Sociologie des violences internationales

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Sociologie des violences internationales
Sociologie des violences internationales
Licence II – science politique, Paris XIII 2011-2012
Thomas Lindemann, professeur de science politique
Description de la matière :
Nous nous adressons aux étudiants qui s’intéressent plus particulièrement aux origines de la
violence internationale. Notre ambition sera de leur montrer que les hypothèses traditionnelles
dans l’explication de la violence internationale, celle de l’homo politicus cherchant à
maximiser le pouvoir et de l’homo economicus à la recherche du profit, ne sont pas
nécessairement toujours les plus pertinentes. Contrairement à de telles visions matérialistes et
unidimensionnelles de la rationalité humaine, ce cours vise à réexaminer la violence armée
dans les relations internationales sous l’angle de l’identité et de la «reconnaissance» (A.
Honneth). Celle-ci peut être définie comme le désir d’obtenir la confirmation d’une identité et
d’une image valorisée de soi auprès des autres. La «lutte pour la reconnaissance» a été
thématisée dans des travaux philosophiques (A. Honneth), sociologiques (E. Goffman, A.
Pizzorno) et «constructivistes» (A. Wendt, E. Ringmar).
Objectifs :
- assimiler les nouvelles théories des relations internationales
- comprendre leur application empirique en examinant les phénomènes de la violence
internationale
I.
Les guerres entre unités politiques
A. Vertus et limites des approches traditionnelles de la sécurité
internationale
1) Le modèle « réaliste » de l’acteur rationnel : la guerre pour la sécurité.
-
a) Une guerre pour l’hégémonie ? La théorie de la transition.
b) Une guerre pour la survie ? La guerre préventive.
c) Les raisons conjoncturelles : le manque de crédibilité de la dissuasion.
2) L’autre modèle de l’acteur rationnel : paix et guerre pour le profit.
-
a) La guerre pour le profit
b) La paix par les instituions.
b) La paix démocratique
.
3) Les critiques :
-
a) la réification de l’acteur étatique
b) la présupposition « utilitariste » ignorant les dynamiques sociologiques
c) l’oubli des dimensions cognitives et émotionnelles de la violence internationale
1
B. L’approche constructiviste
1) les traits communs des approches constructivistes :
- a) le postulat « idéaliste » de l’intersubjectivité
- b) le postulat « holiste » de la construction normative et identitaire des intérêts des
acteurs
- c) la prémisse des identités comme prophétie auto-réalisatrice
- d) la prémisse de la co-constitution des acteurs et des structures
2 ) Quelques hypothèses :
;
- a) Les identités « idéalisées » et viriles sont une cause possible de guerre ;
- b) La propension à l’agression à l’agression armée est plus élevée lorsqu’il n’existe
aucun lien identitaire entre eux et, en particulier, lorsqu’ils estiment qu’autrui présente
dans sa différence – politique ou religieuse – une menace identitaire ;
-c) dénis de reconnaissance et guerres
- c) La guerre comme prophétie auto-réalisatrice).
II.
Les guerres civiles
A. Approches théoriques
:
a) le dilemme de la sécurité
b) la guerre par cupidité
c) la guerre pour la reconnaissance l’instrumentalisation des identités par des
entrepreneurs politiques, les discriminations économiques, culturelles et politiques).
B. Etudes de cas :
a) L’ex-Yougoslavie
b) Le Rwanda
III.
La violence dite “terroriste”
Introduction
- définitions du terrorisme
- sa « construction sociale »
- les explications “instrumentales” et “expressives”
2
A. Approches théoriques
a) Le « terrorisme » comme continuation de la politique par d’autres
moyens
b) Les dimensions symboliques de la violence dite « terroriste »
B. Etudes de cas
- Les attentats de Londres 2005
Conclusion : comment pacifier les relations internationales ?
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