Rencontres pour la sauvegarde du Patrimoine scientifique et

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Rencontres pour la sauvegarde du Patrimoine scientifique et
Rencontres pour la sauvegarde du
Patrimoine scientifique et
technique contemporain (PSTC)
14 & 15 novembre 2013
RESUMES DES INTERVENTIONS
(sous réserve de changements indépendants de notre volonté)
Amphithéâtre de l’IUT1 Génie
thermique et énergie,
Grenoble
Organisées par :
Pourquoi sauvegarder le Patrimoine scientifique, technique et industriel contemporain ?
Catherine Ballé
Directeur de recherche honoraire, CNRS, Grenoble
Questions du Patrimoine
Le patrimoine a désormais son histoire, ses experts et ses réalisations. D’innombrables apports contribuent à préciser
la notion, ses modalités d’inscription sociale et les pratiques qui en découlent dans les sociétés contemporaines. De
même, les spécialistes en sciences humaines ont souligné l’influence du monde industriel, dont les modèles privilégient
une logique du changement, sur les sociétés dans leur ensemble. Il paraît alors pertinent de s’interroger sur les liens
entre ces tendances apparemment contradictoires. Sont-elles complémentaires, indépendantes, conflictuelles ? Quoi qu’il
en soit, les ambivalences entre patrimoine et société, au centre de la réflexion que suscite le patrimoine en général,
sont incontestablement amplifiées en ce qui concerne la sauvegarde du patrimoine scientifique, technique et industriel
contemporain.
Catherine Cuenca
Conservateur en chef du patrimoine, Musée des arts et métiers, Cnam Paris et Université de Nantes
La Mission nationale de sauvegarde du patrimoine scientifique et technique contemporain (PATSTEC)
L’année 2003, le ministère de la Recherche a chargé le Musée des arts et métiers d’une Mission nationale de sauvegarde et de valorisation du patrimoine scientifique et technique des années 1960 à nos jours. Cette Mission concerne
le patrimoine matériel constitué d’instruments et documents, témoins de la recherche et de l’enseignement, et le patrimoine immatériel préservant la mémoire de ceux qui ont créé ou utilisé ces objets. Sensibilisés à la sauvegarde de ce
patrimoine, des laboratoires de la recherche publique et privée ainsi que des entreprises ont rejoint la Mission nationale.
Plus de seize partenaires régionaux participent aujourd’hui à ce programme, ainsi que des partenaires nationaux comme
Météo- France, la Fondation EDF avec ses musées, des entreprises telles que Essilor et Michelin. Leur rôle est de repérer,
documenter et photographier les objets qui participent à l’inventaire national sur ce thème et dont les données alimentent
une base de données. Cette base est consultable à partir du site Internet de la Mission www.patstec.fr. Il met à la portée
les avancées des recherches scientifiques en France et les innovations majeures de la seconde partie du XXe siècle. Des
expositions, des manifestations et des animations mettent en valeur ce patrimoine en répondant à l’intérêt du public. La
Mission nationale poursuit sa réflexion sur le patrimoine scientifique et technique contemporain et développe un séminaire
et des actions de recherches avec les laboratoires. Enfin, elle étend son expérience vers l’international avec les Musées
des sciences et des techniques tels que : le Deutsches Museum, le Science Museum, le Musée Léonardo da Vinci, le
Musée du MIT de Boston, les musées techniques d’Ottawa, les universités de Namur, de Mons et de Liège, la Fondation
Hellénique d’Athènes, des organismes de recherche comme le CERN.
Gérard Chouteau et Philippe Denoyelle
Responsables de la mission PATSTEC, Région Rhône-Alpes sud, ACONIT, Grenoble
Sauvegarde du patrimoine scientifique, technique et industriel dans l’académie de Grenoble
Le bassin grenoblois a pris son plein essor scientifique après la fin de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui,
l’ensemble de ses laboratoires recèle un potentiel scientifique considérable dont l’inventaire, la sauvegarde et la mise en
valeur constituent un réel enjeu pour son histoire. Il en est de même du potentiel industriel, constitué pour sa part dès la
fin du dix-neuvième siècle, souvent en étroite collaboration avec les laboratoires de recherche académiques.
