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n o1 9 - J a n v i e r 2 0 1 5 som -maire a pim new year ! 2015 ! enfin, nous voilà arrivés à cette date si particulière pour le littoral et les îles. Sans remonter jusqu’à Azincourt en 1415 ou encore Waterloo en 1815, nous allons célébrer cette année de beaux anniversaires aux chiffres ronds... En 1975 naissait le Conservatoire du littoral qui après 40 années d’ambition partagée pour les rivages Français, a permis de protéger 160.000ha de rivages lacustres et de bords de mer naturels. La même année, le Plan d’Action pour la Méditerranée lançait ces premier travaux pour les littoraux riverains du Bassin. En 1995, nos voisins Tunisiens lançaient l’APAL pour sauver et préserver leurs côtes et îles. En 2005, l’Initiative PIM commençait à mettre en place ces premières missions de coopération et de partenariat aux Habibas et à la Galite…10 ans déjà ! tant de chemin parcouru et de projets réalisés, mais le plus important restent les prochains défis et prochains travaux qui seront menés sur les îles et pour les îles de Méditerranée et d’ailleurs. Ce numéro d’îles en îles dresse déjà quelques pistes pour le futur. Que 2015 soit belle et heureuse pour toutes et tous et que tous ces anniversaires nous permettent d’envisager le futur avec encore plus d’enthousiasme et d’envie. Bonne année 2015 ! Fabrice Bernard actualités des îles p2 agenda p4 portfolio p5 Développement durable eigg island, l’utopie insulaire p6 petites îles du monde réserve cousteau coeur de parc p10 petites îles du mozambique p14 programme PIM albatros 2 0 1 4 Les oiseaux de l’archipel méditerranéen p16 actualités des îles cap sur l’archipel des habibas pour les équipes de l’émission THALASSA Surveillez votre programme télé en ce début d’année 2015 ! Les équipes de CAPA Télévisions ont sillonné les côtes algériennes en juillet dernier avec un reportage qui sera consacré à l’archipel des Habibas pour la célèbre émission Thalassa ! Un reportage de près de 2h sur l’Algérie et ses richesses naturelles d’exception, comme les fonds marins et les populations d’oiseaux de l’archipel des Habibas. Les techniciens et réalisateurs ont passé 45 jours aux côtés des amoureux des côtes algériennes pour une diffusion prévue en ce début d’année. L’Initiative PIM ne manquera pas de diffuser le replay sur sa page Facebook ! actualités des îles Le PNUE-PAM et la france signent le PAC VAR Après plusieurs années de développement, le projet de Programme d’Aménagement côtier (PAC) du territoire Var est opérationnel et sera mis en œuvre sur la période 2014-2017. Soutenu par le Centre d’Action Régionale sur les Programmes d’Action Prioritaires (CAR/PAP), le PAC Var a été initié suite à la demande du Président du Conseil Général du Var afin d’être le prolongement du Schéma de la mer et du littoral et d’apporter, dans un cadre international, des compléments d’expertises et d’analyse. Ce projet permettra aussi d’appuyer localement la démarche de gestion intégrée à travers des approches pilotes et l’application de méthodologies reconnues au niveau international. Par ailleurs, le PAC vise à étudier la construction progressive d’un dispositif de gouvernance « mer et littoral » qui devrait s’articuler avec les initiatives de gestion existantes dans l’espace terre-mer du département du Var (Natura 2000 en mer, Sites terrestres et DPM du Conservatoire, contrats de baie, SDAGE, Charte du Parc National de Port Cros, document stratégique de façade, etc.). Le Programme d’Aménagement Côtier varois, a pu être finalisé grâce à des échanges réguliers avec le CAR/PAP, le Conservatoire du littoral (point focal français auprès du CAR), les Ministères chargés de l’Environnement et des Affaires étrangères et les experts associés comme ceux du Conseil Général du Var et de l’Agence de l’Eau RMC qui poursuivront par ailleurs leur soutien à la démarche. Un chargé de projet vient d’être recruté et commence sa mission en janvier. Parions que les îles ne seront pas oubliées au coeur de ce dispositif ! msw sardinia 2015 l’IMC - International Marine Center organise le prochain atelier Seagrass Méditerranée (MSW) qui se tiendra à Oristano, du 18 au 22 mai 2015. L’événement, dont ce sera la quatrième édition, vise à rassembler les chercheurs impliqués dans l’étude des herbiers méditerranéens, pour présenter les résultats de recherches et échanger sur les questions liées à leur gestion et leur conservation. Toutes les informations sont disponibles sur le site web MSW accessible en suivant ce lien et sur www.imc-it.org 2 SAVE YOUR DATE Hammamet 2015 second SYMPOSIUM sur la conservation des oiseaux marins de méditerranée Il y a dix ans, le premier symposium pour la Conservation des Oiseaux Marins de Méditerranée se tenait à Vilanova en Espagne, permettant d’inscrire une dizaine de nouvelles espèces menacées à la liste qui identifie les oiseaux marins les plus fragiles et méconnues de Méditerranée aux yeux de la Convention de Barcelone (Annexe II du Protocole ASP/BD). En 2015, il est temps de jeter un regard plus précis sur l’état de santé de ces espèces, d’échanger autour des lacunes scientifiques persistantes, mais aussi d’évaluer l’effet des nouvelles réglementations et outils de recherches développés depuis la dernière rencontre de 2005. Un événement organisé par le CAR-ASP, l’AAO, MedMaravis et l’Initiative PIM à Hammamet en Tunisie (Hôtel Vincci Taj Sultan) du 20 au 22 février prochain, auquel participeront de nombreux experts Pimistes. Plus d’infos en cliquant ici. LA webtv du parc national des calanques étoffe sa vidéothèque Le Parc National des Calanques a lancé sa WebTV cet été pour permettre aux internautes de découvrir la vie et les actualités du site. Depuis, de nombreuses vidéos ont été diffusées via la plateforme Youtube sur des sujets variés, tels que les missions des agents et des focus sur le patrimoine naturel du Parc, dans un format court et dynamique. L’Initiative PIM a eu l’opportunité de parler de la base de données baguage, projet impulsé par le programme PIM Albatros, dans un reportage dédié à la population de puffins cendrés fidèles au Parc National pour la période de nidification … A raison d’une vidéo publiée chaque mois, on s’abonne vite à cette chaîne Youtube en cliquant ici ! Lire la première lettre d’information de Medmaravis en cliquant ici parution PETIt traité de séduction à l’usage des amoureux de la Méditerranée Biologiste marin et cofondateur de la société Andromède Océanologie, partenaire de l’Initiative PIM, Pierre Descamp déclare sa flamme à la Méditerranée après des années de romance scientifique dans l’ouvrage « Petit traité de séduction à l’usage des amoureux de la Méditerranée ». Entouré d’artistes comme nos amis Laurence Malherbe et Louis-Marie Préau, son associé Laurent Ballesta, et des dessins oniriques de Maxime Aubinet, Pierre Descamp raconte charme après charme la Méditerranée qu’il parcourt avec Andromède pour mieux la préserver. Des visuels forts et enchanteurs, et un discours simple et efficace : rappeler les sentiments plutôt que faire la morale, et amener le lecteur à cette réflexion, « nous aimons tous la Méditerranée, mais que fait-on pour être aimé en retour ? ». Au-delà de cette belle déclaration d’amour à la Mare Nostrum, ce petit traité est un objet, en plus d’être un ouvrage, avec un soin tout particulier apporté à la maquette et aux finitions, qui n’est tiré qu’à 2000 exemplaires. L’Initiative PIM a eu la chance de pouvoir contribuer à sa rédaction et est très heureuse de vous annoncer sa parution en cette fin d’année 2014. Cliquez ici pour accéder à la boutique ! «Petit traité de séduction à l’usage des amoureux de la Méditerranée» . Andromède Collection. Prix : 29,90 €. Env. 150 pages. Actuellement en vente. 3 actualités des îles portfolio med-phares missions pim deuxième rencontre achevée sur le grand-rouveau La deuxième rencontre du projet MEDPHARES vient de s’achever à Six-Fours-les-Plages ! Déjà intégrée au sein du réseau des îles sentinelles de l’Initiative PIM, le Grand Rouveau est également l’un des sites pilotes du projet de coopération transfrontalière MEDPHARES, financé par l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat/Programme Méditerranée. Ce projet associant des partenaires de la rive nord et de la rive sud de la Méditerranée, vise à contribuer à mettre en valeur le patrimoine historique et culturel lié à la navigation et la signalisation maritime (phares, sémaphores...) afin que les expériences de gestion exemplaire menées à l’échelle locale s’inscrivent dans une stratégie globale de Gestion Intégrée des Zones Côtières. Après le comité de pilotage et l’atelier transfrontalier permettant d’échanger sur les diverses activités du projet, la Conférence de lancement s’est déroulée fin octobre, avec pour objectif de communiquer sur le projet et de promouvoir auprès d’un large public les enjeux de préservation des phares, sémaphores et balises de Méditerranée. Un grand merci à la Ville de Six-Fours ainsi qu’à tous les partenaires du projet (le Conservatoire des côtes de Sardaigne, l’APAL, la Municipalité de Tyr et la SPNL) pour avoir contribué au succès de cet événement ! Même en hiver, les activités continuent sur le grand-rouveau de Deu x exp erts Pim iste s en mis sion l'île pré par atio n du plan de gestion de . nier der juin en ani, Saz alba nais e de Pendant que la conférence prenait place à l’espace culturel de la ville, une double mission se jouait sur l’île dans le cadre de l’initiative PIM : la réinstallation de la pépinière d’espèces insulaires et la seconde session de suivi de Phyllodactyle d’Europe. Une mission de collaboration entre l’équipe de Sécurité Plage, le Service arrosage de la commune, l’EPHE de Montpellier et AGIR écologique. Une nouvelle mission pilote sur ce territoire Conservatoire ! Réunion des acteurs de la Base de Données de Baguage, projet porté par le programme Albatros de l'Initiative PIM ! Les PIM ont été accueillis par les contributeurs espagnols du projet d'Atlas. Agenda ANNée 2015 20 au 22 février 2015 9 au 13 mars 2015 18 au 24 Mai 2015 18 au 22 Mai 2015 30 juin au 2 juillet 2015 2014 40ème anniversaire du conservatoire du littoral du C om ité de N ou ve lle ré un io n s de s P et ite s pi lo ta ge de l'A tla H isto ire Île s, au M us ée d' en ce ! N at ur el le de Fl or Nouveau recensement du Balbuzard au Parc National d'Al Hoceima, au Maroc. L'occasion de tester les protocoles de suivi. Notre ami Pimiste Marc Cheylan construit un abri à phyllodactyle sur le Grand-Rouveau dans le Var. SYMPOSIUM CONSERVATION DES OISEAUX MARINS DE MEDITERRANéE organisé par MEDMARAVIS et AAO – Hammamet , TUNISIE initiative pim corege 2015 Rencontre du Comité de Recherche et de Gestion de l’Initiative PIM Baléares, www.initiative-pim.org celebrate islands ! On fête les îles partout dans le monde - www.celebrateislands.org Mediterranean Seagrass Workshop organisé par International Marine Center of Oristano - Oristano, SARDAIGNE www.mediterranean.seagrassonline.org/sardinia Les PIM font un stop en Sicile pour rencontrer de nouveaux contributeurs Italiens du projet d'Atlas ! GEOMEDISLANDS 2015 Colloque sur la bio-archéologie des Îles de Méditerranée organisé par le CEREGE - Ajaccio, CORSE - www.geomedislands.org 4 Mission de translocation de la patelle géante, sur l'archipel de Zembra ! Le photographe Louis-Marie Préau repart en mission aux côtés de l'Initiative PIM ! De nouvelles photos seront très bientôt partagées avec tous les amoureux des petites îles .... développement durable développement durable utopie insulaire l’ richesses patrimoniales, avec un leitmotiv simple : « les énergies conventionnelles ne conviennent pas à notre territoire ». Un projet encouragé par les conditions météorologiques de l’île : beaucoup de vent et de pluie en hiver, beaucoup de soleil en été, l’équation parfaite pour l’installation d’énergies renouvelables et naturelles. Des habitants proprietaires, acteurs et décideurs, un lieu d’expérimentation idéal… une situation qui relève d’habitude des utopies sociétales que l’on rencontre en science-fiction! Depuis 2008, les habitants de l’île d’Eigg ont remisé leurs générateurs diesels pour une production d’énergie renouvelable basée sur trois sources complémentaires : l’hydro électricité (3 micro stations avec conduites forcée), l’éolien (4 éoliennes de type proven-wingspan 6 KWa) et un champ de capteurs photovoltaïques. Ce dernier s’est tout récemment étendu après l’obtention du premier prix et de 300 000 £ (380 000 euros) au concours du National Endowment for Science, Technology and the Arts (NESTA), récompensant les territoires exemplaires. Le système tampon et de régulation est lui basé sur des classiques batteries au plomb, avec deux générateurs diesels de secours. Coût global de ses aménagements : 1,5millions d’euros, obtenus par des subventions et un emprunt. Le système est géré par le trust communautaire, qui vend l’électricité aux différents foyers et entreprises (5 kW par foyer et 10 par entreprise, facturé 24 centimes d’euros) sous forme de cartes prépayées. Quatre agents (des postes à mi-temps) assurent la maintenance, l’entretien et la commercialisation. Depuis peu, les espaces publics et communautaires sont chauffés gratuitement. En 2014, l’île d’Eigg peut se vanter d’être l’un des rares territoires au monde à être auto-suffisant en énergie. Une exception qui peut se passer de tout superlatif …. eigg, le développement durable exemplaire eigg UN PATRIMOINE NATUREL GéRé ET VALORISé UK le développement durable, en pratique Des exemples de consommation excessive des ressources sur les îles du Monde au cours de l’histoire sont aujourd’hui largement documentés et reconnus, allant de la dégradation de l’environnement jusqu’à la régression drastique des communautés humaines insulaires. A contrario, et face à la perception du caractère limité des ressources naturelles, de nombreuses réalisations tendent à utiliser de façon rationnelle et durable les territoires insulaires, des réalisations qui émergent et se développent sous nos yeux. Par choix délibéré ou par simple bon sens, certaines de ces initiatives attirent l’attention : forte mobilisation populaire, diversité des publics concernés, modes de gouvernance innovants … autant de spécificités qui leur confèrent un caractère démonstratif des plus puissants. C’est le cas de l’île d’Eigg, en Europe du Nord, où s’est rendu Denis Bredin, chargé du projet « Label des Îles Durables » pour le Conservatoire du littoral. Au cœur de l’archipel des Hébrides Intérieures, au large de l’Ecosse, l’île d’Eigg, est un territoire d’environ 3 000ha, abritant une petite centaine de résidents permanents. Située dans le groupement des quatre îles « Small Isles », Eigg a développé récemment un mode de développement basé sur la protection de son patrimoine naturel, culturel et historique, et la réduction de son empreinte carbone. Eigg se distingue depuis quelques années des autres îles écossaises par l’usage d’une gouvernance participative, l’île ayant été rachetée en 1997 par le Eigg Heritage Trust, composée d’habitants et de divers partenaires comme des trust environnementaux. En un peu moins de 20ans, la population est passée d’une soixantaine d’habitants à la centaine d’aujourd’hui. Cette situation peu commune a très rapidement engagé la population d’Eigg vers un modèle de développement basé sur la préservation et la valorisation de ses 6 Le patrimoine naturel fait lui aussi l’objet d’une attention toute particulière, sous l’égide du Scottish Wildlife Trust qui y gère une réserve naturelle. Parmi de nombreuses actions de sensibilisation qui y sont organisées, la gestion des espèces invasives est un volet particulièrement développé par les protecteurs d’Eigg et des espaces naturels alentours, insulaires ou non. Ces îles septentrionales sont touchées par le problème, très spécifique aux petites îles, des espèces invasives, qui comme souvent menacent l’avifaune indigène qui est un pilier important du tourisme vert (balades découverte ornithologique…). Un cas de gestion d’une invasive mérite un focus particulier : l’éradication du vison américain par le Scottish Natural Heritage (SNH). Cette expérience, essentielle pour la protection de la biodiversité insulaire, par le contrôle et l’éradication du petit mammifère, est exemplaire. Mis en œuvre depuis 2001, l’initiative vise à éradiquer l’espèce introduite accidentellement (des élevages de vison étaient installés sur les îles dans les années 70 !), sur l’ensemble des Hébrides extérieures. Appliquer premièrement sur les îles de moindre superficie du sud de l’archipel, avec un déploiement progressif vers le nord, la méthode retenue et améliorée permet d’espérer l’éradication totale du vison ou au moins le maintien à des niveaux très faibles des populations. Les résultats sur la faune et les espèces particulièrement sensibles comme les sternes, les limicoles et le râle des genêts qui voient leur succès de reproduction revenir à des niveaux rassurants et leurs populations se reconstituer. On peut même parler de retombées rapides et spectaculaires en ce qui concerne les populations de poissons. La gestion de la biodiversité est complète et ne se limite pas à l’éradication de nuisibles. Au cœur de l’archipel, des actions de réintroduction d’espèce endémiques ont été menées ces dernières années par le SNH. Sur l’île de Rum dont il est propriétaire (à seulement 4 kms de l’île d’Eigg), le SNH a développé une pépinière de « Scottish pine tree », variété endémique écossaise du pin à crochet. 7 développement durable développement durable en parlant de développement durable ... Reconstitution d’un village viking avec Drakkar île de Unst, archipel des Shetland Champ de capteurs photovoltaïques. Jugée éteinte dans les années 70, l’espèce a été régénérée à partir de quelques survivants subsistants dans des falaises reculées et est désormais réintroduite sur un territoire plus vaste. Spécifiquement sur Eigg, la gestion du boisement est au cœur de la réflexion quotidienne mené sur le territoire. Depuis le début de l’année, l’Initiative PIM travaille en collaboration avec de très nombreux partenaires et son Comité de Recherche et de Gestion sur la production d’un ensemble de documents dédié au développement durable qui paraitra courant 2015. « Pratiques de gestion sur les micro-territoires insulaires » sera composé de dizaines de fiches pratiques à destination des gardes, gestionnaires de petites îles et décideurs