View Source - Initiative PIM

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n o1 9 - J a n v i e r 2 0 1 5
som
-maire
a pim
new year !
2015 ! enfin, nous voilà arrivés à cette date si
particulière pour le littoral et les îles. Sans
remonter jusqu’à Azincourt en 1415 ou encore
Waterloo en 1815, nous allons célébrer cette
année de beaux anniversaires aux chiffres
ronds...
En 1975 naissait le Conservatoire du littoral
qui après 40 années d’ambition partagée pour
les rivages Français, a permis de protéger
160.000ha de rivages lacustres et de bords
de mer naturels. La même année, le Plan
d’Action pour la Méditerranée lançait ces
premier travaux pour les littoraux riverains du
Bassin. En 1995, nos voisins Tunisiens lançaient
l’APAL pour sauver et préserver leurs côtes
et îles. En 2005, l’Initiative PIM commençait à
mettre en place ces premières missions de
coopération et de partenariat aux Habibas et à la
Galite…10 ans déjà ! tant de chemin parcouru
et de projets réalisés, mais le plus important
restent les prochains défis et prochains travaux
qui seront menés sur les îles et pour les îles de
Méditerranée et d’ailleurs.
Ce numéro d’îles en îles dresse déjà quelques
pistes pour le futur. Que 2015 soit belle et
heureuse pour toutes et tous et que tous
ces anniversaires nous permettent d’envisager
le futur avec encore plus d’enthousiasme
et d’envie. Bonne année 2015 !
Fabrice Bernard
actualités
des îles p2
agenda p4
portfolio p5
Développement durable
eigg island,
l’utopie insulaire p6
petites îles du monde
réserve cousteau
coeur de parc p10
petites îles du
mozambique p14
programme PIM
albatros 2 0 1 4
Les oiseaux de
l’archipel
méditerranéen p16
actualités
des îles
cap sur
l’archipel des habibas
pour les équipes
de l’émission THALASSA
Surveillez votre programme télé en ce début d’année 2015 ! Les
équipes de CAPA Télévisions ont sillonné les côtes algériennes
en juillet dernier avec un reportage qui sera consacré à
l’archipel des Habibas pour la célèbre émission Thalassa !
Un reportage de près de 2h sur l’Algérie et ses richesses
naturelles d’exception, comme les fonds marins et les populations d’oiseaux de l’archipel des Habibas. Les techniciens et
réalisateurs ont passé 45 jours aux côtés des amoureux des
côtes algériennes pour une diffusion prévue en ce début
d’année. L’Initiative PIM ne manquera pas de diffuser le replay
sur sa page Facebook !
actualités des îles
Le PNUE-PAM et la france
signent le PAC VAR
Après plusieurs années de développement, le projet de
Programme d’Aménagement côtier (PAC) du territoire
Var est opérationnel et sera mis en œuvre sur la période
2014-2017.
Soutenu par le Centre d’Action Régionale sur les
Programmes d’Action Prioritaires (CAR/PAP), le PAC Var
a été initié suite à la demande du Président du Conseil
Général du Var afin d’être le prolongement du Schéma de
la mer et du littoral et d’apporter, dans un cadre international, des compléments d’expertises et d’analyse.
Ce projet permettra aussi d’appuyer localement la démarche de gestion intégrée à travers des approches
pilotes et l’application de méthodologies reconnues au
niveau international.
Par ailleurs, le PAC vise à étudier la construction progressive d’un dispositif de gouvernance « mer et littoral » qui
devrait s’articuler avec les initiatives de gestion existantes
dans l’espace terre-mer du département du Var (Natura
2000 en mer, Sites terrestres et DPM du Conservatoire,
contrats de baie, SDAGE, Charte du Parc National de Port
Cros, document stratégique de façade, etc.).
Le Programme d’Aménagement Côtier varois, a pu être
finalisé grâce à des échanges réguliers avec le CAR/PAP,
le Conservatoire du littoral (point focal français auprès du
CAR), les Ministères chargés de l’Environnement et des
Affaires étrangères et les experts associés comme ceux
du Conseil Général du Var et de l’Agence de l’Eau RMC qui
poursuivront par ailleurs leur soutien à la démarche.
Un chargé de projet vient d’être recruté et commence
sa mission en janvier. Parions que les îles ne seront pas
oubliées au coeur de ce dispositif !
msw sardinia 2015
l’IMC - International Marine Center organise le prochain
atelier Seagrass Méditerranée (MSW) qui se tiendra à Oristano, du 18 au 22 mai 2015.
L’événement, dont ce sera la quatrième édition, vise à
rassembler les chercheurs impliqués dans l’étude des herbiers méditerranéens, pour présenter les résultats de recherches et échanger sur les questions liées à leur gestion
et leur conservation.