Aconit, dans le cadre de la mission PSTC pilotée par le CNAM, a entrepris dès 2005 un travail d’inventaire d’objets
scientifiques (collection du Gipsalab, liquéfacteur d’hélium du CRTBT, instruments de mesures de glaciologie) et industriels (tubes Thalès, collection A. Raymond). Dans la phase actuelle, son action consiste en un travail de sensibilisation
et de mobilisation des acteurs universitaires et industriels pour donner un nouvel élan à la sauvegarde du patrimoine
scientifique et technique.
Hélène Viallet
Directrice des Archives départementales de l’Isère,
Titre et résumé en attente
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Eric Robert
Directeur des éditions Dire l’entreprise, Renage
Quelques jalons sur le développement scientifique et technique grenoblois
Grenoble offre un exemple de développement scientifique et technique particulièrement intéressant qui mérite d’être
retracé. Son étude permet en effet de mettre en lumière trois grandes phases d’évolutions ouvrant chacune sur des
problématiques patrimoniales sensiblement différentes. L’activité de recherche qui émerge à la fin du XIXe siècle et se
poursuit jusqu’à la seconde guerre mondiale repose sur des acteurs et des institutions relativement restreints et bien
identifiés, dont les liens avec les notables locaux et les industries issues de la houille blanche sont étroits. La très forte
expansion des années 1940-1960 voit ensuite la constitution de laboratoires publics beaucoup plus importants, adossés
aux grands organismes de recherche nationaux et à quelques instruments scientifiques rares, voire uniques. Au cours de
ces trois décennies, le nombre de chercheurs du site grenoblois est quasiment multiplié par 100, atteignant près de 3 500
personnes au début des années 1970. Si la physique est alors dominante, les champs disciplinaires abordés s’élargissent
considérablement. Ce pôle scientifique et technique se renforce ensuite dans les années 1970-2000, au fil de mutations
et de réorganisations complexes qui en rendent aujourd’hui la lecture très difficile.
Marie Cornu
Directrice du CECOJI, CNRS/Université de Poitiers
Enjeux juridiques du patrimoine scientifique et technique contemporain
Résumé en attente
Guy Saez
Directeur de recherche au CNRS, PACTE, Institut d’études politiques de Grenoble
La contribution des Musées et Centres de sciences et techniques à un nouveau contrat entre science et société.
Une révolution dans la muséologie des sciences est intervenue au moment où, dès les années 70, tous les types de
musées, ont été en proie à une profonde vague de changement. En devenant un acteur, à la fois témoin et accompagnateur, des bouleversements culturels et scientifiques des sociétés, les musées s’affirmaient comme le « lieu où nous
pouvons chercher un sens au monde qui nous entoure ». Si ce mouvement a concerné la catégorie des musées artistiques, il a été particulièrement prononcé dans les deux autres catégories : les musées de société et les musées des
sciences et techniques. On crédite les musées des sciences d’avoir introduit l’interactivité et l’usage massif des nouvelles
technologies d’information et de communication dans la muséographie. Les musées de sciences avaient gagné leur réputation grâce à leurs collections, à leurs liens avec des laboratoires prestigieux et au discours cumulatif qu’ils tenaient sur
l’histoire des sciences. Mais comme ils n’étaient équipés ni techniquement ni intellectuellement pour répondre au désir
de savoir comment la science d’aujourd’hui se fait, des centres de sciences (ou centres de culture scientifique) ont été
créés avec un immédiat succès public. Ainsi la science en train de se faire avait, comme l’art contemporain, une institution
dédiée ; une institution d’animation et de communication souvent perçue comme concurrente des musées scientifiques
alors que leur mission est bien différente. À l’heure d’une « troisième révolution muséologique », les fondements de
ces institutions paraissent moins clairs même si elles cherchent, selon des orientations différentes ou convergentes, à
renouveler le contrat entre science et société.