aux problématiques communes, sur des thématiques telles que: la gestion de l’énergie, de l’eau, des déchets, des flux humains ou des espèces invasives. Des fiches qui synthètisent les savoirs-faires et connaissances de base pour concilier développement et préservation des territoires insulaires. L’Initiative PIM remercie toutes les personnes impliquées dans ce beau projet concret dont vous aurez rapidement des nouvelles ! thématiques chères à ce mode de gestion inédit : Energies électriques ; Eau chaude et sanitaire solaires ; Faune et flore en partenariat avec le Scottish Natural Heritage Trust ; Jardinage écologique ; Agriculture respectueuse de l’environnement etc… UN SITE PILOTE POUR L’EUROPE ? UN TOURISME adequat Le patrimoine historique de l’île n’est pas en reste, et les habitants de l’île d’Eigg placent sa valorisation au même rang que la protection et la gestion de ses ressources. Une histoire pour le moins mouvementée depuis l’évangélisation jusqu’aux « clearances » des XVIIIème et XIXème siècles et aux difficultés économiques du XXe qui a généré son lot d’émigration. La société d’histoire locale organise pour les descendants des émigrés des séjours à thème avec recherches généalogiques. La protection et la mise en valeur des patrimoines sont deux composantes indissociables du maintien des activités des habitants et du développement des îles, et bien sûr, le tourisme en est une composante importante, puisque de nombreux visiteurs sont attirés par les richesses insulaires. Leur venue, si elle peut générer des nuisances, est aussi source de revenus complémentaires (hébergement, transport, achat de productions insulaires…). Ainsi, c’est toute la promotion de l’île qui s’oriente vers un tourisme durable, dont les infrastructures présentes sont des acteurs engagés (un hôtel de 25 chambres et quelques chambres d’hôtes B&B). Le bivouac sous tente est toléré dans un secteur et des visites à la journée sont possibles en saison. Des séjours pédagogiques sont organisés chaque été, sur les Si l’île d’Eigg est un territoire exemplaire unique au monde, il est aussi le fleuron d’une grande révolution en marche de la politique énergétique de l’Ecosse. Tout comme sur l’archipel, le vent écossais souffle si fort qu’en 2012 c’est près de 40% de l’électricité qui a émanée des éoliennes terrestres. Si les projets d’ouvertures de champs éoliens ne sont pas acceptés par la majorité des Ecossais, l’objectif de 2020 visant à produire 100% de l’énergie électrique depuis les puissances naturelles pourrait être atteint. Ce virage vers les énergies vertes fait assurément émerger une véritable fierté nationale. Un sentiment d’appartenance qui alimente encore l’envie d’aller plus loin dans le développement durable et d’étendre les bonnes pratiques sur un plus vaste territoire. C’est notammenet l’objet du projet soutenu par la communauté de Eigg, «Island Going Green» qui vise à approfondir encore ces nouvelles habitudes vertes. Des bonnes pratiques que l’on espère contagieuses, bien au-delà des petites îles, et beaucoup d’inspiration pour le futur label des îles durables porté par le Conservatoire du littoral ... Paysage littoral de Eigg Island Post Scriptum Notre collègue Denis BREDIN a quitté le Conservatoire du littoral en 2015 pour de nouvelles aventures. Il reste très insulaire et rejoint l’association des îles du Ponant. Nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans son nouveau poste et sommes certains de recroiser son chemin, sur les îles ou ailleurs ! Denis Bredin &LC en savoir plus sur eigg island Panneau de sensibilisation que l’on retrouve sur l’île d’Eigg. 8 www.islandsgoinggreen.org 9 petites îles du monde petites îles du monde la réserve cousteau coeur d’un parc national au bout du monde entretien avec thierry houard La Réserve Cousteau est un des spots de plongée les plus prisés du monde, comment concilier ces pratiques avec la protection des richesses naturelles du site ? On est sur un espace réduit, les îlets Pigeon ne font que 8 hectares et leur fréquentation est très importante. On essaye d’éviter les conflits d’usages, on a installé des panneaux sur les pontons pour sensibiliser les plaisanciers et les plongeurs des clubs, on a mis en place des bouées d’amarrage de couleurs différentes pour chacun des groupes d’usagers… La pêche est strictement interdite, exception faite pour la pêche au Balaou. C’est une pêche traditionnelle, qui est encore pratiquée avec une technique ancestrale et n’entre pas en conflit avec les politiques de protection et de gestion du site. Nous sommes certains de cela car cette technique de pêche ne permet d’attraper que des balaous, qui nagent à fleur d’eau. Après 10 ans passés au sein du Parc National de Port-Cros, Thierry Houard se rêve à l’autre bout du monde. En 2012, une opportunité l’emmène en pleine mer des Caraïbes, au Parc National de Guadeloupe. A 53 ans, il devient chef du pôle milieux marins et coordonne 10 personnes dont 8 plongeurs professionnels. Ensemble ils sillonnent les côtes nord de Basse-Terre pour des sessions de surveillance et de sensibilisation auprès des nombreux professionnels et amateurs de plongée, venus découvrir la fameuse « Réserve Cousteau ». Il nous parle de l’histoire et de la gestion quotidienne de ce lieu mythique des passionnés de grand bleu. Parlez-nous de la création de la Réserve Cousteau… En 1959, le commandant Cousteau est tombé sous le charme des îlets pigeon et des fonds de Malendure lors d’une expédition en Guadeloupe. Il a suggéré d’en faire une réserve naturelle et en tant qu’homme médiatique, en a rapidement fait la promotion. Initialement, c’était une réserve de pêche, avec quelques restrictions (interdiction de pêche à la ligne, de poser des casiers ou des filets et pratiquer la chasse sous-marine), la pêche à la traîne restant autorisée. En 2009 le Parc National de Guadeloupe s’est étendu et a pris en gestion le site, qui est devenu une zone cœur de parc. Les îlets Pigeon ont été intégrés dans le périmètre de protection du Parc national. Quelles sont les préoccupations quotidiennes de votre équipe ? Pour assurer l’application de la réglementation, notamment pour l’interdiction