Le pouvoir cambodgien fait tout pour diffuser la peur

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Le pouvoir cambodgien fait tout pour diffuser la peur
INTERVIEW
«Le pouvoir cambodgien fait tout pour diffuser la peur»
Par Arnaud Vaulerin, Correspondant au Japon — 23 juillet 2015 à 10:17 | Libération
Sam Rainsy à Phnom Penh, le 9 janvier 2014. Photo Siv
Channa
Dans un entretien à «Libération», Sam
Rainsy, chef de l’opposition cambodgienne,
dénonce les «gesticulations judiciaires» du
parti au pouvoir, après la condamnation de
onze militants mardi.
«Le pouvoir cambodgien fait tout pour diffuser la peur»
Le chef de l’opposition cambodgienne, Sam Rainsy, commente la décision de justice à
l’encontre de onze militants, condamnés pour «insurrection» : des peines de 7 à 20 ans ont été
prononcées mardi pour leur participation à des manifestations, le 15 juillet 2014. Il répond
également à ses partisans qui ne s’expliquent pas son départ pour la France après l’annonce du
verdict.
Comment réagissez-vous à ces lourdes condamnations
de représentants de l’opposition, dont certains membres de votre
parti ?
On est habitué aux hauts et bas de la politique cambodgienne, surtout aux réactions du
gouvernement et du parti au pouvoir face à la situation qui se dégrade pour eux. C’est la
répression qui reprend. C’est une nouvelle tempête. On courbe un peu l’échine mais ça va
passer. C’est un accès de fièvre.
Que dites-vous au pouvoir cambodgien ?
C’est un très mauvais signe envoyé à la population qui contredit tous les messages positifs
formulés depuis un an. On est habitué, les condamnations de vingt ans ne durent jamais
longtemps. Il ne faut pas être impressionné par ce genre de gesticulations judiciaires.
Comment expliquer tout de même la sévérité des sentences qui
oscillent entre sept et vingt ans de prison ?
C’est un message pour faire arrêter tout mouvement de contestation sur des sujets très divers.
Ça me fait penser à l’épisode de janvier 2014 quand le pouvoir a fait tirer sur des ouvriers,
causant la mort de quatre personnes. Le prétexte était la répression d’une manifestation
ouvrière, mais c’était en fait plus généralement contre les protestations de la population
envers le régime et les élections de juillet 2013 (entachées d’irrégularités, ndlr). Aujourd’hui,
d’autres contestations ont lieu, comme celles qui sont organisées le long de la frontière à
cause des empiétements du Vietnam. Le pouvoir cambodgien est sur la défensive parce qu’il
n’a rien fait contre ses empiétements, il veut les cacher et il fait tout pour diffuser la peur et
empêcher les gens de protester.
Cette condamnation ne ruine-t-elle pas la «culture du dialogue» que
vous avez entamée l’année dernière avec le Premier ministre Hun
Sen ?
Non, la culture du dialogue est un processus qui permettra d’assurer une transition pacifique.
C’est sur le long terme. Elle est fragile, il faut qu’elle s’enracine. Elle reflète une vision
durable d’un Cambodge démocratique. Hun Sen souffle le chaud et le froid. Mais ce sont des
phénomènes passagers qui ne remettent pas en cause la culture du dialogue.
Politiquement, que vous a apporté cette culture du dialogue ?
D’abord, ça nous a permis de mettre sur pied une nouvelle commission électorale qui est
beaucoup plus acceptable qu’avant. Les députés des deux partis ont dialogué, amendé en
commun, adopté de nouvelles lois. Cela augure favorablement des prochaines élections. Car
tous les problèmes actuels résultent pour l’essentiel des fraudes électorales. Jusqu’à présent,
nous refusons les résultats des dernières élections de juillet 2013.
Hormis cet arrangement technique, qu’avez-vous obtenu ? La culture
du dialogue n’est-elle pas morte avec ces condamnations ?
Non, le processus électoral continue de se mettre en place avec l’enregistrement des électeurs,
la constitution de nouvelles listes. Nous sommes patients car nous sommes confiants en
l’avenir. Quand il y aura des élections dignes de ce nom, l’opposition l’emportera. La culture
du dialogue, c’est aussi donner des assurances au camp adverse. Si l’opposition arrive au
pouvoir, le régime de Hun Sen craint une chasse aux sorcières, qu’on l’élimine, qu’on entame
des poursuites avec des moyens légaux car il a commis tellement des crimes. Hun Sen a la
hantise de connaître le même sort que celui de Kadhafi. Il ne veut pas de revanche. Il
souhaite qu’il y ait des deux côtés des gens, dans la nouvelle génération, qui puisse travailler
ensemble. On prépare le terrain pour l’avenir. Ce ne sont pas des épiphénomènes journaliers
qui vont remettre en cause ce processus. Il faut des garanties pour assurer que la transition se
fera en douceur.
