être effectivement concurrentes, par la mise à disposition de services logistiques ou personnalisés, et par la performance interne de chacun qui se traduit par un prix différent. Les coûts de fonctionnement ne sont pas les mêmes chez les uns et les autres, ce qui explique que deux acteurs peuvent avoir une offre différente pour un même parc d’instruments à gérer. Évidemment, les premières réactions “cutanées” des commerciaux ont été : « On pactise avec l’ennemi! » Mais en expliquant les choses, tout le monde a compris que c’était dans l’intérêt de tous et du client. Il faut bien voir que nous sommes appuyés par l’Afnor et consultés par le Cofrac. On participe également au Congrès de Métrologie tous les deux ans pour suivre les évolutions de notre métier. Notre objectif est de devenir une référence dans le métier de service sur l’instrumentation de laboratoire. Jean-Pierre Larchevêque. Cela suppose une très bonne communication en interne avec les commerciaux, de façon à ce que lorsqu’ils vendent du service, ils soient bien au courant des prestations et qu’il y ait une certaine éthique au niveau commercial quand on parle de service. Nous ne cherchons pas à faire la guerre des prix entre nous car cela n’a pas de sens : c’est une fuite en avant.Vous ne trouverez pas 20 % de différence entre nos différentes offres. Mesures. Comment faites-vous pour les marques d’instruments dont le constructeur ne fait pas partie de votre comité? Jean-Loup Alvarez. Notre règle d’or est de s’adresser à celui qui a la meilleure compétence et la meilleure connaissance sur le produit, en l’occurrence le constructeur de l’équipement. On lui explique notre organisation et on l’incite à nous rejoindre. Éventuellement, on lui adresse le produit. Pour l’instant, aucun constructeur n’a jamais refusé ses propres produits. Mesures. Et s’il n’a pas de présence en France? Jean-Loup Alvarez. S’il n’a pas de présence au moins commerciale en France, on commence par expliquer au client qu’à l’avenir il lui faudra mieux prendre en compte la notion de service au moment de l’achat, et que la maintenance d’un appareil de mesure exige en général d’avoir des relations avec le constructeur. Mais il n’a pas toujours le choix. Pour certains produits aux fonctionnalités bien spécifiques,“les moutons à cinq pattes” comme on dit, le client peut être obligé de faire appel à un constructeur sans pied à terre en France. S’il nous demande de prendre en charge ce type d’appareil, on réalise une étude de faisabilité. On va essayer de l’aider au mieux mais si on ne sait pas faire, on préfère décliner plutôt que de ne pas pouvoir répondre de façon sérieuse à la demande du client. Cela dit, notre rôle de conseil peut conduire, pour les marques non représentées, à orienter vers certains tiers mainteneurs. Mesures. Quelles conditions doivent remplir les nouveaux entrants pour rentrer dans votre comité? Jean-Loup Alvarez. Il faut être membre du Simtec mais ce n’est pas une condition suffisante! Il faut avant tout avoir une démarche volontaire, c’est-à-dire présenter un dossier technique et répondre aux onze critères de qualité de la charte des constructeurs. Jean-Pierre Larchevêque. Ce n’est pas un “club très fermé”. La porte est grande ouverte pour les constructeurs ne faisant pas par- Pas d’incertitude sur le langage de la métrologie ! Étalonnage, calibrage, calibration… difficile parfois de s’y retrouver dans les termes de la métrologie. Le VIM qui est le Vocabulaire International de la Métrologie définit trois termes : la vérification, l’ajustage et l’étalonnage. ➜ La vérification. Elle consiste à comparer selon un programme établi par le fabricant un équipement avec un étalon de référence dont les incertitudes sont connues et maîtrisées. A l’issue de ce programme, on émet une conclusion sur l’appareil. On répond à la question : le produit est-il conforme à ses caractéristiques d’origine et on génère un constat de vérification qui donne un jugement sur le produit : “bon à l’emploi ou pas”. A l’issue d’une vérification positive, l’utilisateur peut utiliser l’instrument avec ses spécifications d’origine. ➜ L’ajustage. Dans le cas où l’appareil ne donne pas des résultats de mesures corrects (plusieurs anomalies, plusieurs points hors tolérances), on peut procéder à un ajustage. Cela consiste à ramener l’équipement par une opération manuelle ou logicielle à l’intérieur des spécifications d’origine. Il y a une nouvelle vérification à l’issue de l’ajustage pour