Présence de moisissures?
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Présence de moisissures?
Présence de moisissures? Ne laissez pas moisir la situation, réagissez ! Pierre Sirois, de la CSST, en collaboration avec Marc Côté et Thérèse Michaud Lorsque des travaux sont requis dans un bâtiment inoccupé ou ayant subi des dommages attribuables à une infiltration ou à un Les moisissures, c’est quoi? Les moisissures sont des champignons que l’on trouve à l’état naturel dans l’environnement. Ces microorganismes se reproduisent par spores qui, lorsqu’elles sont en suspension dans l’air, peuvent pénétrer dans un bâtiment. Lorsque les conditions y sont favorables (humidité, chaleur entre 10 0C et 40 0C), elles croissent en se nourrissant des matières organiques des matériaux (bois, carton, etc.) sur lesquels elles se déposent. bris de conduites d’eau, ou Les effets sur la santé encore à un niveau excessif L’inhalation de spores, de fragments de moisissure ou de mycotoxines produites par les moisissures peut avoir des répercussions sur les défenses immunitaires de l’organisme, entraîner ou aggraver des réactions allergiques (asthme, congestion, sinusite, urticaire, etc.), avoir des effets toxiques (nausées, vomissements, fièvre, douleurs articulaires) ou causer des infections pulmonaires. d’humidité, les travailleurs peuvent se trouver en présence de moisissures. Lors de l’inspection des lieux et de l’évaluation de l’ampleur de la contamination, le personnel assigné à ces tâches doit porter des gants, une protection oculaire et un appareil de protection respiratoire muni de filtres à haute efficacité s’il doit toucher, enlever ou manipuler des matériaux contaminés. Élimination du problème à l’origine de la prolifération Les moisissures prolifèrent si elles sont en présence d’eau (infiltrations, fuites, condensation) ou d’humidité excessive. Il faut donc éliminer toute source d’apport d’eau et contrôler le niveau d’humidité de l’air ambiant. L’identification des sources du problème est parfois complexe et peut nécessiter l’intervention d’une personne-ressource, architecte ou ingénieur, ayant une connaissance approfondie de la conception de l’enveloppe d’un bâtiment et des défaillances pouvant entraîner de la condensation ou des infiltrations d’eau. Mesures correctives Inspection et évaluation L’inspection visuelle, que peut habituellement effectuer un entrepreneur, permet de détecter les indices d’une contamination et d’en évaluer l’ampleur. Il est parfois nécessaire de procéder à une inspection plus invasive lorsque les moisissures ont proliféré derrière la partie visible des matériaux (murs, tapis, etc.). Dans ce dernier cas, les odeurs, les signes de dégradation des matériaux ou de présence d’eau justifieront une investigation plus poussée qui sera alors confiée à une entreprise spécialisée. Prolifération de moisissures à la base d’un mur. (Photo de l’ASSTSAS) Cette étape est importante pour éviter qu’il y ait à nouveau prolifération des moisissures après décontamination. Vérifications à effectuer pour minimiser la formation de moisissures dans un bâtiment en construction : Minimiser la durée d’exposition aux conditions atmosphériques extérieures des matériaux de finition intérieure des bâtiments (ex. : les commander juste avant de les installer). Protéger les matériaux entreposés contre l’humidité (ex. : les recouvrir d’un polythène). Minimiser l’accumulation d’humidité dans le bâtiment (ex. : en faisant aérer). Inspecter périodiquement l’enveloppe du bâtiment. Assurer l’équilibre entre le niveau de confort thermique et le niveau d’humidité relative dans le bâtiment (ex. : chauffer le bâtiment à l’électricité ou avec une chaufferette au gaz). Vérifier toutes les livraisons de matériaux pour s’assurer que les composants sont secs et propres; rejeter les matériaux humides ou moisis. 