Vous êtes critiqué dans votre propre camp, par des militants qui
vous reprochent d’avoir quitté le Cambodge juste après la
condamnation. Que dites-vous à vos partisans ?
Mon voyage en France était prévu de longue date. Si j’étais resté, ça n’aurait pas changé
grand-chose. Il vaut mieux que je remue ciel et terre à l’extérieur, c’est plus efficace. De son
côté, Kem Sokha (son adjoint au Parti du sauvetage national du Cambodge, ndlr) fera ce
qu’il pourra à l’intérieur du pays. L’expérience prouve que lorsque le Parti du peuple
cambodgien de Hun Sen prend une décision pareille, ce n’est pas en protestant ou en s’agitant
dans le pays que vous obtenez gain de cause. Au contraire, il faut mobiliser autrement, à
l’étranger.
«Remuer ciel et terre», qu’entendez-vous faire concrètement ?
Parler et dialoguer avec ceux qui s’intéressent au Cambodge. Nous allons rencontrer des
députés français et européens. C’était prévu que je vienne lever des fonds pour créer une
télévision. Tenez, voilà un résultat de la culture du dialogue. Sans celle-ci, jamais l’opposition
ne se verrait offrir la chance d’avoir sa propre télévision. Il y a deux ans, une telle idée était
inenvisageable. Sur les douze derniers mois, tous les prisonniers politiques ont été libérés, les
procédures judiciaires à l’encontre de nos militants ont été levées. Avant mardi, il y avait de
belles éclaircies. Le tonnerre tonne à nouveau, mais la tendance est à l’amélioration si on
maintient la pression.
Il y a cette photo, ce selfie de vous et de Hun Sen souriants à un
banquet, qui a surpris vos partisans. Certains ont parlé de trahison.
Regrettez-vous ce selfie ?
Pas du tout. Il faut que les Cambodgiens se parlent. C’est le contre-pied à une tradition de
violence dans ce pays où le parti au pouvoir cherchait à éliminer politiquement et
physiquement l’opposition. Il faut en finir avec cette culture de l’élimination. Quelques
photos chocs et symboliques peuvent aider. Cela montre que les chefs s’entendent et se
respectent mutuellement, c’est important pour les militants. Il s’agit d’un message de paix et
ça tranche avec les attaques à la grenade dont j’ai été victime jadis.
A votre avis, Hun Sen a changé ?
Oui, je pense. Sur le fond, Hun Sen veut une transition. C’est l’effet de l’âge, de la prise de
conscience que son règne touche à sa fin. Hun Sen veut que ses enfants connaissent les miens,
qu’ils apprennent à se parler pour travailler ensemble. Il m’a dit textuellement : «Je ne suis
plus rien, les enfants sont tout pour moi.» Il sait que ses enfants ne pourront pas diriger le
pays d’une main de fer comme lui. Il aimerait que ses enfants poursuivent une carrière
politique dans un cadre démocratique. Nous ne sommes pas en Corée du Nord avec trois
générations d’une même famille au pouvoir. Hun Sen cherche une légitimité démocratique
pour ses enfants qui pourront ainsi garantir une partie de sa sécurité également.
Arnaud Vaulerin Correspondant au Japon
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Cambodge et fascisme tropical
Par Sam Rainsy, Député du Cambodge, chef de l'opposition en exil à Paris | 7 juillet 2011| Liberation
Cambodge et fascisme tropical
Le Premier ministre français était en visite officielle au Cambodge ce week-end. Il a d’abord parlé économie et
mondialisation avec Hun Sen, son homologue cambodgien au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle. Puis, aux
côtés du roi Norodom Sihamoni, il a assisté à la cérémonie de la réouverture du Baphuon, majestueux temple
d’Angkor reconstruit sous la direction de l’Ecole française d’extrême-orient.