Toutes les informations sont disponibles sur le site web
MSW accessible en suivant ce lien et sur www.imc-it.org
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SAVE YOUR DATE
Hammamet 2015
second SYMPOSIUM
sur la conservation des
oiseaux marins de méditerranée
Il y a dix ans, le premier symposium pour la Conservation
des Oiseaux Marins de Méditerranée se tenait à Vilanova
en Espagne, permettant d’inscrire une dizaine de nouvelles
espèces menacées à la liste qui identifie les oiseaux marins
les plus fragiles et méconnues de Méditerranée aux yeux de
la Convention de Barcelone (Annexe II du Protocole ASP/BD).
En 2015, il est temps de jeter un regard plus précis sur l’état
de santé de ces espèces, d’échanger autour des lacunes scientifiques persistantes, mais aussi d’évaluer l’effet des nouvelles
réglementations et outils de recherches développés depuis la
dernière rencontre de 2005. Un événement organisé par le
CAR-ASP, l’AAO, MedMaravis et l’Initiative PIM à Hammamet
en Tunisie (Hôtel Vincci Taj Sultan) du 20 au 22 février
prochain, auquel participeront de nombreux experts Pimistes.
Plus d’infos en cliquant ici.
LA webtv du
parc national
des calanques
étoffe sa vidéothèque
Le Parc National des Calanques a lancé sa WebTV cet été
pour permettre aux internautes de découvrir la vie et les
actualités du site. Depuis, de nombreuses vidéos ont été diffusées via la plateforme Youtube sur des sujets variés, tels que
les missions des agents et des focus sur le patrimoine naturel
du Parc, dans un format court et dynamique. L’Initiative PIM
a eu l’opportunité de parler de la base de données baguage,
projet impulsé par le programme PIM Albatros, dans un
reportage dédié à la population de puffins cendrés fidèles au Parc
National pour la période de nidification …
A raison d’une vidéo publiée chaque mois, on s’abonne vite à
cette chaîne Youtube en cliquant ici !
Lire la première lettre d’information de Medmaravis
en cliquant ici
parution
PETIt traité de séduction à
l’usage des amoureux de
la Méditerranée
Biologiste marin et cofondateur de la société Andromède
Océanologie, partenaire de l’Initiative PIM, Pierre Descamp
déclare sa flamme à la Méditerranée après des années de romance scientifique dans l’ouvrage « Petit traité de séduction
à l’usage des amoureux de la Méditerranée ».
Entouré d’artistes comme nos amis Laurence Malherbe et
Louis-Marie Préau, son associé Laurent Ballesta, et des dessins oniriques de Maxime Aubinet, Pierre Descamp raconte
charme après charme la Méditerranée qu’il parcourt avec
Andromède pour mieux la préserver. Des visuels forts et
enchanteurs, et un discours simple et efficace : rappeler les
sentiments plutôt que faire la morale, et amener le lecteur
à cette réflexion, « nous aimons tous la Méditerranée, mais
que fait-on pour être aimé en retour ? ». Au-delà de cette
belle déclaration d’amour à la Mare Nostrum, ce petit traité
est un objet, en plus d’être un ouvrage, avec un soin tout particulier apporté à la maquette et aux finitions, qui n’est tiré
qu’à 2000 exemplaires. L’Initiative PIM a eu la chance de pouvoir contribuer à sa rédaction et est très heureuse de vous
annoncer sa parution en cette fin d’année 2014.
Cliquez ici pour accéder à la boutique !
«Petit traité de séduction à l’usage des amoureux de la
Méditerranée» . Andromède Collection.
Prix : 29,90 €. Env. 150 pages. Actuellement en vente.
3
actualités des îles
portfolio
med-phares
missions pim
deuxième rencontre achevée
sur le grand-rouveau
La deuxième rencontre du projet MEDPHARES vient de s’achever à Six-Fours-les-Plages !
Déjà intégrée au sein du réseau des îles sentinelles de
l’Initiative PIM, le Grand Rouveau est également l’un des sites
pilotes du projet de coopération transfrontalière MEDPHARES,
financé par l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat/Programme Méditerranée. Ce projet associant des
partenaires de la rive nord et de la rive sud de la Méditerranée,
vise à contribuer à mettre en valeur le patrimoine historique et
culturel lié à la navigation et la signalisation maritime (phares,
sémaphores...) afin que les expériences de gestion exemplaire menées à l’échelle locale s’inscrivent dans une stratégie
globale de Gestion Intégrée des Zones Côtières.
Après le comité de pilotage et l’atelier transfrontalier permettant
d’échanger sur les diverses activités du projet, la Conférence
de lancement s’est déroulée fin octobre, avec pour objectif de
communiquer sur le projet et de promouvoir auprès d’un large
public les enjeux de préservation des phares, sémaphores et
balises de Méditerranée.
