un horizon pour penser le changement

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un horizon pour penser le changement
48èmes Journées Santé-Travail du CISME
Conférence invitée
UN HORIZON POUR PENSER LE CHANGEMENT
Eugénie VEGLERIS – Philosophe et Consultante en philosophie du conseil – Paris
Dans le cadre des objectifs définis par le Plan de Santé au niveau de l’État, lui-même
décliné au niveau des régions, les services de santé doivent construire leur propre
Projet, en adaptant la commande publique aux besoins spécifiques du terrain et en
créant, au niveau des équipes, un consensus autour des axes de travail et de la façon
de travailler.
Le terrain comporte en quelque sorte deux niveaux.
Le premier niveau est composé par un terrain commun à tous les services et coïncide
avec la mutation du métier de médecin du travail, mis face à de nouvelles demandes
et à la nécessité de coopérer avec une équipe pluridisciplinaire dans laquelle chaque
métier n’a pas encore bien assimilé son identité et son rôle.
Le deuxième niveau est celui de la spécificité de chaque service, différent des autres
par sa taille, par la configuration de l’entreprise ou des entreprises concernées, les
problèmes rencontrés etc.
Les deux niveaux se trouvent actuellement impactés par la situation de la médecine
du travail où cohabitent des médecins de divers profils, formations, âges, nationalités
(immigration) etc, sur fond de crise à la fois de la profession médicale et de la santé
au travail en France.
L’axe central du Plan et, par voie de conséquence, du Projet de service est la
prévention des risques professionnels et, notamment, des risques psychosociaux.
La perspective du Projet de service suscite des inquiétudes de la part des médecins
dorénavant amenés à avoir une approche collective de la santé et à manager une
équipe pluridisciplinaire. L’enjeu est de comprendre que le Projet offre aux services la
chance de clarifier les rôles respectifs des acteurs de la santé au travail et de leur
permettre d’améliorer les conditions de celle-ci.
La perspective d’un Projet qui répond à une commande, bouscule les habitudes et
insiste sur la nécessité de la prévention des risques, suscite des inquiétudes et peut
de ce fait induire, chez les acteurs concernés, des attitudes passives (qu’il s’agisse de
résistance au changement ou d’exécution mécanique des ordres). Le sens de
l’éclairage philosophique est de montrer que la perspective d’un Projet obligatoire
est de donner à chacun la chance de contribuer à un sens commun, de trouver une
nouvelle légitimité pour le métier qu’il exerce, mais aussi une nouvelle confiance en
lui-même.
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48èmes Journées Santé-Travail du CISME
Saisir l’opportunité pour réaliser sa qualité de sujet pensant et libre dans le cadre
d’un Projet qui vise l’amélioration d’un volet important de notre condition humaine !
Comprendre le contexte de nos sociétés occidentales actuelles, prises entre
l’obsession de la sécurité et une représentation négative du risque, confondu avec
menace et danger.
Rappeler que l’être humain que nous sommes a en lui quelque chose d’intemporel,
de transhistorique, qui le constitue (qui le fait homme) : sa capacité d’exercer sa
liberté en prenant des risques (d’oser miser sur la meilleure possibilité) afin
d’anticiper, à partir d’un diagnostic lucide (et non embrouillé par les peurs et les
préjugés), les menaces possibles et probables susceptibles, justement, de réduire sa
liberté.
Car le principal facteur de « l’usure mentale au travail » (de cette nouvelle souffrance
classée sous le terme philosophiquement discutable de « risques psychosociaux) » est
bien dans la réduction de notre champ de liberté que déterminent conjointement
une société conformiste, une organisation qui privilégie le process sur la créativité et
une attitude personnelle défaitiste.
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