s’assurer que celui-ci a été correctement fait. Dans certains cas, l’ajustage est impossible : l’appareil doit tout simplement être réparé… ➜ L’étalonnage. Il consiste à comparer un équipement sur un certain nombre de points, à un étalon de référence dont les incertitudes sont connues et maîtrisées et à éditer les résul- 30 tats sous forme d’un relevé de mesures. Contrairement à la vérification, l’étalonnage ne porte pas de jugement sur l’appareil mais communique un certificat d’étalonnage dans lequel se trouve sous forme d’un relevé un ensemble de points de mesures avec les tolérances et les incertitudes de l’appareil. L’objectif d’un étalonnage est de pouvoir, par exemple, utiliser le produit non pas avec les spécifications d’origine mais dans la plage de fonctionnement qui a été communiquée par le certificat. Un étalonnage ne garantit pas que l’appareil soit dans les spécifications d’origine : il doit être alors analysé ou bien associé à un constat de vérification. Avec un certificat d’étalonnage, on peut améliorer la précision des mesures faites de par le fait que l’on est capable de faire des corrections par rapport aux valeurs qui sont données par l’appareil. On entend aussi dans le langage courant parler de “calibrage”. Le calibrage permet de régler l’instrument ou la chaîne de mesure pour corriger une erreur systématique. Le calibrage nécessite parfois au préalable un ajustage dont le sens est proche. La “calibration” en anglais est la traduction littérale d’étalonnage. Mais la calibration peut aussi correspondre à la combinaison de la vérification et de l’ajustage (ou du calibrage). Bref, mieux vaut se mettre d’accord sur les termes avant de rentrer dans une discussion métrologique… MESURES 767 - SEPTEMBRE 2004 Forum “Maîtriser sa métrologie c’est maîtriser ses risques en termes de coût, d'image, de marché, de sécurité. Toute notre démarche est explicitée dans ce CD-Rom.” tie de ce comité. Il y a quand même des critères de déontologie, d’éthique et de professionnalisme auxquels il faut répondre. Cela ne peut pas être n’importe qui non plus : on demande que le constructeur ait fait ses preuves pendant de longues années dans le domaine du service, voire jusqu’à cinq ans. Mesures. Et qui valide les critères? Jean-Loup Alvarez. Le comité tout entier à l’unanimité. Si on a des doutes, on peut aussi faire réaliser un audit par quelques membres du comité. Ceux qui ne sont pas accrédités Cofrac sont en général audités. La déontologie veut que les auditeurs n’appartiennent pas à une société directement concurrente de la société auditée. Mesures. Le nouvel entrant doit-il disposer d’un centre de service en France? Jean-Loup Alvarez.Avoir un centre en France est important mais ce n’est pas une obligation. Ce qui importe, c’est la qualité et le coût de la prestation. Pour un constructeur international, maintenir plusieurs labos dans différents pays, ça l’oblige à multiplier les équipements de test, c’est une solution qui peut être coûteuse pour des équipements peu diffusés. Il est bien évident que la concentration des moyens de test au niveau européen lui permet de réduire les coûts, sans dégrader les prestations bien que cela complique le relationnel voire augmente les délais. Mesures. Pour réaliser davantage d’économies, n’aurait-il pas été judicieux de mutualiser les moyens d’essais des différents signataires de cette charte et de créer une entité commune avec un catalogue de services, que chacun de vous pourrait proposer aux clients ? Jean-Loup Alvarez. Nous avions évoqué la création d’une entité commune mais elle n’aurait pas forcément bénéficié de l’émulation nécessaire et profitable aux clients. Nous sommes des entreprises différentes, il aurait été difficile de concrétiser cette entité. En revanche, nous éditons via le Simtec des outils de communication communs : le guide de référence (“Choisir un fournisseur de prestations en métrologie”), la fiche “7 bonnes raisons de choisir les constructeurs”, le document bleu sur “la fonction métrologique dans l’entreprise”. Nous réalisons aussi des conférences lors de nos journées en province pour expliquer les méthodes simples mais efficaces à mettre en œuvre pour une gestion de parc économique mais structurée. Jean-Pierre Larchevêque. Les échanges sont assez riches dans le cadre de nos journées de MESURES 767 - SEPTEMBRE 2004 réunion : on arrive tous avec nos cultures d’entreprise qui sont très fortes pour certains. On est imbibé de notre propre entreprise