de pêche, nous avons des compétences de police, nous sommes commissionnés et assermentés. Une équipe de 3 gardes moniteurs assurent la permanence et la veille écologique. Ils font régulièrement des sorties en mer pour repérer de nouveaux phénomènes. Nous avons depuis quelques années un problème d’espèce invasive que l’on tente d’éradiquer, c’est le poisson-lion (Ptérois volitans) et sa présence en mer des Caraïbes. Suite à la destruction d’un aquarium en Floride après le passage de l’ouragan Andrew en 1992, cette espèce s’est disséminée dans toute la région, et c’est un poisson qui n’a pas de prédateur dans cette partie du monde et se reproduit très vite. Il est à l’origine d’un véritable déséquilibre écologique. Nous avons supprimé plus de 2000 individus en 2013, et pour renforcer notre action nous faisons des campagnes de sensibilisation auprès des chasseurs sousmarins et des responsables des clubs de plongée. Ils ont même des dérogations pour plonger en bouteille munis de harpon, pour chasser uniquement cette espèce. 10 Il y a de très fortes pressions en termes de fréquentation sur les îlets pigeon. Près de 80 000 plongées sont effectuées chaque année sur ce site, en plus des plaisanciers qui font du snorkeling et des kayakistes. Pour gérer ces flux, il y a quelques règles fixées : le nombre de clubs de plongée autorisés à venir sur le site est limité, et ces structures sont tenues de faire au moins 30% de leurs plongées ailleurs (ils profitent souvent d’autres sites d’exception, comme les 3 épaves du Gustavia, Franjack et l’Auguste Fresnel où encore sur la côte). Pour préserver les herbiers et les coraux, des dispositifs d’amarrages ont été mis en place. place d’une réserve intégrale, avec interdiction stricte d’accès. C’est le cas par exemple de l’îlet surnommé « La tête à l’anglais » qui est un lieu de nidification des sternes et du Fou brun. Le moindre dérangement serait catastrophique, avec l’abandon des nids par les colonies. La mise en place de réserves intégrales n’a aucun mal à être justifiée pour le maintien de la diversité biologique. Quel est le lien entre les petites îles de Guadeloupe et les petites îles de Méditerranée? Il n’y a pas de coopération institutionnelle officielle, mais il y a de nombreux liens entre les hommes et les femmes protecteurs des espaces naturels. Juste dans mon équipe, nous sommes 3 à avoir travaillé au sein du Parc national de Port-Cros, et d’autres membres ont déjà participé à des missions PIM dans différents pays méditerranéens. Nous nous rencontrons la plupart du temps lors des grands forums dédiés aux AMP. Même si des milliers de kilomètres nous séparent, nous faisons tous exactement le même métier, nos problématiques sont toujours similaires, c’est ce qui rend le partage d’expérience indispensable. La mise en réseau nous est très utile, localement ou plus largement jusqu’aux petites îles méditerranéennes. Un bilan annuel est fait chaque année avec ces clubs de plongée. On sensibilise les nouvelles recrues aux enjeux auxquels le Parc doit faire face et bien on rappelle les règles de base pour la préservation de la biodiversité et le maintien de leur activité. Selon vous, peut-on protéger tous les sites naturels en y maintenant de l’activité humaine ? Les règles sont spécifiques aux fragilités des sites. La protection des milieux naturels est primordiale, mais le but reste que le grand public puisse découvrir ces richesses et apprécier leur beauté. C’est une des vocations des Parcs de mettre ces espaces à disposition du public, mais il ne faut pas le faire n’importe comment. Sur les sites les moins fragiles, on fait des aménagements pour l’accueil du public et son information, par l’installation de signalétique, et la sensibilisation aux bons usages. Si le site est trop fragile pour supporter une forte pression touristique, il est parfois indispensable d’envisager la mise en 11 petites îles du monde L’année 2014 a été l’année des îles, quel message important fautil faire passer à cette occasion? Les systèmes insulaires sont fragiles et menacés. Leurs relations avec l’homme sont tendues et aujourd’hui les mesures nécessaires à leur préservation restent encore à renforcer. L’aménagement du littoral et son bétonnage avancent à pas de géants. Les constructions illégales sont nombreuses et participent à la diminution de la mangrove, qui a un rôle très important de filtration. La pollution est de plus en plus importante, en majeur partie d’origine tellurique. La petite taille des îles fait qu’il faut absolument réconcilier les populations avec la protection de la nature, c’est une question de durabilité, qui est urgente, et notamment lorsqu’on parle de ressources. Par exemple, les antillais sont les français qui consomment le plus de poissons par habitant et par an. On constate que la taille moyenne des lambis (gros coquillage comestible) pêchés est de plus en plus petite, alors que la demande reste forte. Les ressources s’épuisent. Entre le réchauffement global, la pression de la pêche, la pression touristique qui augmentent et dégradent le milieu (notamment les coraux qui se régénèrent très mal), dans 20 ans la situation sera catastrophique. Le message qu’il faut faire passer, c’est l’urgence d’agir concrètement au vue de ces nombreux signaux. Quelles sont les grands défis du Parc national pour 2015? Le site des îlets pigeon est victime de son succès. Notre grand défi, c’est clairement la gestion de ces flux. Nous essayons de gérer les différents usages d’une manière optimale, en proposant des services sans trop limiter, sans trop imposer de restrictions. Le plan de gestion du site est donc minutieusement préparé. Notre défi, notre challenge, c’est de satisfaire les usagers qui viennent du bout du monde pour visiter notre Parc National, mais également la population Guadeloupéenne pour qu’elle reste engagée dans la vie de son territoire. Entretien et photographies réalisés par Tarik Mokhtari Merci à Thierry Houard et Tarik Mokhtari. Plus d’infos, cliquez sur le logo du PN de Guadeloupe ! 