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Numéro 5 du 15 mai 2008 http://www.clionautes.org Situé entre Laon et Soissons, dans l’Aisne, le Chemin des Dames s’étire sur une trentaine de kilomètres en empruntant la ligne de crête d’un plateau calcaire coincé entre la vallée de l’Ailette au Nord et la vallée de l’Aisne au Sud. Ce chemin doit son nom aux filles de Louis XV qui l’empruntaient pour rendre visite à leur gouvernante mais dans la Mémoire collective, le lieu est surtout associé à l’échec de l’offensive Nivelle en avril 1917 et au mouvement des mutineries, illustré par la célèbre chanson de Craonne. Longtemps oublié des commémorations nationales, le Chemin des Dames retrouve progressivement, sous l’impulsion du Conseil général de l’Aisne, sa place dans l’histoire de la Grande Guerre mais reste toujours l’objet de certains désaccords. La sortie du mois, le labo des Clionautes, n°5 du 15 mai 2008 1 Un peu d’histoire La crête du chemin des Dames est occupée dès septembre 1914 par les Allemands. Jusqu’au mois d’avril 1917, ils consolident leurs positions, assurent, par la mise en place d’un réseau de tunnels, leur ravitaillement, assez loin en arrière. La méconnaissance de ce réseau par les Français est aujourd’hui avancée comme un des éléments expliquant l’échec de l’offensive. En décembre 1916, le général Nivelle, récemment nommé commandant en chef des forces françaises, annonce qu’il peut en finir avec la guerre de position en perçant le front « en 24 ou 48 heures » grâce à une offensive d’envergure sur le Chemin des Dames. Face aux réticences des autres généraux qui redoutent l’échec en raison d’une topographie très défavorable aux Français, Nivelle met dans la balance sa démission si la percée n’est pas obtenue. Il a confiance dans la puissance de feu de l’artillerie et dans l’importance des effectifs engagés (plus d’un million d’hommes). La commission d’enquête nommée, dès juillet 1917, par le gouvernement, pour juger des responsabilités du général Nivelle conclura « La part du hasard est si grande à la guerre qu’il paraît impossible d’affirmer que le plan du général Nivelle n’était pas réalisable. Il faut reconnaître toutefois que le commandant en chef avait fait choix d’un terrain extrêmement difficile et qu’il attaquait à fond sur un front de 80 km un ennemi averti, formidablement retranché et disposant de nombreuses réserves ». Plusieurs fois reportée, cette offensive est fixée pour le 16 avril à 6 heures du matin. Malgré une préparation d’artillerie particulièrement intense (5 millions d’obus tirés sur les lignes allemandes en 5 jours), les défenses de l’adversaire sont loin d’être anéanties. Dès les premières heures, l’offensive s’avère très meurtrière : 30000 tués et 100000 blessés en 10 jours du 16 au 25 avril. Mais Nivelle persiste. Attaques et contre-attaques vont se succéder sans répit. L’échec à obtenir une percée décisive, les pertes humaines considérables vont saper le moral des troupes et entraîner le mouvement des mutineries, illustré par la chanson de Craonne (les natifs du lieu prononcent « cranne »). Sur le chemin des Dames, les refus d’obéissance collectifs vont concerner environ 40000 hommes, à l’arrière. 250 cas de mutineries sont recensés. 554 soldats sont condamnés à mort par les conseils de guerre ; 56 seront fusillés dans l’Aisne. Le 15 mai, Nivelle, limogé est remplacé par Pétain. En novembre 1917, la crête est reprise par les Français. Que peut-on voir sur le Chemin des Dames? L’itinéraire retenu n’est pas le seul envisageable (à l’extrémité du Chemin des Dames, le fort de la Malmaison ouvre ses portes, une fois par mois) mais la visite du musée de la Caverne du dragon s’impose comme un élément central de la sortie. A gauche, le site de l’ancien village de Craonne, aménagé en arboretum. A droite, le plateau de californie et la sculpture de Haïm Kern. A gauche, le musée de la caverne du Dragon. A droite, la nécropole nationale de Cerny-enLaonnois. La sortie du mois, le labo des Clionautes, n°5 du 15 mai 2008 2 Comment exploiter cette visite ? Suggestion de parcours pour des élèves de 3ème. La visite du site de l’ancien village de Craonne permet aux élèves, de prendre conscience des destructions liées aux bombardements. Situé dans le no man’s land, plusieurs fois pris et repris, le village, classé en zone rouge après la guerre, a été reconstruit en contrebas. L’ancien site a été aménagé en arboretum par l’Office national des forêts. Des panneaux présentent des photographies du village tel qu’il était avant la guerre, c'est-à-dire un bourg florissant. La vue panoramique depuis le plateau de Californie permet de comprendre la topographie des lieux et de repérer les positions respectives des belligérants et notamment celle, peu favorable des Français. Le