Rahab de Jericho.mcw

Transcription

Rahab de Jericho.mcw
2. RAHAB DE JÉRICHO
Prostituée, traîtresse à son peuple, et quoi encore ?
Josué 2 (et 6)
Remarque : le récit de la prise de la ville de Jéricho [verrou commandant l’entrée du pays de
Canaan] par les Israélites sur le point d’entrer en possession de leur « Terre promise » est
fait d’épisodes glorieux, comme la procession solennelle autour de la ville au son des
trompettes jusqu’à l’écroulement des murailles – Joshua fought the battle of Jericho, and
the walls came tumbling down, chante un fameux Negro spiritual – et d’épisodes moins
glorieux. Ainsi par exemple :
- le massacre systématique des habitants « voués à l’Eternel par interdit », comme dit
pudiquement le texte biblique dans la traduction Segond, nous posant par là même un
gros problème théologique : comment comprendre la figure du Dieu violent et
chauvin des « guerres saintes » d’Israël ?
- et en particulier – c’est le thème de notre texte – la narration complaisante de l’acte de
trahison caractérisé de la prostituée Rahab cachant chez elle les espions envoyés par
les ennemis mortels de son peuple.
Note : la loi d’ « interdit » et la violence
Le premier de ces motifs, celui de l’« interdit », n’est pas directement lié à notre sujet. Nous nous bornerons donc à
faire une remarque liminaire. L’historiographie israélite est d’abord l’expression d’une confession de foi ; elle obéit
donc avant tout à un schéma théologique ; il s’agit de montrer qu’Israël n’a pas conquis le pays de Canaan par la force
des armes, mais qu’il l’a reçu comme un cadeau du Ciel, « par des signes et des prodiges » (cf. Deut 26, 5-10). La
disparition miraculeuse des obstacles (chute des murailles) et l’anéantissement des ennemis font en quelque sorte
partie de cet ensemble de prodiges et sont liés à un tabou religieux : interdiction est faite aux combattants
« vainqueurs » de disposer des vaincus et de leurs biens comme d’un peuple vassal et d’un butin de guerre.
De manière générale, conformément à la loi de l’ « Interdit », le peuple d’Israël doit montrer sa fidélité au Dieu de
l’Alliance en renonçant à tirer un profit matériel de sa « victoire », et pour cette raison, on prononce l’anathème sur
tout le « butin » ennemi, qui doit revenir à la divinité ; le peuple vaincu est massacré dans sa totalité, hommes, femmes
et enfants, le bétail aussi, les maisons détruites et les biens brûlés. D’autres peuples procédaient de même : on le sait
pour les Moabites, grâce aux inscriptions figurant sur la stèle de leur roi Mesha.
Les commentateurs modernes ajoutent un point de « critique historique ». L’archéologie et l’analyse des documents
montrent que la migration des Araméens vers les terres de culture, dont fait partie l’installation des tribus israélites en
Canaan, s’est effectuée fort lentement et plutôt pacifiquement : les tribus migrantes n’avaient tout simplement pas les
moyens de mener une politique plus offensive ; elles se sont donc fixées petit à petit, en marge des grandes cités
cananéennes et des territoires déjà occupés, sur des terres pauvres et des hauts plateaux peu convoités. Il est bien
possible que la destruction de la cité de Jéricho remonte à une époque nettement plus ancienne que le temps de
notre récit, et que le narrateur israélite l’ait annexée pour sa propre cause, « vantant » ici un massacre que les
siens n’ont jamais commis…
Au cours de la rencontre, nous nous concentrerons sur le second motif, celui de la figure
de Rahab, la « courtisane » traîtresse à son peuple. Le « rouge » (Lagarde) est très présent
tout au long du récit : l’accomplissement des desseins de Dieu (offrir la Terre promise à
son peuple) passe par l’intervention d’une femme dont tout le monde jugera le
comportement hautement répréhensible : une femme pas du tout « convenable »,
coupable à l’évidence de lâcheté et du crime de haute trahison [quoique en un certain
sens, Rahab est la seule à faire montre d’une attitude d’ouverture à l’inconnu, entrant en
contact avec les « envahisseurs » et leur foi militante, tandis que les autres habitants de
Jéricho se barricadent derrière leurs murs.]