13 petites îles du monde petites îles du monde PIM, petites îles du mozambique Bénéficiaire de nombreuses aides ponctuelles, le Parc national bénéficie depuis plusieurs années de soutiens réguliers de la part du FFEM et de l’AFD. Ce projet était structuré autour de grandes composantes qui vise notamment « l’étude de l’impact du changement climatique sur les écosystèmes critiques et élaboration d’une stratégie d’adaptation en termes de gestion des écosystèmes » ou encore « le renforcement de la résilience des écosystèmes marins et terrestres face au changement climatique grâce à une meilleure gestion des ressources et une meilleure connectivité » ou enfin « la génération de revenus par la conservation : par les paiements pour les services écosystémiques ». Ce projet permettra donc dans le temps de renforcer la résilience des écosystèmes terrestres et marins du Parc national des Quirimbas au changement climatique, de diminuer la vulnérabilité de la ressource et donc des populations. Oups sorry !...nous venons de traverser le dernier passage à gué sur la piste qui nous conduit à l’embarcadère pour les îles du Parc National des Quirimbas et Baldeu Chande, le directeur du Parc est arrivé un peu vite. Nous sommes à Cabo Delgado, à l’invitation de l’Ambassade de France accompagnés de Sophie Jacquel, attachée de coopération, pour visiter l’archipel qui s’étend sur 200 miles le long des côtes Nord du Mozambique. Le Conservatoire est en effet venu à la demande de Guillaum THIERIOT dans ce long pays du Sud Est de l’Afrique afin de présenter son action dans le cadre de l’année « Mar nesso » que l’Ambassade a ponctuée de rencontres, débats, actions culturelles et séminaires. Partis en avion de Maputo le matin tôt jusqu’à Pemba, il nous reste encore 1heure de barque à moteur pour rejoindre la jetée de l’île d’Ibo, l’une des plus importantes de l’archipel qui a été proposé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008. Composé de 31 îles longeant la côte, l’archipel est rattaché à la côte par des bancs de sable immergés à marée haute, des récifs coralliens et des mangroves qui s’entremêlent au milieu d’eaux d’une grande biodiversité. L’île d’Ibo a servi de comptoir prospère pour les arabes, les indiens et les portugais pendant environ 500 ans après des premières occupations précoloniales swahili. Les grands bâtiments coloniaux, les demeures de maîtres et des forts bordaient la ville pendant que les pirates et les marchands d’esclaves croisaient dans la zone. Aujourd’hui, la plupart de ces bâtiments sont en ruines, cachés sous des ficus reprenant leurs droits, et il est fascinant de se promener dans les rues remplies d’histoires et de lémuriens. Mais aujourd’hui ce qui menace ce site c’est la découverte de gigantesques réserves d’hydrocarbures au large de l’archipel. Outre les risques de pollutions qui vont venir s’échouer sur les rivages et les dérangements sonores pour les grands cétacées, les perturbations sociales vont impacter le site qui sera désormais soumis à une plus grande fréquentation et à un changement de type de tourisme… Difficile d’accès jusque là est éloigné des grandes zones urbanisées, cet archipel n’accueillait que peu de public dans des lodges réutilisant les bâtiments patrimoniaux. Désormais ce sont de nouvelles constructions à l’extérieur du périmètre historique qui risquent de se développer sans réelle planification préalable et avec des systèmes de gestion des eaux et des déchets largement inadaptés. Si, grâce à ce projet, de nombreuses formules ont été initiées pour que les touristes contribuent financièrement à la gestion du site, le changement d’échelle avec l’accentuation des pressions sera le nouveau challenge pour la gestion de cet immense territoire. Un jour peut-être la création d’une initiative PIcM (petites îles du canal du Mozambique) réunissant des micro-territoires insulaires des Comores, de Mayotte, de Madagascar et plus largement encore jusqu’aux Seychelles ou Maurice, serait une option qui permettra d’accélérer la préservation durable de tous ces trésors de biodiversité ! texte et photos FB Pour en savoir plus lien vidéo ici entretien avec le directeur de l’AFD au Mozambique 14 15 programmes pim l e s o i s e a u x programmes pim d e terrestres, impliquant une étude de densité et d’abondance des rats et autres micromammifères de l’île par Capture- MarquageRecapture, pose de pièges à poil, collecte de fèces pour l’étude du comportement alimentaire, complétée par la pose de pièges photo et la réalisation de transects de nuit. Des données très importantes pour les gestionnaires du site (APAL) puisque la densité et les comportements des petits mammifères invasifs sont intimement liés à la bonne santé des colonies de Puffins, due à une prédation avérée qui a justifié les grandes opérations d’éradication de 2009. Ajoutez à cela une cartographie des invasifs végétaux de l’île et du projet de translocation de l’arapède géante maintenant bien amorcé… Les PIM et ses partenaires étaient donc sur tous les fronts cette année à Zembra ! l’archipel méditerranéen bilan et perspectives du projet albatros MUTUALISATION DES DONNEES C’est en Février que nous annoncions dans d’Îles en Îles les grands enjeux du programme Albatros pour l’année naissante, avec une année 2013 très structurante et inspirante pour ses partenaires. Les projets évoqués il y a de ça quelques mois ont bel et bien tenu leurs promesses, et les oiseaux-marinologues méditerranéens ont une nouvelle fois prouvé l’évidence du concept « mutualiser pour mieux agir », en abandonnant totalement les barrières physiques et immatérielles aux abords du chemin… Une année 2014 décisive dont voici quelques résultats DIAGNOSTICS COMPLETS POUR L’ARCHIPEL DE ZEMBRA En coopération avec l’APAL, l’Initiative PIM a poursuivi le suivi démographique des méga-populations de puffins de l’archipel de Zembra, étalées sur plusieurs missions en juin, juillet et août, menées par l’un de nos partenaires ornithologue, Ridha Ouni. De nouveaux protocoles d’échantillonnage (installation de placettes) ont été testés à ces occasions, dans l’objectif d’évaluer le succès reproducteurs des colonies, et donc de mieux appréhender l’importance des facteurs qui peuvent leur être nuisibles. Ce fameux taux de succès reproducteur est en