Marie-Christine Bordeaux
Maître de conférences, Université Grenoble-Alpes, chercheure au Gresec, Grenoble
Regards sur le patrimoine scientifique des universités
Le patrimoine scientifique, singulièrement celui des universités, est-il un patrimoine comme un autre ? En d’autres termes, son étude, sa conservation et sa mise en valeur se heurtent-elles à des spécificités liées à la nature de ce patrimoine
et au « monde » – au sens sociologique du terme – qui le produit ? Au-delà des différences conjoncturelles (historiques,
territoriales, professionnelles) qui peuvent expliquer la spécificité du patrimoine des universités, et plus précisément la
spécificité de sa prise en charge et de son traitement, il convient de vérifier si le geste qui constitue en patrimoine des
objets, des mémoires et des savoir-faire est bien de même nature dans le monde universitaire, et de décrire quels en sont
les acteurs, les obstacles, les atouts à partir des cadres théoriques qui permettent de penser la notion de patrimoine et
ses publics.
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Étude de cas
a. Patrimoine scientifique et technique
Yves Bolognini
Fondateur du Musée Bolo, Lausanne, Suisse
D’une collection à un musée : retour d’expériences
Le Musée Bolo, modeste à ses débuts en 2002, est aujourd’hui un musée de l’informatique connu au-delà des frontières suisses. Mais pour arriver à ce résultat à partir d’une simple collection privée, beaucoup d’étapes ont été franchies :
regroupement de passionnés, aménagement d’espaces de stockage, recherche d’un lieu d’exposition permanent et de
soutiens financiers. Comment conserver et faire vivre les collections ? Comment présenter l’histoire de l’informatique au
grand public ? Comment trouver l’aide et les fonds nécessaires ? Comment avancer lorsqu’on est tous bénévoles ?
Quelques pistes par Yves Bolognini, collectionneur, fondateur du Musée et président de la Fondation Mémoires Informatiques (Lausanne, Suisse).
Philippe Denoyelle
Responsable des moyens techniques et du patrimoine informatique, ACONIT, Grenoble
Le patrimoine informatique immatériel
Quand on parle de patrimoine informatique, les anciens pensent aux grands ordinateurs Bull, les jeunes pensent aux
micro-ordinateurs T07 de leur collège, les techniciens cherchent la documentation et les gestionnaires se demandent où
loger toutes ces carcasses. Mais en réalité, le problème majeur est la sauvegarde du patrimoine immatériel.
Dans ce patrimoine immatériel, il y a bien sûr tous les témoignages des «anciens». Finalement, on constate que
beaucoup de témoignages sont déjà recueillis – ou en cours de l’être – soit par écrit soit par enregistrement audio/vidéo.
Par contre le problème fondamental reste le patrimoine logiciel.
Le patrimoine logiciel a quelques similitudes avec le patrimoine musical. On sait l’écrire, on sait l’enregistrer, on sait le
jouer – si on a gardé un instrument. Mais il est encore plus fragile : les supports s’abîment, les instruments disparaissent. . .
Et il partage avec les musiques expérimentales un problème majeur : il n’est beau que pour un petit cercle d’initiés.
Nous nous proposons, après une brève introduction consacrée aux problèmes de conservation des supports et des
machines de nous arrêter un moment sur les techniques et les méthodes qui permettraient une véritable mise en valeur du
patrimoine logiciel, à plusieurs niveaux de compréhension : du visiteur qui découvre les méthodes de travail, en passant
par le technicien qui juge des performances jusqu’au spécialiste qui admire le code !
Pour reprendre l’exemple musical, on peut se laisser bercer, l’écouter pleinement ou découvrir sa composition. Et que
serait un violon sans partition, que serait un ordinateur sans logiciel ?
Anne-Claire Jolivet
Chef de projet Sauvegarde du patrimoine scientifique et technique contemporain de Midi-Pyrénées, Université de
Toulouse
Le patrimoine scientifique immatériel à l’Université de Toulouse PRES : un levier pour une mobilisation patrimoniale de la communauté universitaire et de la recherche en Midi-Pyrénées ?