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
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Renc. II : Rahab
Peut-être la foi comporte-t-elle inévitablement le fait d’avoir à se renier soi-même.
Rahab, honorée dans l’ordre de la foi, doit endosser un certain déshonneur selon le
monde ; et peut-être en est-il nécessairement ainsi pour tout croyant…
Déroulement de la rencontre
Introduction
ère
Le rituel shabbatique (cf. 1 renc. : Tamar et Juda) nous introduit encore une fois dans cette
lignée israélite qui cultive la mémoire de ses ancêtres, et dont nous sommes les héritiers par
adoption.
On introduit ensuite le thème du jour avec le deuxième nom de la liste sur la banderole, celui
de RAHAB de Jéricho. Le statut de cette « dame » - officiellement courtisane, péripatéticienne
ou prostituée – relance de manière particulièrement crue la question : pouvons-nous ici assumer
l’héritage ? Ou ne vaudrait-il pas mieux passer sous silence la présence dans notre arbre
généalogique d’une prostituée, qui plus est : traîtresse à son peuple, et qui va le livrer à ses
ennemis mortels pour sauver sa peau (et celle de sa petite famille) ?
1ère partie : évocation
Plénum encore : les catéchumènes réunis autour de la malle, accessoire permanent de toute la
séquence, on pose, en le décrivant, le décor de notre histoire : c’était à l’époque où le peuple
d’Israël, après 40 ans d’errance dans le désert, campait aux portes d’un pays que les Israélites
appelaient « la Terre Promise » – alias Canaan, ou comme on dit depuis l’époque romaine : la
Palestine. Ils étaient cette fois bien décidés à attaquer la ville qui leur en barrait l’accès, mais,
comme on fait toujours en pareil cas, ils ont commencé par envoyer une mission d’observation…
Les catéchumènes ouvrent alors la malle, remplie cette fois des affaires personnelles de RAHAB.
Y sont rangés, pêle-mêle, toutes sortes d’objets étiquetés qui ont quelque chose à voir avec
l’histoire de notre personnage. Davantage même : en étalant les objets et en lisant les étiquettes, il
doit être possible de reconstituer, au moins en partie, toute cette histoire. C’est cette tâche que
l’équipe catéchétique proposera aux participants : tenter ensemble (c’est un jeu de coopération, et
non une compétition) une reconstitution de l’ « affaire Rahab » à l’aide des objets présents. On les
aidera à poser les bonnes questions, telles que par exemple :
Que savons-nous de notre personnage ? Où habitait-elle ? A-t-elle reçu des gens chez elle ? La
police locale est-elle intervenue ? Etc.
Voici la liste des objets proposés, avec le texte destiné à figurer sur l’étiquette. Si l’on veut
augmenter le « réalisme » du dispositif, on peut inscrire sur les objets des fragments de texte à
l’imitation d’une écriture ancienne ; l’étiquette est alors donnée pour la traduction du texte.
Lorsqu’on ne possède pas tel objet, on peut se borner à le dessiner et à coller le dessin sur un
carton :
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
Renc. II : Rahab
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Malle elle-même
Châle ou robe très sexy
Paquet de dattes
Carte de visite avec un cœur
Ordre de mission
avec tampon royal officiel
Agenda rose avec des noms et dont
deux soulignés : des heures de rendezvous
retrouvée dans une
maison israélite de
Tel Aviv
Allez chez Rahab,:
saisissez les deux
hommes qui sont chez
elle et amenez-les dans
la salle d’interrogatoire
du palais royal ! Signé :
sa majesté Malôn 1er
fraîchement
cueillies – produit
local de l’Oasis de
Jéricho : 50 shekels
réservée pour
mes clients les
plus exigeants
Israël Shamir ;
Shlomo ben
Shemouel, nuit du
13-14 Nisan, 17e an.
Rahab, nuits
câlines, 35 Rue de la
Muraille, 3e ét.
Je donnerais
tout ce qu’il y a là
contre un peu de
considération et
d’amour !
longueur : ♠ celle
de la muraille ;
résistance : supporte
le poids d’1– 2
hommes
M. le chef de la
Police ! Attention !
Cette femme
malfaisante abrite deux
dangereux espions.