Mais «Non !» monsieur le Premier ministre, l’avenir du Cambodge ne se résume pas à la restauration du site
d’Angkor et à la gestion des frustrations des entrepreneurs occidentaux. Le discours de la France n’est pas à la
hauteur des graves carences de la démocratie cambodgienne, et notamment de la violation continue des libertés
publiques. Pourtant, c’est elle qui est à l’origine des accords de Paris de 1991, lesquels ont permis le retour de la
paix et le début de la reconstruction. Mais, depuis, le régime de Phnom Penh n’a cessé de s’écarter de
la «démocratie libérale et pluraliste» garantie par ces accords de réconciliation nationale. Je me souviens des
propos prémonitoires de notre ancien roi. Un jour de 1994, j’étais face à Norodom Sihanouk au Palais royal de
Phnom Penh. Il était alors roi du Cambodge, j’étais ministre des Finances. Il me fit cette confidence : «J’ai bien
peur de connaître un jour le même sort que le dernier roi d’Italie.» Et il me rappela qu’au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, les Italiens avaient rejeté la monarchie parce qu’ils reprochaient à VictorEmmanuel III sa trop grande faiblesse envers Mussolini. Au-delà de son souci pour l’avenir de la monarchie,
Norodom Sihanouk comparait implicitement Hun Sen, l’homme fort du Cambodge, à Mussolini et il pressentait
déjà le danger d’un glissement du régime vers le fascisme.
Car c’est effectivement un Cambodge en pleine dérive totalitaire que le Premier ministre français a dû découvrir
lors de son voyage. Certes, on lui a certainement répété que le communisme des Khmers rouges appartenait au
passé. Avec la restauration de la monarchie, le rétablissement de la religion et le retour triomphant du
capitalisme, le pays vivrait une belle transition. Mais à quel prix ? Derrière une façade démocratique trompeuse,
le Premier ministre français a pu entrevoir une Assemblée nationale factice où les députés contestataires sont
condamnés à la prison ou à l’exil, une justice spectacle aux ordres de l’exécutif, ou encore des élections
trafiquées ayant permis à Hun Sen de rivaliser en durée au pouvoir avec Kadhafi en Libye, Ali Abdullah
Saleh au Yémen ou Robert Mugabe au Zimbabwe.
Mais le régime présente maintes autres caractéristiques teintées du fascisme que craignait Norodom Sihanouk.
Un véritable culte de la personnalité auréole l’ancien Khmer rouge Hun Sen, qui concentre tous les pouvoirs
entre ses mains. L’Etat policier de l’époque communiste demeure le pilier du régime, avec son lot d’assassinats,
d’emprisonnements, et autres violations des droits de l’homme. Le roi faible reste silencieux face aux abus de
pouvoir toujours plus graves. La religion omniprésente est l’opium du peuple et le haut clergé est invariablement
soutenu par l’Etat pour justifier un ordre infiniment injuste. Le système économique est fondé sur un capitalisme
sauvage, où les grosses fortunes sont associées au pouvoir politique, tandis que les syndicats ouvriers sont
durement réprimés et leurs chefs pourchassés ou assassinés, tels Chea Vichea, Ros Sovannareth ou Hy Vuthy.
C’est ce fascisme aux couleurs tropicales qui maintient le pays dans une misère profonde et qui risque de le
mener au chaos, car la révolte paysanne gronde face aux confiscations incessantes de terres. Le Cambodge doit
retenir la leçon des événements récents en Tunisie, en Egypte et en Libye. Le gouvernement a le devoir de
chercher à comprendre les souffrances et la colère du peuple afin d’éviter une révolution violente. C’est à la
France et aux amis du Cambodge de convaincre Hun Sen de préparer l’alternance. Et de rappeler sans cesse les
accords de Paris pour soutenir l’œuvre de reconstruction de mon pays.
Espérons que le 23 octobre, jour du vingtième anniversaire de la signature de ces inestimables accords de 1991,
tous les Cambodgiens auront la joie d’assister au rétablissement du processus démocratique, condition sine qua
non pour tout autre progrès.
Sam Rainsy Député du Cambodge, chef de l'opposition en exil à Pari
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Hun Sen មុនអញក្លាយជាGaddafi ហែងងាប់មុនអញ – YouTube
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ឯងធាំដ្ូចភ្នាំលមើលមិនល
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ែមាាប់ចាប់ដាក់គុក ជាលដ្ើម មិនហមនជាោសាលមដ្ឹកនាាំលែ
អ ្មាប់ហខមរលទ ។ 21Sept 2015
Hun Sen Strongly Reacts To Sam Rainsy of He Will Like Gaddafi Word | Cambodia news today
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Hun Sen មុនអញក្លាយជាGaddafi ហែងងាប់មុនអញ
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