traductologie, linguistique, culture : recherches sur des perspectives

Transcription

traductologie, linguistique, culture : recherches sur des perspectives
UNIVERSITÉ DE LIMOGES
ÉCOLE DOCTORALE THÉMATIQUE :
Lettres, Pensée, Arts et Histoire [ED 525]
FACULTÉ DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES
Équipe de recherche [EHIC] EA 1087
Thèse N° [--------]
Thèse en cotutelle
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE LIMOGES
ET DE L’UNIVERSITÉ DES ÉTUDES INTERNATIONALES DE XI’AN
Discipline : Lettres/Sciences de l’Antiquité
présentée et soutenue par
Jing YANG
TRADUCTOLOGIE, LINGUISTIQUE, CULTURE :
RECHERCHES SUR DES PERSPECTIVES
INTERCULTURELLES RELATIVES À L’HÉRITAGE DE
L’EUROPE ET DE LA CHINE
Thèse dirigée par Monsieur le professeur Jean-Pierre LEVET
et Monsieur le professeur Sishe HU
JURY:
Président du jury
Mme Micheline DECORPS, professeur émérite, Université de
Clermont-Ferrand II, PHIER et SPHERE
Rapporteurs
Mme Lucienne DESCHAMPS, professeur émérite, Université de
Bordeaux Montaigne, Ausonius
Mme Françoise SKODA, professeur émérite, Université de Paris IV
Sorbonne, UMR8173
M.Chengfu LIU, professeur, doyen de la Faculté des lettres et
langues, Université de Nankin
Examinateurs
M. Sishe HU, professeur des Universités, ancien président de
l’Université de XISU, vice-ministre de l’Association du Peuple
Chinois pour l’Amitié avec les Pays Étrangers, co-tuteur
M. Jean-Pierre LEVET, professeur émérite, Université de
Limoges, EHIC
Invités
M. Yves LIÉBERT, professeur, Université de Limoges, EHIC
Mme Bernadette MORIN, professeur, Université de Limoges, EHIC
2015
TRADUCTOLOGIE, LINGUISTIQUE, CULTURE :
RECHERCHES SUR DES PERSPECTIVES
INTERCULTURELLES RELATIVES À L’HÉRITAGE DE
L’EUROPE ET DE LA CHINE
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier en tout premier lieu mes directeurs
de thèse M. Jean-Pierre LEVET et M. Sishe HU. Ils ont
toujours été disponibles pour des discussions productives
et
rationnelles.
pouvoir
Je
travailler
constructive
et
suis
sous
favorisée
leur
scrupuleuse.
par
la
direction
Leur
chance
de
chaleureuse,
patience
est
une
véritable leçon éducative.
J’ai eu également le plaisir de travailler sous l’équipe
EHIC, dirigée par M. Bertrand WESTPHAL. Le laboratoire
recherche
à
fournir
aux
candidats
du
doctorat
les
formations professionnelles et les colloques sur divers
thèmes.
Une aide financière de trois ans de la part du Conseil
Chinois des Bourses m’a permis de me concentrer sur les
études. Je dois mes remerciements à cette organisation et
à M. Sishe Hu pour son soutien dans l’application dans
l’obtention de la bourse.
Mes
remerciements
s’acheminent
aussi
à
tous
les
professeurs de français de XISU, grâce à leur initiation,
j’ai commencé l’apprentissage de cette belle langue et de
sa
civilisation.
Ils
m’ont
fourni
des
connaissances
nécessaires et solides.
Dernier point, mais pas le moindre, je voudrais remercier
mes parents et mon mari qui ont la gentillesse de me
soutenir financièrement. Ils sont mes inspirations en ce
qui concerne la réalisation de la thèse et mon avenir
professionnel.
RÉSUMÉ
En
partant
d’une
synthèse
sur
les
relations
entre
l’évolution de langue, la culture et la traduction, la
thèse vise à établir une recherche à propos des effets
d’influence
stratégies
de
de
la
culture
traduction.
d’arrivée
sur
Sélectionnés
le
en
choix
vue
des
d’une
fonction contrastive, trois sujets d’échanges culturels
sont
discutés
culturelles
d’intérêt
de
dans
la
style
acheminent
thèse.
Les
comparatif
études
sur
ultérieurement
les
la
nominales
trois
thèse
et
sujets
vers
les
analyses sur les méthodes de la traduction sous influences
d’idéologie culturelle.
MOTS CLÉS:
Traduction
interculturelle,
linguistique,
stratégies de traduction, analyse nominale
idéologie,
SUMMARY
Begin
with
a
synthesis
on
the
relations
between
the
evolution of language, the culture and the translation,
this thesis aims to establish a recherche regarding the
effects of the target culture in influencing the choice of
translation
strategies.
Selected
for
a
contrastive
purpose, three topics of cultural exchanges are discussed
in the thesis. The nominal and cultural studies of the
three topics from a comparative view then paved the path
of the thesis towards the analysis with reference to the
methods of translation under the influence of cultural
ideology.
KEY WORDS:
Intercultural
translation,
linguistic,
strategies of translation, nominal analysis
ideology,
Sommaire
INTRODUCTION GÉNÉRALE
CHAPITRE 1 RAPPORTS DE LANGUE ET DE CULTURE
1.1 Évolution de la langue chinoise
1.2 Culture
1.3 Échanges culturels
1.4 Langue et culture
1.5 Rapport des mots de langues différentes
CHAPITRE 2 TRADUCTION ET SES ASPECTS TECHNIQUES
2.1 Traduction de la culturelle
2.2 Traduction spécifique de termes culturels
2.3 Malentendus interculturels
2.4 Idéologie
CHAPITRE 3 MORALE POUR LES ENFANTS: LE PETIT CHAPERON
ROUGE
3.1 Contexte
3.2 Comparaison
3.3 Traductions de la version des frères Grimm
CHAPITRE 4 MORALE POUR LES ADULTES :
JUSTE MILIEU ET DOCTRINE DE MILIEU
4.1 Intérêt politique
4.2 Apparition de la notion du milieu
4.3 État suprême de la morale
4.4 Méthodologie
4.5 Cadre politique
4.6 Cadre bonheur
4.7 De la morale
4.8 Traduction de l’éthique d’Aristote
CHAPITRE 5 NOUVEAU SYSTÈME DE LA MORALE : BIBLE ET
CONFUCIANISME
5.1 La Bible en Chine
5.2 Littératures Inspirées
5.3 Grands classiques
6
5.4 Les mots bienveillants pour conseiller le monde
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
1. Trois versions du Petit chaperon rouge
2. Livre des Actes des apôtres – chapitre XXII
3.
Partie
de la
mémoire
de
master sur
la
traduction
parfaite: analyse d’un extrait du petit prince
TABLES DES MATIÈRES 7
INTRODUCTION GÉNÉRALE
De nos jours, les recherches littéraires se révèlent
diversifiées. Nous pouvons partir des analyses purement
littéraires, aussi bien que des observations linguistiques
et des recherches fondées sur
la traduction. Un nouveau
phénomène saute à nos yeux ses derniers temps, ce sont les
recherches
interculturelles.
Dire
comment
entamer
les
recherches interculturelles à travers la traduction, la
linguistique et la culture, voire la philosophie ? Voilà
l’ambition de notre thèse.
Elle est composée de cinq chapitres. Pour mener à bien
notre travail académique et en permettre une compréhension
linéaire et approfondie, dans les deux premiers chapitres,
nous avons commencé par des considérations générales sur
la langue, la culture, la traduction et leurs interactions
en proposant des exemples et des analyses. Nous avons
commencé par la langue, la culture et leur histoire pour
pouvoir
ensuite
mettre
l’accent
sur
des
analyses
comparatives et critiques. À partir de là l’on a examiné
des marques interculturelles et à la fois idéologiques.
Des
observations
langue
et
la
et
culture
des
se
analyses
tisse
un
prouvent
lien
qu’entre
fort
et
la
digne
d’intérêt. La Nature des caractères chinois témoigne de
l’origine de l’écriture, de la structure flexible et du
style esthétique. En observant les valeurs de la langue
chinoise, nous remarquons des traditions fortes qui se
traduisent par l’esprit humaniste, et des modes de pensée
traditionnels qui reflètent les traditions culturelles.
Quand nous parlons de la culture, nous ne pouvons pas
négliger ses qualités ni sa nationalité. Le besoin des
échanges culturels suscite la curiosité des gens des deux
continents de se déplacer les uns vers les autres. Chaque
8
culture possède son origine propre et son évolution. Grâce
aux déplacements, les échanges se sont faits et ont semé
des grains de culture.
Premièrement, notre thèse débute par une présentation
sur l’évolution, la structure et la portée significative
des caractères chinois. Nous n’avons pas parlé directement
de la traduction en recourant aux théories et aux analyses
de ces théories. Il faut connaître les caractères de la
langue d’arrivée pour bien comprendre la valeur des textes
traduits approuvée par les lecteurs, ce qui représente
notre intérêt pour le rapport entre l’idéologie et la
réception. Donc, nous avons pris l’exemple du chinois avec
des observations et des analyses.
Deuxièmement, nous avons examiné la mise en relief des
rapports
entre
la
langue
et
la
culture.
Ce
sont
deux
aspects inséparables concernant la traduction. La langue
et la culture sont comme des jumelles. Dans le but de
servir d’introduction aux chapitres suivants, les analyses
portant sur la traduction, nous avons fourni des exemples
des différences de perception, des contextes culturels et
ensuite
des
mots,
de
leurs
caractères
et
de
leurs
rapports.
Troisièmement, les analyses concernant la traduction
aboutissent à comparaisons littéraires, linguistiques et
interculturelles.
Quand
nous
voulons
satisfaire
les
lecteurs, une traduction littérale est loin de l’attente
du public, qui désire une version traduite riche en effets
linguistiques et en contenu culturel. C’est en lisant que
l’on prend connaissance du charme d’une autre langue et de
la richesse d’une autre culture.
9
Inspirée
du
travail
d’Umberto
Eco,
en
plus
des
analyses théoriques, la thèse fournit de nombreux exemples
pour observer l’application des théories et des techniques
de la traduction. Dans son livre intitulé Dire presque la
même
chose,
Umberto
Eco
offre
des
expériences
de
la
traduction qu’il a vécues en tant qu’auteur, traducteur et
éditeur. Son approche est d’une qualité plus accessible
que celles qui se réfèrent à d’autres écoles théoriques du
domaine.
Dans
les
trois
autres
chapitres,
nous
attirons
l’attention sur la pratique de la traduction et sur ses
perspectives interculturelles relatives à l’héritage de
l’Europe et de la Chine. Nous avons présenté une synthèse
comparative accompagnée d’exemples aux sujets différents
dans le but d’établir les ressemblances et les différences;
ensuite l’étude prend comme objectif une analyse du choix
stratégique en appuyant sur des versions de traductions
concrètes.
La
évoquer
notion
des
expressions
principalement
de
intraduisibles
facteur
de
la
conduit
culture.
à
Les
recherches de la thèse portent sur les relations entre la
langue,
la
d’analyser
culture
le
choix
et
la
des
traduction,
dans
mots
influence
sous
le
but
de
l’idéologie. Par exemple : l’aliénation, mise en valeur
dans les recherches, est une stratégie qui favorise la
conservation des éléments de la culture de départ. Le
recours à cette méthode nécessite de distinguer les fauxamis culturels et d’offrir des termes compréhensibles avec
des éléments existants dans la culture d’arrivée. Sinon,
la mission d’introduction des nouveaux éléments culturels
peut être considérée comme un échec avec des confusions
irritantes ou des erreurs de compréhension.
10
Le
choix
des
intéressante
textes
qui
à
étudier
témoigne
révèle
des
diversité
perspectives
interculturelles relatives à l’héritage de l’Europe et de
la Chine. Dans tous les exemples des trois sujets, la
culture chinoise joue le rôle de la culture d’arrivée. Le
petit
chaperon
rouge,
les
écrits
sur
le
juste
milieu
d’Aristote et la Bible ont été choisis. Cela représente
respectivement
cultures,
une
une
histoire
doctrine
populaire
de
dans
pensée
toutes
les
rapprochée
du
Confucianisme, et une grande œuvre littéraire de nature
religieuse qui est également comparable avec la pensée
traditionnelle chinoise.
Le
choix
des
trois
sujets
vise
à
établir
deux
systèmes de groupes comparatifs d’un seul élément variable.
La
comparaison
commun
des
s’appuie
sujets :
sur
ils
les
caractères
rapport
stratégique sur la nature
tous
qu’ont
une
en
réflexion
de la traduction; la pensée
d’Aristote et la Bible attirent l’attention sur leur style
de langue plus sérieux que le petit chaperon rouge ; Le
petit
chaperon
rouge
et
la
Bible
sont
tous
les
deux
beaucoup plus répandus que la pensée d’Aristote.
Des
éléments
chaperon
rouge
de
et
comparaison
la
pensée
apparaissent:
d’Aristote
le
petit
proposent
des
histoires qui s’adressent à des lecteurs de différents
niveaux;
la
pensée
d’Aristote
et
la
Bible
mettent
en
valeur le respect de la forme; Le petit chaperon rouge et
la
Bible
offrent
une
comparaison
de
la
liberté
des
traducteur concernant des textes de nature différente.
11
CHAPITRE 1
RAPPORTS DE LANGUE ET DE
CULTURE
12
Introduction
Par rapport à la langue source, la maîtrise de la
langue ciblée est probablement plus importante pour la
communication à l’égard des lecteurs. La langue du pays
importateur de culture, ici la langue chinoise, mérite
ainsi
une
analyse
systématique.
Les
recherches
se
déroulent sur le sens de l’évolution de la langue : de la
langue
chinoise
antique
au
mandarin.
Cette
section
d’études englobe les aspects distinctifs des caractères
chinois,
leurs
valeurs
humaines
l’existence
des
et
la
formation
du
mandarin.
Grâce
culturels
à
peuvent
être
plus
langues,
actifs
et
les
échanges
approfondis.
La
démonstration des échanges culturels porte d’abord sur les
sujets suivants: les qualités particulières de la notion
de culture, la divergences entre les cultures et leurs
échanges. Ensuite, afin de fournir le fond historique des
échanges
culturels,
seulement
vers
la
les
recherches
diffusion
culturelle
s’orientent
de
non
l’Europe
en
Chine, incluant l’arrivée des occidentaux en Chine et les
activités
circulation
des
de
missionnaires,
la
culture
mais
chinoise
aussi
dans
vers
le
la
monde
occidental.
13
1.1 ÉVOLUTION DE LA LANGUE CHINOISE
Il est certain que les conditions de vie ne sont pas
pareilles
dans
notions,
humains
les
toutes
les
jugements,
tendent
à
avoir
régions. Mais
en
les
raisonnements
des
natures
gros,
des
les
êtres
coordonnées.
Les
pensées de diverses nations ne s’éloignent pas de beaucoup.
Malgré
les
différences
culturelles
et
les
habitudes
possibles des nations sur la catégorisation des faits et
leurs portées, nous sommes toujours en mesure de localiser
les mêmes sources. On se permet de dire que la pensée est
mondiale alors que les langues sont nationales. Cela est
le
fond
de
changement
base
des
activités
linguistique
de
traduction.
franco-chinois
et
Dans
vise
le
versa
comment les traducteurs peuvent-ils réaliser les analyses
et les communications? Cette question assez fréquemment
entendue
demande
avant
tout
des
connaissances
sur
les
différences des langues au niveau des mots.
Le mandarin est une langue de parataxe qui se présente
sous forme des caractères. Cette nature se démontre le
plus évidente dans la langue ancienne dont la composition
du texte était souvent très compacte. Quant à la langue
chinoise moderne, les mots les plus courants sont les
dissyllabes (deux caractères). La langue française et bien
d’autres langues sont des langues indo-européennes de la
famille des langues romanes. Les mots du français sont
réputés
pour
une
richesse
de
sens
et
pour
avoir
des
synonymes. Nous allons aborder ensuite les recherches sur
les caractères des langues française et chinoise au niveau
des
mots.
Commençons
par
une
introduction
sur
les
caractères distinctifs de la langue chinoise d’autrefois
et de celle d’aujourd’hui.
14
1.1.1 NATURES DES CARACTÈRES CHINOIS ANTIQUES
L’histoire de la langue chinoise est presque aussi
ancienne que celle de la nation Han 1 . En tant que symbole
de
la
d’une
civilisation
longévité
chinoise,
sans
les
rupture.
caractères
L’écriture
jouissent
figurative
chinoise est certainement dotée d’une force de vie parmi
les écritures les plus anciennes. Les caractères et la
langue sont hautement conformés. Ainsi on considère les
caractères non seulement comme l’héritage culturel, mais
aussi comme un charme artistique fort unique.
1.1.1.1 Écriture hiéroglyphique
Lorsque nous
parlons des caractères hiéroglyphiques,
nous suggérons un contexte de comparaison avec l’écriture
phonétique. Toutes les écritures possèdent trois facteurs:
l’élément
hiéroglyphique,
l’élément
phonétique
et
l’élément indicatif. L’écriture représente en général une
prononciation
et
une
signification.
L’étymologie
des
caractères chinois montre une indication de sens d’une
façon
directe.
présumable
Le
sens
d’après
de
ses
la
plupart
éléments
de
des
mots
est
composition.
L’étymologie chinoise porte le nom de 六书 2 (liu’shu – les
six
manières
d’écrire)
depuis
l’origine,
englobant
les
pictogrammes 象形 3 (xiang’xing – l’imitation de forme), les
idéogrammes 指 事 4 (zhi’shi – l’indication des choses), les
1 Elle constitue environ 92 % de la population chinoise d’aujourd’hui. 2 Les caractères en chinois sont présentés, entre parenthèses, avec les informations de la prononciation et du sens litteral 3 en petit nombre 4 en plus grand nombre 15
caractères
généralement
compréhension
du
會 意
composés
sens),
les
(hui’yi
idéophonogrammes
–
la
形 声
5
(xing’sheng - la forme et la phonétique), les emprunts
phonétiques 假借 (jia’jie -
l’emprunt) et les dérivations
轉 注 6 (zhuan’zhu – la déviation). Les six moyens retenus
par
les
intellectuels
se
divisent
en
deux
parts:
les
moyens de la création des caractères et ceux de l’emploi.
Ainsi
on
compte
quatre
manières
de
représentation
étymologique qui manifestent la nature hiéroglyphique des
caractères chinois: les pictogrammes, les idéogrammes, les
généralement composés et les idéophonogrammes.
Les pictogrammes représentent le moyen le plus ancien
et le plus direct. Les caractères sous forme de symboles
figuratifs
se
sont
inspirés
des
dessins
décrivant
les
objets concrets. Toutes les substances physiques peuvent
avoir respectivement un symbole qui leur correspond. Les
mots de la langue chinoise antique ne possèdent qu’une
seule syllabe. Nous avons donc remarqué un sens unifilaire
dans la création des mots de pictogramme: une syllabe – un
caractère – un nom – un substance. Autrement dit, chaque
mot représente la totalité d’un certain objet. Avec de
simples lignes dessinant la forme des existences physiques,
les pictogrammes offraient une connexion visuelle des mots
et de leurs sens. Les pictogrammes imitaient à différents
degrés les formes signalétiques des objets. Voyons les
exemples de la page suivante:
5 la majorité 6 presque disparu 16
⼈人7 (ren - l’être humain)
le côté profil
⽜牛8 (niu - le bœuf)
le front/ le portrait
⼭山9 (shan - les montagnes)
Lorsque
les
pictogrammes
l’image complète
ont
connu
des
difficultés
dans la représentation des qualités propres d’un objet,
les gens d’autrefois ont utilisé des signes pour marquer
le point essentiel. Les caractères créés par le moyen
utilisant des marques sont nommés les idéogrammes. Les
signes
sont
généralement
ajoutés
soit
en
une
certaine
position d’un pictogramme, soit en une position spécifique.
Les caractères de ce genre possèdent en fait deux parties:
le
mot
d’origine
relativement
moins
et
le
signe.
directs
que
Les
idéogrammes
les
pictogrammes.
sont
La
compréhension du sens demande l’observation et l’analyse.
Prenons les mots suivants comme exemples.
⼑刀 (dao - le couteau/la faucille)
刃 (ren - le tranchant)
7 On compte plus de cent soixant-­‐neuf deviations du mot « homme » dans l’écriture ossécaille et le style bronze 8 environs cent quatre déviations du mot « bœuf » dans l’écriture ossécaille et le style bronze 9 environs trente-­‐cinq déviations du mot « montagne » dans l’écriture ossécaille et le style bronze 17
Le
caractère
du
couteau
est
un
pictogramme
représentant la forme, dont dépend le mot du tranchant
d’un couteau avec un point marquant son indication.
⽊木 (mu - l’arbre)
本 (ben - la racine)
末 (mo - le bout)
La définition de la racine nécessite sans doute le mot
arbre.
L’ajout
d’un
court
trait
en
bas
du
caractère
suggère donc la racine. De même, un trait en haut du mot
“arbre” indique donc la touffe et le bout. La position
spécifique du signe a changé complètement le sens fondé
sur le même caractère.
S’appuyant sur les pictogrammes et les idéogrammes,
les gens ont créé les composés dont les significations
sont obtenues par la combinaison de deux ou de plusieurs
caractères existants. La logique des caractères composés
concerne
d’une
part
les
états
stables
des
substances
décrites par les pictogrammes, et les états actifs définis
par les idéogrammes, d’autre part, des humains, des objets,
et du rapport interactif des deux facteurs. Par exemple le
mot 从 (cong - suivre) qui englobe deux caractères de ⼈人
(ren - l’homme): un homme se place derrière un autre, donc
le verbe “suivre”. Le caractère composé de trois hommes
existe également. Il faut savoir d’abord que le chiffre
trois
dans
la
culture
traditionnelle
n’est
jamais
une
indication concrète du nombre, mais plutôt un substitut du
18
sens “nombreux”. De la sorte, la combinaison de trois
hommes indique en réalité de nombreux hommes, autrement
dit “tout le monde” 众 (zhong – le public). On compte bien
autres
mots
composés
avec
cette
méthode.
Le
tableau
suivant peut nous servir d’exemples.
Mot
Sens du mot
Mot
d’origine
d’origine
composé
L’arbre
⽊木 mu
Sens du mot composé
Les arbres d’un endroit;
林 lin
L’ensemble
des
gens
ou
des choses de même genre
La forêt;
森 sen
Un nombre important de;
Une
apparence
profonde
et effrayante
le feu
⽕火 huo
La haute température;
炎 yan
Les puissants;
L’inflammation;
Le
nom
de
l’empereur
créateur
Les étincelles;
焱 yan
Les flammes
La
discussion
ci-dessus
aborde
principalement
les
caractères composés par une répétition des éléments, alors
que dans la plupart des cas, les mots portant les nouveaux
sens
sont
différentes.
constitués
Par
par
exemple
le
des
caractères
mot
“cueillir”
d’origines
采
(cai
-
cueillir), l’élément en haut représente la main ⽖爪 (zhua
– la patte); celui d’en bas l’arbre ⽊木 (mu – l’arbre). La
19
combinaison indiquant “prendre depuis des arbres” suggère
donc “cueillir”. La suppression 删
(shan – l’élimination)
origine d’enlèvement par un gratteur des mots
écrits sur
les lamelles de bambou. Le caractère est composé donc du
mot 册 (ce - un livre) et le radical représentant le mot ⼑刀
(dao - le couteau). Ce genre de combinaison libre (de deux
caractères indiquant les substances) est nommé association.
On compte d’ailleurs la position et la description. La
première a comme exemple 杲 (gao – la brillance du soleil)
et 杳 (yao - disparu), deux compositions verticales de ⽇日
(ri - le soleil) ⽊木
(mu - le bois/l’arbre). Lorsque le
soleil se trouve au-dessus de l’arbre, le monde est baigné
dans
“la
clarté”;
à
l’inverse,
le
mot
signifie
la
disparition sans traces. La description, d’ailleurs, donne
naissance
à
plusieurs
caractères.
On
va
présenter
des
exemples dans le tableau ci-joint.
Mot composé
孬 nao
Sens du mot
Compositions
Sens des
composé
du mot
compositions
Lâche
不 bu
Non
好 hao
Bon;
Amical
尘 chen
歪 wai
La poussière
Penché;
⼩小 xiao
Petit
⼟土 tu
Le sol
不 bu
Non
正 zheng
Situé au
Malhonnête
milieu;
20
Honnête;
Régulier
Grande;
耷 da
⼤大 da
Grand
⽿耳 er
L’oreille
Oreille;
Retomber
L’étymologie la plus importante est fondée sur les
idéophonogrammes. La majorité absolue des caractères de la
langue
chinoise
moderne
doit
son
remerciement
à
la
fonction idéographique incomparable des idéophonogrammes.
À
la
vue
du
nom,
on
comprend
la
signification
de
la
combinaison de deux caractères. L’un est chargé d’indiquer
le
champ
de
sens;
l’autre
marque
la
phonétique.
Par
exemple, tous les ideophonogrammes possédant le radical de
⽔水 (shui - l’eau) “ 氵 ” sont rapportés d’une façon ou une
autre à l’eau, tels que 海
rivière),
深
(shen
-
(hai - la mer), 河 (he - la
profond),
radical “ 讠 ” signifiant ⾔言
活
(huo
-
vivre).
Le
(yan - la parole) se trouve
aussi fréquent dans les mots, tels que 讨 (tao - demander),
诊
(zhen
-
interviewer/
charger),
la
consultation
rendre
读
(du
visite
-
de
à),
lire).
Il
docteur),
诉
(su
est
-
à
访
se
noter
(fang
-
plaindre/
que
les
indications phonétiques des caractères, dans la plupart
des cas, sont identiques à leurs prononciations initiales
en tant qu’un caractère isolé. Mais avec le changement de
ton durant l’histoire, il existe une grande partie des
radicaux
phonétiques
d’aujourd’hui.
Ainsi
éloignés
sans
de
leur
conscience
prononciation
des
locuteurs
21
modernes,
des
radicaux
phonétiques
sont
à
la
fois
chinois,
nous
idéographiques.
D’après
l’étymologie
des
caractères
avons remarqué le rapport intime et direct entre la forme
et
le
sens.
Comme
les
caractères
attachent
plus
d’importance à l’écriture au lieu de la prononciation, on
arrive à trouver le soutien du fait que les mots ne sont
pas emprisonnés par les dialectes. Sans connaissance de la
prononciation,
des
gens
sont
toujours
en
mesure
de
présumer la signification du mot. Ce phénomène aide la
compréhension
des
poésies
antiques.
Par
exemple,
le
deuxième vers dans une poésie de Du Fu10 (712 - 770):
䴔䴖鸂鶒满晴沙11 (jiao jing xi chi man qing sha)
Les quatre caractères soulignés ont presque disparu
dans la langue moderne, de sorte qu’il est assez difficile
de
les
taper.
Sans
la
moindre
connaissance
de
leurs
prononciations et de leurs sens concrets, la compréhension
de la phrase ne pose pas de problème pour les Chinois.
Comme les quatre mots se composent du radical 鸟 (niao l’oiseau)
à
droite
indiquant
la
nature,
les
lecteurs
créent immédiatement une image dans la tête de nombreux
oiseaux aquatiques gracieux sur les bancs. La langue a
connu
des
changements
bouleversants
durant
l’histoire.
D’ailleurs, bien des mots sont étrangers aux locuteurs de
nos jours, mais la portée de signe reste pareille qu’au
début. La recherche sur l’étymologie est d’une certaine
recherche sur la culture.
10 plus célèbre poète des Tang 11 poésie intitulée Accompagnement de mon ami Zheng Zhang pour boire à Qujiang 22
1.1.1.2 Combinaison libre
Les morphèmes lexicaux sont dans les cas les plus
courants les monosyllabes nommés les mots. En plus, les
morphèmes combinés font partie d’une autre possibilité de
la création du mot. Bien que l’emploi de cette dernière
méthode
soit
beaucoup
moins
fréquent
par
rapport
au
mandarin (Abordons les analyses sur la nature du mandarin
aux discussions suivantes.), rien n’empêche de penser que
les ancêtres chinois profitaient de la combinaison libre
des mots dans la création des nouveaux termes de leur
temps.
Les unités des termes sont les caractères, une notion
bien
unique
à
la
nation
Han.
En
général,
les
termes
possèdent soit un seul caractère, soit un nombre supérieur
à deux (incluant deux). Dans les temps les plus anciens,
un caractère égalait un mot. Avec l’apparition des mots
dissyllabiques, les indications des mots monosyllabiques
ont en fait évolué. Autrement dit, les mots d’auparavant
se sont transformés en des morphèmes lexicaux. Grâce à
plusieurs possibilités de combinaison, les caractères ont
une
haute
utilité,
permettant
d’exprimer
beaucoup
plus
d’autres choses et notions sans appui réel à la création
d’une série de nouveaux éléments d’écriture. Ainsi chaque
caractère est doué par une capacité de multi-indications
s’adaptant aux besoins contextuels différents.
La liberté de combinaison se traduit non seulement par
son
aspect
multifonctionnel,
mais
aussi
par
les
possibilités du groupement. À propos du groupement, on
compte
en
général
quatre
possibilités
de
la
place
de
caractère: seul, au début, au milieu et à la fin. À la
23
première vue, les possibilités de combinaisons ne sont pas
étonnantes. Mais en pratique, le résultat se multiple de
beaucoup. Comme il y a la position au milieu, on doit
conclure l’existence de trois compartiments et ainsi trois
caractères pour les remplir: A, B, C.
-seul: trois possibilités
A, B, C
-au début et à la fin: neuf possibilités
AA, BB, CC
AB, AC, BA, BC, CA, CB,
-au milieu: vingt-sept possibilités
AAA, BBB, CCC
ABC, ACB, BAC, BCA, CAB, CBA
ABA, ACA, BAB, BCB, CAC, CBC
ABB, ACC, BAA, BCC, CAA, CBB
AAB, AAC, BBA, BBC, CCA, CCB
Du point de vue théorique, on compte un total maximum
de trente-neuf combinaisons. Certes, la réalité n’est pas
identique
au
statistiques
calcul
du
du
contexte
dictionnaire
de
la
idéal.
D’après
fréquence
des
les
mots
chinois modernes 12 , un total de quatre mille cinq cent
soixante-quatorze
caractères
peut
constituer
plus
de
trente-et-un mille termes. La moitié de ces caractères est
qualifiée pour être utilisée en un seul mot et à la fois
dans une combinaison. Les premiers mille caractères de
haute utilisation occupent presque 90% des termes, dont
les termes incluant le caractère ⼦子 (zi - fils) arrivent à
12 Institut des langues de Pékin, Dictionnaire de la fréquence des mots chinois modernes, Presse de l’Institut des langues de Pékin, Pékin, 1986, ISBN non fourni 24
un total de six cent soixante-huit, ceux de 不 (bu - non)
cinq cents, ⼤大
(da - grand) deux cent quatre-vingt-dix-
neuf, etc. Le dictionnaire donne la preuve de la longévité
du sens des caractères soit en tant qu’un mot, soit en
tant qu’un morphème.
Bénéficiant du pouvoir majestueux de combinaison, le
mandarin d’aujourd’hui jouit d’un vocabulaire très riche
avec les mots expressifs, vivants et précis. De la sorte,
nous
avons
situations
des
et
expressions
à
la
fois
adaptées
à
la
à
de
diverses
rhétorique
exquise
représentant le fond culturel. Par exemple, les Chinois
font grand cas de la notion de mort. De nombreux termes
sont créés comme remplacement du mot 死
(si - la mort)
afin d’éviter les termes impolis. Donnons la liste des
exemples (d’un total de cent vingt-quatre mots) dans le
tableau suivant.
Contexte
Liste des mots
d’emploi
La mort des
驾崩 jia’beng
⼤大⾏行 da’xing
⼤大薨 da’hong
empereurs
⼭山陵崩 shan’ling’beng
崩 beng
登遐 deng’xia
晏驾 yan’jia 薨 hong
薨逝 hong’shi
登假 deng’xia
升遐 sheng’xia
La mort des
长逝 chang’shi
死亡 si’wang
永逝 yong’shi
gens ordinaires
咽⽓气 yan’qi
死了 si’le
安眠 an’mian
25
安息永眠 an’xi’yong’mian
归西 gui’xi
千古 qian’gu
照⼭山 zhao’shan
光荣 guang’rong
合上眼 he’shang’yan
⼊入地宫 ru’di’gong
亡故 wang’gu
长眠 chang’mian
归地府 gui’di’fu
陨灭 yun’mie 陨殁 yun’mo
殒⾝身 yun’shen
⽼老逝 lao’shi
善终 shan’zhong
寿终 shou’zhong
寿终正寝 shou’zhong’zheng’qin
La fin de la
逝世 shi’shi
故世 gu’shi
弃世 qi’shi
厌世 yan’shi
去世 qu’shi
过世 guo’shi
谢世 xie’shi
辞世 ci’shi
死去 si’qu
vie en terre
离世 li’shi
违世 wei’shi
就世 jiu’shi
就命 jiu’ming
Les adieux
永别 yong’bie 长别 chang’ bie 永诀 yong’jue
éternels
长辞 chang’ci
La mort des
兰摧⽟玉折 lan’cui’yu’zhe
解驾 jie’jia
respectés
巨星陨落 ju’xing’yun’luo
仙去 xian’qu
与世长辞 yu’shi’chang’ci
仙逝 xian’shi
仙游 xian’you
La mort des
⼤大故 da’gu
登仙 deng’xian
如丧考妣 ru’sang’kao’bi
parents
弃养 qi’yang
弃背 bei’qi
见背 jian’bei
26
失怙 shi’gu
La mort pour de 捐躯 juan’qu
bonnes causes
殉难 xun’nan
牺牲 xi’sheng
就义 jiu’yi
殉职 xin’zhi
殉 xun
殉国 xun’guo
国殇 guo’shang
壮烈 zhuang’lie
舍⾝身 she’shen
La mort de
病故 bing’gu
病卒 bing’cu
病逝 bing’shi
maladie
暴卒 bao’cu
La mort des
病死 bing’si
夭折 yao’zhe
病亡 bing’wang
短命 duan’ming
夭亡 yao’wang
enfants
短阳寿 duan’yang’shou 夭逝 yao’shi
夭殇 yao’shang
La mort
遇难 yu’nan
⾮非命 fei’ming
横死 heng’si
d’accident
死于⾮非命 si’yu’fei’ming
遇害 yu’hai
被难 bei’nan
毕命 bi’ming 死难 si’nan
⼭山⾼高⽔水低 gao’shan’di’shui 罹难 li’nan
丧⾝身 sang’shen
La mort des
毙 bi
呜呼 wu’hu
乌呼 wu’hu
ennemis
丧命 sang’ming
完蛋 wan’dan
毙命 bi’ming
归天 gui’tian
断⽓气 duan’qi
见阎王 jian’yan’wang
归西天 gui’xi’tian
回⽼老家 hui’lao’jia
玩⼉儿完 wan’er’wan
⼀一命呜呼 yi’ming’wu’hu
27
命归西天 ming’gui’xi’tian
⼀一命归西 yi’ming’gui’xi
⼀一命归天 yi’ming’gui’tian
La suicide
⾃自杀 zi’sha
蹈海 dao’hai
⾃自裁 zi’cai
⾃自焚 zi’fen
⾃自尽 zi’jin
⾃自戕 zi’qiang
⾃自刎 zi’wen
⾃自缢 zi’yi
⾃自绝 zi’jue
⾃自经 zi’jing
短见 duan’jian
轻⽣生 qing’sheng
1.1.1.3 Structure flexible de la langue
Par rapport aux langues occidentales, la construction
de
la
langue
simplicité
chinoise
de
sa
est
structure.
plus
Ce
flexible,
phénomène
grâce
se
à
la
manifeste
avant tout dans l’indéfinition de la nature des mots et
des
expressions,
le
contraire
de
celle
des
langues
occidentales. La combinaison des groupes de mots n’a qu’à
satisfaire la logique du sens. Autrement dit, les noms,
les
verbes,
les
adjectifs
sont
multifonctionnels.
Par
exemple la fameuse phrase de Mencius “ ⽼老 吾 ⽼老 以 及 ⼈人 之 ⽼老 ”
(lao’wu’lao’yi’ji’ren’zhi’lao), dont le mot ⽼老 (lao - âgé)
est généralement employé comme adjective. Dans la phrase
le premier ⽼老 (lao) est en fait un verbe parlant des gens
âgés de la bonne manière; les deux derniers sont utilisés
comme noms, indiquant les personnes âgées. Le sens de la
phrase est ainsi “Honorer les âgés des autres familles
comme s’ils étaient nos propres parents”. La polyvalence
des mots est assez courante dans la langue chinoise. En
28
plus, les adverbes et les adjectifs ne nécessitent pas la
conjugaison ni l’accord, peu importe leur fonction comme
le prédicat, le sujet et le complément d'objet. Les noms
peuvent d’ailleurs servir de sujet, de complément d’objet,
de complément déterminatif, de complément circonstanciel
et de prédicat. La signification des mots se transforme
librement entre le sens défini et celui qui est indéfini,
tout en dépendant de la volonté de locuteur.
Faute de changements en formes et en modes, l’ordre
des mots est devenu la règle de grammaire principale de la
langue. Les mêmes morphèmes de différentes combinaisons
ont créé des mots divers; de même, les expressions et les
phrases. Eloignée de l’organisation formelle et logique
des
langues
occidentales,
la
langue
chinoise
a
mis
l’accent sur l’intégralité de l’expression, assurée par
une
organisation
conformée
au
développement
logique
de
plusieurs blocs linguistiques.
Le structure libre offre un immense espace aux arts
linguistiques,
surtout
le
l’organisation
concerne
la
expressions,
et
la
mise
cadre
de
la
séparation
des
à
l’inverse.
poésie
mots
Deux
et
dont
des
méthodes
s’appuient sur le manque de formes grammaticales et la
nature des caractères. Chaque caractère, comme on vient de
le dire, est une totalité pourvue du radical phonétique et
du
radical
indiquant
le
sens,
permettant
de
séparer
aisément les mots composés et d’altérer les ordres. Ainsi
est né un jeu linguistique nommé 回⽂文 (hui’wen - le texte à
retournage) qui vise à représenter les rapports entre les
éléments. Par exemple:
- 做⼈人难 (zuo’ren’nan) Être homme, (c’est) difficile.
29
→ 难 做 ⼈人
(nan’zuo’ren) (Il est) difficile (d’) être
homme.
→ ⼈人 难 做
(ren’nan’zuo) (L’) homme (est un) difficile
être.
- ⼼心也可清 (xin’ye’ke’qing)
(Il est possible que) le cœur (est) aussi soit calmé.
→清⼼心也可 (qing’xin’ye’ke)
Calmer le cœur (est) aussi possible.
→可清⼼心也 (ke’qing’xin’ye)
Possible (de) calmer le cœur aussi*.
* 也
(ye) à la fin est généralement considéré comme une
particule.
→也可清⼼心(ye’ke’qing’xin)
(Il est) aussi possible (de) calmer le cœur.
(Les quatre caractères se trouvent souvent au fond d’une
tasse à thé)
Le sommet de 回 ⽂文
(hui’wen - le texte à retournage)
est sans aucun doute 璇 玑 图 (xuan’ji’tu - le tableau de
l'étoile du Nord) (se trouve à la page suivante), une
collection
des
poésies
écrites
et
arrangée
avec
intelligence par la femme lettrée Su Hui durant Les Qin
antérieurs (351 - 394). La dame a pris le temps de broder
toutes ses poésies exprimant le manque de son mari sur un
tissu d’environ vingt-six centimètres carrés avec les fils
de soie en cinq couleurs. Le mot de 心 (xin - le cœur) au
centre
été
rajouté
par
d’autres
comme
hommage
à
30
l’excellence
de
ce
projet
d’art
dont
les
couleurs
d’origines ne sont plus vérifiables.
La lecture est tellement compliquée que l’auteur Su
indiquait que c’était le secret de la famille. Mais il est
dit que ce tableau de huit cent quarante-et-un mots cache
un
total
de
trois
mille
sept
cent
cinquante-deux
des
poésies.
La
langue
s’appuie
sur
les
unités
de
morphème
syllabique pour donner un rythme linguistique. Les poèmes
antiques
sont
sans
exception
les
œuvres
lyriques
de
chanson. Les vers symétriques en longueur sont ainsi doués
d’une harmonie phonétique et d’une forme régulière. Nous
appelons ce genre de règles imposées sur la longueur des
31
vers les règles et formules de la versification. Avec le
motif d’être plus conformées aux musiques (une série des
chansons), les règles de la versification et de la forme
de rime sont deux facteurs principaux du point de vue du
rythme; quant à l’intonation, on exige des formes fixes
sur une alternance des tons plats et des tons obliques,
qui renforce l’effet cadencé.
Une
autre
manifestation
des
unités
de
morphème
syllabique est représentée par la rhétorique tel que le
parallélisme antithétique. L’antithèse demande en fait une
construction identique, linguistique et grammaticale, des
deux phrases. Dès la naissance des caractères, ceux-ci
furent
parfaitement
commodes
à
la
réalisation
du
parallélisme antithétique. Les tons de chaque caractère
rendent
d’ailleurs
le
respect
de
la
rime
encore
plus
facile. Ainsi durant l’histoire de la langue chinoise,
l’emploi de l’antithèse s’est largement répandu. En somme,
on
compte
trois
facteurs
correspondance
syllabique.
syllabes
deux
des
correspondants.
respecter
la
demandés:
La
même
totalité
phrases;
Deuxièmement,
premièrement
comme
les
construction
deux
identique
pour
les
phrases
grammaticale,
la
des
mots
doivent
les
mots
relatifs à la nature des mots. Troisièmement les deux
phrases doivent envisager une même règle des tons plats et
des
tons
obliques.
Le
parallélisme
principalement appliqué à la
antithétique
est
poésie classique. Prenons en
exemple quatre vers de la poésie de Du Fu (712 - 770)
intitulée Le neuvième jour du neuvième mois, en montant
aux lieux élevés.
32
⽆无边 落⽊木 萧萧 下,(wu’bian luo’mu xiao’xiao xia)
不尽 长江 滚滚 来。(bu’jin chang’jiang gun’gun lai)
万⾥里 悲秋 常 作客,(wan’li bei’qiu chang zuo’ke)
百年 多病 独 登台。(bai’nian duo’bing du deng’tai)
De tous côtés le bruissement des feuilles qui tombent,
Et devant soi les vagues enflées du grand fleuve, qui
viennent, qui viennent, sans jamais s’épuiser.
Ne voir au loin que l’aspect désolé de l’automne, et se
sentir étranger partout où l’on va ;
Être usé par les années et les maladies, et monter seul
aux lieux élevés.13
Mots
Nature des mots
Sens des mots
correspondants
⽆无边 wu’bian
Adjectifs
Immense
(adjectif + nom)
Inexhaustible
Noms
Les feuilles mortes;
(adjectif + nom)
Le Fleuve Jeune
Adverbes
En murmurant;
(adjectifs)
En déferlant
Verbes
Tomber;
(verbe)
Venir
不尽 bu’jin
落⽊木 luo’mu
长江 chang’jiang
萧萧 xiao’xiao
滚滚 gun’gun
下 xia
来 lai
13 Poésies de Du Fu n。43, Poésies de l’époque des Thang,traduites du chinois et présentées par le Marquis d'Hervey-­‐Saint-­‐Denys source: http://wengu.tartarie.com/Tang/Du_Fu.php 33
Structure des
Adjectif + nom +adverbe + verbe
deux premiers
vers
万⾥里 wan’li
Adjectifs
Étendu;
(nombre + nom)
Longtemps
Noms
L’automne triste;
(adjectif + nom)
La santé débile
Adverbes
Souvent;
(adjectifs)
Seul
Verbes
Rendre visite;
(verbe + nom)
Monter à la terrasse
百年 bai’nian
悲秋 bei’qiu
多病 duo’bing
常 chang
独 du
作客 zuo’ke
登台 deng’tai
rehaussée
Structure des
Adjectif + nom + adverbe + verbe
deux derniers
vers
Comme complément de la rhétorique, on observe aussi
fréquemment
la
répétition
des
mots,
par
exemple
萧 萧
(xiao’xiao murmurer) 滚 滚 (gun’gun - déferler) de la
poésie mentionnée. La répétition renforce le sens et à la
fois l’intonation sentimentale. Dans la langue moderne,
l’utilisation de la répétition dans la vie quotidienne a
changé des expressions toutes faites et des poésies aux
mots
visant
à
dorloter
l’interlocuteur,
tels
que
糖 糖
(tang’tang - le bonbon) 睡觉觉 (shi’jiao’jiao - faire dodo).
Il
y
a
nationales
bien
d’autres
concernant
la
figures
nature
de
de
rhétorique
caractères
assez
chinois,
34
comme l'anadiplose 14 et le démontage des caractères. Il
est évident que le caractère distinctif des figures de
rhétoriques
est
justement
la
traduction
esthétique
des
qualités des caractères chinois.
1.1.1.4 Style esthétique, expression de l’esprit
Les caractères chinois sont probablement une des rares
écritures permettant d’enregistrer la langue et à la fois
de servir d’une forme artistique. La calligraphie partage
le nom réputé des lavis à l’encre de Chine grâce à la
nature des caractères. Différent de la structure linéaire
des lettres, la structure des caractères chinois manifeste
une nature à deux dimensions. Les éléments se distribuent
dans
le
champ
désigné
selon
les
règles
appliquées.
D’ailleurs, comme une peinture, peu importe le nombre des
éléments,
principe
on
ne
dépasse
esthétique
de
pas
la
les
bordures.
structure
des
Ainsi
le
caractères
représente une organisation harmonieuse des traits dans un
petit carré. On souligne l’équilibre interne qui définit,
malgré les modifications relatives à la proportion des
éléments, une distribution raisonnable avec l’espace blanc.
Voici
le
principe
universel
dans
le
milieu
de
la
calligraphie. Regardons des exemples présentés à la page
suivante pour une perception directe.
14 la reprise du dernier mot d'une proposition à l'initiale de la proposition qui suit 35
La
photo
du
haut
est
un
morceau
d’une
cahier
d’exercice de calligraphie pour les débutants à qui on
enseigne de remplir trait par trait les parties du contour.
Les carrés avec les lignes croisées au centre aident à
définir le centre du mot et la distribution des radicaux.
36
Le carré marque d’ailleurs les bornes à ne pas toucher. La
photo du bas représente une démonstration sur diverses
polices incluant les caractères (du droite à gauche, de
haut en bas) ⼈人 (ren – l’homme), ⼆二 (er – deux), 享 (xiang
– réjouir), 京 (jing– le capital), 亭 (ting – le pavillon).
L’art de la calligraphie concerne en fait le jugement
esthétique de la composition.
Malgré
penchant
l’orientation
vers
le
des
symbolisme,
caractères
l’esprit
modernes
esthétique
15
se
présente sans interruption dans les traits, les structures
et les règles d’écriture. Ainsi un poème présenté dans la
bonne calligraphie donne au public une impression directe
du sujet comme une pièce de peinture. Ce qui explique
d’ailleurs que les grands poètes classiques étaient sans
exception de maîtres en écriture à encre de Chine. Les
caractères débutent par des signes imitant les figures des
objets physiques, grâce auxquelles les éléments radicaux
et leurs organisations gardent toujours un charme pictural.
Prenons comme exemples les mots de ⿅鹿 (lu - le cerf), 马
(ma - le cheval), 象 (ma - l’éléphant).
Le cerf est présenté par le côté profil soulignant les
cornes comme des branches d’arbre.
15 ce que les Chinois appellent les caractères simplifiés 37
Le
mot
symbolise
cheval
très
avec
bien
les
les
longs
crins
points
et
une
queue
caractéristiques
de
l’animal.
Par rapport au mot du cheval, on note en caractère
d’éléphant le proboscis (leur trompe) et les oreilles.
Le
processus
de
la
symbolisation
des
caractères
manifeste à la fois la poursuite de la spécificité et la
ressemblance
en
esprit.
l’écriture par 书
Mais
dans
le
compréhension
(shu’zhe,
exemple :
On
appelait
(shu - le livre) – la prise en note.
milieu
plus
ru’ye)
Par
de
intellectuel,
approfondie.
Liu
Xizai
les
Citons
16
gens
ont
une
“ 书 者 , 如 也 ”
( 1813
–
1881 ) pour
expliquer cela. La phrase indique que les mots écrits
doivent être conformes à la compréhension personnelle des
faits.
À
travers
les
traits
et
les
points
de
la
calligraphie, on est en mesure d’avoir une perception,
avec un peu d’imagination, sur les formes initiales et la
vie des existences. De la sorte, les caractères nés par
les émotions sont devenus une forme vivante qui traduit la
vie avec charme.
1.1.2 VALEURS HUMAINES DES CARACTÈRES
La langue et la civilisation partagent un lien proche
et
conditionnel.
La
culture
décide
la
structure
linguistique et les significations des expressions. Elle
16 savant chinois, consideré comme Hegel de l’Orient 38
est également responsable pour les différences parmi les
langues. De leur côté, les langues exercent une influence
sur l’évolution culturelle. Dans ce cas, les fonctions
culturelles de la langue, ou autrement dit l’humanité de
la langue, se manifestent par l’importance des caractères
en tant que majeur vecteur de la culture dans le cadre de
son héritage, sa transformation et son développement. En
bref, considérée comme une partie de la civilisation, la
langue est le lien entre les humains et le Monde. La
maîtrise de la langue maternelle suggère l’acceptation de
la totalité des valeurs culturelles, permettant aux gens
de comprendre leur environnement. De la sorte, on conclut
que l’apprentissage des traditions de la langue est une
manière d’importance de connaître la culture nationale.
1.1.2.1 Culture traditionnelle du point de vue
des caractères
On observe une base commune favorisant l’union en une
totalité de tous les champs culturels: la langue. L’effet
pénétrant de la langue garde les êtres humains dans leur
propre espace, sans la moindre possibilité de réfléchir ou
d’agir en négligeant les champs désignés par la langue. Ce
genre de champs désigné est non seulement la grammaire et
les règles de la logique, mais aussi les principes de la
culture et des traditions. De ce sens, on peut dire que la
langue donne une forme à la psychologie culturelle des
locuteurs et que les différences sociales et culturelles
se traduisent par des langues divisibles en genres et en
espèces. On dit que la langue est la forme d’expression la
plus
classique
des
traditions
nationales.
D’après
nos
analyses précédentes, on arrive à la conclusion que les
caractères chinois excellent à l’expression idéographique
39
d’une
manière
unique
et
directe
sur
la
portée
de
la
culture chinoise. Fusionnés avec les modes de pensée et
l’esprit
national,
les
caractères
chinois
offrent
une
vision complète sur les valeurs humaines.
Du point de vue de l’évolution de vocabulaire, on
constate
une
dépendance
des
deux
facteurs.
Dans
les
époques anciennes où l’élevage était un domaine important
dans la vie quotidienne, la nation Han avait établi une
catégorisation
soigneuse
des
六 畜
(liu’chu
-
les
six
animaux domestiques): les chevaux, les bœufs, les caprins,
les poules, les chiens et les cochons 17 . En plus de leurs
régions d’origine, les gens ont créé les noms des chevaux
selon le genre, l’âge, la qualité, la couleur etc. On
compte 骘 (zhi -les mâles chevaux), 骒 (luo - les femelles
chevaux), 驹 (ju - les petits des chevaux), 骟 (shan - les
chevaux châtrés), 骠 (biao - les chevaux jaunes),
骝 (liu
- les chevaux rouges à queue noir et aux crins noirs),
骃
(yin - les chevaux noirs pales et blancs), 骅 (hua - les
chevaux bordeaux), 骊 (li - les chevaux noirs) 骓 (zhui les chevaux noirs à pates blancs), 骢 (cong - les chevaux
noirs bleutes), 龙
(long - le dragon ; les chevaux tout
blancs), 驽 (nu - les mauvais chevaux qui ne courent pas
vite), 骥 (ji - les excellents chevaux) etc.
17 les animaux domestiques les plus ordinaires dans toutes les régions 40
On observe également le mot 贝 (bei - les coquillages)
et sa vaste utilisation comme radical indicatif.
coquillages
étaient
pour
une
longue
durée
de
Les
temps
utilisés comme les monnaies dans les échanges commerciaux.
Ainsi bien des caractères ont été créés avec ce radical,
permettant
aux
gens
économique
et
les
de
nos
jours
traditions
de
de
connaître
la
vie
la
présentation
des
cadeaux. Voyons des exemples dans le tableau suivant:
Usages
Les achats
Caractères
购 gou
- Acheter
贸 mao
- L’échange des biens
贩 fan
Les taxes
Sens
贡 gong
- Vendre; les marchands
-
Le
tribut;
la
recommandation
des élites à la cour impériale
Les choses
赋 fu
- Le taxe des champs
赐 ci
- La grâce accordée aux échelons
octoyées
inferieurs; la faveur
赏 shang
- La prime
赉 lai
- comme 赐 : la grâce accordée aux
échelons inferieurs
赣 qian
- comme 赐: la grâce accordée aux
échelons inferieurs
Les gages
质 zhi
- Les garanties
赘 zhui
- Hypothéquer
Les
贷 dai
- Prêter; emprunter
emprunts
41
赊 she
- L’achat à crédit
责 ze
- La dette
贳 shi
Les cadeaux
- Prêter; emprunter
赞 zan
- Offrir avec respect
赠 zeng
- Offrir sans demande de retour
贺 he
-
赂 luo
La
félicitation
avec
des
fermement
des
cadeaux
- Les biens offerts
Les rachats
赎 shu
- Retirer un gage
赀 zi
- L’amende
L’évolution
du
vocabulaire
dépend
changements sociaux. La connaissance de cette évolution
favorise, comme un miroir, les connaissances concernant
l’évolution de la société. Lorsqu’on tend à se consacrer à
des recherches sur les modes de pensée, les religions, la
philosophie
ou
les
traditions,
on
peut
facilement
retrouver leurs images dans les caractères. Par exemple :
les significations, les règles d’étymologie, les emprunts
des caractères, les noms des endroits, les autres noms des
noms de familles, les appellations dans la famille etc.,
sont sans exception le reflet de la vie sociale de la
nation de Han. Pareillement, la distribution des dialectes
donne soutien aux recherches sur l’histoire d’immigration
des nations
18
. Les chercheurs sont en disposition des
éléments utiles à propos de l’héritage culturel. On compte
18 On compte en Chine moderne cinquante-­‐six nations en total 42
divers
sujets
caractères
possibles,
et
de
la
établis
culture.
sur
la
relation
Par
exemples :
des
“les
caractères anciens – les points distinctifs de l’idéologie
des ancêtres”, “la psychologie de l’étymologie – le niveau
de la civilisation”, “les mots empruntés – les contacts
culturels”,
nations”,
“les
“les
noms
noms
de
d’endroit
familles
–
la
et
les
migration
autres
des
noms
–
l’origine des nations et les religions”, “les appellations
de famille – le système de mariage”, “les grammaires – la
psychologie de la nation”, “l’histoire linguistique de la
nation Han – la fusion des cultures” etc.
On aborde ici des morceaux de plusieurs thèmes dans la
recherche sans mentionner les dialectes. Comme complément
et comme exemple des sujets ci-dessus, le rapport entre la
formation géographique des dialectes et la nature interne
de la culture chinoise mérite quelques mots. Depuis la
dynastie Qin (221 - 206 av. J.-C.), les empereurs ont
exercé
dans
leur
royaume
la
politique
de
la
gestion
administrative régionale, réputée pour sa longue histoire,
le contrôle efficace et la partition raffinée. À l’époque
de l’économie agricole, les habitants étaient en mesure de
compter sur eux pour subvenir aux besoins. De la sorte,
ils n’étaient pas obligés de quitter leurs régions natales
pour gagner leur vie. Cela donne aux Chinois une idée
persistante sur le pays natal et sur la famille de même
nom. On constate ainsi dans les régions administratives
relativement
plus
stables
au
long
de
l’histoire
une
homogénéité forte et évidente au niveau des dialectes. De
ce
fait,
on
peut
établir
une
étude
portant
sur
les
dialectes et leurs influences sur la région, incluant les
aspects politiques, économiques, culturels etc.
43
1.1.2.2 Esprit humaniste
Le
point
distinctif
des
caractères
est
que
la
naissance et le développement des caractères respiraient
l’esprit humaniste. On le constate dans la légende sur
l’invention des caractères de Cang Jie 19 . Le Huai’nan’zi 20
indique dans son chapitre Internes qu’au moment où Cang
Jie s’est concentré sur la création des caractères, les
cornes tombaient du ciel; les fantômes ne s’empêchaient
pas de pleurer. Il est intéressant de noter les métaphores
des deux phénomènes. La chute des cornes indique, avec les
caractères, que les gens seront beaucoup plus intelligents
de
sorte
que
récompenser
la
terre
généreusement.
qu’ils
Les
travaillent
fantômes
se
va
sont
les
mis
à
pleurer parce que l’espèce humaine ne sera plus à leur
disposition. En tout, la création des caractères est un
évènement mémorable et sacré. Les ancêtres des Chinois
adoraient les caractères comme un objet divin, auquel ils
demandaient
la
grâce
et
proféraient
des
imprécations.
Jusqu’à notre époque, les gens sont sous la croyance que
les prénoms sont liés au destin et qu’il vaudrait mieux
donner aux enfants un prénom de bon augure. Par rapport
aux
demandes
personnes
leurs
des
qui
enfants
gens
vivent
par
relativement
dans
des
les
choses
plus
endroits
moins
éduqués,
ruraux
heureuses
les
nomment
et
peu
ressemblantes à un prénom d’humain, en espérant que les
diables comme le Faucheur ne pourront pas trouver les
enfants.
Depuis
la
dynastie
Song
(960
-
1279),
une
tradition circulait au milieu des lettrés: les feuilles de
papier écrites doivent être collectées dans un conteneur
spécifique pour les brûler plus tard selon les rituels.
Les
conteneurs
portaient
souvent
le
slogan
de
cette
19 ministre de l’Empereur jaune (souverain civilisateur de la plus haute antiquité) 20 ouvrage encyclopédique de cinquante-­‐quatre chapitres traitant de sujets divers 44
“ 敬 惜 字 纸 ”
tradition
épargner
gestes
les
de
(jing’xi’zi’zhi
caractères
respect
et
envers
les
les
-
respecter
papiers).
De
caractères,
tous
on
lit
et
les
le
sentiment heureux des Chinois avec la confirmation sur
leur créativité et à la fois la confiance des humains de
conquérir le Monde mystérieux et inconnu. Il est évident
que les caractères ne sont pas la création d’un esprit
divin, mais plutôt d’un fonctionnaire humain. L’évolution
des caractères soutient également l’importance des êtres
humains, de leurs observations et de leurs besoins. Les
sujets d’inspiration se trouvent près des corps humains
jusqu’aux existences physiques des alentours, tels que les
formes de la nature, les animaux, les plantes, les outils
de la vie quotidienne et ceux destinés à la bataille etc.
On trouve d’assez nombreux de caractères possédant un
radical dont le sens concerne l’homme, le corps humain et
les organes. Dans la référence classique Shuo’Wen’Jie’Zi 21 ,
les mots portant l’élément du pied arrivent à une somme
d’environ quatre cents. Par exemple : le mot ⼈人
l’humain),
formes
et
d’écriture
antiques
bien
(ren -
sont
courantes
qui
deux
attirent
l’attention sur les pieds par des dessins du côté profil.
Les mots antiques de 人 s’écrivent d’une façon très simple.
Mais on peut noter une observation précise et affinée des
ancêtres
chinois
sur
les
êtres
humains.
La
différence
principale séparant les humains aux animaux se trouve dans
les quatre membres: la proportion plus courte des bras que
celle
des
jambes,
les
jambes
flexibles
et
les
pieds
21 premier dictionnaire de caractères chinois par Xu Shen 45
permettant de marcher. Ce qui est précieux, concernant la
construction du mot, est l’idéologie humaniste des gens
tellement anciens. Le dictionnaire Shuo’Wen’Jie’Zi offre
sa
définition
de
l’être
humain:
la
nature
la
plus
distinguée parmi toutes existences entre le Ciel et la
Terre.
Et
on
trouve
cette
citation
de
William
Shakespeare22 (1564 - 1616) prononçant la même opinion:
Quel chef d’œuvre que l’homme !
Qu’il est noble dans sa raison ! Qu’il est infini
dans ses facultés !
Dans sa force et dans ses mouvements, comme il est
expressif et admirable
Par l’action, semblable à un ange ! Par la pensée,
semblable à un Dieu !
C’est la merveille du monde ! l’animal idéal !23
En plus du mot homme et de son estimation sur le
statut supérieur des humains, le caractère ⼤大 (da - grand)
décrit la totalité de l’homme avec son approche directe et
frontale: les quatre membres bien étendus ressemblant à
l’homme de Vitruve 24 de Léonard de Vinci 25 (1452 – 1519).
Le dictionnaire Shuo’Wen’Jie’Zi définit le mot comme: le
Ciel
et
la
Terre
relèvent
de
la
supériorité,
l’homme
pareil. La forme de l’homme représente cette supériorité.
Le l’écrivain Duan Yuzai (?) explique dans son livre Sur
22 l'un des plus grands poètes, dramaturges et écrivains de la culture anglaise 23 Shakespeare HAMLET Extraits bilingues, Hamlet's Humanism, L'humanisme de Hamlet, Acte II, scène 2, 303-­‐307 source : http://agalmata.tripod.com/shakespeare.html 24 Étude des proportions du corps humain selon Vitruve et réalisé par Léonard de Vinci 25 peintre florentin et maître polyvalant dans de nombreux domaines 46
Shuo’Wen’Jie’Zi26 que le caractère ⼤大 (da - grand) souligne
la possession de la tète, des mains et des pieds; ainsi
l’homme peut toucher à la fois le Ciel et la Terre.
L’idée que l’humain est aussi grand que les autres
supériorités
classique.
du
Les
Monde
gens
se
lit
partout
confirmaient
les
dans
liens
la
pensée
entre
les
humains et la nature par la création des systèmes entre
les organes vitaux du corps humain et les quatre membres
avec les choses et les phénomènes naturels. Voilà ce que
les Chinois appelle l’unité de la nature et de l’humain,
un
principe
philosophique
qui
existe
dans
toutes
les
pensées classiques chinoises. Dans un sens plus large,
l’unité indique que la physiologie, la moralité et les
autres phénomènes sociaux sont les réflexions directes de
la
nature.
Les
médecins
chinois
par
exemple,
mettent
l’accent sur les liens des deux facteurs sur lesquels sont
fondés les conseils nutrimentaires et les ordonnances.
La
bienveillance
est
le
symbole
des
savoirs
des
ancêtres sur la nature humaine, qui parle en fait de la
relation sociale. Dans les classiques tels que Mencius, le
classique
des
Shi’Ming,
la
rites,
les
bienveillance
dictionnaires
et
l’humain
Guang’Ya
sont
et
souvent
employés pour s’expliquer l’un par l’autre. Ce phénomène
s’explique parfaitement le fait que la bienveillance 仁
(ren – la bienveillance) suggère une combinaison de ⼈人
(ren – l’humain) sous forme de 亻 , et de ⼆二 (er - deux)
indiquant diverses groupes. La relation la plus intime
entre toutes sortes de groupes est donc celle des humains.
26 trente volumes portant sur les correction, les explications et les critiques textuels concernant Shuowen Jiezi, publication en 1815 47
De sorte que par la définition mutuelle des deux mots, ils
partagent la même prononciation et la même origine. Ainsi
le radical 亻 signifiant l’image d’un homme modeste (qui
se courbe), côté profil, est estimée être le symbole des
humains. On note des déviations tells que 从
(cong -
suivre) soulignant un homme qui se place derrière un autre,
⽐比
(bi - comparer) imitant deux hommes qui se mettent
épaule contre épaule. Il est observable que la structure
morale de la bienveillance s’appuie sur les liens entre la
nature interne des hommes et les règles des comportements,
et
que
le
caractère
d’établissement
d’une
chinois
relation
représente
sociale
l’intention
harmonieuse
et
pleine de tendresse.
La
comparaison
est
une
manière
assez
fréquemment
employée dans la langue. On s’intéresse à savoir comment
exprimer dans la culture chinoise la valeur morale de la
bonté. La réponse se cache dans le mot 善
(shan - la
bonté), composé de ⽺羊 (yang - les caprins) et ⾔言 (yan - la
parole). Différent de la perception occidentale des sons
ressemblant
à
la
lamentation,
le
bêlement
aimable
est
considéré comme beaucoup moins effrayant que le cri des
autres animaux. En plus, comme une espèce sociale, les
caprins traduisent les vertus de la bienveillance, de la
droiture et de la politesse. Le bêlement aimable est ainsi
la métaphore des paroles de gentillesse. De même catégorie,
on a un autre caractère 群 (qun - le groupe) qui possède
le radical de ⽺羊 (yang - les caprins) et 君 (jun - l’homme
vertueux). Ce mot indique donc que les hommes vertueux, en
tant
qu’un
groupe
d’élites,
doivent
s’entendre
48
harmonieusement
groupe
des
comme
caprins
bienveillance,
les
à
on
caprins.
l’humain
peut
Du
et
bêlement
à
la
certainement
et
le
société
de
retirer
des
significations de l’anthropologie culturelle.
Il est intéressant de noter que le mot “beau” vient de
l’expérience du goût des moutons: 美
(yang
-
les
caprins)
⼤大
+
(da
(mei - beau) = ⽺羊
-
grand).
Ce
genre
d’esthétique signifie la confirmation des jouissances des
sens
et
le
complément
pragmatisme
de
l’esprit
fréquente du radical ⼥女
particulier
esthétique,
aux
on
Chinois.
constate
Comme
l’usage
(nv - la femme). Le charme des
femmes inspire un nombre considérable de mots concernant
les sens visuels et la sensation tactile. On compte des
exemples
décrivant
le
visage,
les
gestes
et
la
mine,
listées dans le tableau suivant.
Mot
Sens
Compositions
Sens des
compositions
娓
wei
L’obéissance des
⼥女 nv
- La femme
尾 wei
- La queue
⼥女 nv
- La femme
gracieux
珊 (册)
- Le corail
(les femmes belles
shan (ce)
(册
femmes qui paraissent
tendres
(les femmes qui
suivent)
姗
shan
Les femmes à peau
claire et ses gestes
comme le corail)
est la
forme
elliptique
49
de 珊)
Les gestes élégantes
妩
⼥女 nv
- La femme
(danser avec les
舞 (⽆无)
- Danser
fleurs à la main)
wu (wu)
( ⽆无
et tendres
wu
est la
forme
elliptique
de 舞)
Affectueux et
媚
⼥女 nv
- La femme
眉 mei
- Le sourcil
⼥女 nv
- La femme
乔 qiao
- La taille
adorable
mei
(la hausse des
sourcils qui plait
les amoureux)
À chérir
娇
jiao
(les femmes grandes
et joviales)
svelte et
grande
Discret
婉
⼥女 nv
- La femme
宛 wan
- Sinueux
⼥女 nv
- La femme
朱 zhu
- le rouge
(les femmes pleines
wan
de tendresse et
réservées)
Jeune vive et belle
姝
(les jeunes filles à
zhu
lèvres rouges)
D’une
certaine
façon,
l’esprit
humaniste
est
bien
partagé à la fois par la pensée chinoise (sous forme du
système des caractères) et la pensée de la Renaissance. On
note
la
ressemblance
des
idées
dans
les
cadres
de
la
valeur des humains, de la mise au centre de l’homme, de
l’appréciation de la pratique et des bonheurs humains etc.
50
L’esprit
humaniste
l’origine
des
se
mots
et
manifeste
dans
non
leurs
seulement
dans
significations,
mais
aussi dans la flexibilité des unités de morphème lexical,
celle de la structure des phrases, et l’accentuation de la
signification (au lieu de la formalisation).
née
la
différence
nations
du
conquérir
monde
entre
l’Occident
occidental
l’extérieur
de
et
cherchent
leurs
pays
Ainsi est
l’Orient.
à
Les
exploiter
dans
le
but
et
de
réaliser des changements dans le Monde entier. En même
temps, les Chinois préfèrent se connaître et s’améliorer
eux-mêmes, espérant trouver la bonne voie de la libération.
1.1.2.3
Rapport
aux
modes
de
pensée
traditionnelles
La
pensée
présentation
d’une
nation
linguistique.
mesurer
les
caractères
pensée.
La
nature
est
Il
d’une
strictement
liée
à
la
faisable
de
est
ainsi
langue
par
les
de
concrétisation
d’intégralité
et
modes
de
attachée à la pensée chinoise est soutenue par les règles
d’organisation des caractères. Par rapport à la mise en
valeur de la logique rationnelle et de la pensée abstraite
des Occidentaux, les Chinois ont une longue histoire de la
préférence d’observer le Monde d’une façon holistique. Aux
yeux
des
philosophes
anciens,
au
lieu
des
analyses
théoriques et les expressions par la langue, la maîtrise
d’un
ensemble
naturellement
demande
devenue
l’intuition.
un
point
Cette
distinctif
dernière
du
mode
est
de
pensée chinoise traditionnelle.
L’influence de l’intuition touche au rapport entre la
forme et le sens des caractères. Par exemple, les gens se
sont appuyés sur l’image du soleil tombant et sa position
51
par rapport à la forêt ou aux touffes d'herbe pour créer
le mot 暮
(mu - le soleil couchant) avec le radical du
soleil caché en bas. Le processus de la connaissance des
caractères
permet
aux
gens
de
se
référer
aux
formes
symboliques des mots pour avoir une perception laconique
des
existences
concernées
qui
les
emmène
finalement
à
saisir le sens. Les caractères cherchent à présenter les
sens abstraits par des images concrètes. Autrement dit,
les caractères chinois peuvent être directement compris.
Ce processus diffère lorsqu’il concerne des mots composés
par
les
lettres.
L’enseignement
de
ces
derniers
prend
généralement la voie les lettres – la phonétique – les
significations.
Les Chinois attachent une grande importance au mode de
pensée intuitive et globale qui excelle à l’établissement
des deux côtés opposés. Ce mode dialectique rehausse le
taux
d’usage
expressions
du
parallélisme
linguistiques,
antithétique
surtout
au
dans
milieu
de
les
la
rhétorique. Le parallélisme antithétique est fort courant
dans toutes les sortes de poésie (shi 27 , ci 28 , qu 29 , fu 30 ),
de prose et de roman. Ce phénomène a probablement pour
cause que les paires sont considérés comme les meilleures
réalités, comme le ciel et la terre, le mari et la femme,
yin et yang etc. Les paires se trouvent également dans la
composition
des
caractères.
Les
idéophonogrammes,
la
grande majorité des caractères, disposent sans exception,
selon la définition, du radical phonétique et du radical
indiquant le sens. Les expressions toutes faites, en tant
27 unité la plus haute de la formalité et le contenue, place centrale dans la culture chinoise 28 poésie chinoise chantée et principalement pratiquée sous la dynastie Song 29 poésie chantée et pratiquée sous la dynastie Yuan 30 poésie en prose de la dynastie Han 52
qu’un
nombre
considérable
des
expressions
typiquement
chinoises, comptent dans la plupart des cas quatre mots
qui répondent aux besoins de la rhétorique du parallélisme
antithétique.
Aux
yeux
des
Chinois,
cet
équilibre
symétrique crée sans doute la beauté. Pour la même raison,
toutes les polices de la calligraphie exigent le critère
d’une
esthétique
possible
de
équilibrée
conclure
que
dans
la
la
structure.
poursuite
de
Il
la
est
beauté
symétrique résulte de la pensée dialectique.
Les Chinois respectent de beaucoup les ancêtres et les
saints. Ils ont tendance à établir des liens entre les
deux derniers et l’origine de la culture. L’histoire des
caractères, les caractères et leur créateur vivent ainsi
d’une
façon
nationale.
éternelle
Ce
transcendance
genre
dans
de
impose
la
prosternation
pensée
toutefois
aux
sincère
traditionnelle
gens
de
sans
donner
les
caractères le même respect de celui qu’ils devaient offrir
aux esprits divins. Sans le moindre doute ou idée négative,
durant leur histoire de mille ans, les caractères n’ont
pas
connu
de
protéger
la
orientés
que
transformation
nature
vers
des
révolutionnaire.
mots,
l’usage
les
Afin
changements
pratique.
La
ne
longévité
de
sont
des
caractères, grâce à l’adaptabilité très haute de la langue,
bénéficie
clairement,
d’ailleurs,
au
mode
de
pensée
traditionnelle.
Sans surprise, les caractères exercent un effet en
retour au mode de pensée. Avec à la fois l’indication
phonétique
parfaitement
et
à
celle
la
du
sens,
pensée
les
mots
symbolique.
s’adaptent
Imprégnés
par
influence de cette dernière, les gens tombaient souvent
dans l’habitude de prendre les mots au pied de la lettre.
Il
faut
également
noter
qu’au
contraire
des
écritures
53
alphabétiques, les caractères ne sont pas assez sensibles
à l’évolution de la langue. La langue écrite a adopté
depuis longtemps le processus d’intégration de nouvelles
expressions orales. La situation ne s’améliore pas pour
les dialectes et l’introduction des langues étrangères 31 .
Les caractères ont construit un système de la langue qui
la
préserve
contre
l’extérieur,
avec
un
grand
conservatisme. À l’exception de la période des Cent écoles
de
pensée
32
(770
-
221
av.
J.-C),
le
Confucianisme
a
occupé le rôle dominant dans le cadre des pensées pour
deux mille ans. La négligence et le rejet des nouvelles
idées et notions se manifestent avec une haute répétition
durant l’histoire. Conformément à la doctrine confucéenne
selon laquelle le Ciel est la seule force d’autorisation
suprême et que toutes les règles humaines doivent répondre
à la voie céleste éternelle, les philosophes ont créé en
fait une théorie qui ne varie jamais. La valeur de la
conception
pensée
orthodoxe
était
traditionnelle
interdiction.
Un
que
tel
tellement
la
dernière
contexte
ne
pénétrée
est
dans
devenue
favorise
la
une
point
l’adaptation à des nouveautés.
1.1.2.4 Traditions culturelles
Les
évènements
et
les
histoires
pris
en
compte
relèvent de l’histoire et de la sorcellerie. Les récits
historiques incluaient assez souvent des contenus sur la
vie folklorique. Ce fait indique que parmi les caractères
31 Dans la recherche suivante, on abordera les mots umpruntés du Japonais dans le mandarin. Ce phénomène ne change pas notre estimation du présente, parce que non seulement le Japonais a comme origine la langue chinoise, mais aussi les mots umpruntés sont tous les caracteres déjà existés dans la langue chinoise dont les sens sont conformes à la tradition. 32 fleurisson des philosophes et écoles de pensée 54
de premières périodes, les scientifiques ont trouvé un
nombre
considérable
des
caractères
concernant
la
vie
folklorique d’autrefois. Les inscriptions antiques gravées
sur des os d'animal ou des carapaces de tortue abordaient
souvent
comme
sujet
la
pratique
de
la
divination,
l’offrande des sacrifices, l’agriculture et la chasse. Il
est raisonnable de les considérer comme les références au
rétablissement des traditions. Dans les années suivantes,
le vocabulaire s’enrichissait suivant le développement des
coutumes. Plus complexes étaient les traditions, plus il y
avait
caractères
pour
la
description.
Prenons
comme
exemples des mots listés dans le tableau ci-dessous.
Fonction
Caractères
Nom des
幡 fan
choses
Indications
- la bannière longue et
verticale, utilisée dans les
folkloriques
rituels religieux
符 fu
- les talismans et les
incantations
- les feuilles de papier
黄表
huang’biao
Les divins et
神 shen
jaunes utilisées dans le
sacrifice aux êtres divins et
aux décèdes
- les divins
les mauvais
esprits
祖 zu
⿁鬼 gui
- les ancêtres
- les fantômes
灵 ling
- les esprits
Les souhaits
吉 ji
- la sécurité
福 fu
- le bonheur
55
旺 wang
- la prospérité
Les rituels
- l’offrande
祭 ji
祷 dao
- la prière
拜 bai
Les tabous
- le respect cérémonieux
凶 xiong
- la violence
厄 e
- le désastre
翻 fan
- l’énorme changement
(généralement à la mauvaise
orientation)
On constate que dans le cadre des expressions sur la
vie
folklorique,
d’utilisation.
le
Grâce
vocabulaire
à
ce
système
a
un
des
grand
champ
significations
complet, il est possible de raisonner sur les contenus
folkloriques multi-échelonnés, tels que la psychologie,
les comportements et la culture. En plus, à l’aide de la
nature figurative des caractères, on arrive à établir des
images concrètes des évènements.
Les caractères offrent de soutiens en références à la
connaissance des traditions culturelles. Comme ce dont on
a discuté, les caractères sont généralement composés d’un
élément indiquant soit le sens, soit l’image. Par exemple
le mot 葬 (zang - l’enterrement) avec au centre le mot 死
(si - la mort); 魂
(hun - l’âme) indique l’âme par le
radical à droite de ⿁鬼
(gui - l’esprit); le mot de la
grossesse 孕 (yun – la grossesse), suggère son indication
56
par le mot ⼦子
(zi - l’enfant) en bas. Un autre exemple
explique encore mieux la psychologie des gens d’autrefois,
le
mot
喜
sécurité/
(xi
sans
-
la
joie)
obstacle”,
avec
qui
l’indication
se
trouve
en
de
haut
“la
du
caractère, le mot 吉 (ji – sans obstacle). Au moment du
mariage, les familles aiment afficher partout dans leurs
maison le mot 囍 (xi - le duoble bonheur). La répétition
du
喜
radical
(xi
–
la
joie),
indique
l’esthétique
symétrique et raisonnant par paires des Chinois. Le mot de
doubles joies, strictement utilisé au mariage contient en
fait deux souhaits. D’abord, il représente le vœux que les
mariés puissent tous les deux vivre conjugalement jusqu'à
un bel âge. Ensuite il veut dire qu’en plus du mariage,
les familles leur souhaitent un bel avenir professionnel.
Sans
explication
officielle
manifeste
ce
la
mot
force
spécifique
arrive
des
à
ni
la
répandre
traditions.
reconnaissance
en
Chine,
Dans
une
ce
qui
culture
agricole, la terre ou le champ importe beaucoup aux yeux
des Chinois. Ils ont créé les mots 福 (fu - le bonheur) et
富 (fu -la richesse) avec l’élément de la terre en bas du
mot - ⽥田 (tian – la terre). Telle est la perception des
gens: plus vaste la terre - plus de nourriture – plus de
bonheur et de richesse. Lorsque les gens font des vœux de
bonheur, ils demandent en réalité la possession de plus
d’endroits.
De
nos
jours,
le
fait
que
les
Chinois
ont
la
superstition des chiffres n’est plus une nouveauté. Certes,
l’usage principal des chiffres relève du compte. Alors que
57
les
Chinois
les
prennent
comme
une
série
de
symboles
mystérieux. La révélation des êtres divins ou du Ciel
était en fait présumée par le calcul. La totalité des
traits
dans
le
prénom
et
le
nom
d’une
personne
était
considérée d’ailleurs comme la révélation de son destin.
Des chiffres sont jugés favorables, et les autres négatifs.
Comme la prononciation du chiffre quatre est identique à
la mort, les gens n’aiment donc pas sa ressemblance aux
mots tabous. Le mot 七 (qi - sept) donne impression d’être
coupé au milieu. Ainsi le mois de juillet en calendrier
lunaire est le mois d’exécution 33 de la pénalité de mort
par
(
la
décapitation.
qiu’hou’wen’zhan
l’automne)
-l’exécution
soutient
秋
L’expression
l’existence
après
de
cette
后
问
斩
l’arrivée
de
tradition.
Le
chiffre “huit” mérite des explications. Dans l’avis des
gens de nos jours, huit est un chiffre bien aimé parce
qu’il
représente
phonétique).
régions
où
la
Mais
les
en
gens
richesse
fait
ce
parlent
(par
mythe
le
la
est
ressemblance
venu
cantonais.
dans
Dans
d’autres régions, le chiffre huit écrit comme ⼋八
les
bien
(ba -
huit) ressemble à la séparation d’une chose commençant par
le centre. Ainsi les gens évitent le retour à la maison à
une date avec huit; des personnes âgées refusent de fêter
les anniversaires, ayant peur de quitter le monde. Au
contraire des avis différents sur le chiffre huit, les
chiffres dix et trois rencontrent rarement de détestation
dans les traditions. ⼗〸十 (shi – dix), un mot qui connecte
les quatre orientations et le centre, est adoré par les
33 33 Le chiffre sept n’est pas la seule raison de choisir l’automne pour la décapition. Tous les systèmes doivent également repondre aux rites du Ciel. L’hiver est le temps de repos, alors que le printemps et l’été sont considérés comme le temps de la reprise de vie, ainsi le temps de pardonner. 58
gens pour son état complet. Le chiffre dix est souvent
associé
aux
belles
choses,
per
⼗〸十 拿 九 稳
exemple
(shi’na’jiu’wen - dix , prendre, neuf stable) - en avoir
la
quasi-certitude;
⼗〸十 全 ⼗〸十 美
(shi’quan’shi’mei
-
dix,
complet, dix, beau) – parfait; 闻 ⼀一 知 ⼗〸十 (wen’yi’zhi’shi entendre, un, savoir, dix) – un mot est suffisant pour les
savants/
exceller
par
l’analogie.
Le
chiffre
trois,
représentant le Ciel, l’humain et la Terre, est autant
apprécié par les Chinois. Mais au lieu du sens propre de
“trois”,
il
“nombreux”
influence
est
et
généralement
“complet”.
dans
la
utilisé
dans
D’ailleurs,
construction
des
on
le
sens
constate
caractères
de
son
par
la
répétition du radical. On observe par exemple 鑫 (xin – la
prospérité)
trois
fois
d’or;
淼
(miao
-
l’eau
bien
répandue) trois fois d’eau ; 磊 (lei - être droit et loyal)
trois fois de pierre; 品 (pin - la moralité et la conduite)
trois fois de bouche; 森
(sen – la forêt) trois fois
d’arbre; 晶 (jing - la brillance) trois fois de soleil; 众
(zhong – le public) trois fois d’homme.
Les
mots
locuteurs
du
homophoniques
mandarin.
ne
Ils
sont
pas
offrent
étrangers
un
aux
environnement
favorable aux diverses traditions. En appuyant sur les
homophonies,
les
d’utilisation.
Par
gens
ont
exemple
établi
au
de
nouvel
nombreux
an,
les
moyens
Chinois
affichent sur la porte d’entrée le caractère du bonheur à
l’inverse.
Comme
la
prononciation
de
“inversé”
est
identique à celle de “arriver”, les gens expriment en fait
leur souhait que le bonheur puisse arriver. Les chauves59
souris
partageant
la
prononciation
du
bonheur
sont
également intégrés dans la vie quotidienne. En plus, les
gens aiment les gâteaux de riz glutineux (la longévité),
les poissons (avoir beaucoup plus que le nécessaire), les
lotus (des années successives) 34 , les vases (la sécurité),
les accessoires en bronze 35 (ensemble). Il y a également
des traditions de tabou concernant les mots homophoniques,
tels
que
la
poire
(la
séparation),
le
satin
(l’interruption).
En somme, il est clair que la formation des caractères
suivait
l’évolution
des
modes
de
pensée
des
Chinois
d’autrefois. En même temps, elle était synchronisée à la
culture de la nation.
caractères
jouait
un
L’influence de la normalisation des
rôle
important
dans
le
milieu
culturel. Le rapport intime des deux éléments décide de la
nécessité d’analyser les caractères des langues anciennes
chinoises afin de connaître la culture traditionnelle.
1.1.3 POINTS DISTINCTIFS DU MANDARIN
1.1.3.1 Définition de la langue chinoise moderne
La langue chinoise moderne peut indiquer deux choses.
D’abord, s’appuyant sur la prononciation du dialecte de
Pékin, le mandarin, la langue commune de tous les ethnies,
regroupe
les
langues
du
Nord
et
les
grammaires
des
classiques écrites en langue parlée ⽩白 话 ⽂文 (bai’hua’wen –
34 Les lotus sont accossiés avec les poissons dans les dessins, signifiant la prosperité dans tous les ans. 35 Les cadeaux de marriage, souhaitant aux nouveaux marriés de vivre toujours dans l’amour. 60
la langue parlée). La deuxième signification porte sur un
sens plus étroit, la langue utilisée par la nation des Han.
Les dialectes des régions se distinguent généralement par
la
prononciation,
le
vocabulaire
(mots
différents
décrivant la même chose) et la grammaire (très rarement).
Malgré
l’impossibilité
de
savoir
parler
les
autres
dialectes, les Chinois communiquent parfaitement entre eux
par la langue écrite.
Venu des langues régionales, le mandarin est une forme
de langue considérée comme supérieure aux dialectes pour
ses
avantages
dans
les
cadres
économique,
éducatif
et
politique. Le rapport entre le mandarin et les dialectes
ressemble
de
étrangères.
beaucoup
On
emprunte
aux
les
interactions
nouvelles
des
langues
expressions
des
langues régionales; et ces dernières penchent de plus en
plus vers le mandarin.
1.1.3.2 Règles du vocabulaire
Dans le système d’une langue, les facteurs les plus
stables sont la grammaire et la phonétique. Le vocabulaire,
au contraire, s’accumule par l’introduction des nouvelles
expressions.
Les
règles
du
vocabulaire
se
divisent
généralement en deux parties, l’une stable, concernant les
règles de la formation des mots, et l’autre dynamique,
portant sur le changement des mots.
-- Règles stables
L’unité
la
plus
fondamentale
d’une
langue
est
les
morphèmes lexicaux. Dès le début de la documentation des
61
langues, les morphèmes sont dans la plupart des cas les
mots monosyllabiques. Chaque mot monosyllabique correspond
à un seul caractère. Le mandarin s’est composé d’une façon
plus
précise
par
les
morphèmes
lexicaux.
Les
mots
monosyllabiques rendent possible une formation unique des
mots. Avec une total de trois mille mots monosyllabiques
ou caractères les plus courants et un autre ensemble de
trois
mille
mots
relativement
courants,
on
arrive
facilement à établir de nombreux mots les plus utilisés.
C’est-à-dire, au moment du besoin d’une expression pour
décrire une nouveauté, des milliers de morphèmes sont à la
disposition des locuteurs. Par exemple : la télévision 电
视
(dian’shi - la télévision), une composition de deux
morphèmes qui existaient déjà dans la langue.
On
compte
l’évaluation
deux
de
la
conditions
formation
des
à
satisfaire
mots
par
un
pour
certain
caractère monosyllabique. Premièrement, il faut que ce mot
porte du sens comme un seul caractère. Deuxièmement, la
combinaison
logique
et
libre
avec
un
autre
mot.
Les
morphèmes lexicaux dissyllabiques et polysyllabiques sont
rares
dans
la
langue
ancienne.
Les
morphèmes
dissyllabiques concernent plutôt les mots empruntés. Étant
donné le fait que les mots les plus courants d’aujourd’hui
sont des dissyllabes, on comprend maintenant l’influence
du japonais dans le mandarin.
On compte en fait cinq principes grammaticaux dans la
combinaison des mots dissyllabiques et polysyllabiques.
Ces
principes
sont
pareils
à
ceux
qui
régissent
la
formation des expressions avec un peu plus de liberté.
Regardons le tableau de la page suivante.
62
Règle
Juxtaposition
de mots
Exemple
Explication
紧缺 jin’que
紧 jin - être à court
défaut
de
缺 que - manquer de
祥和 xiang’he
harmonieux
回归 hui’gui
祥 xiang - serein
和 he - amical
retour
回 hui - rentrer
归 gui - redonner à
Modifiant et
modifié
科幻 ke’huan
science-fiction
美⾷食 mei’shi
gourmand
电脑 dian’nao
ordinateur
Verbe-objet
科 ke - Scientifique
幻 huan - Illusion
美 mei - Satisfaisant
⾷食 shi - Nourriture
电 dian - Électrique
脑 nao - Cerveau
解冻 jie’dong
解 jie - Défaire
dégeler
冻 dong - Congélation
减肥 jian’fei
maigrir
减 jian - Diminuer
肥 fei - Corpulence
63
Verbe
résultante
签名 qian’ming
签 qian - Signer
signature
名 ming - Nom
爆满 bao’man
爆 bao - Éclater
peuplé
满 man - Rempli
看 kan - Regarder
看透 kan’tou
pénétrer
透 tou - Percé
吃 chi - Manger
吃饱 chi’bao
Sujet—verbe
repu
饱 bao - Rebondi
家教 jia’jiao
家 jia - Famille
tuteur
教 jiao - Eduquer
邮购 you’gou
邮 you - Postal
achat par
correspondance
购 gou - acheter
资深 zi’shen
资 zi - qualification
séniorité
L’évolution
tendance
à
de
la
employer
深 shen - approfondir
langue
des
chinoise
mots
moderne
dissyllabiques.
a
une
Cette
particularité s’accorde avec les changements de la vie.