Prenez garde !
Ouverture des
portes de la ville : 8 h18 h. Fermeture si
danger
Peut servir de
natte… ou de
cachette
chantier
archéologique de J. :
fouille No 18 ;
fragment de
muraille écroulée
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
Renc. II : Rahab
4
A mettre à la fenêtre
pour ta sauvegarde, à
toi et à ta famille, le
jour où nous viendrons
Je sais que le Seigneur votre Dieu vous a
donné ce pays. Vous nous inspirez une si grande
terreur que chacun ici a perdu tout courage à
cause de vous. Jurez-moi de traiter ma famille
avec la même bonté dont j’ai usé envers vous.
Lettre anonyme
Petit coffret ou bourse + pièces d’argent
Clef monstre
Corde
Gerbe de tiges de lin ou rouleau de paille ou de bambou
Ruban rouge avec inscription
Bible hébraïque ou rouleau
Gros gravat
Un catéchète corrigera / complétera la reconstitution de l’épisode de la visite des espions chez
Rahab en fonction de sa connaissance du texte de Josué 2 (et 6). On reprendra alors (brièvement)
la question posée dans l’introduction à notre rencontre : que pensez-vous de ce qu’a fait notre
personnage ? Sommes-nous au bout de notre chemin quand nous avons dit de Rahab qu’elle a
commis un acte de traîtrise ? Et faut-il pour autant que nous la rayions du nombre de nos ancêtres
spirituels ?
2e partie : jeu de la décision (ou jeu de la muraille)
a) Présentation du jeu
Point n’est besoin de trop nous presser. Dans la circonstance, Rahab s’est trouvée brutalement
placée devant une grave décision à prendre. Il en arrive constamment, des situations de ce type.
Comment, dans ces situations, faire pour bien faire ? Quelle est l’attitude juste ? Proposer aux
participants un petit « jeu de décision » : avant de « juger », exerçons-nous à prendre des décisions
déchirantes, comme si nous étions chaque fois plongés nous-mêmes dans le bain.
Dans la salle de départ du jeu, on aura représenté un fragment de la muraille de Jéricho avec une
tour (en deux dimensions), fragment fait de moellons, c’est-à-dire de cartons plats scotchés ou
punaisés contre une paroi. [Voir figure schématique ci-après]
Le jeu se joue sous forme de concours par équipes (deux ou trois). Tirer les équipes.
Expliquer aux équipes que chacune va être responsable d’une fraction de la muraille de Jéricho.
(Sur notre schéma, le fragment de muraille est divisé en trois zones, pour trois équipes.) Une ligne
médiane désigne la hauteur qu’il faut atteindre avec les moellons pour obtenir une sécurité
suffisante. Il s’agira donc de compléter le mur (donc de boucher les trous) en collant ou punaisant
de nouveaux moellons : on pourra en gagner en participant à des épreuves (cinq en tout), et cela
par tournus.
Les participants reçoivent une carte pour partir vers les différents postes à épreuves répartis dans
l’environnement, en étoile, pas trop loin. Lieux possibles : une salle attenante, un garage, un abri,
un débarras, un galetas, etc.
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
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Renc. II : Rahab
Un catéchète accompagne chaque groupe : il connaît le fonctionnement des postes et l’explique
aux catéchumènes. Les catéchumènes feront chaque fois leur choix (en expliquant pourquoi ils se
prononcent pour telle et telle option), et ils recevront la récompense ou la sanction
correspondantes. Les récompenses offertes par l’autorité à ceux qui lui sont fidèles consistent de
en nouveaux moellons que le groupe capitalise et qu’il pourra placer sur sa portion de la muraille
pour la compléter.
N.B. (cf. ci-dessous) Au cours du jeu, les équipes auront l’occasion de découvrir une autre stratégie possible : avec les
moellons gagnés, elles peuvent choisir de construire finalement plutôt un pont.
Côté « sanctions » ce sont des récompenses aussi, mais différentes : les équipes qui ont décidé de
braver ou de trahir l’autorité dont elles dépendent dans une épreuve ne reçoivent pas de moellons,
mais la permission de soustraire à la tour certains de ses moellons. Avec ces moellons de la tour,
les équipes pourront aussi poursuivre la réparation de leur portion de muraille – ou alors prendre
l’option de construire un pont.
