1 Conférences Bois Soleil 2006 Isolation écologique des bâtiments

Conférences Bois Soleil 2006
Isolation écologique des bâtiments
Cécile Lasserre, Chambre des métiers, introduit les intervenants.
Intervention de Sandra Perié, architecte, communauté de communes des monts d’Alban
Sandra Perié présente à l’aide d’un diaporama très explicite les principes de construction,
utilisés par nos anciens, dans les zones de montagne :
• S’adapter au terrain
• Se protéger du mauvais temps et de l’humidité
• S’ouvrir au soleil
• Organiser ses usages
• Avoir chaud l’hiver
• Utiliser les matériaux trouvés sur place
Ils tenaient ainsi à la fois compte du terrain et des
matériaux locaux : le positionnement des maisons se
faisait en fonction des reliefs et de l’orientation du
terrain (dos au Nord et à l’Ouest, ouvert au Sud et à
l’Est). Les annexes (grange, étable, souillarde,…)
constituaient un espace tampon et l’isolation était
faite par le foin présents dans les granges et grenier.
Les maisons étaient également chauffées au moindre
coût grâce, en autre, à l’étable juxtaposée ou placée
sous l’habitation, à l’énergie solaire captée dans la
journée et au bois de chauffe trouvé sur place pour
alimenter la cheminée.
Ces principes anciens permettaient une habitation
saine par la prise en compte des conditions climatiques locales et du bon sens constructif des
hommes.
Certain principes sont encore applicables de nos jours, tout en utilisant des méthodes de
construction plus modernes, mais ils sont souvent oubliés. L’emplacement est mal choisi, le
terrain est modelé en fonction de la maison, remblais et terrassement détruisent aujourd’hui le
paysage. Des matériaux nuisibles pour la santé des habitants sont parfois utilisés. On choisit
une isolation bon marché qui s’avère coûteuse dans le temps car le coût du chauffage est élevé
en hiver et, en été, une climatisation est utilisée en période de fortes chaleurs. La démarche
bioclimatique1 dans la réhabilitation et la construction est plus nécessaire que jamais pour
préserver l’environnement et limiter les déchets du bâtiment, pour économiser de l’énergie,
pour apporter du bien être et du confort dans la maison, mais aussi pour soutenir l’économie
locale en utilisant des matériaux locaux.
Les principaux postes à isoler dans une maison sont : la toiture, les
murs et les ouvertures. L’application des principes anciens peut alors
contribuer de façon significative à l’économie de l’énergie. Sandra
Perié propose un certain nombre de recommandations pour les
constructions ou les rénovations :
• Protéger les parois Ouest et Nord (végétation, bardage, espace
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« Le bioclimatisme est l’art d’utiliser les éléments naturels afin de procurer plus de confort dans l’habitat tout
en bénéficiant de l’apport naturel des différentes sources d’énergie gratuite. »
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tampon, …) ;
• Limiter les ouvertures orientées au mauvais temps ;
• Isoler les 3 principaux postes de dépenses énergétiques : la toiture (isolation sous ou sur les
combles), les murs (isolation par l’intérieur ou l’extérieur), les ouvertures (double vitrage,
volets, etc.) ;
• Privilégier une isolation par l’extérieur ;
• Favoriser les enduits à la chaux qui laissent respirer les murs et éviter les enduits au ciment
qui eux empêchent l’humidité de s’évacuer ;
• Utiliser des produits isolants naturels qui participent à une bonne ventilation de la maison et
à une bonne qualité de l’air.
En conclusion, elle présente la brochure: “Réhabiliter et construire dans le Sidobre et les
monts de Lacaune”. Cette plaquette de 37 pages, éditée par l’ADES Solidarité Montagne et le
Syndicat Mixte de développement Alban, Montredon et Vabre, présente les principes
constructifs anciens de la montagne et des plateaux du territoire ainsi que la démarche
bioclimatique dans la construction d’aujourd’hui.
Intervention de Luc Floissac (Association Régionale des Eco-constructeurs du Sud-Ouest /
ARESO)
Luc Floissac informe que la réglementation sur la construction est devenue plus sévère. Le
réchauffement de la terre et les ressources d’énergies fossiles en baisse exigent une
modification des constructions. La réglementation concerne l’ensemble de la maison :
l’habitation, l’énergie et l’isolation. De ce fait, il est important que les architectes s’adaptent.
Se référer aux principes anciens est un des repères possibles.
Une maison avec un chauffage électrique a d’autres exigences qu’une maison chauffée au
gaz. M. Floissac donne quelques précisions sur le choix des isolants possibles et présente, en
particulier, les isolants écologiques :
- Les isolants écologiques sont nombreux et à favoriser. Par contre, l’utilisation de matériaux
naturels demande souvent un savoir faire spécifique qui n’est pas facile à trouver parmi les
artisans.
- Ces isolants sont sans danger pour la santé des habitants.
- Ils contribuent au sentiment de bien-être dans une maison.
- Le recyclage de ces matériaux ne pose pas de problème.
- Ils disposent d’une grande durée de vie.
- Ils contribuent à une économie durable et écologique.
Il présente, ensuite, pour chaque poste d’isolation des méthodes d’isolation associées à des
matériaux naturels :
• Isolation thermique des murs à l’intérieur
–Panneaux (cellulose, fibre de bois)
–Rouleaux (chanvre, laine de mouton)
–Enduits isolants
–Flocage :
Projeté: projeteuse classique ou guniteuse
(canon à ciment)
Chanvre + chaux aérienne + accélérateur de
prise (brique pilée, pouzzolane)
Isolation thermique des murs à l’extérieur
•Nattes de roseaux :
–Isolation moyenne
–Inertie moyenne
–Laisse passer la
vapeur d’eau.