Les mots disposant de deux syllabes deviennent un groupe
qui facilite la compréhension.
64
Par exemple:
电表 dian’biao - ampèremètre = électrique + compteur
电池 dian’chi - batterie = électrique + piste
电话 dian’hua - téléphone = électrique + langue
电灯 dian’deng - lumière = électrique + lampe
电路 dian’lu - circuit = électrique + trajet
电扇 dian’shan - ventilateur = électrique + vantail
Les
mots
dissyllabiques
évitent
en
réalité
la
confusion phonétique des mots monosyllabiques. Sinon les
homophones
linguistique.
empêcheront
On
prend
la
simplicité
également
du
intérêt
système
de
noter
l’augmentation des mots triples syllabiques, surtout les
groupes portant le même syllabe final. Par exemples la
groupe de 性 (xing – la nature ; le sexe).
逻辑性 luo’ji’xing - logique
= inspecter + accommoder + nature
决定性 jue’ding’xing - déterminative
= déterminaé + inchangeable + nature
代表性 dai’biao’xing - représentativité
= intérimaire + modelé + nature
可⾏行性 ke’xing’xing - faisabilité
= pouvoir + pratiquer + nature
Les
mots
polysyllabiques
font
une
catégorie
unique
mais moins fréquente. Les Chinois préfèrent en fait la
65
simplicité. Par exemple le mot d’ordinateur 电脑 (dian’nao
–
l’ordinateur)
était
une
(da’xing’dian’zi’ji’suan’qi
électrique
(fei’die
de
-
grand
la
-
volume);
soucoupe
⼤大 型 电 ⼦子 计 算 器
fois
machine
la
soucoupe
volante)
(kong’zhong’bu’ming’fei’xing’wu
arithmétique
était
-
volante
飞 碟
空 中 不 明 飞 ⾏行 物
objet
volant
non-
identifié).
En somme, les mots monosyllabiques sont les mots de
base.
Les
phonétique
dissyllabes
évitent
le
manque
du
groupe.
Les
mots
dernier
de
simplicité
polysyllabiques
sont beaucoup moins nombreux. Lorsque les mots dépassent
la
disposition
de
quatre
syllabes,
comme
des
termes
scientifiques et propres, ils sont moins utilisés dans la
vie quotidienne.
-- Règles dynamiques
Dans le cadre de vocabulaire, l’état des mots n’est
jamais fixe. Certains mots ne sont plus employés alors que
la naissance des nouveaux mots se produit. Il y a aussi
ceux
qui
sont
réemployés
après
une
longue
rupture
et
d’autres d’une longue vie. Comme les dialectes du Nord de
la Chine, qui sont riches en l’appellation des choses, la
standardisation des mots pose souvent des problèmes. Avec
cette
compréhension,
on
prend
intérêt
à
discuter
les
notions des termes sociaux régionaux, qui incluent les
expressions de Hongkong, de Marceaux, de Taiwan et celles
des communautés des sinophobes dans les quatre coins du
monde.
On
observe
l’introduction
des
termes
sociaux
66
régionaux dans le système du mandarin. Par exemple les
expressions venant de Hongkong, telles que :
公务员 gong’wu’yuan - fonctionnaire
= publique + affaire + personne
上班族 shang’ban’zu - salarié
= aller + travail + groupe
度假村 du’jia’cun - station
= passer + vacance + village
⾮非礼 fei’li - harcèlement
= sexuel + négatif + courtois
义⼯工 yi’gong - assistant
= social + volontaire + travailleur
Les
sinophones
en
France
expressions, par exemple : 纸 张
papier)
qui
indique
“les
ont
également
leurs
(zhi’zhang - feuille de
papiers”
dans
le
sens
des
documents. Ce genre de termes n’est pas encore accepté
dans le mandarin. Parce que les termes nécessitent la
cohérence avec les règles de combinaison et l’indication
du sens d’une façon directe.
Les
dialectes,
utilisées
dans
indiquant
certaines
généralement
régions,
ont
les
pour
langues
place
dans
notre discussion les expressions hors du dialecte de Pékin
intégrées dans le mandarin. Comparons ensuite des mots
introduits et des mots refusés par le mandarin.
落⼒力 (luo’li) - 努⼒力 (nu’li) s’efforcer
乖顺 (guai’shun) - 顺从 (shun’cong) obéissant
67
巴⼠士 (ba’shi) - 公共汽车 (gong’gong’qi’che) le bus
⽇日塌 (ri’ta – le soleil tombant) - 垮 (kua - s'écrouler)
⽼老 爷 ⼉儿 (lao’ye’er – le seigneur) - 太 阳 (tai’yang – le
soleil)
⼯工 钿
(gong’din – le payement du travail aux coins
anciens) - ⼯工钱 (gong’qian – le salarie)
On constate que les expressions acceptées possèdent
les
morphèmes
compréhension
lexicaux
facile.
En
plus
même
courants
temps,
les
avec
une
expressions
refusées par le système du mandarin se trouvent en général
dans les œuvres littéraires et les presses de région,
assurant l’authenticité des caractères.
Les
emprunts
aux
langues
étrangères
attirent
sans
aucun doute des recherches approfondies. En plus de toutes
les manières de combinaison du mot qui introduisent les
emprunts en utilisant les caractères chinois, les lettres
des langues occidentales sont parfois intégrées dans la
traduction. Par exemple B 超 (B chao – l’ultrasonographie
de type B), T 恤 ( T xu – le teeshirt) 维他命 C (wei’ta’ming
C – la vitamine C).
1.1.3.3 Juxtaposition
La valeur de la Juxtaposition distingue le mandarin
des
autres
langues.
Faute
d’une
forte
morphologie,
la
combinaison des unités de sens n’a pas d’autres moyens
68
symboliques. La Juxtaposition se traduit dans plusieurs
domaines:
la
expressions,
combinaison
le
système
des
mots,
structural
la
structures
des
phrases,
les
des
caractères d’emploi du mot, la rhétorique, la ponctuation
etc. Aux yeux des sinophones, ce type de structure n’est
pas tellement difficile de comprendre. Prenons quelques
exemples.
- combinaison du mot:
(Morphèmes lexicaux du sens identiques et proches)
朋友 peng’you - ami = intime + compagnon
离别 li’bie - séparation = quitter + se séparer
道路 dao’lu - route = voie + trajet
(Morphèmes lexicaux des sens opposants)
长短 chang’duan - longueur = long + court
呼吸 hu’xi - respiration = exhaler + aspirer
开关 kai’guan - bouton = ouverture + fermeture
(Morphèmes lexicaux des sens relatifs)
⼿手⾜足 shou’zu - frère = main + pied
⼜⼝口⾆舌 kou’she - querelle = bouche + langue
⼿手脚 shou’jiao - ruse = main + pied
(Dispersion du sens d’un des deux morphèmes)
忘记 wang’ji - oublier = oublier + se rappeler de
⼈人物 ren’xiang - personnage = humain + objet
69
国家 guo’jia - état = pays + famille
- expressions
吃饱了 chi’bao’le - rassasié
= manger + repu + marque d’action archivée
吃好了 chi’hao’le - rassasié (le repas était délicieux)
=
manger + bien + marque d’action archivée
吃完了 chi’wan’le - terminé
= manger + fini + marque d’action archivée
- étymologie des caractères
信 xin - confiance = ⼈人 ren - humain + ⾔言 yan - parole
尖 jian - pointu = ⼩小 xiap - petit + ⼤大 da - grand
歪 wai - penché mauvais - 不 bu - non + 正 zheng droit
70
1.2 CULTURE
La traduction est en général l’échange interculturel
dans le cadre du changement de langue. Le lien entre les
activités de la traduction et la langue est tellement
coexistant que l’on tombe souvent dans l’illusion que pour
ce travail il suffit d’avoir des connaissances dans deux
langues. La langue a pour nature un système des signes. La
traduction
a
besoin
de
transporter
non
seulement
les
signes linguistiques, mais aussi la portée du message. La
combinaison des deux facteurs varie parmi les nations. Ce
phénomène ressemble de beaucoup à un texte sauvegardé dans
un certain format, qu’il est toujours préférable d’ouvrir
tel quel pour éviter la distorsion des informations. Le
contenu du texte d’origine est formulé dans la langue de
départ.
Ainsi
la
compréhension
effective
demande
le
soutien de la culture de la langue de départ. Avec les
informations
langue
acquises,
ciblée
et
sur
le
traducteur
sa
culture
s’appuie
pour
sur
la
finaliser
le
changement de langue. Sinon, le texte traduit risque de ne
pas pouvoir offrir une bonne lecture.
1.2.1 QUALITÉS DE CULTURE
Le terme “la culture” a un taux d’emploi assez haut à
notre époque, alors qu’en même temps, la définition de la
culture manque toujours d’unanimité. On peut disposer de
plus de deux cents descriptions sur ce terme. Néanmoins,
il
est
possible
de
trouver
une
version
bien
acceptée
universellement, avancée par Edward Burnett Tylor 36 (1832
- 1917) dans son livre titré La civilisation primitive: 36 anthropologue britannique 71
Le
mot
culture
ou
civilisation,
pris
dans
son
sens
ethnographique le plus étendu, désigne ce tout complexe
comprenant à la fois les sciences, les croyances, les arts,
la morale, les lois, les coutumes et les autres facultés
et habitudes acquises par l’homme dans l’état social.37
La culture est avant tout un ensemble organique doté
de structure à multi-échelons. Si on divise les facteurs
entre les dominants et les récessivités, on aura dans le
premier échelon les lois, les institutions, les coutumes,
les produits culturels etc., et dans le second échelon les
modes
cérébrales,
les
habitudes
psychologiques,
les
systèmes de valeur, les éléments de moralité etc. Par
rapport au premier groupe, les facteurs récessifs font
obstacle
aux
traducteurs
d’une
façon
plus
difficile
à
apercevoir. Prenons comme exemple un poème de la dynastie
Tang.
前不⾒見古⼈人, qian’bu’jian’gu’ren
後不⾒見來者;38 hou’bu’jian’lai’zhe
Je ne vois ni les sages d’autrefois,
Ni les héros à venir après moi.39
Where, before me, are the ages that have gone?
And where, behind me, are the coming generations?40
37 M.Edward B.Tylor , La Civilisation Primitive, tome 1, traduction en francais par Pauline Brunet, Nabu Press, 2012, ISBN-­‐10: 1273563573, ISBN-­‐13: 978-­‐
1273563577, page 1 38登幽州台歌 Ascension de la Terrasse de Youzhou, 陳子昂 Chen Zi’ang (661-­‐
702) 39 source: http://poesiechinoise.wordpress.com 40 http://wengu.tartarie.com On a Gate-­‐tower at Yuzhou 72
Of ancient men, none are left;
of those to come, none are seen.41
On note que la traduction des mots 前 (qian - avant,
précédant ) 后 (hou - après) dans la deuxième version sont
traduits en respectant le sens de la langue d’origine. La
première et la troisième versions ont choisi d’éviter la
traduction des deux adverbes du temps. Cette méthode est
maligne
pour
différence
que
du
la
point
traducteur
d’appui
connaît
du
temps
clairement
dans
les
la
deux
cultures. La description du temps dans la culture chinoise
fait face au passé dans presque tous les cas; alors que
dans la culture occidentale le passé est souvent ce qui
est derrière le présent. Sans la traduction mot-à-mot qui
pose certainement de confusion aux lecteurs occidentaux,
ni l’utilisation des adverbes à la manière de la langue
ciblée, la première et la troisième versions arrivent à
offrir un texte bien élaboré.
Ensuite, la culture ne se sépare pas de ses caractères
nationaux. Faute de transport pratique, les échanges entre
les
nations
n’étaient
pas
aussi
actifs
qu’aujourd’hui.
Jusqu’à notre époque, d’ailleurs, les mots comme 阴 (yin - principe féminin ou négatif en nature) 阳 (yang - aspect
ou principe mâle, actif, vivifiant de la nature) n’ont pas
d’équivalent
“Dépaysement”
dans
les
décrivant
langues
“Faire
occidentales ;
rompre
ses
le
mot
habitudes
à
quelqu'un en le mettant dans un pays, une région très
différents de ceux où il habite par le décor, le climat,
41 http://poetrychina.net The Juejue Exemplified, On Yuzhou Terrace, Chen Zi’ang, Matthew Flannery, 2013 73
les habitudes; Troubler quelqu'un, le désorienter en le
changeant de milieu et en le mettant dans une situation
qui lui donne un sentiment d'étrangeté” 42 , a été groupé
par
Ella
répandu
Frances
Sanders
intitulé
11
43
dans
son
billet
Untranslatable
Words
largement
From
Other
Cultures44.
La
culture
montre
également
comme
point
distinctif
l’apprentissage par l’acquisition. La compétence de parler
une langue est née de façon naturelle. Mais l’acquisition
de
la
culture
demande
l’environnement
de
processus
synchronisés.
sont
la
l’apprentissage.
langue
maternelle,
Ainsi
il
est
Dans
les
deux
difficile
d’apercevoir la culture dans un contexte mono-culturel.
Lorsqu’on introduit les langues étrangères, se manifeste
plus
clairement
la
déconnexion
de
la
langue
et
de
la
culture, parce que l’apprentissage de la langue étrangère
est en fait fondé sur la culture maternelle. Ce genre de
greffe aboutit, loin de l’avantage de la vigueur hybride,
à
des
malentendus
empruntée
de
inconscients.
l’Occident
matérialisme) ,
on
Par
唯 物 主 义
pense
exemple
la
notion
(wei’wu’zhu’yi
naturellement
que
-
ceci
le
est
identique au matérialisme, tout en négligeant qu’en plus
de la doctrine philosophique, le mot signifie également
“Manière de vivre, état d'esprit orienté vers la recherche
des satisfactions matérielles, de plaisirs45”.
Dernier
compatible
point,
avec
une
la
culture
autre.
La
est
en
fin
compatibilité
de
compte
est
sans
discussion la force interne de la progression linguistique.
42 Larousse 43 illustrateur 44 http://blog.maptia.com/posts/untranslatable-­‐words-­‐from-­‐other-­‐cultures 45 Larousse 74
La
traduction
joue
un
rôle
intermédiaire
dans
l’introduction des termes étrangers dans la langue ciblée.
Le
mandarin
aujourd’hui
vernaculaire
s’est
appuyé
que
les
de
Chinois
beaucoup
utilisent
sur
les
mots
introduits du Japon. Dans un temps plus récent, on note
plus
fréquemment
l’origine
occidentale
des
termes
généralement traduits par la phonétique, tels que 秀 (xiu
- show), 酷 (ku - cool), 蒙太奇 (meng’tai’qi - le montage),
⾹香槟 (xiang’bin - le champagne), 芭蕾 (ba’lei - le ballet),
苏芙蕾 (su’fu’lei - le soufflé).
1.2.2 DISPROPORTION DES CULTURES
L’influence
culturelle
est
décidée
par
plusieurs
éléments en plus du caractère propre d’une civilisation :
l’économie
de
politique,
la
d’influence
la
nation,
puissance
peut
être
la
technologie,
militaire
mesuré
etc.
le
Le
approximativement
pouvoir
quotient
par
la
comparaison du nombre des œuvres littéraires et des films
entre deux pays.
Dans un sens général, la traduction s’exécute du sens
de la culture haute à celle qui est basse. L’histoire
d’échanges de plus de mille ans entre la Chine et le Japon
est un exemple assez représentatif. Sous la dynastie Tang
(618 - 907) où la Chine était au sommet de la culture du
féodalisme,
la
totalité
des
fonctionnaires
envoyés
en
Chine par le Japon était innombrable. Ils ont ramenés dans
leur pays le régime, les sciences et les technologies,
ainsi que les caractères chinois. Les syllabaires japonais
(Les hiraganas et Les katakanas) sont créés en s’inspirant
75
des
radicaux
sémantiques
chinois.
Plus
de
trois
mille
caractères chinois sont gardés dans le système japonais.
Mais après l’essor du Japon au début de la restauration de
Meiji 46 (vers la fin du XIXe siècle), la tendance a été
changé.
Dans
les
premières
années
XXe
du
siècle,
les
étudiants chinois ont introduit des mots tels que 物 理
(wu’li - la physique), ⾰革命 (ge’ming - la révolution), ⼲干
部
(gan’bu - le cadre), 逻辑 (luo’ji - la logique) etc.
On compte plus de neuf cents mots venant du Japon dans le
dictionnaire des termes chinois d’origine étrangère
47
. Il
faut mentionner que la guerre est également importante
dans la transmission culturelle.
Ce phénomène a toutefois une histoire différente dans
le
temps
ancien.
Faute
de
moyens
efficaces
de
communication et du transport, l’influence de la culture
haute subissait souvent de la temporisation. Cela veut
dire que la valeur d’une certaine culture haute n’était
pas répandue lors de son temps. Jusqu’à la phase de chute,
les autres nations se sont finalement rendues compte de sa
beauté. Prenons comme exemple la société esclavagiste de
la Grèce. Au début du renfort de la civilisation romaine
au IVe siècle, la culture grecque était en fait toujours
la culture haute. Le premier sommet des activités de la
traduction occidentale était né à cette période de temps.
En tant que le vainqueur militaire, les Romains ont traité
la
littérature
traduction,
l’habitude
grecque
les
du
comme
traducteurs
remaniement :
leur
romains
le
dieu
trophée.
sont
Dans
tombés
suprême
la
dans
dans
la
46 conséquence directe de l'ouverture du Japon isolé 47 Cen Linxiang, le dictionnaire des termes chinois d’origine étrangère, Presse de la commerce, 1990, ISBN 710000683X/9787100006835 76
mythologie grecque Zeus a été remplacé par Jupiter; la
divinité de l'Olympe nommée Hermès par Mercure etc.
1.2.3 CONVERSATION INÉGALE
Avec l’établissement de statuts haut et bas entre les
cultures, les échanges culturels peuvent également être
considérées
différence
stratégie
comme
du
de
inégaux.
nombre
Ce
des
traduction
fait
textes
des
se
traduit
introduits
traducteurs
et
de
par
la
par
la
cultures
différentes.
Lorsqu’on parle de la quantité des textes traduits,
presque tous les classiques français ont une ou plusieurs
versions chinoises. En plus des littératures connues, bien
des films français sont importés en Chine. Mais le nombre
des
documents
histoire.
chinois
L’autre
entrés
facteur
à
en
France
mesurer
est
concerne
une
autre
le
choix
sélectif de la tactique de traduction. Superficiellement
dit,
ce
facteur
n’est
que
la
décision
personnelle
du
traducteur. La prise de décision souligne en fait l’écart
de position entre la culture maternelle du traducteur et
celle du texte d’origine.
Regardons la traduction du classique chinois 红 楼 梦
(hong’lou’meng
-
Le
Rêve
dans
le
pavillon
rouge).
On
compte deux versions françaises de 红楼梦 (hong’lou’meng Le Rêve dans le pavillon rouge) terminées toutes les deux
avant le XXIe siècle, ainsi que deux versions anglaises.
Jacqueline
Alézaïs,
André
d'Hormon,
Li
Tche-houa
ont
réalisé Le Rêve dans le pavillon rouge; Armel Guerne a
retraduit Le Rêve dans le pavillon rouge à partir de la
77
version
allemande
de
Franz
Kuhn;
la
traduction
du
sinologue anglais David Hawkes s’est nommée The Story of
the Stone; le lettré chinois Yang Xianyi 48 (1915 - 2009)
est le traducteur de la deuxième version anglaise titrée A
Dream of Red Mansions. On constate d’abord que le titre de
la version de David Hawkes n’a pas l’équivalent du mot 红
(hong - le rouge). Cette tendance se produit souvent chez
les traducteurs de la culture haute lorsqu’ils travaillent
un
texte
d’origine
d’une
culture
basse.
d’omission
du
“rouge”
donne
un
phénomène.
La
couleur
rouge
représente
prospérité,
bonheur,
l’enthousiasme,
la
exemple
Le
parfait
choix
de
ce
le
soleil,
le
la
chance,
la
chambre des jeunes femmes, ainsi que la signification de
la révolution dans les jours plus récents. En revanche,
dans la civilisation anglaise, le mot rouge est souvent
lié
à
la
violence
et
au
saignement.
Il
est
donc
compréhensible que le mot rouge ait certainement posé des
problèmes pour Hawkes. Il a choisi de ne pas traduire le
mot
rouge
afin
d’éviter
la
rupture
de
significations.
Pourtant ce mot est de haute fréquence dans le roman, il
demande donc une traduction concrète. Pour le nom de la
résidence de Jia Baoyu 怡 红 院
“Enclos
Green
égayé
Delight”
de
rouge”
(version
(yi’hong’yuan), on compte
(version
de
d’Alézaïs)
Hawkes)
“Happy
“Court
Red
of
Court”
(version de Yang). On observe clairement que la stratégie
de Hawkes est d’ajuster les différences culturelles en
adoptant les habitudes de sa culture maternelle. On trouve
d’autres exemples soutenant cette observation, tel que le
soupir de la femme de Zhou Rui 阿 弥 陀 佛 (e’mi’tuo’fo) la
version française d’ Alézaïs a employé “Amitabha”; Yang
l’a traduit par “Gracious Buddha”; et Hawkes a changé la
48 traducteur chinois 78
religion de la femme en utilisant le terme “ God bless my
soul”.
Le
caractère
influence
en
du
réalité
fond
les
culturel
décisions
du
traducteur
prises
dans
leur
travail.
1.2.4 CARACTÈRES NATIONAUX DES CHINOIS
Les
coutumes
nationales
méritent
d’être
discutées
séparément pour la raison que ce facteur est souvent lié
aux fautes ou ambiguïtés de traduction. Analysons ensuite
des phénomènes culturels typiquement chinois.
-- Modestie
Selon la culture chinoise, la modestie est souvent le
standard pour mesurer les comportements. La manifestation
d’individualité
est
ainsi
jugée
superficielle.
Dans
la
culture occidentale, les gens apprécient la modestie sans
répulsion envers les expressions d’un individu. Prenons
l’exemple d’une situation assez fréquente dans la vie,
lorsqu’un occidental donne des compliments à une Chinoise
sur son apparence, la réponse la plus naturelle d’une
Chinoise est “哪⾥里, 哪⾥里”(na’li, na’li). Il ne faut jamais
traduire cela par son sens littéral “Où, où”. Est-ce qu’on
peut utiliser la phrase “ Je suis flattée” pour exprimer
la portée de l’humilité? La réponse risque d’être toujours
négative
parce
que
“flatter”
suggère
ici
que
son
interlocuteur a un sentiment exagéré ou trompeur. De nos
jours, les gens commencent à se familiariser avec ce genre
d’expression
modeste.
Cet
occidental
peut
probablement
prendre patience en expliquant que ceci est son compliment
79
sincère. Pire parce que dans ce cas-là la femme va encore
une fois montrer de la modestie en disant “ 没有, 真的没有”
(mei’you, zhen’de’mei’you - Non, je ne suis vraiment pas
belle). Les traductions “où” et “flattée” sont toutes les
deux correctes au point de vue du sens. Mais dans des
contextes pareils, il faut plutôt prendre une expression
conformément à la fonction linguistique: “ Merci”.
Ou encore lorsque les Chinois invitent quelqu’un à la
maison pour un repas, les hôtes disent souvent “ ⼿手 艺 不
好 ”(shou’yi’bu’hao - Je ne sais pas cuisiner) “ 将 就 ⼀一
下”(jiang’jiu’yi’xia - Mangez un peu, faute de mieux) “没什
么 好 吃 的 ”
(mei’shen’me’hao’chi’de
-
Il
y
n’a
rien
de
délicieux). La traduction la plus précise n’arrive pas à
communiquer l’intention des hôtes. Telle situation demande
des traductions sans similitude pour réellement satisfaire
les expressions sous les motifs d’appréciation de soi-même
avec
modération,
par
exemples
“J'ai
préparé
les
plats
spécifiquement pour votre goût” ou “ J’espère que ce repas
vous a plu”.
-- Dépréciation de soi-même
Différente de la modestie, la dépréciation de soi-même
a généralement pour but de faire une comparaison exagérée
avec la noblesse d’autrui, ce qui fonctionne en fait comme
un compliment. Par exemple : les termes “⽝犬⼦子” (quan’zi son
fils
d’écriture
de
chien)
mauvais).
“ 拙 ⽂文 ”
Quand
(zhuo’wen
on
parle
du
mon
même
travail
sujet
80
concernant les autres personnes, les mots descriptifs sont
totalement contraires, par exemple “ 令 郎 ” (ling’lang votre fils bien aimé) “ ⼤大 作 ” (da’zuo - votre travail
réussi). Dans un certain degré, les Français sont aussi
modestes, par exemple la conclusion de l’enquête fameuse
sur le taux de lecture des Français, indiquant que les
français lisent peu/moins. Alors que dans les rapports
portant sur les caractères du peuple français, il suffit
de taper sur Google les mots clés “français” “ lecture”
dans des autres langues pour certifier leur appréciation
sur la dévotion à la lecture de la France. Mais à part
cela, les occidentaux utilisent très rarement les mots
péjoratifs dans la description de soi-même.
-- Admiration du passé
On
commence
cette
section
de
recherches
par
les
anniversaires considérés comme les plus importants dans
des cultures différentes. Au États-Unis, on parle souvent
de “Sweet Sixteen” qui célèbre l’âge de 16 ans. En France,
les occasions où l’on atteint un certain âge clé (dix ans,
vingt ans, etc.) et où l’on a obtenu le droit de s’adonner
à une activité précise des anniversaires de naissance à
fêter
d’une
façon
spéciale.
Les
Chinois
mettent
plus
d’attention aux personnes âgés de la famille dans leur
anniversaire de 五⼗〸十⼤大寿 (wu’shi’da’shou - 50 ans), 六⼗〸十⼤大寿
(liu’shi’da’shou - 60 ans), 六六⼤大寿 (liu’liu’da’shou - 66
ans) etc. l’expression de “⼤大寿” (da’shou - la longévité)
donne l’explication de l’importance de l’occasion. Il est
également à noter que dans les années récentes, à force de
81
l’influence
du
monde
occidental,
les
enfants
chinois
d’aujourd’hui s’amusent beaucoup à leur anniversaire. Pour
la raison de la tradition qui valorise en général le passé
ou autrement dit qui respecte les gens âgés, Chen Zi’ang a
utilisé le mot “avant” lorsqu’il parlait des ancêtres dans
sa poésie qu’on a citée. Son respect des ancêtres se lit
par la politesse suggérant que l’auteur a choisi de faire
face au passé.
-- Autres
Des simples exemples concrets seront cités dans le
suivant
pour
donner
l’esquisse
de
l’existence
des
différences culturelles.
-- thé rouge
Dans la plupart des cas, le thé rouge chinois est
l’équivalent du thé noir en Europe. L’histoire de ce thé a
plusieurs verveines. Il est dit que durant le processus de
fabrication, la couleur des feuilles est devenue de plus
en plus foncée; Autrement dit les Occidentaux parlent en
fait de la couleur des feuilles et les Chinois nomment le
thé selon la couleur de l’eau; Ou encore que la portion du
thé rouge importée en l’Europe était devenue noire sous la
force de la fermentation durant le transport. Il y a en
fait deux exception à noter: d’une part, le terme de “thé
rouge” existe réellement dans les langues occidentales.
Mais il indique un arbuste nommé Le rooibos. Et le mot
“thé noir” en chinois sign.
82
-- pages jaunes
Les pages jaunes indiquent un annuaire téléphonique
dont les pages sont vraiment de couleur jaune. Ce genre
d’annuaire se trouve assez rarement en Chine. Il faut
surtout noter que l’équivalent mot-à-mot chinois des pages
jaunes signifie une notion complètement isolée: les livres
charnels.
Dans
la
pratique,
les
traducteurs
chinois
utilisent en fait “les feuilles jaunes” afin d’éviter la
confusion.
-- Après vous
Le mandarin organise souvent la phrase en s’appuyant
sur
le
point
de
repère
de
soi-même.
Ce
phénomène
se
traduit dans la vie quotidienne par l’exemple le plus
représentatif “Après vous”. Les Chinois dit “ 请 ( 先 ⾛走 ) ”
(qing (xian’zou) - s’il vous plaît (allez avant moi)).
Lorsqu’on s’adresse à un roi ou à un empereur, les termes
utilises
dans
la
culture
occidentale
et
chinoise
sont
respectivement “sa majesté” et “ 陛 下 ” (bi’xia – (je me
mets)
plus
bas
que
votre
trône).
Ce
dernier
servait
d’appellation dans le temps plus ancien où l’on parlait
aux suites d’empereur, qui s’engageaient de passer les
discours.
L’appellation
a
vécu
jusqu’au
moment
où
les
fonctionnaires avaient le droit de converser directement
avec l’empereur.
83
-- À votre guise
Les Chinois tendent à répondre “ 随 便 ” (sui’bian - au
hasard, n’importe) quand leur avis est demandé par les
autres. Cette réponse reste identique dans les situations
des menus à prendre dans un restaurant jusqu’à l’heure de
départ pour aller à un endroit. La traduction “à votre
guise” respecte une partie de la signification extensive
du terme. “Je me conformerai à votre avis”, “Je prends ce
que vous me conseillez” ou simplement “Je voudrais savoir
ce que vous en pensez” sont des expressions plus proches à
la portée réelle du terme d’origine.
Pour compléter l’analyse sur la nationalité d’un pays,
il
faut
indiquer
que
cela
est
variable.
L’évolution
historique inclut souvent l’introduction des savoirs et
des
habitudes
des
pays
étrangers,
qui
change
progressivement les caractères nationaux. On entend plus
fréquemment “merci” au lieu de “ où, où”; “你好” (ni’hao bonjour, bonsoir) a remplacé “吃过了吗?” (chi’guo’le’ma ?
-
avez-vous
activités
de
mangé?)
parmi
traduction
ont
la
jeune
génération.
certainement
leur
part
Les
de
contribution dans ce changement graduel.
84
1.3 ÉCHANGES CULTURELS
1.3.1 HISTOIRE BRÈVE
1.3.1.1
Faisabilité
et
besoin
des
échanges
culturels
Lorsqu'on
nécessaire
traite
de
civilisation.
donner
On
des
échanges
une
définition
trouve
dans
le
culturels,
de
la
Larousse
il
est
notion
de
l’explication
suivante:
Ensemble
des
caractères
intellectuelle,
propres
artistique,
à
morale,
la
vie
sociale
et
matérielle d'un pays ou d'une société.
L'espèce humaine, partageant la même origine, produit
divers
fruits
créent
le
culturels.
besoin
des
Les
écarts
échanges
et
des
civilisations
leurs
caractères
en
commun les rendent possible.
Souvent
les
spécialistes
constatent,
dans
leurs
recherches culturelles sur nos ancêtres, des contenus de
croyance ressemblants ou des formes d'art similaires. Bien
d'entre
eux
similitude
cherchent
des
à
activités
comprendre
humaines
la
raison
formées
de
dans
la
des
endroits assez éloignés.
L'anthropologue américain Lewis Henry Morgan (18181881)
pose
cette
question
dans
son
œuvre
Ancient
85
Society 49 . Les personnes dont on descend ont réalisé dans
la
continuité
des
inventions
et
des
découvertes.
La
comparaison de ces catégories indique la mono-origine de
l'être humain, les exigences et le psychisme provenant de
la
nature
ou
de
la
vie
sociale
dans
diverses
phases
historiques. Partageant la théorie d'évolution sociale,
les
chercheurs
importantes.
français
Le
ont
représentant
apporté
des
primitif
contributions
de
leur
branche
nommée l'école de la sociologie, David Émile Durkheim 50
(1858-1917),
formateurs
a
essayé
d'une
de
société
et
comprendre
les
éléments
la
dont
elle
se
concurrente
de
manière
constitue.
Le
diffusionnisme
est
une
méthode
l'évolutionnisme culturel. Les savants argumentaient que
l'avancement de culture n'était possible que chez quelque
ethnie vivant à un certain endroit. La diffusion de cette
culture forme ainsi un monde autour d'elle. L'histoire
culturelle humaine est en tout l'expansion des mondes.
Dans les années 1920s, Bronislaw Malinowski 51 (18841942)
tendait
a
introduit
à
soulignait
vivre.
De
le
remplacer
que
le
cette
fonctionnalisme.
les
but
deux
final
façon,
du
théories
pour
Cette
mentionnées.
l'homme
point
approche
de
est
vue
de
de
Il
bien
la
fonctionnalité en tant que moyens s’efforçant d'atteindre
cette
envie,
la
civilisation,
sous
différentes
présentations, est considérée comme uniforme.
49
Lewis Henry Morgan, Ancient Society (Classics of Anthropology), Henry Holt and Company, New York, 1875, ISBN-­‐10: 0816509247, ISBN-­‐13: 978-­‐
0816509249 50 E. Durkheim a exprimé son opposition à la ressemblance psychique. 51 anthropologue, ethnologue et sociologue polonais 86
Vers la fin de XXe siècle, un courant de pensée nommé
le
52
Processualisme
scientifiques
fondamentale:
a
pris
occidentaux.
le
sphère
place
Il
dans
les
développe
d'interaction.
milieux
une
La
notion
culture
se
développe dans tous les lieux, mais les échanges sont
beaucoup plus intenses entre les régions limitrophes entre
celles
qui
sont
géographiquement
séparées,
tel
que
le
Monde chinois.
Joseph
53
Needham
(1900-1995)
semble
avoir
un
avis
plutôt intermédiaire. Lorsque une partie de la culture
d'une certaine nation est répandue et bien employée par
les autres, on lui est redevable de cette contribution.
Mais
souvent
on
constate
que
créations
identiques
sont
plusieurs
parties
monde.
du
des
inventions
réalisées
Dans
en
ce
ou
réalité
cas,
ces
des
dans
nations
partagent la reconnaissance. On observe une convergence
dans le cadre de l'évolution sociale. À la rencontre des
difficultés simples et ressemblantes, les gens vivant aux
quatre
coins
du
Monde
tentent
de
prendre
la
même
résolution. Limité par les environnements et la nature
humaine, l'état des civilisations isolées dans les temps
anciens montre des progrès similaires. Joseph Needham a
fourni des exemples dans son livre 54 , tel que la mise aux
oreilles ou au nez des ornements, l'attachement de la
hache
à
la
d'assemblage),
poignée
Il
(on
est
compte
possible
environ
de
dix
conclure
manières
que
les
techniques simples et applicables favorisent leur propre
diffusion, alors que la propagation d'un système de pensée
est souvent restreinte par les caractères spécifiques des
ethnies
(toutefois
rien
n'empêche
la
dispersion
des
52 autrement dit, l'archéologie processuelle, nouvelle archéologie
53 scientiste, historien, sinologue britanique 54 Science and civilisation in China (1954) 87
éléments philosophiques). Ce constat conforme aux faits
explique que dans l'antiquité, la plupart des échanges
culturels entre l'occident et l'orient se limitaient au
cadre technique.
La communication réciproque de la culture correspond
non seulement à un phénomène de convergence, mais aussi à
l'enrichissement
de
la
diversité.
La
civilisation
de
l'humanité garde depuis longtemps des liens communs.
1.3.1.2
Origine
occidentale
de
la
civilisation
chinoise
L'idée de la provenance occidentale de la civilisation
a
fait
sa
première
apparition
dans
les
années
1630s,
suivant les visites des missionnaires. Certains d’entre
eux interprétaient les notions et les activités chinoises
à partir de leurs propres connaissances. Les pictogrammes
chinois ont fait penser à missionnaires aux hiéroglyphes
employés dans les pyramides d'Égypte. Athanasius Kircher 55
(1601-1690) déclarait dans son livre 56 que les caractères
chinois sont nés des hiéroglyphes égyptiens. Son idée a
inspiré Joseph de Guignes 57 (1720-1800) qui a composé en
1758 un ouvrage portant un titre explicatif de sa vision
des choses: Mémoire dans lequel on prouve, que les chinois
sont une colonie égyptienne. Mais en réalité, l'étymologie
des caractères chinois, par exemple, embrasse plusieurs
55 Athanasius Kircher en français: Athanase Kircher, jésuite allemand 56 Athanasius Kircher, China illustrata (China monumentis illustrata) traduit en francais par Dr. Charles D.Van Tuyl depuis l'édition originale latine de 1677, Indian University Press, Bacone College ISBN-­‐10: 0940392240, ISBN-­‐13: 978-­‐
0940392243 57 Joseph de Guignes, orientaliste français 88
méthodes: 象形 (xing’sheng - le pictogramme); 指事 (zhi’shi
-
l'idéogramme
phonogramme);
au
会 意
composés); 形 声
sens
stricte);
(hui’yi
-
假 借
(jia’jie
l'idéogramme
-
le
généralement
(xing’sheng - l'idéo-phonogramme); 转 注
(zhuan’zhu - la dérivation).
Terrien de Lacouperie 58 (1845-1894), cependant, était
partisan
du
recherches
rôle
originel
de
documentaires,
linguistique
sont
plutôt
Babylone.
ses
des
Malgré
arguments
malentendus.
les
d'aspect
Citons
un
exemple : 百姓 (bai’xing - le peuple), aujourd'hui employé
pour dire la totalité des citoyens ; était les noms des
personnes d'un nombre limité. Le sens strict de 百 (bai cent) est le chiffre cent, alors que dans la plupart des
œuvres littéraires d'autrefois
百 59 (bai - cent) porte le
sens de "nombreux" et "innombrable". 姓 (xing - le nom),
le nom de famille, venant des endroits, des professions
des ancêtres ou des totems de famille 60 , était considéré
comme un privilège. Lacouperie a pris 百 姓 (baixing - le
peuple)
pour
une
évidence
de
l'influence
de
la
civilisation de Babylone. Bak Sing, autrement dit la tribu
Bak dans la langue akkadienne, servait Nakunte en tant que
son armée dans la migration vers l’Orient (en 2882 av. J.C.).
La
prononciation
proche
a
conduit
Lacouperie
à
58 Terrien de Lacouperie, orientaliste français 59 Bien d'autres chiffres sont employés d'une façon libre: 三 (san – trois) 六 (liu – six) 九 (jiu – neuf) 千 (qian – mille). 60 Tels que 牛 (niu – le bœuf); 马 (ma – le cheval); 羊 (yang – le mouton); 熊 (xiong – l'ours).
89
questionner que 百 姓
(baixing - le peuple) égalait Bak
Sing et devait signifier la noblesse61. Est-ce vrai?
En plus d'un nom de famille, il faut avoir un titre de
maître, ⽒氏 (shi - le nom de famille des nobles), pour les
statuts supérieurs. Ce titre était associé à leur fonction
et à leur apanage. Les nobles, les hommes, sont appelés
par leur dignité. Les femmes, d'ailleurs, sont appelées
par leur nom de famille si elles en possédaient
62
. Le
titre servait comme distinction hiérarchique. Le nom de
famille aidait à vérifier si le mariage était éligible.
Seul les couples de famille différente, quelque soit leur
statut social, étaient autorisés à se marier.
En
plus
de
son
idée
fausse
du
sens
de
mot,
le
sinologue s'est trompé par ignorance. James Legge 63 (1815
- 1897) avait un jugement s’opposant à l'approche de la
comparaison linguistique de Lacouperie.
...Legge
was
too
to
show
gentleman
frustration
and
courteous
the
anger
as
full
over
the
a
extent
often
scholarly
of
his
slipshod
methods, faulty logic, chauvinistic arrogance, and
surprising success of the dynamic duo of sinoBabylonianism...64
61 Terrien de Lacouperie, The Western Origin of the Early Chinese Civilization, Adamant Media Corporation, londre, 2005, ISBN-­‐10: 1402192797, ISBN-­‐13: 978-­‐
1402192791 62 Les roturiers, les gens du niveau social le plus bas, n'avaient que leur prénom. 63 James Legge, sinologue britannique 64 Norman J.Girardot, The Victorien Translation of China, James Legge's Oriental pilgrimage, University of California Press, ISBN-­‐10: 0520215524, ISBN-­‐13: 978-­‐
0520215528 London, 2002. p389
90
L'autre
grand
nom
au
milieu
de
sinologie,
Gustav
Schlegel 65 (1840-1903) n’était pas non plus convaincu. Il
critiquait:
...His
'method
of
dissecting
ancient
Chinese
characters and giving each part a phonetic value',
which allows then to be equated with polysyllabic
Chaldean words, is impossible from the standpoint
of the Chinese language...66
Cadrées
dans
civilisation,
classiques.
la
les
De
théorie
pensées
nos
jours,
monopôle
d'origine
mentionnées
sont
les
études
de
en
la
fait
fournissent
une
nouvelle vision: suite au développement d’agricultures des
poly-systèmes
67
culturels
se
sont
formés
au
long
de
Huang’He (le Fleuve Jaune) et Chang’Jiang (Yang Tsé ou le
Fleuve
Bleu).
éventuellement
La
civilisation
présenter
des
d'un
pays
phénomènes
peut
assez
particuliers. Ce genre de structure souple est ouvert à la
possibilité d'une origine étrangère.
1.3.1.3 Nestorianisme
Durant la dynastie Song (960-1279), les échanges plus
courants qu'avant permettaient la promotion des religions
étrangères. Le Nestorianisme
68
, le Manichéisme
69
et le
65 sinologue des Pays-­‐Bas, philosophe de naturalisme 66 Norman J.Girardot, The Victorien Translation of China, James Legge's Oriental pilgrimage, University of California Press, ISBN-­‐10: 0520215524, ISBN-­‐13: 978-­‐
0520215528 London, 2002. p392 67 zhongyuan 中原, haidai 海岱 , yanliao 燕辽, lianghu 两湖, jiangzhe 江浙, bashu
巴蜀 68 hérésie christologique du Vème s. de Nestorius, patriarche de Constantinople, concernant le rapport de la divinité et de l'humanité en Jésus-­‐Christ. (Larousse) 91
Zoroastrisme 70 sont considérés comme les trois religions
étrangères.
Le nom chinois du Nestorianisme est 景 教 (jingjiao –
le Nestorianisme). En l'année 635, 景 教 (jingjiao – le
Nestorianisme) a pris son début en Chine ancienne. Parmi
les découvertes de la Cave de Dun’huang, sur site des
grottes
de
Mo’gao
dans
la
province
de
Gan’su,
les
archéologues ont pu récupérer des sutras portant sur le
Nestorianisme sur lesquels la trinité est spécifiquement
indiquée. Le plus célèbre sutra se trouve d'ailleurs au
musée Bei’lin (Foret de Stèles) à Xi'an. Datant de la
dynastie
Tang
(618-907),
⼤大
intitulée
秦
en
781,
景
la
教
stèle
流
⾏行
nestorienne
中
国
(da’qin’jing’jiao’liu’xing’zhong’guo’bei - le stèle sur la
popularité
du
Nestorianisme)
mentionnait
l'histoire
du
christianisme nestorienne en Chine avec un taux de 62 sur
70 du nom des prêtres écrit à la fois en chinois et en
syriaque. Résultant de persécution antibouddhiste
prospérité
du
Nestorianisme
a
connu
une
71
rupture.
, la
Mais
selon missionnaires Guillaume de Rubrouck 72 (1215-1295) et
Marco Polo 73 (1254-1324), les Mongols restaient fidèles à
景教 (jing’jiao – le Nestorianisme).
69 doctrine des disciples de Mani. Il professait la coexistence et la lutte éternelle de deux principes: l'un bon, l'autre mauvais. 70 synonyme du mazdéisme, religion monothéiste 71 En 845, presque toutes les religions "étrangères" ont été interdites. 72 Guillaume de Rubrouck ou de Rubroeck, franciscain envoyé en Mongolie en 1253-­‐1254
73 marchand vénitien, auteur du Devisement du Monde, ou Le Livre des merveilles (1298) 92
La tête de stèle portant le titre, écrit de haut en bas, de
droite à gauche.
93
1.3.2 MIGRATION CULTURELLE
-- Déplacement des chinois en Europe
Le
transport
jamais,
surtout
intercontinental,
par
la
voie
plus
nautique,
quotidien
a
que
profondément
favorisé la mobilisation des Chinois. On note parmi eux,
une personne respectable, qui a atteint l'Europe: Rabban
Bar Sauma (1220-1294).
Bar Sauma, nestorien, a accompli avec Rabban Markos 74
(1244-1317), un pèlerinage à Jérusalem en 1275. Douze ans
plus
tard,
en
tant
qu'ambassadeur,
il
a
gagné
Rome,
l’Angleterre, la France etc. Il a d'abord rendu visite à
Andronic II Paléologue 75 (1259-1332) à Constantinople. Bar
Sauma a décidé de se diriger à Paris où il a été reçu par
Philippe le Bel IV 76 (1268-1314), plus tard à Bordeaux par
Édouard I 77 (1239-1307). En 1288 Bar Sauma est repassé par
Rome, le pape Nicolas IV 78 (1227-1292) s’est réjoui des
récits
de
la
propagation
religieuse.
Son
voyage
a
convaincu Rome et les empereurs européens du partage de
croyance
des
missionnaires
Chinois.
et
des
Un
nombre
ambassades
considérable
envoyés
en
des
Chine
favorisaient beaucoup les échanges dans les années qui
suivaient.
74 étudiant de Rabban Markos, ambassade de la Chine sous contrôle de la Mongolie vers Rome 75 Empereur byzantin du 1282 au 1328 76 Philippe IV de France, le roi de fer, onzième roi de la dynastie des Capétiens directs pendant 1285-­‐1314 77 Roi d'Angleterre de 1272-­‐1307 78 189e pape de l'Église catholique de 1288 à 1292 94
-- Arrivée des Occidentaux en Chine
Malgré la relation délicate entre l’Europe et la Chine
sous contrôle de la Mongolie et les luttes de pouvoirs,
bien des missionnaires ont pu se déplacer en Chine et
assurer leur rédaction des mémoires de voyage.
Jean de Plan Carpin 79 (1182-1252) a été commissionné
par le pape Innocent IV 80 (1180/90-1254) en Mongolie pour
la promotion de la paix et l'acquisition de connaissances
sur les habitants. Début 1247, il s'est mis à étudier de
la
vie
du
l'Histoire
France
peuple
des
mongol,
Mongols
s'intéressait
et
a
appelés
également
écrit
un
livre
nommé
par
nous
Tartares.
La
ce
pays
oriental.
En
à
1253, Louis IX 81 (1214-1270) a choisi d'envoyer en mission
Guillaume de Rubrouck (1215-1295). Le souhait d'alliance
avec Güyük Khan 82 (1206-1248) était toujours sans résultat
jusqu'à son retour. Mais son ouvrage Voyage dans l'Empire
Mongol a fait du volume, dans lequel il expliquait en
détails les pratiques de la vie des Mongols, les costumes,
le système de justice, les religions et ses journées dans
la cour royale. Ce mémoire de voyage date d’un demi siècle
plus tôt que celui de Marco Polo dans le milieu culturel.
On
trouve
d’autres
contributeurs
dans
l'histoire
des
échanges intercontinentaux, tels que le missionnaire de
Louis IX (1214-1270) André de Longjumeau 83 (1200-1271), et
le fondateur de la mission catholique de Chine Jean de
79 Giovanni dal Piano dei Carpini, ou Plano Cerpini, religieux franciscain italien 80 pape du 1243 à 1254 81 Saint Louis, roi de France de 1226 à 1270, neuvième de la dynastie des Capétiens directs. 82 fils de Gengis Khan, troisième khan suprême des Mongols 83 missionnaire et diplomate dominicain
95
Montecorvino
84
(1247-1328), sans oublier la personne la
plus reconnue Marco Polo (1254-1324)85.
Un caractère attire, cependant, l'attention lorsqu'on
examine le contenu de tous ces récits: l'ignorance de la
culture
et
phénomène
des
pensées
intéressant
est
traditionnelles
en
fait
chinoises.
compréhensible
Ce
parce
qu'il est lié au fait du règne des Mongols et de son
pouvoir
immense.
culturelle
Le
manque
traditionnelle
d'intérêt
des
porté
ethnies
à
autre
la
vie
que
les
peuples de Mongolie peut être considéré comme explicable.
-- Activités des missionnaires
Certes, la route de la soie a créé un environnement
favorable aux échanges, mais les connaissances des esprits
nationaux et des stades psychosociaux nécessitaient encore
des efforts. On doit être reconnaissant à la Compagnie de
Jésus86.
La
première
arrivée
des
jésuites
Jusqu'au décès de l'empereur Qian’Long
nombre
des
jésuites
Différent
du
chiffre
réguliers
connus
approchait
officiel,
étaient
remonte
87
quatre
le
d'environ
1552.
(1711-1799), le
cent
nombre
huit
à
cinquante.
des
cents
clercs
dont
un
Anglais, les autres étant des Européens continentaux venus
de
pays
où
le
catholicisme
exerçait
une
influence
84 aussi dit : Jean de Montecorvin, franciscain 85 Actuellement la dispute autour de Marco Polo continue. Certains refusent de reconnaître la réalité de son voyage, défendue par d’autres. Faute de preuves suffisantes, jusqu'à nos jours les deux parties n'arrivent pas à s’accorder. 86 l'ordre religieux catholique, fondé dans les années 1540s 87 Qianlong, Kien-­‐long, k'ien-­‐long, khian-­‐loung, quatrième empereur de la dynastie Qing de 1735 à 1796. 96
dominante
88
.
Le
fondateur
de
la
Compagnie
de
Jésus
François Xavier 89 (1506-1552) essayait d'entrer en Chine
ancien
par
voie
maritime.
Suite
aux
interdictions
politiques pendant la dynastie Ming 90 (1368-1644), il n'a
pas
pu
achever
suivantes,
les
son
voyage
Portugais
en
ont
1552.
établi
Dans
leur
les
années
communauté
à
Macau 91 , suivies par les prêtres. Le gouvernement de Macau
interdisait
toutefois
aux
prêtres
l'accès
aux
autres
réfléchir
Michel
régions chinoises.
Les
Ruggieri
activités
92
limitées
(1543-1607):
ont
fait
l'apprentissage
des
traditions
chinoises et de la langue est crucial pour la propagation
religieuse.
En
1580,
Ruggieri
est
entré
en
Chine
continentale, accompagné par des marchands portugais, où,
grâce à sa tenue courtoise qui conforme aux civilités
chinoises et à sa maîtrise de la langue, il a donné aux
fonctionnaires régionaux une excellente impression. Ainsi
il est devenu en peu de temps le premier prêtre autorisé à
séjourner sur le territoire central de la Chine.
Matteo Ricci 93 (1552-1610), camarade d’étude pour la
langue chinoise de Ruggieri, a dépassé le succès de son
compatriote.
D'une
part,
il
consacrait
le
temps
à
la
traduction des livres scientifiques européens, avec une
sélection des chapitres respectant la doctrine catholique
et
applicable
en
Chine.
D'autre
part
Matteo
Ricci
cherchait à établir des liens de dépendance réciproque
88 YU Ligong, la révolution de la propagation de la foi et la naissance des Églises en Chine, Presse des Olives, 2006, Taiwan, 957413587X, 9789574135875, pages 32 -­‐ 35 89 missionnaire jésuite navarrais 90 dernière dynastie dominée par les Han 91 nom portugais de la ville de Macao 92 罗明坚 Luo Mingjian, jésuite italien et missionnaire
93 利玛窦 Li Madou, jésuite italien et missionnaire 97
avec
les
apporté
1620)
fonctionnaires.
l'audience
et
l'accord
de
Ses
efforts
l'empereur
impérial
de
lui
ont
Ming’wan’li
la
94
construction
bientôt
(1563de
la
Cathédrale de l'Immaculée-Conception95 à Beijing96.
La Cathédrale de l'Immaculée-Conception d'autrefois
La Cathédrale de l'Immaculée-Conception d'aujourd'hui
94 treizième empereur de la dynastie Ming de 1572 à 1620 95 Nan tang, construction débute en 1605, finalisée en 1904 96 Pékin, capital du pays
98
L’empereur
Kang’xi
97
(1654-1722)
se
fiait
au
catholicisme pendant une longue durée de son règne. Il
s'intéressait surtout aux mathématiques du fait de travail
des prêtres. Ci-joints sont deux tableaux 98 offrant une
démonstration sur l'évolution de la propagation de la foi.
97 deuxième empereur de la dynastie Qing de 1662 à 1722 98 Shun Yulu, Le passé et le présent du catholicisme en Chine, Presse des Sciences Sociales de Shanghai, Shanghai, 1989, ISBN 9787805153261, pages 146 -­‐ 152 99
Le ratio entre les catholiques et la population totale
et celui entre les cathédrales et les temples risquent
d'être
moins
absolument
pas
satisfaisants.
négliger
les
Néanmoins
progrès
il
ne
réalisés
faut
par
les
missionnaires. Statistiquement les jésuites ont accompli
leur travail d'une manière remarquable.
Les
outre
membres
du
prêche
d'outre-mer
français
ont
en
de l'importance. Le premier missionnaire français
envoyée par la Compagnie de Jésus était Nicolas Trigault 99
(1577-1628). Soixante-dix ans plus tard que l'arrivée de
Trigault en 1611, répondant à l'invitation de l'empereur
Kang’xi,
Louis
XIV
100
(1638-1715)
a
missionné
six
99 金尼阁 Jin Nige, jésuite des Pays-­‐Bas 100 Louis le Grand, le Roi-­‐Soleil, roi de France et de Navarre
100
mathématiciens jésuites pour servir à la cour impériale à
Beijing, dont cinq entre eux sont arrivés en février 1688.
Ce
sont
Joachim
101
Bouvet
(1656-1730),
Louis-Daniel
Lecomte 102 (1666-1727), Jean-François Gerbillon
1707),
Claude
de
104
Visdelou
103
(1656-1737),
(1654-
Jean
de
Fontaney105 (1643-1710)106.
Gerbillon a participé à la négociation sino-russe et à
la
signature
du
Traité
Gerbillon
utilisait
paludisme
de
la
Kang’xi,
de
Nertchinsk
quinine
qui
a
dans
107
.
Avec
la
manifesté
Bouvet,
guérison
plus
tard
du
sa
gratitude sous forme d'un décret offrant la construction
de l'église du Saint-Sauveur
Livre
des
mutations
109
et
108
la
. Les recherches sur le
collaboration
à
la
carte
générale de la Chine, d'ailleurs, ont assuré à Bouvet une
relation proche avec Kang’xi, ainsi que la rédaction des
manuels mathématiques en mandchou 110 . Il s'est également
rendu utile auprès de Louis XIV. À part des cadeaux royaux
ramenés en France, il a publié à Paris en 1697 le Portrait
historique de l'empereur de la Chine et L'État présent de
la Chine.
101 白晋 Bai Jin, missionnaire jésuite Français 102 李明 Li Ming, missionnaire jésuite Français 103 张诚 Zhang Cheng, missionnaire jésuite Français 104 刘应 Liu Ying, missionnaire jésuite Français 105 洪若翰 Hong Ruohan, missionnaire jésuite Français 106 YU Ligong, la révolution de la propagation de la foi et la naissance des Églises en Chine, Presse des Olives, 2006, Taiwan, 957413587X, 9789574135875, page 167 107 signé le 6 septembre 1689, portant sur la frontière entre la Chine et la Russie. 108 北堂 bei’tang -­‐ l’eglise du nord 109 grand classique chinois 110 langue officielle provenant de la Mongolie 101
1.3.3 CIRCULATION DE LA CULTURE CHINOISE
1.3.3.1 Les classiques
L'exportation
des
sciences
occidentales
durant
les
dynasties Ming et Qing 111 (1368-1840) recouvrait bien des
domaines, tels que en sciences naturelles: le calendrier
et
les
phénomènes
astronomiques,
la
mathématiques,
la
physique, la génie mécanique, la géographie, la biologie,
la
médecine;
en
sciences
humaines:
l'architecture,
la
peinture, la musique etc.
Les missionnaires ont fait avancer de beaucoup les
connaissances scientifiques dans les milieux académiques.
Matteo Ricci et ses continuateurs ont en fait ouvert à
l'Occident
une
entrée
culturelle
sur
l'Extrême-Orient.
Bénéficiant de leurs savoirs, ils se lançaient dans la
traduction des grands classiques confucianistes.
Le premier traducteur occidental, Juan Cobo 112 (15461592),
a
travaillé
à
un
livre
élémentaire
intitulé
Ming’Xin’-Bao’Jian113( Grand livre sur les clarifications).
La
Compagnie
de
Jésus
jouait
un
rôle
vital
dans
l'introduction des ouvrages académiques chinois. Michel
Ruggieri pilotait la traduction des Si’Shu 114 - les Quatre
Livres. En 1578 à Guang’dong, il a traduit en latin une
partie de Da’Xue - la Grande Étude, publiée en 1593, et
Meng’Zi
-
Mencius.
Matteo
Ricci
a
fait
un
manuscrit,
malheureusement perdu, des Quatre Livres traduits en latin
111 Dû à la guerre de l'opium et la réforme sociale en démocratie, la fin la dynastie Qing (1840-­‐1912) n'est pas considérée comme consistante à la monarchie ni à la souveraineté. 112 missionnaire et sinologue espagnol 113 mélange des pensées sous présentation des dictons 114 Entretiens de Confucius, Mencius, la Grand Étude, l'Invariable Milieu
102
pendant l’année 1593-1594. La première version publiée 115
des Quatre Livres, parue durant 1662-1669 à Jian’chang,
Guang’zhou et autres villes, était une collaboration entre
Prosper
Intercetta
116
(1625-1696),
Ignatius
de
Costa
117
(1599-1666) et quinze autres jésuites. En Europe en 1678,
le Confucius Sinarum Philosophus fait son apparition 118 ,
qui
englobe
bibliographie
un
de
guide
des
Confucius
et
sutras
la
classiques,
version
latine
119
le
de
Da’Xue - la Grande École, Zhong’Yong - l'Invariable Milieu
et Lun’Yu - les Entretiens. Père Franciscus Noël 120 (16511729) a publié en 1711 à Prague la version complète des
Quatre Livres en rajoutant Meng’Zi - Mencius, Xiao’Jing Classique de la piété filiale, Xiao’Xue -les Écoles des
Enfants121.
Le mysticisme de Yi’Jing - le Classique des Mutations
poussait des missionnaires à en faire une interprétation
chrétienne. Joachim Bouvet s'est consacré pendant six ans
à la traduction du livre. La version en langue latine sans
parution
France.
est
Vers
conservée
1834,
à
la
Bibliothèque
Jean-Baptiste
Régis
122
Nationale
de
(1665-1737),
traducteur des deux volumes en latin intitulés Y-King,
Antiquissimus Sinarum Liber Quem Ex Latina Interpretatione
P. Régis Aliorumque Ex Soc. Jesu P.P a finalement eu la
115 à l'exception de Mencius 116 殷铎泽 Yin Duoze, missionnaire jésuite Italien 117 郭纳爵 Guo Najue, missionnaire Portugais 118 Ce livre est ensuite traduit en d’autres langues, telles que le français et l'anglais. 119 Il a employé la traduction élaborée en collaboration avec Prosper Intercetta et ses collègues 120 卫方济 Wei Fangji, missionnaire prêtre, sinologue
121 Zheng Liangen, les missionnaires dans l’histoire contemporaine de la Chine, Presse des Littératures innoventes, 2011, Taiwan, ISBN 9789868681583, pages 79 -­‐ 81 122 雷孝思 Lei Xiaosi, missionnaire jésuite Français 103
chance de publier son travail. Antoine Gaubil 123 (16891759)
a
traduit
en
français
Shu’Jing
-
Classique
des
documents ou Document des Anciens.
En plus des Si’Shu - Quatre Livres et des Wu’Jing 124 Cinq
Classiques,
les
jésuites
XVIIIe
du
siècle
ont
également entrepris des ouvrages littéraires. Joseph-Henri
Marie de Prémare 125 (1666-1736) a introduit en 1732 une
yuan’qu (sens littéral : la chanson) de Ji Tianxiang
-
vers
1260)
sous
le
nom
de
126
Tchao-Chi-Cou-Euil,
(?
ou
l'orphelin de la Maison de Tchao, tragédie chinoise, dont
une partie a été publiée par l’éditeur Mercure de France
en 1734. Après été comprise dans le troisième volume de
l'ouvrage de Jean Baptiste Du Halde
127
(1674-1743) dans
l'année suivante, la chanson a été largement répandue en
Europe128.
Ne se contentaient pas des versions traduites, les
missionnaires
rapportent
avec
eux
de
originaux. En 1682, Philippe Couplet
nombreux
129
livres
(1623-1693) est
reparti avec plus de quatre cents livres. Onze ans plus
tard, Joachim Bouvet a apporté environ trois cents tomes
de
livres
cartonnés
comme
cadeaux
de
bon
signe
de
l'empereur Kangxi au roi Louis XIV dont biens des livres
sélectionné par Bouvet lui-même, tels que Shu’Jing- le
Classique
des
Documents,
Chun’Qiu
-
les
Annales
des
123 宋君荣 Song Junrong, missionnaire jésuite Français 124 Classique des vers, Classique des documents, Classique des mutations, Livre des rites, Annales des Printemps et des Automnes 125 马若瑟 Ma Ruose, missionnaire jésuite, sinologue 126 Dramatiste
127 杜赫德 Du Hede, prêtre jésuite français, historien 128 Shi Guangsheng, Théatres interculturelles, la diffussion et l’interpretation, Presse de la forêt des livres, 2006, Taiwan, 9574452611, 9789574452613, pages 190 -­‐ 192 129 柏应理 Bo Yingli, jésuite brabançon 104
Printemps
et
des
Automnes,
Ben’Cao’Gang’Mu
-
Bencao
gangmu 130 , Shi’Jing - le classique des vers, Da’Qing’Lv le
Code
légal
de
Qing,
Yi’Jing
-
le
Classique
des
mutations , Li’Ji - le Livre des Rites etc131.
Depuis
appelée
1643,
la
autrefois
Bibliothèque
Bibliothèque
du
Nationale
roi,
de
France,
s'efforçait
de
collecter des livres d'origine chinoise. Le Père Jean-Paul
Bignon (1662-1745), ancien conservateur de Bibliothèque, a
demandé aux prêtres en Chine d'acheter des livres listés
par ses collègues. L'acheteur et donateur le plus réputé
était Jean-François Foucquet132 (1665-1741) pour son don de
milles titres. Foucquet a quitté Beijing pour Guangzhou en
fin 1720 en possession d'environ quatre mille tomes de
livres
emballés
collection
de
dans
sa
soixante-dix-sept
vingtaine
d'années
de
paquets,
travail.
une
Il
a
rejoint Paris en 1722 avec mille sept cents volumes de
livre en plus 133 . Son bienfait est devenu ainsi une belle
richesse de la BnF rendant possible la poursuite de la
sinologie.
1.3.3.2
Sinologie
et
culture
traditionnelle
de
Chine
L'étendue
des
connaissances
documentaires
et
académiques dévoile qu'en fait, l’intérêt des prêtres et
130 ouvrage le plus complet sur la médecine traditionnelle chinoise et les effets médicaux des herbes 131 Zheng Liangen, les missionnaires dans l’histoire contemporaine de la Chine, Presse des Littératures innoventes, 2011, Taiwan, ISBN 9789868681583, page 131 132 missionnaire jésuite français 133 Zheng Liangen, les missionnaires dans l’histoire contemporaine de la Chine, Presse des Littératures innoventes, 2011, Taiwan, ISBN 9789868681583, page 135 105
des
intellectuels
a
progressé.
La
religion
et
la
philosophie ne sont plus les seuls aspects dominants du
centre
d'intérêt.
Les
sinologues
se
sont
perfectionnés
dans les recherches culturelles.
La force vitale de leur approfondissement des savoirs
se divise communément en deux parties: la rédaction des
dictionnaires et les introductions grammaticales. Bien des
missionnaires ont essayé d'offrir un système de phonétique
européenne. Parmi eux, Michèle Ruggieri et Matteo Ricci
ont redigé en collaboration le manuscrit d’un Dicionário
Português-Chinês, qui peut être estimé comme contenant la
première
solution
phonétique
des
caractères
chinois
s'appuyant sur le système de son de la langue latine.
Matteo
Ricci
a
achevé
ce
système
en
1598,
durant
son
retour à Nanjing après le refus d'entrée dans la Capitale
du pays. D'après l'Histoire de l'expédition chrétienne au
royaume de la Chine 134 du père Nicolas Trigault 135 (15771628),
Ricci
a
mentionné
la
composition
d'une
liste
d’éléments phonétiques. Les missionnaires ont constaté que
les
caractères
étaient,
dans
la
plupart
des
cas,
des
monosyllabes avec des tons servant comme à distinguer les
significations, sans lesquels personne ne pouvait se faire
comprendre. Dans le musée Hunterian de l'Université de
Glasgow d'Angleterre, se trouve le brouillon de Philippe
Couplet, contenant ses additions à l'ouvrage de Martino
Martini
136
(1614-1661)
intitulé
Grammatica
Linguae
134 traduction en français des papiers manuscrits en latin de Matteo Ricci 135 missionnaire, jésuite des Pays-­‐Bas méridionaux
136 卫匡国 Wei Kuangguo, missionnaire, jésuite italien, géographe et cartographe 106
Sinensis
137
.
Dans
cette
période,
certains
prêtres
composaient d'ailleurs les dictionnaires des dialectes138.
Les
recherches
missionnaires
en
se
Chine,
sont
approfondies
surtout
les
grâce
jésuites
aux
Français.
Jean de Fontaney, par exemple, a réalisé une présentation
globale, portant sur les enquêtes et les observations de
la
Chine,
dans
sa
lettre
destinée
à
l'Académie
des
sciences de France le 8 novembre 1687. Cet article de
haute
importance
a
été
récapitulé
en
trois
ouvrages
e
primordiaux parus en France au XVIII siècle.
137 premier grammaire de la langue chinoise, rédaction de 1653 à 1657 en Germanie.
138 Zheng Liangen, les missionnaires dans l’histoire contemporaine de la Chine, Presse des Littératures innoventes, 2011, Taiwan, ISBN 9789868681583, page 154 107
La manuscrite de Dicionário Português-Chinês
En 1735 à Paris, Jean Baptiste Du Halde, en tant que
rédacteur
quatre
en
tomes
Historique,
chef,
a
sous
le
introduit
nom
de
Chronologique,
au
monde
Description
Politique
et
une
somme
de
Géographique,
Physique
de
l'Empire de la Chine et de la Tartarie Chinoise. En 1736
et 1746, on a lancé deux versions françaises à la Haye et
à Nuremberg, suivies par les traductions en anglais, en
allemand et en russe. Ce livre de caractère encyclopédique
a désormais servi comme référence. Les notes concrètes et
solides des affaires et les présentations complètes et
détaillées
des
sciences
orientales
ont
doté
cette
publication d'une haute crédibilité.
La
durée
de
l'édition
des
Lettres
Édifiantes
et
Curieuses, Écrites des Missions Étrangères par Quelques
Missionnaires de la Compagnie de Jésus est relativement
beaucoup plus longue par rapport au livre mentionné cidessus. Du 1702 jusqu'au 1776, le monde a reçu trentetrois
volumes
collection
des
dont
neuf
reposaient
témoignages
des
sur
la
Chine.
missionnaires
a
La
fait
évoluer les notions du public et des élites du siècle des
lumières.
Une
autre
collection
parue
en
1176,
Mémoires
Concernant l'Histoire, les Sciences, les Arts, les Mœurs,
les Usages, etc. des Chinois: par les Missionnaires de
Pékin, montrait au gens d'autrefois un aspect différent
aux
Lettres
Édifiantes
et
Curieuses
139
.
Les
Mémoires
Concernant... des Chinois. Au lieu des récits écrits par
les
missionnaires
sur
la
propagation
religieuse,
la
collection embrassait les mémoires de recherches de tous
139 collection de lettres envoyées en Europe par des jésuites missionnaires 108
les sujets. Le but de cette série ne concernait plus la
promotion du christianisme. Les éditeurs en charge de la
publication étaient en fait des sinologues. Les sujets
traités montrent une riche variété, avec l'histoire de la
Chine, les sciences naturelles, les sciences médicales et
les médicaments, les techniques des arts, la langue et les
littératures,
les
actualités
de
la
dynastie
Qing,
les
spécialités chinoises, les traditions des métiers, etc. On
trouve parmi les tomes de la collection les traductions de
Joan-Joseph
Maris
Amiot
140
(1718-1793)
sur
les
arts
militaires des Chinois, englobant Sun’Zi’Bing’Fa - l'Art
de Guerre , Si’Ma’Fa - les Méthodes de Sima, Wu’Zi - Wu
Zi. Ce Père Pierre Martial Cibot141 (1727-1780) a lui aussi
gagné
une
place
dans
cette
série
en
offrant
quelques
traductions de poésies et des recherches sur la botanique.
Il
existe
une
interprétation,
laquelle Charles Darwin
142
très
discutable,
selon
(1809-1882) s'est référé aux
Mémoires concernant... des Chinois lorsqu'il a établi la
fameuse théorie de la sélection naturelle.
1.3.3.3 Influences sur la France moderne
D'une
façon
indéfinissable,
la
culture
chinoise
a
donné un élan au siècle des lumières 143 . Les influences se
portaient en général sur Voltaire
144
(1694-1778) et la
Physiocratie145.
140 钱德明 Qian Deming, chef des missionnaires en Chine, sinologue français 141 韩国英 Han Guoying, prêtre jésuite français, missionnaire, botanique, historien 142 biologiste, auteur De l'origine des Espèces
143 mouvement intellectuel en Europe (1715-­‐1789) 144 François-­‐Marie Acouet, grand écrivain et philosophe 145 école française de pensée économique et politique 109
Le sujet de Voltaire et la Chine ont donné naissance à
bien des recherches, lesquelles souvent finissaient par
l'attestation de sa passion pour la culture chinoise. On
trouve aisément dans les œuvres de Voltaire des preuves.
Citons deux exemples:
Ils
sont
aussi
mauvais
physiciens
que
nous
l'étions il y a deux cents ans, et que les Grecs
et les Romains l'ont été mais ils ont perfectionné
la morale, qui est la première des sciences146.
Cette
fureur
des
prosélytes
est
une
maladie
particulière à nos climats; ainsi qu'on l'a déjà
remarqué, elle a toujours été inconnue dans la
haute Asie. Jamais ces peuples n'ont envoyé de
missionnaires en Europe, et nos nations sont les
seules
comme
qui
leur
aient
voulu
commerce,
porter
aux
leurs
deux
opinions,
extrémités
du
globe147.
Il est clair que les pensées chinoises, surtout le
Confucianisme, aux yeux de Voltaire, étaient un modèle de
théorie bien développé consistant au déisme148.
En tant qu'un grand écrivain, Il s'est inspiré de la
Chanson l'orphelin de la Maison de Tchao dans sa création
de
la
pièce
de
théâtre
connue
comme
l'Orphelin
de
la
Chine 149 . Le charme des lettres de ce maître a attiré les
146 Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire, tome III, Kessinger Publishing, 2010, ISBN-­‐10: 1162555262, ISBN-­‐13: 978-­‐1162555263 page 26 147 Voltaire, Oeuvres Completes de Voltaire: Avec Des Remarques Et Des Notes Historiques, Scientifiques Et Litt Raires. Essai Sur Les Moeurs..., Nabu Press, 2012, ISBN-­‐10: 127348942X, ISBN-­‐13: 978-­‐1273489426, page 212 148 croyance affirmant l'existence d'un dieu et son influence concernant plutôt l'expérience des individus, non pas par la révélation. 149 pièce représentée en 1755 à la Comédie-­‐Française 110
Français et leurs voisins européens. Ressemblant à Matteo
Ricci et à son approche de la propagation de la culture,
cette création est considérée comme un élément pionnier
des échanges littéraires.
Dans les milieux politiques et économiques, François
Quesnay
150
(1694-1774),
Physiocratie
recourut
le
fondateur
aux
règlements
de
l'école
agricoles
de
la
de
la
Chine. Il soulignait la valeur supérieure de l'agriculture
contre les monnaies et les capitaux du commerce. Le fait
que
les
règles
chinoises
favorisent
la
croissance
du
travail des champs lui a tellement plu qu'il ait évoqué en
1760 la notion de l'impôt unique 151 dans Maximes générales
du
gouvernement
économique
d'un
royaume
agricole.
D'ailleurs, Il a encouragé Louis XV152 (1710-1774) à imiter
Ji’tian : un rituel au moment du Hersage de Printemps où
l'empereur
terre
et
pour
les
rendre
hauts
fonctionnaires
hommage
à
ce
métier
travaillent
et
exprimer
la
le
souhait d'une récolte abondante153.
Anne-Robert-Jacques Turgot, baron de l'Aulne 154 (17271781) partageait l'idée d'une taxation légère. Suite à
l'indication
de
Turgot
sur
l'attachement
d'attention
à
l'agriculture chinoise et à l'agronomie, les missionnaires
ont réussi leur tâche d'introduction en Europe d’outils
agricoles, et d’espèces de plantes155.
150 médecin, économiste français 151 impôt foncier fondé uniquement sur la valeur de la terre nue. 152 le Bien-­‐Aimé, roi de France et de Navarre du 1715 au 1774
153 HOBSON John M., the Eastern origins of Western Civilisation, traduit en chinois par Sun Jiandang, Presse des Revues Illustrées de Shandong, Shandong, 2010, ISBN 9787807138501, pages 213 -­‐ 214 154 Homme d'état, économiste 155 HOBSON John M., the Eastern origins of Western Civilisation, traduit en chinois par Sun Jiandang, Presse des Revues Illustrées de Shandong, Shandong, 2010, ISBN 9787807138501, page 297 111
1.3.3.4 Querelle des rites avec la Chine
Matteo Ricci est considéré comme la personne clé de
l'acceptation
traditions
de
la
religion
chinoises,
n'étaient
pas
catholique
selon
incompatibles
leurs
avec
en
Chine.
Les
interprétations,
christianisme.
Il
a
réclamé que les termes 天 (tian - le Ciel) et 上帝(shang’di
- l’empereur du Haut) ne s'opposaient pas à la croyance en
un
Dieu
unique,
traditionnelles
et
de
que
la
les
Chine
successeur Nicholas Longobardi
supérieur
problème
de
la
d'une
Mission
autre
cérémonies
fussent
156
Ce
recevables.
Son
(1559 - 1654), général
jésuite
façon.
rituelles
en
Chine,
premier
voyait
conflit
a
ce
été
abordé dans une conférence des jésuites en 1628. Due aux
perceptions
du
Décalogue,
plus
précisément
dit
de
la
partie :
Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se
prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu,
te donne157.
La délibération a mentionné que les cérémonies rendant
hommage au Ciel et à Confucius n'avaient pas de couleur
d'idolâtrie.
La
conférence
a
proposé
plus
tard
un
remplacement de la traduction de Dieu par 天 主 (tian’wang
-
maître
du
Ciel).
En
1633,
les
deux
premiers
termes
chinois signifiant Dieu sont de nouveau accueillis dans
l'usage.
156 龙华民 Long Huamin, jésuite sicilian 157 Exode 20:12, version de Louis Segond 112
Avec l'entrée en Chine de l'Ordre des Prêcheurs 158 et
des
Ordres
Franciscains
159
,
la
dispute,
anciennement
limitée au sein de la Compagnie de Jésus, s'est aggravée
au niveau des ordres. Le pape Innocent X 160 (1574-1655) a
été dans l'obligation d'offrir un verdict pour mettre fin
à
ce
conflit
sur
l'application
des
dogmes
du
christianisme. De 1645 à 1656, le pape Innocent X a donné
une
série
de
décisions,
quelquefois
contradictoires,
à
tendance défavorable à l'approche de Matteo Ricci.
La décision de Rome a causé le mécontentement des
Mandarins qui se méfiaient depuis longtemps des techniques
occidentales.
L'empereur
l'interdiction
contre
Kang’xi
la
a
dû
diffusion
lancer
en
1664
religieuse.
Par
conséquent, la plupart des missionnaires ont été assignés
à une résidence dans la ville de Guangzhou. Cependant ils
ont
pu
profiter
de
cette
épreuve
pour
organiser
des
conférences et finalement arriver à l'accord de la reprise
des méthodes de la Compagnie de Jésus.
L'histoire
Charles Maigrot
a
connu
161
en
1693
un
sérieux
tournant.
(1652-1730) a exprimé dès sa prise de
fonction les avis opposés aux rites aux Ancêtres et à
Confucius. La Compagnie de Jésus est retournée auprès de
l'empereur
Kang’xi
pour
obtenir
son
soutien.
En
1700,
l'Édit impérial de Kang’xi concernant la signification des
coutumes chinoises a changé le parcours de ce problème
d'une
querelle
interne
dans
le
Monde
de
l'église
à
l'affrontation politique du pouvoir entre Rome et Beijing.
158 Ordre dominicain, une des ordres mendiants 159 composés de trois ordres, le plus important en nombre
160 234e pape pendant 1644 et 1655 161 阎当 Yan Dang, responsable du vicariat de la province de Fujian, prêtre séculier des missions étrangères de Paris 113
En 1704, Clément XI 162 (1649-1721) a repris la condamnation
des rites chinois en précisant l'emploi impératif de 天 王
(tian’wang
-
maître
du
Ciel),
l'interdiction
de
la
tablette impériale 163 dans les églises et les cultes des
rites. Son missionnaire messager Charles Thomas Maillard
de Tournon 164 (1667-1710) a fait une demande d'exécution
absolue
du
décret
l'excommunication.
aux
adeptes
Faute
chinois
d'appréciation
sous
de
peine
la
de
pression
intransigeante de Rome, le pouvoir de Chine de la dynastie
Qing
a
décidé
de
garder
seulement
les
prêtres
scientifiques servant la cour et de renvoyer les autres.
Pour
Traitée
une
de
longue
Nankin
165
durée
en
dans
1842,
l'histoire,
les
activités
jusqu'au
de
la
propagation de la foi étaient au minimum. En 1939, la
publication de la bulle de pape Pie XII
166
(1939-1958)
intitulée Plane compertum est, confirmant l'absence de la
nature religieuse des sujets de querelle, a finalement
fait cesser la querelle de trois siècles.
162 241e pape de 1700 aa 1721
163 tablette en bois portant le nom explicatif de l’édifice 164 铎罗 Duo Luo, cardinal italien
165 accord misant fin à la première guerre de l'opium 166 260e pape de 1939-­‐1958
114
La tablette de la cathédrale Tongyuan de la province de
Shaanxi, reproduction de la calligraphie de YU Youren
(exemplaire originel détruit pendant la révolution culturelle),
écrit de droite à gauche: la cathédrale de Tianzhu (l’église du
maître de Ciel)
115
1.4 LANGUE ET CULTURE
La langue est le porteur et le transmetteur de la
culture. On a établi le fait que la traduction traite les
deux
cultures
concernées
par
le
texte.
Il
est
donc
indispensable de connaître la relation entre la langue et
la civilisation dans le but de comprendre les informations
linguistiques
dans
les
contextes
monolingues,
et
de
transmettre à la fois les informations durant le transfert
de langue.
1.4.1 PERCEPTIONS DIFFÉRENTES DU MONDE
Il faut d’abord connaître que les phénomènes décrits
par
deux
langues
similitude
des
ne
sont
langues.
pas
identiques,
L’environnement
malgré
de
la
la
culture
diffère. Cela est l’idée principale du spécialiste Edward
Sapir 167 (1884 - 1939). Il existe avant la mentalité le
monde objectif. D’un point de vue philosophique de haute
abstraction sur la nature de l’être humain, à part les
différences
entre
les
environnements
où
vivaient
les
peuples, les conclusions de leurs observations devraient
être
identiques.
définition
certains
La
réalité
philosophique.
contextes
Les
éducatifs
s’oppose
gens
et
toutefois
sont
sociaux.
élevés
Ce
à
la
dans
genre
de
structure culturel marque les écarts entre les nations et
sans aucun doute leurs compréhensions du monde.
La
perception
de
la
même
réalité
et
de
la
même
existence sociale est diverse selon la culture, ce qui se
traduit ensuite dans la langue. Par exemple : à propos des
167 linguiste et anthropologue américain 116
appellations des membres de la famille en mandarin, om
compte “叔叔, 伯⽗父, 姑⽗父, 姨夫, 舅舅” (shu’shu, bo’fu, gu’fu,
yi’fu,
jiu’jiu)
qui
signifient
respectivement
le
frère
cadet du père, frère aîné du père , le mari d'une sœur de
son père , le mari de la sœur de la mère , le frère de la
mère. Ces personnes existent dans toutes les nations, sauf
que
les
Européens
ont
choisi
de
ne
pas
en
faire
de
distinction. Ils regroupent les appellations sous le mot
“oncle”. Les Chinois gardent les termes pour valoriser le
respect dû pour la priorité et la hiérarchie.
Dans le système divisant les types de couleur, on note
encore la différence. À part le RVB qui est le codage
informatique des couleurs, le système le plus employé dans
la vie s’appelle le code couleur CMJN 168 , qui classe les
couleurs en un total de onze couleurs principales, dont le
bleu, le blanc, le brun, le gris, le jaune, le noir,
l’orange, le rose, le rouge, le vert, le violet et leurs
nuances 169 . Les Chinois utilisait le système nommé “ 正 ⾊色 ”
(zheng’se - les couleurs classiques) qui contient “青、⾚赤、
黄 、 ⽩白 、 ⿊黑 ” (qing, chi, huang, bai, hei). C’est-à-dire le
vert, le rouge, le jaune, le blanc et le noir (ainsi que
leurs nuances) , qui représentent les cinq directions 170 .
L’importance du chiffre cinq se trouve assez souvent dans
la
culture
chinoise
traditionnelle
tels
que
les
cinq
éléments 171 , les cinq céréales 172 ,les cinq viscères 173 ,les
cinq saveurs174 etc.
168 Les initiales représentent le dosage du cyan, du magenta, du jaune et du noir. 169 Source: http://toutes-­‐les-­‐couleurs.com 170 l’est, l’ouest, le sud, le nord et le centre 171 le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre 172 le riz, le maïs, le millet, le blé et l’haricot 117
Les
Français
séparent
les
cours
d’eau
en
deux
catégories: les eaux se jetant dans la mer sont nommées
les fleuves, sinon ce sont des rivières. En même temps les
Chinois font leur catégorisation des eaux selon leur débit.
Il ne faut pas oublier la branche d’astrologie dont
les douze symboles du zodiaque chinois qui représentent
l’année et toutes les deux heures du jour, et le zodiaque
occidental
signifiant
le
mois.
Les
signes
d’astrologie
chinois incluent les animaux existants et imaginaires: ⿏鼠
(shu - le rat), ⽜牛 (niu - le buffle), 虎 (hu - le tigre), 兔
(tu - le lièvre), 龙
(long - le dragon), 蛇
(she - le
serpent), 马 (ma - le cheval), ⽺羊 (yang - le chèvre), 猴
(hou - le singe), 鸡 (ji - le coq), 狗 (gou - le chien), 猪
(zhu
-
le
cochon).
Les
douze
animaux
du
système
astrologique proches de la vie quotidienne des Chinois
sont
bien
parfois
un
partagés
ou
deux
dans
les
cultures
remplacements.
asiatiques
Quant
à
avec
l’horoscope
occidental, on compte le Bélier, le Taureau, les Gémeaux,
le Cancer, le Lion, le Vierge, l’équilibre, le Scorpion,
le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau, les Poissons.
Les douze signes dans chaque système correspondent à la
projection de la trajectoire du Soleil du point de vue de
la terre.
La question suivante se porte naturellement sur la
division en douze. Parmi toutes les théories, on a trouvé
cette citation intéressante:
173 le cœur, le foie, la rate, le poumons et les reins 174 sucré, acide, amère, piquant et salé 118
En
l'occurrence,
le
système
duodécimal
viendrait
de
l'utilisation d'une seule main pour compter. Le pouce de
la main droite s'oppose aux autres doigts et compte toutes
les phalanges de ces doigts.175
source: http://www.louisg.net
Toutefois,
ce
système
babylonien
risque
de
ne
pas
pouvoir s’adapter à la culture traditionnelle chinoise. Le
compte
de
numéro
s’est
fait
principalement
selon
deux
méthodes: soit par le total du caractère 正 (zheng - juste)
qui contient cinq traits; soit par les gestes de la main
qui manifeste à la main seule des chiffres de un à dix.
En plus de tous les exemples concernant le système de
valeur,
l’environnement
événements
importants
de
et
vie
les
ou
les
coutumes,
personnages
des
les
œuvres
littéraires contribuent de beaucoup à l’enrichissement des
expressions nationales.
175 Calendriers Saga Les divisions du jour, source: http://www.louisg.net/division_jour.htm 119
1.4.2 CONTEXTES CULTURELS
L’outil majeur des échanges est sans aucun doute la
langue.
Les
contextes
échanges
concrets.
sont
Le
toujours
rapport
exécutés
entre
les
dans
des
contextes
culturels et les langues attire également l’attention des
chercheurs. Les concepts du contexte haut et du contexte
bas ont été lancés en 1976 par Edward Twitchell Hall 176
(1914 - 2009). Selon Hall, un échange inclut deux éléments:
le
texte
et
le
contexte.
Plus
nombreuses
sont
les
informations fournies dans le texte, moins nombreuses sont
les informations demandées au contexte; et vice versa. Par
exemple lors des premiers échanges entre deux étrangers,
les
interlocuteurs
ont
besoin
de
fournir
une
grande
quantité de données textuelles. Alors entre les amis, il
suffit dans certains cas d’un regard.
Lorsqu’on
interculturels,
fait
le
la
comparaison
besoin
du
contexte
des
varie
échanges
selon
les
cultures concernées. Hall a ainsi introduit la division
des cultures: les cultures de contexte haut et celles de
contexte bas. Dans le premier cas, les informations sont
plutôt
conservées
individus;
Au
dans
contraire,
le
contexte
les
et
cultures
la
de
pensée
des
contexte
bas
sauvegardent de nombreuses données dans toutes sortes de
textes. Il faut donc comprendre la différence entre les
définitions de Hall et les notions de cultures hautes et
basses dont on vient de parler.
Dans les situations du transfert des informations, il
est plus facile d’aller du contexte haut au contexte bas.
La transmission inverse demande donc plus de précisions
textuelles pour compléter les déficiences possibles. Du
176 anthropologue et spécialiste américain de l'interculturel 120
point de vue général, par rapport au texte réécrit dans la
langue ciblée, le texte d’origine est plus direct et plus
en accord avec la grammaire, sans signification divergente.
Quelles que soient les causes diverses de ce phénomène, le
contexte du texte d’origine exerce une forte influence sur
le résultat. Les lecteurs ciblés s’écartent de beaucoup de
ceux du texte originel. Faute des informations internes et
contextuelles, les traducteurs sont dans l’obligation de
les rajouter au texte traduit.
Eugene Nida 177 (1914 - 2011) a employé les tuyaux de
décodeur
178
pour
expliquer
la
distorsion
d’informations
durant le processus de la traduction. Imaginons un paquet
compacté
d’informations
traduction.
Les
et
traducteurs
un
tuyau
sont
donc
symbolisant
la
responsables
de
faire passer ce paquet à l’autre bout du tuyau. Dans les
échanges utilisant la même langue, qui sert de référence
des
comparaisons
suivantes,
la
hauteur
du
paquet
est
identique à celle de tuyau permettant un passage facile.
Quant à la traduction littérale, le tuyau est considéré
comme plus bas que le paquet d’informations, ce qui est
lié
aux
pertes
de
sens.
La
traduction
libre
prend
la
méthode s’adaptant à la hauteur du tuyau en compressant le
paquet. Le paquet aplati et allongé (puisse qu’il englobe
la
même
totalité
des
informations)
peut
désormais
se
déplacer vers la destination.
1.4.3 EXEMPLES DES DIFFÉRENCES DE LA PERCEPTION
177 linguiste et traducteur américain 178 Eugene Nida, Toward a Science of Translating, Presse de l’éducation des langues étrangères, traduction en chinois par des traducteurs anonymes, Presse de l’éducation des langues étrangères, Shanghai, 2004, ISBN 9787810950701, pages 130 -­‐ 131 121
Bien des mots portent des sens extensifs dans diverses
langues.
La
culture
de
la
nation
principale
chinoise,
celle de Han, est typiquement une civilisation agricole.
Alors que les pays d’Europe se familiarisent avec les
échanges commerciaux. La culture de l’Europe a ainsi une
nature maritime. On peut fournir des exemples dans le
cadre
des
animaux
pour
démontrer
les
différentes
perceptions entre les deux continents. Les gens accordent
souvent des qualités à certains animaux. Les comparaisons
évoquent parmi les peuples des idées différentes selon le
contexte culturel.
-- Buffle et cheval
Dans la société agricole telle que celle de la Chine
ancienne, les buffles sont la force la plus importante
pour
tracer
les
sillons.