Pourquoi un pont ? Parce qu’au dos des moellons de la tour est collée une feuille (cf. annexe 1 ciaprès) comprenant :
un portrait de Rahab
avec la légende suivante : « les hommes ont construit trop de murs, et pas assez de
ponts » – pourquoi ne pas essayer ?
et enfin un schéma possible de pont qu’on peut construire à partir de la muraille.
Voici la reproduction de ce schéma :
b) Les postes du jeu
Chacune des équipes est accompagnée par un catéchète et munie d’un cassettophone portatif,
avec une cassette pré-enregistrée qui explique, dans l’ordre, le contenu des postes (avec chaque
fois une petite musique introductive reprise à la fin de la plage ; nous proposons que chaque
paroisse confectionne sa propre cassette avec les indications figurant ci-après. On peut aussi se
passer de cassette : le catéchète accompagnant chaque groupe lit alors lentement les paragraphes
correspondants). Il y a 5 postes. L’équipe 1 est envoyée au poste 1, l’équipe 2 au poste 3, et
l’équipe 3 au poste 5. Les équipes tournent jusqu’à ce qu’elles aient récolté tous leurs points.
1) Abraham, Isaac
La pièce : haute de plafond. Au centre, un escabeau recouvert d’une bâche pour figurer une
montagne. On peut « monter » dessus. Au pied de la montagne, un fagot de bois, un paquet
d’allume-feu… et un gros couteau. Sur un panneau devant le sommet de la montagne figure une
double affiche, « Isaac » (un enfant israélite sur le côté visible), et un bélier (côté replié,
invisible) : voir annexe 2. Un fil relie le sommet de la « montagne » à la figure d’Isaac. Le
candidat, s’il obéit à la voix, doit trancher le fil avec le couteau. Alors, le haut de l’affiche bascule
et on voit apparaître le bélier.
Rôle : Abraham
K7 : [MUSIQUE] « Une nuit, un père de famille nommé Abraham, qui avait un fils, un seul, et qui
croyait profondément en Dieu, a fait un rêve où Dieu lui apparaissait très distinctement et lui
laissait un message très précis : « Tu es Abraham le croyant, et moi, Adônaï le Seigneur, je
suis ton Dieu, qui t’ai promis un pays et une descendance bénie. Es-tu prêt à me faire
confiance ? Alors prends ton fils, Isaac, et monte sur une montagne pour me l’offrir en
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
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Renc. II : Rahab
sacrifice. Tu prendras avec toi de quoi faire le feu et un couteau avec lequel tu « trancheras »
l’être vivant que tu sacrifieras (c’est-à-dire le « fil » de sa vie). Courage, et fais-moi
confiance ! Bien sûr, ne fais ce geste que si tu aimes ton fils ; mais si tu l’aimes vraiment
comme un père, peux-tu imaginer de le sacrifier ? L’esprit de famille et toutes les morales du
monde ne t’interdisent-ils pas de faire une chose pareille ? » [MUSIQUE]
Décision : « Abraham » tranche ou ne tranche pas le fil.