mais on arrive à comprendre d’autres approches et à s’enrichir mutuellement à travers ces échanges. Mesures. Quelles sont les véritables raisons qui vous ont poussé à monter cette opération? Le souhait des industriels de réduire le nombre de leurs prestataires? Ou bien la concurrence de plus en plus pressante des prestataires spécialisés en maintenance? Jean-Loup Alvarez. Il y a un peu de tout ça. C’est vrai, notre organisation répond au besoin actuel de simplification des achats au sein des entreprises. Cela dit, nous avons avant tout été guidés par une démarche qualité. Un constructeur ne peut pas se contenter de diffuser ses produits à travers ses différents canaux de vente et de ne plus se soucier du client. Nous ne sommes pas des vendeurs de pacotille, notre métier est hautement technologique, pointu, et les clients font des choix d’équipements pour plusieurs années. Un constructeur a pour responsabilité de rester proche de l’utilisateur. Nous pensons qu’en termes de qualité, nous pouvons apporter davantage que beaucoup d’autres laboratoires accrédités ou non. La mise à jour d’un produit est un bon exemple de ce que ne peut pas vraiment faire un laboratoire qui ne représente pas le constructeur. Celle-ci est pourtant déterminante pour l’augmentation de la fiabilité, la réduction du taux de panne sur une ligne de production ou l’amélioration des performances. Par exemple, lorsqu’un produit vient pour la première fois dans nos laboratoires, nous savons qu’il faut lui apporter des mises à jour. Les produits sont en effet devenus tellement complexes que des mises à jour matérielles et logicielles sont inévitables. Un autre exemple : nous gardons la mémoire des instruments sur la totalité de leur cycle de vie, ce que pourront faire plus difficilement les autres laboratoires étant donné le nombre de produits. Enfin, nous élaborons un programme de tests cohérent. Il ne s’agit pas toujours de prendre dix points équidistants sur une gamme donnée et puis de faire dix points; ce n’est pas forcément ça! A partir des statistiques, nous sommes capables de nous apercevoir qu’il est préférable six mois après de faire trois points dans une zone plutôt que dans une autre parce que l’on sait que le niveau de confiance habituellement à 3 Sigma ne doit pas être ramené en dessous de 2 Sigma. Mesures. De votre point de vue, les tiers mainteneurs n’ont pas cette capacité… 31 Forum lisés chez nos clients, comment peut-on savoir leur comportement ? Nous reportons tous des données (type de produit, numéro de série, temps passé, prestations et corrections réalisées) à nos équipes de développement. A partir de là, elles prennent les décisions qui s’imposent pour générer des mises à jour sur les produits existants, pour améliorer leur fiabilité, leurs performances et pour intégrer ces mises à jour dans les nouveaux produits. On constate que la fiabilité des produits est sans cesse croissante, ce n’est pas un hasard. Dans cette relation-là, le client bénéficie de la pierre qu’il apporte à l’édifice. S’il se coupe de son fournisseur, il se coupe aussi de ses améliorations et du progrès technologique qui peut être intégré dans ses produits. “La porte est grande ouverte pour les constructeurs ne faisant pas partie de notre comité.” Jean-Loup Alvarez. Bien sûr que non, ils ne peuvent pas prétendre connaître les appareils aussi bien que les constructeurs! Prenez l’exemple de votre voiture.Vous pouvez aller au petit garage du coin, il vous fera les opérations de maintenance simples. Si vous avez un problème au niveau de l’électronique, il vous enverra chez le constructeur. Qui mieux que Renault peut maintenir votre Renault? Pour l’instrumentation électronique, c’est la même chose… Le problème c’est que l’offre de certains laboratoires est un véritable miroir aux alouettes. Bon nombre d’acteurs interviennent sur ce marché en ne disposant pas toujours des moyens (outils, documentations) ou des connaissances nécessaires sur les instruments. La banalisation volontaire du produit par certains acteurs conduit à proposer des prestations minimales et donc à augmenter le risque pour le client sans qu’il en soit conscient. En utilisant des appareils qui ne sont pas correctement maintenus le client peut avoir des rappels de produits sur défauts, une productivité diminuée, (perte d’activité), une perte d’image de marque sur les produits conçus (impossible à chiffrer !), il peut même avoir des risques d’ordre légal en cas d’accidents. Quand