Un grand merci à la Ville de Six-Fours ainsi qu’à tous les partenaires du projet (le Conservatoire des côtes de Sardaigne, l’APAL,
la Municipalité de Tyr et la SPNL) pour avoir contribué au succès
de cet événement !
Même en hiver, les activités continuent sur le
grand-rouveau
de
Deu x exp erts Pim iste s en mis sion
l'île
pré par atio n du plan de gestion de
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alba nais e de
Pendant que la conférence prenait place à l’espace culturel de la
ville, une double mission se jouait sur l’île dans le cadre de l’initiative
PIM : la réinstallation de la pépinière d’espèces insulaires et la seconde session de suivi de Phyllodactyle d’Europe. Une mission de
collaboration entre l’équipe de Sécurité Plage, le Service arrosage
de la commune, l’EPHE de Montpellier et AGIR écologique. Une
nouvelle mission pilote sur ce territoire Conservatoire !
Réunion des acteurs de la Base de Données
de Baguage, projet porté par le programme
Albatros de l'Initiative PIM !
Les PIM ont été accueillis par les
contributeurs espagnols du projet d'Atlas.
Agenda
ANNée 2015
20 au 22 février
2015
9 au 13 mars
2015
18 au 24 Mai
2015
18 au 22 Mai
2015
30 juin au 2 juillet
2015
2014
40ème anniversaire du conservatoire du littoral
du C om ité de
N ou ve lle ré un io n
s de s P et ite s
pi lo ta ge de l'A tla
H isto ire
Île s, au M us ée d'
en ce !
N at ur el le de Fl or
Nouveau recensement du
Balbuzard au Parc National d'Al
Hoceima, au Maroc. L'occasion
de tester les protocoles de suivi.
Notre ami Pimiste Marc Cheylan construit un abri
à phyllodactyle sur le Grand-Rouveau dans le Var.
SYMPOSIUM CONSERVATION DES OISEAUX MARINS DE MEDITERRANéE
organisé par MEDMARAVIS et AAO – Hammamet , TUNISIE
initiative pim corege 2015
Rencontre du Comité de Recherche et de Gestion de l’Initiative PIM
Baléares, www.initiative-pim.org
celebrate islands !
On fête les îles partout dans le monde - www.celebrateislands.org
Mediterranean Seagrass Workshop
organisé par International Marine Center of Oristano - Oristano, SARDAIGNE
www.mediterranean.seagrassonline.org/sardinia
Les PIM font un stop en Sicile pour
rencontrer de nouveaux contributeurs
Italiens du projet d'Atlas !
GEOMEDISLANDS 2015
Colloque sur la bio-archéologie des Îles de Méditerranée
organisé par le CEREGE - Ajaccio, CORSE - www.geomedislands.org
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Mission de translocation de la patelle
géante, sur l'archipel de Zembra !
Le photographe Louis-Marie Préau repart
en mission aux côtés de l'Initiative PIM
! De nouvelles photos seront très bientôt
partagées avec tous les amoureux des petites
îles ....
développement durable
développement durable
utopie
insulaire
l’
richesses patrimoniales, avec un leitmotiv simple : « les énergies
conventionnelles ne conviennent pas à notre territoire ». Un
projet encouragé par les conditions météorologiques de l’île :
beaucoup de vent et de pluie en hiver, beaucoup de soleil en
été, l’équation parfaite pour l’installation d’énergies renouvelables et naturelles. Des habitants proprietaires, acteurs et
décideurs, un lieu d’expérimentation idéal… une situation qui
relève d’habitude des utopies sociétales que l’on rencontre en
science-fiction!
Depuis 2008, les habitants de l’île d’Eigg ont remisé leurs
générateurs diesels pour une production d’énergie renouvelable basée sur trois sources complémentaires : l’hydro
électricité (3 micro stations avec conduites forcée), l’éolien (4
éoliennes de type proven-wingspan 6 KWa) et un champ de capteurs photovoltaïques. Ce dernier s’est tout récemment étendu
après l’obtention du premier prix et de 300 000 £ (380 000
euros) au concours du National Endowment for Science, Technology and the Arts (NESTA), récompensant les territoires exemplaires. Le système tampon et de régulation est lui basé sur des
classiques batteries au plomb, avec deux générateurs diesels
de secours. Coût global de ses aménagements : 1,5millions
d’euros, obtenus par des subventions et un emprunt.
Le système est géré par le trust communautaire, qui vend
l’électricité aux différents foyers et entreprises (5 kW par foyer
et 10 par entreprise, facturé 24 centimes d’euros) sous forme
de cartes prépayées. Quatre agents (des postes à mi-temps)
assurent la maintenance, l’entretien et la commercialisation.