K7 : « Si tu as refusé ce geste, je le comprendrai : on n’égorge pas quelqu’un qu’on aime. Alors, tu
reçois trois nouveaux moellons pour ton équipe. Si tu l’as fait, bravo, car tu ne m’as pas
refusé ce que tu avais de plus précieux. C’est ainsi qu’a agi le vrai Abraham. Voyant sa foi,
j’ai arrêté son bras et il a pu sacrifier un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Si tu as
agi ainsi, tu soustrairas trois moellons à la Tour. » [MUSIQUE]
2) Antigone, Créon
La pièce, un garage par exemple, est ouverte sur l’extérieur, où gît un mannequin avec un bouclier
aux armes (imaginaires) de Polynice, prince de Thèbes. Au mur, des vues de temples et de statues
grecques. Au mur encore : d’un côté, une couronne royale. De l’autre, cette affiche à reproduire en
grand :
LES DIEUX ORDONNENT QUE TOUT
DÉFUNT REÇOIVE DE SA FAMILLE
UNE SÉPULTURE DÉCENTE
Rôle : Antigone
K7 : [MUSIQUE] « Tu t’appelles Antigone et tu vis comme une princesse dans la prestigieuse
cité antique de Thèbes. Mais tu n’es pas heureuse : car tu portes le deuil de tes deux frères,
Etéocle et Polynice, qui se disputaient le trône de Thèbes et qui se sont littéralement
entretués à coups d’épée. Le plus proche parent mâle de la famille, Créon, est devenu roi de
Thèbes. Créon tenait pour ton frère Etéocle, et il l’a fait enterrer avec les honneurs. Mais il a
laissé le cadavre de ton autre frère, Polynice, pourrir sur le champ de bataille, comme un
ennemi de l’Etat. La Loi interdit formellement qu’on enterre un ennemi de l’Etat, sous
peine de mort. Pauvre chère Antigone, toi qui avais préparé un drap blanc comme linceul
pour couvrir le corps de ton frère ! Créon te demande de t’en revêtir et d’aller te montrer à
lui en signe de soumission (donc de t’incliner devant la couronne). Que vas-tu faire ? »
[MUSIQUE]
Décision : « Antigone » va envelopper le mannequin ou s’incline devant la couronne.
K7 : « Si tu as obéi à Créon, l’Etat de Thèbes t’honore : ton équipe reçoit trois moellons. Si tu as
enveloppé le corps de ton frère du linceul pour obéir aux dieux et à ta conscience, le roi
Créon t’a jetée aux oubliettes, comme la vraie Antigone, qui s’est suicidée dans son cachot.
Ton équipe devra soustraire deux moellons de la Tour. » [MUSIQUE]
3) Yeshoua, la fille
Dans le local, quelques matelas et une table basse pour figurer une salle à manger (on pourra faire
les dix heures en passant). Pendue, une robe (ou un châle) de « femme légère » pareille à celle de
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
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Renc. II : Rahab
Rahab, et un flacon de parfum. Désigner en principe une fille et deux garçons pour faire les rôles :
la « fille de mauvaise réputation », Simon le Pharisien, et le rabbi Yeshoua, alias Jésus (scène
d’après Luc 7, 36 ss). Les deux garçons prennent place sur les matelas.
Rôles : Simon le Pharisien, le rabbi Yeshoua, la femme de mauvaise réputation
K7 : [MUSIQUE] « Un jour, le rabbi Yeshoua, c’est-à-dire Jésus de Nazareth, a été invité à
manger chez un Pharisien nommé Simon, un chef juif de l’époque. C’était comme une
espèce d’examen que le rabbi devait passer, pour montrer qu’il était quelqu’un de bien. Mais
une femme de mauvaise réputation (elle faisait le même métier que Rahab) se tenait cachée.
Elle voulait montrer au rabbi combien elle l’aimait, et pour cela : lui laver les pieds avec ses
larmes, les lui essuyer avec ses cheveux, et verser dessus du parfum. Ici, on se contentera du
parfum. Simon la regardait avec un drôle d’air. Si le rabbi la laissait faire, il se ferait mal
voir, à coup sûr. A sa place que ferais-tu ? Si tu te laisses faire, tu te déchausses, elle te
parfumeras les pieds. Si tu ne le souhaites pas, montre d’un geste que tu veux la chasser. »
[MUSIQUE]
Décision : le « rabbi Yeshoua » se laisse parfumer les pieds ou chasse la femme.
K7 : « Si tu as chassé la fille, deux moellons supplémentaires s’ajoutent pour ton équipe. Si tu l’as
laissée te parfumer les pieds, sache que tu as fait exactement comme le rabbi Yeshoua, donc
Jésus, qui a ainsi compromis sa réputation. Dès lors, ton équipe devra enlever deux
moellons à la Tour. » [MUSIQUE]
4) Les colons, Palestine
Dans cette pièce, contre le mur, on pourrait avoir une grande image d’une maison moyenorientale. Le milieu de la pièce est barré par une barrière de treillis ou de fil de fer barbelé. Dans
un coin, une pince pour couper le métal ; également des morceaux supplémentaires de treillis.