Le
lien
très
fort
entre
les
humains et leur travail de la terre assure la comparaison
des buffles avec la personnification de la force, de la
peine
consacrée
et
de
la
constance.
Dans
les
pays
européens, les races bovines sont considérées comme des
bêtes d’élevage qui produisent le lait et la viande. Les
laboureurs, les guerres, les transports et les sports sont
tous inséparables des chevaux, excellant dans les travaux
demandant la force et la vitesse. Les qualités accordées
aux buffles bien aimés par les Chinois sont accordées aux
chevaux en Europe.
-- Tigre et Lyon
Les
tigres
robustesse
trouvent
et
assez
signifient
la
l’héroïsme,
hardiesse.
fréquemment
Les
dans
images
les
le
courage,
des
lavis
la
tigres
se
chinois.
Le
122
caractère chinois du tigre est également apprécié par le
monde de la calligraphie. Le nom du tigre est largement
utilisé parmi les prénoms des garçons. Mais ce roi des
animaux chinois n’a pas la même influence en Europe. Les
Européens
admirent
les
lions.
Selon
les
traditions
chrétiennes, le Lion de Judah symbolise Jésus-Christ. Il
se trouve également dans les symboles des royautés. Il est
intéressant de noter que les statues de lion sont en fait
assez répandues en Chine. Mais au lieu d’être des animaux
sacrés, ils servent comme les gardiens de la porte contre
les esprits vices.
-- Dragon
Le
caractère
du
dragon
est
encore
plus
largement
utilisé comme prénom chinois, avec le souhait de tout ce
que le dragon symbolise. Mais rares sont les occasions où
les parents occidentaux expriment leurs vœux pour un bel
avenir de leurs enfants comme un dragon. Aux yeux des
Occidentaux, les dragons sont plutôt monstrueux.
En
tant
qu’animal
mythique
qui
sait
voltiger
dans
l’air, le dragon chinois est l’incarnation du bonheur. Les
empereurs se proclamaient les fils célestes du dragon 真龙
天⼦子 (zhen’long’tian’zi). Les outils des empereurs portent
souvent la description de dragon, par exemple la chaise du
dragon, le lit du dragon etc. Jusqu’à aujourd’hui, les
Chinois
s’appellent
(long’de’chuan’ren).
les
Mais
héritiers
dans
les
du
dragon
récits
龙 的 传 ⼈人
d’Europe,
le
dragon est un monstre de malédiction qui crache le feu.
L’histoire la plus fameuse est sans doute le poème épique
123
anglo-saxon du Beowulf (VIIe siècle). Le héros de cette
histoire acquiert la gloire après le combat contre le
dragon
des
Goths.
Faute
de
similitude
entre
les
deux
genres de dragons, les gens pensaient que la traduction
était fausse.
-- Phénix
Il ne faut pas parler de dragon sans parler de phénix.
Dans
la
culture
chinoise,
le
phénix
symbolisant
l’impératrice est lié avec le dragon dans la locution 龙凤
呈 祥
(long’feng’cheng’xiang)
“Le
dragon
et
le
phénix
apportent le bonheur et la prospérité”. Le mâle et la
femelle phénix sont considérés comme les rois des oiseaux.
En plus du bonheur, cet animal mythique est généralement
comparé
aux
choses
précieuses
et
rares.
Pensons
à
la
fréquence du mot dans la nomination des filles. D’après
les légendes grecques, la durée moyenne de vie d’un phénix
est d’environs cinq cents ans. À la fin de cette période,
le phénix se jette dans le feu pour la reviviscence.
-- Chien
La race des chiens est bien accueillie dans les pays
européens où les gens prennent les chiens comme compagnons
de
vie.
Les
chiens
sont
réputés
pour
la
loyauté,
le
courage et l’intelligence. Mais dans les parties rurales
de la Chine moderne, les chiens sont toujours considérés
comme les gardes de la maison. Malgré leur dévouement au
travail,
les
expressions
concernant
le
chien
est
loin
d’être élogieuses. Par exemple ⾛走 狗 (zou’gou - le chien
124
狗东西 (gou’dong’xi - truc de chien)
marchant) - le larbin,
– l’espèce de chien, 狗 眼 看 ⼈人 低 (gou’yan’kan’ren’di - aux
yeux des chiens, les hommes taillent petits) – mépriser
des autres, 狐 朋 狗 友 (hu’peng’gou’you - se faire des amis
avec les chiens et les renards) – les mauvaises amis. On
avoue l’existence des gros mots associés au chien dans les
langues occidentales. Mais dans la plupart des cas, à la
mention du mot “chien”, les Européens pensent à de bonnes
qualités alors que les Chinois se rappellent dans leur
subconscient des facteurs négatifs.
-- Chauve-souris
Les chauves-souris font un chapitre important dans les
histoires mystérieuses occidentales – le comte Dracula. On
est
au
courant
d’histoires
que
sont
les
les
prototypes
patients
qui
de
cette
subissent
série
de
la
porphyrie. Après tout, les symptômes de la maladie sont
associés aux impressions des gens sur les chauve-souris:
la laideur et la cruauté. Ainsi les gens sont souvent
effrayés par cette force criminelle. De ce point de vue,
l’image des chouettes dans la culture chinoise ressemble
de beaucoup à celle des chauves-souris en Europe.
Pourtant
pour
les
Chinois,
les
chauve-souris
symbolisent la chance, la sante et le bonheur. Leur image
est souvent présente dans les productions de l’art. La
prononciation du nom des chauves-souris est identique à
celle de la bonne fortune.
125
1.5 RAPPORT DES MOTS DE LANGUES DIFFÉRENTES
1.5.1 POINTS DISTINCTIFS DES MOTS
Les
significations
du
mot
suggèrent
une
référence
contextuelle relative à l’histoire culturelle nationale,
la psychologie, les valeurs, la société, l’économie et les
conditions
d’environnement.
Les
facteurs
mentionnés
exercent leurs influences sur les sens du mot de deux
manières principales. D’une part les sens sont directement
liés aux objets, dont la plupart sont les outils, les
habits, les nourritures, la géographie, les moralités, les
institutions. Par exemple : 奶酪(nai’lao - le fromage), ⾹香
槟
(xiang’bin
-
la
议 会
champagne),
(xie’hui
-
le
parlement), le cloisonné ( 景 泰 蓝 jing’tai’lan), le panda
( 熊 猫
xiong’mao).
D’autre
part,
la
naissance
de
la
signification représente un moyen indirect. Par exemples
vachement (⾮非常, ⽜牛 fei’chang, niu), 铁饭碗 (tie’fan’wan gagne-pain assuré).
Les mots français portent des sens plus larges et
flexibles ,
mandarin
a
dépendant
des
mots
généralement
avec
des
sens
du
contexte.
assez
étroits
Le
et
indépendants. Rappelons l’exemple du mot oncle. Les mots
français sont toujours considérés comme plus flexibles. La
signification accordée à un certain mot est naturellement
sa vraie portée dans la circonstance donnée. Ce phénomène
se traduit souvent par la polysémie. Par exemple le mot
“histoire”, généralement traduit par 历 史
(li’shi - le
passé) 故事 (gu’shi - la conte).
126
La guerre deviendra l’histoire la plus importante de cette
génération.
-- 事件 shi’jian - l’événement
Il n’est pas content de cette histoire.
-- 消息 xiao’xi - l’information
Ce sont des histoires.179
-- 谎⾔言 huang’yan - le mensonge
Il m’est arrivé une drôle d’histoire.180
-- 奇遇 qi’yu - l’aventure
Les reportages sur sa vie ont fait une histoire de l’année.
-- 热门 re’men - le propos très parlé
L’histoire de Claudette est une des plus malheureuses.
-- 遭遇 zao’yu - le sort
Les deux se sont fâchés pour une histoire de vue politique.
-- 问题 wen’ti - le problème
Sans citer toutes les significations du mot, on est en
mesure de constater les divers termes chinois utilisés
pour
traduire
le
vrai
sens.
Dans
les
activités
de
traduction, la discrimination du sens est à la fois le
savoir-faire de base et le problème le plus rencontré.
179 Larousse 180 Larousse 127
Toutefois,
les
environnement
êtres
universel
humains
et
vivent
dans
généralement
un
comparable.
Pareilles sont les fonctions d’organes, les psychologies
et
les
activités
contextuelle
cérébrales.
des
sens
En
plus
spécifiques,
de
la
il
référence
faut
noter
l’existence des sens communs. Eugene Nida 181 (1914 - 2011)
et
sa
théorie
d’équivalence
dynamique
(de
fonction)
croient à l’expression identique des langues. C’est-à-dire
les
choses
exprimables
dans
la
nécessairement dans la langue B.
langue
A
le
sont
Cette croyance prend
appui sur la théorie selon laquelle les points communs du
monde triomphent de beaucoup des variations. Nida offre de
nombreux exemples d’équivalence pour soutenir sa théorie,
parmi lesquels le plus fameux “blanc comme neige” 182 . Dans
les régions sans neige où les habitants ne l’ont jamais
vue, leurs langues manquent sans doute le mot “neige”. La
traduction directe cause certainement un inutile “message
zéro”. Nida propose trois manières possibles. Premièrement,
dans ces régions où il ne neige pas, il est possible que
les habitants connaissent la gelée blanche. Dans ce cas-la,
on peut utiliser “ blanc comme gelée”. Deuxièmement, on
peut s’inspirer par les expressions correspondantes, par
exemples
d’aigrette
“blanc
comme
blanche”.
champignon”
Malgré
les
“blanc
diverses
comme
plume
origines
des
expressions, leur sens extensif et leur comparaison sont
suffisamment
proches.
Troisièmement,
faute
d’expression
dans la langue ciblée, les traductions “ tout blanc” et
“ blanc comme tout” sont également acceptables.
181 linguiste et traducteur américain 182 Eugene A. Nida, Charles.R. Taber, The Theory and Practice of Translation, Brill, 2003, Leiden, ISBN 9004132813, pages 4 -­‐ 5 128
1.5.2 RAPPORT DES MOTS
Après une brève introduction sur les caractères de
sens
des
mots
chinois
et
français,
on
va
ensuite
catégoriser ces caractères par plusieurs groupes.
-- Équivalence
L’environnement commun décide que la plupart des mots
d’une langue peuvent trouver dans les autres langues les
mots équivalents. Surtout de notre temps où les échanges
et
les
connaissances
mutuelles
s’approfondissent
d’une
manière jamais vue, le transfert des langues sous formes
des expressions équivalentes a plus de sûreté. On peut
trouver
une
totalité
considérable
des
équivalences
(autrement dit, correspondances) dans les dictionnaires
bilingues.
Par
旁 ⽩白 (pang’bai
exemple
–
le
côté
+
la
dialogue) – l’aparté, 协会 (xie’hui – la coopération + la
société) – l’association ,
⼤大 学
(da’xue - supérieur +
l’apprentissage)– l’université etc.
-- Inclusion
La notion indique l’existence des mots dans les deux
langues, décrivant la même chose ou la même idée, dont les
sphères
du
sens
ne
se
chevauchent
pas
complètement.
L’inclusion est donc une équivalence partielle, causée par
la division différente des choses. On a parlé de la cause
(la
hiérarchie)
des
différences
dans
le
cadre
des
appellations dans la recherche précédente. Par exemple :
129
les mots “cousin, cousine”, en chinois les deux mots ont
huit équivalences partielles:
堂兄 (tang’xiong - le cousin aîné sur le côté paternel)
堂弟 (tang’di - le jeune cousin sur le côté paternel)
堂姐 (tang’jie - la cousine aînée sur le côté paternel)
堂妹 (tang’mei - la jeune cousine sur le côté paternel)
表兄 (biao’xiong - le cousin aîné sur le côté maternel)
表弟 (biao’di - le jeune cousin sur le côté maternel)
表姐 (biao’jie - la cousine aînée sur le côté maternel)
表妹 (biao’mei - la jeune cousine sur le côté maternel)
-- Intersection
L’intersection définit le phénomène du chevauchement
et de l’étalement des champs de sens. Ce rapport compliqué
nécessite une analyse soigneuse du sens dans le contexte
donné. Par exemple le mot chinois 粮 ⾷食
(liang’shi - la
nourriture). Lors qu’il indique les produits alimentaires,
il faut le traduire par l’aliment ou les aliments. Dans le
cas
où
utiliser
il
veut
les
dire
céréales
l’intersection
des
les
ou
mots
produits
le
grain.
concerne
céréaliers,
En
fin
plutôt
de
il
faut
compte,
des
mots
polysémiques.
-- Substitution
130
Dans
la
souvent
pratique
la
de
la
substitution,
traduction,
une
méthode
on
de
rencontre
traduction
utilisant les mots remplacés afin de garantir le sens, au
lieu de la forme. Par exemple l’expression chinoise 青 天
( qing’tian - le ciel bleu) qui signifie un fonctionnaire
dévoué
et
intègre;
réparation
“réparer
après
ou
la
l'enclos
亡 ⽺羊 补 牢
mort
après
des
la
(wang’yang’bu’lao
caprins)
fuite
des
la
-
traduction
caprins”
risque
d’être considérée comme une action inutile, alors qu’en
fait cette expression toute faite suggère “Mieux vaut tard
que jamais”.
-- Exclusion
Le
manque
de
mots
correspondants
à
une
certaine
indication est nommé le rapport d’exclusion. Les termes
culturels
font
le
sujet
manières
d’introduction
de
en
cette
catégorie
langue
ciblée
sous
les
incluant
l’emprunt, la translittération et le calque.
- Emprunt
L’emprunt direct est souvent réalisé entre les langues
de même famille. La moitié des mots anglais viennent du
français,
par
exemple :
le
garage,
le
réservoir,
la
détente. Quant à notre époque, le français utilise les
mots anglais pour décrire des nouveautés du temps, par
exemple : le brainstorming (communication réciproque dans
un groupe), le chewing-gum (gomme à mâcher), cool (détendu,
sympa).
L’écriture
des
mots
empruntés
reste
presque
131
inchangée avec seulement le changement phonétique conforme
aux règles de la langue ciblée.
- Translittération
Avant
la
création
d’un
mot
approprié,
la
translittération est la méthode la plus souvent employée
dans la traduction des mots culturels venant des langues
de familles différentes. Par exemple les mots français
venant du mandarin: le tofu ⾖豆 腐 (dou’fu - le fromage de
soja), les jiaozi 饺 ⼦子 (jiao’zi - les raviolis chinois),
le mah-jong ⿇麻 将
(ma’jiang - jeu composé de 136 plaques
rectangulaires qui ressemblent aux dominos, joué par 4
joueurs), les baies de goji 枸 杞
(gou’qi - le lyciet
commun);
du
les
mots
chinois
venant
français:
马 卡 龙
(ma’ka’long) – le macaron, 沙龙 (sha’long) – le salon, ⽼老
佛爷
(lao’fo’ye) – la Fayette. Il existe également les
mots partiellement traduits par le son, par exemple 费加罗
报 (fei’jia’luo’bao - le journal) – le Figaro , 沙 ⽂文 主 义
(sha’wen’zhu’yi – la doctrine) – le chauvinisme, 塞 纳 河
(sai’na’he - la rivière)– la Seine.
- Calque
132
Le calque relève en fait de la traduction littéraire.
Par exemple : les mots chinois venant du français 蜜 ⽉月
(mi’yue – la miel + la lune) – la lune de miel ,
⾹香 ⽔水
(xiang’shui – le parfum + l’eau)– l’eau de parfum , ⼜⼝口 红
(kou’hong – le rouge + les lèvres)– le rouge à lèvres; et
des mots du mandarin utilisés dans la langues française :
les nouilles sautées 炒面 (chao’mian), le gâteau de lune ⽉月
饼 (yue’bing), perdre la face 丢脸 (diu’lian).
133
Conclusion
Les difficultés de traduction se traduisent d’abord
par les aspects linguistiques, surtout lorsqu’il s’agit
des
langues
figurative
de
des
deux
familles
mots
chinois
différentes.
relève
de
L’écriture
la
fonction
idéographique. Alors que l’écriture du français, composée
par les lettres, se distingue par l’expression phonétique.
Le grammaire de la langue française est réputée pour les
emplois du temps, le genre , les modes, les temps etc. Un
tel champ grammatical rigoureux n’est pas mis en relief
dans le système du mandarin. En raison de ces lacunes
concernant les formes, les phrases de la langue chinoise
sont combinées selon l’intention du locuteur, autrement
dit
une
structure
de
“thème
-
narration”.
Faute
des
pronoms relatifs et des adverbes relatifs, une certaine
phrase
traduite
d’une
langue
étrangère
est
normalement
divisée en plusieurs phrases en mandarin.
La culture est une accumulation d’éléments divers. En
tant qu’elle est liée à l’origine de la langue, la culture
exerce
son
influence
tout
au
long
de
l’évolution
linguistique. On peut ainsi dire qu’une langue est ce qui
conserve de tous les aspects de la vie quotidienne de la
nation correspondante. Les habitudes, l’histoire et les
particularités de la nation sont toutes enregistrées dans
la langue soit par les mots, soit par les proverbes et les
dictons.
D’une
part,
avec
l’analyse
sur
l’évolution
de
la
langue chinoise, qui est en fait la langue ciblée dans les
chapitres suivants, il est plus facile de comprendre la
philosophie
et
la
culture
ciblée.
D’autre
part,
les
recherches sur les rapports entre la langue française et
134
la
langue
chinoise
indiquent
en
fait
les
problèmes
potentiels dans la traduction.
135
CHAPITRE 2
TRADUCTION ET SES ASPECTS
TECHNIQUES
136
Introduction
La
visée
de
ce
chapitre
concerne
les
interactions
entre la langue et la culture dans la traduction. Pour les
traducteurs, la traduction est une activité composée de
deux parties : la compréhension et surtout le transfert du
texte en langue ciblée. Les traducteurs se distinguent des
gens
bilingues
transfert
des
par
les
informations.
savoir-faire
Une
personne
concernant
bilingue
le
peut
comprendre des textes en une deuxième langue; alors qu’un
traducteur a pour responsabilité de faire comprendre un
message aux autres qui ignorent la langue source.
Les recherches se servent de nombreux exemples comme
d’une base de données sur laquelle s’appuie l’analyse de
la traduction dans le contexte culturel. Ce chapitre se
compose de quatre sections : la présentation générale des
traductions interculturelles, les techniques spécifiques
de la traduction des termes culturels, les différentes
perceptions des choses et l’idéologie.
137
2.1 TRADUCTION DE LA CULTURE
La
communication
interculturelle
est
une
doctrine
assez récente avec une histoire de presque cinquante ans.
Elle prend appui à l’œuvre intitulé the silent language
par Edward Hall, un livre d’influence qui explique une
série
d’idées
sur
la
culture,
la
circulation
et
les
échanges culturelles. Hall lance de nombreuses opinions,
parmi
lesquelles
fondamentale
américains.
la
des
Il
plus
fameuse
malentendus
indique
comportementales
que
des
concerne
contre
la
la
les
diplomates
négligence
étrangers,
cause
des
modes
autrement
dit
l’unilatéralisme, suicide facilement l’hostilité des pays
étrangers.
2.1.1 SIGNIFICATIONS DES RECHERCHES
Les recherches sur la communication interculturelle
soutiennent en fait les efforts pour surpasser les limites
de la culture maternelle. L’expansion de l’espace culturel
interne d’un certain pays favorise le dialogue avec le
reste
du
monde
par
l’examen
de
cette
culture
dans
le
contexte mondial. Cadrées par les conditions géographiques,
les
connaissances
nombreux
s’est
conflits.
rendu
insuffisantes
Heureusement
compte
de
la
mutuelles
le
monde
nécessité
causent
de
contemporain
des
échanges
approfondis. Les recherches sur ce sujet sont nées avec
l’espérance
de
résoudre
les
conflits
culturels
entre
l’Occident et l’Orient. À la naissance de la doctrine
d’échanges interculturels, elle s’est inspirée de beaucoup
d’autres disciplines mûres, telles que la linguistique,
l’anthropologie,
la
sociologie,
les
sciences
de
l'information et de la communication, la psychologie etc.
138
Les
recherches
ont
établi
jusqu’à
aujourd’hui
les
conclusions suivantes.
Dans
l’histoire
humaine,
il
existait
la
période
axiale183 où les modes de pensée entre les cultures étaient
fort
isolées.
Ce
genre
d’indépendance
est
à
la
fois
géographique, spirituelle et psychologique. On constate
que les cultures ont choisi de fermer la porte à toutes
sortes d’éléments étrangers, dans le but soit de protéger
l’indépendance de leur propre contenu, soit de maintenir
l’intégralité
de
sa
croyance.
Si
on
compare
chaque
civilisation à une description sur le monde, la période
axiale est sans doute l’âge des monologues. Il faut avouer
que
la
colonisation
a
interrompu
cet
arrangement
d’isolation. Lorsque la force du changement se traduisait
par
les
évènements
historiques
avec
une
popularisation
pénétrante, il est douteux pour une culture de garder un
état fermé. L’histoire s’est tournée vers une période des
échanges et des conflits. Cette période signifie la fin du
temps
des
monologues
civilisation
une
ou
en
introduisant
plusieurs
dans
altérités.
Au
chaque
lieu
de
refuser les éléments étrangers, la culture anciennement
réservée est sous obligation de les accueillir. En plus de
l’intégration des altérités, il faut parfois les suivre.
Durant
le
processus
des
rencontres
culturelles,
a
changé le contexte du développement de la civilisation.
C’est-à-dire
l’évolution
que
désormais,
culturelle
la
concerne
méthode
les
élémantaire
influences
et
de
les
échanges mutuels interculturels. Le contexte interculturel
est en réalité plus ouvert. Au lieu de la poursuite de la
réserve et de l’isolation, les échanges entre les cultures
183 concept sur l'histoire de la philosophie et des religions par le philosophe allemand Karl Jaspers 139
offrent un espace commun pour les facteurs venants de deux
parties.
Toutes
les
civilisations
sont
devenues
les
locuteurs actifs dans le discours portant sur le monde. En
même temps, la confirmation d’identité d’une nation n’est
plus
seulement
dépendante
à
sa
propre
parole.
L’établissement de l’image culturelle et du statut social
demande un rôle dynamique et à la fois des contributions.
Comme les facteurs étrangers d’autrefois sont devenus les
sources dont on dispose, il est notable qu’aux yeux de
presque toutes les nations le champ culturel s’est accru.
Il
est
risquent
également
de
ne
certain
pas
que
pouvoir
des
parties
continuer
à
culturelles
être
uniques,
centrales et sacrées. Un certain pourcentage des sources
locales affrontent le destin d’être à nouveau expliquées
et réparties. Ainsi personne ne peut parler des échanges
sans parler de la traduction, et vise versa. Le cercle des
professionnels de la traduction est devenu une industrie
de haute valeur dans l’avancement social.
2.1.2 Communication Interculturelle
À
l’époque
de
la
globalisation,
les
communications
informatiques et les médias publics ont établi des liens
très
forts
entre
la
globalisation
et
la
communication
culturelle. Les activités de traduction sont elles-mêmes
les échanges d’informations culturelles, et à la fois les
voies et les outils des échanges. Les recherches sur la
traductologie nécessitent d’aller plus loin qu’auparavant.
Dès le début la traduction est le moyen indispensable dans
les interprétations culturelles et littéraires, dont les
fonctions sont irremplaçables.
140
La culture et la communication sont en tout cas deux
notions indépendantes. On est en mesure de définir une
culture, d’expliquer sa nature et d’analyser ses rapports
avec les humains. De même il nous est possible de faire
des recherches sur les fonctions de la communication, les
éléments constructifs et les effets réalisés. Lorsque les
deux
branches
constatable
scientifiques
que
communication;
chaque
peu
se
culture
importe
la
rejoignent,
vivante
forme,
il
est
demande
la
la
communication
porte toujours sur le sujet de la civilisation. Ainsi on
peut
dire
que
harmonie.
les
On
peut
deux
facteurs
comparer
le
se
réunissent
rapport
avec
d’existence
conditionnelle entre la culture et la communication à un
rapport d’unité dialectique entre les substances et les
motions. Ce rapport représente deux rubriques d’existence
inséparables des êtres humains. Sans la transmission, la
culture, malgré la possibilité d’avoir une fois connu le
sommet,
est
du
passé.
Sans
le
contenu
culturel,
la
communication n’a plus besoin d’exister.
Les modes de pensée et d’expression montrent leurs
particularités
selon
la
culture.
On
a
l’habitude
de
décrire les modes de pensée des Orientaux circulaires et
celles
des
Occidentaux
rectilignes.
circulaire,
l’interprétation
réalise
appuyant
en
sur
d’un
son
Dans
certain
rapport
la
pensée
phénomène
avec
un
se
autre.
Autrement dit, la masse est la base de compréhension d’un
seul élément. Au contraire, dans le système de pensée
rectiligne, on tend à mesurer la masse par le savoir d’un
certain
phénomène.
Cette
différence
se
manifeste
généralement dans les manières comportementales, surtout
les expressions linguistiques.
141
Il est clair que la pensée rectiligne met en valeur
les individus, et la pensée circulaire la communauté. Ces
modes
de
pensée
résultent
des
différents
systèmes
philosophiques. Les philosophes grecs et romains sont les
attachés aux pensées de Platon et d’Aristote. En Asie, le
mode de pensée est un mélange entre le Confucianisme, le
Taoïsme, l’école Zen etc. Avec l’établissement de cette
théorie, il est donc compréhensible que le changement des
manières de comportement, ou précisément dit le changement
de la philosophie, est loin d’être un travail léger. Il
faut noter que la discussion porte plutôt sur l’ensemble
que sur l’unité. En plus, on note également la différence
sur
l’aspect
de
l’autorévélation.
Les
Occidentaux
sont
plus à l’aise pour partager les informations avec les
autres. Alors que les Orientaux, afin de préserver la
dignité
par
exemple,
le
font
rarement.
Ainsi
dans
le
domaine des discours argumentatifs, les Occidentaux sont
beaucoup plus expressifs.
2.1.2.1 Traduction interculturelle
On utilise le terme du village planétaire pour décrire
les effets mondiaux de l’évolution des technologies et la
modernisation des médias. Tous les participants exercent
une influence sur la politique, l’économie et surtout la
culture. Dans le contexte de la globalisation, est née la
traduction
questions
interculturelle.
concernant
deux
Au
lieu
langues,
de
la
traiter
doctrine
les
porte
plutôt sur les deux cultures. Dans le but de satisfaire
les
échanges
obligatoire
de
culturels
et
intellectuels,
il
est
se
dans
les
sur
les
lancer
recherches
méthodes et les stratégies de traduction.
142
Dans
différentes
périodes
historiques,
les
statuts
diffèrent entre la civilisation locale nationale et celle
qui est introduite de l’extérieur. Lorsque le changement
de la condition culturelle prend place, soit de haut en
bas, soit de bas en haut, l’équilibre de ce système de
multi-facteurs
arrive
à
la
fin.
Ainsi
les
choix
des
stratégies de traduction doivent changer conformément à la
position de la culture maternelle. En tant qu’un aspect de
la fusion culturelle, la culture basse souhaite sans doute
la reconnaissance de la culture haute. Dans l’espérance
d’approfondir son influence dans les nations hautes, ou
autrement
dit
stratégie
employée
culturels
du
d’avoir
une
dans
pays
est
parole
la
plus
importante,
traduction
généralement
des
la
éléments
l’aliénation.
Ayant
comme mission la propagation de la culture nationale, les
traducteurs prennent naturellement l’idée directrice de la
langue
source.
Cela
correspond
à
leur
respect
de
la
culture source. Sinon, lorsqu’on essaie de complaire aux
valeurs de la culture principale, la traduction sera un
mépris de la diversité sociale. Les négligences des faits,
l’imposition
des
valeurs
et
la
distorsion
de
culture
empêchent en réalité le bon déroulement des échanges.
Les
traducteurs
s’engagent
non
seulement
à
la
présentation de leurs cultures maternelles aux lecteurs
étrangers,
mais
aussi
à
l’introduction
des
cultures
étrangères. Les caractères de la civilisation forgés dans
les environnements particuliers ne sont point changeables
ou
remplaçables.
traduction,
la
Ainsi,
dans
stratégie
les
deux
fondamentale
sens
doit
de
la
être
l’aliénation. L’emploi des formes d’expressions conforme à
la propre culture est le seul moyen d’assurer au maximum
l’authenticité culturelle. Quant au cercle des traducteurs
chinois,
ils
n’ont
pas
encore
accordé
une
attention
143
suffisante
aux
lecteurs
du
reste
du
monde.
Ainsi
on
constate une rupture des connaissances des lecteurs et de
la
Chine
moderne.
De
la
sorte,
l’identité
culturelle
chinoise est souvent perçue comme mystérieuse, réservée et
ambiguë.
D’après les recherches sur l’évolution culturelle, la
tendance principale est convergente. Malgré son processus
très
lent,
la
fusion
des
cultures
est
un
courant
indubitable. Cela ne suggère pas une extermination ou une
annexion. En fait dans l’échange et l’interprétation, les
points communs favorisent l’adaptation et la tolérance.
Quant à la langue, avec l’accord disposé et la grammaire
établie,
elle
est
considérée
comme
affiliée
dans
le
nouveau système. La culture est elle-même une structure
ouverte
et
douée
de
la
compétence
d’inclusion.
Elle
embrasse progressivement les éléments étrangers. Au moment
des premiers contacts des cultures, faute de connaissances
mutuelles, il est naturel pour les gens de garder une
attitude négative. Ayant l’ambition d’incorporer l’une à
l’autre, la stratégie de la traduction était généralement
la
naturalisation.
interculturelle,
les
Grâce
gens
à
la
préfèrent
fréquentation
de
nos
jours
l’enrichissement et l’actualisation de leur propre culture.
Les traducteurs répondent à ce besoin en employant la
stratégie la plus protectrice des éléments étrangers. En
somme, le choix de la stratégie de traduction n’est pas
immuable.
2.1.2.2 Naturalisation et aliénation
Dans les textes accentuant sur la langue source, on
constate facilement les caractères étrangers linguistiques
144
et
culturels.
La
mise
en
valeur
de
ces
facteurs
promotionne sans doute leur communication. L’interaction
avec la langue source et l’accord culturel conduisent le
texte traduit à avoir une nature de variation. Grâce aux
efforts des traducteurs visant à sauvegarder les facteurs
étrangers du texte d’origine dans la langue ciblée, est
née un nouveau style de texte.
Dans l’ancienne traduction (de la langue chinoise à
autre langue) des textes littéraires, la traitement des
éléments chinois se divise en deux méthodes: le principe
qui fait valoir la culture d’origine et celui qui mettre
en évidence la réception du texte dans la langue ciblée.
La
méthode
d’aliénation
compliquée
des
représente
croisements
une
traduction
culturels
avec
une
recommandation des éléments exotiques à ses lecteurs. Les
écarts entre les cultures sont devenus de moins en moins
grands. Ainsi des éléments auparavant jugés à refuser sont
aujourd’hui
acceptables.
En
même
temps
des
traductions
subtiles de naturalisation d’autrefois risquent d’êtres
ridicules aux yeux des gens de notre époque. S’opposant à
la
naturalisation,
texte
d’origine,
l’aliénation
la
protection
demande
la
maximale
fidélité
des
au
facteurs
étrangers et la préservation des caractères nationaux de
la langue d’origine. Cette stratégie peut avoir, pour les
raisons
mentionnées,
une
utilisation
extensive
dans
le
dépend
de
temps qui vient.
L’exportation
internationale
de
la
Chine
beaucoup de la traduction du mandarin dans les autres
langues.
Précisément
dit,
on
demande
la
traduction
intensive de tous les messages concernant la Chine et
leurs publications par les livres, par les journaux, par
les
stations
de
radio,
les
chaînes
télévisuelles,
les
145
sites
d’Internet,
les
colloques
internationaux
etc.
Le
vice président de l’association des traducteurs de Chine,
Huang
Youyi
(1953
-
)
indique
trois
principes
aux
traducteurs chinois: la réflexion sur la situation réelle
de la Chine, la réponse aux besoins des lecteurs étrangers
sur leurs intérêts des informations et la correspondance
au
mode
de
pensée
des
lecteurs
184
.
En
plus
de
l’authenticité et du respect des besoins des lecteurs,
Huang demande en fin de compte des recherches soigneuses
sur les cultures étrangères et sur les modes de pensée.
Avec
un
riche
savoir
sur
les
nuances
culturelles,
un
traducteur peut être considéré comme capable de maîtriser
sa version traduite. Finalement la traduction d’aliénation
n’est pas une transmission mécanique de la langue. Une
retouche
raisonnable
est
demandée,
qui
se
traduit
par
exemple soit par l’ajout ou la suppression, soit par la
citation directe ou l’expression à nouveau.
2.1.2.3 Critères de la traduction interculturelle
Grâce
aux
activités
de
traduction,
la
communauté
humaine se réjouit des échanges plus fréquents que jamais.
Dans la discussion sur la perfection de la traduction, on
tombe
souvent
optimal.
La
dans
l’espérance
traduction
est
de
en
définir
fait
un
un
critère
processus
constamment variable. Par exemple du point de vue des
contenus des textes, on a vécu une longue période de la
traduction
l’intérêt
des
se
textes
portait
religieux.
sur
les
Au
sciences
XVIIe
siècle,
naturelles
et
184 Huang Youyi, Insistance sur les trois principes, les résolutions des difficultés de traduc-tion dans la publication international, 2004, source : site de translators association of China http://www.tac-­‐online.org.cn/fylt/txt/2005-­‐06/26/content_79940.htm 146
ensuite sur la philosophie et les sciences sociales. Suite
aux progrès de la société, la traduction s’intéresse à
tous les domaines culturels. Les activités de traduction
sont marquées par le temps. Les sujets du texte et les
exigences
suivant
de
la
traduction
l’histoire.
interprétation
Ainsi
dynamique
évoluent
la
progressivement
traduction
indissociable
à
est
l’époque,
une
au
niveau de connaissances des lecteurs et à leur volonté
d’acceptation.
La pratique de la traduction sans référence au temps
suggère le point de vue d’une procédure constante. Prenons
comme exemple des paroles de politique nobles et héroïques
ressemblant
aux
poésies
lyriques
qui
prospéreraient
jusqu’au milieu des années 90. Leurs traductions égaraient
facilement des étrangers en leur faisant croire que la
culture chinoise moderne est toujours dans son état des
années précédentes, et que les Chinois vivaient dans les
mêmes conditions que le début de la libération de la Chine
ou
de
La
grande
révolution
culturelle
prolétarienne.
L’influence négative de ce genre de malentendu est une
gêne culturelle méritant notre attention. Aux yeux des
lecteurs
Quant
locaux,
aux
les
lecteurs
expressions
étrangers,
sont
en
assez
plus
de
démodées.
la
rupture
temporelle, il existe une distorsion dimensionnelle. Cette
dernière
est
un
interculturels.
problème
objectif
Heureusement
la
dans
rupture
les
de
échanges
temps
est
évitable dans la traduction. Toutes les deux nécessitent
des efforts des traducteurs.
Toutes les théories sur la traduction ont besoin d’une
analyse sur le changement du temps, ainsi que les demandes
des
lecteurs,
l’évolution
de
autrement
monde.
dit
Notre
les
époque
critères
est
liés
connue
à
par
147
l’explosion des informations, la traduction demande donc à
être redéfinie, à laisser au passé les habitudes et les
moyens
traditionnels
traductions.
Chaque
en
mesure
des
civilisation
activités
est
une
des
série
d’expressions abordant les champs de son existence. Elle
possède la structure culturelle relative à la description
du
monde,
définition,
laquelle
la
offre
règle,
la
sa
propre
répartition
version
envers
de
tous
la
les
aspects culturels. De la sorte, le même élément est pourvu
d’un sens variant selon le système culturel. Les écarts
des structures d’expression emmènent les différences dans
les langues, par exemple l’emploi du mot. À la rencontre
des cultures, la perception sur la richesse des sens et
des mots venant de culture étrangère stimule l’adaptation
ou l’emprunt de ce genre de richesse. Cette promotion
résulte souvent des expressions des nouveautés par le mot
ou le style linguistique introduit. Voici la signification
de
l’influence
de
la
traduction:
la
nouvelle
méthode
linguistique.
148
2.2 TRADUCTION SPÉCIFIQUE DE TERMES CULTURELS
La traduction interculturelle demande une surveillance
des différences culturelles et leur protection. On observe
des phénomènes uniques et des contenus particuliers dans
diverses régions, pour présenter sous forme écrite les
termes culturelles. Le vocabulaire est une réflexion sur
la vie sociale et sur l’histoire. Dans toutes les langues,
il
est
possible
de
trouver
des
expressions
avec
une
intensité culturelle, parmi lesquelles les proverbes, les
dictons,
les
évolutions
dialectales
etc.
Ces
termes
culturels sont souvent divisés par les linguistes en cinq
valeurs: l’écologie, la religion, la substance, la société,
la tradition. Faute de correspondances dans les autres
domaines
culturels,
attention.
Certes,
la
le
traduction
contenu
exige
décide
de
une
la
grande
forme,
un
principe philosophique regroupant la forme à soumission au
contenu. Cela indique l’obligation du respect de la forme
dans
le
processus
de
la
transmission
des
informations
linguistiques. Il est certain que le changement de forme
signifie une perte de contenu. Toutefois dans la pratique,
afin
d’assurer
la
bonne
lecture
des
textes,
les
traducteurs sont obligés de trouver un autre moyen, telle
que la traduction par les variétés, au lieu de laisser les
espaces blancs. Ainsi on arrive à avoir des stratégies qui
correspondantes aux exigences posées.
-- Aliénation et naturalisation
Les deux notions ressemblent à la traduction directe
et celle qui est littéraire avec une portée plus large.
Les deux dernières méthodes de traduction sont cachées au
niveau
linguistique.
En
même
temps
les
deux
notions
149
d’intérêt englobent également la civilisation, la poésie,
la
politique
etc.
Autrement
dit,
les
traductions
littérales et littéraires abordent la question de la perte
du sens et de forme. Le noyau de l’aliénation et de la
naturalisation
accentue
sur
l’identité
culturelle,
la
littéralité et la tenue de parole dans la défense de soit
le sens, soit la forme.
L’aliénation se définit par la sauvegarde des éléments
culturels
des
rhétoriques,
textes
les
d’origine,
styles,
les
tels
formes
que
les
moyens
littéraires,
les
manières d’expressions etc. Dans l’introduction des mots
étrangers en mandarin, par exemple, s’il existe un écho
entre le traducteur et la culture chinoise, il tendra à la
stratégie
de
la
naturalisation;
sinon,
ce
sera
l’aliénation. La stratégie de la naturalisation inclut la
suppression des termes exprimant un sentiment hostile, la
réécriture qui est conforme aux valeurs locales et aux
propres perceptions, la mise en forme selon la grammaire
linguistique du pays ciblé etc. Quant à l’aliénation qui
protège la différence, il est possible pour la traducteur
de garder les éléments de la culture source risquant de
susciter des conflits, d’imposer à la combinaison des mots
de la langue ciblée les règles grammaticales de la langue
source
(ou
encore
dans
le
domaine
des
structures
de
phrase), de prendre la méthode de la traduction phonétique
et sans doute d’autres moyens.
-- Retouche
Étant
l’Occident
donné
et
les
conflits
l’Orient,
on
de
constate
l’idéologie
souvent
entre
dans
les
textes le jeu du choix des mots pour éviter leur sens de
150
jugement idélogique. Par exemple : le maoïste, le terme
est
généralement
traduit
par
le
sens
des
personnes
confiantes au Maoïsme au lieu de gens “qui se réclament du
maoïsme” 185 . En plus, Les traducteurs chinois corrigent
généralement
les
“l’indépendance
“
de
l’indépendance
Turkestan
expressions
Taiwan”
de
“l’indépendance
Xinjiang”
oriental”.
Par
correspondantes
“le
exemple :
de
Tibet”
sécessionnisme
il
faut
à
éviter
du
de
comparer Hongkong aux autres pays, mais plutôt mettre la
ville dans la catégorie des régions; la mention de Taiwan
nécessite toujours une explication indiquant son statut
provincial
de
la
Chine.
Le
traitement
des
textes
contestables relève en tout d’une stratégie usuelle. La
diminution
et
la
suppression
partiale
assurent
l’enlèvement des éléments “pompeux” et la protection des
informations
doivent
en
jugées
outre
raisonnables.
s’échapper
des
Les
textes
phrases
de
traduits
formulaire
raide et surtout des figures de style de langage obscur.
La
traduction
interculturelle
doit
prendre
en
considération l’histoire et le fond social, ainsi que les
mots de différents niveaux de ressemblance. Le travail
demande une bonne réflexion permettant aux traducteurs de
noter la signification extensive culturelle et à la fois
la comparaison linguistique. La moralité et les traditions
empêchent parfois l’exécution d’une traduction fidèle. Par
exemple : la traduction d’un baiser sur les lèvres, une
habitude anglaise fort commune entre les parents et les
enfants, est souvent présentée comme le baiser sur les
joues,
sur
respectant
le
les
front,
ou
traditions
simplement
des
le
bisou.
lecteurs.
Ce
Tout
en
genre
de
traduction est clairement une retouche par rapport au vrai
sens. Du point de vue des lecteurs, la préférence de la
185 Larousse 151
réception du texte varie selon le temps. Un siècle avant,
les traducteurs précédents chinois remplaçaient largement
les expressions étrangères par celle de la langue chinoise.
Par
exemple :
les
prénoms
des
personnages
n’ont
pas
échappé au destin d’être remplacés par les prénoms chinois
complètement
respecter
discordants.
la
dignité
Un
des
autre
femmes,
exemple :
la
afin
vision
de
commune
d’autrefois parmi les traducteurs est la suppression des
paragraphes descriptifs de la vie intime entre les amants.
-- Paraphrase
Bien
des
unités
organisationnelles
chinoises
sont
des
administratives
et
établissements
sans
équivalence dans le monde occidental. Ces unités assez
courantes dans la vie des Chinois demandent souvent une
annotation. En mandarin l’ensemble des unités s’appelle 事
业
单
位
(shi’ye’dan’wei
-
les
organisations
institutionnelles), ce qui englobe les services juridiques
et toutes les organisations et ses affiliations sur la
technologie, l’éducation, la civilisation, la sante, les
presses,
les
construction
expressions
sports,
le
urbaine,
du
même
contrôle
l’emploie
genre
exigent
environnemental,
etc.
une
De
la
nombreuses
paraphrase
pour
faire comprendre au reste du monde.
On
compte
d’ailleurs
autres
exemples
comme
双 规
(shuang’gui - une règle communiste qui solicite à certaine
personne de se présenter à un certain endroit et à une
certaine
date
pour
répondre
aux
questions
de
nature
sérieusee) et 等额选举 (deng’e’xuan’ju - système d’élection
152
d’un nombre identique aux candidats). Le mot shuang’gui
correspond à un processus disciplinaire interne conduit
d’une
façon
secrète
par
le
Parti
Communiste
de
Chine
envers ses membres suspectés de la corruption ou de la
violation
ensuite
autres
des
passer
disciplines.
devant
citoyens.
le
Les
suspects
système
L’élection
de
confirmés
juridique
nombre
vont
comme
les
identique,
une
notion qui ne lance pas le défi de la compréhension du
sens, suggère donc que la totalité des postes à pouvoir
égale celle des candidats. Le pouvoir des électeurs ne se
manifeste que sous sa sanction ou pas envers certains
candidats. L’élection de tous les candidats est devenue
certaine le moment où ils sont nommés. Sans doute une
partie
des
expressions
chinoises
sont
beaucoup
plus
faciles à comprendre et accepter que d’autres.
-- Omission
Il existe des mots équivalents au niveau de sens avec
l’opposition des valeurs. Sans une nécessité absolue, les
traducteurs
laissent
tomber
les
indications
de
la
suggestion de ressentiment. Prenons comme exemple le mot
“communisme”, parfaitement traduisible et employé dans de
différents
contextes.
La
manière
d’expression
des
Occidentaux concerne en fait leur système des valeurs,
dont l’hégémonisme résulte fréquemment des termes préjugés.
Par exemple l’adjectif ou le nom “chinois”, on compte dans
Larousse186:
(1) Populaire. Individu bizarre: Qu'est-ce que c'est que
ce chinois-là?
186 Larousse 153
(2)
Familier.
Subtil
ou
pointilleux
à
l'excès:
Être
chinois dans le travail.
(3) Familier. Subtil, bizarre, compliqué.
(4) Familier. C'est du chinois, c'est incompréhensible.
Grâce au tableau
187
ci-dessus, un certain nombre de
Chinois sont au courant de l’expression “c’est du chinois”
rajoutée dans l’explication du tableau. Des internautes
ont établi ce tableau pour comparer les expressions du
monde
sur
les
incompréhensibles.
Loin
d’être
exact
ou
correct, ce tableau est en fait bien répandu dans les
sites
chinois
avec
la
tellement
intelligents
difficile
est
fierté
peut
stratégie,
la
être
mention
qu’à
langue
jugé
l’omission
que
leurs
céleste.
yeux
la
Certes,
superficiel.
des
les
sens
Mais
Chinois
seule
ce
sont
chose
genre
quant
négatifs
à
de
la
évite
effectivement des conflits futiles.
187 auteur indéfinie 154
-- Traduction libre
La traduction libre est une branche de la traduction
littéraire,
employée
au
moment
où,
par
exemple,
les
expressions chinoises portent des sens comparatifs propres
à la langue. Étant donné la difficulté des lecteurs, la
traduction doit sans hésitation honorer la connotation.
Prenons comme exemple la traduction de l’appellation ⼆二 婶
(er’shen - deuxième tante) – la tante Ershen, prenant
l’ensemble de l’appellation comme le prénom de la tante.
Dans la société chinoise, on a l’habitude de s’adresser au
gens par le rapport familial au lieu du prénom de la
personne.
La
traduction
se
justifie
parce
que
cette
appellation ne souligne pas la parenté. Les membres de la
famille utilisent souvent les appellations du point de vue
de leurs enfants. Dans la pratique, “la tante Ershen” sera
plutôt “sa tante Ershen” dans le cercle des gens de la
même génération. Un autre exemple : Le traducteur chinois
de la version anglaise du Rêve dans le pavillon rouge,
Yang
Xianyi
(1915
-
2009),
a
également
adopté
cette
méthode. Il a offert la traduction du “charme officiel”
pour l’expression 护 官 符 (hu’guan’fu - le talisman de la
protection des officiels ). Le joli nom est en fait une
métaphore d’une feuille de papier listant les informations
sur les personnages locaux haut placés.
-- Simplification
155
On a établi une discussion sur les mots de rapport
d’inclusion: un mot de la langue A correspond à une série
des mots de la langue B. Les appellations chinoises des
oncles
“oncle”,
peuvent
être
simplement
sans
exigence
traduites
d’expliquer
la
par
parenté
le
dans
mot
la
version de traduction. Dans le but d’offrir un nouvel
exemple, la catégorie des temples peut nous servir du
sujet de discussion.
--
寺
si
-
Il
indiquait
initialement
le
demeure
des
officiels. Suite à la population du Bouddhisme, il est
devenu le nom des demeures des bonzes.
-- 庙 miao - Il signifiait dans le temps plus ancien les
bâtiments conservant les symboles des ancêtres où prenait
place la cérémonie d’hommage. Plus tard ces bâtiments sont
devenus les endroits du sacrifice pour tous les esprits
divins.
-- 坛 tan - L’endroit où les gens respectent le Ciel et la
Terre.
-- 祠 ci - Les bâtiments et les pièces où sont gardés les
ancêtres et les lettrés réputés.
--
观
guan
-
Initialement
le
nom
des
grandes
portes
d’entrée de palais, ce mot signifie ensuite les locaux des
moines taoïstes.
-- 殿 dian - Les pièces dans les palais de l’empereur et
la pièce offrant le respect à la divinité principale.
-- 堂 tang - Le mot est le nom de la pièce centrale de la
maison,
et
à
la
fois
les
bâtiments
d’une
religion
de
Taiwan.
156
-- 院 yuan - L’autre nom des résidences des officiels, des
bibliothèques et des temples.
-- 庵 an - Il indique les bâtiments faits avec les pailles
et les demeures des femmes bonzes.
--
洞
dong
-
Les
temples
bâtis
dans
les
trous
des
montagnes et celui qui sont au bord des précipices.
-- 宫
gong - Les demeures de l’empereur et les temples
autorisés
à
exercer
la
sacrifice
aux
divinités
de
la
catégorie souveraine.
À la page précédente se trouve la liste incomplète de
la
catégorisation
des
temples.
Sauf
la
nécessité
de
l’explication sur l’origine et le sens spécifique du nom
du
temple,
il
n’est
probablement
pas
obligatoire
de
compliquer la traduction. Cela est vrai pour la traduction
de toutes les appellations des édifices chrétiens.
-- Manipulation
Les
phénomènes
les
plus
perceptibles
de
la
manipulation de la traduction dans la vie quotidienne se
trouvent
sans
doute
dans
la
diffusion
médiatique
des
reportages. La liberté de la Presse, comme tous les autres
genres de liberté, n’est quand même pas sans restrictions,
en considération surtout les conséquences politiques. Les
chaînes centrales de la télévision de Chine, le porteparole des Communistes, fait parfois dans les reportages
la manipulation sur la traduction. Par exemple le nom de
“Partido Comunista del Peru - Sendero Luminoso” dont la
traduction est le Sentier Lumineux. Le nom représente en
fait une insurrection armée péruvienne. La presse chinoise
157
refuse
de
donner
le
nom
complet
incluant
le
Parti
Communiste du Pérou, dans le but d’éviter les associations
négatives et les critiques de l’image communiste, et à la
fois d’annoncer l’opposition aux comportements terroristes
de l’organisation.
-- Minimalisation
Personne ne se réjouit des appellations négatives. Au
fur et à mesure du temps, on cherche les moyens de changer
l’impression, dont un pas important est la modification du
nom. De nos jours en Chine, les exploitations (la mise en
valeur des choses pour en profiter) sont remplacées par
d’autres expressions, tels que le management des profits
et
la
rentabilité
des
investissements.
Les
nouvelles
notions conformes à la mode internationale indiquent que
dans une société législative, le point-clé de la relation
d’embauche s’est transféré de la classe hiérarchique à la
légalité. De même, les gens anciennement connus comme les
capitalistes sont devenus aujourd’hui les entrepreneurs ou
les financiers. La neutralisation du sens des expressions
suggère en réalité la bonne volonté du pouvoir central.
-- Emprunt
Le
sujet
n’est
point
étranger,
qui
souligne
l’adaptation des modes d’expression de la langue source.
On a mentionné dans l’analyse précédente diverses méthodes:
l'orthographe,
la
traduction
phonétique,
l’organisation
grammaticale des phrases, la modification de l’orthographe
et la méthode de la combinaison des langues. Le tangram
(jeu
des
sept
pièces) , le
Baguenaudier
(casse-tête
158
composée d'une tige et d'anneau) et autres jeux chinois
d’exploitation des ressources intellectuelles sont tous
regroupés au nom du puzzle/casse-tête chinois, s’appuyant
sur
des
mots
déjà
existants
dans
la
langue.
Il
est
également intéressant d’analyser le nom propre des jeux:
le mot tanggram se compose de la dynaste Tang et le mot
gram
signifiant
les
figures
représentées
par
la
combinaison des éléments. En plus de l’assimilation, la
translittération est aussi fréquemment employée. Les noms
propres
des
particulières
gens,
des
n’ont
pas
d’autorisation
aux
endroits
et
toujours
les
expressions
d’équivalences.
interprétations
Faute
personnelles,
les
traducteurs demandent de l’aide à la traduction du son.
Par exemple : le titre du livre Tao Tö King188 (dao’de’jing
-
livre
traduit
de
par
la
voie
la
et
de
la
prononciation
vertu)
des
est
mots
généralement
propres,
parmi
lesquelles les plus connues 阴 (yin – négatif) 阳 (yang –
positif).
-- Implantation d’image
Dans le cadre de la traduction d’aliénation, les sens
métaphoriques
L’implantation
ne
sont
d’image
pas
est
nécessairement
le
moyen
par
traduits.
lequel
on
transfère la totalité ou une partie des mots du texte
d’origine dans la langue ciblée. Ce phénomène est plus
observable dans les poésies chinoises riches des noms des
animaux et des herbes. On note des expressions telles que
“La
tyrannie
est
plus
cruelle
qu'un
tigre”
(politique
despotique insupportable), “l’ambition des oies sauvages”
188 ouvrage classique chinois qui, écrit autour de 600 av. J.-­‐C. le sage fondateur du taoïsme Lao Tseu 159
(grande
ambition),
(souverain
exploiteur
“le
de
campagnol
cupidité
agreste/rongeur”
insatiable).
Chaque
animal est accordé avec une image représentative d’une
qualité ou d’un défaut. Ayant comme objectif de montrer
les conditions environnementales des habitants d’autrefois
et les qualités stylistiques, les noms des substances sont
préférablement gardés tels qu’ils sont. Dans les analyses
précédentes, on a discuté de plusieurs animaux et de leurs
perceptions
dans
des
civilisations
différentes.
Voyons
donc dans le tableau de la page qui suit une série des
substances et l’émotion que les mots traduisent dans les
poésies. La connaissance des liens facilite de beaucoup la
compréhension
des
sentiments
des
poètes.
En
plus
ce
rapport aide les traducteurs à la vérification du texte et
à l’accumulation de vocabulaire à altérer.
Substance
Le pont
Image métaphorique
La beauté du paysage;
L’histoire longue de l’endroit;
La séparation;
La voie à la destination idéale
L’eau courante
Le passe révolu des années, de la
réussite, des occasions;
Les mésaventures du présent
Le vent
La mélancolie
d’automne
Les arbres
La sénilité
mortes
Les feuilles
La décrépitude;
mortes
Les vagabonds (associes avec le retour
au pays natal)
Le soleil
La vie misérable du pouvoir d’autrefois
160
tombant
Les rayonnements
L’hésitation et le chagrin
du soleil
tombant
Les vers à soie
La contribution volontaire des parents
du printemps
et des professeurs
Le chant de la
La progression du temps;
cigale
Le sentiment lugubre;
La frustration
Le dragon
L’empereur;
Le pouvoir central
Le phénix
L’impératrice
Le qilin189
Le symbole chanceux;
La délivrance des enfants
Le cri des
La triste séparation
grands singes
Le pin et la
La longévité;
grue
La noblesse
Le chauve-souris
Le bonheur
Les canards
L’amour réciproque
mandarins
La cigale
Le cercle de la résurrection et la mort
Le parasol
L’automne
chinois (arbre)
La pluie
Le chagrin
d’automne
La grue sauvage
La vie retirée
Les nuages de
L’ambiguïté et le chao
fumée
Les nuages
La situation compliquée;
chaotique
La guerre
Le vent frisquet
Le déclin
189 animal possédant plusieurs apparences de la mythologie chinoise 161
Le saule
La séparation
L’ orchidée
L’innocence
La tortue et la
La longévité
grue
L’ensemble des
Le mariage heureux
fleurs et la
lune
La pivoine
La noblesse
-- Traduction littérale
À part toutes les nuances des mots entre deux langues,
dans la plupart des cas les significations et les sens
extensifs des mots sont plutôt identiques. La traduction
littérale est donc la manière la plus précise qui garde la
qualité de l’objet métaphorique et celle de la culture de
la
langue
d’origine.
Éventuellement,
cette
méthode
bénéficiera au développement des expressions de la langue
ciblée. Par exemple 冷眼旁观 (leng’yan’pang’guan - regarder
d'un œil indifférent), 爱 财 如 命
(ai’cai’ru’ming - aimer
l'argent comme la vie), 多多益善 (duo’duo’yi’shan - Plus il
y en aura, mieux cela vaudra), ⾯面如桃花 (mian’ru’tao’hua –
belle comme les fleurs de pèche).
-- Change de perspective
162
Le changement d’objet métaphorique est jugé nécessaire
lorsqu’on cherche à assurer la bonne lecture des textes
traduits en respectant les perceptions différentes. Par
exemple 对 ⽜牛 弹 琴
( dui’niu’tan’qin - jouer du guqin
190
devant les buffles), traduit par parler à un mur ; 掩⽿耳盗铃
(yan’er’dao’ling - se boucher les oreilles pour voler une
cloche)
-
mettre
(luo’tang’ji -
la
tête
dans
le
sable ;
poulet dans l’eau chaude) -
落 汤 鸡
trempé comme
une soupe ; ⼊入乡随俗 (ru’xiang’sui’su - suivre les coutumes
du pays où l’on arrive) - À Rome il faut vivre comme les
Romains.
190 instrument de musique traditionnel chinois à cordes pincées de la famille des cithares 163
2.3 MALENTENDUS INTERCULTURELS
Les
contextes
interculturels
définissent
principalement les échanges indirects du niveau moral. La
nature du progrès idéologique demande le soutien d’une vie
de qualité. La naissance, la prospérité et la tombe en
ruine
de
l’éthique
résultent
toutes
les
trois
de
la
condition de vie des citoyens. Dans un sens large, il
existe une limite de temps pour chaque substance, qui
décide naturellement le cycle vivant de la civilisation
morale.
Mais
surpassement
dans
de
la
la
pratique,
moralité
on
observe
contre
ses
souvent
un
substances
nourrissantes. Parce que dès la naissance, l’évolution de
la civilisation en moralité est plutôt libre, capable de
traverser le temps et l’espace pour établir un champ commu
avec les autres éléments culturels. Ce processus cause
sans doute une modification de ses qualités internes. Du
point de vue plus précis, la civilisation n’est jamais
douée du pouvoir de la réapparition. La culture connue par
les gens de tous les âges est strictement liée à sa nature
du
moment
précis.
Autrement
dit,
la
poursuite
de
la
définition des qualités intrinsèques d’une culture, dans
le
fond
interculturel,
scientifique
ni
est
simplement
signification
réelle.
sans
Toutes
faisabilité
sortes
de
civilisations se développent dans leur propre cycle. La
nature initiale ne réside plus depuis le moment de son éclosion. La perte de parole de la qualité initiale est
remplacée par l’évolution des portées variantes. Lorsqu’on
lance la question
concernant l’interprétation correcte
des contextes interculturels, les recherchent visent en
fait
à
établir
la
connaissance
de
la
fausse
notion
d’existence de la bonne interprétation.
164
165
-- Définition des malentendus
La vraie question concerne la définition de la bonne
compréhension
et
son
existence.
Dans
d’interprétation
complète
des
culture,
notions
philosophiques
les
portées
le
d’une
cadre
certaine
telles
que
l’équivalence hypothétique et la compréhension exclusive
n’ont
pas
de
places
dans
la
pratique.
Le
rapport
progressivement évolué entre une variété des erreurs et
celle d’interprétions avec justesse est ce qu’on appelle
la réalité des phénomènes communicatifs. La signification
créative
des
malentendus
touche
à
une
opportunité
d’expansion de la culture mal comprise. L’arrêt de l’état
isolé entre les civilisations non seulement met la fin à
la référence absolue de la part de culture natale, mais
aussi
offre
des
facteurs
nécessaires
au
renouvellement
culturel. Un proverbe chinois exprime peut-être mieux la
valeur
des
création
malentendus
nécessite
l’imposition
causés
de
d’uniformité
par
les
différences:
l’environnement
entraîne
la
la
harmonieux;
décadence.
Cette
idée est sans doute partagée par Héraclite d'Éphèse
191
(vers 544 – 480 av. J.-C.), qui a lance la fameuse théorie
nommée l’unité des opposés. Le progrès exige les conflits
et les différences, deux qualités internes de toutes les
civilisations.
Toutefois
il
existe
la
commensurabilité
entre les culture, autrement dit l’universalité humaine,
offrant
l’appui
à
une
favorable
communication
interculturelle.
-- Malentendus dans diverses conditions
191 philosophe grec 166
En plus des erreurs de compréhension textuelle, les
malentendus
manifestent
existant
d’abord
d’une
par
façon
les
idéologique
différences
des
se
notions
subjectives et objectives. Par exemple la définition du
centre de l’Univers. Les anciens Chinois insistaient sur
la théorie du dôme céleste couvrant la terre en carré et
sur la définition de l’Univers 宇 宙 (yu’zhou) : l’espace
et
le
temps.
En
même
temps
on
compte,
dans
le
monde
occidental, le géocentrisme et l'héliocentrisme. Chaque
théorie a son propre charme et son défaut. Personne ne
peut offrir une réponse certaine sur la localisation du
centre
universel.
On
peut
dire
que
faute
de
moyens
technologiques, les idées subjectives (aux yeux des gens
des récentes générations) et invérifiables étaient à leurs
époques des différences objectives.
Quant aux autres phénomènes, le malentendu est lié
plutôt à la perception idéologique. Prenons les exemples
de
“l’Extrême-Orient”
et
“le
Moyen-Orient”:
deux
descriptions assez courantes dans le cadre des Occidentaux
qui portent des indications bien à l’inverse aux yeux des
habitants
selon
d’Amérique
les
Asiatiques.
Américains
Ce
du
Nord.
est
phénomène
en
Le
fait
existe
malentendu
objectif
également
subjectif
pour
les
dans
les
différentes versions de la carte du Monde. Regardons les
deux photos ci-joints.
167
Il
préfère
est
se
intéressant
trouver
au
de
constater
centre
de
la
que
carte,
chaque
pays
voire
même
l’Australie dont la carte est de l’orientation inversée.
Imaginons
la
surprise
des
gens
d’autrefois
à
la
publication des photos prises depuis le vrai Univers.
L’influence
de
l’idéologie
entraîne
du
moins
deux
opinions (positive et négative sans doute) sur la même
chose. Par exemple : les habitants de Hongkong n’ont pas
168
d’avis unifié sur la politique “Un pays, deux systèmes”192.
En réalité à l’annonce de cette politique, bien des hommes
d’influence ont choisi de quitter la région; bien sûr, une
grande partie décide d’y rester. Un autre exemple : dans
des années récentes, on note les notions des entrepreneurs
rouges
et
des
discutent
capitalistes
naturellement
caritatifs.
ensuite
sur
Les
les
Chinois
éléments
clairement opposés des deux combinaisons. Existe-il des
gens de la classe d’exploiteur qui sont les frères du
prolétariat, ou simplement qui sont de bonne volonté? De
telles notions créent de réceptions différentes dans le
Monde Occidental. On peut raisonner que dans bien des cas,
la dernière est beaucoup plus accessible que la première.
Ce
genre
de
compréhension
résulte
des
expériences
personnelles. La vraie cause concerne la nature des êtres
humains,
la
définition
de
la
moralité
et
celle
de
la
vérité. Si l’on aborde la comparaison des compréhensions
nationales sur par exemple les critères des droits de
l’homme, l’indice des humanités, les droits de survie, les
droits
de
développement,
le
système
social
etc.,
les
écarts de compréhension seront tellement importantes que
les disputes des pays se justifient d’une façon subtile.
Peu importe la population, l’état de développement, chaque
nation mérite l’égalité du respect de la civilisation. Le
respect des diversités culturelles égale la protection de
la nation. Idéale que prononce la notion, dans la pratique
on
observe
que
personnalisme.
les
Aucun
gens
pays
ne
ne
se
détournent
cherche
à
pas
partager
du
sans
restrictions les fruits de la modernisation en égalité
avec
les
pays
en
voie
de
développement.
Toutefois
l’acceptation mondiale de la valeur de “ tous les hommes
192 énoncée par Deng Xiaoping en 1997, sur la rétrocession de Hong Kong 169
sont égaux”
193
confirme la bonne direction de la poursuite
de l’évolution.
Du point de vue général, l’acceptance de la culture
étrangère
culture
vit
plusieurs
locale,
étapes:
incluant
contre-interrogatoire,
l’autovérification
l’évolution
favorisante
de
de
les
les
etc.;
la
la
la
vérification
preuves
du
témoins
de
la
contraire,
le
supplémentaires,
la
transformation
culture
locale;
culture
conforme
à
l’amélioration
vernaculaire;
la
fusion
promouvant l’avancement social. Pour chaque culture, on en
trouve
rarement
une
deuxième
possédant
l’apparence
identique. Ce fait soutient la possibilité d’actualisation
de la culture locale durant les échanges. Aux contextes de
communication,
préanticipation
l’attitude
de
la
laisser-faire
culture
locale
de
et
des
la
points
aveugles de la compréhension est jugée improductive. Non
seulement les gens manqueront l’occasion de progresser,
mais aussi on risque de ne pas pouvoir saisir une idée
globale de la civilisation d’intérêt. Ainsi le point-clé
de la communication concerne le surpassement des limites
et le contrôle des pré-conjectures. En bref, les échanges
interculturels généralement emmènent les gens vers l’état
avancé. Prenons comme exemple le Siècle des Lumières, une
période de préparation culturelle pour l’essor du Monde
Occidental dans la modernisation où des philosphes et des
lettrés
se
sont
inspirés
plus
ou
moins
de
la
pensée
traditionnelle de la Chine. En même temps avec toutes les
richesses philosophiques et morales, la Chine elle-même
n’a pas suivre le piste des pays occidentaux. Du point de
vue
interculturel,
doués
d’un
domaine
commun,
les
malentendus cachés dans le partage culturel causeront un
193 déclaration immortelle durant la période de révolution américaine, par Thomas Jefferson dans la Declaration d’Independence 170
certain
prendre
pourcentage
les
idées
de
déviation.
avancées
Il
comme
est
des
crucial
de
expressions
particulières des conditions sociales. Aucune civilisation
dans
notre
notions
Monde
méritant
n’est
applicable
l’apprentissage
en
tout
lieu.
doivent
Les
d’être
considérées comme les qualités à naturaliser.
171
2.4 IDÉOLOGIE
Il peut exister des expressions équivalentes entre la
langue d’origine et la langue ciblée. Mais cela n’est pas
la même chose lorsqu’on parle de l’idéologie. Les patrons
des traducteurs peuvent leur demander soit de garder et
introduire dans la culture de la langue ciblée l’idéologie
de la langue source; soit de s’écarter de l’idéologie
culturelle
domaine
du
texte
idéologique
d’origine.
Les
constitueront
conflits
le
sujet
dans
de
le
cette
section.
2.4.1 TRADUCTION ET RÉÉCRITURE
La
traduction
culturelle
demande
non
seulement
des
recherches sur la langue, mais aussi des exploitations de
l’influence des facteurs culturels. Dans le cadre de la
traduction culturelle, Theo Hermans 194 a introduit en 1985
la traduction-manipulation. Du point de vue littéraire du
texte
final,
explique
Hermans,
toutes
les
versions
de
traductions exercent plus ou moins des manipulations sur
le texte d’origine 195 . André Alphons Lefevere 196 (1945 1996)
a
offert
sa
description
du
processus
de
la
traduction. Lefevere estimait que la traduction égalait à
la réécriture. Il a écrit dans son livre ceci:
Translation
original
is,
texte.
intention,
of
course,
All
reflect
a
rewriting
rewritings,
a
certain
whatever
idéologie
of
an
their
and
a
194 pofesseur britanique de la langue néerlandaise et des littératures comparés 195 Theo Hermans, the Manipulation of Literature, Palgrave Macmillan, 1985, ISBN-­‐10: 0312512880, ISBN-­‐13: 978-­‐0312512880, page 11 196 théoriste Belge de la traductologie 172
poetics and such manipulate literature to function
in a given society in a given way. Rewriting is
manipulation, undertaken in the service of power,
and
in
its
positive
aspect
can
help
in
the
evolution of a literature and a society.197
Des années plus tard, Jeremy Munday
198
précise son
soutien pour la théorie de Lefevere en disant qu’il existe
un
nombre
considérable
des
ouvrages
portant
sur
la
traduction et sur la culture, parus dans le temps postLefevere 199 , entre les recherches sur la traduction des
œuvres
littéraires
culture.
Il
traductions
et
indique
sont
les
recherches
ensuite
cadrées
par
que
trois
sur
les
celle
de
activités
aspects
la
de
principaux.
Premièrement les professionnels, incluant les critiques,
les professeurs et les traducteurs. Le deuxième aspect
concerne
le
patronage,
soit
organisation,
qui
favorise
l’écriture
la
réécriture.
fonctions
et
en
s’appuyant
un
ou
sur
individu
empêche
Le
patronage
soit
la
lecture,
assure
l’idéologie,
une
le
ses
profit
économique et le statut social. Le troisième facteur est
la poétique, constituée principalement par les figures de
style et la narratologie200.
Le patronage s’intéresse le plus souvent à l’idéologie
et à la révision rigoureuse de ce facteur. Cette personne
ou
cette
problèmes
système
organisation
de
la
décisif
patronale
poétique
de
aux
l’idéologie
confie
ensuite
professionnels.
s’est
déjà
Comme
établi,
les
le
les
197 André Alphons Lefevere, Translation, Rewriting, and the Manipulation of Literary Fame, Routledge, 1992, ISBN 0415076994, pages 37 -­‐ 38 198 preofesseur des études de la traductologie 199 Jeremy Munday, Introducing Translation Studies: Theories and Applications, Routledge, ISBN 041522926X, 9780415229265, 2001, page 127 200 Jeremy Munday, Introducing Translation Studies: Theories and Applications, Routledge, ISBN 041522926X, 9780415229265, 2001, pages 128 -­‐130 173
recherches sur la poétique subtile sont cadrées dans ce
terrain
concret.
Dans
le
processus
de
transfert
linguistique où l’idéologie et la poétique occupent les
rôles premiers, la réécriture peut être considérée comme
nécessaire dans la traduction contemporaine.
2.4.2 DÉTACHEMENT DE L’IDÉOLOGIE
La manipulation de l’idéologie influence non seulement
le choix des textes à traduire et des stratégies, mais
aussi la compréhension du texte d’origine et de la culture
concernée. Les traducteurs doivent s’engager à trouver les
manières
pour
satisfaire
l’exigence
du
patronage.
Toutefois quel que soit l’effet de l’idéologie, ce facteur
peut certainement être surpassé par un moyen ou par un
autre puisque tout est relatif.
Les traducteurs utilisent généralement deux méthodes.
Certains
ont
choisi
de
suivre
soit
l’idéologie
de
la
culture de la langue ciblée, soit celle du patronage, et
d’aborder des changements du texte d’origine par l’ajout
ou l’enlèvement d’informations. Les autres préfèrent se
libérer de l’influence des conceptions imposées par ses
techniques ou garder de la distance avec les conceptions
opposées à leurs propres idées. Les traducteurs jouent un
rôle important et à la fois contraint. D’une part, la
conscience du traducteur s’exprime d’une façon récessive
sous des concessions à la limitation culturelle. D’autre
part, la propre intention du traducteur et sa poursuite de
la création accordent à son pouvoir un caractère dynamique.
La combinaison des deux manifestations décide le résultat
du travail, autrement dit, la valeur du texte traduit.
174
Afin de se libérer de la manipulation de l’idéologie,
on ne conseille pas aux traducteurs de cacher complètement
derrière le texte source. Avec une forte conscience et le
bon
emploi
traducteurs
des
mots
sont
en
en
cohérence
mesure
avec
d’offrir
l’époque,
des
versions
les
de
traductions qui prolongent la vie artistique des textes
d’origine.
Voici
en
fait
la
traduction
des
œuvres
littéraires caractérisée par une trahison créative. Robert
Escarpit 201 (1918 - 2000) est le fondateur de cette notion
de
trahison
commentaires
créative
en
202
.
indiquant
Xie
que
Tianzhen
d’abord
203
la
offre
ses
trahison
est
causée par le changement du système linguistique auquel
l’auteur du texte n’a jamais pensé. La traduction permet
des échanges entre le texte d’origine et une population de
lecteurs plus étendue. Ainsi se développe la créativité204.
La
notion
est
souvent
récusée
par
des
traducteurs
prétendant à la fidélité du texte.
On voit clairement que la créativité sert comme une
limite prescrite de la trahison. C’est-à-dire que le but
initial des traducteurs reste toujours, à travers de leur
créativité,
la
représentation
d’une
façon
la
plus
cohérente par rapport à l’intention de l’auteur. En raison
des nombreux facteurs restrictifs, il faut parfois prendre
des détours ou des trahisons. La trahison créative n’est
jamais
l’objectif
des
traducteurs,
mais
plutôt
une
présentation objective de la situation.
201 universitaire, écrivain et journaliste français 202 Robert Escarpit, Sociologie de la littérature, Paris, Presses universitaires de France, 1958, ASIN: B000NJP1M0 203 Professeur chinois, theoricien de la traduction 204 Xie Tianzhen, De la traductologie, Presse de l’éducation des langues étrangères, Shanghai, 2003, ISBN:9787810465267, page 140 175
Conclusion
Un traducteur s’expose souvent à l’influence de sa
propre idéologie. Du choix des auteurs et des œuvres à la
stratégie de traduction et à la réception de la version
traduite, l’idéologie joue un rôle invisible mais assez
puissant dans le processus de la traduction. Par exemple
Yan Fu 205 (1853 - 1921), au lieu de
le traducteur chinois
choisir des textes de sa spécialité, la navigation, a
décidé de traduire des livres philosophiques 206 . Son choix
provient de l’échec de la première guerre sino-japonaise
(1894
-
1895)
où
le
cadre
des
lettrés
exigeait
des
possibilités pour réaliser un changement social. La langue
des traductions de Yan est considérée comme accessible et
élégante, néanmoins elle n’est pas véritablement fidèle.
Bien des chercheurs ont constaté des suppressions et des
critiques ajoutées par Yan. Son choix est compréhensible:
les
traductions
lui
servaient
comme
un
outil
pour
réveiller le public afin de sauver la nation.
L’environnement
généralement
exercent
sans
de
travail
soumis
aux
cesse
une
des
traducteurs
interférences
influence
sociales
importante
sur
est
qui
la
traduction. D’ailleurs, les traducteurs ne sont pas des
gens qui excellent dans tous les domaines. La qualité des
textes traduits par un certain traducteur a pour critères
son niveau linguistique, ses réalisations littéraires, ses
connaissances
culturelles
etc.
certainement
interlinguistique
La
et
traduction
à
la
est
fois
205 écrivain chinois,traducteur d'œuvres philosophiques occidentales 206 Yan a introduit en Chine pendant 1898 – 1909: Evolution and Ethics de Thomas Henry Huxley206 (1825 -­‐ 1895); The Wealth of Nations d’ Adam Smith206 (1726 -­‐ 1790); System of Logic et On Liberty de John Stuart Mill206 (1806 – 1873); The Study of Sociology d’ Herbert Spencer206 (1820 – 1903); De l'esprit des lois de Montesquieu206 (1689 -­‐ 1755). 176
interculturelle.
Les
savoirs
sur
les
deux
cultures
concernées sont jugés primordiaux. Du point de vue de la
facilité de lecture, il est probablement plus important de
comprendre la civilisation ciblée. Au lieu de fournir des
informations
ouvertes
à
une
mauvaise
compréhension,
La
traduction vise à aider les lecteurs à saisir correctement
le texte, du moins une partie du texte.
177
CHAPITRE 3
MORALE POUR LES ENFANTS:
LE PETIT CHAPERON ROUGE
178
Introduction
Les Contes de l'enfance et du Foyer
207
est un des
ouvrages de la littérature d’enfance et de jeunesse les
plus connus depuis le XIXe siècle. Ce recueil est en fait
une version littéraire concernant la philosophie et la
religion écrite pour les enfants. Les personnages dans les
contes représentent en général l’idéologie sociale liée à
une
certaine
montre
période
toutefois
de
temps.
beaucoup
Le
moins
cercle
scientifique
d’intérêt
pour
la
collection des contes des frères Grimm, dont le tirage est
concurrentiel avec celui de la Bible. Ce chapitre prend
comme objectif l’analyse de la relation entre les versions
du
Petit
Chaperon
Rouge
et
l’évolution
de
l’idéologie
morale.
L’histoire du Petit Chaperon Rouge des frères Grimm a
une origine assez compliquée. Afin d’établir le point de
départ
des
études,
ce
chapitre
commence
par
une
comparaison entre les versions sources. Le sujet s’oriente
ensuite vers les points essentiels présents en commun dans
les
versions
différentes.
Cette
section
peut
servir
à
définir les codes moraux partagés par tout le monde.
Selon le développement intellectuel des enfants, ils
évoluent
d’un
état
sans
distinction
entre
les
êtres
humains et les animaux à un état où ils sont conscients du
bien et du mal, ainsi que des mesures correspondantes à
prendre. Cette évolution intellectuelle est présentée dans
les sections relatives au conflit entre la nature et la
civilisation.
207 Recueil de contes populaires allemands publié par Jacob et Wilhelm Grimm 179
La fin de chaque version d’histoire et le choix du mot
des traductions manifestent également l’idéologie sociale
attachée à une période de l’histoire. En s’appuyant sur
les synthèses concernant cette œuvre de la littérature
pour enfants, il est possible de rétablir les faits moraux
soigneusement implantés dans les contes.
180
3.1 CONTEXTE
3.1.1 ORIGINE D’HISTOIRE
On
prend
intérêt
dans
l’Origine
du
Petit
chaperon
rouge, une histoire folklorique répandue dans presque tous
les pays du Monde, qui est doté d’une longue durée de
transmission. Il est intéressant de savoir que les frères
Grimm 208 (Jacob: 1785 - 1863; Wilhelm: 1786 - 1859) sont
les deux contributeurs de la popularisation des contes, et
non pas des auteurs. En 1698, Charles Perrault 209 (1628 1703) a publié ce conte pour la première fois en Europe
dans
Histoires
moralités
210
.
ou
Mais
contes
cela
du
n’est
temps
pas
passé,
encore
avec
des
l’origine
de
l’histoire. On entend souvent parler de l’expansion orale
de ce conte en France et en Italie qui remonte jusqu’à
XIVe
siècle.
En
Asie,
la
première
version
écrite
d’un
conte ressemblant de l’ethnie Han 211 est apparue sous la
dynastie
Qing
(1616/1636
–
1912)
par
l’auteur
Huang
Zhijun212 (1668 - 1748).
Avec tant de similitude dans les diverses versions,
jusqu’à aujourd’hui personne ne peut offrir une réponse
affirmative
sur
l’origine
de
cette
histoire.
Les
anthropologues ont consacré environ deux cents ans à la
recherche.
Bien
l’évolution
de
des
chercheurs
l’histoire
s’est
gardent
déroulée
l’idée
d’une
que
façon
indépendante, et que les ressemblances des versions, tels
que
l’enfant
primitif
et
innocent
plein
vivait
d’animaux,
dans
un
résultent
environnement
simplement
du
208 linguistes, philologues et collecteurs de contes 209 écrivain francais 210 recueil de huit contes de fées de Charles Perrault 211 constitue environ 92 % de la population chinoise 212 fonctionnaire, écrivain chinois 181
hasard. D’après les théories courantes, l’idée principale
concerne l’introduction du conte en Europe depuis la Chine
par la Route de la Soie. Mais on note que cette opinion
n’est pas partagée par Jamshid J. Tehrani 213 . Il a publié
vers la fin de 2013 son analyse donnant la preuve que la
Chine n’est certainement pas le pays d’origine du conte.
Tehrani emploie l’approche phylogénétique dans son
analyse de cinquante-huit versions de l’histoire, toutes
traduites
en
anglais.
Généralement
utilisée
dans
la
reconstruction des rapports au niveau de l’évolution entre
espèces d’animaux, la méthode qui mesure principalement
les
ressemblances
Tehrani
comme
des
calcul
organes
des
sert
points
en
dans
l’analyse
commun
parmi
de
les
versions. On compte soixante-douze des points comparatifs
dans son rapport, tels que le rôle du méchant, les moyens
qu’il emploie, le nombre des dialogues, la manière de
sauvetage etc. Le scientifique arrive à établir le tableau
Majority-rules consensus of the most parsimonious trees
returned by the cladistic analysis of the tales
214
(le
rendu des arbres les plus parcimonieux selon le consensus
dirigé par la majorité, par l’analyse cladistique 215 ). Il
nomme les groupes de branches par leurs noms du conte,
dont RH = Little Red Riding Hood (le petit chaperon rouge);
GM = Story of Grandmother (l’histoire de grand-mère); Catt
= Catterinella; WK = The Wolf and the Kids (Le Loup et les
Sept Chevreaux); TG = Tiger Grandmother (grand-mère la
tigresse). Chaque branche suggère un auteur concret ou une
nation, avec un nombre à côté
soutien.
Voyons
le
résultat
indiquant le niveau de
de
Tehrani
dans
la
page
suivante:
213 anthropologiste à l’Université de Durham 214 Jamshid J. Tehrani, The Phylogeny of Little Red Riding Hood, page 5 source: http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0078871 215 systématique phylogénétique, théorie de classification phylogénétique 182
Cet arbre de famille montre clairement les relations
entres les versions du conte. La Chine, comme origine dans
la théorie populaire, doit sans aucun doute se trouver
dans le tronc d’arbre avec toutes les autres histoires
comme ses branches. D’après le résultat de Tehrani, la
source des contes débute à un endroit entre l’Europe et le
Moyen-Orient. La popularisation de la version des frères
Grimm
dans
publication
le
monde
universelle
contemporaine
de
leur
résulte
collection
de
des
la
contes.
Sinon les histoires circulant en Afrique sont probablement
venues de l’histoire du Loup et les Sept Chevreaux du
Moyen-Orient. La Chine, au contraire, est sous influence
de l’Europe.
Toutefois,
cette
méthode
reste
à
discuter.
Premièrement, on ne voit pas assez suffisamment de preuves
183
indiquant que toutes les versions choisies par Tehrani
sont
vérifiées
Deuxièmement,
par
on
les
spécialistes
questionne
l’exactitude
des
contes.
des
versions
traduites en anglais. On peut confirmer que la traduction
est une activité de la transmission interlinguistique qui
entraîne certainement la perte des informations. Le texte
traduit le plus compréhensible aggrave en fait le risque
de la perte. Troisièmement, les versions utilisées dans
les analyses sont celles qui sont écrites. On ne voit pas
de méthode efficace qui assure la cohérence aux contes
avec
plus
d’ancienneté
Quatrièmement,
les
qui
analyses
circulaient
statistiques
oralement.
nécessitent
normalement une base de données plus large que cinquantehuit
versions.
résultat
Tehrani
lorsqu’on
Cinquièmement,
la
ne
introduit
méthode
peut
pas
encore
assurer
plus
phylogénétique
de
le
même
versions.
peut
être
classique dans le cadre de l’archéologie. Mais son emploi
dans la définition de l’orientation des histoires manque
encore de soutiens. Tehrani n’a pas établi les groupes de
référence (par exemple : une groupe comparant les contes
différents pour établir la ligne de base de ressemblance;
une autre groupe comparant les contes de même familles qui
indique
le
sommet
des
ressemblances)
qui
donnent
des
preuves de la faisabilité de la méthode. Afin de confirmer
sa théorie, on conclut que Tehrani a encore des étapes à
faire pour compléter son travail.
184
3.1.2 VERSIONS DIVERSES
Les histoires folkloriques possèdent généralement un
modèle
commun.
Elles
sont
ainsi
divisées
par
les
scientifiques selon la structure de l’histoire en deux
catégories principales: le type d’histoire et le motif.
Les
deux
aspects
aident
à
définir
les
similitudes
structurales, les échanges des histoires, la transmission
des histoires et les qualités régionales etc.
L’histoire du Petit Chaperon Rouge a deux versions
fort
connues
venant
de
l’Occident,
leurs
versions
ressemblantes en Chine sont généralement intitulées Grandmère la Tigresse avec les autres noms régionaux tels que
Grand-mère
le
loup,
Grand-mère
l’ourse,
Grand-mère
le
fantôme de truie etc. Malgré la différence des noms, la
structure
laquelle
des
les
histoires
érudits
du
est
de
Monde
haute
similitude,
Occidental
ne
sont
à
pas
étrangers. Les versions du conte de la Chine sont d’un
mélange du Petit chaperon rouge et du Loup et les sept
Chevreaux. Les versions se résument en trois parties: une
fille (ou une dame) pleure pour son destin être mangée par
un animal ou par un esprit monstrueux; les gens ou les
esprits divins l’aperçoivent et lui offre leurs aides;
l’animal ou l’esprit monstrueux tombe dans leur embuscade.
Il est sérieusement blessé ou mort. D’après Ding Naitong216
( 1915 -
Folktales
1989 ) et son livre A types Index of Chinese
217
,
on
compte
un
certain
nombre
d’histoires
conformant à la structure mentionnée.
216 spécialiste de la littéraiture britanique et des littéraires folkloriques américain, origine chinoise 217 Ding Naitong, A types Index of Chinese Folktales, traduit en chinois par Zheng Jiancheng, Li Gao, Shang Mengke, Duanbaolin, Presse de l’Université Normale de Huazhong, 2008, ISBN 9787562236122, pages 91 -­‐ 93 185
Les
versions
européennes
décrivent
également
la
confrontation entre une enfant et un animal. Ce genre de
sujet est une expérience universelle et à la fois une
impression
commune
de
la
vie
qui
montre
en
fait
la
ressemblance d’intérêt esthétique. Le Petit chaperon rouge
est un type d’histoire qui a vécu très longtemps. Certes,
on
trouve
diverses
versions
selon
les
régions
et
les
époques, mais les histoires partagent la même piste de
développement. Les chercheurs occidentaux s’intéressent à
ce sujet sous une série de perceptions, telles que la
psychanalyse218, la psychologie, l’anthropologie symbolique
et interprétative
219
etc. Les études sont beaucoup plus
avancées que dans le Monde Oriental. Les variations des
histoires demandent des recherches sur plusieurs domaines,
telles que la structure, les unités narratives et le sujet
culturel. En tant que conte folklorique important, on note
que le personnage vilain dans une version chinoise, la
tigresse, n’a pas été changé pour les lecteurs venant des
régions où il n’y a pas de tigres. Cela doit concerner la
stratégie de l’interprétation.
3.1.2.1 Structure de narration
-- Histoires Orientales
La documentation la plus ancienne de l’histoire du
type de Grand-mère la tigresse remonte jusqu’à VIIe – IXe
siècles, dans les écrits de Dun’huang 220 , sous les titres
de Bai’gabaixi et Jinbonieji et les deux frères des
218 technique d'analyse reposant principalement sur la parole 219 étude sur les symbols culturels et sur leurs interprétations afin de mieux comprendre une société particulière 220 ville de la province du Gansu en Chine 186
Jinbonieji et les trois sœurs des Zengbaxin. Les deux
chapitres sont des récits sur les Rakshasa 221 . Après avoir
mangé les parents des enfants, les démons cherchent à
capturer les filles en se donnant l’apparence de leurs
parents 222 .
L’autre origine concerne ce qu’on a mentionné
précédemment:
la
légende
de
Grand-mère
la
tigresse
de
Huang zhijun, qui raconte le triomphe d’une fille contre
l’esprit d’une tigresse masquée sous la peau de la grandmère de fille. Fondée sur les versions collectées, Ding
Naitong
223
sections
offre
dans
l’arrivée
de
son
la
une
catégorisation
livre
224
méchante;
:
la
la
composée
mère
et
méchante
de
les
à
cinq
enfants;
la
maison;
l’enfant échappée; la punition contre la méchante.
- Mère et enfants
a.
La
mère
informe
ses
enfants
(deux
ou
trois
en
général) de ne pas ouvrir la porte aux étrangers avant son
retour.
b. La mère se fait manger par un mauvais esprit.
- Arrivée de la méchante
c.
La
méchante,
le
loup
femelle
ou
la
tigresse,
prétend être la mère ou la grand-mère ou un autre membre
de la famille ; le personnage vilain demande aux enfants
d’ouvrir la porte.
221 démons femelles de la mythologie hindoue 222 Ma Xueliang, Ci Dan Ping Cuo, Litteratures de la nation de Tibet, Presse des nations de Sichuan, 1994, ISBN 7540903066, pages 176 -­‐ 178 223 professeur de la litterature anglaise, expert des litteratures rurales 224 Ding Naitong, A types Index of Chinese Folktales, traduit en chinois par Zheng Jiancheng, Li Gao, Shang Mengke, Duanbaolin, Presse de l’Université Normale de Huazhong, 2008, ISBN 9787562236122, pages 91 -­‐ 93 187
Les enfants ouvrent la porte sans poser de questions.
Parfois
les
enfants
demandent
des
informations
sur
l’identité de la méchante, mais ils finissent par croire
aux réponses fausses.
Ou : les enfants décident de rendre visite à leur
grand-mère. Ils rencontrent la méchante sur la route et la
suivent pensant qu’elle est bien la grand-mère.
Ou :
les
enfants
ont
peur
de
la
solitude.
Ils
préfèrent rester avec leur grand-mère. À ce moment, la
méchante est arrivée prétendant être la grand-mère.
- Méchante à la maison
d.