effet l’indicateur le plus éloquent sur l’état de santé des populations, et permet de mettre en évidence la période critique à laquelle interviennent majoritairement les échecs de reproduction. Et tout va bien pour les puffins Yelkouan de Zembra, qui continuent de faire grimper les statistiques ! Certains chiffres donnent le vertige en comparaison avec les sites français abritant l’espèce, et ce depuis la dératisation de l’île en 2009. Une évolution positive très mouvementée, avec des effectifs ayant triplé entre 2010 et 2011. La population de Puffin yelkouan s’est ensuite stabilisée de 2011 à 2013, jusqu’à cette année où les experts PIM ont de nouveau noté une augmentation. Une hausse effective, mais à mettre en relation avec l’effort de prospection intensifié ces dernières années. Autre chiffre en augmentation, la prédation d’un couple de Faucon pèlerin installé sur l’île principale de Zembra. C’est 10 cadavres de Puffins supplémentaires par rapport à 2013 qui ont été découverts, confirmant une certaine adaptation de la technique de chasse de ces rapaces. Une situation similaire s’est observée sur les populations des Baléares et des îles Lavezzi. En ce qui concerne l’espèce du Puffin cendré, le suivi démographique par l’installation de placette a été contrarié par une météo très défavorable à l’organisation de mission, ne permettant pas aux experts d’arriver sur l’île au bon moment pour finaliser le calcul du succès reproducteur de la colonie. En juin, c’est une mission aux thématiques plus larges qui a été menée sur Zembra, concernant à la fois le milieu terrestre et le milieu marin. Un diagnostic complet des espèces invasives 16 La méga population de puffins de Zembra n’a pas fait oublié aux experts de l’Initiative PIM les plus petites colonies méditerranéennes que l’on peut trouver en France, et d’importantes avancées se sont concrétisées cette année pour la préservation de l’espèce et les pratiques de gestion. En juin 2013, les quatre gestionnaires représentants des sites méditerranéens français abritant des puffins (cendrés et yelkouans) se sont réunis pour plancher sur un outil opérationnel de mutualisation des données, préalablement récoltées grâce à des protocoles de suivi désormais harmonisés au niveau régional. Un outil aujourd’hui matérialisé par la mise en place de la « base de données baguage », rendu possible grâce à la coopération de ces quatre acteurs de la préservation des puffins : les Parc nationaux des Calanques et de Port-Cros et les deux sites Corses de la Giraglia (Cap Corse) et des Lavezzi (à l’extrême sud). Développé dans le cadre d’une prestation extérieure, cet outil se présente sous la forme d’une interface web collaborative et a été conçu sur le modèle d’un premier dispositif crée par le Parc National de Port-Cros. La première étape de sa mise en œuvre a été l’intégration des données de baguage actuellement disponibles pour les colonies de Puffins cendrés et Yelkouans de ces quatre sites (facilitée par l’édition de monographies sur ces espèces). Officialisée le 30 septembre 2014 à l’occasion d’une nouvelle réunion d’échanges, la base de données subit actuellement des derniers ajustements pour une ergonomie optimale et assurer une compatibilité avec les matrices utilisées jusqu’à présent par les différents gestionnaires. Ce beau projet, dont l’issu est un instrument efficient et clé en main pour les acteurs des sites concernés, promet d’ores et déjà une coopération pérenne et facilitée entre ces partenaires, qui chacun de leur côtés ont amassé plus de 30 années de données sur les puffins ! Le Projet Albatros mène une réflexion pour étendre cet outil à d’autres sites méditerranéens d’importance primordiale pour ces oiseaux, mais également sur des répliques du dispositif destinées à d’autres espèces d’oiseaux marins emblématiques de Méditerranée. Et parce que les rencontres entre gestionnaires ne peuvent être remplacés par un site web, d’autres ateliers sont prévus pour réunir et fédérer les groupes de travail d’Albatros, qui se rapprochent petit à petit d’une harmonisation régionale à l’échelle méditerranéenne des protocoles de suivi. La base de données n’a pas été la seule étape franchie vers cet objectif de coopération et d’entraide. Toujours en début d’année, l’Initiative PIM et la communauté Albatros annonçaient la publication de la première fiche de synthèse dédiée à l’espèce de l’Océanite tempête. Ces fiches, destinées à actualiser les connaissances disponibles sur l’espèce, ont permis de définir de grands enjeux et actions pour la conservation de cet oiseau. Une opération collaborative renouvelée en cette fin d’année avec la parution d’une seconde « Fact Sheet » consacrée au Balbuzard pêcheur. Un document qui s’inscrit dans une démarche beaucoup plus large pour la préservation du rapace, s’ajoutant à la publication d’un protocole de suivi harmonisé au niveau méditerranéen et spécifique à la population du Parc National d’Al Hoceima au Maroc, fruit d’un partenariat solide et efficace avec les institutions Marocaines, le CEFE-CNRS et l’Initiative PIM. 17 programmes pim programmes pim LE FAUCON D’Eléonore AU CŒUR DU SCHEMA DE GESTION DE L’ARCHIPEL D’ESSAOUIRA Depuis quelques années, l’Initiative PIM intensifie ses partenariats avec le Maroc et concentre ses actions Albatros sur Al Hoceima et l’archipel d’Essaouira. Ce dernier a fait l’objet de plusieurs missions en 2014, réunissant de nombreux acteurs de la protection du territoire et des oiseaux marins méditerranéens, dans le sillage de la dynamique initiée par les préconisations émises dans le Schéma d’Aménagement de l’archipel rédigé en 2011. Une équipe d’ornithologues du GREPOM, épaulée par l’équipe locale du Haut-Commissariat aux Eaux et Forêt et des membres du CoReGe de l’Initiative PIM se sont rendus une première fois sur Essaouira en juillet pour un contrôle de la reproduction de cette population ; une population très importante puisqu’elle est la seule, avec celle des Îles Canaries, a représenter l’espèce sur la façade atlantique à se reproduire sur les petites îles Méditerranéennes (avant d’effectuer sa migration vers le Nord de Madagascar à l’automne). Ce premier