Le patrimoine scientifique universitaire toulousain est caractéristique et représentatif du patrimoine scientifique universitaire français : ils rassemblent communément des collections d’histoire naturelle, de chirurgie dentaire, d’anthropologie,
d’anatomie, des fonds photographiques et cartographiques, des livres et des instruments scientifiques anciens et/ou
contemporains, pédagogiques et de recherche. Sa diversité ne nuit pas à sa qualité mais plutôt à sa visibilité. Chaque
institution donne l’impression de se débattre pour ou contre ces « trésors » en fonction respectivement des calendriers de
commémorations, de la pression des m2 et des contraintes budgétaires. Les processus de patrimonialisation s’élargissent,
se multiplient, se « protéiformisent », au risque d’en effrayer certains ou d’en enthousiasmer d’autres. Les communautés
savantes n’échappent pas à ce phénomène en se prêtant au jeu de la sauvegarde de leur patrimoine immatériel. Cette
intervention va vous présenter plus particulièrement la place de la Mission de Sauvegarde du patrimoine scientifique et
technique contemporain de Midi-Pyrénées dans ce contexte, nos actions et leurs enjeux pour sauvegarder le patrimoine
immatériel scientifique.
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Jean-François Jal
Professeur émérite, Université Claude Bernard Lyon 1
Un Musée de la santé à Lyon est-il possible ?
Avec la construction de l’Hôtel-Dieu en 1185 s’établit la réputation de l’école pratique de médecine et de chirurgie puis
des facultés de médecine s’appuyant sur un savoir-faire clinique et hospitalier et sur l’innovation et l’expérimentation au
sein des laboratoires de recherche. En outre, le patrimoine médical de Lyon est riche, ne comptant pas moins que trois
musées universitaires, le musée des Hospices Civils de Lyon et la collection de radiologie Albert Renaud. La dissémination
de ce patrimoine sur des lieux géographiques différents ne met pas en valeur cette richesse patrimoniale.
La création d’un musée rassemblant l’ensemble du patrimoine à l’Hôtel Dieu s’impose donc. Nous présenterons le
projet d’un espace muséal de la santé et le parcours, difficile, qui pourrait amener à sa création depuis la constitution d’un
réseau des musées de la santé jusqu’aux dernières évolutions liées à la réhabilitation de l’Hôtel Dieu de Lyon.
Sylvie Bretagnon
Chargée des affaires culturelles, Musée grenoblois des Sciences médicales, CHU-Grenoble
Patrimoine de la santé, patrimoine scientifique
Un exemple de sauvegarde et de valorisation : le musée grenoblois des sciences médicales
La collecte engagée par l’association du musée grenoblois des sciences médicales depuis une vingtaine d’années
auprès des structures sanitaires et des médecins du département a permis de rassembler environ 4000 objets qui témoignent de l’évolution des Sciences médicales au cours du XXe siècle. En 2003, le travail lancé par la mission Patstec
permet de porter un nouveau regard sur certains de ces objets. En 2010, le musée propose une valorisation de ses
collections scientifiques dans le cadre d’une exposition qui témoigne des bouleversements des sciences médicales entre
1900 et 1960. Leur présentation permet de mieux appréhender cette période charnière, méconnue du jeune public, mais
qui préfigure le développement des « techno-sciences » conduisant vers une médecine scientifique et contemporaine.
Coriandre Vilain, Christophe Savariaux et Louis-Jean Boë
Chercheurs au GIPSA-lab, Saint-Martin d’Hères
Le musée du GIPSA-Lab, un témoin de l’histoire de la Phonétique Expérimentale au 20e siècle à valoriser.
Née au début du 20e siècle, la phonétique expérimentale vise à décrire et à quantifier les phénomènes articulatoires,
acoustiques et perceptifs des unités linguistiques de la parole. Intimement liée au développement des techniques : mécanique, acoustique, électricité, photographie, électronique, informatique, elle est un témoin de l’étroite collaboration entre
linguistes et ingénieurs. Dès ses débuts, une des principales applications de cette discipline est l’étude de la prononciation des Langues. C’est dans ce cadre que l’Institut de Phonétique de Grenoble est fondé en 1904 par Théodore Rosset.