Les
enfants
plus
âgés
constatent
le
physique
bizarre de cette grand-mère.
e. La méchante a peur de la lumière.
f. Lorsqu’elle s’assoit, sa queue fait des bruits.
g. La méchante oblige les enfants à dormir très tôt
pour les manger un ou plusieurs.
Ou : la méchante ne mange personne à ce point.
Ou : la méchante s’est trompée. Elle mange son propre
enfant ou un chien.
- Enfant échappée
h. L’enfant entend des bruits de grignotage.
i. Cette enfant, généralement une fille, demande un
morceau de ce que la grand-mère est en train de manger.
Elle reçoit un morceau de chair des autres enfants.
j. L’enfant aperçoit d’autres faits d’horreur.
188
k. Avec la permission de la méchante, elle quitte la
chambre, attachée par une corde. Elle la rattache sur une
autre chose.
Ou : elle s’enfuit pour se cacher en haut d’un grand
arbre, dans le cour ou dans la maison du voisin.
- Punition contre la méchante
l. La méchante retrouve l’enfant cachée. La fille lui
demande de prendre l’autre bout de la corde pour monter en
haut. L’enfant lâche son bout et la méchante tombe par
terre.
Ou : l’enfant prend des objets aigus et lourds pour
blesser la grand-mère.
Ou :
l’enfant
renverse
sur
la
méchante
de
l’eau
bouillante ou de l’huile chaude.
Ou : l’enfant demande de l’aide aux autres personnes.
m. La méchante est morte.
Ou : la méchante ne peut pas rattraper l’enfant. Elle
rentre chez elle malgré tout. L’enfant est sauvée.
-- Histoires occidentales
Paul
Delarue
225
(1889
-
1956)
indique
que
les
collecteurs français ont recueilli un total de trentequatre versions du Petit chaperon rouge 226 . On établira
ensuite l’analyse de la structure, fondée principalement
sur les versions de Conte de la mère-grand (1870), La
Fille et le loup (1874), Conte tourangeau (1885), Charles
225 expert francais sur les folklores 226 Le Catalogue raisonné du conte populaire français (Maison neuve et La rose, 1951) 189
Perrault (1697), Les frères Grimm (1812) et Henri Pourrat
(1948).
- Introduction de l’héroïne
a. Une fille au nom du petit chaperon rouge (sans nom
ou d’autre nom) est allée voir la grand-mère
Ou : elle rentre chez sa mère.
Ou : elle rend visite à quelqu’un.
b. Elle apporte avec elle un produit laitier (divers)
et du pain ou de la galette.
- Première rencontre avec le loup
c. Le loup ou un autre animal demande à la fille sa
destination ou ce qu’elle apporte.
d. Le loup montre deux chemins et indique à la fille
de prendre celui qui est le plus long.
Ou : la fille choisit un des deux chemin (rare).
- Chez grand-mère
e. Le loup arrive à grande vitesse à la maison de la
grand-mère ou de la mère.
f. Il demande
qu’on lui ouvre la porte en utilisant
les informations qu’il a récupérées de la fille. Une fois
entré, il avale la dame.
g. Le loup préserve de la chair et du sang de la dame
pour la fille. Il se met dans le lit de la dame.
h. La fille frappe à la porte. Le loup lui offre de la
chair et du sang.
190
i. Une voix ou un animal informe la fille sur la
nourriture. La fille ne comprend pas.
j. Après le repas, le loup demande à la fille de venir
l’accompagner
dans
le
lit.
La
fille
se
déshabille
et
demande où mettre les vêtements.
Ou : le loup lui dit de bruler les habits.
Elle se couche.
- Résultat
k. La fille aperçoit les énormes parties corporelles
du loup. Jusqu’à la question sur les grosses dents, le
loup
mange
la
fille
après
la
réponse
“c’est
pour
te
manger”.
Ou : la fille demande à sortir. Le loup l’attache avec
corde. La fille échappée rentre chez elle.
Ou : un chasseur passe par la maison. Il prend des
ciseaux pour ouvrir le ventre du loup endormi. La fille
est sauvée.
191
3.2 COMPARAISON
3.2.1 NATURE DES MONSTRES
L’animal
méchant
dans
les
versions
chinoises
varie
selon les régions, soit la tigresse, soit la loup, soit
l’ours.
Ils
ne
sont
pas
totalement
des
animaux
de
la
nature, plutôt les mauvais esprits des animaux, capables
de se transformer en forme humaine. Le modèle positif des
animaux, dans les histoires chinoises, est sans doute le
singe dans Le Pèlerinage vers l'Ouest 227 , qui connaît la
magie de se transformer en soixante-douze variations. Dans
le
même
roman,
on
observe
bien
de
mauvais
esprits,
ressemblant à la tigresse et au loup dans les histoires
qui nous intéressent.
Il est commun dans la pensée chinoise que les méchants
ne peuvent jamais maîtriser sans erreur les techniques de
transformation. Ainsi dans les légendes de Grand-mère, les
enfants arrivent à noter des anormalités physiques (le
visage, la queue, les poils). Les esprits n’empêchent pas
leur envie de manger les gens, surtout les enfants, bien
que selon la tradition leur envie ultime soit de devenir
un être humain. Cet arrangement du conte est bien conforme
à la culture. D’abord, l’humain est l’être supérieur sur
la terre. Seules les existences jugées vertueuses dans
leur vie précédente peuvent réussir le contrôle de l’enfer
qui permet aux esprits de regagner la vie sous la forme
humaine.
Les
esprits
avec
des
défauts
doivent
impérativement revêtir d’autres formes d’existence. Les
pires, bien sûr, restent dans l’enfer pour leurs punitions.
Toutefois la transmigration n’est pas le seul moyen. Selon
227 roman classique chinois, autrement connu par les noms Le Voyage en Occident, Le Singe pèlerin (XVIe siècle) 192
le
Bouddhisme
et
le
Taoïsme,
les
croyants
avec
de
sérieuses contributions peuvent devenir saints, tels que
le moine bouddhiste Xuanzang dans l’histoire du Pèlerinage
vers l'Ouest. De même, les animaux religieux possèdent la
possibilité
de
se
transformer
en
humains.
Les
mauvais
esprits indiquent normalement les animaux qui pratiques
les cultes, ou les rebelles célestes dégradés dans le
Monde par punition. Ils mangent les gens comme une source
de force pour eux. Les imperfections de leur imitation de
l’humain résultent de leurs niveaux de techniques et à la
fois de l’idéologie que la bonté triomphe toujours des
maux
(ainsi
les
méchants
ne
peuvent
jamais
avoir
de
technique impeccable).
Dans les histoires occidentales, le loup ou l’ogre ne
sait pas changer de forme. Le méchant s’habille comme une
dame
mais
ses
qualités
physiques
restent
pareilles.
L’apparence du vicieux est identique à ses comportements
comme animal sauvage. Leur envie de manger un enfant est
simplement pour satisfaire leur ventre. On ne voit pas
dans les traditions occidentales la hiérarchie des chairs
entre les humains et les autres animaux.
3.2.2 CANNIBALISME
Une autre différence concernant le cannibalisme, dans
la plupart des versions occidentales, la fille reçoit de
la chair et du sang de sa mère ou de sa grand-mère. Dans
l’alentour de l’époque des histoires, on note Jonathan
Swift 228 (1667 - 1745) et une brochure intitulée A Modest
Proposal to the Public for Preventing the Children of Poor
People in Ireland from being a Burden to their Parents or
228 écrivain, satiriste, essayiste, pamphlétaire politique anglo-­‐irlandais 193
Country
and
Making
them
Benefice
to
the
Public
(une
proposition modeste au public à propos de la prévention
des ennuis des pauvres parents en Irlande et de leur pays
causés par les enfants et de les faire bénéficiales du
public).
Swift
était
contre
l’égalité
du
droit
de
naissance des pauvres familles irlandaises. Dans les cent
vingt mille nouveaux nés, il conseillait d’en garder vingt
milles et de vendre le reste aux riches. Les tensions dans
les familles avec trop d’enfants, telles que la provision
énorme de famille, les disputes entre les parents, les
fracas
des
enfants,
pouvaient
ainsi
être
soulagés.
L’auteur irlandais était convaincu que le taux de mariage
devait s’élever avec une baisse du nombre des femmes et
bébés morts à la naissance. Cette brochure antihumaine
suggère d’un côté la popularisation du cannibalisme dans
un temps où plein de gens étaient faméliques. Faute de
savoirs
sur
l’contraception,
la
population
a
connu
en
réalité une augmentation. Les gens vivaient dans la misère
avec un excès de population et une faiblesse économique.
Le cannibalisme paraissait sans doute la seule résolution
possible. Cette histoire est intégrée dans An Intellectual
History of Cannibalism229 par Catalin Avramescu230 (1967 - ).
Avramescu
indique
dans
son
livre
que
les
philosophes
européens de XVIIe - XVIIIe siècles, comme François-Marie
Arouet231 Voltaire (1694 - 1778) et Jean-Jacques Rousseau232
(1712 - 1778), partageaient l’idée que le cannibalisme
pouvait être une approche effective de la dépopulation.
Grâce
au
Siècle
des
Lumières
débutant
en
1715,
les
recherches scientifiques ont profondément promu les forces
229 Catalin Avramescu, An Intellectual History of Cannibalism, traduit en anglais par Alistair Ian Blyth, Princeton University Press, 2011, ISBN-­‐10: 0691152195 ISBN-­‐13: 978-­‐0691152196, pages 206-­‐208 230 philosophe, romaniste 231 Voltaire: écrivain et philosophe français fort connu 232 écrivain, philosophe et musicien genevois francophone 194
productives économiques. En complément, les influences du
catholicisme ont diminué, rendant possible l’avortement.
D’ailleurs, le débat sur la destination d’esprit des bébés
avalés
posait
également
problème.
En
tout,
l’équilibre
entre la population et les nourritures s’est redressé, ce
qui élimine le besoin du cannibalisme pour survivre.
Dans
les
livres
antiques
chinois,
les
histoires
folkloriques sur l’homme se nourrissant de chair humaine
ne sont pas de nouveautés. Dans les légendes de Gongyang233,
l’auteur
décrivait
la
famine
dans
la
ville
de
Wei,
à
époque de Chunqiu (771 - 481/453 av. J.-C.): les gens
échangeaient
leurs
enfants
pour
les
manger.
Les
nourritures alternatives étaient les chevaux, les oiseaux,
les souris, les esclaves, les femmes et les hommes âgés.
Toutefois on doit s’interroger sur l’authenticité de cette
histoire, puisqu’elle est liée à une description d’horreur
pour fausser l'accusation contre le général Zi Fan, qui
refusait de rendre la ville. Selon l’auteur des Trois
livres
sur
la
culture
entre
947
–
950,
des
hauts
fonctionnaires “aiment manger le foie pris directement des
hommes vivants. Les hommes respirent encore. Le foie se
mange
avec
du
bon
alcool...
La
ville
de
Chang’an
est
dépourvue de nourriture. Les femmes et les enfants sont
capturés et tués par une centaine de personnes à la fois,
servaient
comme
alimentation
pour
les
soldats.
La
préparation et la cuisson ressemblent aux méthodes des
viandes de mouton et de cochon.” 234 Cette histoire triste
donne en détail la situation du moment.
233 commentaire sur les Annales des Printemps et Automnes 234 Jin Kemu, Trois livres sur la culture, Centre de Presse d’Orient, Shanghai, 2008, ISBN 9787801868916, page 302 195
Ce genre d’horreur prend place généralement au moment
de guerre et de catastrophe où l’on a plus rien à manger.
Dans les belles années, à l’exception des gens aux idées
bizarres, le public n’a pas la préférence cannibale. Shang
Binghe indique que selon Sur l’histoire antique de Qiao
Zhou 235 (201 - 270): “Au début du temps, les gens buvaient
l’aiguail
arbres.
et
mangeaient
Ceux
qui
les
herbes
habitaient
dans
et
les
les
fruits
montagnes,
des
se
nourrissaient des oiseaux et des animaux sauvages, dont
les
fourrures
servaient
de
leurs
habits;
ceux
qui
habitaient près des eaux se nourrissaient des poisons et
des
produits
de
la
mer.”
236
Shang
cite
également
le
classique nommé Les Débats au pavillon de tigre blanc 237
“ les gens d’autrefois mangeaient généralement les viandes
des
animaux;
jusqu’à
l’époque
de
Shen
Nong
238
,
la
population dépasse ce que fournissent les animaux. Shen
Nong
enseignait
au
peuple
les
connaissances
sur
les
saisons, sur la terre et à la fois sur la production des
instruments
aratoires.
Les
habitants
étaient
désormais
capables de travailler la terre.”239.
Il est évidant que le cannibalisme est un comportement
anormal dû au hasard, soumis à la condition de la vie. En
général, Les gens chassaient les animaux et cultivaient la
terre.
Lorsque
les
animaux
sauvages
ne
pouvaient
pas
assurer la consommation quotidienne des gens d’autrefois,
les animaux domestiques restaient l’option supplémentaire.
235 officiel de l’Etat de Shu Han 236 Shang Binghe, Verification sur les traditions folkloriques sociales de toutes les dynasties de l’histoire, Bibliotheque de Guangling Jiangsu, 2002, ISBN 9787806431610, pages 5 237 collction des pensées delivrées au colloque au pavillon de tigre blanc 238 héros civilisateur de la mythologie chinoise, l’un des trois Augustes, première apparition écrite à la période des Royaumes combattants (453/403 – 221 av.J.-­‐C.) 239 Shang Binghe, Verification sur les traditions folkloriques sociales de toutes les dynasties de l’histoire, Bibliotheque de Guangling Jiangsu, 2002, ISBN 9787806431610, pages 37 196
D’après les Rites de Zhou
240
, “Pour le sacrifice, les
moutons devait être décorés.”. Le sacrifice des moutons
est applicable au cas où “lorsqu’il n’y a pas de bœufs
domestiques, utilisez les bêtes de somme tels que les
cochons, les moutons, les chiens”. Publié au milieu du IIe
siècle
av.
J.-C.,
l’histoire
le
longue
livre
des
d’élevage
Rites
des
de
bêtes,
Zhou
montre
une
mesure
nécessaire contre la faim. Sous la dynastie Qing où a pris
place
la
première
publication
en
langue
officielle
du
conte Grand-mère la Tigresse, durant les centaines d’année
de paix, le peuple jouissait en réalité d’une vie heureuse.
En tout, dans les versions de Grand-mère la Tigresse,
après
avoir
méchante,
demandé
un
fille
n’a
la
morceau
pas
de
mangé
ce
que
mangeait
la
enfant.
Le
d’autre
cannibalisme, étant donné la condition de vie suffisante,
n’est pas apparu dans les histoires.
3.2.3 ROUGE
Quelle que soit la langue, la plupart des histoires
utilisent la couleur rouge pour décrire le chaperon de la
jeune fille. À la vue du titre, les lecteurs du conte se
rendent
compte
presque
immédiatement
de
l’héroïne
de
l’histoire et dans un certain degré de l’orientation du
contenu. Un site titré code couleur offre l’explication
suivante sur cette couleur qui saute aux yeux :
Le
rouge
est
sûrement
la
couleur
la
plus
fascinante et ambiguë qui soit. Elle joue sur les
paradoxes,
anime
des
sentiments
passionnels
en
complète contradiction. Cette couleur remue les
240 un des trois textes rituels en tant que classiques de Confucianisme 197
sentiments sans aucun doute. Elle s’impose comme
une couleur chaleureuse, énergique, pénétrante et
d’une certaine manière rassurante et enveloppante.
D’un autre côté, on l’associe au sang, à l’enfer
et à la luxure. Cette couleur chaude ne laisse
donc pas indifférent et c’est là toute sa force :
elle remue les passions, qu’elles soient positives
ou négatives.
Signification positive : amour, passion, chaleur,
sexualité, ardeur, triomphe
Signification
négative :
colère,
interdiction,
danger241
Dans
le
cercle
occidental
et
celui
en
Chine,
la
couleur rouge est en général liée aux activités cérébrales
ou aux jours fériées. Notons que le calendrier marque la
noël et autres fêtes en rouge (et les jours ordinaires en
noir), ce qui accord à la couleur rouge la signification
de quelque chose mémorable et festif. Lorsque on parle de
« dérouler le tapis rouge », on parle en fait d’un accueil
somptueux. Le rouge gagne toujours le cœur des gens en
Chine. Par exemple : les mots 囍 (xi - le double bonheur)
et
福
(fu
précédent.
Ce
le
bonheur)
sont
deux
mentionnés
dans
le
chapitre
caractères
que
les
Chinois
affichent traditionnellement sur la porte et les fenêtres.
Soit par calligraphie soit par l’art des papiers découpés,
les papiers rouges sont obligatoires dans ce genre de
tradition. Pendant le nouvel an ou à l’occasion d’une
évènement joyeux, les Chinois disent assez fréquemment 红
红 ⽕火 ⽕火
(hong’hong’huo’huo - rouge comme feu) et 开 门 红
241 Signification du rouge source : http://www.code-­‐couleur.com/signification/rouge.html 198
(kai’men’hong
-
rouge
à
l’ouverture
de
la
porte)
qui
signifient respectivement les jours florissants, et avoir
un bon début ou remporter la victoire sans coup férir.
La
couleur
expressions
exemple,
rouge
de
porte
s’emploie
sentiment.
la
également
“Rouge
de
signification
dans
les
confusion”,
par
d’embrassement
et
de
timidité dans les deux continents. C’est pareil lorsque on
parle d’une personne en colère. Et il faut mentionner la
couleur
rouge
et
son
lien
avec
la
politique
dont
la
perception divise selon le point de vue du locuteur. Par
exemple,
le
livre
d’Edgar
Snow
242
(1905
-
1972)
nommé
Étoile rouge sur la Chine possède deux titres en Chine :
红星照耀中国 (hong’xing’zhao’yao’zhong’guo - l’Étoile rouge
éclairant la Chine) et 西⾏行漫记 (xi’xing’man’ji - Notes sur
le voyage à l’Ouest). Le première est en fait le titre le
plus courant dans la Chine d’aujourd’hui et les zones
dominées
par
les
communistes
dans
le
temps
passé.
Le
dernier titre, qui évite le sens figuratif du rouge, est
le
titre
commun
des
livres
publiés
dans
les
zones
contrôlées par Kouo-Min-Tang243.
3.2.4 NATURE CONTRE CIVILISATION
Les
récits
folkloriques
manifestent
la
narration
commune des êtres humains et à la fois les expressions du
présent. Lorsqu’on applique cette structure interne dans
l’analyse des versions de cultures différentes, il est
facile d’observer que les histoires religieuses et celles
242 journaliste américain 243 ancien parti politique de la Chine, concurrant au communisme 199
de rites partagent des constructions fort ressemblantes.
Mettons les versions d’histoire du Petit chaperon rouge à
l’épreuve.
3.2.4.1 Dichotomie
Le
structuralisme,
l'analyse
en
structurelle
tant
des
qu’approche
textes
courante
littéraires,
de
est
beaucoup influencé par Claude Lévi-Strauss244 (1908 - 2009).
Ses volumes de Mythologiques (incluant le Cru et le cuit,
du Miel
aux
cendres,
l'Origine
des
manières
de
table,
l'Homme nu) offrent une belle collection des textes de
mythe venant de presque toutes les nations du globe. Il
accorde les analyses portant sur la philosophie et sur
l’anthropologie culturelle aux contes un total d’environ
huit cent treize pièces, dans le but de révéler la nature
de dichotomie dans tous les récits fondamentaux. LéviStrauss indique que le principe de la catégorisation des
hommes
primitives
concerne
des
rapports
opposants,
autrement dit la dichotomie, tels que l’homme et la femme,
le ciel et la terre, la vie et la mort. Les paires sont
destinées à expliquer les expériences de la vie sociale
multiculturelle 245 . La dichotomie est une structure qui
date
plus
longtemps
que
les
activités
psychologiques
sociales. Les contes transmis par la manière orale entre
les
générations
servent
comme
intermédiaires
entre
les
humains et la société, la civilisation et la nature. La
réalisation
de
cette
fonction
est
assurée
par
les
observations du monde intégrées dans les mythologies, qui
mettent en valeur les expériences subconscientes de la vie,
244 anthropologue et ethnologue français, un des fondateurs du structuralisme 245 Claude Lévi-­‐Strauss, La Pensée sauvage, traduction en chinois par Li Youzheng, Presse de l’Université du peuple de Pékin, 2006, ISBN:9787300070179, pages 167 -­‐ 189 200
lesquelles
reflètent
un
mécanisme
des
émergences
culturelles.
Les
analyses
composition
structurelles
connectant
tous
les
aident
à
isoler
champs
des
la
phénomènes
culturels, qui existe non seulement dans les histoires
mythiques,
mais
aussi
dans
les
structures
sociales,
historiques , cérébrales. Selon Lévi-Strauss, la paire des
facteurs d’une plus haute fréquence d’apparence concerne
la nature et la culture 246 . Le duo révèle le rapport de
dépendance et celui d’affrontement entre les humains et
les phénomènes naturels: les animaux font partie de la
nature, les humains en même temps sont inclus dans le
cercle de la civilisation. Les êtres humains établissent
les cultures (les bâtiments, les rites, la moralité etc.),
visant à affronter et à éviter les dangers venant de la
nature, tels que les bêtes, les catastrophes. Ainsi on
conclut que le conflit entre la nature et la culture est
en fait une projection de la pensée d’opposition binaire
sur
les
conflit
connaissances
se
traduit
du
Monde.
généralement
Dans
les
contes,
ce
par
des
expressions
métaphoriques.
Il est intéressant de noter que dans le tome nommé le
Cru
et
le
Cuit,
l’auteur
accorde
son
attention
aux
activités culinaires et à leur signification. Il souligne
qu’aux
yeux
des
mythes,
la
cuisine
est
en
fait
une
activité de nature intermédiaire entre le ciel et la terre,
la vie et la mort, la nature et la vie sociale. Dans son
avis, les nourritures crues, sans traitement culinaire par
le feu représentent l’état sauvage, les nourritures cuites
246 Claude Lévi-­‐Strauss, Mythologiques, t. I : Le Cru et le cuit, traduction en chinois par Zhou Changzhong, Presse de l’Université du Peuple de Pékin, 2007, ISBN 9787300077758, l’introduction 201
l’intervention
culturelle.
Les
nourritures
civilisées
marquent la différence entre la vie de nature et celle qui
est avancée247.
3.2.4.2 Présentation et élimination d’antithèse
L’antithèse
entre
la
nature
et
la
culture
est
soigneusement intégrée dans la narration des histoires.
Cette
dernière
suscite
le
processus
de
l’harmonisation
spirituelle par une reproduction de l’évolution narrative
incluant
les
problèmes
rencontrés
par
le
héros
ou
l’héroïne et les métaphores de l’histoire, afin d’exprimer
la contradiction dans les échanges entre les humains et
l’univers. Les mythologies s’engagent à la fois dans la
description des existants opposés et de la résolution des
contradictoires
qui
favorise
le
maintien
de
l’ordre
harmonieux. Autrement dit, les histoires et les contes
offrent en fait une logique valorisant la résolution des
problèmes. Généralement cette logique travaille avec deux
options: l’une concerne la présentation d’une concession;
l’autre
la
proposition
d’un
contradictoire
ressemblant
mais plus facile à éliminer.
Visant
au
soulagement
de
tension,
les
mythologies
établissent le rapport en comparant une paire de facteurs
en opposition avec une autre paire de facteurs ressemblant
et déjà acceptée. Selon Théoricien about Myth de Robert
Alan Segal 248 (?), au lieu d’une évolution de l’histoire,
Lévi-Strauss insiste sur le cadre de structure dans la
recherche
sur
la
signification
des
mythologies.
247 Claude Lévi-­‐Strauss, Mythologiques, t. I : Le Cru et le cuit, traduction en chinois par Zhou Changzhong, Presse de l’Université du Peuple de Pékin, 2007, ISBN 9787300077758, page 90 248 Professor en théories sur la religion 202
L’évolution
de
l’histoire
se
manifeste
par
une
série
d’actions en chaîne; la structure, en même temps, égale la
présentation et la résolution des contradictoires. Segal
explique que la nature structurelle se traduit par deux
possibilités.
Premièrement,
les
évènements
A
et
B
constituent la paire en opposition, qui est résolue par
l’évènement
C.
Deuxièmement,
les
évènements
A
et
B
composés de facteurs en opposition, comparables à la paire
des évènements C et D 249 . Dans les recherches suivantes,
l’analyse
de
la
portée
de
diverses
versions
du
Petit
chaperon rouge sera établie en appuyant sur les conflits.
3.2.5 DÉBUT DU CONFLIT
Les
contes
bénéficient
les
recherches
sur
la
révélation des pensées nationales et sur le système de la
société
concernée.
Les
arrangements
entre
l’humain
et
l’animal ont pour nature le débat entre deux facteurs en
opposition:
la
nature
et
la
culture.
Les
principes
structurels des humains peuvent ainsi aider à déterminer
les raisons et les éléments culturels de la popularisation
mondiale des histoires du genre de Petit chaperon rouge.
Il
est
intéressant
de
vérifier
l’existence
de
la
dichotomie extrême dans les histoires et celle de la zone
grise.
Les
versions
se
composent
en
général
de
deux
parties: l’invasion du méchant dans la société humaine, la
punition du méchant par l’enfant échappé.
249 Robert Alan Segal, Theories sur les mythes, traduction en chinois par Liu Xiangyu, Presse des recherches et de l’éducation des langues étrangères, 2008, ISBN: 9787560078618, pages 288 -­‐ 290 203
3.2.5.1 Bête d’horreur
Que le méchant soit le loup ou la tigresse, on note la
“civilisation” de la bête par ses déguisements, tels que
les
habits,
déguisements
la
du
langue
méchant
et
la
font
la
planification.
partie
primitive
Les
dans
l’étape de l’entrée dans la maison, pendant laquelle il
lui
est
demandé
de
cacher
son
apparence
effrayante.
L’effet de la ressemblance à un humain, dans toutes les
versions, est le point-clé de l’acquisition de confiance.
Le
méchant
doit
faire
attention
aux
habits,
aux
comportements, à la langue et à l’intonation comme s’il
jouait le rôle d’un être humain devant des humains.
On observe que dans presque toutes les versions, le
méchant choisit sans exception le rôle féminin, soit la
mère
soit
la
grand-mère.
Il
n’est
pas
étranger
de
constater qu’au point de vue logique, les membres féminins
ainés de famille se chargent de la famille et surtout des
enfants. Un tel rôle a une nature méritant la confiance
des petits enfants. Selon les traditions occidentales, une
fois mariés, les gens commençaient leur vie de famille
dans un nouvel endroit. Il est ainsi raisonnable de penser
que
les
enfants
relativement
explique
la
isolé
raison
vivaient
dans
de
grands-parents,
leurs
pour
laquelle
un
les
environnement
ce
enfants
qui
ne
reconnaissaient pas la fausse identité du méchant.
En même temps en Chine, les femmes mariées habitaient
avec tous les membres de la famille du côté de son mari.
Il était strictement interdit aux femmes de sortir de la
maison sans une bonne raison. En plus, malgré l’âge jeune
des
grand-mères
(environ
trente
ans),
qui
indique
une
bonne santé pour sortir, elles sont généralements soumise
204
à la coutume des pieds bandés 250 qui exige les femmes de
plier les orteils contre la plante du pied et de courber
la voute plantaire. Il est intéressant de noter que la
fille dans la version du Grand-mère la tigresse est une
adolescente
(ou
femme
selon
la
tradition).
Il
paraît
qu’elle est capable de marcher assez longtemps. Certes, la
valeur esthétique et les règles traditionnelles exigeaient
que les filles respectent la pratique des pieds bandés.
Certes, il était impossible pour les femmes d’avoir une
vitesse de marche normale, sans parler d’une visite à pied
à en endroit lointaine. Mais à l’époque du la version H,
les
femmes
de
l’ethinie
au
pouvoir,
les
Mandchous
refusaient de suivre cette tradition de l’ethnie Han. Il
est donc acceptable que l’héroïne, une fille à l’âge de
mariage, agissait comme les filles d’aujourd’hui. Puisque
Huang n’a jamais proclamé son droit d’auteur d’origine, il
faut prendre en considération la possibilité que l’origine
de
cette
histoire
(environ
XVIIe
siècle)
date
de
plus
longtemps que le début des pieds bandés (Xe siècle). En
tout, la grand-mère du côté du père est exclue. Seule la
grand-mère du côté de la mère est relative aux enfants
mais les rejoint rarement.
À partie de là, le symbole du danger et du vice dans
les cultures a réussi la mission d’interprétation d’une
femme ainée et supérieure. La confiance des enfants est
représentée par la porte, en tant que défense physique de
la maison, ce qui signifie l’élimination officielle de la
division entre la nature et la culture. Le méchant profite
du
manque
d’expériences
sociales
des
enfants
pour
s’intégrer dans le système culturel.
250 du Xe siècle jusqu’au début du XXe siècle (malheureusement, cette tradition peu humaine est revenue avec la promotion de la culture traditionnelle, mais rare pour le moment) 205
Selon
la
logique
des
histoires
folkloriques,
les
méchants sont laids comme les bêtes sauvages. Ce genre de
figure vive et de tendance typologique décide l’apparition
des bêtes grandes et intelligentes d’une façon vicieuse,
telles que le loup et la tigresse. Le rôle d’opposition au
méchant, les enfants représentent la beauté et la force de
la vie perpétuelle des humains, quelles que soit leurs
petites figures et leur grâce naïve. La comparaison des
deux figures inégales manifeste la résistance contre les
monstres effrayants de la nature par les figures faibles
de la civilisation. On cherche à créer un écart maximum
pour
deux
raisons:
l’une
concerne
la
manifestation
de
l’avantage d’intelligence des humains et de son effet de
la force de levier; l’autre traduit le triomphe de la
justice, la récompense des vertueux, l’élimination de la
peur et sans doute surtout le respect des règles.
Les bêtes sauvages dans les histoires folkloriques,
initialement une partie de la force menaçante de la nature,
sont pourvues d’un caractère sociale qui reflète la force
vicieuse et brutale. Les histoires créées possèdent ainsi
une portée des expériences de la lutte. La déception de la
part
du
méchant
envers
l’enfant
innocent
dessine
les
problèmes et les conflits dans la vraie vie sociale. La
partie de la première importance dans les version est la
punition du bête (sauf version de Perrault) qui souligne
l’intelligence des humains afin d’affirmer la confiance en
soi
pour
tous
les
gens
qui
connaissent
l’histoire.
Conformes au mécanisme spirituel de “problème, solution”,
les versions du Petit chaperon rouge ont non seulement un
sens
éducatif
pour
les
enfants,
mais
aussi
un
effet
tranquillisant (avec sans doute des préjugèrent sociaux)
pour les adultes qui les racontent.
206
3.2.5.2
Défense
physique
et
symbole
de
la
civilisation
--
Défense physique spatiale
Le duo en opposition “les forêts/le champs – la maison”
désigne respectivement les territoires des bêtes et des
humains. La distribution isolée des deux parties a pour
limite la porte. L’intérieur de la porte est le domaine
sécurisé
des
humains,
l’extérieur
la
nature.
On
s’intéresse aux raisons de la transgression du méchant
dans les endroits d’habitation des humains.
Les versions de Perrault, des frères Grimm et de Huang
se
caractérisent
par
la
sortie
de
chez
soi
de
l’héroïne, qui est probablement causée par le travail ou
la sortie des parents. Les enfants ne s’empêchent pas
d’éprouver la peur d’être isolés et abandonnés. En même
temps, les parents utilisent cette peur pour renforcer la
discipline.
L’histoire
du
Petit
chaperon
rouge
sert
parfaitement comparable à un avertissement de la vigilance
contre les bêtes, les étrangers et toutes sortes d’esprits.
Ce
genre
d’histoire
introduisent
quatre
éléments:
les
recommandations des parents (généralement la mère), les
vérifications
sur
l’identité
du
méchant,
les
ruses
du
méchants et la révélation de la fin de l’histoire. En tant
qu’habitation
des
humains,
la
maison
est
l’endroit
où
protège les enfants contre les maux. Son contraire, les
forêts représentent les endroits inconnus hors la portée
de la civilisation, autrement dit le danger.
207
La porte bloque les bêtes en dehors. Dans les versions
on note le développement de “la protection de la porte –
la vérification d’identité – la réception – l’entrée de la
bête”.
Il
est
évident
que
dans
les
diverses
cultures
concernées, la fermeture de la porte est considérée comme
la création d’un espace de paix. La maison est le fort
d’ordre et de chaleur, établie par la civilisation; les
espaces ouverts sont remplis des changements, des dangers,
et des chaos. Selon la philosophie culturelle, la porte se
charge du rôle d’intermédiaire et de conflit entre la
culture
et
la
civilisation.
L’existence
des
portes
explique la tendance de pensée des humains sur la notion
de l’espace. En tant que force d’invasion, le loup ou la
tigresse et ses manœuvres de tromperie font ainsi partie
de la technique de simulation.
-- Déguisement
Le goût préféré des bêtes les oblige au processus
d’alternance
sauvages.
et
Le
de
clé
pénétration
de
pour
l’acquisition
de
gommer
les
traces
confiance
réside
inévitablement dans l’apparence (enfile ses habits, met sa
coiffe) qui indique la civilisation des bêtes. Les animaux
sont dans l’état sauvage, couvert de fourrures. Les êtres
humains cherchent à cacher les corps nus par les tissus et
les accessoires dont la cause est non seulement le sens de
la honte, mais aussi les fonctions pratiques, telles que
la
protection
contre
les
bruissons
et
la
pluie,
la
protection contre le froid et la chaleur etc. En bref, les
habits sont une expression d’avancement culturel et un
symbole du Monde civilisé. L’apparence est donc le symbole
visuel
de
la
définition
sociale
suggérant
le
statut,
l’occupation, l’âge, le sexe etc.
208
Le méchant dans les versions du Petit chaperon rouge
emploie comme intermédiaire l’imitation des humains par
l’apparence et par les comportements. Avec les figures
symboliques
concrètes
et
abstraites,
le
méchant
efface
section par section son identité d’animal (le corps nu,
les fourrures, la queue) jusqu’à une transformation qui
conforme aux règles de la société humaine. L’alternance
d’identité dans un système dichotomique nécessite ce genre
de conduite. Les habits, les rites et les expressions du
visage forment ensemble la reconnaissance de la société
humaine et à la fois les conditionnements qui obligent le
méchant, au lieu de chasser et d’avaler son objet sans
discipline comme une bête, à constituer raisonnablement
son identité d’humain.
3.2.5.3 Nourritures crues
En tant qu’élément de la culture, la cuisine offre un
point
de
vue
pour
examiner
le
système
culturel
dont
l’ordre se traduit par la constitution des nourritures
différant selon le sexe, l’âge et le statut hiérarchique.
On observe que le méchant, tout en apprenant les modes
humaines, choisit le mode primitif d’avaler son objet tout
cru. Il faut ainsi noter que dans les versions du conte,
la vraie différence entre la bête et l’humain se trouve
probablement dans la cuisson. Selon l’avis de Claude LéviStrauss dans son livre le Cru et le Cuit, la distinction
entre le duo de la nature et de la culture se rapporte au
traitement de la nourriture (rêche ou fin)251. Ce geste est
251 Claude Lévi-­‐Strauss, Mythologiques, t. I : Le Cru et le cuit, traduction en chinois par Zhou Changzhong, Presse de l’Université du Peuple de Pékin, 2007, ISBN 9787300077758, page 192 209
sans doute, au niveau du taux de son imitation, un faux
pas dans la civilisation de la bête. Bien des versions
indiquent le démembrement du corps du personnage victime.
La répétition de ce sujet commun plein de douleur et de
brutalité représente la grande peur des gens contre les
animaux.
Le droit fait également un des sujets communs dans
bien des versions. Ce phénomène se produit probablement dû
à la logique des contes, aux expressions de la pensée
inconsciente en commun de la race humaine. Les pièces
brisées des victimes non seulement avertissent les enfants
de respecter les règles, mais aussi évoquent pour tout le
monde la peur de l’invasion des animaux et de la mort
cruelle. Le fait d’être avalé sans la participation de feu,
le cru, manifeste la prise totale du corps par la violence
sauvage.
Les
paniques
psychologiques.
sensibles
du
attaques
corps
se
physiques
Le
dessinent
doigt,
blesse
la
en
partie
facilement
fait
les
des
plus
dans
la
vie
quotidienne. Le détachement du bout de la main est désigné
pour évoquer les expériences du doigt blessé, afin que les
lecteurs stimulent dans la tête la douleur du corps brisé
dans une horreur incomparable. Ainsi dans des régions où
l’animal
méchant
n’existe
pas,
par
exemple
Taiwan
(l’histoire de la tigresse), le blessure aux doigts et
l’imagination du corps brisé garantirent l’effet amplifié
de la panique.
Les crus suggèrent les natures insalubres, primitives
et rétrogrades, insupportables aux yeux du Monde civilisé,
qui
menacent
l’existence
des
êtres
humains
(par
les
maladies, la mort à l’âge jeune). Le slogan “ vous êtes ce
que vous mangez” est une notion bien courante de nos jours,
sous
entendu
les
habitudes
concernant
la
nourriture
210
définissent
les
gens.
Mais
ce
qui
est
plus
important
touche à l’idée que l’humain est également ce qu’il ne
mange pas. Les gens font sans cesse des interdictions sur
des aliments, qui divisent les gens et les cultures, dont
l’existence de ce genre de limite dépasse de beaucoup le
cadre des provisions bonnes pour la santé, nourrissants et
atoxiques. La cuisine est en fin de compte le côté profil
de
la
civilisation.
La
mort
des
victimes
a
pour
signification le cru plein d’esprit sauvage, de rugosité
et des bactéries, qui est le sujet éternel de l'anxiété
des humains. On peut résumer d’après bien des contes le
caractère distinctif à propos de l’ingestion. Les animaux
sauvages avalent leurs proies toutes crues; alors que les
gens
préfèrent
prendre
le
temps
de
cuisiner,
de
désinfecter par le feu les aliments naturels. Autrement
dit, la santé assurée par les bonnes nourritures est un
des facteurs qui permettent aux gens d’échapper à la vie
barbare.
3.2.6 DÉVELOPPEMENT DU CONFLIT
Dans la première partie du conte, le méchant cherche à
se
déguiser
analyser
les
comme
humain.
efforts
de
Dans
cette
part
de
la
partie,
l’héroïne
on
va
pour
se
sauver et punir l’animal, et à la fois sa piste de secours
vers la nature.
3.2.6.1 Endroit temporaire
Avec l’entrée du méchant, la maison est devenue un
endroit perdu de ses fonctions comme l’abri et la sécurité.
On observe que dans bien des versions, afin d’échapper au
211
contrôle de l’animal, l’héroïne prétend le besoin d’uriner.
Il est intéressant de noter que cette demande est souvent
satisfaite sous la condition d’une corde attachée à la
fille, qui résulte de la négociation entre la fille qui
veut
s’enfuir
et
l’animal
qui
ne
veut
pas
prendre
de
risque. Une fois au dehors, la fille rattache son bout de
la corde à une pierre ou à une chose de poids. L’excuse du
besoin d’uriner, pourrait-elle porter une signification
dans le duo de la nature et la culture?
D’abord, pour que cette excuse soit valide, elle doit
s’appuyer
sur
la
connaissance
n’urinent
pas
comme
spécifiquement
pour
les
que
animaux:
cette
les
les
fonction
êtres
humains
toilettes
sont
bâties
nécessaires ;
elles offrent un endroit pour que les gens puissent finir
le
travail
à
l’abri
des
regards.
La
honte
d’être
nu,
autrement dit l’envie de cacher le corps, concerne la
pensée
évoluée
des
humains.
La
demande
d’aller
aux
toilettes explique qu’en fait, la petite héroïne est dans
le
désespoir
de
se
sauver
en
essayant
la
dernière
protection que lui offre la civilisation.
3.2.6.2 Punition
La punition de la bête concerne souvent le feu. La
fille cachée, soit demande à l’animal qui l’a coincée de
préparer
de
l’eau/l’huile
bouillant ;
soit
elle
leurre
l’animal pour qu’il tombe dans un grand conteneur d’eau
bouillante. Les procédures de la cuisine appartiennent à
la civilisation humaine sont ici les stratégies pour la
punition de la bête. Par exemple: profitant de la hauteur
de
l’arbre
dans
lequel
l’enfant
se
cache,
l’héroïne
renverse le liquide brûlant sur le méchant gourmant et
212
cruel de la bête. La méthode prend soutien de l’ignorance
de
l’animal
qui
connaît
d’une
façon
superficielle
la
fonction de l’eau et de l’huile, sans compréhension de
leur nature dangereuse.
L’emploi de l’huile et de l’eau attaque en fait le
méchant
qui
mange
les
nourritures
crues,
dont
l’effet
menaçant pour la vie réside dans l’usage du feu. Considéré
depuis longtemps comme un symbole de la civilisation, le
feu alterne avec l’état primitif des êtres humains dans la
voie des aliments cuits. Cet élément venant de la nature
qui
marque
le
traitement
de
la
nourriture,
dessine
également la nature et la civilisation. La transformation
des
aliments
crus
en
aliments
cuits
signifie
officiellement le début de la culture. Norbert Elias 252
(1897
-
processus
1990)
de
nourritures
indique
dans
civilisation
crues
253
rappelle
son
:
ouvrage
le
aux
fait
gens
titré
de
Sur
manger
l’image
de
le
les
la
bestialité, dépourvue des moyens de la cuisine et de la
désinfection.
probablement
Dans
un
des
une
maison
quelques
envahie,
facteurs
le
feu
restant
est
à
la
disposition de la fille.
La triomphe de la civilisation se traduit également
par la punition brutale de la bête remplie de l’huile
brûlant directement par l’œsophage (la bête imagine que la
fille se jette dans sa bouche ouverte, comme promis), et
par la suffocation (la bouche et le nez submergés dans
l’eau chaude), au lieu de la mort causée par de sérieuses
brûlures. Dans ces versions, la tigresse ou le loup est
252 écrivain et sociologue allemand 253 Norbert Elias, Sur le processus de civilisation: recherches sociogénétique et psychogénétique, traduction en chinois par Wang Peili, Yuan Zhiying, Presse des textes traduits de Shanghai, 2009, ISBN 9787532747214, pages 201 -­‐ 209 213
considéré comme un criminel, qui mérite la punition par la
violence identique.
Le monde aperçu aux yeux des humains est un système
constitué des figures symboliques, d’après lequel les gens
se distinguent des autres espèces. Tous les signes de
différences avec les informations sociales variantes nous
servent
comme
alertes
de
l’inconnu
ou
du
danger.
La
victoire de la race humaine est soutenue par l’évincement
des
éléments
dissidents.
Comme
le
coupable,
autrement
connu comme la tigresse ou le loup, entraîne la maison (la
société)
dans
le
risque,
il
est
requis
de
l’exclure.
D’après Miechel Faucault 254 (1928 - 1984), les châtiments
corporels
s’appuient
spécifiques,
la
impressionnantes
sur
l’horreur,
panique
255
.
Bien
incluant
collective,
des
les
les
histoires
peurs
figures
folkloriques
adoptent ce genre de fin. Du point de vue de la punition
du coupable par la même violence, les corps des victimes
servent
comme
référence;
la
bouche
qui
signifie
la
voracité, la partie à châtier. Quelle que soit la punition
exercée dans la bouche aux dents tranchantes du méchant,
dans
la
lutte
contre
les
monstres
sauvages,
les
personnages dans les contes tendent à prendre la mesure
commune de “œil pour œil, dent pour dent”.
Dans
les
versions
chinoises,
au
lieu
de
courir
directement à la maison de ses parents, l’héroïne choisit
de s’éloigner temporairement de la bête en montant dans un
arbre. Le plus important est que les grands arbres sont
254 philosophe français 255 Michel Faucault, Surveiller et punition, nassance de la prison, traduction en chinois par Liu Beicheng, Yang Yuanying, Presse jointe SDX, 2003, ISBN 9787108017949, page 109 214
souvent interprétés dans les mythologies comme le lien
naturel entre le ciel (le champ des divins) et la terre
(le terrain des vivants). Le choix de l’héroïne indique en
fait sa demande de secours aux forces supernaturelles.
Dépourvue de l’abri fiable sur la terre, autrement dit la
protection de la civilisation, il est normal que les gens
penchent
automatiquement
vers
un
choix
relativement
isolant de la terre et proche du ciel qui résulte de la
croyance. Étant donné l’invasion de la force de la nature
dans les champs de culture, le moyen de grimper vers le
haut
est
en
fait
faisable
(temporairement)
pour
l’adoucissement de la confrontation.
3.2.7 SIGNIFICATION DES FINS DE L’HISTOIRE
Les
diverses
terminent
par
l’histoire.
versions
des
D’après
fins
la
du
Petit
variables
structure
chaperon
selon
des
la
rouge
se
portée
de
histoires,
nous
pouvons observer que la partie consacrée du destin de la
fille laisse au maximum les possibilités variées. Nous
prendrons
les
versions
de
Perrault
(référence
P),
des
frères Grimm (référence G), de Huang zhi(Référence H), de
Rotkäppchen
(référence
R)
et
une
version
traduite
en
chinois selon le modèle des frères Grimm256 (référence G1).
Les
Grimm
ont
ajouté
au
début,
par
rapport
à
la
version de Perrault, les fonctions d’interdiction de la
mère et de transgression, afin d’introduire à la fin de
l’histoire
le
sauvetage,
le
malheur
redressé
et
la
punition du méchant. Les trois ajouts à la fin ne changent
non seulement ni l’orientation d’histoire, ni aussi l’idée
256 histoires complètes se trouvent en annexe 215
principale. Dupuis le conseil aux jeunes filles sur la
protection
de
la
chasteté,
la
version
G
penche
vers
l’importance de l’obéissance et la dépendance à l’égard de
l’homme.
La
versions
d’initiative:
remerciement
le
cri
après
G1
accorde
de
secours,
avoir
été
à
sauvée,
la
fille
plus
la
politesse
de
la
suggestion
de
punir le loup, la sollicitude pour la santé de la grandmère, et la salutation d’au revoir. Dans cette histoire,
le petit chaperon rouge représente plutôt une fille polie
qui sait offrir des idées et coopérer avec les autres. La
version R reste fidèle à la version G, avec une nouvelle
partie
à
la
fin
décrivant
l’histoire
d’une
deuxième
mission. la fille et la grand-mère, se rendant compte du
danger, refusent d’ouvrir la porte. La grand-mère leurre
le loup à la cheminée par une auge à eau qui parfume le
saucisson. Le méchant est finalement tombé dans l’auge,
mort noyé. Cette version met en valeur que chaque erreur
doit rendre les gens plus avisés, une pensée classique
chinoise. Par rapport à toutes les versions mentionnées,
la
version
H
écrite
en
langue
classique
montre
une
histoire brève mais plus compliquée. La fille agit d’une
façon très calme dès le début, grâce à quoi elle arrive à
éviter d’être avalée. Elle affronte la tigresse contre les
mensonges de gentillesse en révélant la vraie identité de
la dame. Le matin la tigresse s’en va demander de l’aide
pour
renverser
Sauvée
au
plus
l’arbre
tard
sur
par
lequel
un
se
homme
cache
la
fille.
transportant
des
marchandises, la fille laisse ses habits sur les branches
d’arbre. La tigresse revient avec deux tigres pour trouver
les habits. Furieux de leur déception, les deux tigres ont
tué la tigresse. En plus de l’idée que les enfants doivent
être vigilants et intelligents, cette histoire polyvalente
non seulement propage l’importance du soutien d’un rôle
mâle dans les versions G et G1, mais aussi promeut la
216
conception
traditionnelle
“En
répétant
ses
méfaits,
on
court à sa propre ruine. ”
Julia Kristeva 257 (1941 - ) mentionne que toutes les
phrases
achevées
risquent
d’être
manipulées
par
l’idéologie 258 . On emprunte l’idée dans les analyses de la
compréhension des fins du conte. Derrière les textes, il
existe sans exception le soutien moral. Les lecteurs sont
en charge de trouver cette intention. À la fin de la
version P, le loup a avalé la fille et la grand-mère. Bien
des chercheurs ont établi que cette version est en fait un
conte
sexuel,
un
avertissement
aux
jeunes
filles
sur
l’existence des hommes monstrueux cherchant à ruiner à la
chasteté de la fille. Perrault défend en fait la moralité
sexuelle. D’une certaine manière, on peut raisonner que
les péripéties du texte répondent au besoin du dénouement.
Les lecteurs ciblés de la version G sont évidemment
les enfants, qui décident des expressions et l’arrangement
de la fin. Tout est soumis à la disposition d’une idée
directrice
Ainsi
dès
sur
le
transgression
l’importance
début,
de
les
la
d’obéissance
frères
part
du
Grimm
petit
ont
aux
parents.
spécifié
chaperon
la
rouge,
favorisant une transition naturelle de la signification
éducative
de
la
fin.
Les
parties
consacrées
à
la
description du chasseur et la mort du loup sont décidées
par les besoins psychologiques des lecteurs ciblés. La
mort
brutale
de
la
fille
et
son
effet
effrayant
ne
satisfont pas la compréhension des enfants. Le chasseur
est la réponse à la mentalité enfantine qui offre une
257 philologue, psychanalyste, féministe, et écrivaine française 258 Roland Gérard Barthes, Le Plaisir du texte, traduit en chinois par Tu Youxiang, Presse du peuple de Shanghai, 2009, ISBN 9787208085862, page 61 217
manière de punition relativement intéressante, douce et
digne du péché.
R
ressemble
à
la
version
G1
qui
a
réalisé
des
modifications pour les enfants de récente génération. À
notre
époque,
importante
la
que
prise
la
d’initiative
discipline.
est
Dans
jugée
les
plus
manuels
d’enseignement 259 concernant l’histoire du Petit chaperon
rouge,
on
constate
souvent
des
questions
sur
la
distinction entre le vrai et le faux, entre le courage et
l’intelligence, les mesures à prendre en cas du danger et
l’égalité
petite
des
fille
apprendre
à
sexes
(l’héroïne
intelligente)
leurs
enfants
de
et.
qu’il
l’histoire
est
une
Les
gens
préfèrent
n’est
pas
nécessaire
d’être honnêtes envers les méchants. Étant donne le rythme
précipité de la société, les enfants ont besoin de tirer
des leçons de leurs fautes afin de devenir le plus tôt
possible consciencieux et vigilants.
Durant la dernière dynastie dans l’histoire chinoise
où la version H a fait son apparition, le rôle des femmes
était en train de changer. Les hommes, signifiant toujours
l’intelligence et la force ne peuvent absolument pas être
les héros de ce genre d’histoire. Sinon ce serait plutôt
l’histoire de Wu Song260, le symbole classique de la force,
qui est réputé pour avoir tué un tigre à mains nues.
Toutefois, grâce au nombre étendu des femmes lettrées, et
l’orientation de l’autorité centrale, la fille dans cette
histoire qui représente en fait le sexe féminin, n’était
plus
un
rôle
typique
de
tradition
dont
la
vertu
est
l’ignorance. Les femmes, au lieu de n’être que soumises ou
259 Formation sur l’égalité sexuelle source:http://www.docin.com/p-­‐613602713.html ; 260 personnage du livre Au bord de l'eau, un des quatre grands romains classiques 218
sacrifiées au pouvoir des hommes, étaient conscientes de
leur rôle plus actif dans les traditions culturelles et
l’ordre social
261
. L’héroïne de Grand-mère la Tigresse
traduit un rôle féminin imperturbable avec un excellent
jugement sur la situation et l’occasion. Par rapport à
l’héroïne dans d’autres versions, la fille de la version H
est beaucoup moins passive et plus expérimentée. Selon
l’histoire elle est adolescente, une fille à nos yeux et
une femme nubile aux yeux du peuple de la dynastie Qing262.
261 Francesca Bray,Technology and Gender: Fabrics of Power in Late Imperial China, traduction en chinois par Jiang Mei, Deng Jingli, Presse du peuple de Jiangsu, 2010, ISBN 9787214042019, l’introduction 262 Feng Erkang, Sur le system de mariage et le statut social des femmes à la dynastie Qing source: http://wenku.baidu.com/view/29c37aedf8c75fbfc77db2e7.html 219
3.3 TRADUCTIONS DE LA VERSION DES FRÈRES GRIMM
Dans
cette
partie,
nous
allons
analyser
trois
traductions du Petit chaperon rouge de la version des
frères
Grimm :
française
(référence
F),
anglaise
(référence A) et chinoise (référence C). On abordera les
nuances des mots et vérifiera les traces d’influence de la
culture
dans
la
traduction.
Les
textes
utilisés
dans
l’analyse se trouvent dans la deuxième annexe attachée.
3.3.1 OMISSION
3.3.1.1 Exemples
Lève
toi
avant
ne
fasse
qu’il
trop
趁著現在天還沒有熱,
and give her my
趕緊動⾝身
chaud...
Quand
tu
seras
奶家的時候,別忘了
maison, n’oublie
pas de lui dire
et
pas
dans
les
tous
說‘早上好’,也不要⼀一
ne
farfouille
greetings
吧。。。。。。 到奶
arrivée dans sa
bonjour
Mind you manners
進屋就東瞧西瞅。
recoins.
Dans le discours de la mère du petit chaperon rouge
avant son départ, la dame dite dans la version F (colonne
gauche).
Cette
citation
trouve
bien
son
équivalent
en
chinois tout en respectant l’ordre des phrases; alors que
dans
la
version
A,
le
traducteur
l’exprime
par
une
expression brève de la dernière partie du discours en
français.
220
“Je
ferai
bien
tout
ce
que
me
demandes.” répondit
Petit
Little
“我會⼩小⼼心的。” ⼩小紅
tu
Red
Cap
promised to obey
帽對媽媽說,並且還
le
her mother.
和媽媽拉⼿手作保證。
Chaperon
Rouge à sa mère
et
elle
tendit
lui
la
main
pour la quitter.
Ensuite la réponse de la fille est simplement traduite
en anglais par “promised to obey her mother” qui supprime
la parole de la fille, ainsi que la description de ses
actions suivantes.
Où
habite
donc
Just where does
你奶奶住在哪裡呀 ?
ta grand-mère ?
your grandmother
live?
L’équivalent des particules “donc” et “Just” a disparu
dans le texte chinois. Abordons d’abord la seule omission
du texte en chinois à propos de la traduction de “donc” ou
“just”.
Comme
une
d’information
particule
moins
qui
rend
intentionnelle,
la
demande
l’insistance
d’introduire son équivalent (de sens littéral ou figuré)
en
chinois
productive.
dans
Le
cette
phrase
traducteur
a
risque
raison
d’être
d’éliminer
contrecette
particule.
221
La
jeune
tendre
elle
et
Now
這 ⼩小 東 西 細 ⽪皮 嫩 ⾁肉
chose,
fera
there
tasty
的。。。。。。
une
is
bite
a
for
me.
belle et grasse
bouchée.
Après la rencontre du petit chaperon rouge, le loup
pense au gout délicieux de la fille avec des détails. Mais
dans
la
version
A,
le
traducteur
offre
simplement
un
adjectif qui résume la totalité de jeune, tendre, belle et
grasse.
...bien
味道肯定⽐比那⽼老太婆
--
meilleure que la
要好。
Vieille femme.
Le
loup
présume
ensuite
que
la
fille
doit
être
beaucoup plus délicieuse que sa grand-mère. Cet avis ne se
trouve nul part dans la traduction anglaise.
Il
chemina
petit
avec
un
於是它陪著⼩小紅帽⾛走
--
moment
le
Petit
了⼀一會兒。。。。。。
Chaperon Rouge...
Le traducteur de la version a choisi de garder la même
méthode
pour
la
description
d’accompagnement
de
courte
durée du loup.
Elle salua
« Bonjour » mais
elle
aucune
réponse.
reçut
222
--
她⼤大聲叫道:“早上
好!”,可是沒有聽到
回答。
Lorsque l’héroïne entre dans la maison de sa grandmère,
l’atmosphère
est
si
étrange
que
la
fille
ne
s’empêche pas d’avoir peur. Mais comme promis, elle salue
la personne dans la maison. La mère dans la version A n’a
pas spécifiquement demandé à sa fille de saluer les gens,
donc dans cette partie, le traducteur n’a pas non plus
fourni de traduction.
Puis
vieille
mère
pouvait
plus
vint
la
奶奶也活著出來了,
grandqui
ne
presque
respirer.
And
then
the
grandmother came
只是有點喘不過氣來
。
out
alive
as
well.
On note d’ailleurs, que la traduction anglaise n’a pas
fourni les informations sur l’état de santé de la grandmère à peine sauvée. Il précise uniquement que l’état de
santé de la grand-mère n’est pas aussi bon que la fille.
223
le
chasseur
dépeça
le
Loup
rentra
chez
et
lui,
la
grand-
mère
mangea
le
gâteau et but le
獵⼈人剝下狼⽪皮,回家
The
huntsman
took the wolf's
去了;奶奶吃了⼩小紅
帽帶來的蛋糕和葡萄
酒,精 神好多了;
pelt.
The
grandmother
ate
the
cake
and
the
wine
drank
vin que le Petit
that Little Red
Chaperon
Cap had brought.
avait
et
Rouge
apportés
se
reposa
enfin.
Comme dans l’exemple précédent, les lecteurs de langue
anglaise n’ont pas accès à l’information que le chasseur
est rentré chez lui avec la fourrure du loup. Ils ignorent
également la suite de ce qui arrive à la grand-mère après
avoir mangé le gâteau.
Personne
ne
從此再也沒有誰傷害
--
l’importuna
jamais plus.
過她。
La dernière phrase de l’histoire qui donne la suite sur la
sécurité du reste de la vie du petit chaperon rouge n’est
pas gardée dans la traduction anglaise.
3.3.2.2 Analyse
Au total on compte onze omissions dans la traduction
anglaise, dont trois présentées sous une expression brève
et huit éliminations. Au niveau du nombre d’omissions, le
rôle du loup et celui de la fille sont les plus influencés;
224
en
même
temps
si
on
établit
une
comparaison
avec
les
informations fournies (qui restent) de chaque caractère
dans l’histoire, il sera sans aucun doute beaucoup plus
difficile
de
rétablissement
trouver
des
de
personnalité
la
références
soutenant
individuelle
le
des
caractères de la mère, la grand-mère et le chasseur. La
version
anglaise
veut
apparemment
souligner
deux
personnages: la fille et le méchant. Voyons les détails
listés dans le tableau suivant.
Personnage
Nombre
Informations
Signification
concerné
d’omission
perdues
des
informations
La mère
1
- Les
Le respect de
recommandations:
son obligation
“lui dire bonjour”
comme mère
et “ne farfouille
d’une petite
pas dans tous les
fille
recoins”
Le petit
3
chaperon
rouge
- la parole de
La sagesse de
promesse du
la fille, la
personnage et la
bonne relation
main tendue
familiale, la
- la salutation au
suite de
moment de l’entrée
l’histoire
dans la maison
- la sécurité de
la fille dans le
reste de la vie
Le loup
3
- la série
La
d’adjectifs qui
comptabilité
décrivent le goût
de réfléchir
présumé de la
comme humain
225
fille
et la prise
- le comparaison
d’action assez
sur le goût
calculée pour
délicieux de
gagner la
l’héroïne
confiance
- l’accompagnement
du loup
La grand-
2
mère
- la difficulté de
La situation
respiration
fatale de la
- le repos après
dame
la journée
dangereuse
Le
chasseur
1
- la rentrée à la
La suite
maison
D’abord l’innocence du petit chaperon rouge est mise
en valeur, qui suggère donc la présentation inutile de la
relation familiale. Ensuite, la suppression de la promesse
se justifie parce que le guide de politesse ne changera
pas le fait que la fille traîne dans les bois. Mais la
suppression de la salutation lorsque la fille entre dans
la maison de sa grand-mère est sans doute problématique.
D’une part, l’innocence n’égale pas le manque de politesse.
D’autre part, il est possible que la sensation de peur
empêche la fille de parler. Mais apparemment le petit
chaperon rouge a déjà rendu plusieurs visites à sa grandmère, la maison n’est pas un environnement complètement
étrangère.
En plus, ce changement risque de changer la perception
du caractère. Au lieu d’une fille qui salue avec une peu
d’anxiété la grand-mère qui n’est pas là pour l’accueillir,
la version A dessine une fille qui entre dans la maison à
porte ouverte, sans permission de la propriétaire, et qui
226
se rend directement près du lit comme si elle savait où se
trouve la dame. À la fin de l’histoire, les lecteurs de
langue anglaise ne sont pas au courant de ce qui se passe
dans le reste de la vie de l’héroïne. Comme traducteur, il
ne faut pas refuser le droit de savoir de ses lecteurs.
Toutefois, il est à avouer que l’intégralité du conte n’a
pas
subi
de
modification
d’une
façon
inacceptable.
Le
noyau de l’histoire, ou précisément dit des deux luttes
contre
les
méchants
sont
préservées.
Donc
le
petit
chaperon rouge dans les versions anglaises est une fille
innocente mais irréfléchie.
Les omissions concernant le loup se résument en deux
points principaux: son estimation du goût délicieux de la
fille et sa brève durée d’accompagnement dans la route
après avoir requis les informations nécessaires. Dans les
traductions française et chinoise, les traducteurs gardent
la forme de citation de ce que pense le loup avec beaucoup
de détails, offrant la perspective du loup. Au contraire
de la personnalité du loup dans les deux textes, celui de
la
version
anglaise
paraît
d’avoir
un
caractère
plus
direct, qui est plutôt conduit par son instinct et qui ne
se soucie pas de justifier la cause cruelle. Comme dans
notre analyse précédente, le méchant dans ce conte a une
tendance à la civilisation, incluant son apparence, ses
paroles
et
ses
comportements.
La
brève
durée
d’accompagnement donne exemple du déguisement du méchant,
il assure que sa vraie intention est bien masquée par sa
politesse, son appréciation de la vie (il indique au petit
chaperon rouge de porter attention aux belles fleurs et
aux oiseux), sa gentillesse et sa patience d’accompagner
la fille. Toutefois dans la version A, les comportements
humains du loup sont peu fournis. La nature sauvage du
227
loup dans le texte anglais est plus évidente par rapport
aux deux autres.
3.3.2 NATURALISATION
3.3.2.1 Exemples
...sa grand-mère
。。。。。。她的奶
...who
qui
奶,簡直是她要什麼
know
ne
savait
rien lui refuser.
give
就 給她什麼。
(Sa
ses
not
what
to
the
child
next.
grand-mère
satisfait
did
tous
besoins.)
Nous observons trois manières de décrire une fille
dorlotée par sa grand-mère: ne pas savoir refuser à la
personne, satisfaire toutes les demandes, ne pas savoir
quoi offrir.
L’expression française dessine le degré d’affection
par la suggestion que même si la demande était difficile
ou excessive, la grand-mère lui répond avec plaisir. Quant
à
l’expression
chinoise,
la
grand-mère
est
comme
une
personne du métier des services qui est responsable de
satisfaire
sa
cliente,
le
petit
chaperon
rouge.
L’expression de langue anglaise est souvent associée à la
condition que cette personne possède déjà tout. Avec cette
phrase, on imagine automatiquement une fille adorée par
toute la famille avec beaucoup de soin. Dans la version
française
et
dans
la
version
chinoise,
l’affection
se
manifeste en réponse aux besoins de toutes sortes, peutêtre surtout les difficiles; sinon, on aurait raison de
228
catégoriser les gestes comme gentillesses ou courtoisies.
Au contraire des deux mentionnés dont l’initiative est
dans la main de la personne bien aimée, on a impression
que selon les locuteurs en anglais, cette personne n’a
même pas la peine d’exprimer ses vœux: ceux qui l’aiment
s’engagent à la gâter.
...elle
ne
。。。。。。姑娘再
...she wanted to
voulut
plus
也不願意戴任何別的
wear it all the
jamais
porter
time.
帽子。
autre chose.
(La
fille
ne
veut plus jamais
porter
autre
chose.)
Il est intéressant de noter que la description d’une
chose incomparable, les Français et les Chinois emploient
le terme qui en réalité compare cette chose aux autres. Ce
genre de pensée est lié au caractère national en commun
des
deux
pays
où
le
peuple
modeste
qui
s’habitue
à
présumer le pire de soi et de la situation. À leurs yeux,
une proclamation d’être le meilleur mais sans preuves, ne
diffère pas à d’un mensonge ou d’une exagération. Avec
plus
de
confiance
en
soi,
l’expression
équivalente
en
anglais raconte directement l’évaluation personnelle. Elle
est
pareille
lorsqu’on
demande
l’avis
des
autres,
en
français on dit “ Vous n’êtes peut-être pas d’accord?” et
en anglais “ Do you agree?”.
229
« Je ferai bien
tout
ce
que
“我會⼩小⼼心的。”
tu
(“
me demandes. »
Je
--
serai
prudente.”)
La réponse aux recommandations de la mère varie entre
la
langue
française
et
la
langue
chinoise.
La
phrase
traduite en français souligne la volonté d’obéissance par
la répétition d’objet “tout ce que tu me demandes”. La
phrase complète ne laisse aucun malentendu.
Alors que la promesse en chinois ne possède pas la
partie de l’objet. D’une part, “je serai prudente” ou “j’y
ferai attention” est la réponse d’usage. L’équivalent de
mot
à
mot
du
français
donne
en
revanche
l’impression
d’impatience et de mensonge. En plus, la phrase risque de
s’écarter du la langue orale, qui est peu naturelle dans
la circonstance donnée. D’autre part, on ne trouve pas de
références soutenant que la fille comprend complètement
l’importance
possible
que
des
la
recommandations
réponse
soit
de
sa
sincère
mère.
et
à
Il
la
est
fois
inconsciente. La traduction de “je serai prudente” suggère
en fait que les recommandations, au lieu des interdictions
strictes, sont plutôt des suggestions ouvertes selon la
fille.
De cette nuance, on note que la caractère du petit
chaperon rouge manifeste deux images dans les textes: la
version
F,
obéissante
avec
volonté;
la
version
C,
indéfinie.
230
« Bonjour Petit
"Good day to you,
“你好,⼩小紅帽,”狼
Chaperon Rouge »
Little Red Cap."
說。
lui fit-il,
« Bonjour Loup.
"Thank
“謝謝你,狼先⽣生。”
»
(“
Bonjour,
petit
chaperon
rouge.”
Dit
you,
wolf."
le
loup.
“
Merci,
Monsieur Loup.”)
On compte deux salutations de bonjour dans le dialogue.
Les
traductions
française
et
chinoise
de
la
première
salutation se traduisent mutuellement sans problème, avec
l’emploi un peu différent que “good day to you” en anglais.
Il
n’est
certainement
pas
difficile
de
traduire
la
salutation par “good morning”, s’appuyant sur les faits
que la fille part tôt dans la matinée et que la durée de
temps nécessaire pour arriver auprès la grand-mère n’est
qu’une
demi-heure.
Mais
notons
que,
en
plus
de
la
possibilité du terme d’usage préféré (de mode ancienne),
“good
day”
correspond
littéralement
au
“bonjour”.
Le
traducteur ajoute “to you” à la suite, qui indique (pas
clairement) que la phrase est utilisée à la rencontre
d’autrui.
Sinon,
le
simple
“good
day”
signifie
la
séparation, identique à la salutation “ bonne journée”.
La traduction française est absolument correcte. Ce
qui pose problème c’est les réponses de salutation des
deux
autres
versions.
Le
terme
“good
day
to
you”
est
utilisé dans le temps ancien ou plutôt dans l’écriture de
nos jours, servant comme, par exemple, dans le début de la
lettre lorsqu’on s’adresse à un inconnu. L’emploi du terme
231
a pour but d’attirer de l’attention de l’interlocuteur,
qui
porte
la
signification
mélangée
de
“bonjour”
et
“excusez-moi”, et enveloppée sous une forme de souhait.
De la sorte, le petit chaperon rouge répond au terme
par
“merci”,
dans
le
sens
gentillesse”.
Toutefois,
“bonjour”
que
n’a
le
de
étant
sens
de
“merci
donné
pour
qu’en
salutation,
votre
chinois,
la
version
chinoise a absolument tort d’utiliser la réponse “merci”,
puisqu’il n’y a rien à remercier pour cela.
...quelque chose
de
bon
pour
...they
。。。。。。要吃⼀一
la
give
些好東西才能恢復過
rabibocher.
should
her
strength.
來。
(Quelque
de
bon
chose
pour
le
recouvrement.)
Les trois mots “rabibocher” “recouvrement” et “force”
traduisent la différence subjective concernant le souhait
de retrouver la santé. Le terme oral du texte français et
celui
de
la
langue
chinoise,
malgré
leurs
nuances,
s’appuient en fait sur l’état actuel de la malade (la
grand-mère).
Ils
emploient
des
mots
assez
généraux
à
propos du processus, et qui divisent la maladie et la
bonne santé en mal et bien. Le terme “ force” est sans
aucun
doute
plus
concret.
Différent
des
premiers
deux
termes qui comparent la personne malade à une sorte de
chose endommagée dans l’attente de soin, la nécessité de
force souligne plutôt l’envi de guérir de la part des
patients.
232
Voici un morceau
這裡有⼀一塊蛋糕和⼀一
de gâteau et une
bouteille de vin
que
tu
apporteras à ta
grand-mère, elle
est
malade
et
faible et pourra
s’en
délecter.
Here is a piece
of
瓶葡萄酒。。。。。。
吃了這些就會好⼀一些
的。
and
a
bottle of wine.
Take
them
to
your grandmother.
She is sick and
(Voici
un
morceau
de
gâteau
et
weak,
and
they
will do her well.
une
bouteille
de
vin...
elle
deviendra
après
cake
mieux
avoir
en
manger.)
D’abord on note que, dans les traductions française et
chinoise, le sujet de la phrase concernant la présentation
de la fonction du gâteau et du vin est la grand-mère.
Alors que dans le texte anglais, le morceau de gâteau et
la bouteille de vin prennent le rôle du sujet de la phrase.
Ensuite le verbe « manger » du texte chinois mérite une
petite discussion. Il est clair qu’en français, ce verbe
ne peut pas être associé avec le vin. Mais en langue
chinoise, manger indique trois niveaux d’action : manger ;
boire (dans des dialectes); manger et boire. Lorsque la
phrase chinoise est traduite en français, le verbe pose
immédiatement
des
problèmes.
Toutefois
en
chinois,
il
suffit de dire « manger » un morceau de gâteau et une
bouteille de vin.
233
Appuie
sur
la
...pressed
拉起門栓
clenche...
(Tirer
the
latch...
la
clenche)
Apparemment
la
clenche
est
ouverte
par
deux
orientation de force: “appuyer” sur la clenche selon le
texte français et celui de l’anglais; “tirer” l’entière
clenche
selon
la
traduction
chinoise.
En
raison
des
conceptions différentes, les clenches s’ouvrent par des
actions adaptées.
Le
Loup
ayant
apaisé
狼
滿
⾜足
了
...the wolf had
⾷食
son
finished
慾。。。。。。
appétit...
(le
loup
satisfait
this
tasty bite...
a
son
appétit)
le
mot
“appétit”
indique
dans
les
trois
langues
l’envie de manger. Le traducteur chargé du texte anglais
choisit
d’opter
pour
l’expression
“cette
bouchée
savoureuse” dans le but d’assurer la conformité avec la
même expression utilisée précédemment. Cette répétition
accentue sur le goût séduisant de la fille aux yeux du
loup.
...s’il
ne
lui
。。。。。。她是不
manque rien.
...to
take
a
look.
是出什麼事了。
(si
chose
quelque
lui
est
arrivé.)
234
Dans cet exemple, les trois textes fournissent chacun
une expression. On note d’abord que l’expression chinoise
se traduit sans obstacle dans les deux autres langues: en
français, identique à la traduction entre parenthèse, en
anglais “if anything should happen to her”. En même temps,
l’expression anglaise “pour jeter un coup d’œul/ regarder”
peut également être appliquée dans les deux autres langues,
soit
utilisée
seule,
soit
mise
avant
les
expressions
existantes. Une telle alternance se réalise d’une autre
façon pour l’expression française “ s’il ne lui manque
rien”. Dans ce cas, la traduction en chinois est 她是否什么
都不缺, à l’emploi totalement diffèrent. Au lieu d’exprimer
l’inquiétude,
la
phrase
chinoise
indique
en
fait
une
personne qui possède tout (qui donc n’a besoin de rien).
Quant à la traduction anglaise “if nothing is missing/
lacking”
chose,
qui
son
indique
champ
normalement
d’emploi
l’etat
s’écarte
de
complet
celle
d’une
de
la
traduction F.
...comme ta mère
te
要 是 媽 媽 不 允
l’avait
...if
mother
tells me not to.
許。。。。。。
recommandé.
(si
maman
me
l’interdit.)
Il
est
clair
que
dans
cet
exemple,
la
traduction
chinoise et celle en anglais emploient un mode positif de
la mère pour exprimer son interdiction. Au contraire, le
texte
français
souligne
l’initiative
d’acceptance
des
recommandations. La différence entre “ if mother tells me
not
to”
et
“as
mother
instruits
me
to”
manifeste
la
perception différente des règles. La versions chinoise et
235
celle en anglais définissent les règles de famille par un
sens étroit: les attentes et les critères à réaliser – les
prises
d’action.
l’exclusion
des
Cela
suggère
interdictions
généralement
regroupées
en
comme
fait
“ne
pas
faire”. L’expression française utilisée dans le texte ne
concerne pas une telle distinction. Elle englobe les deux
facteurs en un.
...l’odeur
des
The
。。。。。。⾹香腸的
saucisses
smell
sausage
of
arose
s’éleva jusqu’au
氣味飄進了狼 的⿐鼻孔。
into the wolf's
nez du Loup.
(...l’odeur
nose.
des
saucisses
s’élève dans du
nez
du
loup)
La différence ici se trouve entre les prépositions
“jusqu’à” et “dans”. Selon la biologie, l’odeur voyage
sans aucun doute par le nez et finit par l’analyse dans le
cerveau. une fois que les molécules de senteur ont été
capturées par le nez, les informations seront transmises
par
l’électricité
fonction
du
ressemblantes
clairement
le
nez
mais
nez
biologique.
Dans
cause
perceptions
des
la
nuancées.
“dans
comme
conteneur.
un
le
traduction,
la
idéologiques
nez”
considère
Les
molécules
doivent donc entrer dans cet espace pour la détection.
“Jusqu’au nez” le nez comme un point où prend place la
transformation
de
forme
des
informations.
L’inter
changement des deux prépositions peut causer l’incertitude
de la participation du nez.
3.3.2.2 Analyse
236
D’après les exemples de cette section, on a pu établir
la
statistique
fausse
présentée
traduction
salutation
est
du
inclue
dans
texte
dans
le
tableau
chinois
“C
et
suivant.
La
concernant
A”.
Sinon
la
la
bonne
traduction doit entrer en compte en “F et C”.
Nulle
Ressemblance de deux groupes
ressemblance des
Nombres
trois groupes
F et C
F et A
C et A
3
2
3
4
On observe que dans le texte chinois il y a des liens
relativement plus proches avec les deux autres; en même
temps la seule expression identique entre la traduction
française et celle en anglais concerne le verbe “venir”.
Dans
bien
des
exemples,
l’expression
est
en
fait
interchangeable entre la langue française et la langue
anglaise. On s’intéresse au taux bas de la ressemblance
d’expression.
Premièrement,
certes,
XIe
pendant
–
XVe
siècles, l’ancien anglais était sous influence de l’anglonormand. Mais avec le temps, les locuteurs d’anglais dans
tous
les
coins
orientation
du
qui
monde
élimine
amènent
leur
petit
à
langue
petit
vers
les
une
traces
françaises. Jusqu’à la publication du Dictionary of the
English
Language
vocabulaire
et
263
les
,
un
dictionnaire
emplois
du
mot,
qui
est
définit
né
le
l’anglais
contemporain. Deuxièmement, comme une courte histoire, la
base de donnée est assez limitée, la statistique retirée
du conte risque d’être plus ou moins déviée.
263 Publié le 15 avril 1755 et dû à Samuel Johnson 237
Le
taux
de
ressemblance
du
chinois
avec
les
deux
autres langues est élevé, à notre étonnement. Mais est-ce
que ce phénomène est vraiment anormal? La réponse est sans
doute
négative.
Premièrement,
la
version
chinoise
est
d’une traduction du conte des frères Grimm avec un fond de
haute culture. L’introduction de ce conte uniquement par
la
méthode
de
l’aliénation
empêchera
la
compréhension.
Deuxièmement, les contes sont généralement écrits dans une
langue à tendance orale, qui implique un certain degré de
flexibilité du mot et du sens vague, autrement dit un
environnement
relativement
ouvert
à
l’ambiguïté
qui
facilite la traduction. Troisièmement, le mandarin doit
beaucoup
aux
termes
empruntés.
Les
éléments
composants
concernant le vocabulaire et les emplois ont ainsi changé.
Quatrièmement, le mode de pensée des Chinois penche de
plus en plus vers celui du monde occidental. Prenons comme
exemple la salutation “Bonjour”, la manière traditionnelle
utilise les titres d’honneur suivis par les phrases de
politesse sans vraiment dire “bonjour”. De nos jours, Dans
le cercle des gens nés avant 1980 264 , la salutation parmi
les connaissances reste toujours “吃了吗?”(chi’le’ma ?) –
“As-tu mangé?”.
264 les Chinois distinguent la génération par la décennie, les gens nés après 1980 sont considérés comme jeunes. 238
3.3.3 RÉÉCRITURE
3.3.3.1 Exemples
...une jeune et
可愛的小姑娘
jolie
(...une
petite
fille...
...sweet
little
girl.
fille
adorable...)
Au début de l’histoire, l’auteur décrit la fille bien
aimée
par
la
rencontrent.
l’âge
et
famille
La
et
par
traduction
l’apparence;
tous
les
gens
française
se
deux
autres
les
qui
concentre
la
sur
traductions
indiquent l’âge et plutôt la personnalité de la fille.
Nous ne sommes pas en mesure de déterminer l’influence
de
la
version
fameuse
de
Perrault
sur
la
traduction
française, ni l’importance d’un beau visage par rapport au
destin de la fille. Mais il est claire que dans notre
époque,
les
héroïnes
des
contes
et
les
princesses
de
Disney commencent à se libérer de la figure traditionnelle,
par exemple le filme titré Frozen 265 et la princesse la
plus
populaire
dans
l’histoire
de
Disney
Elsa.
Le
stéréotype du rôle feminin a une longue histoire. Les
héroïnes sont généralement belles, naïves, gentilles et
vulnérables.
La
fin
des
trois
traductions
manifeste
également un changement (avec modération) de cette image
ancienne
contre
des
femmes
une
avec
la
description
deuxième
sur
la
lutte
attaque.
265 La Reine des neiges 239
...Si bien qu’on
於是⼤大家便叫她“⼩小紅
ne l’appela plus
que
"Petit
Chaperon rouge".
...she
be
帽”
came
known
to
as
Little Red Cap.
(...si bien que
les
gens
l’appellent “ le
petit
bonnet
rouge”)
Selon l’histoire des frères Grimm, la fille porte en
fait un bonnet rouge qui est retrouvé plus tard par le
chasseur lorsqu’il ouvre le ventre du loup. Le chaperon
est présent dans la version de Perrault, laissé dans la
chambre
lorsque
l’héroïne
se
déshabille.
La
version
française garde le chaperon en honorant Perrault; en même
temps la plupart des locuteurs de l’anglais connaissent
l’histoire de Grimm avec le titre de Perrault. Les textes
traduits en chinois sont introduits dans le pays beaucoup
plus tard que les marchés d’Europe et d’Amérique. Les
traducteurs ont choisi de rester fidèles à la version des
frères Grimm.
...son
chemin
剛⾛走進森林就碰到了
croisa celui du
Loup.
...a
wolf
came
up to her.
⼀一 條狼
(...une
entrée
fois
dans
foret,
tombe
le
elle
sur
un
loup.)
240
Dans cet exemple on compte trois manières d’expression
de
la
rencontre
de
la
fille
et
du
loup.
La
phrase
française prend comme sujet le chemin, qui offre un point
de vue objectif. Le sujet de la traduction chinoise est la
fille qui réalise les actions de “marcher” dans les bois.
La traduction anglaise accorde l’initiative au loup en
utilisant le verbe “come up to” qui précise l’intention du
méchant. Si on considère la tragédie de la fille comme une
affaire
criminelle,
pénalité
du
loup
on
puisse
a
raison
varier.
de
présumer
D’après
la
que
la
traduction
anglaise, le loup a clairement déjà une mauvaise intention
spécifique contre la fille spécifique. Alors que dans les
deux autres déclarations, les informations déterminantes
sont
insuffisantes.
On
peut
raisonner
que
le
loup
de
l’histoire anglaise est plus sophistiqué au niveau de son
approche.
...les
fleurs
jolies
qui
周圍這些花多麼美麗
ont
poussé là-bas.
flowers that are
啊
blossoming
(...les
fleurs
poussent
les
Les
...the beautiful
localisations
jolies
in
the woods.
qui
dans
alentours.)
des
fleurs
diffèrent
selon
les
textes. On compte “là-bas” “ dans les alentours” et “ dans
les bois”. La première locution prépositive indique que
les fleurs ne poussent pas de près de la fille, mais
plutôt à un endroit loin dans une seule orientation. “dans
les alentours” suggère que les fleurs se trouvent un peu
éloignées mais partout. Toutefois on ne peut pas raisonner
sa distance et de la préposition “dans les bois”, la seule
241
information concerne le risque de la perte d’orientation
et
de
la
change
vue
pas
obstruée.
La
localisation
l’évolution
de
l’histoire.
des
fleurs
Mais
on
ne
peut
s’appuyer sur les prépositions utilisées pour vérifier les
verbes de l’exemple suivant.
...voir de plus
...take a look
回頭看⼀一看
près.
(tourner la tête
pour regarder.)
Comme mentionnées, les locutions prépositives aident à
déterminer
le
bon
usage
des
verbes
dans
les
textes
différents. “là-bas” et “ voir de plus près” conforme à la
distance entre la fille et les fleurs. Suggérant un champ
visuel obstrué, “dans les bois” nécessite en fait que la
fille se rende à l’autre endroit pour jeter un coup d’oeil.
On questionne toutefois l’expression “ tourner la tète
pour regarder” et sa cohérence avec les fleurs “dans les
alentours”.
Étant
donné
une
proposition
incluant
les
quatre orientations, l’action de “tourner la tête” ne peut
pas se justifier.
Pendant
ce
temps...
Le
loup
But...
就在此時
(À ce moment...)
s’est
mis
à
courir
pendant
que
le
petit
chaperon rouge accordait son attention aux jolies fleurs.
Les
expressions
comparaison
française
parallèle
et
entre
chinoise
les
deux
soulignent
actions.
Dans
la
le
texte écrit en anglais, le traducteur emploie “mais” afin
de
mettre
en
valeur
le
facteur
en
opposition.
242
Littéralement, les deux actions ont chacune un sujet. En
plus, la cueillette des fleurs n’est pas en opposition à
l’action de courir. On doit noter que l’auteur a consacré
tout un paragraphe pour expliquer par étapes comment la
fille a fini par flâner dans les bois. Le mot “ mais”
introduit juste une phrase à propos des actions du loup.
Donc
le
facteur
l’histoire,
opposant
qui
tourne
est
d’une
plutôt
l’évolution
ambiance
heureuse
de
à
l’approche d’une menace.
...lorsqu’elle
se
rappela
qu’elle
se
sa
chez
grand-mère.
se
rappelle
sa
grand-mère.)
not
continue on her
(...lorsqu’elle
devait
rendre
...did
她才想起奶奶
way
de
to
grandmother's
until...
En gros cet exemple manifeste deux façons d’exprimer
le
moment
où
la
fille
se
rappelle
sa
mission.
Les
compléments d’objet sont en fait interchangeables dans les
trois langues, sans interférence de sens. On s’intéresse
plutôt à la voix affirmative de la phrase en français et
en
chinois,
et
à
la
voix
négative
de
la
traduction
anglaise. La phrase affirmative considère la cueillette
des fleurs et la visite à la maison de la grand-mère comme
deux
évènements
traducteurs,
la
isolés.
Autrement
cueillette
des
dit,
fleurs
aux
n’est
yeux
pas
des
la
condition à satisfaire pour que la fille puisse se rendre
auprès de sa grand-mère. Le traducteur du texte en anglais
ne partage pas cet avis. Selon sa phrase, on peut conclure
que la cueillette des fleurs retarde la visite, ou à un
certain point, risque d’annuler le rendez-vous. Referonsnous à l’exemple précédent, il est constatable que le
243
traducteur du texte en anglais préfère faire ressortir
l’effet grammatique.
...lorsqu’elle
entra
dans
She walked into
她⼀一⾛走進屋⼦子
la
the parlor...
(...lorsqu’elle
pièce...
entre
dans
la
pièce...)
Le petit chaperon rouge arrive finalement devant la
maison de sa grand-mère en découvrant que la porte est
ouverte.
Puis
les
textes
traduits
divisent
en
deux
informations sur le genre de chambre. « la pièce » est un
descriptif d’appartement de chacun des espaces, laissant
une information indéfinie du nombre total de la maison.
« le
salon »,
toutefois,
suggère
au
moins
une
autre
chambre dans la maison. Ce genre d’information n’est pas
crucial par rapport à l’orientation du conte. Mais on ne
peut pas s’empêcher de demander d’où vient la nuance.
...je ne me sens
...why
怎麼這樣害怕
pas bien.
(...pourquoi
j’ai
am
I
so
afraid?
tellement
peur?)
La fille, debout dans la maison, a peur. Dans les
textes chinois et anglais, les lecteurs comprennent le
sentiment de peur d’une façon assez directe. En même temps,
la
phrase
« je
ne
me
sens
pas
bien »
offre
trois
interprétations : (1) c’est bizarre dans la maison ; (2)
la fille a un pressentiment menaçant; (3) la fille est
indisposée.
244
En fait, les trois possibilités listées ne s’opposent
pas
l’une
l’autre.
Premièrement,
la
porte
ouverte
est
justement ce qui est considéré comme bizarre selon la
fille. Deuxièmement, lorsqu’elle salue la grand-mère, le
manque de réponse aggrave l’inquiétude résultant de la
porte
ouverte.
Les
deux
signes
combinés
consistent
normalement en la formulation d’un résultat peu heureux.
Troisièmement,
décide
qu’au
l’organisation
danger,
le
corporelle
de
afflue
cerveau
sang
au
l’humain
afin
d’assurer la vitesse de réflexion. Ce phénomène indique
que
les
quatre
d’insuffisance
d’être
membres
de
malade
la
subissent
fourniture
s’explique
ainsi
du
les
symptômes
La
sensation
sang.
parfaitement.
En
bref,
le
traducteur du texte français a réussi à fournir trois
informations en une seule phrase assez courante.
«
Eh
!
Grand-
"Oh,
“奶奶,你的⼿手怎麼這
mère comme tu as
grandmother,
樣⼤大呀?”
de grands bras »
«
C’est
what
"All the better
呀。”
mieux
t’embrasser »
hands
you have!"
“可以更好地抱著你
pour
big
to grab you
with! "
(Grand-mère,
pouquoi as-tu de
grandes mains?
C’est pour mieux
t’embrasser. )
la
fille
étrangères
du
pose
plusieurs
loup.
Ici
on
questions
observe
sur
que
la
les
figures
traduction
française a choisi de remplacer les mains par les bras. La
série des questions progresse graduellement, ainsi sont
245
les réponses. Cette question concerne le contact physique,
précédée par les grands yeux afin de mieux voir la fille
et suivie par la grande bouche destinée pour la manger.
Selon la tradition, les Français s’habituent plutôt à
s’embrasser, ce qui évoquent les traductions “grands bras”
et
“
mieux
t’embrasser”.
Les
locuteurs
de
l’anglais
préfèrent “shake-hand” – “serrer la main” pour exprimer la
bienvenue.
Le
traducteur
a
certainement
noté
que
le
serrement de mains comme salutation entre grand-mère et la
petite fille n’est pas logique. Restant fidèle à son style
grammatique, il opte pour la réponse “ mieux t’empoigner”
afin de rendre les lecteurs dans l’inquiétude pour la
fille par étapes. En meme temps, il vaut la peine de
remarquer que les Chinois aiment également le serrement de
mains comme geste amical. Cela explique la traduction par
le
mot
“main”.
Toutefois
la
réponse
du
loup
pose
un
problème logique: on ne peut pas utiliser les mains pour
embrasser une autre personne.
il
faisait
sombre
dans
si
le
ventre du Loup.
It
狼肚⼦子裡⿊黑漆漆的
(il
sombre
fait
dans
si
le
was
so
dark
inside
the
wolf's body!
ventre du loup.)