passage de la saison a permis de recenser la population reproductrice de l’archipel et de montrer que celle-ci reste stable avec 866 couples. La taille de ponte moyenne a été estimée, ce chiffre donnant les premières indications sur la santé de la colonie. Une mission qui a été complété par une seconde intervention fin septembre, et qui confirme des chiffres en augmentation : un minimum de 907 couples de Faucon d’Eléonore et un succès reproducteur de 0.63 (pour une grandeur de ponte de 2,7 œufs/nid et de 1,7 poussins éclos et vivant/nid). Un nombre de couples qui s’accroit mais un taux de succès reproducteur pas parfaitement satisfaisant, témoin d’une saturation des sites de reproduction et d’un dérangement de la colonie. Des résultats à suivre de près en 2015 pour jauger la pertinence des premiers efforts consacrés au schéma d’aménagement de l’archipel, et peut être lui apporter des ajustements. Les lignes directrices de ce dernier portent notamment sur la canalisation des flux touristiques, avec pour objectif «zéro fréquentation » en période de reproduction, pour limiter au maximum le dérangement de ces oiseaux emblèmes de la petite ville fortifiée. D’autres éléments apportés par cette mission ornithologique permettent également de valider le projet d’aménagement d’un sentier de découverte (réalisé avec l’appui de l’Initiative PIM). Ce projet devrait être mis en œuvre dans le cadre d’un chantier école réunissant de petites délégations de gardes du littoral de toute la Méditerranée en formation en 2015. UN SUIVI SCIENTIFIQUE PERENNE A AL HOCEIMA C’est en effet la troisième année que l’Initiative PIM et le HautCommissariat aux Eaux et Forêt du Maroc coopèrent pour l’évaluation de la taille de la population reproductive du Balbuzard pêcheur, espèce qui s’impose comme épicentre des activités dédiées à la préservation d’un vaste territoire naturel. Une équipe de terrain composée d’experts locaux et internationaux a de nouveau parcouru les 40kms de falaises côtières de la zone, auxquels s’ajoute un nouveau secteur à l’extérieur du périmètre du Parc, jusqu’aux falaises de Jebha. Armés de jumelles et à bord d’un petit pneumatique, les experts ont procédé à l’identification des nids actifs. Même si au regard des suivis réalisés dans les années 90 la population est en baisse, depuis 3 ans son noyau reproducteur semble assez stable, avec 10 couples reproducteurs identifiés en 2014 (ce qui représente une légère augmentation par rapport à 2013 ou 6 à 8 couples avaient été comptabilisés). Ces nombreuses heures de travail et de coopération entre les experts Marocains (AGIR), Minorquins (Institut Scientifique de Minorque) et Franco-Italiens (CEFE-CNRS et Université de Ferrara), ont permis d’ajuster le protocole initialement élaboré, qui vise à établir un suivi scientifique durable, adapté au contexte local du Parc National. Cette mission a également permis des prospections naturalistes portées sur les plantes et les reptiles du territoire de Cala Iris, menées par l’Institut Scientifique de Rabat et l’Université de Marrakech. Les experts et leurs équipes ont une nouvelle fois démontré l’importance de l’insularité pour la diversité biologique, puisque la flore de la petite île de Cala Iris ne ressemble en rien à son miroir continental, située à seulement quelques kilomètres ! 18 DE NOUVELLES GRANDES ETAPES POUR 2015 Depuis presque sept ans, l’Initiative PIM développe et renforce des partenariats avec des structures internationales comme MedMaravis et le CAR-ASP pour permettre aux experts ornithologues méditerranéens de participer plus intensément à l’essor du projet Albatros. Un partenariat plus large et une nouvelle coordination qui suggèrent une forme d’indépendance du projet Albatros et confirme son caractère multilatéral et collectif, qui dépasse aujourd’hui le cadre de l’Initiative PIM. Ces nouvelles lignes coordonnatrices seront évoquées à l’occasion du Second Symposium sur la conservation des oiseaux marins méditerranéens, co-organisé par l’Initiative PIM, en février 2015 en Tunisie. Des résultats sont déjà attendus pour l’année à venir, comme l’une étude physiologique de l’avifaune nicheuse des petites îles menée par MedMaravis, pour l’élaboration de protocoles d’évaluation de la qualité des milieux littoraux méditerranéens. Avec les grandes avancées accomplies cette année grâce à la synergie et la coopération de plusieurs dizaines d’experts de tous horizons, le Projet Albatros continue de renforcer ses capacités d’action et la motivation de son réseau, notamment grâce au développement d’outils technologiques qui annoncent une coopération facilitée et généralisée pour le futur, dans l’ensemble des pays méditerranéens. 19 FÊTE DES ÎLES 2015 ! En 2015, l’Initiative PIM reédite l’événement Celebrate Islands. Une semaine de célébrations et d’actions pour promouvoir la préservation des petites îles du monde qui prendront place en mai prochain (du 18 au 24). Comme l’année dernière, les petites initiatives, conférences, expositions, sorties de terrains, et toutes les actions de sensibilisation possibles sont très attendues et l’Initiative PIM lance un vaste appel à participation. Institutionnels, associations, privés, bénévoles, gardes du littoral ou gestionnaires de site, professeurs, universitaires ou passionnés du littoral et des îles du globe, participez à Celebrate Islands pour valoriser votre territoire insulaire et vos interventions pour la protection des îles ! Plus d’éléments dans le prochain d’îles en îles… Contact [email protected] #19 Conservatoire du littoral 3, rue Marcel Arnaud Bastide Beaumanoir 13 100 Aix en Provence FRANCE Tél. 00 33 (0) 4 42 91 28 36 Fax . 00 33 (0) 4 42 91 64 11 [email protected] www.initiative-pim.org Directeur de la publication: Odile GAUTHIER Directeur de rédaction : Fabrice Bernard Graphisme et Mise en page : Lélia Crastucci Ont participé à ce numéro Denis BREDIN, Thierry Houard, Tarik Mokhtari Soutenez et partagez l’actualité de l’initiative pim sur facebook L’Initiative PIM est un programme de promotion et d’assistance à la gestion des espaces insulaires de Méditerranée coordonné et piloté par le Conservatoire du littoral.