Tout au long du 20e siècle, l’institut acquiert un ensemble d’instruments à la pointe des techniques dont la plupart ont été
conservés et sont visibles au GIPSA-Lab. L’inventaire et la valorisation de ce patrimoine scientifique rare ont été entrepris
dès 2004, puis en partenariat avec l’ACONIT depuis 2008. Dans cette présentation, nous décrirons succinctement la
collection du laboratoire puis nous nous focaliserons sur les problématiques liées à sa valorisation.
Anne-Marie Delattre et Séverine Derolez
Responsable des collections scientifiques et techniques, Musée des Confluences, Lyon ; doctorante CIFRE, histoire et
didactique des sciences, Université Lyon 1 (laboratoire S2HEP)
À la recherche des collections scientifiques et techniques au musée des Confluences
La création d’un département sciences et techniques au sein du musée des Confluences est très récente : elle remonte
à 2005 et s’inscrit dans les thématiques développées dans un esprit pluridisciplinaire par ce musée de sciences, arts et
sociétés. La politique d’acquisition s’est orientée selon quelques axes, en lien avec le parcours permanent : dynamique
des sciences et techniques contemporaines, instruments de mesure du temps et de l’espace, instruments d’observation
en sciences naturelles, innovation technique.
Constituée pour un tiers de dépôts et exposée aux deux tiers à partir de la fin 2014, la collection reste modeste mais
essentielle, car elle est devenue la tête de pont de nombreux partenariats, en partie tournés vers la recherche. Un bilan
de sa légitimité et de ses perspectives s’impose.
Dominique Bernard
Vice-président, commission culture scientifique, Université de Rennes 1
Les électro-aimants de laboratoire de Pierre Weiss (1865-1940)
À la suite de la découverte du premier électroaimant construit à Rennes par le physicien Pierre Weiss en 1898,
nous avons fait une étude sur la diffusion internationale et l’évolution technique de cet appareil dans les laboratoires de
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recherche jusqu’à 1940. Son utilisation, dans la première moitié du XXe siècle, dans les laboratoires de physique, a été
déterminante dans l’étude de différents phénomènes physique (effet Zeeman, Faraday. . . ). Des appareils de type "Weiss"
sont encore couramment utilisés à l’époque actuelle dans les laboratoires.
Bernard Pellequer
Directeur des relations extérieures, CERN, Genève, Suisse
Les grands instruments de la science : les accelérateurs du CERN
Résumé en attente
b.Patrimoine industriel
Colette Allibert
Présidente, Association pour le Patrimoine et l’Histoire de l’Industrie en Dauphiné, Grenoble
Le tissu des structures gardiennes du patrimoine industriel en Isère
L’Isère compte une population diversifiée et relativement dense d’associations, de musées, d’individus qui dédient
leur activité à l’histoire de l’industrie et à la conservation de son patrimoine. Une partie de cette population s’intéresse
aux industries pratiquement éteintes (énergie hydraulique, mines, ganterie) ou devenues moins présentes (métallurgie,
textile). L’autre partie se consacre aux entreprises de secteurs en évolution (énergie, environnement, biens d’équipement,
ingénierie...). L’Aphid tente surtout d’enrichir et de faire connaître le passé et le présent de ces industries locales.
Nombre des structures impliquées sont nées dans les années 1980-90 ; dès leur création, elles ont tissé des liens
par échange de cotisations, d’informations et par des partenariats ponctuels. Ce réseau informel contribue à faire aboutir
leurs actions, souvent soutenues par les collectivités locales. Les réalisations – création de musées, collecte d’archives,
production de livres, d’expositions, requalification de sites – montrent pour l’héritage industriel un intérêt certain et que
l’on voudrait encore plus grand.
Stéphanie Constantin-Lagasse
Mise en place d’un parcours permanent au Musée EDF Hydrélec : questionnements méthodologiques autour de la
sélection d’objets de collection à présenter au public
Nombre d’actions entreprises ou de méthodologies établies en vue de prendre en charge des objets du patrimoine
industriel et d’exploiter leur potentiel ont pour point commun trois étapes clés : la sélection, l’inventaire et la restitution.