Le traducteur emploie le mot “belly” dans la phrase
décrivant la prise d’action du chasseur avec les ciseaux.
Mais pour la parole de la petite fille, le traducteur opte
pour le choix du mot “body” – le corps. S’il veux dire le
ventre en anglais, il a plusieurs choix à sa disposition: belly; abdomen; gaster; stomach; tummy; gastrodidymus etc.
Apparemment
abdomen,
gaster,
stomach,
gastrodidymus
ne
sont pas des termes compréhensibles aux yeux des enfants.
246
Il lui reste donc belly et tummy. Le dernier mot est
beaucoup plus courant que le premier dans le cadre des
petits lecteurs. Mais la nature informelle et affectueuse
du mot l’empêche d’être appliqué de manière appropriée au
méchant. Quant à belly, le mot est plus conformé au niveau
de connaissance des enfants. Mais le traducteur a décidé
de faire autrement. Prenons en compte que cette phrase est
la parole d’une petite fille qui vient de sortir du loup.
Il est peu probable qu’elle connaisse le système digestif.
Aux yeux de la fille, elle sort du loup, du corps du loup.
« Viens »...
"Come,"...
“那麼,”
(“dans
ce
cas-
là,”...)
Le petit chaperon rouge explique à sa grand-mère le
danger d’un deuxième loup lors d’une autre visite. On note
deux traductions du mot utilisé pour attirer l’attention
de la fille. D’une part, le mot “venir” est présent dans
le texte français et dans le texte anglais qui est suivi
par la proposition de la fermeture de la porte. Ce verbe
indiscutablement traduisible en chinois est remplacé par
un adjectif soulignant le lien causal. Si l’on insiste sur
la traduction par le verbe “venir”, la phrase complète de
la solution risque d’être en rupture avec le danger, comme
si on avait sauté une étape. Le choix du mot équivaut au
niveau
de
fonction
et
il
est
conforme
à
l’habitude
grammaticale.
247
...la
gueule
grise
renifla
autour
de
The
這⾧長著灰⽑毛的傢伙圍
wicked
walked
la
maison...
around
著房⼦子轉了兩三圈
the
(...le
gaillard
several
à
fourrure
la
grise
one
house
time...
tourne
autour
de
la
maison...)
L’appellation du loup diffère selon les langues. “La
gueule
grise”
classiquement
constitue
une
manière
de
remplacement
française:
la
partie
distinctive
est
utilisée comme appellation de la personne. La grammaire
chinoise ressemble à la règle française avec un emploi
différent. Premièrement, le nom doit être précédé du mot
的
(marque
de
possession)
pour
le
transformer
comme
adjectif. Deuxièmement, l’utilisation d’un adjectif comme
appellation
orale.
est
généralement
Troisièmement,
dans
la
appliquée
langue
dans
la
écrite
langue
l’adjectif
nécessite un nom, par exemple “ le gaillard à la fourrure
grise”. Le traducteur du texte anglais adopte une approche
directe en appelant le loup “le méchant”, qui s’accorde à
son style.
...le
大石頭槽子
gigantesque
(...le
abreuvoir...
abreuvoir
...the
grand
large,
large trough...
de
pierre...)
Les adjectifs méritent notre attention. La taille de
l’abreuvoir
considérée
dans
comme
la
plus
traduction
chinoise
peut
petite
les
autres.
que
deux
être
La
différence entre « gigantesque » et « grand, grand » ne
248
concerne pas la taille mais plutôt le niveau de langue. Il
faut avouer que le traducteur anglais maîtrise mieux la
langue destinée aux enfants.
3.3.3.2 Analyse
Dans tous les exemples, on observe que le style du
texte le plus évident doit être celui de la traduction
anglaise. Les expressions « came up to » « but » « hand +
grab »
« wicked
stratagème
qui
one »
traduisent
calcule
avec
ensemble
un
loup
sophistication
de
les
opportunités, et qui mène résolument les exécutions.
Ensuite
on
note
trois
réécritures
réalisées
avec
succès, dont deux du texte anglais et un du traducteur
français. Les deux réécritures du texte traduit en anglais
concernent le remplacement du “ventre” par “le corps”, et
celui de “gigantesque” par “grand, grand”. En plus de la
création de tension dramatique, la personne chargée de la
traduction
se
compréhension
lance
facile
dans
pour
la
les
réalisation
enfants.
Sa
d’une
langue
se
conforme jusqu’à la présente analyse aux caractères des
personnages avec le soin du choix des mots. Le traducteur
français offre un travail très élaboré et pratiquement
sans faute. La phrase “je ne me sens pas bien” arrive à
offrir aisément trois niveaux d’information.
La traduction chinoise, malheureusement, n’est pas à
la hauteur des deux autres. Ce phénomène se manifeste
surtout dans la combinaison des phrases, par exemple: les
jolies
fleurs
poussent
dans
les
alentours
+
la
fille
tourne la tête pour les regarder; le loup a de grands
mains + c’est pour mieux embrasser la fille.
249
3.3.4 AUTRES
-- Perception
...à
une
demi-
。。。。。。離⼩小紅
heure du village.
...a
half
from
帽家有很⾧長⼀一段路。
hour
the
village.
(...à une longue
distance de chez
le
petit
chaperon rouge.)
Á
un
quart
d’heure
de
。。。。。。還有⼀一
...a
good
quarter hour ...
段路呢
marche...
(à toujours une
longue
distance.)
Les deux exemples s’orientent vers le même phénomène:
la perception du temps. Le texte chinois change “une demiheure” et “ un quart d’heure” par “une longue distance”
pour probablement deux raisons possibles. Premièrement, le
traducteur présume que les lecteurs sont trop petits pour
comprendre le temps et qu’un quart d’heure de marche est
assez fatiguant pour un enfant. On garde un avis douteux
envers cette possibilité. Il est possible que bien des
lecteurs à bas âge ne sachent pas encore lire le temps,
mais
ils
ont
certainement
l’expérience
d’une
durée
pareille. Il est donc inutile de gommer la durée exacte.
Deuxièmement, le traducteur sait bien qu’en Chine quinze à
trente minutes de marche est complètement normal. Pendant
une longue période, les familles chinoises n’ont pas eu de
250
voiture ni de système de bon transport. Naturellement, les
enfants fréquentent leurs écoles en y allant à pied. Étant
donné
la
communauté
peuplée
de
Chine,
environ
trente
minutes de marche pour aller seul à l’école ne doit pas
étonner les enfants. Ainsi il faut changer la durée du
temps, laquelle ne concerne jamais un simple modification
de durée mais plutôt une traduction de la signification.
Voilà on arrive à avoir “une longue distance”.
-- Ajout
...comme
tu
as
une
grande
。。。。。。你的嘴
a
horribly
巴怎麼⼤大得很嚇⼈人呀?
bouche
...what
(...pourquoi
as
big
mouth you have!"
tu
une
terriblement
grande bouche?)
Dans
cet
exemple
le
texte
en
chinois
et
celui
en
anglais choisissent d’ajouter un complément sur le degré
de la grande bouche du loup. Comme mentionné, la série de
questions a un ordre progressif au niveau de la révélation
de la vraie intention du loup. Dans la question précédant
de celle-ci, la traduction française offre un dialogue
concernant le premier contact physique: les grands bras du
loup – pour mieux embrasser la fille. Pourtant, ce contact
physique est plus intense et révélateur dans la traduction
en langue anglaise (le texte chinois a été mal traduit,
sinon il aurait dû ressembler au texte A): les grandes
mains du loup – pour saisir la fille. Afin de respecter la
tension
graduelle
des
dialogues,
on
constate
que
les
traducteurs répondent à la demande par l’ajout du mot
251
“terriblement”
tout
en
respectant
le
sens
initial
de
dialogue.
Tu
n’iras
plus
。。。。。。我⼀一輩
jamais seule en
dehors
des
chemins dans la
forêt...
As
long
live,
⼦子也不獨⾃自離開⼤大路,
as
I
I
will
never leave the
path and run off
跑進森林 了。
into
(...je
n’irai
plus
jamais
the
woods
by myself...
seule en dehors
des chemins dans
le
Le
traducteur
français
forêt.)
et
son
homologue
chinois
partagent la même traduction de la phrase qui raconte
l’introspection du petit chaperon rouge après avoir été
sauvée par le chasseur qui passe par la maison. Dans le
texte traduit en anglais, on note l’ajout de “ toute la
vie”. Sans modifier l’intention de la version d’origine,
le traducteur du texte anglais, d’une part, souligne la
certitude et la détermination du petit chaperon rouge ;
d’autre part, la résolution accentuée de la fille fait
écho à sa deuxième rencontre du danger.
-- Adoucissement
espèce de vieil
impur
the wolf
⽼老壞蛋
(le
vieux
méchant)
252
Les trois textes offrent de différentes estimations
aux yeux de chasseur lorsque se produit la découverte du
loup. Dans un ordre dégradant, on compte “ l’espèce de
vieil impur” “le vieux méchant” et “le loup”. Au lieu
d’une
appellation,
l’estimation
en
français
ressemble
plutôt à une expression de mécontentement et de haine sous
une combinaison de mots assez classiques. Le terme utilisé
dans la traduction chinoise est relativement plus doux
pour les petits lecteurs. Il est à noter que “Le loup”,
pourtant, n’est pas l’expression directe du personnage.
253
Conclusion
Le
Petit
Chaperon
Rouge
est
un
texte
digne
de
recherches. Il représente des thèmes dont le fond culturel
appartient à la nuit des temps. Plusieurs points de départ
des analyses sont possibles. Par exemple dans le livre
titré The Witch Must Die: The Hidden Meaning Of Fairy
Tales, l’auteur Cashdan Sheldon 266 a résumé sept problèmes
auxquels tous les enfants font face, selon les contes des
frères Grimm. Il les a nommés “the seven deadly sins of
childhood”267. D’après cette comparaison, il est plus clair
que les contes constituent en fait un modèle d’univers des
enfants
fondé
sur
le
jardin
d'Éden.
Les
personnages
correspondent respectivement aux rôles de Dieu, Adam et
Ève, et les autres créatures. Les enfants sans notion du
bien ni du mal sont comparables au premier couple dans
leur état d’innocence. La première étape de l’évolution
intellectuelle concerne la distinction entre les hommes et
les animaux.
Le loup offre une figure opposée des êtres
humains, ce qui souligne la différence pour les petits
lecteurs. Mais en cet état, les enfants ne sont pas en
mesure de distinguer l’humanité et l’animalité. Lorsque le
loup se déguise en grand-mère, la petite fille n’arrive
pas à le reconnaître. À force d’éducation, les enfants
sont finalement capables de connaître la vertu et le vice.
La pomme de sagesse dans la réalité est l’apprentissage,
précisément dit l’apprentissage par l’imitation.
Furthermore, a child’s choices are based, not so
much on right versus wrong, as on who arouses his
sympathy and who his antipathy. The more simple
266 Professor émérite de la psychologie de l’Université de Massachusetts 267 Cashdan Sheldon, The Witch Must Die: The Hidden Meaning Of Fairy Tales, Basic Books, 2000, ISBN-­‐10: 0465008968, ISBN-­‐13: 978-­‐0465008964, page 83 254
and straightforward a good character, the easier
it is for a child to identify with it and to
reject the bad other. The child identifies with
the good hero not because of his goodness, but
because the hero’s condition makes a deep positive
appeal to him. The question for the child is not
“Do I want to be good?” but “Who do I want to be
like?”268
D’après la théorie de Bruno Bettelheim
adorent
les
héros
des
contes
parce
269
, les enfants
qu’ils
sont
des
caractères fascinants. Ainsi il est possible de conclure
que la connaissance de la morale n’est pas acquise par les
raisonnements,
mais
témoignages.
Cela
plutôt
par
indique
les
expériences
la
et
particularité
les
de
l’enseignement de la morale pour les enfants. Autrement
dit, lorsque les enfants ne peuvent pas réfléchir d’une
façon
rationnelle,
leur
formation
exige
de
procédés
particuliers.
Dans
les
contes
comme
Le
Petit
Chaperon
Rouge,
les
caractères des héros sont bien conçus pour être aimables
aux yeux des enfants. Pourvu que les héros représentent
les bonnes qualités, les enfants sont incités à imiter ce
qui est conforme à la morale. Ainsi en fin de compte, ce
sont les adultes qui prennent la décision sur ce que sont
les bonnes qualités. Dans les versions que ressemblent au
Petit
Chaperon
l’idéologie
Rouge,
sociale
les
a
recherches
beaucoup
montrent
interféré
que
dans
l’orientation des histoires. Les traducteurs de la version
des frères Grimm sont également soumis à l’influence de
268 Bruno Bettelheim, The Uses of Enchantment: The Meaning and Importance of Fairy Tales, Vintage, 2010, ISBN-­‐10: 0307739635, ISBN-­‐13: 978-­‐0307739636, pages 9 -­‐ 10 269 Pédagogue et psychologue américain 255
l’idéologie. Leurs traductions suggèrent ce que valorise
la société de leur temps.
256
CHAPITRE 4
MORALE POUR LES ADULTES:
JUSTE MILIEU ET DOCTRINE DU
MILIEU
257
Introduction
Après avoir travaillé sur le Petit chaperon rouge qui
représente l’éducation de la morale aux enfants, il est
nécessaire de s’interesser à la promotion de la morale
dans l’univers des adultes.
Lorsque la traduction concerne des sujets similaires
partagés
par
deux
pays,
la
traduction
demande
de
la
délicatesse. Par exemple le juste milieu d’Aristote et la
doctrine du milieu de Confucius. Dans ce chapitre, les
recherches portent d’abord sur la synthèse de comparaison
des deux notions, incluant leurs buts, leurs noms, leurs
statuts dans le système philosophique, leurs méthodes de
réalisation et leurs applications.
Ensuite les recherches s’orientent vers la traduction
en chinois de l’éthique d’Aristote. Le thème d’intérêt
sera
orienté
vers
deux
traducteurs
chinois
pour
leur
initiative dans l’introduction en Chine des philosophes
occidentaux. Une évaluation de leurs méthodes peut ensuite
faire la synthèse des raisons de leur choix de la méthode
de traduction, ce qui permet l’établissement d’une analyse
de
la
notion
du
juste
milieu
partagée
par
les
deux
philosophes.
258
4.1 Base politique de la morale
À part presque un siècle de différence de leur date de
naissance, les deux géants, en tant que source de sagesse
culturelle,
exerçaient
des
activités
ressemblantes.
Confucius est réputé pour son recrutement de disciples
(l’enseignement) et la mise en ordre des documents anciens;
célèbre pour son activité au Lycée270 où il a fondé L’école
péripatétique
271
,
Aristote
consacraient
son
temps
à
l’enseignement et à la fois aux recherches scientifiques
dont la propagation se réalisa sous forme des livres d’un
nombre considérable transmis par ses disciples.
La philosophie du milieu tient une place irremplaçable
dans
les
nombreux
deux
familles
philosophes
théoriques.
descendants
Confucius
employaient
et
la
ses
notion
comme une signification des champs philosophiques sur les
codes moraux et les moyens d’être. Aristote a lancé un
avis
similaire
dans
la
première
période
de
l’histoire
philosophique occidentale. Partageant une méthodologie au
nom presque identique, les résultats s’écartent souvent de
beaucoup. La recherche parallèle offre sans aucun doute
une
perspective
pour
mieux
comprendre
la
racine
des
différences culturelles entre l’Orient et l’Occident. Ici
prenons comme exemple la catégorie de la politique.
En dépit du fait que les usages sociaux et le contexte
culturel étaient de distinctions complètes entre l’époque
de
Confucius
recherches
et
sur
celle
les
d’Aristote,
sujets
on
note
politiques
que
les
s’appuient
principalement sur les codes moraux et sociaux.
270 le Lycée était un gymnase d'Athènes, situant à proximité du temple d'Apollon lycien (d’où le nom) et derrière le Parlement grec. 271 école philosophique fondée par Aristote en 335 av. J.-­‐C. au Lycée d'Athènes 259
On compte trois éléments fondamentaux de la doctrine
confucéenne dans la composition du prétexte de la pratique
politique: 仁 (ren - la bienveillance) 礼 (li - le rite) 德
(de - la moralité). Rappelons que pour les confucéens la
bienveillance
demandait
272
signifie
ainsi
aux
l’amour
des
gouvernants
autres.
des
pays
Confucius
克 ⼰己 复 礼
(ke’ji’fu’li) de “se maîtriser soi-même, et de revenir
aux rites de la courtoisie”273. Ici la maîtrise de soi-même
et le respect des rites de la dynastie Zhou 274 (admirées
par Confucius) marquent la manière de la réalisation de la
bienveillance.
Afin de mieux comprendre l’essence du critère, il faut
d’abord
répondre
à
la
question
sur
la
définition
de
“revenir aux rites de la courtoisie”. Confucius a donné sa
version du rite dans le texte suivant:
君⼦子义以为质,礼以⾏行之,孙以出之,信以成之。君⼦子哉。275
Le Maître dit : « L’équité est l’essence même de
l’homme
honorable.
Il
la
pratique
d’après
les
rites, la manifeste avec humilité, et l’accomplit
en toute sincérité. Un tel homme mérite le nom
d’homme honorable. »276
272 Les Entretiens, XII.1 273 Les Entretiens de Confucius XII.1, traduction en français par Séraphin Couvreur source : http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Entretiens_de_Confucius 274 La période des Zhou de l'Ouest,environ 1046 à 771 av. J.-­‐C. 275 Les Entretiens, XV.17 276 Les Entretiens de Confucius XV.17, traduction en français par Séraphin Couvreur 260
La citation explique que l’équité est la nature des
rites. Ainsi revenir aux rites indique en fait de revenir
à l’essence du rite – la justice, d’agir conformément aux
principes communément acceptés.
Ensuite il évoque de “la maîtrise de soi-même”. D’une
part, il est naturel de penser que Confucius s’adressait à
chaque membre de la communauté ou du pays. Lorsque tout le
monde arrive à dominer les envies excessives, la nation
s’oriente spontanément vers la bienveillance. D’autre part,
on a raison de croire que le sujet touché concerne plutôt
les
gouvernants
de
haute
catégorie.
Il
chargeait
les
gouvernants de jouer le rôle de modèle qui inspire le
peuple pour qu’il suive l’exemple de la bonté. La citation
suivante sert comme appui de la dernière observation.
君⼦子之德风,⼩小⼈人之德草,草上之风,必偃。277
Vous-même tendez vers le bien, et le peuple sera
bon. La Vertu du prince est comme le vent ; celle
du peuple est comme l’herbe. Au souffle du vent,
l’herbe se courbe toujours.
278
Après avoir établi cela, on peut ensuite passer à la
discussion sur la signification de “la maîtrise de soimême”. On entend souvent:
-- 见贤思齐焉,见不贤⽽而内⾃自省也279
277 Les Entretiens, XII.19 278 Les Entretiens de Confucius XII.18, traduction en français par Séraphin Couvreur 279 Les Entretiens, IV.17 261
Le Maître dit : « Quand vous voyez un homme sage,
pensez à l’égaler en vertu. Quand vous voyez un
homme dépourvu de sagesse, examinez-vous vous-même.
»280
--吾⽇日三省吾⾝身,为⼈人谋⽽而不忠乎 ?与朋友交⽽而不信乎?传不习乎?281
Tseng tzeu dit : « Je m’examine chaque jour sur
trois choses : si, traitant une affaire pour un
autre, je ne l’ai pas traitée sans loyauté ; si,
dans mes relations avec mes amis, je n’ai pas
manqué de sincérité ; si je n’ai pas négligé de
mettre en pratique les leçons que j’ai reçues. »282
Les
deux
citations
soulignent
en
fait
la
première
étape à prendre dans le contrôle de soi-même – avoir la
conscience
de
vérifier
ses
comportements
et
de
se
reprocher les erreurs. Il est de haute possibilité que
personne
n’osait/ne
voulait
ou
n’était
à
la
hauteur
intellectuelle d’indiquer les défauts des gouvernants de
haut rang.
Quant au contenu de la maîtrise de soi-même, on arrive
à
trouver
des
traces
de
suggestion
concrète
dans
les
Entretiens. Au lieu de savoir distinguer le bien et le mal,
les discours montrent que la notion de la maîtrise est
plutôt englobée dans la catégorie de l’avertissement et de
l’étude autonome.
280 Les Entretiens de Confucius IV.17, traduction en français par Séraphin Couvreur 281 Les Entretiens, I.4 282 Les Entretiens de Confucius I.4, traduction en français par Séraphin Couvreur 262
-- 君⼦子有三戒:少之时,⾎血⽓气未定,戒之在⾊色;及其壮也,⾎血⽓气⽅方刚,
戒之在⽃斗;及其⽼老也,⾎血⽓气既衰,戒之在得。283
Confucius dit : « L’homme honorable se tient en
garde
contre
trois
choses.
Dans
la
jeunesse,
lorsque le sang et le souffle vital sont toujours
en mouvement, il se tient en garde contre les
plaisirs des sens. Dans l’âge mûr, lorsque le sang
et le souffle vital sont dans toute leur vigueur,
il
évite
les
querelles.
Dans
la
vieillesse,
lorsque le sang et le souffle vital ont perdu leur
énergie, il se tient en garde contre la passion
d’acquérir. »284
-- ⼀一朝之忿。忘其⾝身,以及其亲,⾮非惑与?285
Dans un moment de colère, mettre en danger sa vie
et
celle
de
ses
parents,
n’est-ce
pas
de
286
l’égarement?
En tout, on constate que la demande s’exerce au niveau
de la pensée où la bonté et la présomption se transforment
uniquement
selon
le
choix
de
laisser
dominer
ou
de
restreindre les désirs. “Se maîtriser soi-même, et revenir
aux rites de la courtoisie” veut en fait dire l’importance
de dominer les mauvaises envies afin de renforcer le désir
de
retenir
la
bienveillance.
Pareilles
à
la
théorie
confucéenne mentionnée au début de la section,
283 Les Entretiens, XVI.7 284 Les Entretiens de Confucius XVI.7, traduction en français par Séraphin Couvreur 285 Les Entretiens, XII.21 286 Les Entretiens de Confucius XII.20, traduction en français par Séraphin Couvreur les
263
demandes
imposées
généralement
vers
par
à
le
confucianiste
l’interlocuteur
et
s’adressent
aux
hauts
fonctionnaires, elle sont peut-être plus exigeantes envers
ces derniers. On constate des descriptions de l’importance
sur la pratique de la bienveillance dans le gouvernement:
-- 为政以德,譬如北⾠辰,居其所⽽而众星拱之287
Le Maître dit : « Celui qui gouverne un peuple par
la Vertu est comme l’étoile polaire qui demeure
immobile, pendant que toutes les autres étoiles se
meuvent autour d’elle. »288
-- 其⾝身正,不令⽽而⾏行;其⾝身不正,虽令不从289
Le Maître dit : « Si le prince personnifie la
rectitude, tout se fait sans qu’il commande ; si
le prince ne l’incarne pas, il aura beau donner
des ordres, il ne sera pas suivi. »290
D’une façon globale, la clé du gouvernement d’un pays,
selon Confucius, se trouve dans l’envie de la pratique des
politiques de bienveillance, laquelle représente le sujet
central des Entretiens. Un point important à noter sur la
culture
traditionnelle
chinoise
est
le
haut
niveau
d’intégration de la vertu qui cherche à souligner les
liens
entres
les
choses.
Dans
l’application
de
la
bienveillance à la politique sociale, il est clair que
Confucius préférait construire un système politique sur la
287 Les Entretiens,II.1 288 Les Entretiens de Confucius II.1, traduction en français par Séraphin Couvreur 289 Les Entretiens, XIII.6 290 Les Entretiens de Confucius XIII.6, traduction en français par Séraphin Couvreur 264
base du régime de primogéniture
accordé
à
la
naissance.
291
Ainsi
qui valait le droit
il
est
raisonnable
de
conclure que la méthode d’étude employée représente un
mélange de l’idée de moralité et de politique. Prenons
comme exemple les citations suivantes.
-- 君⼦子笃于亲,则民兴于仁292
Que
le
prince
remplisse
avec
zèle
ses
devoirs
envers ses proches, et le peuple sera mû par le
bien.293
-- 其为⼈人也孝悌,⽽而好犯上者鲜矣;不好犯上,⽽而好作乱者,未之有
也294
Le Maître dit : « Celui qui étudie pour appliquer
au
bon
moment
satisfaction
?
n’y
Si
trouve-t-il
des
amis
pas
de
viennent
de
la
loin
recevoir ses leçons, n’éprouve-t-il pas une grande
joie
?
ressent
S’il
reste
aucune
inconnu
peine,
des
n’est-il
hommes
pas
et
un
n’en
homme
honorable ? »295
Chez
Aristote,
bien
qu’il
ait
énoncé
la
fameuse
estimation “l’homme est par nature un animale politique296”,
291 la norme désigne la priorité de succession réservée au premier enfant de la famille (On ne compte généralement que les fils. Dans certains pays les filles avaient également le droit de succession) 292 Les Entretiens, VIII.2 293 Les Entretiens de Confucius VIII.2, traduction en français par Séraphin Couvreur 294 Les Entretiens, I.1 295 Les Entretiens de Confucius I.1, traduction en français par Séraphin Couvreur 296 La Politique d'Aristote, chapitre I. 2 265
qui
suggérait
que
la
formation
d’un
État
résulte
de
l’évolution naturelle, sur la définition de l’État, il le
considérait comme une communauté constituée d’une nature
la plus haute et d’une base la plus large. Il indiquait
que toute association servait le but d’un certain bien,
dont l’État ne faisait pas d’exception. Le bien ciblé, en
général,
signifie
que
le
maintien
de
l’ordre
social
qu’exerçait un État est supérieur aux simples activités de
l’organisme gouvernemental. Une association comme l’État
doit
impérativement
assurer
une
vie
de
qualité
satisfaisant les besoins matériels et en même temps les
codes moraux de la noblesse.
Tout État est évidemment une association; et toute
association ne se forme qu'en vue de quelque bien,
puisque les hommes, quels qu'ils soient, ne font
jamais rien qu'en vue de ce qui leur paraît être
bon. Évidemment toutes les associations visent à
un
bien
d'une
certaine
espèce,
et
le
plus
important de tous les biens doit être l'objet de
la plus importante des associations, de celle qui
renferme toutes les autres; et celle-là̀
, on la
nomme précisément État et association politique.297
Si donc l'âme, à parler d'une manière absolue et
même relativement à nous, est plus précieuse que
la richesse et que le corps, sa perfection et la
leur seront dans une relation analogue.298
297 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire, 1874 Paris, Librairie Philosophique de Ladrange livre1 chpI 1. Page 9 source:http://www.documentacatholicaomnia.eu/03d/-­‐384_-­‐
322,_Aristoteles,_Politique,_FR.pdf 298 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire, 1874 Paris, Librairie Philosophique de Ladrange Livre IV, chapitre I 4 page 71 266
Deux
points
sont
clairs
selon
les
recherches
d’Aristote, l’un touche le sujet que le but suprême de
l’État est de promouvoir la moralité; l’autre oriente les
études scientifiques vers une direction plus indépendante
que
dans
la
l’importance
pensée
de
la
confucéenne.
moralité
dans
Tout
la
en
affirmant
recherche
sur
la
politique, Aristote divisait d’une façon assez distincte
la science de la politique et celle de la morale. Ainsi on
peut dire que la politique est une branche de la science
indépendante
considéré
dans
comme
le
une
monde
occidental.
contribution
Cela
peut
être
du
grand
importante
savant dans l’histoire des pensées politiques occidentales.
Revenons sur la notion du milieu, et on ne s’empêche
pas
de
demander
la
raison
des
idées
diverses
sur
la
politique chez les deux philosophes qui partagent le même
mode
de
pensée.
Est-il
probable
que
leurs
expériences
personnelles dans la profession ont joué un rôle plutôt
décisif? Aristote vivait dans la société grecque ancienne,
où de nombreux systèmes politiques avaient été établis.
Aristote
historique
était
qui
en
lui
possession
a
permis
d’une
de
riche
tirer
ses
référence
propres
conclusions d’une manière plus ouverte et plus solide. Une
vision politique assez étroite était très probablement le
point faible des philosophes datant
Confucius.
Faute
de
la
de la période de
diversité
des
matières
référentielles 299 , il ne lui restait en réalité que le
choix de fournir des idées complémentaires sur le système
provenant de la dynastie Xi Zhou (Zhou de l’Ouest, 1046 à
771 av. J.-C.). En tant que penseur de son temps, la bonne
construction de la méthodologie risquait de ne pas pouvoir
satisfaire les exigences de raisonnements tout justes et
mieux soutenus.
299 également à cause de sa préférence personnelle 267
268
4.2 APPARITION DE LA NOTION DE MILIEU
Selon Zhu Xi 300 (1130 - 1200), le mot 中庸 (zhong yong
– sens littéral: modéré) date de 尧 301 (yao) (2324 – 2206
av. J.-C.), l’empereur le plus ancien de l’histoire de la
nation Han, qui est considéré comme le début de la pensée
confucéenne 302 . Avant la naissance de Confucius, existait
l’estimation
d’harmonie.
En
réunissant
les
idées
des
vertus, des comportements et des moralités propres, le
philosophe a lancé la doctrine du milieu en combinant deux
caractères
中
(zhong
–
sens
littéral:
le
centre;
l’harmonie) et 庸 (yong – sens littéral: besoin; adopter).
Ainsi la doctrine du milieu est désormais devenue un terme
philosophique et l’enjeu du Confucianisme.
L’origine du juste milieu ne pose pas de question dans
l’histoire
philosophique
de
l’Occident.
Mais
il
est
intéressant de noter que dans le cadre des lettrés chinois,
il existe une dispute sur la traduction du juste milieu
d’Aristote. Wu Shoupeng (1906 - 1987) a choisi de traduire
“mediocritas” par 中 庸
(zhongyong – sens littéral: la
doctrine du milieu) 303 ; dans le livre nommé l’Extrait des
Textes sur la Philosophie Occidentale - tome I
304
, le
traducteur a employé le mot 适中 (shizhong – sens littéral:
300 lettré de la Dynastie Song, un des plus importants néoconfucianistes en Chine 301 souverain mythique de l’antiquité chinoise 302 le nom chinois du Confucianisme 儒 (ru), n’a pas de relation avec le nom de Confucius 孔子 (kong zi) 303 Aristote, La Politique, traduction en chinois par Wu Shoupeng, Presse de la Commerce, Shanghai, 1965, ISBN 9787100018036 304 Section d’Éducation et des Recherches sur les philosophies occidentales, Extrait des Textes sur la Philosophie Occidentale -­‐ tome I, Presse de la Commerce, Shanghai, 1981, ISBN 9787100002646 269
moyen; modéré); le terme 适 度
(shidu – sens littéral:
modéré) est choisi par Miao Litian305 (1917 - 2000) et Liao
Shenbai 306 (1950 -
dernier
auteur,
);
Zhao
dans la préface du livre de ce
Fucheng
(1911
-
2009)
utilise
néanmoins 中 庸 (zhongyong – sens littéral: le doctrine du
milieu); Zhao Dunhua 307 (1949 - ) préfère le terme 中 道
(zhongdao – sens littéral: le moyen modéré).
305 Miao Litian, Nouvelle Edition de l’Histoire Philosophique Occidentale, Presse du Peuple, Pékin, 1990, ISBN 9787010006970 306 Liao Shenbai, Sur la Morale, Presse de l’Université Normale de Pékin, Pékin, 2009, ISBN: 9787303103836 307 Zhao Fucheng, Breve Histoire sur la Philosophie Occidentale, Presse de l’Université de Pékin, Pékin, 2001, ISBN: 9787301045107 270
4.3. ÉTAT SUPRÊME DE LA MORALE
Le milieu est apparemment une qualité représentative
d’un
homme
idéal
selon
Confucius,
c’est
à
la
fois
la
mesure de la noblesse. Il admirait le souverain Shun 308
pour sa prise en considération de tous les aspects de la
vie
et
sa
solution
intermédiaire
309
.
Yan
Hui
avait
également gagné le respect de Confucius pour sa qualité et
sa persévérance sur la recherche du milieu 310 . Le grand
savant
lui-même
s’efforçait
d’agir
conformément
à
la
doctrine, ce qui lui valait sa réputation auprès de ses
disciples:
⼦子温⽽而厉,威⽽而不猛,恭⽽而安。311
Le Maître était affable mais ferme, imposant mais
sans dureté ; courtois mais sans affectation.312
On
doit
noter
que
Confucius
n’offrait
pas
d’explications concrètes sur le contenu de la doctrine vue
comme une morale. Dans le livre classique intitulé la
Doctrine du Milieu, le terme est défini d’une façon assez
vague:
le
milieu
de
deux
côtés
opposés.
Jusqu’à
la
dynastie Song du Nord (960 - 1127), l’opinion de Cheng
Yi
313
(1033–1107)
définissait
中
a
été
(zhong
–
répandue
sens
dans
littéral:
le
pays.
le
Il
centre;
l’harmonie) l’impartialité et 庸 (yong – sens littéral:
308 souverain mythique de l’antiquité chinoise 309 Doctrine du milieu, chapitre VI 310 Classique des rites, chapitre XXXI 311 Les Entretiens, VII.38 312 Les Entretiens de Confucius VII.37, traduction en français par Séraphin Couvreur 313 philosophe chinois, un des Six Grands Maîtres du XIe siècle 271
besoin;
adopter)
la
constance;
l’impartialité
est
considérée comme la bonne voie des êtres humains, et la
constance
notion
comme
la
vérité
philosophique
impartiales
et
du
du
monde.
milieu
invariables.
Le
Donc
en
signifie
saint
tout,
les
la
vérités
soupirait
sur
le
déclin des vertus parmi le peuple rural en disant que le
peuple
n’atteignait
jamais
le
niveau
du
milieu
314
.
Le
chapitre IX de la Doctrine du milieu explique avec plus de
précisions la difficulté de la réalisation du milieu en le
comparant avec autres qualités. Il est possible de régner
en paix sur un pays immense; des gens arrivent à refuser
sans hésitation une offre de haute position extrêmement
bien rémunérée; des courageux s’affrontent sans la moindre
peur
avec
le
tranchant
d’un
lame;
mais
rare
sont
les
hommes de noblesse qui maîtrisent la doctrine du milieu,
laquelle apparaît complètement ordinaire.
D’une importance capitale, le manque d’élaboration du
sujet montre-il l’ambiguïté de la théorie ou plutôt une
faiblesse qu’on cherche à pallier? Chacun a le droit à sa
propre observation sur ce phénomène. Mais du point de vue
des procédés des philosophes de la même génération que
Confucius, 述 ⽽而 不 论 (shu’erbulun – sens littéral: réciter
les faits sans commentaires) c’était leur approche absolue.
La
méthode
nécessite
un
établissement
de
références
solides, à l’exclusion d’analyse ou commentaire directs.
Les opinions et les critiques doivent impérativement être
cachées sous la métaphore du récit. Ainsi les auteurs
évitent les paroles emphatiques et les éloges exagérés,
les narrations conventionnelles, les répétitions et les
orientations
politiques
moins
prudentes.
En
plus,
la
doctrine du milieu peut être considérée comme une sagesse
314 Les Entretiens, VI. 29 272
provenant
de
l’existence
humaine.
D’après
son
fond
culturel, la maîtrise du milieu est comparable à la loi
mentale 315 dont la conclusion est tellement sobre que la
minutie d’une démonstration est jugée non nécessaire.
Aristote proclamait également le juste milieu comme
critère
de
son
système
moral.
Soutenu
par
une
série
d’arguments, le grand philosophe annonçait que
Donc,
la
vertu
puisqu’elle
est
fait
à
une
tout
sorte
le
de
moins
moyenne,
viser
le
milieu.316
On peut résumer brièvement la démonstration d’Aristote
par le développement suivant:
Toute
mais
technique
il
en
va
et
toute
de
même
démarche
de
méthodique
l’action
et
de
–
la
décision – semble viser quelque chose de bon.317
Le bien est la visée de toutes les activités humaines.
C’est
le
bonheur
qui
constitue
le
bien
suprême...318
315 la loi mentale peut indiquer trois choises: 1. les lois du Bouddhisme en dehors des classiques. 2. Toutes les lois de diverses religions se divisent en deux genres: la loi materielle et la loi mentale. 3. Dans le cadre des arts martiaux, la loi mentale est une sorte de formule rimée 316 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 b 25, page 115, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 317 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1094 a 1, page 47, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 318 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1097 b 20, page 68, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 273
è
Le
bonheur
est
une
certaine
activité
de
l’âme
exprimant la vertu finale...319
Ainsi il faut analyser la nature de la vertu.
è
Généralement la vertu se divise en deux genres: l’un
concerne la vertu rationnelle, qui n’a pas d’interaction
avec la pratique; l’autre relève de la pratique.
è
La démonstration d’Aristote s’établit principalement
autour de la morale. Il affirmait d’abord que la vertu est
un état.
La vertu de l’homme doit aussi être l’état qui
fait de lui un homme bon et qui lui permet de bien
remplir son office propre.320
Toutes les existences peuvent être caractérisées par
l’excès, le milieu et le défaut.
L’excès et le défaut ruinent la perfection, tandis
que la moyenne la préserve...321
Alors
la
vertu
est
propre
à
faire
viser
le
322
milieu.
319 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1102 a 5, page 93, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 320 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 a 20, page 113, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 321 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 b 10, page 114, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 322 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 b 15, page 114, GF Flammarion,2004, ISBN: 9872080709479 274
è
D’une
façon
hiérarchique,
Aristote
a
tiré
la
conclusion que la vertu suprême est la recherche du juste
milieu,
autrement
dit
l’éloignement
de
l’excès
et
du
défaut.
275
4.4 MÉTHODOLOGIE
Il paraît que les deux lettres partageaient les mêmes
idées
sur
la
évaluations.
manière
D’après
d’atteidre
Confucius,
le
le
milieu
et
sur
développement
ses
d’une
affaire s’oriente vers plusieurs possibilités, de sorte
que la responsabilité d’un homme vertueux est d’éviter les
situations extrêmes.
吾有知乎哉?⽆无知也,有鄙夫问于我,空空如也,我扣其两端⽽而竭焉。
323
Le Maître dit : « Est-ce que j’ai beaucoup de
science ? Je n’ai pas de science. Mais quand un
homme de la plus humble condition m’interroge, je
discute la question sans préjugés, d’un bout à
l’autre, sans rien omettre. »324
De
la
citation
ci-dessus,
on
observe
une
méthode
relativement claire conduisant les gens vers le milieu:
l’analyse sur deux résultats opposés et le choix d’une
approche
Confucius,
moyenne.
il
est
En
s’appuyant
notable
qu’un
sur
les
nombre
discours
important
de
des
paroles se présentent sous ce genre de comparaison. Par
exemples:
-- 君⼦子矜⽽而不争,群⽽而不党325
323 Les Entretiens, IX.8 324 Les Entretiens de Confucius IX.7, traduction en français par Séraphin Couvreur 325 Les Entretiens, XV.22 276
Le Maître dit : « L’homme honorable est maître de
lui-même et n’a de contestation avec personne ; il
est sociable, mais n’est pas homme de parti. »326
-- 君⼦子贞⽽而不谅327
Le Maître dit : « L’homme honorable est ferme sans
être opiniâtre. »328
-- 质胜⽂文则野,⽂文胜质则史,⽂文质彬彬,然后君⼦子329
Le Maître dit : « Celui chez qui les qualités
naturelles
l’emportent
sur
la
politesse
des
manières et du langage est un homme agreste. Celui
chez qui la politesse des manières et du langage
l’emporte sur les vertus intérieures est comme un
copiste de tribunal. Celui qui possède à un égal
degré
la
vertu
et
la
politesse
est
un
homme
honorable. »330
En complément des discours sur la saisie du milieu
entre les états contradictoires, les commentaires du saint
chinois envers ses disciples suggèrent aussi bien un moyen
possible. Il insistait sur les avis que l’excès et le
défaut sont deux états nécessitant la réorientation et que
chacun doit établir ses options du milieu en vérifiant son
326 Les Entretiens de Confucius XV.21, traduction en français par Séraphin Couvreur 327 Les Entretiens, XV.37 328 Les Entretiens de Confucius XV.36, traduction en français par Séraphin Couvreur 329 Les Entretiens, VI.18 330 Les Entretiens de Confucius VI.16, traduction en français par Séraphin Couvreur 277
propre
état
personnel.
Les
estimations
peuvent
être
soutenues par les discours suivants:
-- ⼦子贡问:‘师与商也孰贤?⼦子⽈曰:‘师也过,商也不及。’⽈曰:‘然则师
愈与?’⼦子 ⽈曰:‘过犹不及’。331
Tzeu koung demanda lequel des deux était le plus
sage, de Cheu ou de Chang. Le Maître répondit : «
Cheu va au-delà des limites ; Chang reste en deçà.
»
Tzeu
koung
reprit
:
«
D’après
cela,
Cheu
l’emporte-t-il sur Chang ? » Le Maître répondit :
« Dépasser les limites n’est pas un moindre défaut
que de rester en deçà. »332
-- 求也退,故进之;由也兼⼈人,故退之。333
Confucius dit : « K’iou n’ose pas avancer ; je
l’ai poussé. Iou a autant d’ardeur et de hardiesse
que deux ; je l’ai freiné. »334
331 Les Entretiens, XI. 16 332 Les Entretiens de Confucius XI.15, traduction en français par Séraphin Couvreur 333 Les Entretiens, XI.21 334 Les Entretiens de Confucius XI.21, traduction en français par Séraphin Couvreur Tzeu lou dit à Confucius : « Dois-­‐je mettre en pratique immédiatement ce que je viens d’apprendre ? » Le Maître répondit : « Tu as encore ton père et des frères plus âgés que toi[106]. Conviendrait-­‐il de mettre aussitôt à exécution tout ce que tu apprends d’utile ? » Jen Iou demanda aussi s’il devait mettre en pratique sans retard tout ce qu’il apprenait. Le Maître répondit : « Fais-­‐le tout de suite. » Koung si Houa dit : « Iou a demandé s’il devait mettre aussitôt à exécution tout ce qu’il apprenait d’utile à faire. Vous lui avez répondu qu’il avait encore son père et des frères plus âgés que lui. K’iou a adressé la même question dans les mêmes termes. Vous avez répondu qu’il devait mettre en pratique sur-­‐le-­‐champ tout ce qu’il apprenait. Quant à moi, je suis perplexe ; j’ose vous prier de me l’expliquer. » (et la suite citée dans le texte) 278
Le choix de la doctrine du milieu ne l’a heureusement
pas conduit vers un esprit sclérosé. Prenons comme exemple
l’opinion de Confucius sur le retrait des fonctionnaires
qui préféraient défendre leurs propres avis que leur poste.
Le sage affirmait que leur décision de retraite était
judicieuse. Toutefois il ferait autrement.
-- 我则异于是,⽆无可⽆无不可。335
Pour
moi,
ajouta-t-il,
différent.
Je
ne
j’ai
veux
un
sentiment
bien
rejette
rien
montrez-vous,
sinon
ni
ne
absolument.336
-- 天下有道则见,⽆无道则隐337
Si
le
monde
suit
la
Voie,
cachez-vous.338
Il est clair que selon Confucius, le service auprès
d’un empereur ou la retraite ne révèle pas le choix d’un
état
permanent.
Toute
décision
doit
se
situer
dans
l’actualité qui change progressivement. En conséquence, le
maître
a
(autrement
nommé
dit
quatre
les
choses
attitudes
qu’il
désapprouvait
subjectives):
l’opinion
personnelle, l’affirmation catégorique, l’opiniâtreté et
l’égoïsme339.
335 Les Entretiens, XVIII.8 336 Les Entretiens de Confucius XVIII.8, traduction en français par Séraphin Couvreur 337 Les Entretiens, VIII.13 338 Les Entretiens de Confucius VIII.13, traduction en français par Séraphin Couvreur 339 Les Entretiens ,IX.4 279
D’après
les
analyses
précédentes,
des
gens
peuvent
probablement avoir l’impression que Confucius ressemble à
“un renard”. Est-ce vrai? La flexibilité de ses mesures
tourne en fait autour d’un seul sujet: la pratique un code
moral, autrement connu comme la Voie.
-- 君⼦子之于天下也, ⽆无适也,⽆无莫也,义与之⽐比340
Le Maître dit : « Dans le gouvernement d’ici-bas,
l’homme honorable ne veut ni ne rejette rien avec
opiniâtreté. La justice est sa règle. »341
La citation ci-dessus explique sans ambiguïté que pour
un
homme
vertueux,
il
n’existe
pas
d’opinion
ou
de
solution fixe concernant les affaires, et que personne n’a
le droit de désobéir à la demande du code moral. Si on
cherche
à
mettre
une
notion
concrète
sur
ce
code,
ce
devrait être les rites de la dynastie Zhou. Donc en fait,
tous les moyens visant à la prospérité des rites sont
théoriquement acceptables; mais en même temps, l’enjeu des
rites de Zhou signale des approches contre les extrêmes.
En tout, la promotion de la doctrine du milieu et les
efforts pour le redressement des rites sont cohérents.
Confucius s’opposait d’ailleurs aux hommes sans principes.
On le constate dans le discours suivant.
-- 乡愿,德之贼也342
340 Les Entretiens, IV.10 341 Les Entretiens de Confucius IV.10, traduction en français par Séraphin Couvreur 342 Les Entretiens, XVII.13 280
Le Maître dit : « Ceux qui passent pour hommes de
bien aux yeux des villageois* ruinent la Vertu.
»343
* Et ne le sont pas.
Le juste milieu d’Aristote tient fermement son refus
des arrangements sans principe. La vertu décide de la
prise d’une approche modérée dont la nature n’est point
négociable. Voyons les citations suivantes pour rétablir
ce point de vue.
Car
on
est
noble
simplement,
mais
vilain
si
différemment!344
C’est donc du vice que relèvent l’excès et le
défaut, et de la vertu que relève la moyenne.345
C’est pourquoi, essentiellement et si l’on s’en
remet à la formule qui exprime ce en quoi elle
consiste, la vertu est une moyenne. Mais, dans
l’ordre
de
la
perfection
et
du
bien,
elle
346
constitue une extrémité.
D’après Aristote, les erreurs prennent diverses formes.
Lorsque l’on s’écarte de la justice, on tourne dans le
vice. La possibilité de s’éloigner de la bonne voie est
beaucoup plus élevée dans l’excès et le défaut. En fin de
compte, il est valable de dire que la recherche du point
343 Les Entretiens de Confucius XVII.13, traduction en français par Séraphin Couvreur 344 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 b 35, page 116, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 345 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 b 35, page 116, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 346 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1107 a 5, page 117, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 281
exclusif du milieu est marquée par la qualité d’un grand
défi.
Autrement
dit,
la
vertu
s’équilibre
avec
grande
finesse entre les deux états du vice. L’état moyen, vrai
parmi toutes les affaires, correspond à une présentation
ultime et idéale. Et on revient au point de vue mentionné
au début, selon laquel l’exigence de la nature “juste” du
milieu n’est pas négociable, mais plutôt extrême.
Le maître de la philosophie occidentale a décidé de
démontrer la méthode pour parvenir au juste milieu avec
originalité.
D’autre part, j’appelle milieu de la chose, ce qui
se trouve à égale distance de chacun des deux
extrêmes.347
Puis il donne l’exemple du milieu des chiffres 2 et 10
afin d’introduire la vérité universelle du juste milieu de
6. La démonstration s’oriente ensuite vers le monde de la
pratique
dans
s’applique
lequel
plus.
La
le
juste
solution
milieu
clé
arithmétique
touche
en
fait
ne
la
localisation du juste milieu adapté aux besoins personnels.
Aristote exprimait la difficulté ainsi:
Voila
aussi
pourquoi
c’est
un
travail
d’être
vertueux car, en chaque chose, c’est un travail de
prendre le milieu: ainsi, prendre le milieu du
cercle n’est pas à la portée de tout le monde,
mais exige le savoir.348
347 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1106 a 25-­‐
30, page 113, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 348 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1109 a 20-­‐
30, page 128, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 282
Heureusement,
Aristote
a
décidé
de
continuer
la
discussion. Dans l’Éthique à Nicomaque, le savant offrait
plusieurs
moyens
qui
assurent
aux
gens,
au
moins,
de
frôler le juste milieu. La première possibilité, assez
classique, est de choisir le moindre de deux maux. La
deuxième manière recommandée concerne la conscience. Étant
donné
que
conduisent
important
les
plaisirs
facilement
de
les
dans
dans
lesquels
l’état
analyser,
de
chacun
extrême,
prendre
le
s’enlise
Il
temps
est
de
réfléchir, afin d’agir délibérément dans l’autre direction.
La
troisième
option
paraît
un
peu
de
style
puritain.
Prenons ses discours comme le départ de notre analyse.
Mais en tout, il faut surtout prendre garde à
l’agréable et au plaisir, parce que nous manquons
d’impartialité quand nous en jugeons.349
En répudiant ainsi le plaisir, nous irons moins à
la faute.350
Il est possible que pour une raison logique mais à la
fois moins confiante, Aristote montrait son doute sur la
compétence des humains de démêler le vrai du faux et sur
leur
maîtrise
curiosité
de
de
soi.
On
s’interroger
ne
sur
s’empêche
ce
genre
pas
de
d’avoir
la
refus
aux
plaisirs ou inclinations. De nos jours les gens savent
admirer les succès réalisés par les passionnés. En plus,
est-ce que le lettré a jamais trouvé sa passion pour la
philosophie, la logique et la science comme un vice? Ou
aurait-il préféré avouer qu’il n’avait pas mis tous ses
efforts dans son travail? Ou prendrait-il le risque d’une
349 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1109 b 5-­‐
10, page 129, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 350 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1109 b 10-­‐
15, page 129, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 283
raison laquelle donne excuse à tout le monde, en disant
par
exemple
que
par
son
jugement
personnel,
l’énergie
investie dans tel domaine ne peut pas être jugée excessive?
Du moins, selon les circonstances d’aujourd’hui, le manque
de distinction des choses fascinantes fournit de haute
possibilité un raisonnement moins serré. En fin de compte,
le juste milieu n’est jamais une poursuite exécutable sans
de grands efforts. Et on tombe encore une fois sur la
seule
chose
certaine:
le
juste
milieu
est
un
point
singulier et très exigeant; la réussite est formulée par
de nombreux facteurs variables dont il est impossible de
doner une liste complète; seuls les qualifiés hors la
compréhension des gens ordinaires puissent l’atteindre. Le
maître résumait alors la difficulté en disant:
Mais
la
tâche
est
malaisée
sans
doute,
et
principalement dans les cas particuliers.351
On doit pencher tantôt vers l’excès, tantôt vers
le défaut, parce que c’est ainsi qu’il nous sera
le plus facile d’atteindre le milieu et le bien.352
On
constate
des
analyses
précédentes
que
les
deux
philosophes, représentants les cultures des deux bouts du
monde, accordaient une attention capitale au milieu. Pour
eux, en plus de la signification du statut suprême de la
morale,
le
milieu
d’exposition
de
la
ressemblance
résulte
sert
comme
théorie.
D’un
des
règles
méthode
certain
générales
principale
degré,
du
cette
mode
de
fonction des cerveaux humains. La démonstration choisie,
brève
ou
concrète,
brille
de
l’esprit
de
la
méthode
351 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1109 b 10, page 129, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 352 Éthique à Nicomaque II, traduction en francais par Richard Bodeus, 1109 b 25-­‐
30, page 130, GF Flammarion, 2004, ISBN: 9872080709479 284
dialectique (avec la beauté de la simplicité). La profonde
influence
des
deux
écoles
de
théorie
sur
l’histoire
humaine donne la preuve de leur valeur respective dans la
pratique.
285
4.5 CADRE POLITIQUE
Lorsque Confucius et Aristote appliquaient le milieu
dans
le
cadre
portions
de
la
morale,
ils
sont
Mais
quand
ils
ressemblables.
arrivés
à
des
continuaient
à
employer la théorie du milieu dans le champ pratique,
celui de la politique, les résultats montrent plutôt leurs
caractères distincts.
Il
n’est
l’impression
pas
que
étrange
l’enjeu
pour
les
la
pensée
de
gens
d’avoir
politique
de
Confucius s’appelle les rites. Cette opinion se justifie
parfaitement. À l’époque de sa naissance, un moment appelé
la
dégénération
de
la
morale,
les
gens
d’autrefois
subissaient sans cesse de la brutalité, telle que les
assassinats
des
souverains
par
les
fonctionnaires,
des
pères par les filles. Bref, le chaos était à ce moment-là
l’état normal. La solution à laquelle Confucius a recouru
est la reprise des rites de Zhou, un système assez complet
appliqué par les souverains de la dynastie Zhou de l’Ouest
qui englobe l’économie, les règles politiques, les codes
morales et les cérémonies rituelles. La hiérarchie, la
féodalité et le système héréditaire unifiés par les liens
du
sang,
étaient
exercés
avec
efficacité
avant
la
naissance du saint. Aux yeux des savants de nos jours, il
est clair que la cause du désagrégement du système social
de
Zhou
se
l’inégalité
situe
de
la
au
niveau
financier.
progression
Avec
économique
a
le
temps,
brisé
les
arrangements entre les forces politiques. Ainsi le grand
désordre est plutôt une sorte d’apparence. Malheureusement,
les gens qui vivaient dans l’horreur, surtout les gens
réservés tel que Confucius, n’ont pas pu s’empêcher de
penser que le bouleversement politique avait pour cause
l’agression due aux activités de l’homme. Il est facile de
286
déduire qu’un nombre capital des gens étaient dans la
croyance que la restauration de l’équilibre des forces ne
nécessitait
que
le
retour
à
l’ancien
système.
C’est
pourquoi Confucius s’engagea dans le rétablissement des
rites de Zhou.
Aux yeux du grand maître, sa poursuite politique était
sans aucun doute le meilleur état. Les circonstances du
monde de son temps sont ainsi considérées comme un écart
(sévère)
du
milieu.
Quelles
démarches
conformes
à
la
doctrine du milieu proposait-il dans la résolution des
problèmes sociaux particuliers? La réponse est courte: les
rites sont les mesures directes cohérentes aux demandes du
milieu. Dans le chapitre XXVIII du Livre des Rites 353 ,
telle
histoire
précédente:
est
enregistrée
Confucius
et
qui
quelqu’uns
soutient
de
ses
l’analyse
disciples
s’entretenaient sur les rites. Le maître donnait comme
exemple
d’eux
le
rôle
de
souverain
pour
indiquer
les
problèmes potentiels, “Shi travaille d’une façon excessive;
et Shang moins suffisante. Zichan ressemble à la bonne
mère du peuple qui sait le nourrir mais sans aucune idée
sur le sujet d’éducation.” Zigong lui a demandé comment
gouverner au point juste, et Confucius lui a répondu,
“ Suivez les rites! Ils y sont bien destinés.”
À la rencontre de la doctrine du milieu et du domaine
de la sociologie, le saint a combiné le milieu et les
rites. Il employait la légitimité de la doctrine comme
argument
pour
celle
des
rites,
ce
qui
justifiait
la
hiérarchie. Il faut mentionner ici la fameuse citation sur
l’art de gouverner “Que le prince soit prince; le sujet,
353 une des quatre classiques, attribuée aux sages de l’époque Zhou 287
sujet; le père, père; le fils, fils...”354. Cette précision
sur la distinction des responsabilités de chaque niveau
social montre en fait la tendance politique de l’état
d’homme
355
et
de
la
monarchie.
Confucius
cherchait
à
éliminer les défauts d’un tel système par la propagation
des avantages de la bienveillance. Mais dans la pratique
pendant les mille ans suivants, la bienveillance n’avait
pas pu se libérer du champ utopique; la hiérarchie, au
contraire,
n’a
monopole.
À
politique
était
pas
cessé
l’époque
jugée
où
de
renforcer
vivait
son
Confucius,
impraticable.
En
aspect
sa
de
théorie
réalité,
comme
aucun souverain de son temps n’a adopté la reprise des
rites
de
Zhou,
les
efforts
qu’il
a
consacrés
à
sa
promotion étaient malheureusement en vain.
Sur d’autres bases que l’insistance idéaliste de la
morale transcendante de style confucéen, Aristote a pris
une approche réaliste en ce qui concernait l’application
du juste milieu à la politique sociale. Pour la définition
de la supériorité des structures du gouvernement, citons:
Quelle est la meilleure constitution? Quelle est
la meilleure organisation de la vie pour les États
en général, et pour la majorité des hommes, sans
parler ni de cette vertu qui dépasse les forces
ordinaires de l'humanité, ni d'une instruction qui
exige
les
dispositions
naturelles
et
les
circonstances les plus heureuses; sans parler non
plus
d'une
constitution
idéale,
mais
en
se
bornant, pour les individus, à cette vie que la
plupart peuvent mener, et pour les États, à ce
354 Les Entretiens de Confucius XII.11, traduction en français par Séraphin Couvreur 355 le contraire au l’Etat de droit, le pouvoir centralisé est à la disposition des gouvernants 288
genre de constitution qu'ils peuvent presque tous
recevoir?356
L’histoire
de
la
manière
de
gouverner
conçue
par
Platon (428/427 - 348 av. J.-C.) a peut-être servi de
références pour Aristote. La conception de celui-là était
également transcendante et ainsi parfaite. Mais faute de
la reconnaissance des défauts nés des êtres humains, la
belle
intention
utopique
a
échoué.
Étant
donné
l’avertissement précèdent, Aristote gardait une attitude
plus
ouverte
aux
solutions
intermédiaires
sur
les
problèmes constitutionnels.
Le juste milieu représente le standard de la vertu
personnelle. Comme comparaison, le cercle politique est le
résultat amplifié d’un individu; ainsi la vertu de ce
cercle est toujours le juste milieu. Dans tous les États,
il est possible de diviser les gens en trois parties: les
riches,
les
pauvres
et
la
classe
moyenne.
Les
riches
soutiennent généralement l’oligarchie et les pauvres la
démocratie. Apparemment il faut trouver une constitution
de juste milieu qui combine les deux extrêmes symbolisant
respectivement les deux forces sociales. Le lettré pensait
que la forme politique qu’il cherchait devrait répondre
aux demandes de la classe moyenne, voire prendre cette
dernière comme la sociale. Il estimait que :
...la vie la plus sage sera celle qui se maintient
dans ce milieu, en se contentant toujours de cette
position
moyenne
que
chacun
est
capable
357
d'atteindre.
356 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire PARIS, 1295 a 25 Livre VI, CHAPITRE IX, page 115 357 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire 289
Il
est
évident
que
l'association
politique
est
surtout la meilleure, quand elle est formée par
des citoyens de fortune moyenne.358
La classe moyenne jouissait en ce temps-là de plus de
capacité que les très riches et les très pauvres. Son
accession au pouvoir était jugée efficace pour éviter les
disputes politiques sévères entre les partis. De la sorte
un
équilibre
des
constitutionnel
Quant
à
forces,
est
associé
à
un
régime
(politeia), la politie ou la République.
l’administration,
le
sage
a
détaillé
les
différences entre l’État de droit et l’État partisan. En
bref, la pensée politique du grand philosophe tendait vers
la démocratie modérée et le règne par la loi. Provenant de
la collection de la sagesse du peuple de la Grèce antique,
puis
forgée
successivement
par
les
savants
romains,
chrétiens et les partisans d’une république modérée, la
théorie
d’Aristote
a
gagné
sa
place
comme
caractère
principal de la culture de l’Occident.
4.5.1 ÉTAT DE DROIT ET ÉTAT D’HOMME
Dans la pensée politique de Confucius, les entretiens
portant
sur
apparaissent
le
sujet
beaucoup
du
moins
gouvernement
fréquents
que
par
les
la
loi
autres
sujets. Ses discours sur ce genre d’administration sont
généralement soumis au service du besoin de souligner, par
la comparaison, les avantages du règne d’un homme. Voyons
ensemble un discours typique.
PARIS, 1295 b 5 Livre VI, CHAPITRE IX, page 115 358 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire PARIS, 1295 b 35 Livre VI, CHAPITRE IX, page 116 290
子曰:“道之以政,齐之以刑,民免而无耻;道之以德,齐之以礼,
有耻且格。”359
Le Maître dit : « Si le prince conduit le peuple
au moyen des lois et le retient dans l’unité au
moyen des châtiments, le peuple s’abstient de mal
faire ; mais il ne connaît aucune honte. Si le
prince
dirige
le
peuple
par
la
Vertu
et
fait
régner l’union grâce aux rites, le peuple a honte
de mal faire, et devient vertueux. »360
Dans la citation, les lois et les châtiments parlent en
fait de la règlementation. Toutefois, aux yeux du saint,
aucun des aspects n’a illustré l’essentiel du pouvoir. Par
rapport à l’exécution des lois, la vertu et les rites
offraient une manière supérieure d’administration du pays.
À propos de l’orientation vertueuse du peuple, Confucius
attachait aux comportements du gouvernant le rôle d’une
importance clé. Le nombre assez important des entretiens
enregistrés sur le sujet donne aux générations suivantes
une idée claire sur sa doctrine. Comptant depuis 1122 av.
J.-C. jusqu’au 256 av. J.-C., la notion bien intégrée de
monarchie contribuait de beaucoup à l’état hyper durable
du féodalisme en Chine. Malgré l’histoire professionnelle
(ou plus précisément dit, la vie politique) du saint, la
partie sur la hiérarchie de sa théorie a connu un vrai
succès. Citons quelques de ses paroles.
359 Les Entretiens, II.3 360 Les Entretiens de Confucius II.3, traduction en français par Séraphin Couvreur II.3 291
-- 政者,正也。⼦子帥以正,孰敢不正?361
(Ki K’ang tzeu interrogea Confucius sur l’art de
gouverner.)
Confucius
répondit
:
«
Gouverner,
c’est maintenir dans la voie droite. Si vous-même,
Seigneur, maintenez droit, qui osera dévier ? »362
-- 其⾝身正,不令⽽而⾏行,其⾝身不正,虽令不从。363
Le Maître dit : « Si le prince personnifie la
rectitude, tout se fait sans qu’il commande ; si
le prince ne l’incarne pas, il aura beau donner
des ordres, il ne sera pas suivi. »364
-- 上好禮,則民莫敢不敬;上好義,則民莫敢不服;上好信,則民莫
敢不⽤用情。365
Si
le
prince
convenances,
s’attache
aucun
de
à
ses
l’urbanité
sujets
et
aux
n’osera
les
négliger. Si le prince s’attache à la justice,
aucun
de
ses
l’obéissance.
Si
sujets
le
n’osera
prince
lui
s’attache
refuser
à
la
sincérité, aucun de ses sujets n’osera agir de
mauvaise foi...366
361 Les Entretiens, XII.17 362 Les Entretiens de Confucius XII.16, traduction en français par Séraphin Couvreur 363 Les Entretiens, XIII.6 364 Les Entretiens de Confucius XIII.6, traduction en français par Séraphin Couvreur 365 Les Entretiens, XIII.4 366 Les Entretiens de Confucius XIII.4, traduction en français par Séraphin Couvreur 292
Aristote s’opposait fermement à l’idée de se laisser
le pouvoir qu’aux gens d’un groupe hautement privilégié
par
la
fortune.
L’État
doit
être
caractérisé
par
le
respect de la loi.
Il n'y. a donc de bon gouvernement d'abord que
celui où l'on obéit à la loi, puis ensuite que
celui où la loi à laquelle on obéit est fondée sur
la raison; car on pourrait aussi obéir à des lois
déraisonnables.367
Donc, évidemment, la lettre et la loi ne peuvent
jamais, par les mêmes motifs, constituer un bon
gouvernement.
Mais
d'abord,
cette
forme
de
dispositions générales est une nécessité pour tous
ceux
qui
gouvernent;
et
l'emploi
en
est
certainement plus sage dans une nature exempte de
toutes les passions que dans celle qui leur est
essentiellement soumise.368
Voici un objet capital dans tout État: il faut
bien faire en sorte, par la législation ou tout
autre
moyen
publiques
aussi
puissant,
n'enrichissent
que
jamais
les
ceux
fonctions
qui
les
occupent.369
Ainsi on connait l’image d’un État de droit d’après
Aristote. En résumé, la réalisation de l’État de droit
exige
la
satisfaction
de
deux
critères
obligatoires:
367 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire PARIS, Livre VI. Chapitre VI. 3 Page 113 368 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire, PARIS, Livre III. Chapitre X. Page 65-­‐66 369 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire, PARIS, Livre VIII. Chapitre VII. Page 150 293
l’obéissance aux lois et le soutien de la raison. Sinon,
aucun règne ne peut être considéré comme celui de droit.
Selon le grand savant, comme la loi est la meilleure de
tous
les
gouvernants,
on
doit
la
respecter.
Le
plus
précieux point de vue sur le sujet concerne la remise au
public du droit de la ratification de la loi. Visant à la
défense de l’intégralité de loi, Aristote a consacré un
bon
nombre
de
pages
à
des
exposés
détaillés
sur
la
prémisse de l’État de droit: un système complet de lois,
et un mécanisme correspondant à des exécutions spécifiées.
Autrement dit, la réalisation du système juridique marque
la première étape du gouvernement de droit. La théorie
d’Aristote
sur
la
politique
a
captivé
le
cercle
des
lettrés, et avec le temps, le monde entier. Pendant le
Moyen Âge où la divinité de Dieu était la force absolue,
Thomas d'Aquin 370 (1224/1225 - 1274), Docteur de l’Église,
a adopté la pensée politique du philosophe grec antique.
4.5.2
ROUE
DE
LA
VIE
POLITIQUE
DES
DEUX
PHILOSOPHES
Parmi
Aristote
les
sont
grands
sans
noms
aucun
des
doute
savants,
de
nos
Confucius
jours
les
et
plus
réputés. Pourtant de leur temps, la reconnaissance pour
les deux philosophes raconte deux destins assez différents.
Ce phénomène n’est pas étrange; des gens de compétences
équivalentes assurent-ils le même degré de succès? Bien
sur, il est possible de trouver des cas singuliers, mais
d’une façon plus générale la réponse est négative. Lançons
donc
une
analyse
sur
la
vie
professionnelle
des
deux
maîtres.
370 un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique 294
4.5.2.1 Cité et régime centralisé
La géographie de la Grèce se distingue par les champs
carrés
divisés
rivières.
Un
par
tel
les
massifs
environnement
construction
d’un
État
de
sélectionnée
comme
centre
de
de
montagnes
et
les
idéal
pour
la
est
cités.
la
Cité,
Une
ville
laquelle
est
inclut
ensuite les régions rurales autour. Ce genre de pays a
pour
caractères
communs
une
superficie
de
terre
relativement limitée et un nombre de population assez bas.
D’une façon plus précise, la Cité a la taille généralement
de
quelque
centaines
de
kilomètres
carrés
avec
une
population d’environs dix mille personnes. La cité la plus
grande englobe environs huit mille kilomètres carrés et un
total environs cent mille habitants. Pourquoi donc limiter
les Cites à ce niveau d’échelle? Aristote l’indiquait,
Et de même pour la cité: trop petite, elle ne peut
suffire à ses besoins, ce qui est cependant une
condition essentielle de la cité; trop étendue,
elle y suffit non plus comme cité, mais comme
nation. Il n'y à presque plus là de gouvernement
possible.371
Les conditions géographiques décident de la naissance
de la Cité; la théorie d’Aristote, pour sa part, offre son
service à la fondation du système de la Grèce. La base
matérielle372 décide la superstructure373; la superstructure
exerce son influence sur la base matérielle – telle est la
371 La Politique d'Aristote, traduite en français par J. Barthélémy-­‐Saint-­‐Hilaire, PARIS, Livre IV. Chapitre IV. 7 Page 75 372 la production, incluant les conditions de production, les forces productives, les rapports de production 373 les idées, incluant les institutions politiques, les lois, la religion, la pensée, la philosophie, la morale ; 295
théorie de Karl Marx 374 (1818 - 1883) sur l’ordre social,
qui
s’applique
bien
sur
le
rapport
de
la
théorie
d’Aristote et de la culture de la Grèce antique.
Le régime centralisé dans la pensée confucéenne fait
un sujet assez facile à démontrer; le maître l’a exprimé
d’une façon nette.
天下有道 , 则礼乐征伐自天子出;天下无道 , 则礼乐征伐自诸侯出。
自诸侯出,盖十世希不失矣;自大夫出,五世希不失矣;陪臣执国命,
三世希不失矣。天下有道 , 则政不在大夫。天下有道 , 则庶人不议。
375
Le Maître dit : « Quand le monde marche dans la
Voie, le Fils du Ciel règle lui-même les rites, la
musique, les expéditions militaires pour soumettre
les feudataires désobéissants. Quand le monde est
dévoyé, les vassaux règlent les rites, la musique,
les expéditions militaires. Alors*¹ les familles
des vassaux conservent rarement leur autorité audelà
de
dix
générations*².
Lorsque
les
grands
préfets s’emparent du pouvoir, ils le conservent
rarement plus de cinq générations. Les intendants
des princes ou des grands préfets, devenus à leur
tour maîtres du pouvoir, le conservent rarement
plus de trois générations. Quand le monde marche
dans la Voie, la haute administration n’est pas
entre
les
mains
des
grands
préfets;
les
particuliers ne sont pas admis à délibérer sur les
affaires d’État. »376
374 théoricien de la révolution allemand 375 Les Entretiens, XVI.2 376 Les Entretiens de Confucius XVI.2, traduction en français par Séraphin Couvreur 296
*1.
La
justice
est
violée,
les
lois
ne
sont
plus
observées, le trouble est dans l’État.
*2. Elle leur est enlevée par les grands préfets.
La partie soulignée n’est pas correctement traduite.
Confucius décrivait dans les deux dernières phrases la
silhouette de la société idéale: la centralisation et
le peuple heureux (sans la moindre plainte).
Ici “la Voie” peut être comprise comme la paix; “les
rites,
la
musique,
les
expéditions
militaires”
veulent
dire l’autorité réelle. Dans la partie cité, le saint
répétait son admiration du pouvoir centralisé. Qu’est-ce
que
donc
que
le
pouvoir
centralisé?
De
la
langue
confucéenne, quelques mots suffisent: les rites de Zhou.
Le
système
de
la
dynastie
Zhou
de
l’Ouest
respire
la
centralisation. La reprise des rites de la dynastie aux
yeux de Confucius égale la réalisation d’une organisation
d’État dans laquelle les décisions ne sont prises que par
l’autorité du centre.
Sans exemple de réussite de la reprise du système de
Zhou,
la
belle
conception
de
Confucius,
risque
d’être
moins persuasive de son temps. Différentes de l’exposé
bien
élaboré
tendaient
à
d’Aristote,
exprimer
les
les
paroles
points
de
de
vue
Confucius
sous
des
expressions dans un style obscur et ambigu. D’ailleurs,
visant à la Chine antique englobant des pays vastes, la
faute
d’investigations
solides
des
circonstances
et
l’ambition de trouver une solution universelle formulent
inévitablement des discours vagues. Imaginons le rôle d’un
souverain en temps de guerre, quelles suggestions faut-il
adresser à un souverain sur l’organisation de son règne?
Les réponses variées incluent possiblement des conseils
assez productifs à effet immédiat (la richesse – lacune
297
dans
les
Entretiens);
des
mesures
portant
garantie
de
l’obéissance des gens (le pouvoir sécurisé); un système
prêt
à
détaillé
d’une
employer
de
façon
la
en
toutes
circonstances
domination)...
imprécise
avec
Un
de
(le
conseiller
solutions
manuel
qui
parle
monotones
se
trouve probablement au rang des dernières envies. En fin
de compte, la promotion de la théorie politique demande
une approche ferme dans un monde précaire.
4.5.2.2 Raisonnement ou édification
La centralisation du pouvoir conduit facilement à la
brutalité politique.
Afin d’orienter le gouvernement vers
la bonne route, Confucius a lancé la pensée connue comme
la
bienveillance,
un
des
produits
de
la
pensée
sentimentale en laquelle excellent les Chinois. Avec ce
mode de pensée, la bienveillance est née avec deux défauts
majeurs.
L’intention initiale de la bienveillance concerne les
concessions
fonctionnaires
et
la
envers
sollicitude
les
de
habitants.
la
part
Autrement
dit,
des
la
vertu suprême est conçue comme un service dans la marge
entre le pouvoir et la tyrannie. Toutefois en tant que
fondateur, Confucius n’a jamais éduqué les gens, d’une
façon formelle, sur la réelle visée de la théorie. Faute
d’orientation nette, les discours sont plutôt ouverts à la
compréhension. En conséquence la bienveillance n’a pas pu
conditionner la corruption. Pire encore, elle est devenue
la demande morale imposée à la masse; la vertu de noble
s’est
transformée
en
la
tolérance
des
abus.
Ainsi
la
première grave erreur de la théorie de bienveillance se
résume par le manque du système de guidage.
298
Le deuxième défaut fatal réside dans la faisabilité.
La
bienveillance
du
sens
ascendant
s’opère
facilement;
elle nécessite l’obscurantisme. Toutefois la réalisation
de la gentillesse du sens descendant dans une société
hiérarchisée est juste identique à une pétition vouée à
l’échec. Il y a une locution proverbiale chinoise qui
décrire ce genre d’essai: demander au tigre sa fourrure.
Dans
statut
le
système
supérieur
de
des
la
Cité,
lois
de
Aristote
raison.
a
Pour
établi
le
tous
les
habitants, cet établissement indique une égalité politique.
En
plus
de
l’analyse
des
faits,
la
pensée
politique
d’Aristote met en évidence la raison. Un tel environnement
refuse en fait l’intervention des sentiments qui entraîne
facilement à l’interprétation libre. Au contraire de la
méthode
de
promotion
de
la
théorie
par
l’effet
d’édification, Aristote raisonnait avec faits à l’appui à
l’aide de son système de la logique.
4.5.2.3 Classe moyenne
D’après les recherches établies, à part la différence
entre
l’État
doctrine
du
d’un
seul
milieu
homme
et
le
et
l’État
juste
de
milieu
droit,
la
racontent
techniquement, en gros, la même théorie. On s’intéresse à
l’influence de la grande distinction des deux philosophies
politiques.
D’après les raisonnements d’Aristote, un État de droit
exige le ferme soutien de la classe moyenne; cette échelle
sociale
regroupe
les
gens
de
plus
grande
capacité
potentielle dans la réalisation du juste milieu. Les lois,
299
en plus, ne sont pas à la guise des minorités; autrement
dit, d’un sens général, les règles sont faites pour la
protection de la classe moyenne.
Au temps de Confucius, et des générations qui suivent,
l’agriculture triomphe sur le commerce en respect social.
La
classe
moyenne
était
trop
peu
nombreuse
pour
la
réalisation d’un projet politique. Un nombre très limité
de
gens
pratiquaient
le
commerce.
Ce
qui
est
plus
important est que la terre était toujours sous le contrôle
absolu de la noblesse féodale, et que les organisations
gouvernementales
distribution
des
manipulaient
biens.
Le
la
production
développement
et
naturel
la
du
commerce et la liberté des commerçants étaient surtout
absents.
Malgré
les
efforts
professionnels,
les
commerçants Chinois d’autrefois n’ont pas l’opportunité
d’avoir
la
place
politique
ni
les
privilèges
dont
jouissaient les commerçants en Europe. Leur fortune de
grandiose était en réalité sans protection et finalement
transmise à la possession du gouvernement. Le phénomène
est dû à La société hiérarchique qui divise les gens en
deux parties: les gouvernants et les gouvernés.
Aristote a démontré que la classe moyenne était la
meilleure force capable de réaliser le milieu; en même
temps, l’expérience de Confucius a soutenu le fait qu’à
défaut de la classe moyenne, le milieu est une stratégie
sans place dans la pratique.
300
4.5.2.4 Effet de l’héritage
Thalès de Milet 377 (625 – 546 av. J.-C.) a gagné sa
réputation comme l’un des fondateurs de la philosophie
grecque
antique
et
maître
de
la
déduction
logique.
Platon 378 (428/427 - 348 av. J.-C.),autrement connu comme
l’étudiant de Socrate379 (470/469 – 399 av. J.-C.) a repris
ensuite la pensée de Pythagore 380 (580 - 495 av. J.-C.),
qui avait été éduqué par Thalès. Aristote, comme le monde
le
connaît,
Platon.
a
Dans
disputes
travaillé
cette
d’abord
ligne
possibles,
sous
la
direction
de
malgré
des
d’apprentissage,
les
connaissances
étaient
précieusement transmises.
Par rapport à l’héritage académique des philosophes
grecs,
l’éducation
de
Confucius
n’avait
rien
de
particulier. il est né dans une famille de fonctionnaires
militaires
(bas
de
gramme).
La
pauvreté
l’a
obligé
à
chercher à gagner sa vie. Une partie des disciples de
Confucius ont réussi leur vie, mais sans de grand nom
éminent.
En l’année 134 av. J.-C., Dong Zhongshu 381 (195/179 –
115/104 av. J.-C.) a réussi à persuader l’empereur sur
l’établissement officiel de l’honneur du Confucianisme.
Mais en ce temps-là, la théorie n’était plus la même; elle
empruntait des morceaux de Taoïsme, de Légisme, d’École du
Yin-Yang etc. Le régime relativement nouveau excellait au
maintien de l’ordre social avec le système féodal, à la
déification du pouvoir absolu. Pour de telles raisons, le
377 philosophe et savant grec 378 philosophe de la Grece antique, fondateur de l’Academie 379 philosophe grec 380 réformateur religieux, philosophe présocratique 381 lettré confucianiste de la dynastie Han occidental 301
Confucianisme a pu prospérer au long du féodalisme. Il est
dommage que le saint lui-même n’ait pas eu le bonheur de
développer et protéger sa pensée.
En
résumé,
les
idées
de
Confucius
étaient
soigneusement enveloppées par des expressions de grâce. Le
défaut de raisonnements conformés à la logique ne change
pas la bonne conception. Mais en son temps, les discours
d’une
apparence
assez
douce
risque
de
ne
pas
pouvoir
attirer l’attention des souverains, ni de triompher dans
un
débat.
L’édification
peut
certainement
exercer
son
influence, sauf que généralement elle est accompagnée par
d’autres
mesures,
telle
qu’une
série
de
bénéficiant à l’établissement du respect pour
témoignages
conséquence.
Voici donc deux facteurs modifiables à volonté. Ce que
Confucius ne pourrait pas changer porte sur deux points:
le
manque
de
la
classe
moyenne
en
Chine
antique
et
l’éducation moins systématique. En tout, sa proposition
politique surmonte ce que les gens pourraient espérer.
302
4.6 CADRE BONHEUR
Des recherches sur la comparaison entre la morale de
Confucius et celle d’Aristote, l’étude la plus élaborée
est
sans
doute
la
publication
nommée
The
Ethics
of
Confucius and Aristotle: Mirrors of Virtue par Xu Jiyuan382
(1964 - ). D’après Xu, deux tendances sur la renaissance
de la science éthique méritent l’attention du monde: la
renaissance
contemporaine
sur
l’éthique
d’Aristote
orientée par Gertrude Elizabeth Margaret Anscombe 383 (1919
-
2001)
en
1958
(un
phénomène
scientifique);
La
Déclaration en Vue de la Culture Chinoise à la Notice
Mondiale,
nouveau
publiée
la
Confucianisme
même
385
année
(un
par
autre
des
point
384
du
vue).
Xu
lettrés
de
indique que les deux renaissances de pensée partagent le
même objet de critique – la morale de l’Occident moderne.
Ainsi elles se dirigent vers le même chemin philosophique,
celui de la vertu.
Il insiste en fait sur la comparaison
avec les analyses égales 386 qui soulignent le fait que la
défense de la théorie d’Aristote doit partir de notre
propre interprétation (au lieu de la prendre comme une
structure établie, il faut la prendre comme un sujet à
analyser),
questionne
comme
la
d’ailleurs
pensée
confucéenne.
l’incommensurabilité
des
L’auteur
notions
morales d’ Alasdair MacIntyre387 (1929 - ).
Après avoir résolu des problèmes techniques sur la
comparaison des deux doctrines, Xu divise son livre en
382 professeur de la philosophie à l’Université d’état de New York, site Buffalo 383 philosophe anglaise et théologienne 384 Mou Zongsan, Xu Fuguan, Zhang Junli, Tang Junyi etc. 385 movement intellectuel du Confucianisme a commencé au début du XXe siècle, différent au Neo-­‐Confucianisme de Song et Ming 386 soutenu par les theories d’Aristote resumés comme “ami en tant que mirroir” et “sauver les phenomenes” 387 philosophe écossais 303
sept parties dont la première se porte sur le bonheur, la
voie et la vertu. Xu s’intéresse au thème des biens des
êtres humains, qui finit par la démonstration que la voie
de Confucius et le bonheur d’Aristote se dirigent vers
leur discussion sur la vertu. Le point remarquable de
cette partie est représenté par des questions sur le début
de
l’éthique.
L’éthique
confucéenne
est
généralement
perçue comme une philosophie de décret céleste. Alors que
la signification équivalente n’est pas mentionnée dans le
système
d’Aristote.
Xu
indique
qu’en
fait
Socrate
388
(470/469 – 399 av. J.-C.) a déclaré l’instruction divine
de ses recherches sur la morale. La science de la morale
provient-elle donc de la raison ou de l’intention divine?
La conclusion de l’auteur est plutôt au milieu. Il dit que
l’existence suprême demande aux humains de mener une vie
sérieuse et complète. Ainsi la meilleure façon d’exprimer
la dévotion réside dans la bonne attitude de la poursuite
d’une telle vie.
Après avoir fini les études sur la politique, qui
concerne de beaucoup une communauté bien peuplée, dans
cette section, il est à notre tour de mettre en valeur le
sujet
fondamental
englobant
le
bien
être
de
tous
les
individus – le bonheur.
La conception confucéenne du bonheur est fondée sur la
théorie de la bienveillance. En tant que l’état suprême,
la
bienveillance
est
la
vertu
fondamentale.
Seuls
les
hommes vertueux sont jugés capables de rendre service à la
société et de garder en même temps la paix interne. Comme
ils sont honnêtes et équilibrés, ils trouvent la joie dans
des circonstances moins satisfaisantes. Le philosophe grec
parlait
assez
fréquemment
dans
ses
œuvres
du
bonheur,
388 philosophe grec 304
principalement
sous
le
point
de
vue
de
la
finalité.
Autrement dit, selon Aristote, le but final de toutes les
activités est le bonheur. Ainsi parmi tous les biens, le
bonheur mérite nos plus grands efforts.
Les
circonstances
philosophes
de
toutes
d’autrefois
les
écoles
à
obligeaient
réfléchir
les
sur
la
réalisation de la stabilité politique prolongée. Visant à
une nouvelle option permettant les interactions humaines
en harmonie, Confucius a développé ses recherches avec
prudence.
Que
chacun
devienne
l’homme
vertueux;
que
l’ordre hiérarchique soit restauré sous les règles de rite;
que les gouvernants sages respectent la voie du milieu –
voici selon sa conception une société idéale.
Le temps où vivait Aristote était également une période de
transformation
sociale.
La
Grèce
antique
était
plongée
dans de divers troubles. Afin de protéger le royaume de
Macédoine
389
position
contre
(808
–
à
168
la
av.
fois
J.-C.),
la
Aristote
limitation
a
pris
passive
des
passions et l’excès des plaisirs. Il cherchait en fait à
établir une société équilibrée par les critères moraux.
Les
théories
qu’envisageaient
les
deux
philosophes
partagent l’idée d’abord que le bonheur et la morale sont
inséparables. Chez Confucius, le renforcement moral est la
condition obligatoire de l’obtention du bonheur. Influencé
par
son
éducation,
Aristote
pensait
que
les
activités
conformes aux vertus apportaient le bonheur et que le
bonheur acquis d’une telle manière était de niveau suprême.
Ensuite les théories indiquent que la poursuite de bonheur
doit
éviter
des
approches
extrêmes,
autrement
dit
au
maintien du milieu se trouve le vrai enjeu. Et le point
dernier touche à la reconnaissance de l’importance de la
389 État antique du nord de la Grèce antique 305
mise en pratique. L’éthique est une science d’application
qui englobe les connaissances du monde et, d’importance
équivalente,
la
mise
en
pratique.
Selon
Aristote,
la
connaissance ferme de la définition du bien, de la vertu
et du bonheur est loin d’être suffisante. L’expérience du
bonheur
à
la
l’amélioration
manière
confucéenne
caractéristique
acquise
provient
de
par
des
efforts
les
détails.
constants.
Les
différences
se
trouvent
dans
La
première chose à noter est la mise valeur de la relation
entre le bonheur et la vertu.
Aux yeux d’Aristote, le
bonheur ne se qualifie pas comme une vertu, mais plutôt
une activité de vertu. Expliquons la distinction entre la
vertu et les activités de vertu par deux raisons fournies
par le maître lui-même. D’abord, une personne de vertu est
considérée comme endormie lorsqu’elle ne la pratique pas.
Ensuite,
il
est
de
réalité
qu’une
personne
de
vertu
s’expose également aux malheurs dans la vie. Ainsi le
bonheur n’est pas simplement l’acquisition de la vertu,
mais
plutôt
la
réalisation
de
la
vertu.
La
vision
confucéenne souligne la richesse d’état spirituel contre
les besoins matériels. Pour le saint, la vertu personnelle
est le facteur décisif dans la constitution du bonheur. Le
bonheur est ainsi une sorte d’annexe à la morale. Une
personne
de
vertu,
d’après
la
théorie,
possède
naturellement le bonheur.
Le bonheur et les biens matériels forment le deuxième
point
de
différence.
Aristote
opposait
la
mise
en
équivalence de la richesse et du bonheur parce que la
richesse n’était pas la poursuite finale. Il ajoutait que
la joie, la gloire et la vertu étaient plus qualifiées
comme but de la vie que la richesse. Néanmoins, elles ne
306
sont non plus le bien suprême. Confucius, lui, avouait
avant tout le droit de la poursuite matérielle dont tout
le monde avait envie; et en même temps il mettait l’accent
sur la légitimité (par rapport à la morale) des mesures
prises.
À
ses
yeux,
la
vie
ordinaire
apporte
plus
de
bonheur que la richesse mal acquise.
La joie et son rapport au bonheur font notre troisième
sujet à discuter. Il est d’admission commune que la joie
et le bonheur sont deux facteurs qui s’accompagnent. Dans
la théorie d’Aristote, le bonheur, autrement dit le bien
suprême, concerne en fait des activités de spéculation
conformes aux qualités vertueuses des individus. Le champ
d’exercice de la pensée est proportionnel au degré de
bonheur.
Le
catégories,
Confucianisme
les
joies
divise
bénéfiques:
la
la
joie
maîtrise
en
de
deux
soi,
l’attention aux excellences des autres, l’établissement
des connaissances avec des amis positifs etc.; les joies
dangereuses: l’excès de fierté, les aventures licencieuses,
la
gourmandise
etc.
Il
est
évident
que
Confucius
valorisait plus l’expérience des joies de la vie sociale.
307
4.7 DE LA MORALE
Si l’on essaye de définir un homme de bien suprême il
faut peut-être se référer au Peer Gynt 390 de Henrik Johan
Ibsen
391
.
Dans
l’Acte
II,
le
héro
de
l’histoire
Peer
(humain), un dandy, est prié de marier la jolie fille
enceinte du roi des trolls (figure mythique nordique).
Envisageant la déclaration d’innocence de Peer, le troll
indique qu’il est coupable dans sa tête. Puis le troll lui
pose la fameuse question sur la distinction entre un homme
et un troll. Dans la réponse fournie par le roi des trolls,
il dit que l’homme est “Sois toi-même” 392 , et un troll
“ Suffis-toi à toi-même 393 ”. Voilà donc la définition de
l’homme ordinaire et celle d’une figure de diable. Étant
donne
que
l’existence
suprême
est
toute
puissante,
un
homme de bonheur suprême est donc quelqu’un d’inférieur au
divin et supérieur aux gens ordinaires – un homme sage
d’état
équilibré,
reconnaissances
due
utile
à
à
la
Confucius
société.
et
Aristote,
Avec
les
il
faut
avouer que le bien suprême, le milieu, le bonheur sont
tous des notions d’éthique assez attractives; Mais il est
nécessaire
encore
de
vérifier
leur
importance
dans
l’espèce humain.