Rôle : un colon israélien
K7 : [MUSIQUE] « La scène se passe de nos jours, quelque part en Palestine, dans ce qu’on
appelle les « territoires occupés ». On est en train d’y construire une nouvelle colonie juive ;
ses habitants y vivent au milieu d’un territoire arabe, comme en état de siège, derrière des
barrières de sécurité et armés. Ta famille, une famille israélite orthodoxe, très motivée, se
prépare à déménager dans cette colonie. Mais tout à côté de la zone, il existe un village très
particulier, qui s’appelle « le village de la paix ». Y vivent des Juifs et des Arabes, qui
essaient tant bien que mal de cohabiter. En fait, aujourd’hui, ce village est menacé d’éclater,
parce que la tension est très vive dans tout le pays. Or toi, tu trouves intéressante la tentative
de ces gens. C’est là que tu aimerais aller habiter pour faire ton apprentissage, ou tes études ;
mais ta famille te dit que tu es fou. Tu as même reçu des menaces de mort. Où iras-tu
habiter ? Si tu choisis la colonie, arrange la barrière en bouchant les trous. Si tu choisis le
« village de la paix », coupe le fil de fer… et attends-toi à avoir des ennuis ! » [MUSIQUE]
Décision : le « colon » consolide la barrière ou commence de la couper.
K7 : « Si tu as choisi la colonie, c’est la sécurité que tu as choisie, comme la majorité des
Israéliens d’aujourd’hui : reçois quatre moellons pour toi et ta famille. Si tu as choisi le
village mixte, comme les rares personnes de ce pays qui croient encore à la paix, bonne
chance ! Tu devras encore enlever deux moellons à la Tour commune. [MUSIQUE]
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
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Renc. II : Rahab
5) Grüninger, Juden
Disposition : au mur, un portrait du commandant Grüninger (cf. annexe 3). Un bureau. Sur le
bureau, des fiches d’immigrants juifs autrichiens entrés en Suisse après la date fatidique du 19
août 1938 (annexe 3 aussi). Egalement : un tampon officiel (utiliser des tampons à date modulable
qu’on peut bloquer sur la date voulue à l’aide de scotch de tapissier) avec la « date du jour »,
mettons le 31 octobre 1938. Dans un tiroir du bureau, un autre tampon antidaté du 12 août 1938,
qui représente une chance de salut pour les immigrants, mais constitue un « faux et usage de
faux » dangereux pour un officier de police.
Rôle : le capitaine de police de St Gall Paul Grüninger
K7 : [MUSIQUE] « Nous sommes en octobre 1938 à St Gall. Toi, le capitaine Paul Grüninger, tu
es le chef de la police cantonale st galloise, avec plus d’une centaine d’hommes sous tes
ordres. Une de tes missions : surveiller la frontière avec l’Autriche. Or, il s’y passe des
choses dramatiques depuis le mois de mars : l’Autriche est devenue une province de
l’Allemagne nazie. Beaucoup de Juifs autrichiens craignant pour leur vie ont fui le pays,
passé la frontière tout près d’ici et ont demandé refuge à la Suisse. Quelques centaines de
réfugiés sont déjà entrés, que les organisations juives de Suisse ont en général pris en
charge. Comme il en arrivait continuellement de nouveaux, les autorités Fédérales, par peur
de voir le pays submergé, ont ordonné le bouclage complet de la frontière le 19 août
dernier. Tous ceux qui sont entrés en Suisse après cette date (à moins d’avoir un visa en
règle) doivent être refoulés. Sur ton bureau, voici les fiches de ceux qui ont passé la frontière
aujourd’hui, 31 octobre 1938. Ton travail : assieds-toi à ton bureau et appose sur ces fiches
le timbre de la police cantonale avec la bonne date ; le reste n’est plus ton problème. Il est
vrai que tu as laissé traîner dans un de tes tiroirs un autre tampon portant une date
ancienne… mais… tu n’oserais tout de même pas, pour sauver ces pauvres gens, falsifier
des documents officiels, n’est-ce pas ? … toi un chef de police dans l’exercice de ses
fonctions ? ! Quoique, si ton cœur saigne trop… » [MUSIQUE]
Décision : « Grüninger » appose sur les fiches le tampon réglementaire ou le tampon antidaté
K7 : « Si tu as fait ton travail de policier loyal envers l’Etat qui l’emploie, en mettant la bonne