Cette méthodologie a fait ses preuves sur le terrain. Si l’étape de la sélection permet à terme la restitution et le partage
avec le grand public des objets et informations recueillies, qu’en est-il de la réciproque ? À partir d’une première restitution proposée à un public, une autre sélection d’informations et d’objets peut-elle s’opérer, pour concevoir une nouvelle
présentation par exemple ? Dans le cadre de sa rénovation architecturale et de la création d’un nouveau parcours permanent, le Musée EDF Hydrélec s’est trouvé confronté à cette question.
Dernière minute : cette présentation sera remplacé par une intervention de :
Lysiane Daval
Mission communication, EDF (cellule régionale), Grenoble
Valorisation du patrimoine hydroéléctrique de l’Unité de Production Alpes d’EDF
Brigitte Riboreau
Directeur du Musée de Bourgoin-Jallieu
Le rôle central d’un musée de territoire
Le Musée de Bourgoin-Jallieu implanté sur un territoire au riche passé industriel textile collecte objets, témoignages,
documentation...depuis presque 20 ans sur cette histoire. Passé plus ou moins anciens avec une activité toujours bien
présente mais qui a évolué vers les nouveaux textiles et de nouvelles applications. Comment faire entrer au musée ce
qui est l’actualité des entreprises, les sensibiliser à ce lien entre passé et présent que peut permettre le musée ? Des
expositions, des collectes ciblées, le travail de chercheurs, des campagnes photographiques ou des films permettent
régulièrement de mettre l’accent sur des collections en constante évolution et de mettre en avant le partenariat entre
archives et musée, entre musée et entreprises.
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Aurélia Léchelon et Nathalie Vidal
Archiviste au service Patrimoine de Michelin ; Attachée de conservation au muséum Henri-Lecoq, Clermont-Ferrand
Michelin et la Ville de Clermont-Ferrand : un riche partenariat au service du patrimoine scientifique et technique de l’entreprise
Soucieux de préserver son patrimoine et de mieux le connaître, Michelin a rejoint la mission nationale PATSTEC en
2009. Une convention lie la Ville de Clermont-Ferrand et la Manufacture afin que le muséum Henri-Lecoq réalise, en
étroite collaboration avec le Service Patrimoine de Michelin, l’inventaire des instruments. Il consiste à identifier les objets
à l’aide d’un numéro d’inventaire, réaliser une campagne photographique et rédiger une fiche d’inventaire. Ces fiches
d’inventaire alimentent la base de données régionale et la base de données nationale et vont prochainement enrichir la
base de données du Service Patrimoine.
Grâce à l’action de sensibilisation du Service Patrimoine, de nombreux instruments rejoignent les réserves pour être
conservés, inventoriés et valorisés car ces objets, loin de rester inertes, connaissent régulièrement les feux de la rampe
dans le cadre d’expositions au sein de l’entreprise et à l’extérieur. Un projet d’inscription au titre des monuments historiques a également été lancé avec la DRAC Auvergne.
Alain Raymond
Ancien Gérant de l’Entreprise patrimoniale A.RAYMOND Grenoble (1963 – 1999)
La fixation technique : un métier à inventer
Au-delà de la perception universellement reconnue que nous avons tous, de nos jours, du bouton-pression ou du
raccord industriel, ces deux innovations technologiques majeures, brevetées à Grenoble à 100 ans de distance, sont très
représentatives. Elles symbolisent en effet le développement d’une entreprise qui a su inventer un métier de recherche
et d’innovation qui inclut toutes les chaînes des savoir-faire indispensables à la création, la production et la diffusion de
produits répondant aux demandes particulières de nouveaux projets industriels. À travers ces deux créations emblématiques, et afin d’en décrypter la véritable valeur patrimoniale, c’est à l’histoire de la mise en place de ces outils au sein
de l’entreprise ARAYMOND, leader mondial incontournable dans le domaine de la fixation industrielle, que s’attachera le
présent exposé.
Nadine Besse
Conservateur en chef du patrimoine, directrice du Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne
Construire une collection technique d’un point de vue pluridisciplinaire
Les anciennes collections rassemblées pour valoriser les industries d’art locales et offrir des ressources artistiques
et techniques aux ouvriers et apprentis comportaient des produits (armes, cycles, rubans), et quelques modèles réduits.