service éducatif du Musée du chemin des Dames propose la réalisation d’un croquis à partir d’une photographie de paysage. Sur le plateau, on peut voir une sculpture contemporaine de l’artiste Haïm Kern, intitulée « Ils n’ont pas choisi leur sépulture ». Commande publique de l’Etat avec le concours du Conseil général de l’Aisne, cette œuvre a été réalisée à l’occasion de la commémoration du 80ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918. Une autre œuvre contemporaine, « La constellation de la Douleur » de Christian Lapie (ensemble de 9 sculptures en hommage aux Tirailleurs sénégalais) est implantée à proximité de la Caverne du Dragon. Un projet pédagogique sollicitant les collègues d’Arts plastiques peut donc être envisagé. Le musée de la caverne du Dragon, musée du Chemin des Dames, propose dans son hall d’accueil, des expositions temporaires. Pour exemple, celle qui était visible de septembre 2007 à avril 2008 intitulée « Dans la guerre des Toubabs » rendait hommage aux 165000 combattants noirs venus de tous les territoires de l’Afrique occidentale et regroupés sous le qualificatif de « Tirailleurs sénégalais ». Le thème retenu pour la prochaine exposition est celui de la « Grosse Bertha ». Le service éducatif du musée met en ligne des questionnaires téléchargeables pour exploiter les expositions ainsi que la visite de la grotte proprement dite. La visite commence par la projection d’un diaporama commenté et se poursuit devant les traditionnelles vitrines d’uniformes. Mais c’est à peu près le seul élément traditionnel du musée car le Conseil général de l’Aisne à qui le Souvenir français en a confié la gestion depuis 1995 a résolument opté pour une muséographie très contemporaine utilisant notamment les jeux de lumière. Les flambeaux : scénographie symbolisant l’esprit des combattants du Chemin des Dames. Le dortoir : scénographie représentant le repos et l’importance de la correspondance dans la vie d’un soldat. Pour la visite de la nécropole nationale de Cerny-en-Laonnois, Emmanuel Véziat (professeur animateur du service éducatif Musée du Chemin des Dames) propose un exercice (téléchargeable sur le site du CRDP d’Amiens) où les élèves, répartis en groupes, ont pour consigne de relever la date précise du décès de chaque soldat. Les résultats peuvent ensuite faire l’objet d’un traitement statistique (histogramme), montrant ainsi la mortalité particulièrement forte des premiers jours de l’offensive. Sur place, les élèves réalisent un croquis des différents types de stèles individuelles en fonction des confessions des soldats et sont amenés à réfléchir sur les multiples nationalités engagées dans ce conflit mondial. La sortie du mois, le labo des Clionautes, n°5 du 15 mai 2008 3 Sur le Web Le portail du Chemin des Dames http://www.chemindesdames.fr/ Ce portail permet d’accéder : à un mémorial virtuel : http://www.memorial-chemindesdames.fr/ au site du musée de la caverne du Dragon (le service éducatif met à disposition des enseignants des questionnaires à télécharger). http://www.caverne-du-dragon.com/fr/default.aspx Des ressources pédagogiques sont également disponibles sur le site du CRDP de l’académie d’Amiens : http://crdp.ac-amiens.fr/ressources-culture/dragon-activite.htm Informations pratiques : - Pour se rendre sur le chemin des Dames : Lire Sur le Chemin des Dames, la Caverne du Dragon : Depuis Laon : par la D967 ou la RN2 Depuis Soissons : par la RN2 Depuis Reims : par la D1044 - Pour prendre contact avec le musée : Caverne du Dragon Chemin des Dames 02160 Oulches-la-Vallée-Foulon Tél : 03 23 25 14 18 Fax : 03 23 25 14 11 Mél : [email protected] Horaires d’ouverture au public : CASTEX Henri, L’Affaire du Chemin des Dames. Les Comités secrets (1917), Paris, Imago, 1998. MARIVAL Guy, La caverne du Dragon. Histoire d’un site du Chemin des Dames, dans Graines d’Histoire, la mémoire de l’Aisne, n° 5, mars 1999. OFFENSTADT Nicolas (sous la direction de), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, Stock, 2004. Sur les mutineries : De février à décembre : 10h à 18h En juillet et en août (7j /7) : 10h à 19h Fermé le lundi sauf de mai à août Visites : - Visite guidée d’une durée de 1h30 - Tarif pour les scolaires : 2,50 €/élève. BACH André, Fusillés pour l’exemple, Paris, Tallandier, 2003. OFFENSTADT Nicolas, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999), Paris, O. Jacob, 1999. L’auteur Fabienne DHERSE est professeur au collège Les Bleuets à Aÿ (Marne). Attention ! Le prochain numéro sortira le 15 septembre. La sortie du mois, le labo des Clionautes, n°5 du 15 mai 2008 Le_Labo, revue bimestrielle des Clionautes Directrice de publication : Caroline Jouneau-Sion Rédacteur en chef : Jean-Pierre Meyniac Adhérer à l’association : http://www.clionautes.org/spip.php?arti cle493 4