vous comparez les offres de plusieurs laboratoires indépendants, les prix peuvent varier dans un rapport trois. Est-ce bien raisonnable? Que cachent ces diverses prestations? Certains programmes de vérification sont minimalistes. La conclusion peut être identique pour un travail différent. “Spécifications constructeur” n’est pas un mot magique! La complexité des tests et leur plage de vérification doivent être 32 prises en compte. Certains laboratoires vont jusqu’à prendre des techniciens en intérim. Ce n’est pas sérieux, on ne s’improvise pas métrologue du jour au lendemain sans une réelle formation sur les produits. D’autres vont intervenir sur site alors que la prestation ne peut être réalisée qu’en laboratoire! Nous regrettons parfois aussi une déresponsabilisation de certains tiers mainteneurs par rapport à leurs actes : ils disent « Moi j’ai fait le programme de test.Vous avez des problèmes? Adressez-vous au constructeur! » Nous récupérons ainsi des instruments et le client paye une double prestation. Jean-Pierre Larchevêque. Ce n’est pas parce que l’on est un très bon électronicien, un très bon métrologue, voire que l’on est accrédité, que l’on va traiter convenablement un instrument de mesure d’une marque donnée. Il y a un certain nombre d’actions nécessaires qui ne sont pas mises en œuvre dans bien des cas… Mesures.A vous entendre,il n’y a rien de bon… Jean-Loup Alvarez. Entendons-nous bien, nous ne mettons pas tout le monde dans le même sac! Mais il est important de dénoncer les mauvaises pratiques, d’attirer l’attention sur certains prix anormalement bas qui sont pratiqués. Nous insistons sur ce point car les mauvaises pratiques causent beaucoup de tort aux constructeurs que nous sommes ou que nous représentons ainsi qu’aux utilisateurs. Cela dit, il est très important que les constructeurs aient une solide activité de maintenance. Un tel service assure un retour d’information direct à nos platesformes de développement. Si nous ne voyons pas passer les produits qui sont uti- Mesures. Est-ce que vous fournissez aux autres laboratoires et aux tiers mainteneurs la possibilité de modifier les mémoires des équipements? Jean-Loup Alvarez. Non, c’est ingérable et c’est trop lourd pour eux. Ce serait peutêtre possible si ces intervenants voulaient en payer le prix car il y a une gestion à part entière des différentes versions des équipements (release). La prestation des tiers mainteneurs est souvent réduite à faire de la vérification, c’est-à-dire de vérifier que l’appareil est à l’intérieur des spécifications d’origine annoncées par le constructeur. Mais ils font de moins en moins de correctifs (ajustages) étant donnée la complexité croissante des produits. Tout dépend de la déontologie de l’intervenant. Certains connaissent leurs limites et d’autres pas. Jean-Pierre Larchevêque. Nous sommes souvent amenés à consulter en tant que filiale le site de notre constructeur pour télécharger des mises à jour logicielles. Ces sites ne sont pas accessibles aux laboratoires tiers! On dissociera d’ailleurs la notion d’“update”, qui est une mise à jour, de celle d’“upgrade”, qui est l’introduction d’une fonction supplémentaire. Les upgrade font partie d’une démarche commerciale. Parfois un problème donné peut être résolu, soit par un “update”, soit par un “upgrade”. Qui mieux que le constructeur de l’instrument peut informer l’utilisateur sur ces opérations? Mesures. Votre objectif est-il de reprendre la main sur la majeure partie du marché du service? Jean-Loup Alvarez. Non, bien entendu ! MESURES 767 - SEPTEMBRE 2004 Forum Soyons clairs : on ne pourrait pas absorber la totalité du marché du service. Il y a de la place pour tout le monde. Notre groupement permet de nous faire entendre plus clairement afin de tirer tous les acteurs de ce marché vers le haut. Nous voulons être une référence de qualité. On conseille d’ailleurs aux laboratoires indépendants de se regrouper comme nous l’avons fait et de créer une charte de qualité. Mesures. La maintenance est un bon moyen de fidéliser les clients.Avec ce type d’approche, celui qui signe le contrat ne va-t-il pas couper l’herbe sous les pieds des autres? Et être ainsi dans une position idéale pour anticiper les besoins des clients? Jean-Loup Alvarez. Il est vrai que la maintenance est un bon moyen de fidéliser le client, on ne va pas vous dire le contraire et cela est d’ailleurs du et attendu par l’utilisateur en continuité de la vente du produit. Pour