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Isolation thermique de murs porteurs
•Briques monomur
–Isolation moyenne
–Bonne inertie
–Gourmant en énergie
–Mauvais bilan environnemental
•Bois cordé :
–Bûches de 40 cm environ
–Vol. mortier 5 sable, 4 sciure, 2
ciment, 1 chaux
–Mortier posé à chaque extrémité
–Remplissage avec isolant (liège,
copeaux…)
•Les copeaux de bois peuvent également constituer un autre isolant thermique pour des murs porteurs.
Isolation murs en bois massif
•Fustes :
–Excellent confort d’hiver (bien adapté aux climats froids)
–Manque d’inertie thermique (pb. surchauffe estivale)
–Technique de construction qui nécessite de fortes compétences
Consulter « L’art de la fuste » 4 cahiers de T&MF Houdart-Editions Bois Sacré TCB
Isolation thermique des murs dans la masse
•Chaux-végétal banché (généralement
chanvre).
–Mélange chaux hydraulique (15%) / chaux
aérienne (75%)
–Accélérateur de prise (10%) = brique pilée,
pierre ponce…
–Mélanges prêt à l’emploi (Strasservill
Tradical 70 …)
–Ossature bois
–Mise en œuvre par bandes horizontale de 20 à
60 cm de haut
–Dé-coffrage immédiat
–Finition immédiate
•Technique multi-millénaire du terre-paille
(Bauge)
–Mélange paille / barbotine terre (à 15%
d’argile).
–Très faible proportion de terre (type
« vinaigrette »).
–Ossature bois : dé-banchage immédiat ou
coffrage perdu de type canisses
–Bon compromis isolation / inertie
•Constructions en ballots de bottes de paille
–Ossature porteuse (en bois)
–Enduit perméable à la vapeur
d’eau (terre / chaux)
–Excellente résistance au feu (avec
enduit).
–Bonne isolation phonique
(Rw=53 dB)
Doubles murs
•BTC (Briques de Terre Crue) à l’intérieur - inertie
•Briques de chaux / chanvre à l’extérieur - isolation
Isolation de murs chauffants
•Panneaux de liège ou Panneaux de roseaux :
–Bien adaptée à la rénovation
–Excellent confort
–Éviter de percer les murs !
Isolation thermique contres cloisons /
planchers
•Ouate de cellulose
–Soufflage en vrac
–Projection en vrac (après légère
humidification)
–Matériaux très utilisé en Europe du nord, aux
USA
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Isolation phonique des cloisons
•Cloisons banchées
–Décoffrage immédiat (si liant = chaux +
adjuvants)
–Coffrage perdu (canisses)
–Terre / paille
–Terre / copeaux de bois
–Chanvre / chaux
•Panneaux sandwich
–Placoplâtre + liège
–Carton + paille: http://www.ecopanneaux.com/
Concernant l’isolation des cloisons et des planchers, tout aussi importante, on doit considérer
les différents problèmes posés par les rongeurs et l’humidité. Il y a des solutions à tout, il faut
demander conseil aux fournisseurs.
Intervention de Alain Drouilleau (Fournisseur de matériel d’isolation écologique/Eco-logis)
M. Drouilleau évoque les graves problèmes de santé dus, en grande partie, à certains
matériaux d’isolation utilisés actuellement. Il donne des explications sur les avantages et
inconvénients des différents isolants écologiques:
- Laine de mouton est un matériau qu’on peut trouver localement. Elle est intéressante car elle
régule aussi l’humidité. L’odeur peut être gênante et il peut y avoir des problèmes de mites.
Actuellement, un insecticide très peu toxique existe qui peut être constituer une solution. Il
existe à Mazamet une entreprise qui transforme la laine pour l’isolation et fait des recherches
pour la rendre résistante contre les mîtes.
- Liège, excellent isolant, facile à utiliser, mais assez coûteux.
- Chanvre, très bon isolant, mais les rongeurs y trouvent leur bonheur. Par contre en vrac, les
rongeurs n’y vont pas.
Ces isolants n’ont pas d’effets nuisibles pour la santé et ne posent pas de problème de
traitement de déchets.
Débat avec la salle
Les questions du public sont très précises. Elle portent souvent sur le type d’isolation à utiliser
dans tel ou tel cas.
Une agricultrice demande comment procéder pour vendre la laine de mouton pour l’isolation.
M. Drouilleau suggère d’envisager une coopération entre différents éleveurs afin de devenir
compétitifs. L’entreprise de Mazamet double actuellement sa production chaque année. De
plus, la laine de verre et de roche seront interdites tôt ou tard, la laine de mouton dispose donc
d’un bon potentiel sur le marché.
Une autre question concerne le développement durable et la politique du département du Tarn
à ce sujet. Il y a des programmes de recherche sur l’utilisation des matériaux locaux qui sont
financés actuellement. Des premiers résultats montrent que les artisans ne les utilisent que sur
demande du client, ils ne pensent pas à les proposer spontanément. Mais une formation des
artisans pour la construction écologique est prévue par la chambre des métiers.
Certains isolations écologiques manquent, cependant, encore de certifications nécessaires
pour obtenir la garantie décennales.
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Les intervenants donnent, enfin, des conseils sur des livres et revues spécialisés, également
des contacts d’organismes, comme le Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de
l’Environnement du Tarn (CAUE), qui s’occupent de conseiller les porteurs de projets.
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