ink : il faut sauver le croque

Transcription

ink : il faut sauver le croque
ink : il faut
croque-mitaine
sauver
le
Qui n’a jamais eu peur du croque-mitaine
? Celui qui se cache sous notre lit,
attendant les heures les plus noires de
la nuit pour sortir et nous emmener au
pays des cauchemars. Chris Nolan nous a
servi un film magnifique avec plein
d’effets spéciaux pour nous faire
comprendre que le croque-mitaine était
dans notre esprit. 1 an auparavant, Jamin
Winans explorait déjà les mêmes sentiers,
avec moins de budget, certes, mais une
réflexion plus poussée.
Oubliez tout ce qu’on vous a raconté jusqu’à présent, il ne
sert à rien de serrer les paupières ni de se cacher sous la
couette. Le croque-mitaine est là, et il n’a rien à perdre.
« FUCK! » je crois que c’est la première réplique de ce film.
« FUCK! », voilà ce que je pense aussi, parce que c’est
tellement difficile d’en parler : complexe et visuel, avec une
histoire à raconter et une bande-son magique. Comme quand on
était petits.
Quand j’étais petite, j’avais peur. D’ailleurs, je laissais la
lumière allumée super longtemps (et pas que pour lire des
livres tard dans la nuit dans le dos de mes parents, hein !)
et j’avais un rituel pour être sûre de ne pas me faire
emporter au pays des cauchemars.
Et j’ai grandi.
Emma n’a pas cette chance, elle n’a pas encore grandi, et
malgré la lumière allumée, malgré ses yeux bien serrés, et
bien qu’elle tente de ne plus respirer, ink l’emmène. C’est un
voyage dans un monde parallèle, un voyage dans la tête d’un
homme brisé ou dans l’esprit d’une petite fille esseulée, un
voyage dont les fins ont déjà eu lieu.
On recherche l’alternative. On veut sauver Emma, et pour la
sauver, il faut sauver son père, et en sauvant Emma, on veut
sauver ink, en vrai. Et sauver ink…
Il s’agit d’un sujet maintes fois exploré, une histoire assez
simple en fin de compte : un homme qui perd femme et enfant,
une enfant délaissée qui veut juste que son père entre dans le
jeu. C’est une quête pour chacun d’eux.
Des flash-back et des flash-forward, des couleurs altérées, du
flou maintenu tout le long d’un film difficile à suivre tant
les scènes d’actions – des combats à mains nues assez violents
et très bien chorégraphiés – et de contemplation (marre du
cliché qui oppose le « zen-forêt » au « stress-city », mais
faut croire que ça marche encore dans l’imaginaire collectif)
se superposent.
Vous perdez le fil ? C’est fait exprès : on ne sait plus qui
est le méchant, enfin si, il y a toujours le Méchant, celui
qui, s’il ne fait pas peur à cause de sa laideur comme le
croque-mitaine au long nez crochu, reste le personnage le plus
angoissant, avec son double visage, les sautes d’images, et
son sourire froid. Le Méchant représenté par plusieurs. Les
Incubus.
Et les Gentils ? Les Conteurs bien sûr, ces êtres presque
humains et lumineux, qui nous redonnent des forces par la
magie des rêves qu’ils nous apportent. Et le déjanté Eclaireur
aveugle, héhé, qui a un sens du rythme assez funky.
(D’ailleurs la scène où tout son art se révèle me rappelle
assez les scènes où la Mort se rattrape dans Destination
finale, avec l’idée du destin ou de la fatalité qui met en
scène et fait s’enchaîner les événements. Fatalité qui peut
être très facilement personnifiable.)
Mais en vrai, ce n’est pas une petite fable manichéenne que
nous retenons. C’est un vrai conte pour enfant et pour adulte.
L’Incubus, celui qui nous donne cauchemars et désespoir, de
même que les Conteurs, ne viennent que si nous leur donnons du
grain à moudre. Le croque-mitaine, c’est vous et moi. Et ce
que nous sacrifions avec tant d’énergie à nos idées noires et
notre volonté d’autodestruction, c’est vous, moi, et surtout
ceux que nous aimons.
Belle morale, non ?