Miguel de Cervantes Sàvedra 394 (1547 - 1616) est le
créateur d’un des personnages les plus influents dans la
littérature. Dans son chef-d’œuvre intitulé l’Ingénieux
Hidalgo Don Quichotte de la Manche, le héros de l’histoire,
390 drame poétique norvégien 391 dramaturge norvégien 392 Henrik Johan Ibsen, Peer Gynt, Acte II, page 92, traduit par le Comte Prozor, Paris, Librairie Academique Perrain et Cie, 1923, http://sources.ebooksgratuits.com/ibsen_peer_gynt_ocr.pdf 393 Henrik Johan Ibsen, Peer Gynt, Acte II, page 92, traduit par le Comte Prozor, Paris, Librairie Academique Perrain et Cie, 1923 394 romancier, poète et dramaturge espagnol 308
qui
a
vécu
toutes
les
circonstances
est
en
fait
le
fournisseur de réponse à la question sur la vraie vertu
des humains. Dans le romain, Don Quichotte est dans la
poursuite de l’esprit de la chevalerie – un symbole de
noblesse dans un temps passé. Mais à la fin, la poursuite
tourne à l’échec; la chevalerie est complètement du passé.
Donc la vraie question est : ce genre d’esprit suprême
est-il perdu ou plutôt a-t-il jamais existé?
Une partie des gens sont convaincus que la génération
suivante
est
précédente.
certainement
L’autre
partie
meilleure/
garde
un
vertueuse
avis
que
opposé.
la
Mais
peut-être les romans du genre de Don Quichotte ont déjà
répondu à la question en indiquant que chaque génération
est
pareille.
exceptionnelle;
L’espèce
les
humaine
vices
n’est
parmi
les
pas
de
noblesse
humains
résident
toujours sous des formes soit cachées soit dénégatoires.
Aux présences des désirs impossibles à refuser, toutes les
apparences une fois jugées vraies sont d’un seul coup
démasquées. La première réaction des gens est la perte de
croyance. Tout comme le désespoir et la furie manifestés
dans Don Quichotte ou Hamlet 395 . Dans un peu de temps, les
gens se plongent naturellement dans le doute sur la nature
du genre des Habits neufs de l'empereur396 des codes moraux.
En réalité, les vices ne doivent pas être considérés
comme des charges; ils font partie de l’état normal. Ce
fait ne touche même pas à la catégorie morale. Lorsqu’on
souhaite illuminer le monde, il faut avouer avant tout que
le monde est dans le noir. La littérature de la tragédie
vise à montrer aux gens la fragilité de la morale, du bien,
ou
encore
autres
choses.
Donc
dans
tel
état
pénible,
395 titre complet : la Tragique Histoire d'Hamlet, prince de Danemark 396 conte d'Hans Christian Andersen 309
qu’est-ce
qui
mérite
de
prendre
le
cœur
des
gens?
L’expertise du professeur Arthur Kleinman397 (1941 - ) peut
être utile. Dans son livre titré What really matters:
Living
a
moral
life
amidst
uncertainty
and
danger
398
,
Kleinman raconte l’histoire de Monsieur Yan. Pendant la
Révolution Culturelle 399 , Monsieur Yan, une docteur gentil
et noble, a subi la trahison de son meilleur ami et ainsi
de
sérieux
tourments.
En
présence
d’opportunité
de
revanche, Yan a choisi autrement. Sa tolérance l’a exposé
à des persécutions encore plus sévères de la part de cet
ami
d’autrefois.
Les
derniers
jours
de
la
vie
de
Yan
furent misérables. Le message de cette histoire triste est
que
dans
la
vie
réelle,
le
prix
de
la
vertu
est
fréquemment extrêmement élevé. D’une part, le choix de se
soumettre à la réalité contre la défense de la morale, est
en fin de compte soumise aux critiques. Mais d’autre part,
la morale a démontré dans cette histoire la vraie force;
autrement dit la morale donne la preuve incontestable de
sa nature d’importance capitale. À la fin de son livre,
Kleinman résume son point de vue par une métaphore. Voici
la citation:
I have long found arresting a painting of Pablo
Picasso’s titled “ The Head of a Medical Student”.
The
painting
African
mask
is
of
with
a
on
face
eye
in
open,
the
and
form
the
of
an
other
closed. Medical students learn to open one eye to
the pain and suffering of patients and the world,
but also to close the other eye – to protect their
397 Professeur d’anthropologie médicale, psychiatrie interculturelle à l’Université de Harvard 398 Arthur Kleinman, What really matters:living a moral life amidst uncertainty and danger, Chapitre IV, traduit en chinois par Fang Xiaoli, Maison des publications traduites de Shanghai, Shanghai, 2007, ISBN 9787532743292 399 La grande révolution culturelle prolétarienne 310
own
vulnerability
to
pain
and
suffering,
to
protect their belief that they can do good and
change the world for the better, to protect their
own
self-interests
such
as
career
building
and
economic gain. I would generalize the provocative
poignancy of this picture to how we live our lives.
One of our eyes is to open to the dangers of the
world and the uncertainty of our human condition;
the other is closed, so that we do not see or feel
these things, so that we can get on with our lives.
But perhaps one eye is closed so that we can see,
feel and do something of value. One eye, perhaps,
sees the possibilities and hopefulness of who we
are and where we are headed, while the other is
shut
tight
with
fear
over
the
storms
and
precipices that lie ahead...400
Du point de vue scientifique naturel, l’éthique est
donc une science sur la morale qui s’affronte aux défauts
de nos gènes. La morale peut être considérée comme écrite
dans le système nerveux. Dans notre cerveau, se localise
le cortex insulaire401: une partie cérébrale contrôlant les
comportements de dépendance, tels que l’alcool, le jeu
d’argent. À la réception du signal stimulant, le système
nerveux ordonne au cerveau de produire la dopamine 402 qui
soulage les gens et à la fois les rend heureux. La morale
n’est jamais une invention. Lorsque une personne décide de
respecter les codes moraux, tout en ayant conscience des
désavantages,
cette
personne
est
toujours
capable
d’éprouver la joie; on est récompensé par le cerveau.
400 Arthur Kleinman, What really matters:living a moral life amidst uncertainty and danger, Epilogue, pages 234-­‐ 235, Oxford University Press, 2007, ISBN-­‐10: 019533132X, ISBN-­‐13: 978-­‐0195331325 401 partie du cortex cérébral qui constitue l'un des lobes du cerveau 402 un neurotransmetteur 311
Pourtant, dans la lutte contre le péché, ou autrement
dit
les
décisions
venant
de
notre
aspect
“troll”,
le
mécanisme du contrôle nerveux paraît assez fragile. Voici
donc
la
raison
évaluations,
des
pour
laquelle,
gens
choisissent
souvent
après
l’abandon
de
des
la
bienveillance. Mais il faut également d’être capable de
noter que l’insignifiance de la morale égale une influence
signifiante. Il concerne en fait la distinction entre très
peu
et
rien
du
tout.
Avec
le
minimum,
il
existe
la
possibilité d’accumulation.
Au long de la conquête de la nature, les ancêtres de
la race humaine a laissé à tout le monde deux équipements:
une arme qui s’appelle l’imagination, et un bouclier connu
par
le
nom
de
morale.
À
l’aide
d’imagination,
la
civilisation peut réaliser de nombreux essors génération
par génération. En même temps, il est inévitable que le
désir arrive à un état incontrôlable. La morale offre au
monde un asile durant de tels moments de désespoir. Voici
donc l’importance de la morale, peu qu’elle soit, elle
marque la ligne du bas et le point initial de l’esprit. La
reconstruction du monde est possible, grâce à ce bouclier
invisible.
312
4.8 TRADUCTION DE L’ÉTHIQUE D’ARISTOTE
4.8.1 DEUX GUIDES ET LEURS MÉTHODES
Parmi les philosophes occidentaux, Aristote est un des
premiers introduits en Chine. À la même période de la
pratique de Matteo Ricci
403
(1552 - 1610) en tant que
missionnaire, Li Zhizao 404 (1571 – 1630) s’est engagé dans
la traduction des œuvres d’Aristote. Jusqu’au début du XXe
siècle, la philosophie occidentale a commencé à attirer
l’attention
du
cercle
scientifique
chinois.
Mais
par
rapport aux autres philosophes, tels que Emmanuel Kant 405
(1724 - 1804), Georg Wilhelm Friedrich Hegel 406 (1770 1831), Platon (428/427 - 348/347 av. J.-C), l’intérêt des
lettrés chinois pour la théorie d’Aristote paraît moins
évident.
Aux yeux du cercle scientifique intéressé à Aristote,
Chen Kang407 (1905 - 1992) est un savant de vision. Vers la
fin des années 40s, Chen a déménagé aux États-Unis où il a
publié
la
plupart
de
ses
recherches.
Le
dommage
aux
érudits chinois ne diminue pas l’importance de son travail.
Pour les chercheurs philosophiques d’aujourd’hui, Chen est
sans
doute
un
guide;
cela
est
également
vrai
pour
le
cercle de la science de la traduction. En ce qui concerne
la
traduction,
la
contribution
de
Chen
correspond
principalement à la clarification des termes.
Prenons l’exemple du terme “ousia”, ou en langue de
recherche de Chen – substance. Représentant
403 prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine 404 traducteur, astronome chinois 405 philosophe allemand, fondateur de l’idéalisme transcendantal 406 philosophe allemand 407 savant de la Grèce antique et de la philosophie d’Occident un
champ
313
capital
dans
le
système
aristotélicien,
“la
substance”
selon Aristote, a des significations diverses et parfois
opposées. Chen a remarqué que dans plusieurs chapitres des
Catégories, de la Physique et de la Métaphysique, le mot
est une indication des choses concrètes. La traduction
recommandée est donc soit 个 体
particulier)
qui
combine
le
(ge’ti – l’individu, le
caractère
个
signifiant
l’unité,et le mot 体 (ti- le corps)au sens de la totalité
et l’état d’une existence; soit 实 体 (shi’ti – l’entité)
pour son accentuation de la vrai existence. Pourtant selon
la théorie aristotélicienne de la causalité, d’après le
chapitre VII de Métaphysique, Aristote a précisé que parmi
les quatre causes
408
constituant toutes les choses, la
cause formelle est fondamentale et capitale. Ainsi “la
substance” dans ces textes indique en fait de quelque
chose d’abstrait sans forme réelle. La traduction de 实 体
(shi’ti –l’entité) ne convient plus. Chen a proposé le mot
本体
(ben’ti –le noumène) dont le caractère 本
(ben –
l’origine) précise le sens d’essence. Ce que Chen Kang a
offert comme inspiration est l’actualisation du sens des
termes. La pensée d’un auteur du texte original a pour
nature
la
progression.
Les
traducteurs
du
domaine
philosophique sont ainsi tenus de la vérification du sens
et du choix des mots correspondants.
L’érudit successeur de Chen Kang est son étudiant Miao
Litian 409 (1917 - 2000). En plus des études scientifiques,
sa réalisation majeure est probablement la traduction de
la collection des œuvres d’Aristote. À ce moment-là, la
traduction
n’était
pas
reconnue
comme
une
branche
408 la typologie : cause matérielle, cause formelle, cause motrice ou cause du changement et cause finale 409 scolaire de l’histoire de la philosophie et de la philosophie grecque antique 314
scientifique. De la sorte rares sont les traducteurs; les
textes utilisables dans l’éducation manquent de versions
traduites. Grace aux efforts significatifs et collectifs
de Miao et ses étudiants, les livres d’Aristote ont pu
jouir d’être la première publication traduite introduite
sur le marché chinois. Certes, cadrée par les ressources,
la traduction de la collection philosophique n’était pas
irréprochable.
Étant
conscient
des
imperfections,
Miao
s’est lancé aussi tôt dans l’organisation de la deuxième
Edition.
Dans la deuxième moitié de la préface, Miao parle des
méthodes concernant la traduction des œuvres d’Aristote.
Les critères du texte traduit établis par Miao mettent en
valeur la précision, la brièveté et la lisibilité. De ces
trois
points,
premiers.
Miao
Voyons
soulignait
donc
l’importance
ensuite
son
avis
sur
des
deux
les
deux
critères indispensables.
Le
vocabulaire
naturellement
précision
est
le
une
enrichi
travail
de
de
demande
la
la
de
philosophie
favorise
traduction.
Mais
niveau
supérieur.
la
À
la
période initiale de la philosophie de la Grèce antique,
les
savants
réponses
aux
étaient
toujours
questions
dans
perplexes
l’exploitation
et
des
des
expressions
appropriées. Ainsi des mots et des expressions de la vie
quotidienne étaient empruntés dans la langue d’expression
aristotélique.
À
l’aide
des
termes
contemporains,
la
traduction est garantie d’être plus facile; toutefois les
implications délicates de la langue originale sont perdues.
Le
risque
du
remplacement
total
du
texte
par
de
mots
contemporains touche au niveau de la perte de fonction
historique des grands classiques. La précision aux yeux de
Miao
est
de
satisfaire
à
la
fois
la
transmission
315
d’intention d’autrefois du texte origine et la garantie de
compréhension des lecteurs d’aujourd’hui.
Les livres d’Aristote existants sont généralement du
style d’aperçus. Au lieu de transmettre la langue grecque
d’Aristote en chinois, la partie développée dans la langue
ciblée est un libre exposé sur les idées de la part des
traducteurs. Le texte traduit par extension rajoute des
mots et des phrases à un point que le texte ne ressemble
plus au style concis du philosophe. Pour cette raison, à
l’exception
de
la
mauvaise
formule
linguistique,
la
traduction de Miao cherche à éviter l’extension et le
discours libre.
4.8.2 ÉVALUATION DES MÉTHODES
Le
point
de
départ
de
la
prise
de
critères
est
compréhensible. Il est clair que Miao souhaitait fournir
une
référence
d’exactitude
aux
recherches
liées
à
la
philosophie aristotélicienne. Mais dans la pratique, il
faut
peut-être
commencer
par
répondre
aux
questions
suivantes. La vision idéale de Miao est-elle réalisable?
Ou encore comment évaluer le résultat?
Au lieu d’un doute, la première question est en fait
un but suprême des traducteurs. Toutefois de nos jours, il
faut avouer avec regret que les circonstances ne sont pas
encore à la hauteur. Premièrement, dans notre chapitre
consacré à l’histoire de la langue chinoise, il est clair
que
le
symbole
vocabulaire.
d’une
Autrement
langue
dit,
bien
le
développée
sens
compact
est
des
son
mots
marque le niveau de la culture. Mais deux points méritent
notre analyse extensive. À part la comparaison parallèle
316
entre
les
langues
de
nations
différentes,
il
existe
également le facteur de la comparaison des langues des
périodes différentes. D’après notre recherche, la tendance
de la langue chinoise, autrement dit la langue ciblée, va
de la simplicité au foisonnement. Cette orientation de
raffinement
est
le
résultat
naturel
correspondant
aux
progrès culturels. En plus de ce point de vue, il faut
également
faire
attention
au
phénomène
du
remplacement/substitution des mots. De nombreux exemples
donnent
des
preuves
au
fait
du
changement
des
mots
décrivant la même chose. Un autre phénomène attaché à ce
point concerne les mots morts. Pareil à la notion de la
langue morte, dans presque toutes les langues vivantes, il
existe des mots et des expressions dont les gens ne s’en
servent plus. Le nombre une fois important des mots de
nuance est diminué au minimum. Étant donné les raisons
mentionnées, sans parler des écarts entre les langues de
familles différentes, il est déjà évident qu’à force du
temps,
la
transmission
identique
du
texte
de
la
même
crée
des
langue est presque impossible.
Deuxièmement,
l’écart
entre
deux
langues
obstacles parfois impossibles à traduire. Ce phénomène de
nature
se
traduit
expressions,
les
à
plusieurs
phrases,
le
niveaux:
style
les
etc.
mots,
Prenons
les
pour
exemple les facteurs possiblement intraduisibles au niveau
des mots: l’inégalité sur le sens des mots, l’absence du
sens
des
mots,
la
nature
grammaticale
des
mots,
la
collocation des mots etc. La démonstration en détail du
sujet est également présentée dans le chapitre précédent.
Malgré
absolue
l’envie
telle
vivante
que
le
des
traducteurs,
standard
de
Miao
la
est
précision
par
nature
irréalisable.
317
Troisièmement, regroupons peut-être dans ce point de
vue tous les facteurs variables concernant la réalisation
du travail des traducteurs. Parmi les aspects d’influence,
ceux venant de l’extérieur posent déjà de problèmes hors
contrôle subjectif de Miao et ses collègues traducteurs.
Mais
supposons
que
le
travail
s’exécute
dans
un
environnement où Miao possède l’autonomie absolue. Jamais
ne
serait-il
au
contrôle
de
sa
configuration
professionnelle existante. D’une part, Miao n’était pas
éduqué dans la profession de la traduction. Son envie de
contribuer pour la cause du cercle philosophique n’est pas
une
qualité
transformable
pour
aboutir
aux
capacités
demandées. En plus, la langue du texte d’origine demande
l’expertise au lieu de simple connaissance. D’autre part,
même avec toutes les conditions requises satisfaites à la
perfection, Miao n’était pas le philosophe occidental luimême. La traduction de Miao est destinée à inclure des
parties complètement subjectives. L’exigence d’exactitude
provient probablement de cette raison. Au lieu d’offrir
une traduction avec des défauts résultant d’insuffisances
de la part des traducteurs, mieux vaut prendre le parti de
ne faire aucune modification et de réserver aux lecteurs
la tâche de la compréhension du texte.
La réponse à la question sur la faisabilité est donc
négative, du moins de nos jours. Le problème ne se trouve
pas
lié
au
fait
que
Miao
n’était
pas
un
traducteur
professionnel. Les écarts de langues et le développement
de la langue constituent en fait un obstacle égal pour
tous.
Certes,
les
traducteurs
sont
généralement
plus
compétents grâce aux techniques du métier. Mais il faut
noter que la science de la traduction est également une
activité
à
pratiquer.
Les
connaissances
sur
la
traductologie ne sont pas une sorte de certification de
318
compétence. En plus, rien n’empêche un travail brillant
des gens sans formation professionnelle de la traduction.
Dans
le
cas
spécifique
de
Miao,
en
son
temps
où
la
traduction est loin d’être une profession, son expertise
dans le domaine de la philosophie est en fait favorable
pour la distinction des vraies significations 410 . Ainsi,
même
si
avec
philosophie
puissant
et
pour
la
de
combinaison
la
des
traduction,
triompher
de
expertises
personne
toutes
les
n’est
de
la
assez
difficultés
linguistiques.
Quant à l’évaluation du résultat, la réponse dépend
généralement des lecteurs ciblés. Dans le cas particulier,
l’entreprise de la traduction des œuvres d’Aristote vise
clairement
à
l’enrichissement
des
références
philosophiques accessibles aux étudiants du domaine. Les
blancs d’explications laissés dans les textes sous respect
du style original sont complétés par la compréhension des
étudiants et la direction des professeurs. Au point de vue
des matériaux d’enseignement, la traduction de ce genre
est en fait assez bonne.
Mais
pour
les
autres,
la
réponse
peut
avoir
une
tendance opposée. Analysons d’abord le cas des lecteurs
avec moins d’expériences d’apprentissage. Pour ceux qui
prennent intérêt à la philosophie de la Grèce antique, la
version de Miao est sans aucun doute faite de textes de
langue obscure.
Il nous reste à discuter à propos des gens d’autres
métiers au niveau intellectuel équivalent ou supérieur aux
410 D’après les théories d’aujourd’hui, il existe une distinction entre l’intention de l’auteur et l’intention du texte d’origine. Faute de preuves, il est douteux que Miao connaissait cette notion. 319
étudiants
de
professeurs,
la
ce
philosophie.
groupe
de
Sans
lecteurs
direction
risque
de
ne
des
pas
pouvoir assurer la bonne compréhension. Les raisonnements
éduqués exercés par les lecteurs de cette catégorie sont
loin d’être suffisants pour la maîtrise de la vérité. La
philosophie occidentale est une science réputée pour la
logique et les indications nettes. D’ailleurs, comme les
philosophies d’autres cultures, pour la plupart des gens,
la philosophie grecque exige une éducation spécifique. Les
raisonnements sans directions mettent la théorie au danger
d’interprétations
(1769
-
1821)
libres.
et
la
Rappelons
gestion
des
ici
de
hommes.
Napoléon
Les
411
lecteurs
capables de réaliser des jugements sans moyens nécessaires
de vérification sont comparables aux gens peu intelligents
et laborieux dans le système de gestion de Napoléon.
Les
critères
établis
par
Miao
ne
se
justifient
probablement qu’au cas spécifique. Le refus absolu de la
fourniture
contre
les
des
morceaux
défauts
complétant
potentiels
des
le
texte
textes
original
relativement
complétés, ne semble-il pas à une approche moyenne qui
conseille aux gens de choisir le moindre des deux maux? En
bref,
de
telles
méthodes
sont
acceptables
dans
des
circonstances particulières.
411 premier empereur des Français 320
Conclusion
La principale stratégie de traduction abordée dans ce
chapitre
concerne
l’aliénation
et
l’aliénation.
la
Les
naturalisation
recherches
occupent
une
sur
place
importante dans le cercle scientifique. La naissance de
cette
paire
Friedrich
de
méthodes
Daniel
Ernst
date
probablement
Schleiermacher
412
de
(1768
1813
-
où
1834)
évoque ceci,
Either the translator leaves the author in peace as much as possible ,
and moves the reader toward him , or the translator leaves the reader in peace as much as possible, and moves the author toward him.413
D’une part, du point de vue des échanges culturels, il
est
préférable
maximum
des
que
les
textes
informations
traduits
aliénées.
conservent
Des
un
théoriciens
soulignent que de cette manière la langue source peut
réaliser un impact sur la culture de la langue ciblée. La
naturalisation,
comprendre
d’autre
part,
immédiatement
ce
permet
que
le
conforme à la signification du texte.
équilibre,
est-ce
qu’il
est
vraiment
aux
lecteurs
traducteur
de
juge
Mais pour un bon
obligatoire
de
choisir l’une des deux stratégies?
Théoriquement, entre deux extrêmes, il doit exister un
milieu.
Les
deux
extrêmes
ici
concernent
l’orientation
vers l’auteur et l’orientation vers les lecteurs. D’après
412 théologien protestant et un philosophe 413 Lawrence Venuti, the translation studies reader, on the two different methods of translating, Routledge, 2012, ISBN-­‐10: 0415613485, ISBN-­‐13: 978-­‐0415613484, page 49 321
les
recherches
de
ce
chapitre,
la
localisation
de
la
moyenne n’est pas simplement une attitude médiaire. En ce
qui concerne le milieu des stratégies, il faut également
prendre en considération le genre du texte, l’idéologie,
et les caractères des lecteurs.
Miao a initialement choisi de conserver les textes
d’Aristote par la méthode mot-à-mot. Si cette méthode est
considérée comme la moyenne aux yeux de Miao, l’un des
deux extrêmes serait sans doute les textes dans leur état
d’origine. Il est plus difficile de déterminer l’autre
extrême
qui
doit
se
localiser
quelque
part
entre
la
traduction mot-à-mot et la naturalisation. Dans ce cas-là,
son choix de la méthode de traduction est discutable.
D’une part, les textes en langue d’origine ne peuvent
jamais être identique que la traduction. Ainsi ce n’est
pas une méthode de traduction. D’autre part, il n’est pas
logique de considérer une méthode entre l’aliénation et la
naturalisation comme une approche extrême. Il est clair
que l’hypothèse qui traite l’aliénation comme le juste
milieu conduit finalement à l’absurdité.
Les traducteurs de nos jours ne sont pas obligés de
faire
face
aux
conditions
dépourvues
de
ressorces
auxiliaires comme Miao. Surtout étant donné les échanges
culturels réussis, l’écart entre les cultures diminue jour
par jour. Les théories de la traduction se conforment
également à cette évolution. Il est possible de donner une
liste
paire
traduction
par
paire
mot-à-mot
des
et
différentes
l’adaptation,
théories
la
414
:
la
traduction
littérale et la traduction libre, la traduction fidèle et
414 translation strategies, http://fr.scribd.com/doc/45333510/Translation-­‐
Strategies-­‐By-­‐Dr-­‐Shadia-­‐Y-­‐Banjar-­‐ppt-­‐Compatibility-­‐Mode 322
la traduction idiomatique, l’interprétation sémantique et
l’interprétation communicative.
De
quelle
manière
une
position
médiaire
peut-elle
diriger le choix de la stratégie de traduction? En ce qui
concerne la philosophie, Aristote et Confucius partagent
l’idée principale de la moyenne. Le point distinctif des
deux
philosophes
persuasion.
est
Confucius
en
fait
leurs
préférait
techniques
éduquer
les
de
gens
par
l’édification; Aristote s’appuyait sur la logique et les
démonstrations.
Du point de vue de la technique de persuasion, les
Entretiens ressemblent beaucoup aux contes comme le Petit
Chaperon
Rouge.
Au
lieu
de
la
création
d’un
héros
spécifique, Confucius a esquissé un homme vertueux que le
public respecte volontairement. Par le charme de cet homme
vertueux,
Confucius
guidait
le
public
et
surtout
les
souverains vers la bienveillance. Comme la fonction du
rôle du loup dans le Petit Chaperon Rouge, l’homme vil
fait
Pourvu
ressortir
l’homme
que
but
le
naturalisation
de
vertueux
dans
d’édification
la
langue
ne
pose
les
soit
pas
entretiens.
honoré,
de
la
questions
sérieuses. D’ailleurs, aux yeux de la langue chinoise, ici
la
langue
source,
la
signification
est
beaucoup
plus
appréciée que la forme. La traduction des Entretiens peut
donc prendre une méthode pour l’orientation des lecteurs.
Étant
d’Aristote,
donné
une
le
style
stratégie
rationnel
identique
de
à
la
celle
narration
qui
est
appliquée à la traduction de Confucius risque d’effacer
une
partie
importante
des
informations
textuelles.
Du
point de vue de la conservation textuelle, la méthode de
Miao est acceptable. D’ailleurs sa méthode par certains
323
aspects constitue un moyen efficace de compensation. Faute
de compensation, il est préférable d’adopter une autre
stratégie que de laisser les lecteurs dans une mauvaise
compréhension. De nos jours, les nouvelles versions plus
accessibles
compensation
peuvent
aux
en
réalité
versions
servir
existantes
comme
moyen
traduites
par
de
la
méthode mot-à-mot.
324
CHAPITRE 5
NOUVEAU SYSTÈME DE LA MORALE :
BIBLE ET CONFUCIANISME
325
Introduction
Les
activités
des
missionnaires
européens
en
Chine
sont un chapitre d’importance capitale dans les échanges
culturels intercontinentaux. L’introduction de la Bible a
été
réalisée
par
des
efforts
extraordinaires
des
générations de missionnaires. De toutes les manières de
promotion que les missionnaires ont essayées, celle qui a
eu
le
plus
grand
effet
est
celle
dont
on
doit
être
reconnassant à Matteo Ricci 415 (1552 - 1610). À part son
intelligence et ses efforts, la qualité qui le distingue
des autres est probablement son esprit ouvert. Dans la
première partie, les recherches porteront sur l’histoire
de l’introduction en Chine de la Bible.
En tant que livre le plus connu dans le monde, la
Bible a gagné non seulement des fidèles, mais aussi une
réputation dans le cercle des littératures. De nos jours,
les éléments bibliques dans de grandes œuvres continuent à
susciter
nous
l’intérêt
font
penser
de
à
la
nombreux
lettrés.
réalisation
Les
d’une
recherches
étude
sur
la
relation entre la Bible et la littérature, sur l’impact
des facteurs culturels et le progrès littéraire.
En plus d’être considérée comme un livre religieux, la
Bible réunit de nombreuses histoires sur la morale. Pour
cette
raison,
la
troisième
partie
est
consacrée
à
la
comparaison des cinq premiers livres bibliques avec les
Entretiens
de
Confucius.
Premièrement,
les
recherches
porteront sur l’herméneutique, la méthode classique dans
la recherche des textes religieux. La théorie fondamentale
concerne l’importance de la connaissance des opinions de
l’auteur et de l’abstention d’interférence de l’interprète
415 prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine 326
lui-même. Deuxièmement, avec la méthode d’herméneutique,
nous allons mettre en comparaison parallèle les mots clés
qui
représentent
la
force
suprême:
Dieu
et
le
Ciel.
Troisièmement, les valeurs de la morale dans les deux
systèmes comparés cconstitueront le thème des recherches
suivantes. Avec l’établissement de la définition de la
bienveillance et de la loi mosaïque, nous sommes en mesure
d’analyser la logique de la bienveillance et de la loi
mosaïque avec leurs systèmes moraux. Quatrièmement, les
comparaisons s’établiront à partir de la discussion de
l’orientation
des
systèmes
afin
de
les
définir
affectivement ou raisonnablement. Les recherches de cette
section
s’achèveront
par
l’étude
de
quelques
problèmes
importants.
La dernière section de ce chapitre prend comme sujet
de
recherche
un
livre
biblique
réalisé
par
un
prêtre
chinois. Étant donné que le livre est fondé sur la Bible,
il
est
nécessaire
d’analyser
les
ressemblances
et
les
différences. Puis les recherches tournent à l’étude de
leurs rapports internes: la traduction du mot “Dieu”, les
interprétations du péché et de la rédemption. Enfin, Le
prêtre chinois nous offre un cas particulier du point de
vue de la traduction. De son livre, il est possible de
noter son rôle en tant qu’écrivain scripteur, son champ
visuel fusionné grâce à son éducation et sa croyance, et
finalement une conversation culturelle.
327
5.1 LA BIBLE EN CHINE
Dans le sutra sur la propagation du Nestorianisme, on
note la description des activités de traduction de la
Bible
durant
Zhen’guan
(627-649)
sous
le
direction
de
Tang’tai’zong(600-646). Au début du XIIIe siècle, Jean de
Montecorvino a probablement réalisé la version en Khalkha
du
nouveau
testament.
Robert
Morrison
(1782-1834)
a
ensuite traduit l'ensemble de la Bible en Chinois, avec
l'assistance
Malacca
en
de
Williame
1823.
manifestées
au
Dans
monde
Milne
les
une
416
(1785-1822),
années
suivantes,
dizaine
de
paru
se
à
sont
publications
en
dialectes, en chinois classique simple et recherché. En
1919 les missionnaires et leurs assistants chinois ont
présenté
圣 经 和 合 本
(sheng’jing’he’he’ben)
la
Version
d'Union en Chinois. Cette Bible en chinois est fortement
reconnue
dans
le
cercle
des
Protestants
en
Chine
d'aujourd'hui.
Les
protestants
consacrant
à
la
ont
en
publication
fait
de
une
la
association
Bible
nommée
se
les
Sociétés bibliques. La société biblique d’Angleterre et
des étrangers a beaucoup contribué à la parution de la
Bible depuis sa fondation en 1804. Les sites d'autres
pays, tels que les États-Unis, la Russie ont été établis
dans
les
années
qui
suivaient.
Les
sociétés
bibliques
renforcent l’influence de la publication biblique par la
volonté
d'indépendance
scientifique
(sous
entendu
sans
commentaire ni explication). Avec leurs soutiens, la Bible
a pu connaître en Asie une diffusion. Dans un pays où une
ou plusieurs langues officielles étaient employées pour la
traduction, l'activité elle-même marquait en général le
416 missionnaire protestant écossais 328
début
de
la
missionnaires
propagation
étaient
du
protestantisme.
encouragés
à
offrir
Les
leurs
connaissances des dialectes dans la pratique.
Il est fort intéressant de noter qu’en plus de son
rôle
comme
patron
des
traducteurs,
le
Comité
Biblique
jouait un rôle dynamique. Des responsables étaient chargés
spécifiquement du contact des traducteurs, des échanges et
du
renseignement
auprès
des
spécialistes
du
domaine.
L’École des études orientales et africaines par exemple,
fait partie des organisations consultatives.
Les
traducteurs
sont
encouragés
à
se
référer
aux
versions latine et hébraïque, ou au moins à la version
d'autorité
dans
la
langue
maternelle
des
traducteurs.
Leurs assistants locaux, en vue de la lisibilité de la
traduction,
sont
considérés
comme
un
autre
facteur
important dans le travail. La Société Biblique a également
mis en valeur la progression des langues, leur traducteurs
s’efforçaient de fournir des variantes au long du temps.
En
raison
cette
des
niveaux
organisation
différents
prenait
des
lecteurs
en
considération
aussi
ciblés,
la
publication dans la langue orale, comme c’est le cas de la
Bible contemporaine (1979, Honggong).
329
5.2
LITTÉRATURES INSPIRÉES
Depuis
la
création
de
la
chaire
de
“
littérature
comparée”, la Bible et sa relation avec la littérature
sont
devenues
un
thème
très
souvent
discuté
par
les
chercheurs. Vers la fin du XXe siècle, le domaine a connu
une évolution de vision prospective. On trouve parmi les
activités intellectuelles à cette époque des œuvres telles
que 3000 years of Hebrew literature 417 , A Dictionary of
Biblical
Tradition
in
English
Literature
418
,
Biblical
images on literature: the Bible on literature courses 419 ,
Biblical Themes in World Literature 420 , The Biblical Theme
in
Modern
Drama
421
,
etc.,
offrant
un
point
de
vue
panoramique. Ces recherches nous font d’ailleurs penser à
une étude sur la relation entre la Bible et la littérature
Orientale,
sur
l’impact
des
facteurs
culturels
et
le
progrès littéraire.
-- Occident
Pour de nombreuses nations occidentales, au début de
l’ère
chrétienne,
la
naissance
des
lettres
et
de
la
littérature ne se séparait point avec les prêtres et leur
volonté
qu’une
de
des
propagation
conséquences
sacrée.
de
la
Au
Ve siècle,
disparition
de
en
tant
l’Empire
romain d’Occident, la culture grecque a connu une force
destructive. En attendant, les autres pays commençaient à
peine le développement des lettres systématiques et de la
langue écrite. Les histoires, les légendes et les vers
417 Nathaniel Kravitz, 1972 418 David Lyle Jeffrey, 1992 419 Roland Bartel, 1975 420 Solomon Liptzin, 1985 421 Marie Philomène De los Reyes, 1978 330
empruntaient dans la plupart du temps la manière orale,
dont
les
thèmes
touchaient
souvent,
par
exemple,
le
conflit, la violence, la loi de la jungle ou la justice de
la force chez les Anglo-Saxons. L’Évangile des chrétiens
était donc d’une grande différence. Avec la transposition
des textes bibliques dans les dialectes, les missionnaires
ont
régulé
en
fait
le
vocabulaire
du
peuple.
La
littérature médiévale possédait ainsi un fond religieux
qui s’est traduit sous de nombreux genres littéraires. Les
chansons, les poésies, les théâtres, les sermons ainsi que
d’autres
formes
d’expression
se
sont
inspirées
des
histoires bibliques et de leurs personnages. La Divine
Comédie, sans aucun doute, exprime d’une façon symbolique
la supériorité de la croyance et de la théologie sur la
raison et la philosophie. La valeur de la religion qui
oriente les gens vers les bienfaits a été habituellement
partagée par bien des écrivains.
A
la
Renaissance,
marchait
vers
la
la
nouvelle
libération
tendance
des
de
pensée
individus.
S’est
développée à la Renaissance, cette nouvelle culture grécoromaine
qui
avait
une
apparence
contradictoire.
L’humanisme mettait en valeur le respect des envies et de
la personnalité, ainsi que le confort et la jouissance ;
alors
que
le
christianisme
se
concentrait
sur
la
fraternité, l’âme pure et la croyance inébranlable. Les
gens
de
cette
époque
se
sont
précipités
vers
l’affranchissement des instincts humains.
La
littérature
occidentale
a
pris
une
direction
différente de celle de l’époque médiévale. La raison pour
laquelle
les
écrivains
n’ont
pas
pris
un
chemin
contradictoire est que, malgré la progression des pensées,
331
les bienfaits énoncés dans le Bible sont applicables comme
un système contre l’abus de l’humanisme.
Prenons comme exemple William Shakespeare
1616).
Bien
qu’il
y
ait
nos
jours
des
422
(1564 -
disputes
sur
l’identité de cet écrivain, ses œuvres manifestaient, sans
aucun doute, à la fois la lutte contre l’autocratie et la
lutte pour l’individualité, mais aussi l’esprit chrétien
comme la bienveillance et la fraternité. Dans sa fameuse
pièce de théâtre Le Marchand de Venise423, le personnage du
titre Antonio, étant un chrétien, a prêté de l’argent à
Bassanio pour lui rendre service. Lorsqu’il n’a pas pu
faire face à son échéance, il a fait preuve de vertu en
insistant sur l’application du contrat a la lettre, sans
la moindre complainte. Nous trouvons également l’esprit
des bienfaits chrétiens dans sa tragicomédie La Tempête424.
Le duc de Milan, Prospero, est un personnage hautement
idéalisé qui possédait la magnanimité de pardonner les
hommes vils. Les qualités de Prospero, comme la charité,
le pardon, l’honnêteté et la gentillesse, lui ont permis
d’absorber la haine et la cruauté qu’il a connues. John
Milton 425 (1608 - 1674) et John Bunyan 426 (1628 - 1688) ont
eux-aussi créé des ouvrages liés fermement à la Bible,
tels que Le Paradis perdu 427 , Le Paradis regagné 428 , Samson
Agonistes
429
du
Milton
et
Le
Voyage
du
pèlerin
430
du
422 né probablement à Stratford-­‐upon-­‐Avon, l'un des plus grands poètes, dramaturges et écrivains de la culture anglaise 423 écrite entre 1596 et 1597. Classée comme comédie dans le premier in-­‐folio de 1623 424 créée en 1611, considérée comme la dernière tragicomédie réalisée par l’auteur 425 poète et pamphlétaire anglais 426 prêcheur et allégoriste anglais 427 poème épique écrit par le poète en 1667 428 poème épique écrit par le poète en 1671 429 poème épique écrit par le poète en 1671 430 roman allégorique publié en 1678 332
Bunyan.(Des exemples chinois se trouvent dans la section
suivante)
On ne peut pas passer le XIXe siècle sans parler du
roman Les Misérables
431
. Le grand écrivin de l’époque,
Victor Hugo 432 (1802 - 1885) a créé, parmi ses fruits les
plus réputés, dans ce roman deux personnages faisaient
briller les principes d’un chrétien: Monseigneur Myriel et
Jean Valjean. L’histoire continue à inspirer les gens de
nos jours. En 2012, une version du film musical a été
réalisée pour lui rendre hommage. L’influence de Victor
Hugo a trouvé, d’une autre façon, des preuves statistiques
dans
la
popularité
au
cinéma
européen,
voire
même
en
Asie 433 . Léon Tolstoï 434 (1828 – 1910) favorisait lui aussi
le christianisme. Il a fini Résurrection 435 par une longue
citation de L'évangile selon Matthieu436; la transformation
de
Nekhlioudov
437
ne
se
séparait
pas
de
l’humanisme
chrétien. Certes, l’influence de la Bible a relativement
diminué.
Mais
les
valeurs
et
les
éléments
de
la
personnalité du christianisme gardent jusqu’à aujourd’hui
le témoignage d’un modèle idéal des êtres humains.
431 roman de Victor Hugo paru en 1862 432 poète, dramaturge et prosateur romantique 433 Dans six semaines, le filme touche un total de soixante millions yuan et plus, équivalant de huit millions en euros en Chine continentale. Japon, plus de quatre-­‐
vingts millions en euros. 434 Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï, écrivain majeur de la littérature russe 435 roman paru en 1899 436 le premier des quatre évangiles canoniques que contient le Nouveau Testament 437 héros du roman 333
-- Asie – Chine
La diffusion populaire de la Bible en Chine a eu lieu
dans les années 1830. Depuis ce moment-là, les lettrés
chinois ont manifesté dans leurs compositions de plus en
plus de culture chrétienne. LIANG Fa(1789 - 1855), premier
protestant ministre et évangéliste en Chine, a publié en
1832 son Quan Shi Liang Yan visant à expliquer le dogme du
christianisme. Cette parution eu a un rôle important dans
La révolte des Taiping438 (1851 – 1864) et son leadeur HONG
Xiuquan439 (1831 - 1864). Avec le mouvement du 4-Mai440, des
étudiants et des scolaires montrèrent leur mécontentement
contre
la
culture
traditionnelle
chinoise,
le
Confucianisme entre autres. La pensée penchait plutôt pour
Monsieur DE (la démocratie) et Monsieur SAI (la science).
La tendance à l’eurocentrisme était tellement notable que
bien
des
écrivains
ont
embrassés
le
christianisme.
Regardons le tableau suivant.
Manière de contact avec le
Liste des écrivains
christianisme
Né(e) dans une famille
* LIN Yutang (1895 – 1976)
chrétienne
CHEN Mengjia (1911 – 1966)
Converti au christianisme
XU Dishan (1893 – 1941)
*
BING Xin (1900 – 1999)
*
WEN Yiduo (1899 – 1946)
*
LAO She (1899 – 1966)
SU Xuelin (1897 – 1999)
438 soulèvement majeur qui eut lieu dans le sud, puis le centre de la Chine, où les rebelles avaient fondé le Taiping Tian Guo, ou Royaume céleste de la Grande Paix 439 Hong se proclame empereur du Ciel 440 mouvement nationaliste chinois, principalement dirigé contre les prétentions de l'Empire du Japon sur la Chine 334
LU Yin (1898 – 1934)
Éduqué
dans
les
écoles
XU Dishan (1893 – 1941)
chrétiennes
*
BING Xin (1900 – 1999)
LU Yin (1898 – 1934)
ZHANG Ziping (1893 –
1959)
*
YU Dafu (1894 – 1945)
*
XU Zhimo (1897 – 1931)
*
LIN Yutang (1895- 1976)
*
ZHOU Zuoren (1885 - 1967)
XIAO Qian (1910 – 1911)
HU Yepin (1903 – 1931)
Influencé
par
la
Bible
et *
HU Shi (1891 - 1962)
*
LU Xun (1881 - 1963)
*
GUO Moruo (1892 - 1978)
*
XU Zhimo (1897 – 1931)
*
MAO Dun (1896 - 1981)
*
CAO Yu (1910 - 1996)
*
AI Qing (1910 - 1996)
par d’autres manières
*signifie que l’écrivain est fort connu en Chine
Liste des écrivains ayant un fond chrétien441
Il
est
plutôt
Zhenglin
une
442
à
souligner
influence
,
qui
sécularisation
des
l’interprétation
du
que
au
se
le
niveau
traduisait
figures
point
christianisme
de
de
vue
moral,
indique
souvent
Dieu
moral
exerçait
et
des
dans
XU
la
Jésus,
principes
religieuses, et la conscience de se sauver et de sauver
les autres. En plus des citations directes dans les œuvres
des écrivains adeptes, citons quelques exemples concernant
les œuvres chinois inspirés par la Bible. Dans le romain
441 XU Zhenglin, La littérature moderne chinoise et le christianisme, Université de Shanghai, 2003, ISBN 781058295X, 9787810582957 – pages 6-­‐7 442 XU Zhenglin, La littérature moderne chinoise et le christianisme, Université de Shanghai, 2003, ISBN 781058295X, 9787810582957 – pages 156-­‐168 335
titré la philosophie de M. ZHANG (1926), LAO She (1899 –
1966) décrive trois types d’adeptes chrétiens d’une façon
réaliste. YU Dafu (1894 – 1945) met en valeur l’histoire
d’un
jeune
ecclésiastique
seulement
les
homme
sous
contraint
le
écrivains
titre
du
par
Le
une
Naufrage
fond
institution
(1921).
chrétien
ont
Non
pris
inspiration de la Bible, mais aussi ceux qui n’étaient pas
convertis au Christianisme. Prenons comme exemple Ba Jin
(1904 - 2005) et ses romains titrés la Destruction (1929)
et
la
Résurrection
(1933).
Ils
représentent
l’esprit
chrétien en abordant les sujets sur l’affection et sur le
sacrifice.
336
5.3
GRANDS CLASSIQUES
Les entretiens, sans secret, est un livre collectant
des paroles de Confucius. Comme il n’a lui-même jamais
réalisé de rédaction lui-même, ce livre est devenu la
référence de première importance dans les recherches de
ses pensées et de la culture chinoise. Le Pentateuque 443
comprend La Genèse, L'Exode, Le Lévitique, Les Nombres et
Le
Deutéronome.
La
tradition
juive
considérait
Le
Pentateuque comme l’œuvre de Moïse 444 . Alors qu’avec la
disparition de Moïse dans Le Deutéronome, l’identité de
l’auteur
est
touchant
la
devenue
discutable.
comparaison
Dans
culturelle,
les
recherches
l’introduction
des
classiques est un élément dont on ne peut pas se passer.
5.3.1
HERMÉNEUTIQUE
La recherche sur les classiques est constituée d’un
ensemble d’actes d’interprétation et de compréhension. La
naissance
de
l’herméneutique
est
considérée
comme
une
réponse aux nécessités dans l’interprétation des textes
religieux. En étudiant les principes de l’herméneutique,
ses ressemblances avec les doctrines de la traductologie
sautent
aux
yeux.
La
théorie
fondamentale
concerne
l’importance de la connaissance des opinions de l’auteur
et de l’abstention d’interférence de l’interprète lui-même.
La connaissance des points de vue de l’auteur est loin
d’être une tâche légère. On tombe facilement dans l’idée
que la redite est un travail sans limite. Fondateur de
443 les cinq premiers livres de la Bible ; autrement intitulé Torah 444 premier prophète du judaïsme 337
l'herméneutique moderne, Friedrich Schleiermacher 445 (1768
- 1834) croyait au caractère infini de la compréhension,
causée
par
traduit,
les
conditions
surtout
d’expression
certaine
pour
dans
durée
de
la
du
les
temps.
auteurs,
composition.
temps,
Ce
selon
En
phénomène
par
un
se
manque
bénéficiant
Schleiermacher,
d’une
il
est
possible pour les interprètes de montrer au monde le vrai
sens
du
texte
(parfois
mieux
que
l’auteur).
Bien
des
érudits avaient posé leur doute contre cette manière sans
limite.
Susan Sontag 446 (1933 - 2004) a indiqué dans son livre
nommé Against Interpretation447,
Interpretation in our own time, however, is even
more complex. For the contemporary zeal for the
project of interpretation is often prompted not by
piety
toward
conceal
an
the
troublesome
aggression),
but
text
(which
by
an
may
open
aggressiveness, an overtcontempt for appearances.
The old style of interpret ation was insistent,
but respectful; it erected a not her meaning on
top
of
the
literal
one.
The
modern
style
of
interpret ation excavates, and as it excavates,
destroys; it digs "behind" the text, to find a
sub-text which is the true one... interpretation
is not (as most people assume) an absolute value,
a gesture of mind situated in some timeless realm
of
capabilities.
evaluated,
within
Interpretation
a
historical
must
view
itself
of
be
human
445 Friedrich Daniel Ernst Schleiermacher, théologien protestant et philosophe allemand 446 essayiste, romancière et activiste américaine 447 première partie dans le livre Against Interpretation and Other Essays, une collection des essais par Susan Sontag , publiée en 1966 338
consciousness.
In
some
cultural
contexts,
interpretation is a liberating act. It is a means
of revising, of transvaluing, of escaping the dead
past.
In
other
cultural
contexts,
it
is
reactionary, impertinent, cowardly, stifling.448
(Le style moderne de l’action d’interpréter excave.
Lorsqu’on excave, on détruit; on creuse “derrière”
le texte, en espérant de trouver le sub-texte, qui
est
considéré
comme
le
vrai
sens...
l’interprétation ne porte pas (comme la plupart
des
gens
le
présument)
de
valeur
absolue...
L’interprétation doit être évaluée sous une vue
historique de la conscience humaine. )
Il est évidant que selon Sontag, l’abus des activités
d’interprétation doit absolument être réexaminé. Elle a
fait appel à une herméneutique contrôlée.
Plus
tard,
indiquant
Umberto
qu’entre
d’interprète,
Eco
449
a
l’intention
existait
une
proposé
son
d’auteur
troisième
et
avis
en
celle
possibilité:
l’intention du texte. Le texte crée son propre lecteur
modèle. Ce dernier fonctionne comme une esquisse du propre
auteur
modèle.
La
vérification
du
raisonnement
de
l’intention du texte, d’après Eco, se fonde uniquement sur
la confirmation de l’œuvre comme un ensemble. La méthode
que proclamait Eco est aussi souvent employée dans la
traduction.
retirée
Après
depuis
une
l’établissement
certaine
d’une
partie
du
interprétation
texte,
il
est
nécessaire de trouver des preuves et des soutiens dans le
448 Susan Sontag, Against Interpretation, Picador, 2011, ISBN-­‐10 0312280866, page 3 449 universitaire, érudit et romancier italien 339
reste de l’œuvre. Sinon, une reprise de compréhension est
à considérer. Lorsque l’interprète lui-même est devenu le
lecteur
modèle,
on
arrive
à
la
certitude
de
la
représentation correcte du texte.
5.3.2
La
FORCE SUPRÊME
transcendance
lorsqu’on
met
en
est
un
discussion
caractère
la
significatif
religion.
Ce
mot
est
généralement associé à une existence originelle et ultime.
Dans les Entretiens et le Pentateuque, ce genre de force
est présenté soit par un personnage dominant et supérieur
à tout, soit par une règle absolue et suprême. Les mots
“Ciel” et “Dieu” sont respectivement employés pour décrire
ce pouvoir.
5.3.2.1
Signification
Selon l’histoire chinoise, le mot 帝 (di - l’empereur)
précède le mot 上帝 (shang’di - le gouvernant supérieur).
Le
mot
天
( tian
-
le
ciel )
a
fait
plus
tard
son
apparition. Dans les deux classiques titres 诗 经 , 尚 书
( shi’jing , shang’shu - Livre des odes et Livres des
documents ) ,
l’empereur
et
le
Ciel
étaient
souvent
interchangeables. Le mot “ciel” était souvent employé dans
des
circonstances
figuratives
au
lieu
d’une
expression
indiquant l’espace visible limitée par l’horizon. D’après
la règle de constitution des idéogrammes, l’écriture du
340
mot
帝
( di
-
l’empereur ) représente
initialement
le
pédicelle 蒂 (di), accordant ainsi le sens du soutien et
de la fondation. Avec l’ajout du mot 上
dessus
de ) ,
la
couleur
religieuse
( shang - audu
“gouvernant
supérieur” se montre assez claire. Le caractère du “ciel”
se compose de deux parties: ⼀一 et ⼤大 (yi, da - le numéro
un et le grandiose). Comme le mot est composé selon la
règle
de
l’étymologie,
il
porte
donc
le
sens
de
la
suprématie où de la supériorité.
Le mot 天 ( tian - le ciel ) apparaît 19 fois dans Les
Entretiens.
En
somme,
on
compte
deux
significations.
Prenons les exemples suivants:
—— 夫⼦子之不可及也,犹天之不可阶⽽而升也。450
Personne ne peut égaler notre Maître, de même que
personne ne peut s’élever jusqu’au ciel avec une
échelle.451
Ici, 天
(tian - le ciel est utilisé au sens du ciel
dans la nature. Mais dans d’autres cas, le mot indique le
gouvernant suprême et les règles absolues, penchant vers
le sens des dieux et de la fatalité. Voyons la suite:
450 Les Entretiens, XIX. 25 451 Les Entretiens de Confucius XIX.25, traduction en français par Séraphin Couvreur 341
—— ⼦子见南⼦子, ⼦子路不说。 夫⼦子⽮矢 1 之⽈曰:“予所否者,天厌 2 之!天
厌 2 之!”452
Le
Maître
mécontent.
visita
Le
Nan
Maître
tzeu.
dit,
Tzeu
en
lou
en
fut
prononçant
une
imprécation : « Si j’ai mal fait, que le Ciel me
rejette ! que le Ciel me rejette ! »453
—— 颜渊死,⼦子⽈曰:“噫!天丧 3 予!天丧 3 予!”454
Ien Iuen étant mort, le Maître dit: « Hélas ! le
Ciel m’a ôté la vie ! le Ciel m’a anéanti ! »455
Il y a trois mots qui méritent de discussion: ⽮矢
(shi) , 厌
2
(yan) et 丧
3
1
(sang) 。 Le premier mot ici veut
dire “jurer”. L’expression “prononcer une imprécation” a
mieux traduit les circonstances et le sentiment très fort
de Confucius. Il a juré au nom du Ciel. Cela indique que,
pour lui, le Ciel pourrait être un objet, une personne ou
une notion métaphysique. L’actant pour les deux autres
mots
est
vivante.
sentiment
sentiment
clairement
Le
sens
le
“le
appartenant
d’être
enlevé
Ciel
comme
rejet”
du
aux
de
une
sorte
deuxième
hommes
et
la
annonce
vie
aux
de
mot
force
est
un
bêtes.
Le
en
fait
sa
reconnaissance et sa crainte pour le Ciel. Nous arrivons à
la
conclusion
suivante
sur
la
nature
du
Ciel
selon
452 Les Entretiens, VI. 28 453 Les Entretiens de Confucius VI.26, traduction en français par Séraphin Couvreur 454 Les Entretiens, XI. 9 455 Les Entretiens de Confucius XI.8, traduction en français par Séraphin Couvreur 342
Confucius:
une
existence
impériale
et
toute-puissante,
possédant les émotions fort semblables aux nôtres.
On a raison de confirmer cette estimation, car en son
temps, les gens partageaient la croyance du maître de
univers, nommé évidemment 天
(tian – le Ciel) et 上 帝
(shang’di - le gouvernant supérieur)。Voyons des preuves
dans le Classique des Vers:
—— ⽂文王在上,於昭於天。。。。。。⽂文王陟降,在帝左右。456
(L’empereur Wen est entre au ciel; qu’il illumine
le champ éternel...L’empereur Wen se retrouve sur
la voûte céleste; pour accompagner l’empereur du
Ciel.)
—— 天⽣生蒸民,有物有则。457
(Le Ciel donne naissance à une multitude de gens;
à chaque faculté et relation sont annexées les
lois.)
Les
deux
qualités
exemples
humaines
offrent
du
Ciel.
des
On
preuves
trouve
sur
les
également
dans Les Entretiens d’autres exemples. Prenons-en
un:
—— 天⽣生德于予458。。。。。
456 Le Classique des vers-Les odes majeures, poème 235 457 Le Classique des vers-Les odes majeures, poème 260 458 Les Entretiens, VII. 23 343
Le Ciel m’a donné la Vertu avec l’existence.459
Les classiques de la dynastie Xi’zhou460 (1046 à 771 av.
J.-C), par exemple les deux citations ci-dessus, étaient
aux yeux de Confucius (et des gens éduqués de son temps)
les références conventionnelles, le départ de sa pensée et
les soutiens
d’expressions. On a ainsi la possibilité de
dire que le Ciel possède, selon Confucius, des caractères
et des personnalités humaines.
Le
Dieu
de
Moïse
partage
ces
caractères.
Il
est
mentionné, par exemple, dans Le Livre de Genèse:
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu
il le créa, il les créa homme et femme.461
Jéhovah est non seulement le créateur de notre espèce,
mais
aussi
le
communicateur
qui
utilise
les
langues
humaines et la loi qui punit les criminels. Les rabbins 462
n’étaient pas forcément en accord avec les chrétiens à
propos
de
la
forme
de
Dieu.
Le
Pentateuque
mentionne
souvent les paroles, la vue et le lieu d’habitation de
Dieu.
Mais
les
chefs
religieux
juifs
doutaient
de
la
suffisance des faits donnant des preuves en faveur de
l’existence d’une forme concrète de Jéhovah.
459 Les Entretiens de Confucius VII.22, traduction en français par Séraphin Couvreur 460 Zhou occidental, plus de deux cent ans avant la naissance de Confucius 461 Livre de Genèse 1:27 http://www.aelf.org/bible-­‐liturgie/Gn 462 chef religieux, guide spirituel et ministre du culte d'une communauté juive 344
5.3.2.2 Style de narration
L’autorité
du
Ciel
et
de
Dieu
s’est
formée
en
s’appuyant sur le consensus de la parole du créateur à ses
créatures.
Toutefois,
les
manifestations
de
ce
pouvoir
s’étaient révélées différemment. Le Pentateuque est rempli
du trajet de connaissance des êtres humains à propos de
Jéhovah. Alors que Les Entretiens garde le silence.
—— 祭如在,祭神如神在。⼦子⽈曰:“吾不与祭,如不祭。”463
Confucius
faisait
des
offrandes
à
ses
parents
défunts et aux esprits tutélaires, comme s’il les
avait
vus
présents.
Il
disait:
«
Un
sacrifice
auquel je n’assisterais pas en personne, et que je
ferais offrir par un autre, ne me paraîtrait pas
un sacrifice véritable. »464
—— ⼦子⽈曰:“⾮非其⿁鬼⽽而祭之,谄也。见义不为,⽆无勇也。”465
Le
Maître
dit :
« Celui-là
se
rend
coupable
d’adulation, qui sacrifie à un esprit auquel il ne
lui appartient pas de sacrifier. Celui-là manque
de courage, qui néglige de faire une chose qu’il
sait être juste. »
466
Les deux apparences du mot 如 ( sens littéral: si; de
même que) soulignent le point de vue de Confucius sur les
esprits.
La
discussion,
la
constatation
ou
le
démenti
463 Les Entretiens, III. 12 464 Les Entretiens de Confucius III.12, traduction en français par Séraphin Couvreur 465 Les Entretiens, II. 24 466 Les Entretiens de Confucius II.24, traduction en français par Séraphin Couvreur 345
donnaient
peu
de
valeur.
Au
sujet
d’un
sacrifice,
la
sincérité et la crainte sont les deux aspects obligatoires.
C’est la raison pour laquelle il s’est méfié des gens
faisant des sacrifices injustifiés. Leurs désespérances
égalaient donc la flagornerie. On constate que derrière
l’anti-spéculation, le sage exprimait en fait sa ferme
croyance
à
l’existence
du
pouvoir
spirituel
et
à
sa
puissance effrayante.
Le Pentateuque offre dans ses récits, d’autre part, le
procès de la connaissance de Dieu. Au fur et à mesure des
démonstrations de la capacité divine, Jéhovah est devenu
de plus en plus majestueux parmi les adeptes. Il révèle
son tempérament dans les scènes classiques suivantes467: la
punition du premier couple (Adam et Ève), l’expulsion du
jardin d'Éden, l’échappatoire au Déluge de Noé, Abraham et
la
sacrifice
d’Isaac,
la
libération
du
peuple
hébreu
dirigée par Moise.
On observe que dans les fameux cinq premiers livres
écrits par Moise (le médiateur de Dieu), la dignité et le
rang de Dieu occupent toujours la première place. Les
créatures ont pris des détours dans leur piste d’adoration
envers Jéhovah. Dieu se passionnait pour la création de
son système théorique dans Le Pentateuque.
Tout en acceptant volontairement le Ciel, Confucius
l’abordait très rarement.
—— 樊迟问知,⼦子⽈曰:“务民之义,敬⿁鬼神⽽而远之,可谓知矣。”468
467 Livre de la Genèse 3:21-­‐24; 6-­‐9; 22 468 Les Entretiens, VI. 22 346
Fan
Tch’eu
Maître
l’interrogea
dit :
« Traiter
sur
le
l’intelligence.
peuple
avec
Le
équité,
honorer les esprits, mais s’en tenir à distance,
cela peut s’appeler intelligence. »469
—— ⼦子不语怪、⼒力、乱、神。470
Le
Maître
ne
parlait
pas
des
choses
extraordinaires, ni des actes de violence, ni des
troubles, ni des esprits.471
—— 季路问事⿁鬼神。⼦子⽈曰:“未能事⼈人,焉能事⿁鬼?”⽈曰:“敢问死。”
⽈曰:“未知⽣生,焉知死?”472
Tzeu
lou
interrogea
Confucius
sur
la
manière
d’honorer les esprits. Le Maître répondit: « Celui
qui ne sait pas remplir ses devoirs envers les
hommes*, comment saura-t-il honorer les esprits ?
»
Tzeu
lou
reprit:
«
Permettez-moi
de
vous
interroger sur la mort. » Le Maître répondit : «
Celui qui ne sait pas ce qu’est la vie, comment
saura-t-il ce qu’est la mort ? »473
* “Les hommes” ici veut dire l’empereur et les parents.
469 Les Entretiens de Confucius VI.20, traduction en français par Séraphin Couvreur 470 Les Entretiens, VII. 21 471 Les Entretiens de Confucius VII.20, traduction en français par Séraphin Couvreur 472 Les Entretiens, XI. 12 473 Les Entretiens de Confucius XI.11, traduction en français par Séraphin Couvreur 347
—— ⼦子⽈曰:“莫我知也夫!”⼦子贡⽈曰:“何为其莫知⼦子也?”⼦子⽈曰:“不
怨天,不尤⼈人。下学⽽而上达,知我者其天乎!”474
Le Maître dit : « Personne ne me connaît. » Tzeu
koung
dit :
« Maître,
pourquoi
dites-vous
que
personne ne vous connaît ? » Le Maître reprit :
« Je ne me plains pas du Ciel et n’accuse pas les
hommes, En étudiant ce qui est en bas, je pénètre
les hauteurs.* Celui qui me connaît n’est-ce pas
le Ciel ? »475
* Cette phrase a été mal traduite. Elle veut dire :
J’étudie
les
fondamentaux
(afin
de
restituer
le
système cérémonieux de la dynastie Zhou) et le mandat
du Ciel (dans le but d’établir la légitimité royale).
En somme, Confucius préférait les recherches “humaines”
et l’exploration des vivants. Le Ciel est considéré comme
le fond moral des gens et non pas comme la garantie de la
réussite. Autrement dit, 天 n’accorde la connaissance qu’à
ceux qui bénéficient de sa faveur. Le Ciel avait parfois
d’autres fonctions. Prenons des exemples suivants.
—— ⼦子⽈曰:“天⽣生德于予,桓魋其如予何?”476
Le Maître dit : « Le Ciel m’a donné la Vertu avec
l’existence ; que peut me faire Houan T’ouei* ?
»477
474 Les Entretiens, XIV. 35 475 Les Entretiens de Confucius XIV.37, traduction en français par Séraphin Couvreur 476 Les Entretiens, VII. 23 348
* Houan T’ouei est le nom d’une personne qui a voulu
tuer Confucius.
—— ⼦子畏于匡,⽈曰:“⽂文王既没,⽂文不在兹乎?天之将丧斯⽂文也,后
死者不得与于斯⽂文也;天之未丧斯⽂文也,匡⼈人其如予何?”478
Le Maître se trouvant en péril dans le bourg de
K’ouang,
dit
:
«
Le
roi
Wenn
étant
mort,
sa
culture n’est-elle pas ici, en moi ? Si le Ciel
avait voulu qu’elle disparût de la terre, il ne me
l’aurait pas confiée après la mort du roi Wenn. Le
Ciel ne veut pas encore la laisser perdre. Que
peuvent contre moi les habitants de K’ouang ? »479
Dans de nombreuses occasions, Confucius s’est trouvé
en danger (à cause de ses discours.) Il n’est jamais dans
l’espérance de la délivrance du Ciel. Le savant estimait
que son lien avec le Ciel, en tant que son soutien moral,
donnait
la preuve de la continuation de son existence.
Toutefois la relation entre Dieu et les hommes tendait
vers une voie de plus en plus cordiale. Remontons jusqu’au
temps d’Adam et d’Ève. La punition d’exil provenant de
Dieu furieux peut être considérée comme la première leçon
sur la caractéristique du divin. On trouve les citations
suivantes:
477 Les Entretiens de Confucius VII.22, traduction en français par Séraphin Couvreur 478 Les Entretiens, IX. 5 479 Les Entretiens de Confucius IX.5, traduction en français par Séraphin Couvreur 349
Et Yahweh dit à Caïn: " Où est Abel, ton frère? "
Il répondit: " Je ne sais pas; suis-je le gardien
de mon frère?"480
Caïn dit à Yahweh: " Ma peine est trop grande pour
que je la puisse supporter...”481
C’est donc encore une phase où les gens n’étaient pas
dans la capacité de bien connaître le divin. Un peu plus
tard dans l’histoire, Noé et Dieu s’entendaient beaucoup
mieux. Leur projet “l’arche de Noé” a été exécuté presque
à la perfection.
Voici l’histoire de Noé. Parmi ses contemporains,
Noé fut un homme juste, parfait. Noé marchait avec
Dieu.482
Ensuite Abraham a gagné son titre d’“homme de dieu”,
grâce à ses comportements hautement satisfaisants. Un tel
rapport est arrivé à la cime dans l’histoire de Moise.
Dieu
lui
a
confirmé
une
confiance
complète
et
ainsi
l’honneur le plus grand. Les expériences de la nature de
Jéhovah ont connu une progression par étapes jusqu’à la
reconnaissance complète. Ici “la reconnaissance” met en
valeur l’entrée de la puissance divine dans le système de
savoir des mortels. On résume une voie dans Le Pentateuque
la
description
du
progrès
de
relation
“négligence
-
acceptation - soumission complète”.
Voici en fait une des différences entre Confucius et
Moise envers la notion de divin. Confucius gardait une
480 Livre de la Genèse, chapitre 4: 9 https://bible.catholique.org/nt/ 481 Livre de la Genèse, chapitre 4: 13 482 Livre de la Genèse, chapitre 6: 9 350
reconnaissance spontanée du Ciel sans échanges à ce sujet.
Moise
a
établi
avec
précaution
dans
ses
livres
une
organisation dynamique fort convaincante. Un autre aspect
distinctif concerne l’effet causé par leurs attitudes. La
prise à distance du Ciel indique que le sacrifice est un
rituel fort personnel. Autrement dit, une rupture existe
entre l’intention du texte et celle de Confucius. Dans le
Confucianisme
logique
de
possède
à
D’abord,
post-Confucius,
la
la
nature
fois
le
Ciel
des
la
le
gens
Ciel
et
de
transcendance
est
une
est
le
la
et
fondement
moralité.
Il
l’intériorité.
existence
surnaturelle
ressemblante au “premier moteur 483 ” évoqué par Aristote.
Son
intériorité
se
présente
sous
forme
de
caractères
naturels et de conditions de vie. Dans les Entretiens,
Confucius
pose
soutenant
les
problème
sens
si
la
localisation
riches
du
des
Ciel.
références
Ce
manque
d’exploitation du Ciel par Confucius a toutefois donné aux
descendants
la
signification.
possibilité
Au
contraire,
de
l’expansion
Moise
et
les
de
la
savants
postérieurs ont réussi, d’une façon assez satisfaisante,
dans la transmission des histoires concernant le divin.
Les traditions concrètes ont été créées et diffusées.
5.3.3
RÉGLEMENTATIONS
—— ⼦子⽈曰:“予欲⽆无⾔言。”⼦子贡⽈曰:“⼦子如不⾔言,则⼩小⼦子何述焉?”⼦子
⽈曰:“天何⾔言哉?四时⾏行焉,百物⽣生焉,天何⾔言哉?”484
483 Dieu est écrit comme le premier moteur éternel, incorruptible. La métaphysique. 484 Les Entretiens, XVII. 19 351
Le Maître dit : « Je voudrais ne plus parler. –
Maître, dit Tzeu koung, si vous ne parlez pas,
qu’aurions-nous,
vos
humbles
disciples,
à
transmettre? » Le Maître répondit: « Est-ce que le
Ciel parle? Les quatre saisons suivent leur cours ;
tous les êtres croissent. Est-ce que le Ciel parle
jamais? »485
—— ⼦子⽈曰:「吾⼗〸十有五⽽而志于学,三⼗〸十⽽而⽴立,四⼗〸十⽽而不惑,五⼗〸十⽽而
知天命,六⼗〸十⽽而⽿耳顺,七⼗〸十⽽而从⼼心所欲,不逾矩。」486
Le Maître dit : « À quinze ans, ma volonté était
tendue
vers
l’étude
;
à
trente
ans,
je
m’y
perfectionnais ; à quarante ans, je n’éprouvais
plus
d’incertitudes
;
à
cinquante
ans,
je
connaissais le décret céleste ; à soixante ans, je
comprenais, sans avoir besoin d’y réfléchir, tout
ce que mon oreille entendait ; à soixante-dix ans,
en
suivant
les
désirs
de
mon
cœur,
je
ne
487
transgressais aucune règle. »
Les deux entretiens font renvoient ceci à “Sur ce dont
on ne peut parler, il faut garder le silence.” 488 de Ludwig
Wittgenstein 489 (1889 - 1951). Le soupir de “Est-ce que le
Ciel
parle?”
signale
un
aperçu
sur
l’obscurité
et
l’immensité du Ciel – ce qu’on appelle savoir le décret
céleste.
Étant
pourrait-il
donné
établir
les
des
difficultés,
liens
avec
le
comment
Ciel?
un
En
Être
bref,
485 Les Entretiens de Confucius XI.18, traduction en français par Séraphin Couvreur 486 Les Entretiens, IV. 4 487 Les Entretiens de Confucius IV.4, traduction en français par Séraphin Couvreur 488 Citation du Tractatus logico-­‐philosophicus (1921) 489 philosophe autrichien 352
Confucius
a
résumé
la
réponse
en
une
seul
notion:
la
bienveillance.
Jéhovah
humains
s’est
dès
le
réjoui
début
d’un
des
rapport
récits
proche
avec
bibliques.
Après
les
la
création de l’homme et de la femme...
Dieu les bénit et leur dit: « Soyez féconds et
multipliez-vous, remplissez la terre et soumettezla. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des
oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont
et viennent sur la terre. »490
Il est un point de vue commun dans le christianisme et
le
judaïsme
selon
lequel
l’espèce
humaine,
parmi
les
autres créatures, est la préférée de Dieu. Les bonnes
grâces divines engagent notre espèce au respect des règles
de
Dieu.
Initialement
octroyés
aux
Hébreux,
la
loi
mosaïque sert non seulement de règles de la bonne conduite,
mais
aussi
de
méthode
par
laquelle
les
descendants
puissent avoir une meilleure compréhension de la portée du
Pentateuque.
5.3.3.1
Signification
Afin d’établir des comparaisons entre la bienveillance
et
la
loi
mosaïque,
il
est
nécessaire
de
trouver
des
soutiens dans leurs contextes.
490 Livre de la Genèse, chapitre 1: 28 353
5.3.3.1.1
En
La bienveillance
tant
que
confucianisme, 仁
notion
la
plus
représentative
du
(sens littéral: la bienveillance) est
considéré comme l’idée directrice de la pensée classique.
La bienveillance possède une signification si vaste que
les
chercheurs
tombent
souvent
dans
l’hésitation.
Dans
l’établissement de la bienveillance comme valeur partagée,
est constituée la base équilibrée de la théorie morale
classique de la Chine 491 . Cette valeur partagée manque,
néanmoins,
malgré
une
centaine
d’occurrences
dans
les
textes, d’une définition définitive. La signification du
mot diffère selon le contexte. En conséquence, des érudits
comme Georg Wilhelm Friedrich Hegel 492 (1770 - 1831) ont
jugé Confucius inintéressant. Citons un paragraphe dans le
texte de Hegel.
Nous
constatons
ensuite
que
cette
philosophie
chinoise n’offrait qu’une bien pauvre morale. Son
auteur est Confucius, quelque temps ministre d’un
empereur, puis disgracie; il vécut alors à l’écart
avec ses élevés. Il y a dans ses livres beaucoup
de
bon
sens
toutefois,
et
on
une
la
morale
surtout
retrouve
partout
populaire;
et
même
meilleure; quelques-uns de ses discours ne sont
pas
sans
remarquable;
esprit,
on
n’y
mais
trouve
n’offrent
pas
de
rien
de
spéculation
491 David L. Hall, Thinking Through Confucius,traduction en chinois par HE Jinli, publié par Université de Pékin, 2005, Pékin, ISBN 7-301-09332-2, pages 130-131
492 philosophe allemand 354
philosophique; Confucius était d’ailleurs plutôt
un homme d’État pratique.493
De
nos
jours,
néoconfucianisme
495
494
Tu
Weiming
,
s’efforce
(1940
de
-
),
définir
philosophe
仁
comme
l’expression d’une moralité ou d’une valeur interne. La
bienveillance n’est pas le résultat des rites, mais plutôt
une
notion
supérieure
accordée
aux
rites
de
la
signification. Venant de la force spirituelle et de la
connaissance de soi, cette notion de bonté est la source
inépuisable des expressions symboliques sur la société 496 .
Herbert Fingarette
refuse
des
497
analyses
(1921 - ), écrivain contemporain,
psychologiques
sur
ce
terme.
Il
affirme que la pensée des Entretiens n’est pas liée aux
notions de la psychologie. La bienveillance et les autres
termes employés, par exemple 德 (sens littéral: la vertu )
et 礼
(sens littéral: le rite), n’ont pas de rapport
direct avec “l’intention” ou “l’émotion”498.
Les remarques mentionnées ci-dessus partagent en fait
une prémisse commune: la bienveillance est une conception
indépendante; les contextes et les façons de la poursuite
de 仁
sont en quelque sorte négligeables. On craint de
493 Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Leçons sur l’histoire de la philosophie , Introduction: système et histoire de la philosophie, traduction en francais par J. Gibelin, Edition Gallimard 1954 , page 245 494 philosophe et historien chinois 495 philosophique officielle du confucianisme depuis le XIVe siècle au XXe siècle 496 David L. Hall, Thinking Through Confucius,traduction en chinois par HE Jinli, publié par Université de Pékin 2005 ISBN 7-301-09332-2, page 133
497 philosophe et professeur émérit américan 498 Herbert Fingarette, Confucius – the secular as sacred. Traduction en chinois par PENG Guoxiang, ZHANG Hua. Presse du peuple de Jiangsu, 2010 ISBN: 7214033038, 9787214033031. Page 33 355
noter que les méthodologies des commentateurs risquent de
ne pas pouvoir saisir la richesse foisonnante de la notion.
L’attitude
d’existence
au
moment
précis
de
sa
manifestation est en fait un facteur de diversification de
la valeur du mot. Prenons les citations suivantes.
—— 君⼦子欲讷于⾔言⽽而敏于⾏行。499
Le Maître dit : « L’homme honorable s’applique à
être lent dans ses discours et diligent dans ses
actions. »500
—— ⼦子⽈曰:“刚、毅、⽊木、讷近仁。”501
Le Maître dit : « Fermeté, résolution, simplicité,
réserve, touchent à la vertu d’humanité. »502
—— ⼦子⽈曰:“古者⾔言之不出,耻躬之不逮也。”503
Le
Maître
dit
:
«
Les
Anciens
n’osaient
pas
émettre de maximes ; ils craignaient que leurs
actions ne répondissent pas à leurs paroles. »504
Il est évident que Confucius prenait une attitude très
réservée sur ces paroles. Et lisons la suite.
499 Les Entretiens, IV. 24 500 Les Entretiens de Confucius IV.23, traduction en français par Séraphin Couvreur 501 Les Entretiens, XIII. 27 502 Les Entretiens de Confucius XIII.27, traduction en français par Séraphin Couvreur 503 Les Entretiens, IV. 22 504 Les Entretiens de Confucius IV.21, traduction en français par Séraphin Couvreur 356
—— 司马⽜牛问仁。⼦子⽈曰:“仁者,其⾔言也讱。”⽈曰:“其⾔言也讱,斯谓
之仁已乎?”⼦子⽈曰:“为之难,⾔言之得⽆无讱乎?”505
Seu
ma
Gniou
ayant
interrogé
Confucius
sur
la
vertu d’humanité, le Maître répondit : « Il est
ardu d’en parler*. » Seu ma Gniou dit : « Est-ce
donc
si
difficile
de
parler
de
la
vertu
d’humanité ? » Le Maître répondit : « S’il est
difficile de la mettre en pratique, comment ne le
serait-il pas d’en parler ? »506
* cette phrase e été mal traduite. Elle veut dire:”
Celui qui est bienveillant, met en valeur dans ses
discours la prudence.”
Seu ma Gniou a cru que la bienveillance concernerait
le contenu du discours au lieu de la façon d’expression.
La réponse de Confucius n’est probablement pas détaillée.
Mais
on
voit
personnalité
que
et
de
ce
genre
son
d’ambiguïté
avis
sur
ce
vient
de
sa
terme.
“
La
connaissance sur la bienveillance”, selon Confucius, est
loin de la chaîne “ savoir – application”. Cadrée par une
certaine mode de pensée et une habitude linguistique, la
perception
de
la
bienveillance
exige
donc
la
circonspection afin d’éviter le moindre écart.
—— 樊迟。。。。。。问仁,⽈曰:“仁者先难⽽而后获,可谓仁矣。”
507
505 Les Entretiens, XII. 3 506 Les Entretiens de Confucius XII.3, traduction en français par Séraphin Couvreur 507 Les Entretiens, VI. 22 357
Fan Tch’eu l’interrogea ensuite sur le sens de
l’humanité.
Confucius
répondit
:
«
L’homme
honorable commence par le plus difficile, avant de
penser aux avantages qu’il en doit retirer ; on
peut appeler cela de l’humanité. »508
La conscience de la difficulté est en fait une étape
de la poursuite de la bienveillance. Au lieu d’un principe
ou d’une théorie concrète, notre terme s’applique à un
caractère
incarné
dans
tous
individu.
Regardons
le
suivant
les
comportements
qui
soutient
d’un
l’analyse
précédente.
—— ⼦子⽈曰:“知者乐⽔水,仁者乐⼭山;知者动,仁者静;知者乐,仁者
寿。”509
Le Maître dit : « L’homme intelligent aime l’eau,
et
l’homme
honorable
intelligent
honorable
se
donne
demeure
les
montagnes.
L’homme
du
mouvement;
l’homme
immobile.
L’homme
intelligent
vit heureux ; l’homme honorable vit longtemps. »510
Il
parait
que
Confucius
a
voulu
décrire
ici
deux
genres d’individus. Toutefois cette phrase est caractérisé
par
un
principe
de
la
grammaire
classique
nommé
互 ⽂文
(hu’wen - les compléments mutuels). Cela signifie que les
éléments dans la même phrase, malgré l’apparence de leur
508 Les Entretiens de Confucius VI.20, traduction en français par Séraphin Couvreur 509 Les Entretiens, VI. 23 510 Les Entretiens de Confucius VI.21, traduction en français par Séraphin Couvreur 358
description
d’une
considérés
comme
façon
un
respective,
doivent
“L’homme
intelligent”
tout.
être
et
“l’homme honorable” ne sont pas opposés mais représentent
plutôt deux aspects d’un homme idéal. Donc peu importe ce
que l’homme idéal s’engage dans telle ou telle profession
ou dans tel ou tel loisir, aussi longtemps qu’il peut se
maintenir
intelligent
et
honorable,
il
représente
la
notion de la bienveillance (il est donc heureux et a une
longue vie).
L’interprétation psychologique du terme 仁 (ren – la
bienveillance) est relative aux expressions émotionnelles
dans les Entretiens, telles que 爱 ( ai - aimable ) 恭 敬
(gong’jing - respectueux) 畏 惧 (wei’ju - craintif). Mais
avec un contexte spécifique, les mots indiquent en général
un acte et non pas un trait de mentalité. Par exemple:
—— 攀迟问仁。⼦子⽈曰:“爱⼈人。” 问知。⼦子⽈曰:“知⼈人。”511
Fan
Tch’eu
demanda
en
quoi
consiste
la
vertu
d’humanité. « Elle consiste à aimer les hommes » ,
répondit le Maître. Fan Tch’eu demanda en quoi
consiste
la
connaissance.
«
Elle
consiste
à
connaître les hommes », répondit Confucius.512
Le mot “aimer” ici ne représente pas simplement une
émotion envers le divin ou envers les humains. Afin de
mieux comprendre le sujet, il faut faire une analyse des
511 Les Entretiens, XII. 22 512 Les Entretiens de Confucius XII.21, traduction en français par Séraphin Couvreur 359
“hommes”. On se réfère à la phrase suivante “ connaître
les
hommes”.
Pourquoi
faut-il
aimer
et
connaître
les
hommes? À part la sympathie, Confucius parle en fait du
système administratif. L’homme idéal est intelligent et
honorable, parce que ce sont les qualités de l’ordre le
plus élevé, celui du Ciel. Quel est l’ordre administratif
correspondant au Ciel? Dans le système confucianiste, on
trouve l’ordre hiérarchique “ le monarque et ses sujets –
les parents et les enfants”. Voyons dans l’exemple suivant:
—— 齐景公问政于孔⼦子。孔⼦子对⽈曰:“君君、⾂臣⾂臣、⽗父⽗父、⼦子⼦子。”
公⽈曰:“善哉!信如君不君,⾂臣不⾂臣,⽗父不⽗父,⼦子不⼦子,虽有粟,吾
得⽽而⾷食诸?”513
King,
prince
de
Ts’i,
interrogea
Confucius
sur
l’art de gouverner. Confucius répondit: « Que le
prince soit prince ; le sujet, sujet ; le père,
père ; le fils, fils. – Très bien, dit le prince.
En effet, si le prince n’est point prince, le
sujet point sujet, le père point père, le fils
point fils, quand bien même il y aurait du grain,
pourrais-je en manger? »514
Cela
indique
que
chacun
doit
accorder
ses
comportements à ce qu’il est. Revenons au premier exemple,
“les hommes” ne veut pas dire l’être humain, mais plutôt
les sages qui peuvent assurer le bon fonctionnement du
système. Lorsqu’un empereur “aime” les sages, il faut les
sélectionner, leur donner des postes appropriés, ainsi que
513 Les Entretiens, XII. 12 514 Les Entretiens de Confucius XI.18, traduction en français par Séraphin Couvreur 360
les autres conditions qui leur permettront de prendre les
mesures nécessaires.
On trouve d’autres emplois des termes “émotionnels”.
—— 孔⼦子⽈曰:“君⼦子有三畏:畏天命,畏⼤大⼈人,畏圣⼈人之⾔言。⼩小⼈人不
知天命⽽而不畏也,狎⼤大⼈人,侮圣⼈人之⾔言。”515
Confucius
dit
:
«
L’homme
honorable
respecte*
trois choses. Il respecte le Décret céleste¹ ; il
respecte les hommes éminents ; il respecte les
maximes
des
hommes
saints.
L’homme
de
peu
ne
connaît pas le Décret céleste et ne le respecte
pas ; il traite sans respect les hommes éminents ;
il
tourne
en
dérision
les
maximes
des
hommes
saints. »516
*Sens littéral: craint
—— 樊迟问仁。⼦子⽈曰:“居处恭,执事敬,与⼈人忠。虽之夷狄,不可
弃也。”517
Fan
Tch’eu
interrogea
Confucius
sur
le
sens
d’humanité. Le Maître répondit : « À la maison,
demeure courtois ; dans le maniement des affaires,
sois diligent ; dans les relations avec autrui,
515 Les Entretiens, XVI. 8 516 Les Entretiens de Confucius XVI.7, traduction en français par Séraphin Couvreur 517 Les Entretiens, XIII. 19 361
sois loyal. Fusses-tu au milieu des barbares de
l’Est et du Nord, tu ne saurais y déroger. »518
—— 敬⿁鬼神⽽而远之519
Honorer les esprits, mais s’en tenir à distance.520
—— 道之以政,齐之以刑,民免⽽而⽆无耻;道之以德,齐之以礼,有
耻且格 。521
Le Maître dit : « Si le prince conduit le peuple
au moyen des lois et le retient dans l’unité au
moyen des châtiments, le peuple s’abstient de mal
faire ; mais il ne connaît aucune honte. Si le
prince
dirige
le
peuple
par
la
Vertu
et
fait
régner l’union grâce aux rites, le peuple a honte
de mal faire, et devient vertueux. »522
—— 有⼦子⽈曰:“信近于义,⾔言可复也。恭近于礼,远耻辱也。因不失
其亲,亦可宗也。”523
Iou tzeu dit : « Toute promesse conforme à la
justice peut être tenue. Tout respect ajusté aux
rites
éloigne
honte
et
déshonneur.
Si
vous
518 Les Entretiens de Confucius XII.19, traduction en français par Séraphin Couvreur 519 Les Entretiens, VI. 22 520 Les Entretiens de Confucius VI.20, traduction en français par Séraphin Couvreur 521 Les Entretiens, II. 3 522 Les Entretiens de Confucius II.3, traduction en français par Séraphin Couvreur 523 Les Entretiens, I. 13 362
choisissez pour protecteur un homme digne de votre
amitié et de votre confiance, vous pourrez lui
rester attaché à jamais. »524
—— ⼦子⽈曰:“君⼦子耻其⾔言⽽而过其⾏行。”525
Le Maître dit : « L’homme honorable aurait honte
de laisser ses paroles outrepasser ses actions.
»526
—— 发愤忘⾷食,乐以忘忧527
C’est
un
homme
qui
s’applique
avec
une
telle
ardeur qu’il oublie de manger, (il) éprouve une
telle joie qu’il oublie tous soucis528.
—— ⼦子⽈曰:“贤哉回也,⼀一箪⾷食,⼀一瓢饮,在陋巷,⼈人不堪其忧,回
也不改其乐。贤哉回也。”
529
Le Maître dit : « Que la sagesse de Ien Houei
était grande ! Il demeurait dans une misérable
ruelle,
gourde
n’ayant
de
qu’une
boisson.
Un
écuelle
autre,
de
en
riz
se
et
voyant
une
si
dépourvu, aurait eu un chagrin intolérable. Houei
524 Les Entretiens de Confucius I.13, traduction en français par Séraphin Couvreur 525 Les Entretiens, XIV. 27 526 Les Entretiens de Confucius XIV.29, traduction en français par Séraphin Couvreur 527 Les Entretiens, XII. 19 528 Les Entretiens de Confucius XII.18, traduction en français par Séraphin Couvreur 529 Les Entretiens, VI. 11 363
était toujours content. Oh ! que Houei était sage !
».530
Considérons maintenant les “expressions de sentiment”
畏,恭,敬, 忠, 耻, 乐, 忧 (wei, gong, jing, zhong, chi,
le, you)– la crainte, la dignité, le respect, la loyauté,
la honte, la joie et le soucis. Les mots se présentent en
plus dans un ordre successif commençant par la crainte du
Ciel. Cet ordre est réalisé sous forme de rite et de
pudeur
avec
conduites
la
fait
récompense
partie
de
de
la
joie.
Chacune
la
bienveillance.
des
Herbert
Fingarette a donné une conclusion 531 fort intéressante sur
ce
sujet.
La
bienveillance
est
une
force
jointe
des
vecteurs de vertu naturelle. Cette compréhension vaut pour
son accord avec notre analyse précédente “un caractère
incarné dans tous les comportements d’un individu”. Si on
emploie un terme mathématique pour mieux l’exprimer, ce
sera que chaque morceau mentionné de la moralité est une
condition nécessaire et insuffisante de la bienveillance.
La première leçon de la poursuite de bienveillance
concerne l’aperception de la difficulté de cette route. La
persistance ou autrement dit le surpassement, est ce que
Confucius a appelé “l’apprentissage”. Ce terme a une place
très haute dans la pensée de confucianisme.
530 Les Entretiens de Confucius VI. 9, traduction en français par Séraphin Couvreur 531 Herbert Fingarette, Confucius – the secular as sacred, traduction en chinois par PENG Guoxiang, ZHANG Hua, Presse du peuple de Jiangsu, 2010, ISBN 7214033038, 9787214033031. Page: 48 364
—— 好仁不好学,其蔽也愚;好知不好学,其蔽也荡;好信不好学,
其蔽也贼;好直不好学,其蔽也绞;好勇不好学,其蔽也乱;好刚不
好学,其蔽也狂。”532
Le
défaut
bienfaisant,
de
et
celui
n’aime
qui
pas
aime
à
se
l’étude,
montrer
c’est
le
manque de discernement. Le défaut de celui qui
aime le savoir, et n’aime pas l’étude, c’est de
tomber dans la futilité. Le défaut de celui qui
aime à tenir ses promesses, et n’aime pas l’étude,
c’est de nuire aux autres. Le défaut de celui qui
aime la franchise, et n’aime pas l’étude, c’est
d’être tranchant. Le défaut de celui qui aime à
montrer du courage et n’aime pas l’étude, c’est de
troubler l’ordre. Le défaut de celui qui aime la
fermeté d’âme, et n’aime pas l’étude, c’est le
fanatisme.533
—— ⼦子⽈曰:“⼗〸十室之⾢邑,必有忠信如丘者焉,不如丘之好学也。”534
Le Maître dit : « Dans un village de dix familles
il se trouve certainement des hommes à qui la
nature a donné, comme à moi, des dispositions à la
fidélité et à la sincérité ; mais il n’en est pas
qui aiment autant que moi l’étude. »535
532 Les Entretiens, XVII. 8 533 Les Entretiens de Confucius XVII.8, traduction en français par Séraphin Couvreur 534 Les Entretiens, V. 28 535 Les Entretiens de Confucius V.27, traduction en français par Séraphin Couvreur 365
—— 哀公问:“弟⼦子孰为好学?”孔⼦子对⽈曰:“有颜回者好学,不迁怒,
不贰过,不幸短命死矣。今也则亡,未闻好学者也。”536
Le prince Ngai demanda à Confucius quels étaient
ceux
de
ses
disciples
qui
s’appliquaient
avec
ardeur à l’étude et à la pratique de la vertu.