date sur ces fiches, c’est bien ; ton équipe t’en sera aussi reconnaissante en t’offrant cinq
moellons. Si tu as désobéi et antidaté ces fiches, tu as sans doute sauvé des vies – mais
gare ! c’est ce qu’a fait Paul Grüninger en 1938 ; cela lui a valu l’année suivante d’être
suspendu, puis licencié de son poste. Une enquête a été ouverte contre lui, suivie d’un
procès et d’une condamnation à l’amende pour « violation du devoir de fonction ». Par la
suite Grüninger en a été réduit à vivoter plutôt misérablement jusqu’à sa mort en 1972. En
1993, il a été réhabilité « politiquement », c’est à dire qu’on a admis qu’il avait agi par
humanité, mais on n’a toujours pas cassé son jugement… Pour ton équipe : soustraire quatre
moellons de la Tour. » [MUSIQUE]
c) Bref commentaire sur les décisions et fin du jeu
Les cinq situations schématisées et présentées ci-dessus, malgré leur diversité, ont quelque chose
en commun : la décision qu’elles imposent s’y inscrit dans un conflit de loyauté : une requête
spirituelle s’oppose chaque fois au choix que dicterait l’appartenance sociale et morale du héros :
Ad a) Pour Abraham, nous avons volontairement pris une certaine distance par rapport au texte de Gen 22, où seul
l’ordre de Dieu (« Prends ton fils, ton unique, Isaac, celui que tu aimes, et offre-le-moi sur une des montagnes
que je t’indiquerai ») est mis en scène et où son autorité paraît indiscutable et sans rivale aux yeux d’Abraham.
Or un lecteur – du moins un lecteur moderne – ne peut lire ce texte sans frémir, tant il va à l’encontre de tout ce
que prescrivent la morale et l’esprit de famille ! Alors celui qui joue le rôle d’Abraham devra mettre en balance
d’un côté le contenu d’un rêve [car quand Dieu parle, c’est toujours par un intermédiaire : songe, parole d’un
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Caté de 6 (cycle II) : A. T.
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Renc. II : Rahab
prêtre ou d’un prophète, ou interprétation du résultat du lancer des dés sacrés] et de l’autre côté, tout ce que sa
morale… et la religion lui interdisent normalement de faire.
Ad b) Chez Antigone, le devoir sacré d’enterrer ses morts est combattu par la loi de la cité et de son roi
Ad c) Le rabbi Yeshoua (Jésus) sait que le fait de montrer de la bienveillance envers la femme de mauvaise vie lui
vaudra immédiatement d’être méprisé par son hôte et rejeté par toute l’officialité juive
Ad e)
Chez le colon, l’idée généreuse et humaniste de tenter de cultiver la coexistence pacifique entre les
communautés juive et arabe de Palestine est en butte à la pression des deux clans ; elle se heurte surtout à
l’esprit des colons israéliens qui revendiquent la terre pour eux seuls et traitent ses occupants traditionnels
(arabes) en ennemis
Ad f). L’affaire « Grüninger » est un épisode véridique de l’histoire suisse pendant la période nazie. Un officier de
police a osé braver les instructions de ses supérieurs et falsifier des documents d’identité pour sauver la vie à
de malheureux réfugiés que la loi helvétique condamnait au refoulement dans leur pays d’origine, et donc à la
mort.
A la fin du jeu des postes, les équipes construisent ou détruisent selon leurs instructions et la
stratégie de leur choix.
On procède alors à une évaluation globale. Deux partis sont possibles : celui de l’ouverture (à la
vie et à une confession de foi), liée à une désobéissance, et celui de la fermeture, respectueuse de
l'ordre établi et culminant dans le bétonnage d’une sécurité toujours plus grande. Demander aux
catéchumènes : lequel de ces partis préférez-vous, et pour quelles raisons ?
Pour vous aider peut-être à faire et à justifier votre choix, posez-vous la question suivante : voyezvous un rapport entre ces situations et la vie de Rahab, évoquée dans la première partie de la
matinée ? De quel côté un personnage comme Rahab nous invite-t-il à pencher ? Pouvons-nous la
suivre ? Et finalement, la garderons-nous dans notre arbre généalogique du Messie ?
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