2 PRÉVENIR AUSSI Volume 22, numéro 3, automne 2007 Décontamination Matériaux sous haute surveillance parce que très sensibles aux moisissures Les panneaux de contreplaqué et de particules de bois, qui sont fabriqués à partir de fibres de bois d’aubier* dont les moisissures se régalent2. Les panneaux de copeaux, qui sont fabriqués à partir d’arbres plus petits dont le bois est constitué majoritairement de bois d’aubier2. Les panneaux de placoplâtre enrobés de papier ainsi que les panneaux composés de fibres comprimées (MDF)2. *Au cours de la croissance de l’arbre, le bois d’aubier est converti progressivement en bois de cœur, dont les propriétés de résistance aux moisissures sont supérieures. L’ampleur de la contamination par les moisissures dictera le choix des méthodes et des procédures de décontamination, les travaux à exécuter ainsi que le niveau de protection requis pour les travailleurs. Il faudra également tenir compte de l’impact des travaux sur la santé et la sécurité des occupants du bâtiment. L’objectif de la décontamination est de nettoyer les matériaux contaminés ou de les enlever sans disperser les moisissures dans les zones propres. Plusieurs instances, dont l’Association canadienne de la construction (ACC), l’Environmental Protection Agency (EPA), le Service d’hygiène de la ville de New York, Santé Canada, la Société centrale d’hypothèque et de logement (SCHL), l’American Industrial Hygiene Association (AIHA), et l’Institute of Inspection Cleaning and Restoration Certification (IICRC) ont produit des documents (guides, lignes directrices) recommandant, entre autres, des pratiques jugées efficaces. Les informations qui suivent, tirées en grande partie des Lignes directrices sur les moisissures pour l’industrie canadienne de la construction1, produit par l’Association canadienne de la construction, résument certaines de ces pratiques pour chacun des trois degrés de contamination qui y sont définis, soit la contamination légère, la contamination modérée et la contamination élevée. Le travailleur doit, en plus de l’équipement de protection requis dans un cas de contamination légère, porter une combinaison à l’épreuve de la poussière avec capuchon intégré et attaché aux chevilles et aux poignets. La zone de travail doit être isolée du reste du bâtiment au moyen d’une enceinte étanche équipée d’un système de ventilation muni d’un filtre à haute efficacité et qui maintient l’enceinte sous pression négative. Il faut protéger le système de ventilation du bâtiment, c’est-à-dire sceller les diffuseurs et les ouvertures de reprise d’air situés dans la zone de travail. Contamination élevée Surface de contamination très étendue, soit une ou des zones de moisissures ayant une superficie totale supérieure à 10 m2. Dans pareil cas, il est fortement recommandé de faire appel à une firme spécialisée. Contamination légère Petite surface de contamination, soit une ou des zones de moisissures visibles ayant une superficie totale inférieure à 1 m2. Matériaux recherchés parce que résistants aux moisissures Le travailleur doit porter des gants, une protection oculaire et un appareil de protection respiratoire de type demimasque muni de filtres à haute efficacité. Panneaux de placoplâtre recouverts d’un mat de fibre de verre résistant à l’humidité. Les utiliser lorsqu’il est possible qu’ils soient exposés à l’humidité. Carreaux de plafond qui incorporent un inhibiteur de moisissures. Peintures ioniques antimicrobiennes de couleur argent pour revêtir le métal en feuille afin de minimiser la formation de moisissures dans les réseaux de gaines. Il n’est pas nécessaire d’installer une enceinte étanche ni de protéger le système de ventilation du bâtiment. Revêtu d’une combinaison et muni d’un masque complet, le travailleur met les moisissures dans un sac étanche qui sera envoyé dans un site d’enfouissement spécialisé. (Photo de l’ASSTSAS) Les exigences de protection sont les mêmes que dans le cas d’une contamination modérée sauf que l’appareil de protection respiratoire doit être à ventilation assistée de type masque complet muni de filtres à haute efficacité. De plus, il faut mettre à la disposition des travailleurs une installation de décontamination avec douche placée entre le vestiaire pour les vêtements contaminés et celui pour les vêtements de ville. Cette installation de décontamination sera aménagée de telle sorte que les travailleurs devront passer par celle-ci pour entrer dans l’aire de travail ou en sortir. (Voir illustration en p.4) Contamination modérée Directives applicables à toutes les situations Surface de contamination de taille moyenne, soit une ou des zones de moisissures ayant une superficie totale entre 1 m2 et 10 m2. Les matériaux non poreux (métal, verre, plastique) et semi-poreux (bois, béton) contaminés en surface peuvent être nettoyés à l’aide d’un produit nettoyant dilué avec de l’eau. PRÉVENIR AUSSI Volume 22, numéro 3, automne 2007 3 Les matériaux poreux tels que les carreaux de plafond, l’isolant en fibre de verre et le placoplâtre doivent être enlevés et mis au rebut, parce qu’ils ne peuvent être séchés efficacement. Les tapis peuvent parfois faire