Confucius répondit : « Ien Houei s’y appliquait
avec
ardeur.
Lorsqu’il
était
justement
irrité
contre quelqu’un, il n’étendait pas injustement sa
colère à un autre. Il ne tombait jamais deux fois
dans la même faute. Malheureusement, il a peu vécu.
À
présent,
il
n’est
plus
personne
qui
lui
ressemble. Je n’ai entendu citer aucun homme qui
aimât véritablement l’étude. »537
Confucius estimait que le désire d’étude est la vertu
la plus importante qu’il avait. Il a ainsi cru que parmi
tous ses disciples, Ien Houei était son préféré. Une ferme
envie d’apprentissage est, dans les contextes, une manière
l’emportait sur les autres vertus.
—— ⼦子⽈曰:“君⼦子⾷食⽆无求饱,居⽆无求安,敏于事⽽而慎于⾔言,就有道⽽而
正焉,可谓好学也已。”538
Le
Maître
dit
:
«
Un
homme
honorable
qui
ne
recherche pas la satisfaction de son appétit dans
la
nourriture,
ni
ses
commodités
dans
habitation,
qui
est
diligent
en
affaires
circonspect
dans
ses
paroles,
qui
se
son
et
rectifie
536 Les Entretiens, VI. 3 537 Les Entretiens de Confucius VI.2, traduction en français par Séraphin Couvreur 538 Les Entretiens, I. 14 366
auprès
des
hommes
vertueux,
celui-là
a
un
véritable désir d’apprendre. »539
À partir de là nous pouvons arriver à la conclusion
que
“l’étude”
est
un
procès
dynamique.
“Le
désir
d’apprendre” ne se limite plus qu’aux moyens d’acquisition
des connaissances. Le terme parle du mode d’existence, de
l’étape stratégique vers la bienveillance et de la qualité
indispensable des hommes vertueux.
En même temps, la bienveillance ne se sépare pas avec
礼 (li - les rites).
—— 颜渊问仁。⼦子⽈曰:“克⼰己复礼为仁。⼀一⽇日克⼰己复礼,天下归仁焉。
为仁由⼰己,⽽而由⼈人乎哉?”颜渊⽈曰:“请问其⽬目。”⼦子⽈曰:“⾮非礼勿视,
⾮非礼勿听,⾮非礼勿⾔言,⾮非礼勿动。”颜渊⽈曰:“回虽不敏,请事斯语
矣。”540
Ien Iuen ayant interrogé Confucius sur la vertu
d’humanité, le Maître répondit : « Se maîtriser
soi-même, et revenir aux rites de la courtoisie,
c’est
cela
le
sens
d’humanité.
Si
un
jour
on
parvenait à se maîtriser soi-même, et à rétablir
les rites, aussitôt le monde entier recouvrerait
cette
vertu
d’humanité.
Agir
en
ce
sens,
ne
dépend-il pas de nous-mêmes et non des autres ? »
Ien Iuen dit : « Permettez-moi de vous demander
quelle
est
la
méthode
à
suivre.
»
Le
Maître
répondit : « Ne rien regarder, ne rien écouter qui
539 Les Entretiens de Confucius I.14, traduction en français par Séraphin Couvreur 540 Les Entretiens, XII. 1 367
soit contraire aux rites de la courtoisie ; ne
rien dire, ne rien faire qui soit contraire aux
rites de la courtoisie. » Ien Iuen dit : « Malgré
mon
manque
d’intelligence,
permettez-moi
de
me
mettre au service de ces préceptes. »541
“Se maîtriser soi-même, et revenir aux rites de la
courtoisie,
c’est
cela
le
d’humanité” , voilà
sens
l’explication principale de Confucius sur la notion de la
bienveillance. Il a donné la définition de 仁 (ren – la
bienveillance)
rites
sont
nécessitant
en
les
en
s’appuyant
règles
plus
sur
et
son
la
soutien.
les
rites.
base
On
de
peut
Ainsi
les
l’humanité,
dire
que
la
bienveillance est la forme interne des rites, et les rites
la forme externe. Le respect spontané de l’humanité est en
fait ce que les chercheurs considéraient comme le sujet
d’intérêt
des
Entretiens.
gens
se
comporter
de
La
bienveillance
selon
les
règles
demande
aux
culturelles
traditionnelles, tandis que les rites indiquent les moyens
précis.
En somme, la notion d’humanité s’est constituée d’un
système,
d’une
structure
multidimensionnelle.
Chaque
aspect possède les expressions, l’attitude de vie et les
actes.
Cela
explique
qu’il
est
presque
impossible
de
trouver une conclusion universelle.
541 Les Entretiens de Confucius XII.1, traduction en français par Séraphin Couvreur 368
5.3.3.1.2 Commandements
Afin
d’éviter
une
confusion
avec
le
mot
chinois
existant 法 律 (fa’lv - la loi), la traduction de “la loi
biblique” prend en général l’expression 律 法 (lv’fa – la
loi, l’inversion de 法 律
fa’lv). Notre sujet d’intérêt
vient du verbe hébraïque “yarah”, indiquant la projection
(des pierres), le décochement (des flèches), la mise (de
base) et l’arrosage (des plantes). Le nom masculin du
“yarah” est “moreh”, signifiant les enseignants; ”torah”,
le nom féminin, représente la leçon, le commandement, la
façon,
la
loi,
commandements,
etc.
soit
La
loi
torah,
biblique,
occupe
la
soit
place
les
la
dix
plus
importante dans la Bible.
La structure d’exposition des récits de Bible confirme
le noyau juridique du livre. Selon Northrop Frye542 (1912 1991), la Bible organise les éléments d’histoires sous la
forme U: Après la trahison, les gens tombaient sur les
catastrophes et le servage; Les pénitents entre eux, à
travers
leur
de
niveau
sérieuses
de
vie.
rédemptions,
pouvaient
La
chute
première
des
remonter
à
humains
a
commencé par Adam et Ève. La première remonte est sans
doute l’histoire d’Abraham. Venant d’une petite ville de
Mésopotamie, il a été choisi pour se relocaliser à Canaan,
l’endroit où les gens pouvaient faire la production et
l’entretien
du
bétail.
Jusqu’à
la
fin
du
livre
de
la
Genèse, les Hébreux sont entrés en Égypte, passant par une
nouvelle
phase
d’oppression
et
de
menace.
Puis
Moise
dirigea son peuple vers un autre lieu. Et s’est repris le
cercle. En tout, la Bible raconte une histoire commençant
542 critique littéraire canadien 369
par la privation de l’arbre de vie et du fleuve d’eau de
la
vie
et
Jérusalem
se
terminant
céleste.
543
Il
par
la
récupération
vaut
d’ailleurs
dans
le
que
la
noter
structure de l’histoire n’est pas une simple reprise de
“ commission de crimes – demande de pardon – rédemption”.
Les points nodaux à la fin de chaque U sont plus hauts que
ceux
du
début.
Ce
changement
résulte
relationnelle entre Dieu et les humains ;
de
l’évolution
Il est assuré
par le renfort des lois. Autrement dit, la loi représente
le tournant de l’histoire.
Dieu a initialement placé Adam dans le Jardin d’Éden.
Il lui a offert la compagnie d’Ève pour éviter la solitude.
On ne peut pas trouver beaucoup de références écrites sur
les conditions de ce jardin paradisiaque. Mais les paroles
furieuses de Jéhovah permettent aux gens d’avoir une belle
imagination de la merveilleuse beauté.
- Il dit à la femme :
J’augmenterai la souffrance de tes grossesses,
tu enfanteras avec douleur,
et tes désirs se porteront vers ton mari,
mais il dominera sur toi.
- Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix
de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au
sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en
mangeras point !
le sol sera maudit à cause de toi.
C’est
à
force
de
peine
que
tu
en
tireras
ta
nourriture
tous les jours de ta vie.
543 Northrop Frye, The Great Code: The Bible and Literature, traduction Hao Zhenyi, Presse d’Université de Pékin, 1998, ISBN 9787301033142, pages 220-­‐221 370
- Il te produira des épines et des ronces, et tu
mangeras de l’herbe des champs.
- C’est à la sueur de ton visage
que tu mangeras du pain,
jusqu’à ce que tu retournes dans la terre,
d’où tu as été pris ;
car tu es poussière,
et tu retourneras dans la poussière.
544
Les punitions sont en fait la privation des conditions
de
vie
précédentes.
En
tant
que
préférés
de
Dieu,
le
couple jouissait d’une vie sans soucis et sans fatigue.
- L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était
grande sur la terre, et que toutes les pensées de
leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers
le mal.
- L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur
la terre, et il fut affligé en son cœur.
- Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de
la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme
jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du
ciel; car je me repens de les avoir faits.545
A la fin du Déluge, le divin a choisi de permettre à
Noé de sauver sa famille. Lorsque Dieu était mécontent
avec la tour de Babel construite par les descendants de
Noé, il n’avait qu’à envoyer des anges pour brouiller leur
langue. On revoie la manifestation de Dieu à l’époque
d’Abraham où le tout-puissant a lancé le feu pour détruire
la ville de Sodome et celle de Gomorrhe. Au temps d’Isaac,
544 Genèse 3: 16 – 19. Ancien testament, version Louis Segond, 1910, Serge co. 2011, ISBN 2940012646712 545 Genèse 6: 5 - 7. Ancien testament, version Louis Segond 1910 371
Jacob et Joseph, rarement remarque-on l’intervention de
Dieu. Ensuite dans l’histoire, Moise a dirigé le peuple
vers le Sinaï avec le soutien du divin et a donné le
décalogue. Dès le début, Dieu est une force d’obligation
qui décide les conditions de vie et les vicissitudes.
Lorsque les intentions de Dieu sont bien appliquées, son
apparition
est
peu
fréquente;
Si
elles
ne
sont
pas
respectées, arrive la punition, voire même l’extermination.
Les alliances entre le divin et les humains bibliques,
précisant les règles de vie, sont ce qu’on appelle “ la
loi”.
Les alliances signifient en fait les paroles divines.
Par exemple la première alliance546.
- Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds,
multipliez,
remplissez
la
terre,
et
l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la
mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal
qui se meut sur la terre.
- Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe
portant de la semence et qui est à la surface de
toute la terre, et tout arbre ayant en lui du
fruit d’arbre et portant de la semence: ce sera
votre nourriture.
- Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu
du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez point et
vous n’y toucherez point, de peur que vous ne
mouriez.
Dieu a créé le monde d’une façon orale. Ses demandes
le sont aussi. Avec Noé, on constate une argumentation des
phrases précisant l’alliance547.
546 Genèse 1: 28, 29; 3: 3. Ancien testament, version Louis Segond 1910 372
- Dieu bénit Noé et ses fils, et leur dit: Soyez
féconds, multipliez, et remplissez la terre.
- Vous serez un sujet de crainte et d’effroi pour
tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel,
pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour
tous les poissons de la mer: ils sont livrés entre
vos mains.
- Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de
nourriture: je vous donne tout cela comme l’herbe
verte.
- Seulement, vous ne mangerez point de chair avec
son âme, avec son sang.
- Si quelqu’un verse le sang de l’homme,
par l’homme son sang sera versé ;
car Dieu a fait l’homme à son image.
- J’établis mon alliance avec vous : aucune chair
ne sera plus exterminée par les eaux du déluge, et
il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre.
- Et Dieu dit : C’est ici le signe de l’alliance
que j’établis entre moi et vous, et tous les êtres
vivants qui sont avec vous, pour les générations à
toujours :
- j’ai placé mon arc dans la nue, et il servira de
signe d’alliance entre moi et la terre.
L’alliance avec Abraham est plus compliquée que celle
faite
avec
Noé.
En
plus
des
contenus
existants,
des
nouveautés548 sont ajoutées.
- J’établirai mon alliance entre moi et toi, et je
te multiplierai à l’infini.
547 Genèse 9: 1 – 4, 6, 11-­‐ 13 Ancien testament, version Louis Segond 1910 548 Genèse 17: 2, 6 – 11, 13 Ancien testament, version Louis Segond 1910 373
- Je te rendrai fécond à l’infini, je ferai de toi
des nations; et des rois sortiront de toi.
- J’établirai mon alliance entre moi et toi, et
tes descendants après toi, selon leurs générations:
ce
sera
une
laquelle
je
alliance
serai
perpétuelle,
ton
Dieu
et
en
vertu
celui
de
de
ta
postérité après toi.
- Je te donnerai, et à tes descendants après toi,
le pays que tu habites comme étranger, tout le
pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je
serai leur Dieu.
-
Dieu
dit
à
Abraham:
Toi,
tu
garderas
mon
alliance, toi et tes descendants après toi, selon
leurs générations.
- C’est ici mon alliance, que vous garderez entre
moi et vous, et ta postérité après toi: tout mâle
parmi vous sera circoncis.
-
Vous
vous
circoncirez;
et
ce
sera
un
signe
d’alliance entre moi et vous.
- On devra circoncire celui qui est né dans la
maison et celui qui est acquis à prix d’argent; et
mon alliance sera dans votre chair une alliance
perpétuelle.
Dans l’histoire de Moise, les articles d’alliance sont
encore plus nombreux et raffinés. Lorsqu’on dit que Dieu
est le créateur de l’homme, cela signifie en fait que
Jéhovah a créé l’homme par ses paroles et que la parole
est ainsi l’incarnation divine. Quant à l’alliance, sa
fonction indirecte la rend d’une certaine façon le divin
de
substitution.
La
complicité
d’alliance
représente
l’état de relation entre les deux parties. Dieu n’a jamais
cessé de montrer son affection pour les humains. Cette
émotion a connu un changement de forme. L’Éternel s’est
374
transmis en loi pour accompagner notre espèce. On ose
conclure que la loi figure à la fois les contraintes et
l’affection. Cela représente le premier caractère de la
loi.
On doit ensuite aborder la constitution interne de la
loi dans le but de trouver une autre qualité distinctive.
Dans le livre de l’Exode, les chapitres 25- 31, 34-40 sont
tous consacrés à la description de la loi passée de Dieu à
Moise.
Les
contenus
dans
le
Lévitique
concernent
les
rituels de la vénération de Dieu, incluant les rituels du
sacrifice et de la pureté, les rites à respecter pendant
les fêtes bibliques, les règles sur l’achat et l’emprunt,
et
aussi
les
responsabilités
et
le
pouvoir
des
sacrificateurs. Le livre des Nombres révèle le destin au
désert
de
Deutéronome
contrevenants
réaffirme
à
la
loi
sacrée.
l’application
des
Le
livre
de
disciplines
religieuses dans toutes les générations des Hébreux. Les
règles sacrées sont assez dégroupées dans les livres. Mais
bien des rabbins cherchaient à classer par thèmes les
éléments de la loi biblique. Prenons comme exemple 549 le
fameux érudit Moïse Maïmonide 550
( 1138 -
1204 ) et ses
quatorze catégories.
I
Les explications et les avertissements de base,
les ordonnances de la continuation d’apprentissage
de la loi dans des générations
II
III
La défense d’idolâtrie
Les règles avantageuses à l’amélioration de la
moralité
549 Moïse Maïmonide, Le Guide des égarés, traduction en chinois par FU Youde, GUO Peng, ZHANG Zhiping, Presse de l’Université de Shandong, 2004, ISBN 7560718639, pages 488 -­‐ 490 550 Médecin, philosophe juif, commentateur 375
IV
Les actes de la charité, de l’emprunt et de
l’offrande des cadeaux
V
VI
VII
VIII
IX
X
Les interdictions de la perpétration criminelle
Les règles de la pénalité
Les principes des biens
Le sabbat (le jour de repos)
Les traditions religieuses
Les édifices religieux, les objets sanctifies et
les servants
XI
XII
XIII
XIV
Les rituels du sacrifice
Les impuretés
Les nourritures interdites
La prohibition sexuelle
En analysant les contenus, nous nous rendons compte
que la règlementation portait à des actions concrètes.
Loin d’être spéculative ou systématique, la loi dans le
Pentateuque souligne les spécifications comportementales.
Toutefois les règles restent écrites sans application. Il
n’y a pas de merveille dans ce domaine. D’après Maïmonide,
chaque régulation avait pour but trois possibilités: le
renfort de la moralité, l’enseignement d’une vérité, la
conduite
caractère
vers
de
la
la
justice
loi:
551
elle
.
Voici
est
donc
assez
le
deuxième
applicable
et
exigeante d’exécutions pratiques.
5.3.3.2 Fond théorique
L’établissement d’un système de pensée demande à la
fois la logique interne et la base théorique. Confucius a
551 Moïse Maïmonide, Le Guide des égarés, traduction en chinois par FU Youde, GUO Peng, ZHANG Zhiping, Presse de l’Université de Shandong, 2004, ISBN 7560718639, page 490 376
fondé
son
système
sur
“
le
Ciel”.
Afin
de
satisfaire
l’intention céleste, les gens se lancent dans la poursuite
des missions d’humanité. Mais dans les textes, le sujet
abordé le plus souvent est en fait “la bienveillance”.
Cette
confusion
nous
pose
question
sur
les
défauts
logiques potentiels de la pensée de Confucius. L’auteur du
Pentateuque
soulignait
précisément
le
statut
ultime
de
Dieu en tant que créateur, et l’homme dominant le reste de
la
création.
Bien
des
chercheurs
partagent
l’idée
que
chaque règle biblique représente la force divine elle-même.
Mais on préfère considérer parfois l’ensemble des lois
comme la valeur majeure du Pentateuque. Qu’est-ce qui a
causé cette nuance de compréhension?
Le Ciel est le début et la référence du système de
Confucius.
Autrement
bienveillance.
Mais
dit,
la
il
plupart
est
des
la
base
savants
de
ont
la
choisi
d’exploiter “la bienveillance” sans mentionner le facteur
céleste. Personne ne peut accuser tous les confucianistes
pour leur négligence ou leur trahison d’origine. Étant
donné les faits, il nous est possible de croire que le
coupable du dévoiement des recherches est la particularité
des Entretiens. À part la poursuite de la bienveillance,
le
Ciel
se
trouvait
toujours
au
premier
rang
dans
la
pensée de Confucius. Voyons encore une fois la citation
suivante:
—— ⼦子⽈曰:“莫我知也夫!”。。。。。。“ 知我者其天乎!”552
Le Maître dit : « Personne ne me connaît. » ... «
Celui qui me connaît n’est-ce pas le Ciel? »553
552 Les Entretiens, XIV.35 377
Certes, on constate des signes indiquant l’importance
du Ciel. Mais en tout, le texte fait l’impression d’une
dissociation entre le Ciel et la bienveillance. D’une part,
ce phénomène est causé par l’attitude du saint sur ce
sujet. Referons-nous aux paroles citées dans le chapitre
précédent.
On
doit
retenir
que
Confucius
a
gardé
sa
distance avec le Ciel, tout en avouant son respect du Ciel
qui était silencieux, réservé, transcendant, équitable et
peu communicable. Ainsi lorsqu’il donnait des discours, le
Ciel n’était mentionné qu’au moment 554 où le savant était
ému ou en colère. Même si avec, supposons, une prise des
notes
complètes
de
ses
paroles
du
sujet,
il
serait
toujours difficile pour les chercheurs de collecter un
nombre suffisant sur les expressions afin de déterminer la
description
du
Ciel.
Autrement
dit,
faute
d’avis
véritables de Confucius lui-même, le malentendu de son
système
philosophique
est
presque
inévitable.
Le
style
textuel des Entretiens entraîne la certitude de la perte
de
fans
de
la
pensée.
C’est-a-dire,
l’intention
de
Confucius, l’auteur d’une partie des paroles, et celle de
texte
ont
connu
une
rupture.
Voila
la
cause
de
la
dissociation qu’on éprouve aujourd’hui. Des confucianistes
se sont rendu compte de la situation, par exemple l’école
Cheng-Zhu555. Mais leurs efforts de la reprise ne pouvaient
pas
triompher
de
la
prospérité
du
bouddhisme
sous
la
dynastie Song (960 - 1279).
En plus, au temps de Confucius (551 – 479 av. J.-C.),
la nouvelle vague de croyance était la force des humains.
553 Les Entretiens de Confucius XIV.37, traduction en français par Séraphin Couvreur 554 Les Entretiens, XI.9 ; VI.28 555 écoles de philosophie du Néo-­‐Confucianisme 378
On
doute
des
bénéfices
d’une
série
de
promotions
du
pouvoir du Ciel que pourrait apporter à Confucius. Dans le
Zuo’zhuan 556 , on trouve bien des exemples rationnels des
changements de vie et les facteurs décisifs du résultat.
Confucius avait sans aucun doute la possibilité d’insister
sur sa croyance au Ciel. Toutefois dans ce cas-là, il ne
serait plus capable de garder des liens communs avec le
peuple et son influence. Le saint était non plus un homme
comme Emmanuel Kant 557 (1724 - 1804) qui a consacré la vie
à la constitution d’une théorie. La croyance au Ciel était
délicatement cachée derrière la bienveillance, une série
des actes spontanés dans la poursuite des “connaissance du
décret céleste
558
”. Le style d’organisation du livre a
rendu les deux facteurs distancés.
Le Pentateuque n’a jamais eu un tel problème. Dieu a
transmis la loi divine à Moise. Cette loi est à la fois
l’accentuation des bonnes conduites et l’incarnation du
divin. Aux yeux des juifs, selon Leo Baeck559 (1873 - 1956),
sans
la
confirmation
des
comportements
de
la
vie
quotidienne, la loyauté religieuse ne pourrait pas trouver
de preuve. L’exécution à la lettre des règles bibliques
est le seul moyen d’assurer les comportements légitimes.
Baeck
souligne
tendance
aussi
uniquement
que
le
métaphysique
reflet
risque
religieux
de
d’une
causer
une
spéculation obscure. Ce résultat est en fait un écart de
la vie religieuse 560 . Quand les croyants appliquent les
règles de la loi dans leur vie, ils se considèrent comme
élevés.
556 Commentaire de Zuo, chronique de l'État de Lu, 722 à 480 av. J.-­‐C. 557 philosophe allemand, fondateur de l’idéalisme transcendantal 558 Les Entretiens, II.4 559 rabbin allemand , érudit et chef de file du judaïsme progressiste 560 Leo Baeck, L'essence du judaisme, traduction en chinois FU Yongjun, YU Jian, Presse d’Université de Shandong, 2002, ISBN: 7560722393, 9787560722399, page 13 379
L’exécution de la loi divine est une réflexion sur la
manière dont les croyants considèrent Dieu. La relation
Dieu-humain s’est ainsi transférée à celle de humain-loi.
Parmi
les
clauses,
celles
portant
sur
la
défense
de
l’idolâtrie décrivent en fait Dieu lui-même. Citons 561 “Tu
n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras
point
d’image
devant
taillée... Tu
elles,
et
tu
ne
ne
les
te
prosterneras
serviras
point
point... Tu
ne
prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain... Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.” Cette
partie
se
complète
avec
les
descriptions
sur
l’établissement des édifices et les règles du sacrifice.
En
plus,
on
constate
la
description
de
Dieu
dans
les
règles d’entente humaine. Dieu est divin devant toutes les
personnes. De la sorte, il est demandé aux gens de traiter
les
autres
de
la
même
manière.
Comme
complément
du
Pentateuque, un nombre important des érudits, chercheurs,
interprètes et savants se lançaient dans l’explication des
disciplines religieuses et du bon abord de la loi divine.
À partir de là, Dieu et ses disciplines sont devenus un
ensemble.
En
comparant
les
deux
systèmes,
on
note
que
la
connaissance du Ciel est statique, et la poursuite du
décret céleste dynamique et ouverte. Pourtant quant au
système occidental, le procès de connaissance de Dieu a
pris une longue évolution. La loi une fois confirmée, se
préserve d’une façon fort réussie. Les deux structures
culturelles
se
traduisent
dans
tous
les
aspects
des
peuples. On en discutera des éléments dans les chapitres à
suivre.
561 Exode chapitre 20: 3 – 8. Ancien testament, version Louis Segond 1910 380
En
s’appuyant
sur
leurs
principes
internes,
on
constate que les deux cultures présentent des éléments de
communication. Elles partent d’une existence transcendante,
laquelle
leur
servait
respectivement
de
noyau
de
la
construction théorique. De ce point de vue, un dialogue
entre
le
faisable.
Confucianisme
Il
vaut
la
et
la
peine
culture
de
noter
hébraïque
que
suite
est
aux
perceptions différentes de la racine culturelle, un grand
écart existe entre les éléments constitutionnels culturels.
Les différences culturelles décident de l’indépendance de
la communication. Lorsqu’on souligne successivement les
points
communs,
les
conclusions
risquent
d’être
en
contradiction avec la réalité. Il faut donc rester assez
prudent dans la recherche des échanges culturels.
5.3.4 MODALITÉ
5.3.4.1 Type de sagesse
Les paroles du texte des Entretiens décrivent le plus
souvent
les
tempérament
comportements
humain.
Ce
de
sont
la
les
vie
deux
actuelle
grands
et
le
messages
culturels du Confucianisme. On constate une citation du
discours d’un disciple de Confucius sur la racine de la
bienveillance.
有⼦子⽈曰:“其为⼈人也孝弟,⽽而好犯上者,鲜矣;不好犯上,⽽而好作乱
者,未之有也。君⼦子务本,本⽴立⽽而道⽣生。孝弟也者,其为仁之本与!”
562
562 Les Entretiens I. 2 381
Iou tzeu dit : « Parmi les hommes naturellement
enclins à respecter leurs parents, à honorer ceux
qui sont au-dessus d’eux, peu aiment à résister à
leurs
supérieurs.
Un
homme
qui
n’aime
pas
à
résister à l’autorité, et cependant aime à exciter
du trouble, ne s’est jamais rencontré. Le sage
donne son principal soin à la racine. Une fois la
racine affermie, la Voie peut naître. L’affection
envers nos parents et le respect envers ceux qui
sont au-dessus de nous sont comme la racine de la
vertu. »563
D’après Iou tzeu, le soutien de la bienveillance est
孝 弟 (xiao’di - la pitié filiale et la fraternité). Parmi
toutes
sortes
de
relation,
la
pitié
filiale
et
la
fraternité sont groupées dans les relations fondamentales.
Elles régissent les principes de la vie, de la stabilité
sociale et de la protection de l’ordre. Dans un sens plus
large, on peut dire que les relations des intimes servent
de base de la vertu. Bien des gens pensent ainsi que le
Confucianisme est une doctrine s’appuyant sur la nature
des humains. Il est fort possible que ces gens confondent
les paroles de l’auteur du texte avec celles de l’auteur
modèle,
et
l’auteur.
l’intention
Supposons
du
que
Iou
texte
pour
l’intention
tzeu
n’ait
pas
de
réellement
discuté avec son maître sur le contenu de ce discours, la
probabilité qu’il agissait au contraire de Confucius est
minimale, sans parler de l’accord des autres disciples de
mettre cette parole contradictoire dans la collection de
pensées
de
Confucius.
On
observe
d’ailleurs
que
cette
citation occupe une place de premier plan dans le livre.
En somme, ce discours est jugé assez important. Toutefois,
est-ce que cela signifie la permission de remplacer la
563 Les Entretiens de Confucius I.2, traduction en français par Séraphin Couvreur 382
notion
de
bienveillance
par
deux
formes
de
relation
humaine? Il est préférable de ne pas altérer ce discours.
On
peut
simplement
en
retirer
que
le
Confucianisme
valorise de beaucoup l’affection entres les intimes. Ce
genre d’estimation est une réflexion sur les caractères
confucéens.
Les
principes
des
Entretiens
ont
la
nature
de
l’ordinaire et de la vie quotidienne. Ainsi on accorde à
cette
doctrine
la
particularité
de
l’importance
du
sentiment. On constate souvent que les discours portant
sur
la
relation
entre
la
façon
d’être
et
la
vertu.
L’intérêt accordé au facteur humain a sans doute rendu les
expressions
orientées
vers
les
sentiments.
En
fin
de
compte, les rites et les règles ne sont pas créés sans
fondement.
Parmi
les
paroles,
sont
souvent
mentionnées
les
notions de 信 (xin - la foi), 敬 (jing - le respect), 恭
(gong - la politesse), 宽 (kuan - la sincérité), 敏 (min l’intelligence), 惠 (hui - la générosité), 忠 (zhong - la
loyauté). Ces mots ne sont pas directement interprétables.
Ils sont employés pour décrire des comportements précis,
tout en renvoyant à des éléments complexes de l’attitude
humaine.
personne,
Lorsqu’on
non
les
seulement
utilise
on
dans
loue
l’évaluation
hautement
des
d’une
actes
concrets, mais aussi on affirme la qualité de l’esprit.
L’attention accordée aux sentiments en tant que qualité
distinctive du Confucianisme, sous un certain angle, est
dominante. Cela se traduit mieux dans l’histoire suivante.
383
叶公语孔子曰:“吾党有直躬者:其父攘羊,而子证之。”孔子曰:“吾
党之直者异于是:父为子隐,子为父隐—直在其中矣。”564
Le prince de Che dit à Confucius : « Dans mon pays
il y a un exemple de droiture : le père ayant volé
une brebis, son fils rendit témoignage contre lui.
» Confucius répondit : « Dans mon pays, les hommes
droits
agissent
autrement.
Le
père
protège
son
fils, et le fils son père. Telle est la droiture
dans mon pays. »565
Confucius
insistait
sans
cesse
sur
l’honnêteté,
la
qualité bien représentée par le fils dans l’histoire du
prince de Che. Mais par rapport à la relation parentale,
l’honnêteté ici est jugée en opposition. Pour le Saint, la
précieuse relation parentale est la base de l’humanité,
sans laquelle les autres sentiments (ou plus précisément,
les
actes)
l’histoire
sont
du
vains.
Dans
sacrifice
la
d’Isaac
culture
montre
hébraïque,
aux
gens
une
modalité complètement différente.
Bref, Abraham était testé par Dieu sur sa loyauté.
Abraham a décidé de suivre l’intention de Dieu en lui
offrant son jeune fils. Au moment crucial, la cérémonie a
été interrompue. Dans la description du chapitre XXII du
livre de la Genèse, on constate guèrre les traces des
émotions
dans
les
monologues
des
personnages.
On
peut
faire la déduction réfléchie que le sentiment personnel
d’Abraham
croyance
était
a
donc
soumis
à
triomphé
son
de
respect
pour
l’affection
Dieu.
La
familiale,
exactement ce que préconise la culture hébraïque. Sous
564 Les Entretiens, XIII. 18 565 Les Entretiens de Confucius XIII.18, traduction en français par Séraphin Couvreur 384
l’autorité de Dieu, tout le monde doit se soumettre sans
hésitation à ses directives. Différant des principes de la
relation entre les humains discutés dans les Entretiens,
la
vie
des
personnages
dans
le
Pentateuque
décrit
la
relation sacrée entre Dieu et ses créatures préférées. Si
l’on ne compare les deux cultures qu’à partir de ce point
de vue, elles seront totalement dissemblables.
L’histoire d’Abraham se trouve dans le judaïsme, le
christianisme et aussi dans l’islam. Cela diffère beaucoup
de la conception des relations familiales dans le système
confucéen.
lecteurs,
Mais
sans
nous
avons
description
raison
de
détaillée,
croire
peuvent
que
les
toujours
être profondément touchés par Abraham. Cet effet ressemble
à
l’histoire
histoires
de
la
donnent
Crucifixion
un
effet
de
frappant
Jésus.
aux
Les
deux
lecteurs
en
développant le thème des douleurs insupportables et de la
mort
épouvantable.
conditions
grâce
à
Les
personnages
leur
décision
ont
surmonté
hautement
les
raisonnable
strictement liée à leur croyance. Les souffrances qu’ils
ont subies sont elles-mêmes les raisons pour lesquelles
les
personnages
sont
considérés
comme
transcendants
et
sacrés. L’auteur a choisi de sacrifier l’exposé sur les
sentiments d’Abraham justement pour la cause des raisons
théologiques. Les lecteurs des Entretiens de Confucius,
par
comparaison,
racontée
par
le
ont
prince
plutôt
de
Che
retenu
la
dans
l’histoire
compréhension
et
la
tolérance, sans être vraiment émus.
5.3.4.2
Examen de soi et confession
Les règles et les principes de comportement dans les
deux
livres
affirment
en
réalité
l’inévitabilité
des
385
fautes. Cette petite partie de la thèse se concentrera sur
la recherche des avis visant aux méfaits.
Confucius a proposé la conception d’examen de soi.
Citons des preuves à partir des Entretiens:
—— 子曰:“见贤思齐焉,见不贤而内自省也。”566
Le Maître dit : « Quand vous voyez un homme sage,
pensez à l’égaler en vertu. Quand vous voyez un
homme dépourvu de sagesse, examinez-vous vous-même.
»567
—— 曾⼦子⽈曰:“ 吾⽇日三省吾⾝身。为⼈人谋⽽而不忠乎? 与朋友交⽽而不
信乎?传不习乎?”
568
Tseng tzeu dit : « Je m’examine chaque jour sur
trois choses : si, traitant une affaire pour un
autre, je ne l’ai pas traitée sans loyauté ; si,
dans mes relations avec mes amis, je n’ai pas
manqué de sincérité ; si je n’ai pas négligé de
mettre en pratique les leçons que j’ai reçues. »569
—— ⼦子贡⽈曰:“君⼦子之过也,如⽇日⽉月之⾷食焉。过也,⼈人皆见之;更也,
⼈人皆仰之。”
570
566 Les Entretiens, IV.17 567 Les Entretiens de Confucius IV.17, traduction en français par Séraphin Couvreur 568 Les Entretiens, I.4 569 Les Entretiens de Confucius 1.4, traduction en français par Séraphin Couvreur 570 Les Entretiens XIX.19 386
Tzeu koung dit : « Les fautes d’un homme honorable
sont comme les éclipses du soleil et de la lune.
Quand il s’égare, tous les yeux le voient. Quand
il se corrige, tous les regards le contemplent.
»571
Les
citations
ci-dessus
nous
démontrent
que
les
contenus à propos d’examen de soi dans les Entretiens
mettent en valeur la relation avec autrui, sans autres
facteurs (tel que le Ciel). D’une part, on peut dire que
l’examen
de
soi
du
Confucianisme
est
limité
dans
son
étendu. On constate que, d’autre part, les actes d’examen
évoqués
dans
les
discours
de
Confucius
et
Tseng
tzeu
concernent plutôt les hommes vertueux. Mais faute du Ciel,
l’examen
de
soi
est
donc
un
comportement
dépendant
totalement de la volonté et de l’initiative personnelle.
Certes,
cela
est
favorable
à
la
constitution
de
l’autonomie des êtres humains. Toutefois sans supervision
de forces contraignantes, l’exécution risque de ne pas
comprendre à l’ambition manifestée. On observe en fait ce
phénomène dans le discours suivant:
——⼦子⽈曰:“已矣乎,吾未见能见其过⽽而⾃自讼者也。”572
Le Maître dit : « Faut-il donc désespérer de voir
un homme qui reconnaisse ses fautes, et se les
reproche en secret ? Moi, je n’en ai pas encore vu.
»573
571 Les Entretiens de Confucius XIX.21, traduction en français par Séraphin Couvreur 572 Les Entretiens, V.27 573 Les Entretiens de Confucius V.26, traduction en français par Séraphin Couvreur 387
L’aveu de Confucius donne la preuve de la conclusion
que l’on vient de proposer en présentant le manque de
connaissances du Confucianisme sur la nature des hommes et
l’imperfection du système théorique de sa doctrine. Avec
la progression théorique du Confucianisme, les érudits ont
rajouté des notions telles que la faculté de jugement. Il
est regrettable que leurs efforts n’aient pas eu de bons
résultats, suite à l’ambiguïté de la source théorique.
En
même
temps,
le
Pentateuque,
sans
indiquer
directement le mot, a défini de manière satisfaisante les
conditions de naissance de la manière de corriger les
fautes. D’un point de vue humain, on a lancé la notion de
confession.
La
loi
biblique
sert
sans
aucun
doute
la
fonction de discipline dans la vie quotidienne. Aux yeux
des croyants, la vie menée en respectant la loi biblique
égale
l’apprentissage
de
la
nature
de
Dieu
selon
ses
intentions. Ce savoir concernant la nature de Dieu révèle
en réalité que Dieu est lui-même charitable, tolérant et
vertueux, juste et immortel. Ainsi les humains peuvent se
rendre
compte
de
la
bonne
manière
de
vivre.
Les
considérations sur l’existence de Dieu les aident dans
l’expérience des bienfaits, de la transcendance et de la
perspicacité. On a raison de comprendre que les croyants
aspirent à la vie libre, à l’état de grâce. Leo Baeck 574
(1883 - 1956) indique dans son livre que, en éprouvant une
connexion entre la vie privée et la divinité, la personne
ressent naturellement une responsabilité et une obligation
logique, exprimées par une pratique religieuse
575
. Cela
fait que les croyants attachent une grande importance à
une
purification
mentale.
Dans
le
christianisme
s’est
574 rabbin allemand, érudit et chef de file du judaïsme progressiste 575 Leo Baeck, L'essence du judaisme, traduction en chinois FU Yongjun, YU Jian, Presse d’Université de Shandong, 2002, ISBN: 7560722393, 9787560722399, pages 18 -­‐ 19 388
développée
une
série
de
règles
sur
la
confession.
La
dignité et la spiritualité de Dieu emmènent à son peuple
l’espoir et l’accord entre la loi divine et la mentalité.
Comme la loi divine a gagné le cœur da la communauté des
croyants, lorsque une personne agit de façon opposée aux
règles sacrées, la personne trahit le système des règles
et de la portée de ses règles. La loi divine a une place
tellement essentielle que la confession est devenue un
acte spontané qui renforce la croyance.
On prend également intérêt à analyser les disciplines
négatives.
On
trouve
des
expressions
(bu’zhong - déloyal), 不 信
(bu’xi
-
d’emploi
abandonné
du
mot
de)
不 忠
que
(bu’xin - insincère), 不 习
apparues
penche
telles
plutôt
auparavant.
vers
Ce
genre
l’indication
des
comportements positifs. Au contraire, le Pentateuque offre
de
nombreuses
règles
négatives,
ou
autrement
dit
des
tabous. Le Lévitique par exemple contient une série de
restrictions
dans
les
chapitres
XVIII,
XX,
XXI.
Les
comportements indiqués sont d’interdiction absolue, ils
correspondent
aux
actes
dont
il
est
préférable
de
s’abstenir dans les Entretiens. L’auteur du Pentateuque a
placé les disciplines religieuses sous l’autorité de Dieu.
Ce dernier a ainsi rendu les disciplines sacramentelles.
En comparant avec les Entretiens, le Pentateuque montre
une connaissance de l’humanité avec plus de profondeur. La
culture occidentale est fondée sur l’orientation vers les
bienfaits, et à la fois l’élimination des méfaits. On
marque
ici
la
différence
distinctive
entre
les
deux
cultures.
389
5.4. LES MOTS BIENVEILLANTS POUR CONSEILLER LE
MONDE
Depuis l’entrée à Chang’an 576 pendant Zhen’guan (627 –
649) de la dynastie Tang (618 - 907), le christianisme
compte jusqu’à aujourd’hui plus de 1300 ans d’histoire de
circulation en Chine. La question à laquelle tous les
missionnaires font face, concerne l’introduction de leur
croyance dans le contexte chinois et le changement de
langue d’expression. Les missionnaires envoyés en Chine et
les
croyants
contributions,
locaux
ont
incluant
tous
par
essayé
exemple
d’offrir
leurs
l’explication
du
christianisme en s’appuyant sur le bouddhisme et sur le
taoïsme de la dynastie Tang (618 – 907), l’explication du
christianisme
en
s’appuyant
sur
le
Confucianisme
des
dynasties des Ming et des Qing (1368 – 1912), ainsi que
des stratégies missionnaires telles que “l’inculturation”
“l’indigénisation” et aussi “la contextua-lisation”. Le
but de ce chapitre est de rechercher, à partir d’un livre,
les problèmes dans le changement linguistique.
Les mots bienveillants pour conseiller le monde écrit
par Liang Fa 577 (1789 - 1855) est un choix idéal pour les
raisons
suivantes:
le
statu
social
de
l’auteur
dans
l’histoire chrétienne chinoise; la proche relation entre
ce livre et la Bible; l’influence du livre dans l’histoire
contemporaine chinoise.
Les
longtemps
recherches
enclinés
abordant
aux
ce
livre
synthèses
étaient
sur
depuis
l’influence
historique du livre dans la révolte des Taiping (1851 576 ancienne capitale, connue aujourd’hui sous le nom de Xi’an 577 ministre protestant et evangeliste chinois 390
1864). On va analyser dans le paragraphe suivant au niveau
textuel son rapport à la Bible.
Image de Liang Fa
Source: www.jidunet.cn (site “web chretien”)
391
5.4.1 HÉRITAGE DE LA BIBLE
Les
encombre
environ
mots
au
bienveillants
total
soixante
plus
de
billets
pour
conseiller
cent
milles
divisés
en
le
monde
caractères
neuf
et
chapitres.
D’après les statistiques, Liang a cité directement environ
cinquante fois le Nouveau Testament (presque une citation
dans chaque billet); plus de vingt fois l’Ancien Testament,
surtout le livre de Genèse, le livre d’Isaïe, le livre des
Psaumes. Il est évident que le livre de Liang n’est pas un
simple
copier-coller
de
la
Bible,
mais
plutôt
une
sélection de ce qu’il considérait comme plus efficace pour
la propagation chrétienne. Comme complément des citations,
Liang a ajouté dans le livre ses propres compréhensions et
interprétations.
5.4.1.1 Citation
La
citation
du
texte
biblique
est
le
moyen
de
reproduction le plus fréquent. Il est possible de diviser
ce moyen, selon les caractères du texte biblique et le but
de la citation, en quatre catégories.
Premièrement, Liang utilisait une phrase ou un petit
morceau de texte comme départ de ses lectures. Cela est le
genre le plus usuel. On trouve ce style d’organisation
dans bien de ses textes, par exemple dans les premiers
quinze billets du chapitre cinq (ce chapitre offre des
critiques bibliques mélangées).
Deuxièmement, Liang établissait son sujet d’intérêt en
s’appuyant
citation
sur
dans
des
citations.
son
premier
On
constate
billet.
Liang
ce
type
de
a
rapporté
392
l’ensemble du chapitre trois du livre de la Genèse. Sa
lecture fondée sur l’histoire du Jardin d’Éden indiquait
la désobéissance du premier couple qui a emmené à l’espèce
humaine le péché originel.
Troisièmement, l’emploi des citations au milieu ou à
la fin de lecture servait souvent pour l’auteur d’argument
autoritaire ou de conclusion finale. On compte en tout
cinq citations comme arguments et trois comme conclusions.
Par exemple dans le deuxième billet, afin d’insister sur
l’importance de négliger toutes les idoles et de servir
complètement Dieu, Liang a cité comme soutien de son point
de vue “...et toutes les images de ses dieux sont brisées
par terre!578” du livre d’Isaïe. Ou lorsque Liang discutait
du bien et du mal, de la punition laïque et de l’attente
de la vie prochaine, on trouve la conclusion “Ne craignez
pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme;
craignez plutôt celui qui peut perdre l'âme et le corps
dans la géhenne. 579 ”. L’auteur a rajouté après le texte
cité que les gens devaient se détourner de l’estimation
d’autrui et qu’il fallait mettre en valeur le jugement
équitable de Dieu.
Quatrièmement,
chapitres
L’auteur
bibliques
a
emprunté
directement
comme
l’ensemble
billet.
des
Ces
citations du texte complet servent généralement à définir
le thème de plusieurs billets. Cela a causé des disputes
sur la liberté du choix des chapitres à citer. Mais Liang
a certainement donné des réflexions sur les textes à citer
et sur l’endroit où les placer. Prenons comme exemple la
578 livre d’Isaie, chapitre XXI: 9. Ancien testament, version Louis Segond 1910 579 Évangile selon Matthieu, chapitre 10 : 28, traduction en français par le chanoine Crampon 393
citation du chapitre XXII du récit des Actes des Apôtres
que Liang a introduite dans le chapitre six de son livre.
Le chapitre six Des mots bienveillants pour conseiller
le monde est consacré dans l’autobiographie de Liang au
déroulement
de
sa
conversion
et
à
ses
expériences
de
propagation de la foi. Le chapitre XXII du récit des Actes
des Apôtres est annexé à ce mémoire. Pour quelle raison a
Liang
a-t-il
choisi
le
chapitre
XXII?
Le
texte
cité
concerne la défense de Paul sous de sérieuses pressions.
La conversion biblique de Paul était l’évènement le plus
important dans cette histoire. En plus, cette partie a
déjà figuré à plusieurs reprises dans le récit. En citant
ce chapitre, Liang a pu établir une comparaison et une
confirmation mutuelle entre Paul et lui-même. En tant que
missionnaire,
les
deux
ont
vécu
le
passage
de
la
négligence à la croyance au christianisme. Les pressions
venant des autorités et les discours de défense pour leur
religion
choisie
qu’ils
ont
donnés
sont
aussi
leurs
expériences partagées. En introduisant l’histoire de Paul,
Liang a réussi à se rendre plus convaincant devant les
lecteurs.
L’introduction
du
chapitre
biblique
a
décrit
l’expérience de Paul juste après sa propre histoire vécue,
on doit dire que Liang connaissait bien la manière de
créer
des
échos
parmi
ses
lecteurs
ciblés.
Liang
maitrisait l’art de la sélection et de l’arrangement du
texte biblique.
5.4.1.2 Implicitation
L’implicitation se trouve très fréquente dans le livre
de
Liang,
surtout
dans
les
descriptions
de
la
vie
de
Jésus-Christ. Dans le premier billet du chapitre deux,
394
dans le but de démontrer des preuves nombreuses de la
naissance du fils unique de Dieu, Liang a écrit580:
况且临诞出⽣生之时, 天上亦有众神使赞荣于空中, 显现地⾯面郊野
牧竖之辈, 即往觐之, 甚觉惊奇, 赞扬不已。 景星发耀于天空,
以⾄至天⽂文师等观景星并耀奇异,即⾃自东跟随⾄至西, 越千⾥里⽽而来拜献。
⼆二哲⽼老蒙神天上帝默⽰示, ⼊入神堂抱圣婴乃欣喜。 年甫⼗〸十⼆二, 登神
堂辩问圣经奥妙之旨, 致令凡听之者,骇愕⽽而惊奇。581
(À
sa
naissance,
les
divins
célébraient
la
nouvelle en allumant le ciel. Les bouviers qui
travaillaient dans les alentours sont venus pour
se présenter devant Jésus-Christ. Les gens venus
étaient
tellement
émerveillés
que
leurs
félicitations fussent continues. L’étoile propice
brillait si fort dans le ciel, que des maîtres
d’astronomie ont été étonnés. Ils ont voyagé de
l’est
à
l’ouest
suivant
l’étoile
propice
afin
d’offrir leur prosternation. Avec la permission de
Dieu, les gens joyeux sont entrés dans la salle
sacrée pour porter le bébé divin dans les bras. À
peine
douze
ans,
Jésus-Christ
fréquentait
les
édifices où l’on discutait du contenu de la Bible.
Tous
ceux
qui
ont
eu
la
joie
d’écouter
ses
discours, étaient profondément étonnés et surpris.)
Il nous est facile de noter que la première phrase de
Liang est en fait une description abrégée du chapitre II:
580 Liang écrivait dans la langue demi-­‐traditionnelle, l’emploi du mot et la grammaire ne sont pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui. 581 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 17 http://jds.cass.cn/UploadFiles/zyqk/2010/12/jdszl39.pdf 395
8 – 15 de L'Évangile selon Luc; deuxième phrase chapitre
II:
1
-
12
dernières
de
L'Évangile
phrases
selon
chapitre
II:
Matthieu ;
22
–
38,
les
41
–
deux
52
de
L'évangile selon Luc. Les récits des Évangiles ont été
très bien incorporés dans l’œuvre de Liang. Liang a établi
sa composition de texte par des éléments bibliques sans
citation.
Les
pourraient
se
lecteurs
rendre
familiarisés
compte
de
la
avec
la
ressemblance.
Bible
Sinon
l’implicite du texte serait difficile à saisir.
Une telle façon de composer demande à l’auteur de
choisir
des
textes
utiles
tout
en
s’appuyant
sur
son
savoir du texte d’origine. En utilisant l’implicitation,
l’auteur invite ses lecteurs de combler le vide culturel
par des textes ouverts.
5.4.1.3 Intérêt d’exposé
La
rédemption
des
gens
pécheurs
était
le
centre
d’intérêt de Liang depuis le début de sa vie chrétienne.
Cela se manifestait non seulement dans son écriture, mais
aussi
dans
observe
la
que
sélection
Liang
des
préférait
matériaux
le
bibliques.
Nouveau
Testament
On
à
l’Ancien. Il a parlé quelquefois du livre de la Genèse;
des textes du livre d’Isaïe ont été cités, ainsi que les
prophéties
sur
la
naissance
de
Jésus-Christ.
Mais
les
contenus de l’ancien testament ont été mélangés dans son
livre
avec
Autrement
l’ancien
Nouveau
textes
ses
dit,
et
le
explications
sur
le
on
voit
pas
de
En
même
nouveau.
testament
étaient
ne
ont
été
considérés
Nouveau
testament.
distinction
temps,
les
entre
textes
largement
adoptés,
car
comme
rapport
avec
en
du
ces
la
description de la vie du fils unique de Dieu et avec
396
l’importance de la rédemption. Ce qui explique aussi le
manque de l’Évangile selon Jean dont le sujet s’écarte est
différent de celui des autres.
5.4.1.4 Faute de lecture
Le terme “faute de lecture” est généralement employé
pour décrire un effet négatif. Ici, on l’utilise pour dire
les
déviations
et
les
additions
que
Liang
a
faites
à
partir du sens du texte originel. Ce phénomène peut être
inacceptable
point
de
aujourd’hui.
vue
de
la
Mais
à
réception,
ce
un
moment
texte
précis,
du
partiellement
“incorrect” peut d’être plus utile qu’une version exacte.
Dans Les mots bienveillants pour conseiller le monde,
la
déviation
d’interprétation
se
manifeste
de
deux
manières: l’interprétation du christocentrisme du contenu
de l’ancien testament; le discours rajouté par Liang au
nom des saints. Par exemple la citation du livre d’Isaïe,
Quand
ils
vous
diront:
"Consultez
ceux
qui
évoquent les morts, et les devins qui murmurent et
chuchotent," répondez: "Un peuple ne doit-il pas
consulter son Dieu? Consultera-t-il les morts pour
les vivants?582
Ce paragraphe concernant la croyance en un Dieu unique
Jéhovah
chez
a
connu
Liang.
Il
une
interprétation
l’a
utilisée
comme
de
christocentrisme
dialogue
entre
un
ignorant de la gloire biblique et un dévot de Jésus-Christ.
En plus de la déviation de la portée du texte, Liang
582 Livre d’Isaie, chapitre VIII: 19, traduction par le chanoine Crampon 397
offrait des narrations de justification en empruntant le
nom de Jésus-Christ ou de Paul, lesquelles on ne trouve
nulle part dans la Bible.
L’addition signifie que le livre de Liang représentait
sa propre compréhension de la Bible. Citons l’exemple le
plus évident. Liang parlait de la raison pour laquelle
Nicodème “vint de nuit trouver Jésus583 ”. Il expliquait :
屡次欲求见救世主的威容, 亲聆⼤大教, 因惧同道诸友戏笑, 是以⽇日
间不敢去求见, 乃在夜⾥里遂去求见之。584
(Dans
plusieurs
occasions,
il
voulait
vivement
regarder de ses yeux la présence majestueuse du
Sauveur,
écouter
de
ses
oreilles
ses
lectures
prestiges. Mais il avait peur des plaisanteries
des ses collègues chrétiens. Alors il a décidé de
rendre visite au Sauveur pendant la nuit au lieu
du jour.)
5.4.1.5 Infiltration de la culture traditionnelle
chinoise
Au long du déroulement de la critique du Confucianisme,
du bouddhisme et du Taoïsme et d’autres religions rurales,
le fond culturel traditionnel se traduisait sans cesse
dans
les
œuvres
de
Liang.
La
contextualisation
qu’on
connaît aujourd’hui donne une explication théorique de la
qualité hétérogène dans les compositions de Liang. Ainsi
583 Évangile selon Saint Jean, chapitre III:2, traduction en français par le chanoine Crampon. 584 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 31 398
on voit dans sa version de la Bible sinisée des termes
empruntés venant des autres religions, tels que 神 (shen le divin) 天 (tian - le ciel) 帝 (di - l’empereur) dans le
système traditionnel chinois; l’opinion que l’homme est né
avec un sens moral inné du Confucianisme; la notion de
l’enfer et du karma venant du Bouddhisme, etc. Certes, son
livre a une couleur hétérodoxe. Mais Liang n’a jamais
trahi
ni
monothéisme , ni
le
la
thème
du
péché
et
de
l'expiation.
Une
feuille
de
570
x
330
mm
des
mots
bienveillants
pour
conseiller le monde. L’écriture en haut dit : A Chinese phraze
[mot illisible] to good deeds used as a heading for presenting
[mot illisible] truth. Le suivant dit : F.J. Bradshaw Nov. 12,
1901.
Bradshaw était un missionnaire à Sichuan de 1894 à 1903.
Le titre du livre se lit de droite à gauche. Il est aussi
intéressant de noter en haut à droite une publication de 真道堂
(zhen’dao’tang
–
Maison
de
la
Voie)
qui
était
en
fait
un
service médical.
399
400
5.4.2 EMPLOI DE LA BIBLE
5.4.2.1 Péché
Pour la Bible et le christianisme, le péché signifie
la trahison des intentions divines ou la relation éloignée
entre les humains et Dieu. Liang a fondée ses exposes
concernant
cette
relation
sur
l’origine
du
péché,
l’idolâtrie et ses conséquences.
-- Origine du Péché
Liang a commencé la discussion sur l’origine du péché
par l’interprétation des récits du livre de Genèse. Dans
son premier billet, Liang a cité l’histoire du Jardin
d’Edam pour révéler avec un regret profond la révolte
humaine contre l’intention de Dieu et la nature du péché
des humains.
缘此因亚丹⼀一⼈人犯了天条⼤大律之罪,遂引灾难艰苦⼊入世界之中,⽽而因
犯罪, 以致凡属⼈人类者,皆有死流及于众⼈人也。。。。。。盖世⼈人
犯罪恶之污,谁能由污秽之物,⽽而取出洁净者乎?。。。。。。都因
原始男⼥女⼆二⼈人,固犯天条⼤大律⽽而⾄至,即万类雌雄,故由恶欲交媾受孕
⽽而成胎。是以世上之⼈人,⼀一出娘胎就有恶性之根。婴⼉儿幼少壮劳等⼈人,
其⾁肉⾝身⾎血⽓气之性,没有⽆无恶性之情, 因此世⼈人必要受死之苦,总不
能逃脱此难也。585
585 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 12 401
(Pour telle raison Adam a commis le crime grave
contre les lois célestes. Il a ainsi apporté les
catastrophes et les souffrances sur la planète.
Suite
aux
crimes,
tous
ceux
qui
sont
humains
doivent subir la mort... Lorsque personne ne peut
se libérer du péché, qui donc pourrait indiquer
une personne innocente dans ce monde de saleté?...
tout avait pour cause le premier couple du monde
et leur crime commis. Toutes les existences, les
mâles et les femelles, nées par la copulation sous
influence de leur désir vicieux, trouvent en soi
le péché. Ainsi tout le monde est caractérisé par
le péché dès la naissance. Les nouveaux nés, les
jeunes, les mûrs, parmi tous les gens formés du
chair et sang, personne ne s’exonère des maux.
Ainsi tous les êtres humains sont soumis à la
pénalité de la mort, sans jamais s’échapper de ce
désastre. )
On observe que Liang a égalé l’origine du péché à la
corruption d’Adam et Ève. Une fois que les gens sont nés
avec en eux la racine des vices, personne ne peut se
proclamer vertueux devant Dieu. Cela a ensuite détruit la
bonne relation entre les humains et Dieu, par conséquent
notre espèce était désormais exclue du bonheur infini. Le
discours de Liang s’accorde parfaitement avec la doctrine
du péché originel. Regardons.
Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est
entré dans le monde, et par le péché la mort... Et
ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce
que tous ont péché.586
586 Épître de Saint Paul apôtre aux Romains, chapitre 5 : 12 402
Le
fondateur
de
l’exégèse
de
la
notion
de
péché
originel Augustin d'Hippone587 (354 - 430) indique dans son
livre intitulé la Confession:
Puisque personne n’est pur de péché devant toi,
pas même le petit enfant dont la vie n’est que
d’un jour sur la terre...588
On trouve également des soutiens de la transmission du
péché original dans la Bible. Par exemple:
De même en effet, que par la désobéissance d'un
seul homme, tous ont été constitués pécheurs, de
même
par
l'obéissance
d'un
seul
tous
seront
constitués justes.589
Selon Liang Fa, le monde est né avec le vice. En plus,
l’égocentriste aggrave la condition humaine. En ce qui
concerne la raison pour laquelle le premier couple s’est
fait piéger dans de circonstances dégradantes, autrement
dit la raison du choix de désobéissance à Dieu, Liang
croyait à deux causes: la tentation de l’extérieur et
surtout le désir interne.
听从蛇魔所诱惑妄想⼀一⾷食此树之果, 即欲同神天上帝的全知之明,
顿起贪⼼心, 重违严命。590
587 philosophe et théologien chrétien 588 Saint Augustin, Confessions (I-­‐III), traduction en francais par Jean-­‐Claude Fraisse, Hatier. Format PDF mis en ligne par PhiloSophie, 2014, page 47 http://www.ac-­‐grenoble.fr/PhiloSophie/file/augustin_fraisse.pdf 589 Épître de Saint Paul apôtre aux Romains, chapitre 5 : 19 590 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 41 403
(Ils se sont laissés prendre par la tentation du
diable Serpent Ils se sont bercés de l’illusion
qu’il suffisait de manger le fruit de cet arbre
pour être omniscients comme Dieu. Alors pris par
la cupidité, ils ont sérieusement transgressée les
fermes principes de Dieu.)
Le diable Serpent, autrement connu comme 魔 ⿁鬼 (mo’gui
- le démon) ,
邪魔
(xie’mo - le diable vicieux) ,
邪神
(xie’shen - le dieu méchant), est sans aucun doute le
facteur
extérieur.
La
cause
radicale
est
quand
même
l’illusion et la cupidité. Liang a mentionné la prise de
décision erronée sous l'impulsion du premier couple
591
,
comme si le péché n’était pas leur destin. Mais on voit
clairement que cette impulsion est une sorte d’arrogance
et d’égocentrisme. Karl Paul Reinhold Niebuhr 592 (1892 1971) gardait un avis probablement plus proche que celui
de Liang. Il pensait que la commission de crime avait pour
cause l’égocentrisme et le souhait de devenir Dieu. Ce
sont les raisons principales des activités criminelles des
humains 593 . La chute dans toutes sortes de vices, aux yeux
des missionnaires comme Niebuhr et Liang, est causée par
la négligence de Dieu tout-puissant.
En complément du fait que la dégradation a apporté à
l’espèce humaine la nature des maux, Liang y voyait la
cause des vices sociaux et de leurs effets de servitude.
591 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 2 592 théologien américain protestant 593 Philosophies chretiennes, leçon sept. Format PPT, centre de recherches sur le christianisme de l’Université Fudan, page 71 http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=5&ved=0CD
0QFjAE&url=http%3A%2F%2Fbigyi.fudan.edu.cn%2Fcn%2FViewArticleDetail.a
spx%3FID%3D227&ei=8ya8VMPIM8zrUrTHgJgM&usg=AFQjCNHJYhAhhZf_pcXip
J4AYxSK5yyJ7w&bvm=bv.83829542,d.d24 404
Il critiquait fort souvent dans son livre la dépravation
des mœurs. Citons les passages suivants:
只知⼈人之恶逆, 乃有⼤大半皆系习俗狥风所⾄至。594
(Tout ce qu’on sait dire est que les conduites
vicieuses, dans la plupart des cas, sont causées
par les coutumes et les tendances malsaines.)
⼠士农⼯工商及富贫男⼥女各⼈人, 迷惑了虚灵之志, 死⼼心塌地, 彼此跟
随 , 越 拜 越 真 。 若 有 不 拜 各 神 佛 之 像 者 , 反 被 众 ⼈人 耻
笑。。。。。。595
(Les soldats, les paysans, les ouvriers et les
marchands, ainsi que les riches, les pauvres, les
hommes et les femmes, tout le monde est tombé dans
l’oubli
de
irréductibles
l’ambition
positive.
s’accompagnaient
dans
Les
leur
gens
fausse
route d’idolâtrie. Au cas où une personne osait ne
pas
exercer
la
vénération,
tous
les
autres
se
moquaient d’elle. )
On note la mise en valeur de l’effet des entourages
envers l’individu. Liang estimait qu’au long du temps, se
démontrait de plus en plus clairement le développement des
vices. L’effet du triomphe des bienfaits possible au début
de la vie diminue de génération en génération.
594 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 106 595 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 6 405
外 物 诱 惑 , 习 染 成 性 , 恶 意 ⽇日 增 , ⽽而 仁 义 理 智 之 灵 渐
灭。。。。。。纯善之性亦息。596
(Sous
la
tentation
de
sont
devenus
comportements
l’extérieur,
les
les
habitudes.
L’accroissement des vices éteignait jour par jour
l’esprit
de
la
bienveillance,
la
justice,
la
philosophie et la sagesse...la nature vertueuse a
connu une histoire pareille. )
-- Vices
Les deux premiers billets du chapitre I se portent sur
les
critiques
contre
l’idolâtrie.
Selon
l’habitude
chinoise, on peut constater l’importance attachée à ce
sujet
par
l’ordre
d’organisation
de
Liang.
L’idolâtrie
était considérée comme une fausse croyance qui prenait
comme
sujet
créateur
de
unique.
commandement
du
la
dévotion
On
les
connaît
Décalogue.
créatures
par
Il
est
cœur
et
le
évident
pas
le
premier
que
le
Pentateuque désigne l’idolâtrie comme l’ennemie la plus
grande
l’effet
contre
l’unitarisme.
d’opposition
de
ce
Liang
Fa
a
également
vice.
Il
s’est
lancé
noté
dans
l’attaque contre par exemple Wenchangdijun 597 , Kui Xing 598
(dieux du Taoïsme, ce système considérait Confucius comme
un saint) les Trois Purs599, les Trois gouverneurs600 (dieux
596 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 61 597 dieu chinois, dieu des lettrés 598 dieu chinois, auprès du dieu des lettres 599 rois dieux les plus élevés du panthéon taoïste : Le Vénérable Céleste du Commencement Originel, le Vénéré Céleste du Trésor Spirituel, le Vénéré Céleste des ancetres 600 gouverneurs du Ciel, de la Terre et des Eaux 406
du Taoïsme) ainsi que les images et les statues adorées
par tous les métiers. Liang Fa indique dans son livre
qu’il faut:
丢弃各样假神菩萨之像, 转意归向崇敬神天上帝为主。601
(Abandonner toutes les images et les statues des
faux
dieux
et
bouddhas,
redresser
la
dévotion
envers Dieu, sans autre dieu.)
À part l’idolâtrie, Liang a fourni ses avis sur bien
d’autres péchés empêchant de se diriger vers Dieu. Dans la
catégorie
de
la
l’irréductibilité,
vie
le
morale,
sybaritisme,
il
a
critiqué
l’arrogance,
la
vénalité etc.; en ce qui concerne la croyance religieuse,
la divination, l’interprétation des rêves, le Fengshui, la
physiognomonie etc. Il a également classé les gens en deux
groupes: ceux qui croient en Dieu, ceux qui ne croient pas
en Dieu. Parmi les gens du second groupe, les uns qui ont
eu expériences de la religion sans se redresser portent un
vice plus sérieux, ainsi sera plus lourde leur punition.
Mais il faut accepter que selon Liang Fa, personne d’était
innocent (la différence consiste en l’énormité de péché),
et que tous devaient subir un résultat désastreux.
601 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 16 407
-- Conséquences
Lorsqu’on parle de l’introduction des vices sur la
terre, on discute en fait de la première conséquence du
péché originel. En même temps, Dieu n’a pas lié le péché
avec l’humain pendant la création. Jéhovah a décidé de
punir
les
humains
pour
leur
indiscipline.
Le
péché
originel a non seulement empoisonné les générations des
gens, mais aussi il a provoqué les vices sociaux. Cela est
en accord avec la philosophie traditionnelle chrétienne.
Une autre conséquence du péché est représentée par les
punitions,
telles
que
la
mort
du
corps
humain
et
les
souffrances. À la différence du Confucianisme, Liang ne
prenait pas la mort comme la fin naturelle.
-- 死⽣生有命,富贵在天602
...j’ai
entendu
dépendent
du
dire
destin,
que
que
la
les
vie
et
la
richesses
mort
et
les
603
honneurs dépendent du Ciel.
Au contraire, Liang insistait que la mort fût une des
punitions lancées par Dieu. Il est clair que Liang n’a pas
fait de distinctions entre les limitations humaines et les
vices;
en
conséquent,
toutes
les
souffrances
étaient
associées au péché. D’un autre point de vue, les punitions,
selon Liang, étaient une forme de délivrance très efficace.
Ainsi les critiques sur les vices exposées dans le livre
de
Liang,
irrémédiable,
au
lieu
mettaient
de
en
la
conviction
valeur
la
d’une
nécessité
chute
de
la
libération des humains.
602 Les Entretiens, XII.5 603 Les Entretiens de Confucius XII.5, traduction en français par Séraphin Couvreur 408
Quant aux punitions, Liang les divisait en punitions
d’ici-bas et en punitions après la mort. Liang évoquait la
première catégorie en disant:
恶⼈人在世上未定其罪,未罚其恶,待死后才刑罚之者,神天上帝亦欲
其或能醒悟痛改恶逆,回⼼心依赖救世主之功,则赦其罪,免受永世之
苦。604
(Il est possible que les hommes vilains ne soient
pas déclarés coupables ou punis pour leurs crimes
durant la vie. Ils vont certainement subir les
tortures
après
la
mort.
Dieu
veut
qu’ils
se
rendent compte de leurs comportements et qu’ils se
convertissent au christianisme grâce aux efforts
du Sauveur. De cette manière les vilains pourront
avoir leur pardon, et éviter la souffrance pour
toujours.)
L’attitude de l’indifférence de Dieu envers les crimes
temporels des humains a donc pour fin de laisser aux gens
encore
du
temps
pour
se
repentir.
Cette
estimation
s’accorde avec l’accentuation de la nature de charité de
Dieu. Autrement dit, le manque des mesures de punition
dans la vie d’ici-bas ne différait guère la justice de
Jéhovah.
En
fin
de
compte,
les
tortures
dans
l’enfer
exercées après Le Jour du Jugement Dernier rattrapent au
maximum les sanctions appropriées.
De
la
sorte,
Liang
accentuait
de
beaucoup
les
punitions après la mort en soulignant la brutalité des
tortures dans l’enfer. Il le décrivait comme un endroit de
604 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 93 409
la salissure n’ayant rien d’autre que le feu éternel, la
brûlure de soif et les supplices; L’enfer gardait à jamais
les esprits des pécheurs sans corps humain. Ce portrait de
l’horreur dans l’enfer et l’évocation appuyée des tortures
concernent tous les hommes au Jugement Dernier, quel que
soit leur croyance. Tout en dissuadant du péché et en
guidant le monde dans la dévotion chrétienne, Liang a
offert ses réponses sur la perte par les pécheurs et leurs
récompenses.
5.4.2.2 Rédemptions
Liang
considérait comme la racine du péché les êtres
humains. Peu importe le péché originel, l’égocentrisme ou
les
péchés
sociaux,
la
source
des
vices
venait
de
l’intention humaine et du choix libre personnel. Pénétré
de
cette
idée,
Liang
était
convaincu
que
Jésus-Christ
était le seul intermédiaire de la délivrance; en même
temps
les
hommes
étaient
libres
de
leur
choix.
Liang
insistait donc sur l’importance de la volonté dans la
rédemption.
-- Grâce de sauvetage de Jésus-Christ
Aux yeux de Liang Fa, Jésus-Christ était sans aucun
doute le Sauveur du monde. Ainsi la reconnaissance de sa
souffrance était la première étape pour l’acquisition du
pardon et la libération de l’esprit. De la sorte, Liang a
consacré plusieurs billets à propos des récits concernant
le
Sauveur
et
leurs
portées.
La
naissance
de
Jésus
signifiait l’abandon de son statut de la gloire ultime; sa
descente sur la terre avait pour but de:
410
令世⼈人观之有法, 效之有则, 不致终迷于邪恶之道, ⽤用沈地狱之
苦。605
(...offrir
aux
humains
un
présentateur
des
disciplines pour qu’ils puissent le prendre comme
modèle. De cette manière les gens ne vont plus se
perdre sur la route vicieuse qui finit par les
misères dans l’enfer.)
L’évangélisation
de
Jésus
servait
à
convaincre
les
gens d’adorer Dieu et à leur faire comprendre l’importance
du réveil de l’âme; Le sommet de son œuvre comme sauveur
était
le
jour
de
la
crucifixion
et
de
la
mort;
la
résurrection de Jésus-Christ marquait la révélation de son
rôle
d’intermédiaire
entre
Dieu
et
les
humains.
Liang
parlait souvent de trois principes : le respect de Dieu,
la conscience de l’importance de l’âme et la croyance en
la
rédemption
important
aux
de
yeux
Jésus.
de
Ce
Liang
dernier
(à
un
paraît
certain
le
plus
degré
plus
important que la création du monde de Jéhovah).
Le missionnaire chinois n’a pas négligé la relation
entre l’exécution de la rédemption et l’intervention de
Dieu.
D’après
lui,
la
raison
pour
laquelle
Dieu
n’accordait pas à tout le monde son pardon était sa nature
d’impartialité et d’équité; la grande bonté de Dieu a
évité l’extinction des pécheurs; Dieu juste et charitable
a envoyé son fils unique au monde humain pour substituer
la pénalité de la mort appliquée aux gens coupables. La
crucifixion
et
la
résurrection
de
Jésus-Christ
étaient
considérées comme les manifestations de la volonté de Dieu.
605 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 16 411
-- Libre arbitre
D’après les billets de Liang, on constate que son idée
sur la rédemption ne se termine pas à la révélation de la
grâce
de
Jéhovah.
Il
parlait
de
la
réponse
de
chaque
personne. La condition à satisfaire pour avoir le pardon
consiste en de bonnes actions et en qualités morales et à
la qualité morale. Dans le système théorique de Liang Fa,
Dieu n’a jamais présélectionné un groupe de personnes qui
n’auraient
jamais
gagné
son
pardon.
La
grâce
de
la
crucifixion est ouverte à tous. Chaque humain a le droit
de choisir librement de l’apprécier. Il a dit dans son
livre :
祸者, 顺⼈人欲, 从世俗, 不信耶稣, 此之谓祸之源也。 福者,
认识神天上帝, 遵守真道, 敬信耶稣, 存⼼心为善者, 此之谓福
之道也。 斯⼆二者, 由⼈人⾃自取之。 永祸永福, 亦由是⽽而赏罚之⽿耳。
606
(Le malheur prend la forme de la soumission aux
volontés et au philistinisme, de la méfiance à
l’égard
du
Jésus-Christ.
Voici
la
naissance
du
malheur. Le bonheur est lié à la croyance en Dieu,
au respect des règles divines, à la foi en Jésus
et à l’application aux bienfaits. Voici la voie du
bonheur.
Quelle
route
choisir,
la
décision
est
libre. Le malheur et le bonheur à jamais sont
réalisés
respectivement
par
la
punition
et
la
récompense. )
606 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 122 412
Son point de vue était partagé par John Wesley607 (1703
- 1791) qui soutenait la doctrine de la Réconciliation
Universelle. Du fait que Wesley était l’homme d’influence
dans la Communion anglicane, il est normal que son membre
Liang Fa ait gardé un avis pareil. Les interprétations
fournies par Liang embrassaient l’idée du libre arbitre.
C’est-a-dire que les êtres humains ont la liberté de se
laisser
tomber
dans
l’enfer.
Ils
ont
à
la
fois
la
potentialité de devenir saints en respectant les lois de
Dieu. Hélas, l’abus de cette liberté a entrainé l’espèce
humaine aux vices. Mais dans la théorie de Liang, la ferme
croyance en la grâce de rédemption assure la délivrance.
Liang
n’était
pas
le
défenseur
de
la
doctrine
de
Prédestination. Selon lui, la faveur de Dieu n’est pas
exclusive. Dieu ne désigne pas (même si il en est capable)
le
destin
de
chaque
personne.
La
décision
se
fait
en
dépendant du choix d’acceptante ou de refus de la grâce de
Dieu.
-- Réponse des humains
Liang prenait en considération l’aveu du péché et la
résipiscence comme le premier pas de la réponse à la grâce
de
Dieu.
Il
rajoutait
comme
nécessités
la
bonne
connaissance sur l’âme, les bienfaits et la croyance.
La bonne connaissance sur l’âme, jugée d’une première
importance, se traduisait par la conscience du fait que le
sacrifice
de
Jésus
avait
pour
but
de
dispenser
des
pénalités éternelles des âmes des pécheurs. Il a dit:
607 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, prêtre anglican britannique 413
⼈人有两个⽣生命, ⾁肉⾝身⼀一, 灵魂⼀一608
(L’homme possède deux formes de vie, l’une est le
corps humain, l’autre est l’âme.)
(灵魂)...乃系⼈人⼼心虚灵不测之妙神, 由神天上帝赋予⼈人⾝身内的明
悟, 记含,爱欲之情也609
(L’âme
est
une
divinité
incommensurable
d’intelligence. Dieu l’a conféré aux hommes dans
leur corps pour la perceptibilité, la mémoire et
l’affection.)
Dans le dualisme de Liang à propos du corps et de
l’âme, cette dernière est immortelle. La vie beaucoup plus
longue de l’âme porte ainsi une valeur plus grande. Après
la mort, tous doivent soit être accueillis dans le Paradis,
soit tomber dans l’enfer. De la sorte, Liang a accentué la
rédemption
de
l’âme,
une
forme
de
vie
tellement
appréciable que Dieu a demandé à son fils unique de vivre
les tortures pour la préserver. Sans conscience de la
valeur
de
l’âme,
les
pécheurs
ne
pouvaient
pas
faire
connaissance de Jésus, sans parler d’être sauvés.
Quant au christianisme, la rédemption est en fait la
question
des
mesures
à
prendre
dans
la
relation
harmonieuse avec Dieu. Tout en avouant la nécessité et la
grandeur
de
la
grâce
de
Jéhovah,
Liang
a
lancé
la
combinaison de la croyance et des bienfaits.
608 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 56 609 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 34 414
独有这样之⼈人, ⽣生在世上之时, ⽇日⽇日修⾝身积德, 存⼼心敬畏神天上
帝, 遵神天上帝圣诫⽽而⾏行, 信从救世主耶稣代赎罪之德, 依靠其
赎罪之功, 可以求得救罪之赦, 专⼼心从善。610
(Telle personne peut demander le pardon de Dieu et
se
concentrer
sur
l’application
des
bienfaits:
durant sa vie, l’homme cultivait son caractère et
accomplissait les bonnes actions. Il respectait
Dieu
d’une
comportait
façon
tellement
strictement
profonde
selon
les
qu’il
se
admonestations
divines. Il croyait à la grâce de la crucifixion
de
Jésus.
Et
il
assurait
sa
part
dans
la
rédemption. )
On note une fusion de la pensée confucianiste dans ce
discours.
Liang
processus
pour
a
décrit
être
sauvé
comme
point
“cultiver
son
de
départ
du
caractère
et
accomplir les bonnes actions”, qui est en fait une règle
de la moralité confucianiste. On observe donc un système
fusionnant l’Occident et l’Asie. La qualité distinctive de
l’interprétation de Liang Fa sur la rédemption est qu’il a
combiné des doctrines religieuses chrétiennes telles que
le fidéisme, la croyance au salut par la seule foi et les
approches dans la culture traditionnelle chinoise.
Liang estimait que les actions répondant à la grâce
devaient venir de l’adoration des croyants. Cela marque la
différence
avec
bienveillance.
la
Dans
doctrine
le
système
confucianiste
de
Liang,
le
de
la
sujet
de
première importance de l’adoration est sans aucun doute
Dieu
unique,
contre
la
proclamation
confucianiste
de
610 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, page 115 415
l’idée que la bienveillance signifie l’affection envers
les gens. Au niveau de la nature de cette adoration, Liang
soutenait la prise des actions suivant l’intention divine
d’aimer
le
prochain
Confucianisme
comme
définissait
soi-même;
la
en
nature
même
temps
d’adoration
le
par
l’honneur des personnes âgées venant d’autres familles de
la même manière qu’on honore les nôtres; la prise de soin
des enfants venant d’autres familles de la même manière
qu’on traite nos propres enfants.
5.4.3
MÉTHODE DE TRADUCTION
L’observation sur la compréhension et l’interprétation
de Liang concernant la Bible, nous permet d’établir les
caractérisations
l’expression
D’après
de
la
littéraire
Hans-Georg
piste
de
ce
Gadamer
de
croyance
premier
611
pasteur
(1900
-
et
de
chinois.
2002),
la
reconstruction des conditions appliquées à la naissance
d’un
ouvrage
est
en
effet
un
travail
supplémentaire
fondamental; l’essence d’histoire ne se trouve pas dans la
restauration
du
passé;
l’importance
réside
dans
la
communication spirituelle du présent612. Ainsi l’avancement
de cette thèse oriente vers les recherches approfondies,
en plus des analyses textuelles, sur la signification et
la valeur de l’interprétation biblique de Liang, autrement
dit sur la portée de son travail.
En employant le criticisme historique, on reconstruit
les points de vue de l’auteur. De la sorte, on est au
courant de la formation des constatations. Cela permet
611 philosophe allemand 612 Gadamer,Nicolas Walker, Truth and Method, traduction en chinois par Hong Handing, Presse de la Commerce, 2009, ISBN 9787100066181, pages 218 -­‐ 221 416
d’établir dans la recherche une cognition plus riche que
celle que les lecteurs du texte pourraient acquérir. Le
nouveau départ maintenant est l’explication des questions
textuelles rétablies. Autrement dit, la recherche ne doit
pas s’arrêter au niveau de la pensée de l’auteur et de la
littérature.
Il
faut
d’ailleurs
relever
la
valeur
des
activités d’interprétation de Liang comme un nouveau sujet
d’étude.
5.4.3.1 Traduction de “Dieu”
La traduction du terme Dieu était problématique depuis
longtemps.
Dans
le
texte
suivant,
on
va
analyser
la
méthode de Liang Fa. Le terme le plus souvent employé par
Liang est 神天上帝 (shen’tian’shang’di - l’empereur suprême
céleste). En tant qu’assistant de Robert Morrison613(1782 1834), Liang était probablement influencé par la version
de
la
Bible
traduite
par
Morrison
intitulée
神 天 圣 书
(shen’tian’sheng’shu - le livre sacré et céleste). En plus,
Morrison utilisait les termes de 神 (shen - le divin) 神天
上帝 (shen’tian’shang’di - l’empereur suprême céleste) 真神
上 帝 (zhen’shen’shang’di - le vrai empereur suprême) dans
son travail. Liang était bien familier de ces expressions.
Mais
la
décision
était
fondée
non
seulement
sur
la
référence à Morrison, mais aussi sur le fond culturel de
l’auteur. Autrement dit, Liang a voulu accorder à Dieu
toutes les qualités que présentaient les termes “ 神”(shen
- le divin) “天” (tian - le ciel) “帝”(di - l’empereur).
613 missionnaire écossais, premier missionnaire protestant en Chine 417
Dans les pensées traditionnelles chinoises, telles que
les Quatre Livres 614 et les Cinq Classiques 615 , le Taoïsme
de Laozi616 (600 av. J.-C. - ?) et Zhuangzi617 (369 – 286 av.
J.-C.) et le Moïsme 618 , le Ciel occupaient la place du
sujet d’intérêt à élaborer. Par exemple dans les quatre
livres et les cinq classiques:
—— 巍巍乎,唯天为⼤大619
Quelle
suprême
grandeur !
Seul
le
Ciel
est
hautes,
et
grand.620
—— 天作⾼高⼭山,⼤大王荒之。621
Le
Ciel
a
créé
les
montagnes
si
l’empereur les entraine sous l’agriculture.
—— 天⽣生蒸民,有物有则。622
Le Ciel donne naissance à une multitude des gens;
à chaque faculté et relation sont annexées les
lois.
614 La Grande apprentissage, La Doctrine de la moyenne, les Analectes de Confucius, et les œuvres de Mencius 615 Le Livre des Cantiques, Le Livre de l'Histoire, Le Livre des Changements, Le Livre des Rites et le Le printemps et l'automne annales 616 sage chinois, contemporain de Confucius 617 penseur chinois 618 doctrine philosophique dont le fondateur Mo Zi (479-­‐381 av. J.-­‐C.) 619 Les Entretiens, VIII.19 620 Les Entretiens de Confucius VIII.19, traduction en français par Séraphin Couvreur 621 Le Classique des vers-Odes of the temple and the Altar, poème 270 622 Le Classique des vers-Les odes majeures, poème 260 418
Dans
les
trois
exemples,
on
a
accordé
au
Ciel
la
transcendance, la création, le pouvoir d‘animer. Il est
certain que le Ciel ressemble beaucoup à Dieu. Lorsque
Liang introduisait une nouvelle conception en rappelant
toutes les qualités additionnelles du Ciel, la mémoire
d’un
souverain
lecteurs
traditionnel
envers
Dieu
réveillait
(étranger).
Le
la
mot
dévotion
帝
des
上 帝
ou
apparaissait aussi souvent que le Ciel dans les classiques.
Indiquant le dominateur suprême, le mot portait une triple
significations:
transcendant,
le
la
souverain
de
prépondérance
la
nature,
morale.
l’esprit
Datant
de
la
dynastie Shang (1570 - 1045 av. J.-C.), existait la notion
des
divinités
ancestrales
et
la
popularisation
de
la
vénération parmi leurs descendants. L’expression chinoise
que Liang a prise pour la traduction de Dieu regroupait
tous les termes d’excellences.
Jéhovah
descriptifs
et
Jésus
dans
la
ont
Bible.
en
On
fait
de
nombreux
en
cite
titres
plusieurs
dans
tableau ci-dessous.
Titre
Source
Éternel
Livre de Genèse 4:9
Dieu très-haut
Évangile selon marc 5:7
Dieu des armées célestes
Livre des Psaumes 59:6
Vieillard âgé de très
livre de Daniel 7:9
nombreux jours
Roi des rois
Première épître à Timothée
Seigneur des seigneurs
6:15
Tout-Puissant
Livre de Job 22:3
Père céleste
Évangile selon Matthieu 6:14
419
Dieu vivant
Livre de Jérémie 10: 10
Roi éternel
Dieu suprême
Deutéronome 10:17
Saint des saints
Livre de Daniel 9:24
De même, à part du terme 神天上帝 (shen’tian’shang’di l’empereur suprême céleste), Liang offrait d’autres titres
dans son livre, tels que:
Titre
Sens
神爷⽕火华
Sens littéral: Seigneur divin du feu
brillant
Sens littéraire: Jéhovah (transcription
phonétique) le divin
⾃自然⽽而然之神
Dieu indubitable
造养⼈人类万物之主
Maître créateur de toutes existences
⼤大主宰
Arbitre supérieur
天
Ciel
天⽗父
Père du ciel
神天
Ciel divin
万国之王
Roi de tous les royaumes
各皇之皇
Empereur des empereurs
神⽗父
Père divin
La
différence
se
trouve
dans
les
appellations
métaphoriques de Dieu et de son fils. “La vie” “la lumière”
“la vérité” (Évangile selon Jean 11:25; 1:4; 14:6), “beau”
420
(Cantique des Cantiques 1:16), “sagesse” (livre de Job
9:4), ainsi que bien d’autres titres venant de la Bible
n’ont pas d’équivalent dans Les mots bienveillants pour
conseiller le monde. Pour quelles raisons Liang a-il-fait
une sélection des titres?
En se fondant sur les appellations dans le livre de
Liang, on constate que sur la nature et la puissance de
Dieu, l’auteur a spécifiquement choisi les termes les plus
adaptables
à
la
culture
chinoise
existante.
Les
ressemblances des expériences religieuses facilitent en
effet la compréhension des lecteurs sur le Dieu unique et
la
religion
qu’il
représente.
(shen’tian’shang’di -
神
Surtout
天
上
帝
l’empereur suprême céleste), on en
retire le rappel de la perception du Ciel mystérieux, la
dévotion
des
forces
surnaturelles
de
tous
les
jours,
l’autorité déjà établie, la cohérence du respect de la
force
dominant
l’interprétation
les
de
existences.
Liang
est
Jéhovah
donc
une
dans
combinaison
harmonieuse des deux cultures.
5.4.3.2 Liang en tant que scripteur
L’herméneutique est une méthode d’analyse questionnant
trois facteurs: le texte, le scripteur et l’interaction.
Cette
partie
de
l’interprétation
l'herméneutique
processus
recherche
elle-même
philosophique
d’herméneutique,
dissimulation
de
la
se
du
concentrera
point
de
contemporaine.
la
textualité
révélation
offrent
au
sur
vue
de
Dans
le
et
la
texte
la
possibilité de la transformation vers la portée réelle.
Seul l’analyse de la textualité risque de ne pas être
421
suffisante; la transformation demande son interaction avec
l’auteur. Dans les analyses suivantes, le sujet d’intérêt
consistera
dans
les
facteurs
qui
ont
influencé
le
processus et l’effet de l’interprétation: les rapports de
fait, la vie et la caractéristique de l’auteur, la liberté
relative dans les activités d’interprétation.
Peu importe la forme du sujet à interpréter, le texte,
l’évènement, la cérémonie et etc., l’interprète doit se
lier avec la textualité. Ce rapport de fait se réalise de
plusieurs manières possibles, telles que la lecture, la
traduction, l’écoute et l’imitation. Quant à Liang, ce
rapport touche à sa relation avec les missionnaires Robert
Morrison et Peter Parker623 (1804 - 1888) et son travail au
service
d’impression
de
la
Bible.
Les
deux
faits
exerçaient une influence imperceptible dans sa version de
la
Bible.
En
plus
William
Milne
624
(1785
-
1822)
a
introduit Liang à la Bible d’une façon plus directe. Milne
prenait du temps chaque semaine pour donner une éducation
systématique du christianisme à Liang, incluant la lecture,
les échanges d’opinions et la prière ensemble625.
À
part
les
raisons
externes,
le
facteur
le
plus
essentiel est sans aucun doute sa lecture et sa réflexion
sur
la
Bible.
perception
Durant
lucide
christianisme.
la
lecture,
des
qualités
Lorsqu’il
cherchait
Liang
avait
une
distinctives
du
à
embrasser
les
distinctions religieuses, il interprétait spontanément la
Bible
afin
de
répondre
aux
questions
délicates
depuis
longtemps sur la nature du péché et le salut. Gadamer a
623 missionaire american, reputé pour son service medical 624 missionnaire protestant britanique 625 Wu Yixiong, La culture sociale regionale et les echanges contemporaines de l’occidant et l’asie, Presse du peuple de Shanghai, 2010, ISBN 9787208088016, pages 57 -­‐ 59 422
mentionné
que
la
compréhension
d’un
ouvrage
est
une
transmission des contenus lus à l’expression 626 . C’est-àdire donc que l’interprétation est le processus de la
reproduction et de la recréation des choses déjà formées.
De ce point de vue, on peut dire que le livre des Mots
Bienveillants pour Conseiller le Monde est le fruit de la
réflexion
à
partir
de
la
lecture,
le
résultat
de
la
recréation de la Bible.
L’influence de la vie personnelle et les caractères
font partie des facteurs majeurs dans l’herméneutique de
Liang. Avant le contact, la lecture et la communication de
la
Bible,
l’adaptation
la
vie
de
qu’il
la
voie
a
vécue
biblique.
le
préparait
En
plus
dans
de
ses
perceptions sur le péché des êtres humains et sur l’envie
de
l’idéalité,
fourni
la
l’éducation
compétence
de
traditionnelle
la
reçue
compréhension,
lui
a
permettant
d’établir une vue compatible et des savoirs suffisants.
Cela est la base de la communication avec une nouvelle
religion. On doit noter la motivation très forte de Liang
dans la propagation chrétienne. Il cherchait à expliquer
dans ses écritures les différentes relations entre les
croyants et les infidèles. Lorsqu’il était sous pression
sociale, son livre lui offrait la possibilité de critiquer
la civilisation traditionnelle chinoise et de justifier la
Bible et le dogme chrétien. Les caractères démonstratifs
dans son livre sont en fait les expressions de certaines
étapes de la vie.