autant, l’opérateur qui rédige le contrat de service n’est pas forcément le même que le commercial qui vend les produits. De plus, le fait d’accéder à un seul guichet d’entrée ne coupe pas le client d’une relation avec son fournisseur. Le certificat d’étalonnage donné au client comporte le nom du constructeur qui a réalisé l’intervention. Pour la réparation, l’information d’obsolescence de composants ou d’impossibilité de remise en état du produit est maîtrisée par l’intervenant. Enfin, le nom du client final est toujours communiqué au partenaire Simtec chez qui on transfère le produit. Dans ce cas, c’est la dynamique de l’intervenant qui lui permettra de fidéliser ou non son client. Une émulation ouverte à tous les constructeurs Mesures. Les “petits” constructeurs n’ontils pas intérêt à ne pas participer à ce programme? Jean-Pierre Larchevêque. Et pourquoi ? Certes, le petit sera moins souvent l’interlocuteur privilégié mais s’il a sa spécificité, il peut tout à fait l’être et grandir ! Il peut avoir une niche de marché… S’il a une bonne présence commerciale et un service de qualité, il n’y a aucun souci. Mesures. Chacun d’entre vous est-il prêt à se conformer à la norme Iso 1725 aux prestations des laboratoires d’étalonnage, qui va être de plus en plus demandée ? Jean-Loup Alvarez. Pour certains d’entre nous, la conformité à la norme est effective. Les autres s’y préparent. Au sein du Simtec, la synergie du groupe permet d’échanger et de partager les connaissances et d’apporter une efficience aux autres membres. Mesures. Comment connaître le rapport qualité/coût d’une vérification? Jean-Loup Alvarez. Selon la FDX07-019, en comparant le prix et la prestation dans le détail suivant trois axes : l’axe technique (le programme effectué), l’axe logistique (lieu et délai d’immobilisation du matériel), l’axe qualité (les documents délivrés nécessaires). En corrélant ces trois critères avec le prix de la prestation, on obtient une comparaison valable entre les prestations. Mesures. Alors comment peut-on selon vous réduire raisonnablement les coûts de maintenance des instruments? Jean-Loup Alvarez. Par quelques règles de bon sens d’abord : il n’est pas rare de voir un client payer une prestation de réparation chez un prestataire alors que le produit est couvert par une garantie 2, 3, ou 5 ans... Les clients cherchent parfois des économies mais ne les trouvent pas. Par une bonne définition du besoin réel afin de délivrer la prestation nécessaire sans “sur qualité” donc sans surcoût. La NFX07-011 éditée par l’Afnor qui régit le constat de vérification donne des recommandations sur l’optimisation de la périodicité de vérification des instruments. Celle-ci dépend de la criticité de l’application et des recommandations du constructeur. Par exemple, si le produit a trois cycles d’un an consécutifs de vérification sans problème, on pourra augmenter la durée de la période de vérification : passer de 12 à 18 mois par exemple. L’idée est très simple à mettre en œuvre : lorsqu’on n’a aucun souci pendant trois ans consécutifs, on peut augmenter l’intervalle de vérification, sinon on le maintient. Ce sont des aspects que nous abordons pendant nos conférences techniques. Propos recueillis par Bertrand Braux Liste des constructeurs et des marques couvertes par le comité maintenance et services constructeurs du Simtec Rohde & Schwarz (Advantest) Tél. : 01 41 36 10 06 - Fax : 01 41 36 10 24 [email protected] Acterna (Goltermann-TTC, Wandel, Wavetek Test) Tél. : 01 30 81 50 43 - Fax : 01 30 55 87 75 [email protected] AOIP (DH Budenberg, Mikron, Isotech, SI Pressure) Tél. : 01 69 36 50 39 - Fax : 01 60 79 08 37 [email protected] Aeroflex (Adret, IFR, Marconi, Kikusui, Zimmer) Tél. : 01 60 79 96 00 - Fax : 01 60 77 69 22 [email protected] Brüel & Kjaer France (Endevco) Tél. : 01 69 90 71 02 - Fax : 01 64 57 11 91 [email protected] Sefelec (Cropico, Genrad Mesure, Quadtech, Synor, Wayn-Kerr) Tél. : 01 64 11 83 40 - Fax : 01 60 17 35 01 [email protected] MB Electronique-Fluke Service Tél. : 01 48 17 39 98 - Fax : 01 48 17 39 00 [email protected] Tektronix (Adherent, Profile, Sonytek) Tél. : 01 69 86 80 70 - Fax : 01 69 86 80 72 [email protected] Agilent Technologies Tél. : 01 64 53 51 72 - Fax : 01 64 53 56 18 [email protected] Anritsu (Wiltron) Tél. : 01 60 92 15 65 - Fax : 01 64 46 10 65 [email protected] MESURES 767 - SEPTEMBRE 2004 Racal Instruments (Tabor, Phase Matrix) Tél. : 01 39 23 22 22 Fax : 01 39 23 22 25 [email protected] 33