l’objet d’un nettoyage par des firmes spécialisées lorsque la contamination est limitée à une petite surface, mais il est préférable de les enlever et de les mettre au rebut. mesures nécessaires pour protéger la santé du travailleur qui y est exposé (LSST, article 51, paragraphes 5, 8 et 9). Pour sa part, le travailleur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger sa santé en respectant, entre autres, les méthodes et techniques instaurées pour contrôler ou éliminer les risques pouvant affecter sa santé. * contaminant : « une matière solide, liquide ou gazeuse, un microorganisme, un son, une vibration, un rayonnement, une chaleur, une odeur, une radiation ou toute combinaison de l’un ou l’autre susceptible d’altérer de quelque manière la santé ou la sécurité des travailleurs. » Gros plan de moisissures recouvrant la presque totalité d’un tapis. Que prévoient la loi et les règlements relativement aux moisissures? Une moisissure est un contaminant* tel que le définit la Loi sur la santé et la sécurité du travail et l’employeur doit donc prendre les Conseils d’appoint Se concerter - Le maître d’œuvre, les concepteurs, les consultants et les entrepreneurs en construction doivent planifier ensemble un échéancier des travaux. Ainsi, ils n’exigeront pas qu’un entrepreneur amorce les travaux de finition intérieure trop tôt alors qu’il y a des risques d’infiltration ou d’accumulation d’eau sur des matériaux qui favorisent la formation de moisissures. Minimiser les possibilités de formation de moisissures aux étapes « à découvert » et « partiellement fermé » Les matériaux contaminés qui sont enlevés doivent être placés dans des contenants étanches appropriés au type de matériaux. À la fin des travaux d’enlèvement des matériaux contaminés, la zone de travail et les zones de circulation (entrée et sortie) des travailleurs doivent être nettoyées pour prévenir une nouvelle prolifération. Pour éviter que les bâtiments en construction soient la proie des moisissures La décontamination d’un système de ventilation où il y a présence de moisissures devrait être confiée à une firme spécialisée en tout temps et à plus forte raison dans pareil cas. (Photo de l’ASSTSAS) 1 Association canadienne de la construction. Lignes directrices sur les moisissures pour l’industrie canadienne de la construction. Ottawa : ACC, 2004. 40 p. (Document normalisé de construction ACC ; 82) http://www.cca-acc.com/documents/electronic/ cca82/acc82.pdf 2 Gagné, A. « Comprendre le phénomène des moisissures dans une habitation ». Québec habitation. Vol. 24, no 3 (juin 2007). P. 15-16 - Installer des écrans de protection dans les ouvertures de l’enveloppe du bâtiment (murs, toit, sous-sol), dans les aires ouvertes utilisées pour accommoder les monte-charges, dans celles utilisées pour installer les fenêtres. - Utiliser des matériaux résistant à l’eau (ex. : bois traité) dans les zones sensibles à l’humidité. Minimiser les possibilités de formation de moisissures à l’étape « sous contrôle » - Laisser sécher complètement les murs de béton, les poutres et les planchers, les éléments structuraux en bois, les moulures de plâtre et les autres matériaux sans les recouvrir. - Ne pas construire un plancher ou un plafond au-dessus d’un plancher de béton humide afin d’éviter une contamination par les moisissures. - Ne pas installer de cloisons sèches sur le béton ou près du béton qui est en train de sécher, ou à côté d’un isolant projeté, ou à un endroit où le taux d’humidité relative est élevé afin d’éviter que la cloison s’imbibe d’eau. Pour visionner cette affiche, rendez-vous à l’adresse Internet suivante : www.csst.qc.ca . Saisissez le terme « vestiaire » dans la case Recherche. Note : Bien que l’affiche vise une zone de travail contaminée par l’amiante, le beryllium, le mercure ou le plomb dans un établissement, elle illustre bien le concept d’une installation de décontamination lors de travaux en présence de moisissures. Format de l’affiche : 60 cm x 40 cm – Vous pouvez la commander à l’ASP Construction. 4 PRÉVENIR AUSSI Volume 22, numéro 3, automne 2007 - Même si les travaux de mise en place de l’enveloppe imperméable du bâtiment sont complétés, la cure du plancher de béton ou les processus de plâtrage peuvent dégager de l’humidité dans un bâtiment. En l’absence d’une ventilation adéquate, les surfaces des cloisons sèches et les structures en bois qui sont particulièrement sensibles à l’absorption de l’humidité faciliteront probablement la formation de moisissures.