La
personnalité
de
Liang
est
également
remarquable
dans son travail. Liang Fa excellait dans la poursuite de
626 Gadamer, Nicolas Walker, Truth and Method, traduction en chinois par Hong Handing, Presse de la commerce, 2009, ISBN 9787100066181, page 210 423
la vie spirituelle, l’exploitation de la valeur de la vie
et la réflexion sur le surpassement des choses ordinaires.
Son enthousiasme et sa conscience favorisaient la piste de
l’éloignement
des
moralités
du
Confucianisme
et
de
l’acceptation de la méthode biblique. Au cours de ses
explications de la Bible, Liang a non seulement affirmé
les réponses à ses propres questions, mais aussi trouvé le
cheminement de vie qu’il voulait.
Les
facteurs
l’indépendance
et
mentionnés
la
liberté
donnaient
dans
son
à
Liang
travail.
Cela
indique qu’au lieu d’un simple récepteur de la portée de
la Bible, Liang Fa était dès le début un successeur de sa
propre initiative. David Tracy 627 (1939 - ?) explique que
si on n’a pas l’intention de devenir un vecteur symbolique
passif
des
l’histoire,
codes
il
de
la
famille,
faut
alors
de
la
prendre
société
les
et
de
risques
d’interprétation628. Liang était bien l’exemple de ceux qui
osent prendre les risques.
L’interprétation du texte ne s’accomplit jamais que
par la dévotion. Ce processus long et compliqué débutait
par le premier contact de Liang avec la Bible, sa dévotion
au travail était en fait la limite. Afin d’établir un
système stable, l’initiative de l’auteur doit en tout cas
se placer derrière l’interaction. L’effet de la textualité
de la Bible et l’intégration de la tradition ont tous les
deux eu une double action; ils guidait Liang pour avancer
suivant
liberté
une
certaine
totale.
Dans
piste
la
sans
la
recherche
possibilité
suivante,
de
on
la
va
627 théologien catholique américain 628 David Tracy, Plurality and Ambiguity, traduction en chinois par Feng Chuan, Presse Sanlian de Shanghai, 1998, ISBN 9787542610294, pages 26 -­‐ 27 424
développer
le
double
effet
de
la
Bible
l’interprétation
est
comme
texte
le
cours
d’intérêt.
D’une
part,
d’attribution du sens au texte choisi, durant lequel Liang
possédait certainement le pouvoir des commentaires et un
certain degré de liberté. Ce phénomène a pour raison le
fait
que
la
valeur
latente
de
la
Bible
n’est
jamais
tellement évidente que la compréhension ne nécessite plus
la participation de la part des lecteurs. Pareille à celle
des autres ouvrages, la portée subtile de la textualité de
Bible crée en conséquence une sorte de tension et d’écart
entre le texte et le sens. En somme, l’interprétation est
une activité requise. Par rapport aux versions religieuses
plus accessibles, le classique du christianisme exprime
d’une façon plus évidente la pluralité et l’ambiguïté (la
certitude et la consistance dont on a parlé sont relatives
aux
Entretiens
de
Confucius).
Certes,
les
révélations
directes se trouvent assez fréquentes dans la Bible. Mais
dans la plupart des cas, la complicité laisse les lecteurs
confus
et
désorientés.
interprètes,
concentrés.
surtout
Ainsi
ceux
Empruntant
ces
la
qui
Bible
sont
critères,
demande
des
passionnés
Liang
était
et
libre
d’aborder toutes les questions qu’il jugeait intéressantes
aux yeux de ses lecteurs. La réponse aux besoins de la
propagation de la Bible lui confirme également le choix
des contenus bibliques à compléter.
D’autre part, en tant que base et point de départ de
l’interprétation
l’éloignait
texte
de
des
versions
d’origine,
travail
par
Liang,
mais
son
la
Bible
d’expression
aussi
guidait
influence
non
sans
la
seulement
rapport
au
progression
du
d’incertitude
de
la
signification sur le système de communication à double
425
sens entre la textualité et l’interprète. L’incertitude de
la
signification
mentionnée
ici
est
née
du
manque
de
chevauchement entre l’univers de la Bible et celui de
Liang Fa essayant d’établir des échanges. La seule manière
restante pour Liang Fa était de raisonner un contexte
cohérent aux deux parties en s’appuyant sur les signes
indicatifs et les suggestions dans le texte d’origine 629 .
Il est constatable que le type de communication entre
Liang et le texte biblique est en fait asymétrique. Par
suite de ce contexte, il était presque impossible pour
Liang de vérifier au long de son travail l’exactitude de
sa compréhension de la Bible, sans parler de la pertinence
des expressions interprétées. Liang était capable de se
libérer
des
freins
du
texte
écrit
pour
montrer
à
ses
lecteurs des significations cachées. Toutefois il devait
s’appuyer sur la concrétisation des sens raisonnables sans
échapper du champ de la portée biblique. Voilà en ce qui
concerne la liberté relative d’interprétation.
Le texte de la Bible fonctionne donc a double sens. Il
rendait à la fois possible l’interprétation et imposait
des
restrictions.
Les
récits
et
les
significations
apparentes sous forme de versets dans la Bible n’ont pas
une simple vérité absolue. On constate d’une façon plus
fréquente des qualités non-déterminées et des marges de
sens.
Visant
révélations
les
difficultés
hermétiques,
Liang
d’interprétation
devait
sans
aucun
des
doute
employer ses connaissances et ses expériences. La bonne
rédaction l’obligeait également à procéder adéquatement
suivant le guide du texte et de ses insinuations. L’espace
blanc des sens garantit en effet la communication entre la
629 Wolfgang Iser (1926 -­‐ 2007), L’Acte de lecture : théorie de l’effet esthétique, traduction en chinois par Jin Yuanfu et Zhou Ning, Presse de science sociale de Chine, 1991, ISBN 9787500408390, page 195 426
Bible
et
Liang
Fa
ainsi
que
d’autres
interprètes
intéressés de composer leur propre version.
5.4.3.3 Pensée traditionnelle
Dans la discussion ci-dessus, on parle souvent des
facteurs de l’auteur en mentionnant son interaction avec
le texte. Ce genre d’actions réciproques est représenté,
au
niveau
de
la
textualité,
par
le
processus
de
la
découverte des significations cachées dans le texte; et
pour Liang, la fusion des champs visuels. Dans le système
d’herméneutique philosophique, cet horizon vise à décrire
la formation de la compréhension, incluant la cause, le
point de vue et toutes les perspectives possibles. La
fusion
de
l’horizon
est
en
gros
ceci
:
Lorsque
les
lecteurs entreprennent la compréhension du texte, ils sont
en fait entrés dans l’horizon de l’auteur. Au cours des
échanges,
les
qualités
ressemblantes
sont
acceptées
immédiatement; les écarts se battent, s’affrontent et se
consument
mutuellement
(ou
s’absorbent
l’un
l’autre)
jusqu’à la combinaison des idées préconçues. Et finalement
est née la compréhension des lecteurs sur un texte donné
dans un nouveau contexte historique 630 . Analysons ensuite
deux éléments majeurs idéologiques.
630 Liang Gong, Introduction aux critiques sur la Bible, Presse de la commerce, Shanghai, 2006, ISBN 9787100045056, pages 162 -­‐ 163 427
-- Traditions
L’effet des traditions se traduisait non seulement par
une force restrictive, mais aussi par une expression de la
complexité
et
traditions
la
pluralité.
fonctionnaient
De
ce
point
pareillement
de
vue,
à
un
les
texte
d’origine. Par exemple dans le cadre des idées préconçues,
la
moralité
traditionnelle
a
formé
les
qualités
a
posteriori de Liang penchant vers la poursuite chrétienne
de la bonté. Mais lorsqu’il regardait le christianisme
sous la vue de son ancien système moral, la transcendance
et
les
soutiens
relativement
sacraux
diminuée.
exerçaient
Il
faut
qu’on
une
influence
reconnaisse
la
mémoire historique de la nation que Liang avait sur son
épaule,
sans
aisément
dans
laquelle
son
il
ne
travail.
pourrait
Son
pas
se
obligation
lancer
de
la
réévaluation sur les traces de la tradition attire en même
temps notre attention. Au processus d’interprétation des
textes bibliques étrangers à sa culture, tout en gardant
ses propres traces culturelles, Liang devait aborder les
différences irréductibles en essayant de se placer dans le
contexte. Dans cet enchaînement d’actions pour fusionner
l’horizon
historique
et
celui
du
présent,
on
observe
l’esprit critique de Liang. Les traditions agissaient en
Liang, le récepteur de la Bible, comme une conservation
active
qui
favorisait
d’une
part
d’une
façon
efficace
l’assimilation des horizons, et qui résistait d’autre part
au renouvellement.
Nous avons raison de supposer que Liang a vécu une
sorte de tension entre la préservation des traditions et
la
fusion
des
cultures.
L’introduction
d’une
nouvelle
méthode de compréhension sur les traditions suggère en
fait de traiter les héritages comme le sujet d’intérêt de
428
critique
et
soupçon.
En
plus,
Liang
devait
aussi
se
plonger dans un autre système de tradition appartenant au
facteur culturel étranger -- les habitudes de la culture
chrétienne.
Autrement
dit,
le
dialogue
avec
la
Bible
mettait en danger l’horizon historique de Liang. Personne
ne doit questionner le fond culturel traditionnel, ni le
christianisme, ni la nécessité de se nourrir aux idées
constructives
critique,
des
Liang
deux
a
pu
cultures.
maintenir
Grâce
un
à
équilibre
un
esprit
dynamique
entre le conservatisme et la réception de la nouveauté.
-- Idées inhérentes
Pareilles
à
la
fonction
des
traditions,
les
idées
inhérentes jouent un rôle de double valeur. Elles sont
considérées
de
nos
jours
comme
une
structure
de
l’interprétation. Gadamer indique que les idées inhérentes
constituent en fait une partie du champ de vue du présent,
parce qu’elles représentent la partie au delà de laquelle
personne ne pouvait percevoir 631 . En tant que condition
primordiale de la compréhension, la pensée propre d’un
interprète est un morceau constitutif de son champ de vue.
Au début de la connaissance de la Bible, il était
inévitable pour Liang de tenir ses opinions intrinsèques.
Cette base des savoirs embrassait des facteurs tels que le
maître suprême et les dieux dans la culture chinoise, la
nature scélérate des êtres humains, l’esprit après la mort
et l’univers du nirvana. Liang Fa a une fois dit dans son
livre:
631 Hans Georg Gadamer, Vérité et Méthode. Les grandes lignes d'une herméneutique philosophique tome I, traduction en chinois par Hong Handing, Presse de la commerce, 2007, ISBN 7100049032, pages 391 – 392 429
—— 昔我未曾蒙神天上帝感化痴迷恶⼼心之时,未识敬信救世主真经
圣道之⽇日, 虽然略识⾃自⼰己⽇日⼣夕⾔言⾏行动作, 固知系有罪恶之⼈人, 惟
不知怎么样求得诸罪之赦。632
(Dans les jours anciens où je n’étais pas rééduqué
par Dieu sur le détachement du vice, les jours où
je ne connaissais ni le Sauveur ni les doctrines
de
la
Bible,
j’étais
au
courant
de
mes
comportements et mes paroles de chaque jour et
nuit. Même si je me jugeais une personne du péché,
les manières de pétition du pardon m’échappaient.)
On
façons
observe
qu’à
ce
moment-là,
l’exploitation
des
d’acquisition du pardon est devenue a la fois une
partie de ses idées inhérentes et le point de départ de
son attention sur les notions concernées dans la Bible. Il
est à noter que la perception propre est toujours dans un
stade
progressif.
missionnaires,
La
les
relation
attitudes
entre
Liang
officielle
et
et
des
folklorique
envers le christianisme, les impressions directes sur les
textes
bibliques
toutes
ces
lors
de
expériences
son
sont
travail
été
à
l’imprimerie,
sauvegardées
dans
le
système d’évaluation de Liang. Notre auteur était requis
de garder l’attitude ouverte dans l’interprétation de la
Bible et de mettre ses propres opinions en conversation
avec
celles
des
autres
personnes.
Cela
n’égale
pas
nécessairement l’effacement de ce qui était apparent. En
même temps que la perception des avis personnel, Liang a
réussi à intégrer la portée (du moins une partie de la
632 Liang Fa, Les mots bienveillants pour conseiller le monde, pages 78 -­‐ 79 430
portée globale) de la Bible dans ses savoirs – cela est
exactement l’apparition de la fusion des champs de vue.
Sous la vigueur des traditions et des idées inhérentes,
l’univers de Liang s’est répandu. A la fin du filtrage,
une portion des connaissances du passé s’est transformée
en élément fondamental de la nouvelle perspective. Par
exemple dans la démonstration sur l’effet de civilisation
de la Bible et la norme morale des croyants, Liang a pris
les citations dans les Entretiens de Confucius suivantes:
—— 道之以德,齐之以礼633
Diriger le peuple par la Vertu et faire régner
l’union grâce aux rites.634
—— ⾔言忠信,⾏行笃敬635
Sois loyal et digne de confiance dans tes paroles,
sérieux et circonspect dans tes actions.636
Les deux exemples ainsi que les autres citations sont
cohérentes par rapport à l’esprit critique du point de vue
de
la
théologie
l’évolution
de
chrétienne.
la
pensée
de
Ils
donnent
Liang
à
la
preuve
propos
de
à
son
éducation dans la moralité confucianiste et de son contact
avec la théologie traditionnelle du christianisme. Il est
parvenu à un état d’alignement de l’histoire et du présent,
de l’individu et des autres.
633 Les Entretiens, II.3 634 Les Entretiens de Confucius II.3, traduction en français par Séraphin Couvreur 635 Les Entretiens, XV.6 636 Les Entretiens de Confucius XV.6, traduction en français par Séraphin Couvreur 431
5.4.3.3
Conversation
La version de compréhension de Liang Fa sur la Bible
ou
le
processus
correspondant
de
la
fusion
entre
le
contexte culturel actuel et le contexte historique, sont
en
fait
une
conversation
d’interprète
entre
le
texte
d’origine/ l’auteur du texte d’origine. En questionnant
plus
à
fond
des
doutes
réels,
Liang,
qu’il
en
soit
conscient ou pas, dialoguait avec la Bible.
Il est certain que les doutes ont composé le départ de
l’interprétation de Liang. D’après sa période de croyance
au bouddhisme et sa dévotion au christianisme, on constate
les efforts qu’il a faits dans la poursuite de réponses
sur
les
questions
délicates,
telles
que
le
péché,
l’univers des morts, le maître du monde etc. Apparemment
la
culture
traditionnelle
chinoise
qu’il
connaissait
depuis longtemps ne lui a pas offert de réponses assez
convaincantes et satisfaisantes. Suite à ce dommage, il
devait chercher ailleurs pour mieux se rendre compte de
ses
expériences
et
de
ses
perceptions
difficiles
ou
presque impossibles à expliquer. La connaissance avec la
Bible et le christianisme était sans doute pour lui une
nouvelle occasion. Les questions sans réponse que Liang a
eu
pendant
longtemps
favorisaient
en
réalité
son
interprétation de la Bible. Elles guidaient Liang Fa dans
sa recherche plus concentrée.
L’importance
concernait
la
de
tous
les
signification
doutes,
ou
la
selon
valeur
Liang
de
la
Fa,
vie,
autrement dit la réflexion sur les vecteurs d’exploitation
432
des savoirs637. Les doutes peuvent être considérés comme la
question sur la valeur de la nature, de la vie, de la
société et de la bonne conduite; la recherche des réponses
lui a permis de constituer la cognition du monde et de
confirmer la voie de sa vie. Ce que Liang a mis dans son
œuvre
était
le
résultat
de
sa
délibération
sur
les
questions religieuses ultimes. En même temps, tous les
interprètes qui voudraient aller au fond des questions
fondamentales
d’une
certaine
religion
sont
en
mesure
d’avoir des communications avec les classiques religieux,
ce qui est d’ailleurs leur obligation638.
Mikhaïl Mikhaïlovitch Bakhtine 639 (1895 - 1975) a fait
la distinction entre la compréhension et l’interprétation
sous l’angle de la forme. Lorsqu’ on explique, il n’y a
qu’une mentalité, qu’un sujet; quant à la compréhension,
il y a
deux consciences et deux sujets. Faute de la
relation
conversationnelle
l’interprétation
n’a
rien
avec
à
la
voir
part
avec
de
le
l’objet,
facteur
du
dialogue (à exclure l’éloquence formelle); alors que la
compréhension,
d’une
conversationnelle
démonstration
notions,
640
certaine
.
Gadamer
ontologique
indiquant
que
de
toutes
vue,
a
est
offert
toutefois
l’ homogénéité
sortes
de
toujours
des
la
deux
compréhensions
sont en réalité interprétation et que le déroulement de la
compréhension
est
exactement
ce
qu’on
appelle
637 Chen Jun, Histoire d’esprit, à la recherche des secrets humaines et le sens de la vie, maisin d’edition des livres de reliure aux fils, 2003, Pékin, ISBN 9787801062857, page 107 638 David Tracy, Plurality and Ambiguity, traduction en chinois par Feng Chuan, Presse Jointe, Shanghai, 1998, ISBN 9787542610294, page 143 639 historien et théoricien russe de la littérature 640 Mikhaïl Mikhaïlovitch Bakhtine, le texte, le dialogisme et l’humanite, traduction en chinois par Bai Chunren et Xiao He, Presse de l’éducation, Hebei, 1998, ISBN 9787543431256, page 314 433
l’interprétation641. A part la forme et la méthodologie, la
compréhension et l’interprétation ne sont pas séparables.
Le facteur de la conversation sert comme caractère et
nature des deux termes. La raison de cette estimation
réside dans le fait que le texte, aux yeux des interprètes,
est une existence donnant des discours. Du point de vue de
l’interaction
mutuelle
échanges
succédaient
se
entre
la
au
Bible
long
et
de
Liang,
ses
leurs
activités
explicatives.
Liang
devait
naturelles
renoncer
afin
interlocuteur.
d’établir
Entre
les
à
toutes
une
ses
convenances
conversation
interlocuteurs
avec
sincères,
son
leur
conversation a pour qualité un esprit ouvert 642 . Quant à
Liang Fa, l’esprit ouvert suggérait l’exposé de soi-même,
l’écoute de la voie et l’intention de la Bible et la
volonté d’acceptance; cela est la seule manière d’intégrer
la Bible dans son système logique, en jouant le rôle de
médiateur
dans
culturelles.
la
La
réconciliation
moindre
obstination
des
de
la
différences
défense
des
traditions ou l’abandon de la poursuite de réponse aurait
été suffisante pour rendre impossible les échanges entre
le texte et Liang, sans parler de l’affirmation de la
conviction religieuse. Il est normal qu’en même temps, le
texte ait connu une sorte de variation, principalement
dans
le
cadre
interlocuteur
de
et
la
les
portée
actuelle,
traditions
causée
culturelles
par
son
chinoises.
Ainsi on peut mieux comprendre que Les mots bienveillants
pour conseiller le monde de Liang Fa, un livre s’inspirant
641 Hans Georg Gadamer , Vérité et Méthode. Les grandes lignes d'une herméneutique philosophique tome I, traduction en chinois par Hong Handing, Presse de la commerce, 2007, ISBN 7100049032, page 496 642 David Tracy, Plurality and Ambiguity, traduction en chinois par Feng Chuan, Presse Jointe, Shanghai, 1998, ISBN 9787542610294, page 150 434
de
la
Bible
avec
des
diversités,
est
le
fruit
de
sa
conversation avec la Bible.
On juge possible la coexistence des contenus approuvés
et
opposés
par
Liang
dans
la
Bible.
D’une
part,
l’interprétation signifie l’acceptation des défis venant
de
l’interlocuteur
sur
les
choses
considérées
comme
correctes au moment précis 643 . D’autre part, en tant que
classique
biblique,
conversation
critique
644
d’origine
la
progressant
Bible
d’une
demande
façon
une
vraie
scrupuleuse
et
. La révélation et la dissimulation du texte
permettaient
à
Liang
de
questionner
et
de
converser au maximum.
643 David Tracy, Plurality and Ambiguity, traduction en chinois par Feng Chuan, Presse Jointe, Shanghai, 1998, ISBN 9787542610294, page 138 644 David Tracy, Plurality and Ambiguity, traduction en chinois par Feng Chuan, Presse Jointe, Shanghai, 1998, ISBN 9787542610294, page 141 435
Conclusion
Toutes les religions peuvent être divisées en deux
groupes :
le
accueillent
premier
une
groupe
seule
inclut
langue
les
religions
dominante ;
le
qui
deuxième
groupe embrasse les religions beaucoup plus ouvertes à
propos des langues d’expression. Les religions du deuxième
groupe, comme le christianisme, acceptent la possibilité
de la substitution des langues. En plus des textes de
l’Écriture proprement dite, la poésie et le commentaire
complètent l’ensemble des sujets à traduire.
L’importance des textes d’origines différentes varie
selon la religion à laquelle ils appartiennent. Parfois,
dans la même religion, la perception des textes diffère.
Les
versions
traduites
fondées
sur
les
références
religieuses constituent ensemble un nombre considérable de
traductions en diverses langues. Du point de vue de la
promotion des pensées religieuses et de la pratique, les
textes traduits jouent parfois le rôle décisif dans les
moments
de
changement
social;
plus
généralement,
les
traductions sont comme les échos des changements en cours.
Durant
l’histoire
restructurations
des
culturelles
traditions,
ont
bénéficié
plusieurs
de
beaucoup
d’activités de traduction. Par exemple Xuanzang 645 (602 664) et sa contribution à la fondation en Chine de l’école
bouddhiste Wei’shi’zong646. En tant que maître religieux et
plus grand traducteur de son temps, Xuanzang a réussi sa
mission religieuse.
645 moine bouddhiste chinois, un des grands traducteurs des soutras bouddhiques 646 courant bouddhiste chinois inspiré par le cittamātra indien 436
Toutefois
il
est
nécessaire
de
souligner
que
l’attitude envers la traduction fait de temps en temps le
sujet des disputes dans bien de religions. Pendant une
certaine période de l’histoire, la traduction a pu jouir
de la liberté ; Pendant une autre période, les traducteurs
avaient pour instruction de rester absolument fidèles aux
textes d’origine. Dans le livre titré Translators through
History 647 , les auteurs précisent un phénomène paradoxal
concernant l’évolution culturelle : les versions traduites
remplacent parfois le statut du texte d’origine, et à un
certain point les générations suivantes ne sont plus au
courant de la version d’origine. Les auteurs offrent comme
exemple la Bible hébraïque en langue grecque connue par le
nom
la
Septante
considérée
comme
(250
la
–
130
av.
représentante
J.-C.),
de
une
la
version
totalité
des
Écritures bibliques jusqu’à l’apparition de la Vulgate 648
(390 - 405).
Différente des autres genres de traduction, la nature
de la traduction de la Bible en langue chinoise impose la
prise
en
considération
de
l’adaptation
de
la
culture
chinoise aux informations religieuses. Dans le processus
de
la
lettrés
traduction
et
chinois,
tel
de
l’adaptation
que
Liang
Fa,
de
ont
la
Bible,
joué
le
les
rôle
d’intermédiaires. En ce qui concerne la traduction de la
Bible
par
des
lettrés
compréhension
des
élevés
un
dans
chinois,
traditions
autre
le
sujet
étrangères
environnement
porte
par
sur
les
enveloppant
la
gens
des
traditions particulières. La pensée confucéenne garde son
statut de dominance en Chine jusqu’à nos jours. Dans les
recherches
ce
chapitre,
les
comparaisons
sont
ainsi
647 Jean Delisle, Judith Woodsworth, Translators through History, John Benjamins Publishing Company, 2012, ISBN-­‐10: 902722451X, ISBN-­‐13: 978-­‐9027224514, pages 159-­‐160 648 version en latin de la Bible 437
établies entre le Confucianisme et les valeurs religieuses
telles que Dieu, la loi mosaïque, la confession etc. Aux
yeux des Chinois d’autrefois, comme le montre l’expérience
de Liang Fa, la force de l’élaboration de l’adaptation
d’une autre religion impliquait une connaissance du passé
et du présent en vue de la rédaction d’une œuvre pour
l’avenir. En même temps, leur compréhension de la nouvelle
religion ne s’est pas séparée de leurs expériences de vie
dans l’environnement de la culture traditionnelle.
En plus de la tradition philosophique majeure - le
Confucianisme, le Bouddhisme, le Taoïsme et les autres
religions
rurales
forment
ensemble
la
tradition
complémentaire. Dès l’apparition en Chine de l'Église de
l'Orient
649
, étant donné les traditions chinoises, les
missionnaires
Christianisme
représentant
cherchèrent
et
le
dominant.
des
points
Confucianisme,
En
plus
de
communs
qui
la
entre
était
Bible,
le
le
les
missionnaires et bien des lettrés chinois ont uni leurs
forces pour traduire des livres sur les sciences. Au temps
de
la
réalisation
d’une
propagation
en
liberté
du
Christianisme, les traditions chinoises ont déjà commencé
à pencher progressivement vers la pensée occidentale, par
exemple
les
doctrines
du
rationalisme
650
et
du
positivisme651.
D’après les recherches établies, il est possible de
conclure que la traduction de la Bible est une activité
d’importation en Chine. En ce qui concerne les textes
religieux, l’adaptation est un facteur de grande valeur
649 une des premières Églises chrétiennes introduites en Chine 650 doctrine selon laquelle la raison est la seule source dans l’acquisition des connaissances réelles 651 doctrine selon laquelle seules l'analyse et les faits admis par l'expérience sont utilisables dans l’explication des phénomènes 438
dans la traduction. La traduction des textes religieux
peut servir comme une sorte d’indication qui marque la
progression
dans
les
domaines
philosophie,
de
s’engagent
maintenir
à
de
l’idéologie
la
la
politique,
etc.
Les
conversation
de
la
traducteurs
avec
le
texte
d’origine, afin de satisfaire la diversité des lecteurs.
En même temps, grâce aux versions traduites des textes
d’une certaine religion, la croyance peut exercer un plus
grand
impact
circulation
sur
les
mondiale
lecteurs.
du
La
réalisation
christianisme
révèle
de
en
la
fait
l’importance de la traduction. Il est ainsi observable que
la
plus
importante
mission
des
traducteurs
des
textes
religieux concerne le transfert en bonne harmonie de la
langue sacrée en langue profane. En fin de compte, la
traduction
joue
un
rôle
capital
dans
l’histoire
des
religions.
439
CONCLUSION GÉNÉRALE
1. Correspondance des mots
La traduction et l’interprétation sont réputées pour
leur dépendance mutuelle.
distinguer
l’une
de
Parfois il est difficile de
l’autre.
La
distinction
est
généralement liée à l’équivalence de forme. Autrement dit,
lorsqu’il s’agit d’une phrase du texte d’origine qui est
transformée en un court message, ou d’un paragraphe du
texte d’origine qui est remplacée par une phrase, il est
évident que ce genre de transfert est une interprétation.
En bref, l’interprétation n’est pas soumise aux exigences
de la correspondance de la forme.
La translittération est un des moyens les plus simples
dans
la
correspondance
déconseillé
d’adopter
de
ce
forme.
procédé,
Pourtant
sauf
en
il
est
présence
de
besoins absolus, tel que les objets sans précédents ou
jamais
vus.
Les
noms
des
choses
n’ont
pas
de
sens
spécifique, c’est-à-dire que leurs énoncés ne sont pas
liés avec d’autres notions. Au lieu de la traduction, la
translittération des noms est considérée comme une série
de
noms
choix
de
substitution.
temporaire
pour
La
translittération
les
moments
offre
spécifiques.
un
Cela
signifie que les mots traduits par le son ont plutôt une
durée
de
service
assez
courte.
Quant
aux
termes
conceptuels, leurs riches significations empêchent en fait
la translittération.
La correspondance entre deux langues évoque plusieurs
catégories :
les
phrase,
expressions
les
mots,
les
phrases,
etc.
Les
les
structures
traducteurs
ont
de
sans
aucun doute envie de s’appliquer avec succès à toutes les
440
catégories de correspondance. Mais la nature des langues
veut que la correspondance absolue n’existe pas. Dans la
pratique,
il
est
possible,
par
exemple,
d’assurer
l’équivalence du sens, au risque qu’en même temps la rime
ne soit pas respectée ; il est possible d’exprimer la
signification d’une métaphore, mais tout en s’appuyant sur
des véhicules lexicaux différents. De tous aspects de la
correspondance
linguistique,
les
mots
méritent
la
plus
grande attention des traducteurs.
Pour expliquer le point de vue mentionné ci-dessus, il
faut
partir
de
la
l’interprétation.
transcrire
mesure
des
d’offrir
comparaison
De
toutes
les
informations,
des
entre
la
traduction
meilleures
façons
l’interprétation
informations
de
la
façon
de
est
la
et
en
plus
précise. La traduction d’une longueur limitée de quelques
phrases peut être difficile à comprendre ; avec l’ajout
des
informations
du
contexte
par
le
moyen
de
l’interprétation, la signification des phrases du texte
d’origine est plus évidente. Quelle est donc la nécessité
fondamentale
de
étroit,
concerne
rapport
aux
la
traduction ?
bien
portées
la
des
La
réponse,
dans
sens
correspondance
des
phrases
l’intention
et
à
mots.
Par
de
l’auteur du texte, le sens des mots paraît beaucoup plus
concret.
La
mission
de
la
traduction,
d’ailleurs,
est
égale à une sorte d’exploitation faite en s’appuyant sur
un point fixe – le sens des mots. Il est possible que
l’attention
attachée
aux
sens
des
mots
conduise
des
traducteurs au verbalisme. Mais il faut toujours insister
sur le respect de forme, qui est la loi de la traduction.
2. Introduction des nouveaux mots
441
La création des mots s’appuie généralement sur les
liens
morphologiques.
compréhension
des
étymologique
est
Dans
notions
la
par
considérée
plupart
la
méthode
comme
une
des
de
cas,
la
l’analyse
approche
fort
efficace. Mais à force d’évolution linguistique, il est
difficile pour les gens d’aujourd’hui de saisir le sens
d’un mot par une telle manière. Prenons comme exemple les
mots
du
domaine
de
la
philosophie:
les
radicaux
et
l’étymologie des termes philosophiques partagent des liens
conceptuels
d’une
façon
tellement
primitive
que
les
locuteurs natifs risquent de ne pas en être conscients.
D’ailleurs, les liens morphologiques ne résument pas la
totalité des liens conceptuels. Par exemple le lien entre
les notions chinoises la bienveillance (aimer les gens) et
l’homme (les gens) : deux mots d’un même radical, qui sont
liés par la morphologie; en même temps la bienveillance
(aimer les gens) et le pardon (ne pas forcer les gens)
font plutôt une paire de notions complémentaires sans lien
morphologique.
En ce qui concerne la traduction, il est idéal de
pouvoir trouver des mots équivalents aux niveaux du sens
et de la morphologie. Dans la pratique, les traducteurs
sont obligés de choisir soit la notation par définition,
soit
la
création
d’un
nouveau
mot.
Par
exemple
la
traduction en chinois de “mediocritas” (le juste milieu):
适 中 (shi’zhong - approprié + le centre), 适 度 (shi’du approprié + le degré), 中 庸
(zhong’yong - le centre +
moyen), 中 道 (zhong’dao - le centre + la voie). La visée
de la traduction, en fin de compte, est l’introduction des
nouveautés que la nation ciblée n’avait pas.
442
Il convient de souligner que l’introduction des mots
n’est pas un simple processus d’adaptation. La réussite
des nouveaux mots introduits par la traduction n’est pas
seulement déterminée par le critère de leur adoption dans
la langue ciblée. D’une part, la circulation d’un nouveau
mot suggère son influence dans la culture ciblée; d’autre
part, la nature de cette influence, positive ou négative,
est hors du contrôle des traducteurs. Afin de réaliser un
enrichissement de vocabulaire, un mot créé par un certain
traducteur doit établir des liens avec d’autres mots qui
existent déjà dans la langue.
3. Aliénation
Il
est
intéressant
de
noter
que,
en
tant
que
combinaison classique de la religion et de la littérature,
l’inspiration
de
la
Bible
dans
le
cercle
littéraire
chinois est beaucoup plus réussie que la propagation de la
religion.
Ce
résultat
est
évidemment
différent
de
l’intention des missionnaires. D’après les recherches du
chapitre concerné, il est observable que les traducteurs
n’avaient
pas
la
liberté
du
choix
de
la
stratégie
de
traduction. En conséquence, tous les éléments différents
dans la Bible ont attiré l’admiration des écrivains; en
même temps, l’intention religieuse était tellement vivante
que les traducteurs ont choisi finalement d’ignorer les
critères à respecter dans la traduction interculturelle.
La Version d’Union Chinoise652 est la Bible courante en
langue chinoise. Dans cette version admise par l’autorité,
les mots manifestent une nouvelle définition. Son temps
d’apparition peut expliquer ce phénomène d’aliénation: la
652 version prédominante de la Bible en chine, publié en 1919 443
nouveauté dans la langue captive facilement l’attention du
peuple chinois. Mais en même temps, la stratégie choisie a
en réalité créé un écart entre le texte biblique et les
lecteurs
qui
n’avaient
aucune
idée
concernant
les
modifications d’usage des mots. L’insistance de la version
officielle sur ce qui concerne les traditions sacrées a
laissé les lecteurs dans la confusion. D’ailleurs, faute
de
l’existance
du
mandarin,
les
habitants
d’autrefois
venant de aires dialectales tendaient à employer leurs
propres
systèmes
nécessitait
linguistiques.
ainsi
des
La
bonne
versions
en
compréhension
dialecte
comme
références complémentaires. Les mots chinois, d’ailleurs,
peuvent
être
répartis
selon
le
sentiment
qu’ils
représentent. Dans la version biblique chinoise, le choix
des mots a clairement mis l’accent sur la distinction
entre le vrai et le faux, surtout dans le cas où le sujet
est lié aux hérétiques. L’amplification des émotions du
texte favorise ensuite la création des échos avec les
lecteurs.
Une autre modification remarquable est le domaine de
la diathèse. Selon les règles grammaticales de la langue
chinoise
ancienne,
le
ton
passif
vise
généralement
à
souligner le statut social supérieur de l’agent du verbe.
La divinité représente sans aucun doute dans la Bible
l’autorité
créative.
De
cette
manière,
les
phrases
passives dans la version traduite indiquent avec évidence
que toutes les activités humaines doivent impérativement
obéir au divin. Hong xiuquan 653 (1813-1864) a choisi une
autre approche dans le but de faire servir la Bible à sa
propre cause de révolte. Il a manipulé le ton du texte
biblique en celui de discours parentaux. Sa traduction est
pourtant beaucoup plus adoptée aux gens de son temps.
653 membre leader de la révolte de Taiping, empereur du Ciel proclamé 444
Au
lieu
d’être
restreinte
par
l’autorité
du
Christianisme, la stratégie de la traduction est plutôt
définie par la nature exclusive du texte biblique. Du
point
de
vue
de
la
localisation
du
juste
milieu,
la
version moyenne entre la Bible officielle chinoise et la
version de Hong, le prêtre missionnaire chinois Liang Fa a
sans doute essayé de fournir une version fusionnée des
avantages
respectifs.
d’Aristote,
le
juste
Toutefois
milieu,
selon
ici
l’explication
autrement
dit
la
meilleure version de la Bible, n’est pas simplement une
valeur médiane au sens mathématique ou statistique. La
version
de
Liang
offre
une
belle
traduction
sans
de
nombreux mots d’aliénation. Mais aux yeux des gens plus
sérieux,
la
moindre
modification
de
la
Bible
est
une
trahison inacceptable; l’intégralité du message de Dieu et
de la Bible l’emporte sur la commodité de la compréhension
des lecteurs. D’un point de vue différent, le respect dû
au divin et la compréhension populaire chez les lecteurs,
la version officielle et celle de Liang ont toutes les
deux atteint leur but. Le choix final de l’autorité n’est
pas étonnant. Toutefois ce qui pose question concerne le
fait
qu’après
l’apparition
édition
en
presque
de
une
la
un
siècle
version
langue
plus
écoulé
officielle,
courante
à
partir
une
n’est
de
nouvelle
pas
encore
publiée.
4. Idéologie du traducteur et choix de la méthode
Un texte est généralement lié à des facteurs tels que
le contexte social, l’état psychologique des traducteurs,
le contexte linguistique etc. L’introduction d’une œuvre
littéraire riche d’histoires et de pensée peut justifier
445
l’emploi de la stratégie d’aliénation. La traduction est
une activité d’introduction d’un texte de langue étrangère
et d’introduction d’une culture étrangère. Autrement dit,
les circonstances de la traduction représentent un facteur
aussi
important
que
la
traduction
du
texte.
Reprenons
comme exemple la version chinoise de la Bible. Les lettrés
chinois d’autrefois étaient en lutte contre la hiérarchie
et contre l’oppression; la réforme sociale n’avait pas
besoin
d’une
lecture
à
propos
de
l’acceptation
des
souffrances et de la joie du paradis. Par rapport à la
Bible,
le
besoin
du
pays
s’est
manifesté
par
l’introduction au même moment de l’histoire de nombreuses
œuvres du réalisme des littératures françaises et russes.
Les traducteurs de la version chinoise de la Bible
sont
en
principe
des
missionnaires
occidentaux.
Des
experts chinois dans le domaine des langues étrangères
jouaient le rôle de soutien secondaire. Ainsi en ce qui
concerne les vérités et les principes de traduction, les
missionnaires avaient le dernier mot. Ils avaient pour but
d’attirer l’attention du plus grand public possible. En
même temps, le cercle des Chinois bien éduqués était en
accord avec les pensées occidentales. Certains des lettrés
se sont convertis au Christianisme. Toutefois lorsque la
poursuite
de
la
reforme
sociale
des
lettrés
chinois
s’opposait au but de la christianisation des Chinois de la
part des missionnaires, la traduction de la Bible et la
propagation de la foi ont connu un retard.
Un
autre
exemple
porte
sur
la
traduction
de
Miao
Litian des œuvres d’Aristote. Miao a également adopté la
méthode d’aliénation dans son travail afin de conserver
précieusement l’état original du texte. De ce point de vue,
Miao et les missionnaires partagent plus ou moins le même
446
avis:
la
fidélité
au
texte
l’emporte
sur
les
autres
besoins. Une autre ressemblance entre la méthode de Miao
et
celle
des
complémentaires
missionnaires
qui
assurent
concerne
la
bonne
les
moyens
compréhension
du
texte traduit. Pour Miao, les textes traduits ont comme
mission
principale
l’enseignement.
l’orientation
d’être
Il
des
une
assurait
lecteurs
référence
avec
qui
ses
étaient
en
pour
collègues
fait
leurs
étudiants. Dans cette circonstance assez particulière, il
était naturel d’exiger la précision des mots.
Dans la plupart des cas, un texte traduit n’a pas
d’autres
moyens
que
lui-même
pour
favoriser
la
compréhension; la décision de la stratégie de traduction
doit être prise après réflexion selon le contexte concret.
Miao s’est enfin rendu compte de l’importance de la prise
en
considération
de
l’idéologie
du
public
;
Avant
la
rédaction finale de la première version, il a commencé à
organiser la deuxième version en ciblant un plus grand
public.
L’effet
de
l’idéologie
sur
la
traduction
par
la
naturalisation est mieux démonté dans la traduction du
Petit Chaperon Rouge. La version en anglais met accent par
les mots ajoutés sur la nature maligne et sur l’initiative
du loup. Le traducteur de cette version accorde également
attention à son choix de mots d’un vocabulaire enfantin
pour faciliter la lecture des enfants plus petits. La
version en français reste conforme à la qualité rigoureuse
pour laquelle la langue française est réputée. L’histoire
paraît
moins
dramatique
par
rapport
à
la
version
en
englais. Mais la diversité d’organisations des phrases est
plus évidente. La version en français a pour objectif en
fait
d’apprendre
à
la
fois
aux
petits
lecteurs
une
447
histoire et une bonne grammaire. La version en mandarin
possède des fautes logiques concernant les informations
fournies. Les mots utilisés penchent vers la langue rurale
et orale. Ce choix peut être justifié par l’intention de
satisfaire un nombre immense d’enfants dont la plupart
d’entre eux viennent des régions moins développées. En
bref, la version anglaise vise à raconter une histoire
intéressante aux petits enfants; la version française met
en valeur la fonction éducative avec la belle organisation
de la langue; la version chinoise a pour but d’enrichir la
vie des enfants des familles relativement moins éduquées.
5. Traduction parfaite
Dans la pratique, les gens tombent souvent dans une
autre illusion nommée la traduction parfaite. Analysons
donc la notion de traduction parfaite. En tant que notion,
d’une façon générale, la définition est variable. Si on
accepte la définition qu’une traduction équivalant à un
certain pourcentage de vente peut être considérée parfaite,
la discussion s’oriente en fait vers ce qu’est l’idéal,
commercial ou scientifique. En plus de la détermination du
pourcentage des ventes, la perfection fait le sujet d’un
débat lourd. Empruntons donc la méthode d’expérimentation:
la manifestation des conflits est plus évidente dans une
situation extrême. Afin de mieux démontrer le problème, on
prend la liberté de définir la traduction parfaite par la
transmission totale du contenu tout en gardant la logique
et le style du texte.
Le premier avis partagé par la majorité concerne la
traduction par machine. Pour de raisons imaginables, les
gens prennent position contre la traduction par machine.
448
En
réalité,
le
résultat
de
la
traduction
de
ce
genre
dépend largement des inputs 654 . Dans la plupart des cas,
les machines à traduire jouent le rôle d’un dictionnaire;
des fois elles parviennent à fournir des résultats en
combinant des mots équivalents de plus haute fréquence de
sens.
Aujourd’hui,
les
gens
peuvent
être
capables
de
réaliser des calculs simples en scannant la formule à
l’aide des applications 655 , ce qui marque le progrès dans
le
processus
d’autres
de
l’Intelligence
réalisations
interactives
les
plus
Artificielle.
s’appuyant
avancées,
sur
les
les
Avec
tant
technologies
machines
de
notre
époque montrent qu’elles ont un bel avenir dans lequel
elles
pourraient
finalement
comprendre
les
ordres
et
réfléchir comme l’être humain.
Il
est
certain
qu’un
jour,
la
machine
à
traduire
concurrente des traducteurs est possible. Mais analysons
la logique de la tendance, d’une part les humains peuvent
être libérés de ce genre de travail; d’autre part, la
tendance signifie que dans la traduction de nos jours, les
qualités
humaines
sont
supérieures
aux
technologies.
Autrement dit, ce que les gens cherchent à accomplir comme
but
final
est
l’invention
d’une
méthode
de
traduction
intelligente sans influences négatives ni limitations des
connaissances des humains.
Les
activités
de
la
traduction
sont
en
réalité
beaucoup plus complexes. La machine à traduire idéale aux
yeux
de
capable
fonction
la
communauté
d’optimiser
des
le
scientifique
rôle
traducteurs
des
exerce
est
potentiellement
traducteurs.
Mais
un
l’apport
effet
à
la
strictement limité. La nature des langues et de leurs
654 entrée de données dans un système informatique 655 Photomath 449
interactions
fait
sans
exception
partie
des
vérités.
Malgré son niveau d’intelligence, la machine ou n’importe
quel moyen de traduction est faible en ce qui concerne
l’évolution du passé, la maîtrise de la sensibilité et de
la culture. En tout, même par d’autres moyens comme la
machine ultime de traduction, la mission de traduction
parfaite au sens large est loin d’être accomplie.
La traduction n’est pas non plus omnipotente. Cela
provient
de
la
nature
des
individus
qui
décident
de
l’impossibilité de la traduction parfaite au sens étroit:
la
transmission
du
total
des
contenus
transmissibles
(autrement dit, à l’exclusion des obstacles venant de la
langue par nature), ainsi que la logique et le style.
Techniquement, grâce à la sympathie, il est possible pour
les humains de se mettre à la place des autres. Mais
personne ne peut prendre véritablement la place des autres.
De la sorte, le travail des traducteurs en ce sens-là est
extrêmement
difficile;
ils
sont
obligés
de
vérifier
l’intention de l’auteur ou du texte d’origine et en même
temps
d’organiser
la
langue
pour
la
compréhension
des
lecteurs.
La perfection au sens étroit demanderait plutôt la
fusion complète des cerveaux. Le processus, le contenu et
l’association de la réflexion varient entre les individus.
Limitons le champ de travail d’un traducteur donné à un
domaine spécifique et à une catégorie fixe de lecteurs,
par exemple la morale de la philosophie d’Aristote pour
les lecteurs chinois, parlant le mandarin, femmes, d’âge
30-40
ans,
bien
éduquées,
mariées,
ayant
un
niveau
élémentaire de connaissance de la philosophie. D’une part,
il n’est pas raisonnable de demander à un traducteur qu’il
partage tous les points de vue d’Aristote.
450
D’autre part, il est également difficile de trouver un
traducteur correspondant aux caractères de ses lecteurs
afin
d’assurer
habituellement.
la
Sinon
même
il
pratique
faut
trouver
linguistique
un
traducteur
capable d’adapter les habitudes de langue des autres. Cela
représente encore une autre exigence. Afin de satisfaire
la demande, il est nécessaire d’ailleurs de fournir au
traducteur
sélectionné
une
enquête
complète
et
très
détaillée sur les habitudes de langue des lecteurs ciblés.
En
résumé,
les
variables
dans
la
formule
idéale
sont
extrêmement complexes. Ainsi la traduction au sens étroit
n’est pas réalisable.
Proposons
mathématique,
un
pour
raisonnement
la
parfaite
réalisation
de
la
de
type
traduction
parfaite, c’est-à-dire contenant toutes les informations
conservées, respectant la logique et le style dans le
texte traduit et accessible aux lecteurs ciblés, le texte
traduit (B) est égal au texte d’origine (A). Ainsi il est
en logique possible d’inverser le processus et de remettre
le texte traduit en langue originale. Cela représente donc
une manière de vérification. Supposons l’existence de la
traduction parfaite de la paire A et B, par la nature de
vérité
universelle
des
principes,
il
est
raisonnable
d’argumenter l’existence de la paire A et C. D’après la
relation transitive en mathématique, le texte B et le
texte C peuvent d’être considérés comme identiques. Ainsi
de
suite,
les
versions
parfaites
de
langues
diverses
relèvent de raisonnement selon lequel les langues sont
identiques, malgré l’écoulement du temps. Le raisonnement
en dehors de la vérité détermine donc que la condition de
l’hypothèse est fausse.
451
En fin de compte, la traduction est une activité en
sens unique qui altère le message d’origine. La notion de
la
traduction
veut
que
le
rôle
des
traducteurs
soit
primordial. Autrement dit, d’une part, les traducteurs ont
une liberté modérée dans leur travail; d’autre part, la
perte d’information durant le processus de la traduction
est de nature réelle. La poursuite de traduction parfaite
est plutôt une illusion qui s’écarte du juste milieu.
L’objectif raisonnable se résume comme le dit le titre du
livre d’Umberto Eco
656
(1932 - ): dire presque la même
chose.
6. Nature de la traduction
La traduction est une activité qui peut être mesurée
par des moyens scientifiques, mais sans réalisation d’une
quantification.
permettent
diverses
aux
Les
théories
chercheurs
perspectives,
sur
d’établir
telles
que
la
traductologie
leurs
la
études
liberté
dans
de
la
traduction, le rôle des traducteurs, la définition des
étapes spécifiques durant le processus de traduction, les
nouveaux facteurs à influence potentielle, le statistique
chronologique des facteurs d’influence etc. Mais il vaut
souligner que presque tous les thèmes de recherche ont
plutôt
dans
une
le
portée
domaine
statistique.
de
la
Rarement
traductologie
sont
les
observées
vérités
quantifiées.
Il y a principalement deux raisons pour ce phénomène.
Premièrement, les éléments variables dans le processus de
656 universitaire, romancier italien et spécialiste de sémiotique, d’esthétique médiévale, de communication de masse, de linguistique et de philosophie (wikipédia) 452
traduction
sont
très
nombreux,
tels
que
le
niveau
de
langue maternelle du traducteur, le besoin des lecteurs,
le contexte d’une phrase du texte d’origine etc. Ainsi il
est difficile de satisfaire la première étape classique de
toutes
les
expérimentes
scientifiques:
l’analyse
univariée 657 . Même si avec une donnée obtenue d’une façon
ou d’une autre, par exemple le meilleur ratio des mots
d’aliénation sur la totalité pour un certain texte, la
quantification complète n’est pas encore déterminée. Dans
la
pratique,
parvenir
à
il
une
faut
de
nombreuses
conditions
conclusion
réellement
quantifiée.
pour
Les
conditions appliquées indiquent toutefois que le résultat
n’a pas de valeur générale.
Deuxièmement, la plupart des variables ne sont pas
contrôlables. La langue, par exemple, a pour nature une
évolution progressive. D’une part, la difficulté de la
quantification
de
traduction
résulte
d’un
manque
de
références contextuelles déjà quantifiées. La langue, la
culture, la politique par exemple, sont généralement des
sciences humaines qui ne peuvent non plus être quantifiées.
D’autre part, il n’existe pas de plateforme intermédiaire
qui transfère à double sens les informations. À l’aide du
système
binaire,
il
est
possible
de
conserver
les
informations des mots et de leurs combinaisons. Mais de
nos jours, la codification des émotions et des effets de
langue est encore loin de la réalisation.
En
s’appuyant
sur
les
aspects
mentionnés
de
la
traduction, il est possible de donner une définition de la
nature de cette activité. La traduction est un moyen pour
mesurer le monde à l’aide d’informations limitées. Au lieu
657 étude statistique des modalités d’une seule ou de plusieurs variables considérées comme indépendentes, pour décrire le sujet de recherche 453
de dire que les règles qui restreignent les traducteurs
sont très nombreuses, il vaut mieux dire qu’en fait un
traducteur est en mesure de prendre des décisions opposées
et d’être toujours soutenu par des règles. Les théories
sont établies pour définir un état idéal de la traduction,
et à la fois pour fournir des soutiens au choix de toutes
les stratégies.
La traduction n’est pas le copier-coller d’un texte.
Elle
ressemble
vieillissement
informations
l’occasion
plutôt
d’un
du
de
au
être
cycle
humain:
génome
d’une
duplication,
une
cellulaire
la
et
au
duplication
façon
partie
des
imparfaite;
des
à
informations
génétiques est perdue. Ressemblant à l’impossibilité de
conserver
l’énergie
dans
la
pratique,
la
traduction
possède une nature unidirectionnelle et surtout déclinante.
Cela
impose
au
processus
de
traduction
l’arrêt
après
quelques cercles. Par exemple, il est possible de traduire
en
chinois
un
livre
déjà
traduit
en
anglais
pour
la
première fois à partir de la langue latine; toutefois il
est presque impossible d’assurer la qualité lors de la
traduction en une quatrième langue.
Malgré les circonstances, le facteur variable le plus
important
est
absoluement
le
texte.
Une
fois
que
les
chercheurs arrivent à trouver une plateforme de codage qui
transforme les textes en informations, l’efficacité de la
traduction peut avoir une amélioration signifiante. Par le
codage
et
le
décodage,
ce
genre
de
plateforme
peut
connecter toutes les langues. À ce moment-là, au lieu de
liens linaires, la traduction sera radiale.
Mais ne pensons pas à toutes ces perspectives d’avenir
et contentons-nous de retenir tout ce que les différents
454
chapitres de cette thèse nous ont appuis dans la diversité
de leurs contenus.
455
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La Bible
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Site de l’Association Épiscopale Liturgique pour les
Francophone
http://www.aelf.org/bible-liturgie
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Larousse
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Dictionnaire en ligne
http://www.larousse.fr/
Page consultée 2013 - 2014
Le code couleur CMJN
Disponible sur :
Spécialiste sur les nuances des couleurs
http://www.toutes-les-couleurs.com/code-couleur-cmjn.php
Page consultée le 28/07/2014
Les divisions du jour
Disponible sur :
Site des Calendriers Saga
http://www.louisg.net/division_jour.htm
Page consultée le 17/08/2014
Poésies de Du Fu n。43, Poésies de l’époque des Thang,
traduit par le Marquis d'Hervey-Saint-Denys
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Site de la Culture chinoise
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SANDERS Ella Frances, 11 Untranslatable Words From Other
Cultures
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Blog personnel
http://blog.maptia.com/posts/untranslatable-words-fromother-cultures
Page consulté le 17/09/2013
Shakespeare, HAMLET Extraits bilingues,
Hamlet's
Humanism, L'humanisme de Hamlet
Disponible sur :
Site de recueil des poétiques et des pensées
http://agalmata.tripod.com/shakespeare.html
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Signification du rouge
Disponible sur :
Site de spécialiste industrielle
http://www.code-couleur.com/signification/rouge.html
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TEHRANI Jamshid J., The Phylogeny of Little Red Riding
Hood
Disponible sur :
Site de librairie publique de science
http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journa
l.pone.0078871
Page consultée le 07/07/2014
469
ANNEXE 1. TROIS VERSIONS DU PETIT CHAPERON ROUGE
1.1. Jacob et Wilhelm Grimm: Le Petit Chaperon rouge
Il
était
une
fois
une
jeune
et
jolie
petite
fille
qu’aimaient tous ceux qui la voyaient et plus encore sa
grand-mère qui ne savait rien lui refuser. Un jour, elle
lui offrit un chaperon de velours rouge qui lui seyait
tant qu’elle ne voulut plus jamais porter autre chose. Si
bien qu’on ne l’appela plus que "Petit Chaperon rouge". Un
jour, sa mère lui dit :
« Petit Chaperon Rouge, viens me voir, voici un morceau de
gâteau et une bouteille de vin que tu apporteras à ta
grand-mère,
elle
est
malade
et
faible
et
pourra
s’en
délecter. Lève toi avant qu’il ne fasse trop chaud. En
chemin, tu iras prudemment et avec sagesse afin de ne pas
t’écarter du bon chemin sinon tu pourrais tomber, casser
la bouteille et ta grand-mère n’aurait plus rien. Quand tu
seras arrivée dans sa maison, n’oublie pas de lui dire
bonjour et ne farfouille pas dans tous les recoins. »
« Je ferai bien tout ce que tu me demandes » répondit le
Petit Chaperon Rouge à sa mère et elle lui tendit la main
pour la quitter.
Mais la grand-mère habitait dans la forêt à une demi-heure
du village. Quand le Petit Chaperon Rouge entra dans le
bois, son chemin croisa celui du Loup cependant, elle
ignorait qu’il était un animal cruel et elle n’eut donc
pas peur de lui.
« Bonjour Petit Chaperon Rouge » lui fit-il,
« Bonjour Loup »
470
« Où vas-tu de si bon matin Petit Chaperon Rouge ? »
« Je vais chez ma grand-mère ! »
« Que portes-tu ainsi sous ton tablier ? »
« Du vin et un gâteau que nous avons cuit hier soir, ma
grand-mère
est
malade
et
faible
et
nous
devons
lui
apporter quelque chose de bon pour la rabibocher. »
« Petit Chaperon Rouge, où habite donc ta grand-mère ? »
« Á un quart d’heure de marche d’ici au fond du bois, près
des trois chênes. Là bas se tient sa maison, nichée dans
le buisson de noisetiers. Tu dois bien le savoir ! » dit
le Petit Chaperon Rouge. Le Loup pensa « La jeune et
tendre chose, elle fera une belle et grasse bouchée, qui
doit être bien meilleure que la Vieille femme :
« Tu dois procéder avec ruse, afin de les gober toutes les
deux. » Il chemina un petit moment avec le Petit Chaperon
Rouge puis déclara :
« Petit Chaperon Rouge, regarde les jolies fleurs qui ont
poussé là-bas, pourquoi n’irais-tu pas y voir de plus près
? Je crois que tu n’entends pas non plus combien le chant
des petits oiseaux est mélodieux ! Vas prudemment comme
lorsque tu vas à l’école, c’est si gai dans la forêt.
Le Petit Chaperon Rouge ferma les yeux et vit comme les
rayons du soleil perçaient et dansaient à travers les
arbres et combien les fleurs étaient belles. Il pensa :
471
« Si je ramène à grand-mère un bouquet frais cela lui fera
grand plaisir. Il est encore tôt et j’arriverai quand même
à l’heure. » Elle quitta le chemin pour entrer dans la
forêt
pour
y
cueillir
les
fleurs.
Lorsqu’elle
en
eut
cueilli une, elle crut en voir une plus belle plus loin,
s’y précipita et pénétra de plus en plus profondément dans
le bois. Pendant ce temps, le Loup alla tout droit à la
maison de la grand-mère et frappa à la porte.
« Qui est dehors ? »
« Le Petit Chaperon Rouge qui apporte du gâteau et du vin,
ouvre »
« Appuie sur la clenche » cria la grand-mère, « je suis
trop faible et je ne peux pas me lever. »
Le Loup appuya sur la clenche, la porte s’ouvrit, il entra
sans dire un mot et s’approcha du lit pour l’avaler. Puis
il enfila sa robe et posa son bonnet sur sa tête pour
s’allonger dans son lit et tira le rideau.
Pendant ce temps, le Petit Chaperon Rouge avait cueilli
autant de fleurs qu’elle pouvait en porter lorsqu’elle se
rappela qu’elle devait se rendre chez sa grand-mère et se
remit
en
chemin
vers
sa
maison.
Elle
fut
surprise
de
trouver la porte ouverte et lorsqu’elle entra dans la
pièce, elle eut une étrange sensation et pensa « Mon Dieu,
je ne me sens pas bien aujourd’hui, comme je suis heureuse
d’être arrivée chez ma grand-mère ! » Elle salua « Bonjour
» mais elle ne reçut aucune réponse. Elle se rendit près
du lit et tira le rideau : la grand-mère était allongée et
portait son bonnet profondément enfoncé sur la tête et
paraissait si merveilleuse.
472
« Eh ! Grand-mère comme tu as de grandes oreilles »
« C’est pour mieux t’entendre »
« Eh ! Grand-mère comme tu as de grands yeux »
« C’est pour mieux te voir »
« Eh ! Grand-mère comme tu as de grands bras »
« C’est pour mieux t’embrasser »
« Eh ! Grand-mère comme tu as une grande bouche »
« C’est pour mieux te manger »
Á peine l’eut-il dit qu’il bondit du lit et avala d’un
coup le pauvre Petit Chaperon Rouge.
Le Loup ayant apaisé son appétit, s’allongea de nouveau
dans le lit et commença à ronfler puissamment. Un chasseur
venant à passer près de la maison pensa : « Dieu comme la
vieille femme ronfle, tu dois voir s’il ne lui manque
rien. » Puis il entra dans la maison et comme il se
trouvait
devant
le
lit,
il
comprit
que
le
Loup
était
couché là. « Je te trouve donc là, espèce de vieil impur »
dit-il, « ça faisait longtemps que je te cherchais » Il
voulut poser sa gibecière lorsqu’il pensa que le Loup
avait pu dévorer la grand-mère et qu’il pourrait encore la
sauver : il ne tira point mais prit un ciseau et ouvrit le
ventre du Loup qui dormait. Lorsqu’il eut fait une paire
de découpes, il vit l’éclat rouge du chaperon puis il fit
une autre paire d’entailles. Soudain le Petit Chaperon
Rouge
bondit
et
s’écria
:
«
Ah,
j’ai
été
tellement
effrayée car il faisait si sombre dans le ventre du Loup.
473
» Puis vint la vieille grand-mère qui ne pouvait presque
plus respirer. Le Petit Chaperon Rouge attrapa promptement
une
grosse
pierre
et
en
remplit
le
ventre
du
Loup.
Lorsqu’il se réveilla il voulut s’enfuir mais la pierre
était si lourde qu’il retomba lourdement et mourut sur le
coup.
Tous trois se sentirent tout joyeux, le chasseur dépeça le
Loup et rentra chez lui, la grand-mère mangea le gâteau et
but le vin que le Petit Chaperon Rouge avait apportés et
se reposa enfin. Mais le Petit Chaperon Rouge pensa : « Tu
n’iras plus jamais seule en dehors des chemins dans la
forêt comme ta mère te l’avait recommandé. »
On raconta aussi qu’une fois alors que le Petit Chaperon
Rouge rapporta un gâteau à sa grand-mère, un autre Loup
lui avait adressé la parole pour l’écarter du bon chemin.
Mais le Petit Chaperon Rouge se protégea en continuant son
chemin sans s’écarter et dit à la grand-mère que le Loup
l’avait croisée et saluée avec un regard si méchant :
« Si je ne m’étais pas trouvé sur le grand chemin, il
m’aurait avalée. »
« Viens » dit la grand-mère, « fermons la porte pour qu’il
ne puisse pas rentrer » Peu après le Loup vint à frapper à
la porte et s’écria :
« Ouvre grand-mère, je suis le Petit Chaperon Rouge, je
t’apporte un gâteau. » Mais elles restèrent muettes et
n’ouvrirent pas la porte : Puis la gueule grise renifla
autour de la maison et sauta finalement sur le toit et
voulut
y
Chaperon
attendre
Rouge
que
rentre
la
chez
nuit
elle
tombe
et
que
le
pour
la
suivre
Petit
et
la
474
dévorer
dans
l’obscurité.
Mais
la
grand-mère
avait
démasqué ce qu’il avait dans le crâne. Devant la maison se
trouvait un grand abreuvoir en pierre, elle dit à l’enfant
:
« prends ce seau, hier j’ai fait cuire des saucisses,
porte
l’eau
dans
laquelle
je
les
ai
faites
cuire
et
d’eau
qu’il
en
remplis en l’abreuvoir. »
Le
Petit
fallait
Chaperon
pour
Rouge
remplir
le
porta
autant
gigantesque
abreuvoir.
Alors
l’odeur des saucisses s’éleva jusqu’au nez du Loup, il
renifla et observa au dessous de lui et tendit le cou si
loin qu’il ne put plus se retenir et commença à glisser :
Il glissa si bien du toit qu’il chut dans l’abreuvoir et
s’y noya. Le Petit Chaperon Rouge revint donc joyeusement
chez elle et personne ne l’importuna jamais plus.
475
1.2. Jacob et Wilhelm Grimm: ⼩小紅帽
從前有個可愛的⼩小姑娘,誰⾒見了都喜歡,但最喜歡她的是她的奶奶,簡直是她
要什麼就 給她什麼。⼀一次,奶奶送給⼩小姑娘⼀一頂⽤用絲絨做的⼩小紅帽,戴在她的
頭上正好合適。從此,姑娘再也不願意戴任何別的帽⼦子,於是⼤大家便叫她“⼩小紅
帽”。
⼀一天,媽媽對⼩小紅帽說:“來,⼩小紅帽,這裡有⼀一塊蛋糕和⼀一瓶葡萄酒,快給
奶奶送 去,奶奶⽣生病了,⾝身⼦子很虛弱,吃了這些就會好⼀一些的。趁著現在天還
沒有熱,趕緊動⾝身吧。在路上要好好⾛走,不要跑,也不要離開⼤大路,否則你會
摔跤的,那樣奶奶就什麼也吃不上了。到奶奶家的時候,別忘了說‘早上好’也
不要⼀一進屋就東瞧西瞅。”
“我會⼩小⼼心的。”⼩小紅帽對媽媽說,並且還和媽媽拉⼿手作保證。
奶奶住在村⼦子外⾯面的森林裡,離⼩小紅帽家有很⾧長⼀一段路。⼩小紅帽剛⾛走進森林就
碰到了⼀一 條狼。⼩小紅帽不知道狼是壞傢伙,所以⼀一點也不怕它。
“你好,⼩小紅帽,”狼說。
“謝謝你,狼先⽣生。”
“⼩小紅帽,這麼早要到哪裡去呀?”
476
“我要到奶奶家去。”
“你那圍裙下⾯面有什麼呀?”
“蛋糕和葡萄酒。昨天我們家烤了⼀一些蛋糕,可憐的奶奶⽣生了病,要吃⼀一些好東
西才能 恢復過來。”
“你奶奶住在哪裡呀,⼩小紅帽?”
“進了林⼦子還有⼀一段路呢。她的房⼦子就在三棵⼤大橡樹下,低處圍著核桃樹籬笆。
你⼀一定 知道的。”⼩小紅帽說。
狼在⼼心中盤算著:“這⼩小東西細⽪皮嫩⾁肉的,味道肯定⽐比那⽼老太婆要好。我要講究
⼀一下策 略,讓她倆都逃不出我的⼿手⼼心。”於是它陪著⼩小紅帽⾛走了⼀一會兒,然後
說:“⼩小紅帽,你看 周圍這些花多麼美麗啊!幹嗎不回頭看⼀一看呢?還有這些
⼩小⿃鳥,它們唱得多麼動聽啊!你⼤大 概根本沒有聽到吧?林⼦子裡的⼀一切多麼美好
啊,⽽而你卻只管往前⾛走,就像是去上學⼀一樣。”
⼩小紅帽抬起頭來,看到陽光在樹⽊木間來回跳蕩,美麗的鮮花在四周開放,便想
:“也許 我該摘⼀一把鮮花給奶奶,讓她⾼高興⾼高興。現在天⾊色還早,我不會去遲
的。”她於是離開⼤大 路,⾛走進林⼦子去采花。她每采下⼀一朵花,總覺得前⾯面還有
更美麗的花朵,便又向前⾛走去,結果⼀一直⾛走到了林⼦子深處。
就在此時,狼卻直接跑到奶奶家,敲了敲⾨門。
477
“是誰呀?”
“是⼩小紅帽。”狼回答,“我給你送蛋糕和葡萄酒來了。快開⾨門哪。”
“你拉⼀一下⾨門栓就⾏行了,”奶奶⼤大聲說,“我⾝身上沒有⼒力氣,起不來。”
狼剛拉起⾨門栓,那⾨門就開了。狼⼆二話沒說就衝到奶奶的床前,把奶奶吞進了肚
⼦子。然後 她穿上奶奶的⾐衣服,戴上她的帽⼦子,躺在床上,還拉上了簾⼦子。
可這時⼩小紅帽還在跑來跑去地采花。直到采了許多許多,她都拿不了啦,她才
想起奶 奶,重新上路去奶奶家。看到奶奶家的屋⾨門敞開著,她感到很奇怪。她
⼀一⾛走進屋⼦子就有⼀一種異樣的感覺,⼼心中便想:“天哪!平常我那麼喜歡來奶奶家
,今天怎麼這樣害怕?” 她⼤大聲叫道:“早上好!”,可是沒有聽到回答。她⾛走
到床前拉開簾⼦子,只⾒見奶奶躺在床上,帽⼦子拉得低低的,把臉都遮住了,樣⼦子
⾮非常奇怪。
“哎,奶奶,”她說,“你的⽿耳朵怎麼這樣⼤大呀?”
“為了更好地聽你說話呀,乖乖。”
“可是奶奶,你的眼睛怎麼這樣⼤大呀?”⼩小紅帽又問。
“為了更清楚地看你呀,乖乖。”
“奶奶,你的⼿手怎麼這樣⼤大呀?”
478
“可以更好地抱著你呀。”
“奶奶,你的嘴巴怎麼⼤大得很嚇⼈人呀?”
“可以⼀一⼜⼝口把你吃掉呀!”
狼剛把話說完,就從床上跳起來,把⼩小紅帽吞進了肚⼦子,狼滿⾜足了⾷食慾之後便
重新躺到 床上睡覺,⽽而且鼾聲震天。
⼀一位獵⼈人碰巧從屋前⾛走過,⼼心想:“這⽼老太太鼾打得好響啊!我 要進去看看她
是不是出什麼事了。”獵⼈人進了屋,來到床前時卻發現躺在那裡的竟是狼。“你
這⽼老壞蛋,我找了你這麼久,真沒想到在這裡找到你!”他說。他正準備向狼開
槍,突然又想到,這狼很可能把奶奶吞進了肚⼦子,奶奶也許還活著。
獵⼈人就沒有開槍,⽽而是操起⼀一把剪⼑刀,動⼿手把呼呼⼤大睡的狼的肚⼦子剪了開來。
他剛剪了兩下,就看到了紅⾊色的⼩小帽⼦子。他又剪了兩下,⼩小姑娘便跳了出來,
叫道:“真把我嚇壞了!狼肚⼦子裡⿊黑漆漆的。”接著,奶奶也活著出來了,只是
有點喘不過氣來。⼩小紅帽趕緊跑去搬來幾塊⼤大⽯石頭,塞進狼的肚⼦子。 狼醒來之
後想逃⾛走,可是那些⽯石頭太重了,它剛站起來就跌到在地,摔死了。
三個⼈人⾼高興極了。獵⼈人剝下狼⽪皮,回家去了;奶奶吃了⼩小紅帽帶來的蛋糕和葡
萄酒,精神好多了;⽽而⼩小紅帽卻在想:“要是媽媽不允許,我⼀一輩⼦子也不獨⾃自離
開⼤大路,跑進森林了。”
479
⼈人們還說,⼩小紅帽後來又有⼀一次把蛋糕送給奶奶,⽽而且在路上又有⼀一只狼跟她
搭話,想騙她離開⼤大路。可⼩小紅帽這次提⾼高了警惕,頭也不回地向前⾛走。她告
訴奶奶她碰到了狼,那傢伙嘴上雖然對她說“你好”,眼睛裡卻露著兇光,要不
是在⼤大路上,它准把她給吃了。
“那麼,”奶奶說,“我們把⾨門關緊,不讓它進來。”
不⼀一會兒,狼真的⼀一⾯面敲著⾨門⼀一⾯面叫道:“奶奶,快開⾨門呀。我是⼩小紅帽,給你
送蛋糕來了。”但是她們既不說話,也不開⾨門。 這⾧長著灰⽑毛的傢伙圍著房⼦子轉
了兩三圈,最後跳上屋頂,打算等⼩小紅帽在傍晚回家時偷偷跟在她的後⾯面,趁
天⿊黑把她吃掉。可奶奶看穿了這傢伙的壞⼼心思。她想起屋⼦子前有⼀一個⼤大⽯石頭槽
⼦子,便對⼩小姑娘說:“⼩小紅帽,把桶拿來。我昨天做了⼀一些⾹香腸,提些煮⾹香腸的
⽔水去倒進⽯石頭槽裡。”⼩小紅帽提了很多很多⽔水,把那個⼤大⽯石頭槽⼦子裝得滿滿的。
⾹香腸的氣味飄進了狼的⿐鼻孔,它使勁地⽤用⿐鼻⼦子聞呀聞,並且朝下張望著,到最
後把脖⼦子伸得太⾧長了,⾝身⼦子開始往下滑。它從屋頂上滑了下來,正好落在⼤大⽯石
槽中,淹死了。⼩小紅帽⾼高⾼高興興地回了家,從此再也沒有誰傷害過她。
480
1.3. Jacob et Wilhelm Grimm: Little Red Cap
Once upon a time there was a sweet little girl. Everyone
who saw her liked her, but most of all her grandmother,
who did not know what to give the child next. Once she
gave her a little cap made of red velvet. Because it
suited her so well, and she wanted to wear it all the
time, she came to be known as Little Red Cap.
One day her mother said to her, "Come Little Red Cap. Here
is a piece of cake and a bottle of wine. Take them to your
grandmother. She is sick and weak, and they will do her
well. Mind your manners and give her my greetings. Behave
yourself on the way, and do not leave the path, or you
might fall down and break the glass, and then there will
be nothing for your sick grandmother."
Little
Red
Cap
promised
to
obey
her
mother.
The
grandmother lived out in the woods, a half hour from the
village. When Little Red Cap entered the woods a wolf came
up to her. She did not know what a wicked animal he was,
and was not afraid of him.
"Good day to you, Little Red Cap."
"Thank you, wolf."
"Where are you going so early, Little Red Cap?"
"To grandmother's."
"And what are you carrying under your apron?"
"Grandmother is sick and weak, and I am taking her some
cake and wine. We baked yesterday, and they should give
her strength."
481
"Little Red Cap, just where does your grandmother live?"
"Her house is a good quarter hour from here in the woods,
under the three large oak trees. There's a hedge of hazel
bushes there. You must know the place," said Little Red
Cap.
The wolf thought to himself, "Now there is a tasty bite
for me. Just how are you going to catch her?" Then he
said,
"Listen,
Little
Red
Cap,
haven't
you
seen
the
beautiful flowers that are blossoming in the woods? Why
don't you go and take a look? And I don't believe you can
hear
how
beautifully
the
birds
are
singing.
You
are
walking along as though you were on your way to school in
the village. It is very beautiful in the woods."
Little
Red
Cap
opened
her
eyes
and
saw
the
sunlight
breaking through the trees and how the ground was covered
with beautiful flowers. She thought, "If a take a bouquet
to grandmother, she will be very pleased. Anyway, it is
still early, and I'll be home on time." And she ran off
into the woods looking for flowers. Each time she picked
one she thought that she could see an even more beautiful
one a little way off, and she ran after it, going further
and further into the woods. But the wolf ran straight to
the grandmother's house and knocked on the door.
"Who's there?"
"Little Red Cap. I'm bringing you some cake and wine. Open
the door for me."
"Just press the latch," called out the grandmother. "I'm
too weak to get up."
482
The
wolf
pressed
the
latch,
and
the
door
opened.
He
stepped inside, went straight to the grandmother's bed,
and ate her up. Then he took her clothes, put them on, and
put her cap on his head. He got into her bed and pulled
the curtains shut.
Little Red Cap had run after flowers, and did not continue
on her way to grandmother's until she had gathered all
that she could carry. When she arrived, she found, to her
surprise, that the door was open. She walked into the
parlor, and everything looked so strange that she thought,
"Oh, my God, why am I so afraid? I usually like it at
grandmother's." Then she went to the bed and pulled back
the curtains. Grandmother was lying there with her cap
pulled down over her face and looking very strange.
"Oh, grandmother, what big ears you have!"
"All the better to hear you with."
"Oh, grandmother, what big eyes you have!"
"All the better to see you with."
"Oh, grandmother, what big hands you have!"
"All the better to grab you with!"
"Oh, grandmother, what a horribly big mouth you have!"
"All the better to eat you with!" And with that he jumped
out of bed, jumped on top of poor Little Red Cap, and ate
her up. As soon as the wolf had finished this tasty bite,
he climbed back into bed, fell asleep, and began to snore
very loudly.
483
A huntsman was just passing by. He thought it strange that
the old woman was snoring so loudly, so he decided to take
a look. He stepped inside, and in the bed there lay the
wolf that he had been hunting for such a long time. "He
has eaten the grandmother, but perhaps she still can be
saved. I won't shoot him," thought the huntsman. So he
took a pair of scissors and cut open his belly.
He had cut only a few strokes when he saw the red cap
shining through. He cut a little more, and the girl jumped
out and cried, "Oh, I was so frightened! It was so dark
inside the wolf's body!"
And then the grandmother came out alive as well. Then
Little
Red
Cap
fetched
some
large
heavy
stones.
They
filled the wolf's body with them, and when he woke up and
tried to run away, the stones were so heavy that he fell
down dead.
The three of them were happy. The huntsman took the wolf's
pelt. The grandmother ate the cake and drank the wine that
Little Red Cap had brought. And Little Red Cap thought to
herself, "As long as I live, I will never leave the path
and run off into the woods by myself if mother tells me
not to."
They also tell how Little Red Cap was taking some baked
things to her grandmother another time, when another wolf
spoke to her and wanted her to leave the path. But Little
Red Cap took care and went straight to grandmother's. She
told her that she had seen the wolf, and that he had
wished her a good day, but had stared at her in a wicked
manner. "If we hadn't been on a public road, he would have
eaten me up," she said.
484
"Come," said the grandmother. "Let's lock the door, so he
can't get in."
Soon afterward the wolf knocked on the door and called
out, "Open up, grandmother. It's Little Red Cap, and I'm
bringing you some baked things."
They
remained
silent,
and
did
not
open
the
door.
The
wicked one walked around the house several times, and
finally jumped onto the roof. He wanted to wait until
Little Red Cap went home that evening, then follow her and
eat her up in the darkness. But the grandmother saw what
he was up to. There was a large stone trough in front of
the house.
"Fetch a bucket, Little Red Cap," she said. "Yesterday I
cooked some sausage. Carry the water that I boiled them
with to the trough." Little Red Cap carried water until
the
large,
large
trough
was
clear
full.
The
smell
of
sausage arose into the wolf's nose. He sniffed and looked
down, stretching his neck so long that he could no longer
hold himself, and he began to slide. He slid off the roof,
fell into the trough, and drowned. And Little Red Cap
returned home happily and safely.
485
ANNEXE 2. LIVRE DES ACTES DES APÔTRES – CHAPITRE
XXII
01 « Frères et pères, écoutez ce que j’ai à vous dire
maintenant pour ma défense. »
02 Quand ils l’entendirent s’adresser à eux en araméen, le
calme se fit plus grand encore. Il leur dit :
03 « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais élevé ici
dans cette ville, où, à l’école de Gamaliel, j’ai reçu une
éducation strictement conforme à la Loi de nos pères ;
j’avais pour Dieu une ardeur jalouse, comme vous tous
aujourd’hui.
04 J’ai persécuté à mort ceux qui suivent le Chemin du
Seigneur Jésus ; j’arrêtais hommes et femmes, et les
jetais en prison ;
05 le grand prêtre et tout le collège des Anciens peuvent
en témoigner. Ces derniers m’avaient donné des lettres
pour nos frères de Damas où je me rendais : je devais
ramener à Jérusalem, ceux de là-bas, enchaînés, pour
qu’ils subissent leur châtiment.
06 Donc, comme j’étais en route et que j’approchais de
Damas, soudain vers midi, une grande lumière venant du
ciel m’enveloppa de sa clarté.
07 Je tombai sur le sol, et j’entendis une voix me dire :
“Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?”
08 Et moi je répondis : “Qui es-tu, Seigneur ? – Je suis
Jésus le Nazaréen, celui que tu persécutes.”
486
09 Ceux qui étaient avec moi virent la lumière, mais
n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait.
10 Alors je dis : “Que dois-je faire, Seigneur ?” Le
Seigneur me répondit : “Relève-toi, va jusqu’à Damas ; et
là on te dira tout ce qu’il t’est prescrit de faire.”
11 Comme je n’y voyais plus rien, à cause de l’éclat de
cette lumière, je me rendis à Damas, conduit par la main
de mes compagnons.
12 Or, Ananie, un homme religieux selon la Loi, à qui tous
les Juifs résidant là rendaient un bon témoignage,
13 vint se placer près de moi et me dit : “Saul, mon frère,
retrouve la vue.” Et moi, au même instant, je retrouvai la
vue, et je le vis.
14 Il me dit encore : “Le Dieu de nos pères t’a destiné à
connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à
entendre la voix qui sort de sa bouche.
15 Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le
témoin de ce que tu as vu et entendu.
16 Et maintenant, pourquoi tarder ? Lève-toi et reçois le
baptême, sois lavé de tes péchés en invoquant son nom.”
17 Revenu à Jérusalem, j’étais en prière dans le Temple
quand je tombai en extase.
18 Je vis le Seigneur qui me disait : “Hâte-toi, sors vite
de Jérusalem, car ils n’accueilleront pas ton témoignage à
mon sujet.”
19 Et moi je répondis : “Seigneur, ces gens le savent
bien : c’est moi qui allais d’une synagogue à l’autre pour
487
mettre en prison et faire flageller ceux qui croyaient en
toi ;
20 et quand on versait le sang d’Étienne ton témoin, je me
tenais là, moi aussi ; j’étais d’accord, et je gardais les
vêtements de ses meurtriers.”
21 Il me dit alors : “Va, car moi je vais t’envoyer au
loin, vers les nations.” »
22 Jusqu’à cette parole, les gens l’écoutaient. Mais alors,
ils se mirent à élever la voix : « Débarrassez la terre
d’un tel individu ! Il ne faut pas qu’il vive ! »
23 Ils poussaient des cris, arrachaient leurs vêtements,
jetaient de la poussière en l’air.
24 Alors le commandant ordonna de le faire entrer dans la
forteresse. Il dit de procéder à un interrogatoire par le
fouet, afin de savoir pour quel motif on criait contre lui
de cette manière.
25 Comme on l’étendait en l’attachant avec des courroies,
Paul dit au centurion de service : « Un citoyen romain,
qui n’a même pas été jugé, avez-vous le droit de lui
donner le fouet ? »
26 Quand le centurion entendit cela, il alla trouver le
commandant pour le mettre au courant : « Qu’allais-tu
faire ? Cet homme est un Romain ! »
27 Le commandant alla trouver Paul et lui demanda : « Dismoi : tu es romain, toi ? – Oui, répondit-il. »
28 Le commandant reprit : « Moi, j’ai payé une grosse
somme pour acquérir cette citoyenneté. » Paul répliqua : «
Moi, je l’ai de naissance. »
488
29 Aussitôt, ceux qui allaient procéder à l’interrogatoire
se retirèrent ; et le commandant prit peur en se rendant
compte que c’était un citoyen romain et qu’il l’avait fait
ligoter.
30 Le lendemain, le commandant voulut savoir avec
certitude de quoi les Juifs l’accusaient. Il lui fit
enlever ses liens ; puis il convoqua les grands prêtres et
tout le Conseil suprême, et il fit descendre Paul pour
l’amener devant eux.
489
TABLE DE MATIÈRES
SOMMAIRE........................................6
INTRODUCTION GÉNÉRALE...........................8
CHAPITRE 1 RAPPORTS DE LANGUE ET DE CULTURE....12
Introduction...................................13
1.1 Évolution de la langue chinoise............14
1.1.1 Natures des caractères chinois antiques
...............................................15
1.1.1.1 Écriture hiéroglyphique..........15
1.1.1.2 Combinaison libre................23
1.1.1.3 Structure flexible de langue.....28
1.1.1.4
Style
esthétique,
expression
de
l’esprit.................................35
1.1.2 Valeurs humaines des caractères.......38
1.1.2.1 Culture traditionnelle du point de
vue des caractères.......................39
1.1.2.2 Esprit Humaniste.................44
1.1.2.3
Rapport
des
modes
de
pensée
traditionnelles..........................51
1.1.2.4 Traditions culturelles...........55
1.1.3 Points distinctifs du mandarin........60
1.1.3.1 Définition de la langue chinoise
moderne..................................60
1.1.3.2 Règles du vocabulaire............61
1.1.3.3 Juxtaposition....................68
1.2 Culture....................................71
1.2.1 Qualités de culture...................71
1.2.2 Disproportion des cultures............75
490
1.2.3 Conversation inégale..................77
1.2.4 Caractères nationaux des Chinois......79
1.3 Échanges culturels.........................85
1.3.1 Histoire brève........................85
1.3.1.1 Faisabilité et besoin des échanges
culturels................................85
1.3.1.2
Origine
occidentale
de
la
civilisation chinoise....................88
1.3.1.3 Nestorianisme....................91
1.3.2 Migration culturelle..................94
1.3.3 Circulation de la culture chinoise...102
1.3.3.1 Les classiques..................102
1.3.3.2 Sinologie et culture traditionnelle
de Chine................................105
1.3.3.3 Influences sur la France moderne
........................................109
1.3.3.4 Querelle des rites avec la Chine
....................................... 112
1.4 Langue et culture.........................116
1.4.1 Perceptions différentes du monde.....116
1.4.2 Contextes culturels..................120
1.4.3
Exemples
des
différences
de
la
perception ................................122
1.5 Rapport des mots de langues différentes...127
1.5.1 Points distinctifs des mots..........127
1.5.2 Rapport des mots.....................130
Conclusion....................................135
CHAPITRE 2 TRADUCTION ET SES ASPECTS TECHNIQUES
..............................................137
491
Introduction..................................138
2.1 Traduction de la culturelle...............139
2.1.1 Significations des recherches........139
2.1.2 Communication interculturelle........141
2.1.2.1 Traduction Interculturelle......143
2.1.2.2 Naturalisation et aliénation....145
2.1.2.3
Critères
de
la
traduction
interculturelle.........................147
2.2
Traduction
spécifique
de
termes
culturels
..............................................150
2.3 Malentendus interculturels................165
2.4 Idéologie.................................171
2.4.1 Traduction et réécriture.............171
2.4.2 Détachement de l’idéologie...........164
Conclusion....................................176
CHAPITRE
3
MORALE
POUR
LES
ENFANTS:
LE
PETIT
CHAPERON ROUGE................................178
Introduction..................................179
3.1 Contexte..................................181
3.1.1 Origine d’histoire...................181
3.1.2 Versions diverses....................185
3.1.2.1 Structure de narration..........186
3.2 Comparaison...............................192
3.2.1 Nature des monstres..................192
3.2.2 Cannibalisme.........................193
3.2.3 Rouge................................197
3.2.4 Nature contre civilisation...........199
3.2.4.1. Dichotomie.....................199
492
3.2.4.2.
Présentation
et
élimination
d’antithèse.............................202
3.2.5 Début du conflit.....................203
3.2.5.1 Bête d’horreur..................204
3.2.5.2 Défense physique et symbole de la
civilisation............................207
3.2.5.3 Nourritures crues...............209
3.2.6
Développement du conflit............211
3.2.6.1 Endroit temporaire..............211
3.2.6.2 Punition........................212
3.2.7 Signification des fins d’histoire....215
3.3 Traductions de la version des frères Grimm
..............................................220
3.3.1 Omission.............................220
3.3.1.1 Exemples........................220
3.3.1.2 Analyse.........................224
3.3.2 Naturalisation.......................228
3.3.2.1 Exemples........................228
3.3.2.2 Analyse.........................237
3.3.3 Réécriture...........................239
3.3.3.1 Exemples........................239
3.3.3.2 Analyse.........................247
3.3.4 Autres...............................250
Conclusion....................................254
CHAPITRE 4 MORALE POUR LES ADULTES :
JUSTE MILIEU ET DOCTRINE DU MILIEU........... 257
Introduction..................................258
4.1 Intérêt politique.........................259
4.2 Apparition de la notion de milieu.........269
493
4.3 État suprême de la morale.................271
4.4 Méthodologie..............................276
4.5 Cadre politique...........................286
4.5.1 État de droit et État d’homme........290
4.5.2
Roue
de
la
vie
politique
des
deux
philosophes................................294
4.5.2.1 Cité et régime centralisé.......295
4.5.2.2 Raisonnement ou édification.....298
4.5.2.3 Classe moyenne..................299
4.5.2.4 Effet de l’héritage.............301
4.6 Cadre bonheur.............................303
4.7 De la morale..............................308
4.8 Traduction de l’éthique d’Aristote........313
4.8.1 Deux guides et leurs méthodes........313
4.8.2 Évaluation des méthodes..............316
Conclusion....................................321
CHAPITRE 5 NOUVEAU SYSTÈME DE LA MORALE : BIBLE
ET CONFUCIANISME..............................325
Introduction..................................326
5.1 La Bible en Chine.........................328
5.2 Littératures inspirées....................330
5.3 Grands classiques.........................337
5.3.1 Herméneutique.......................337
5.3.2 Force suprême.......................340
5.3.2.1 Signification...................340
5.3.2.2 Style de narration..............345
5.3.3 Réglementations.....................351
5.3.3.1 Signification...................353
5.3.3.1.1 Bienveillance.............354
494
5.3.3.1.2 Commandements.............369
5.3.3.2 Fond théorique..................376
5.3.4 Modalité............................381
5.3.4.1 Type de sagesse.................381
5.3.4.2 Examen de soi et confession.....385
5.4
Les
mots
bienveillants
pour
conseiller
le
monde.........................................390
5.4.1 Héritage de la Bible.................392
5.4.1.1 Citation........................392
5.4.1.2 Implicitation...................395
5.4.1.3 Intérêt d’exposée...............396
5.4.1.4 Faute de lecture................397
5.4.1.5
Infiltration
de
culture
traditionnelle chinoise.................398
5.4.2 Emploi de la Bible..................400
5.4.2.1 Péché...........................400
5.4.2.2 Rédemptions.....................409
5.4.3 Méthode de traduction................415
5.4.3.1 Traduction de “Dieu”............416
5.4.3.2 Liang en tant que scripteur.....420
5.4.3.3 Pensée traditionnelle...........426
5.4.3.3 Conversation....................431
Conclusion....................................435
CONCLUSION GÉNÉRALE...........................439
BIBLIOGRAPHIE.................................455
ANNEXE........................................469
1. Trois versions du PETIT CHAPERON ROUGE.....469
1.1. Jacob et Wilhelm Grimm: Le Petit Chaperon
rouge......................................469
495
1.2. Jacob et Wilhelm Grimm: 小紅帽.........475
1.3. Jacob et Wilhelm Grimm: Little Red Cap
...........................................480
2. Livre des Actes des Apôtres – chapitre XXII
..............................................485
496

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