Depuis 1980, ce musée de société est réinventé en accord avec les besoins de redéveloppement industriel du territoire.
Appuyée sur une forte implication d’enquête historique et ethnographique et une participation des acteurs des industries
d’art régionales comme des usagers des produits, la démarche envisage les objets techniques et artistiques comme faits
de société.
Grâce à cette connaissance du terrain, la généalogie des machines et produits rassemblés en collection évite les
"trous" des années d’après-guerre et ceux des changements techniques souvent peu valorisés des années 1970. Le
contexte économique, social, et même affectif ont été pris en compte afin de reformuler le malaise et les espoirs de la
restructuration industrielle. L’accompagnement du projet design du territoire stéphanois s’inscrit dans la continuité de cette
démarche qui revêt un caractère militant pour les valeurs de la culture scientifique technique et industrielle.
Sylvie Vincent
Musée de la Houille Blanche, Villard-Bonot
Caroline Guérin
Directrice, Musée de la chimie, Jarrie
Le musée de la chimie : une interface entre public et industrie contemporaine
La collecte et l’étude du patrimoine industriel contemporain sont-elles des réponses à l’angoisse de la désindustrialisation de ces dernières années ?
L’expérience du musée de la chimie, né sous l’impulsion d’une association préoccupée par le devenir incertain de
l’industrie chimique dans les années 80, permet d’appréhender les initiatives mises en place depuis plus de trente ans
pour collecter, étudier et valoriser le patrimoine de la chimie industrielle du sud de Grenoble. Riche d’un partenariat fort
avec les industriels toujours présents et actifs sur les plates-formes de Jarrie à Pont-de-Claix, le musée s’est constitué
une collection diversifiée et remarquable, accompagnant ainsi l’activité et les mutations de l’industrie chimique. Sa mission
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de valorisation, en perpétuel questionnement, fait aujourd’hui l’objet de la refonte scénographique de son exposition
permanente.
Jean-Marc Spetebroodt et Henri Thibert
Membres de l’Association ESTEL, Lyon
Un exemple de patrimoine immatériel
L’association ESTEL a pour but la mise en valeur du patrimoine « télécommunications » des entreprises de Production,
Transport et Distribution d’électricité, en particulier d’EDF de 1946 à l’an 2000.
Dans le patrimoine exploré figurent des systèmes répartis non descriptibles par les « fiches objet » actuelles dédiées
au PTSC dans les bases d’ACONIT et du réseau national PATSTEC, car ils s’appuient sur un ensemble de concepts
techniques et d’équipements non réductibles à un seul matériel physique.
À titre d’exemple, EDF présente en 1980 un projet de réseau radiotéléphonique privé cellulaire à localisation automatique des mobiles dénommé Ramage, réalisé ensuite par TRT. Aucun des divers constituants physiques ne permet à lui
seul d’en caractériser le fonctionnement. Comment intégrer dans le PTSC de tels projets ayant un intérêt historique ?
François Letellier
Directeur de projet CERVIN - CCSTI La Casemate, Grenoble
Le projet CERVIN : raconter la société numérique autrement
Retours d’expérience et perspectives du projet de médiation scientifique CERVIN (Centre de Ressources Virtuelles sur
l’Innovation Numérique, piloté par le CCSTI La Casemate, en liaison avec ACONIT et INRIA, dans le cadre du programme
d’investissement d’avenir InMediats), et en particulier autour de deux actions. La première, le "Rehab Lab", est une spécialisation d’un fab lab pour la restauration, le détournement, la numérisation de matériels et logiciels historiques ou plus
récents, sans oublier le témoignage et la transmission de connaissances. Cette forme de médiation participative préserve
le lien à l’humain et à l’objet patrimonial dans des lieux physiques. La seconde action combine médiation numérique et
tourisme industriel, pour raconter l’excellence, la mémoire et l’avenir d’une filière sur un territoire (le numérique dans le
bassin grenoblois) grâce aux technologies de réalité mixte : parcours géolocalisés, lieux augmentés, etc.
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