Depuis peu, les espaces publics et communautaires sont chauffés gratuitement. En 2014, l’île d’Eigg peut se vanter d’être l’un
des rares territoires au monde à être auto-suffisant en énergie.
Une exception qui peut se passer de tout superlatif ….
eigg, le développement durable exemplaire
eigg
UN PATRIMOINE NATUREL GéRé ET VALORISé
UK
le développement durable, en pratique
Des exemples de consommation excessive des ressources
sur les îles du Monde au cours de l’histoire sont aujourd’hui
largement documentés et reconnus, allant de la dégradation de
l’environnement jusqu’à la régression drastique des communautés humaines insulaires.
A contrario, et face à la perception du caractère limité des
ressources naturelles, de nombreuses réalisations tendent à
utiliser de façon rationnelle et durable les territoires insulaires,
des réalisations qui émergent et se développent sous nos
yeux. Par choix délibéré ou par simple bon sens, certaines de
ces initiatives attirent l’attention : forte mobilisation populaire,
diversité des publics concernés, modes de gouvernance
innovants … autant de spécificités qui leur confèrent un
caractère démonstratif des plus puissants. C’est le cas de l’île
d’Eigg, en Europe du Nord, où s’est rendu Denis Bredin, chargé du
projet « Label des Îles Durables » pour le Conservatoire du littoral.
Au cœur de l’archipel des Hébrides Intérieures, au large de
l’Ecosse, l’île d’Eigg, est un territoire d’environ 3 000ha, abritant une petite centaine de résidents permanents. Située dans
le groupement des quatre îles « Small Isles », Eigg a développé
récemment un mode de développement basé sur la
protection de son patrimoine naturel, culturel et historique, et
la réduction de son empreinte carbone.
Eigg se distingue depuis quelques années des autres îles
écossaises par l’usage d’une gouvernance participative, l’île
ayant été rachetée en 1997 par le Eigg Heritage Trust, composée
d’habitants et de divers partenaires comme des trust environnementaux. En un peu moins de 20ans, la population est
passée d’une soixantaine d’habitants à la centaine
d’aujourd’hui. Cette situation peu commune a très rapidement
engagé la population d’Eigg vers un modèle de développement basé sur la préservation et la valorisation de ses
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Le patrimoine naturel fait lui aussi l’objet d’une attention
toute particulière, sous l’égide du Scottish Wildlife Trust
qui y gère une réserve naturelle. Parmi de nombreuses
actions de sensibilisation qui y sont organisées, la gestion des
espèces invasives est un volet particulièrement développé
par les protecteurs d’Eigg et des espaces naturels alentours,
insulaires ou non.
Ces îles septentrionales sont touchées par le problème, très
spécifique aux petites îles, des espèces invasives, qui comme
souvent menacent l’avifaune indigène qui est un pilier important du tourisme vert (balades découverte ornithologique…).
Un cas de gestion d’une invasive mérite un focus particulier :
l’éradication du vison américain par le Scottish Natural Heritage (SNH). Cette expérience, essentielle pour la protection
de la biodiversité insulaire, par le contrôle et l’éradication du
petit mammifère, est exemplaire. Mis en œuvre depuis 2001,
l’initiative vise à éradiquer l’espèce introduite accidentellement
(des élevages de vison étaient installés sur les îles dans les années 70 !), sur l’ensemble des Hébrides extérieures. Appliquer
premièrement sur les îles de moindre superficie du sud de
l’archipel, avec un déploiement progressif vers le nord, la
méthode retenue et améliorée permet d’espérer l’éradication
totale du vison ou au moins le maintien à des niveaux très
faibles des populations.
Les résultats sur la faune et les espèces particulièrement
sensibles comme les sternes, les limicoles et le râle des genêts
qui voient leur succès de reproduction revenir à des niveaux
rassurants et leurs populations se reconstituer. On peut même
parler de retombées rapides et spectaculaires en ce qui
concerne les populations de poissons.
La gestion de la biodiversité est complète et ne se limite pas
à l’éradication de nuisibles. Au cœur de l’archipel, des actions
de réintroduction d’espèce endémiques ont été menées ces
dernières années par le SNH. Sur l’île de Rum dont il est
propriétaire (à seulement 4 kms de l’île d’Eigg), le SNH
a développé une pépinière de « Scottish pine tree »,
variété endémique écossaise du pin à crochet.
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développement durable
développement durable
en parlant de
développement
durable ...
Reconstitution d’un village viking avec Drakkar île de Unst, archipel des Shetland
Champ de capteurs photovoltaïques.
Jugée éteinte dans les années 70, l’espèce a été régénérée à
partir de quelques survivants subsistants dans des falaises reculées et est désormais réintroduite sur un territoire plus vaste.
Spécifiquement sur Eigg, la gestion du boisement est au cœur
de la réflexion quotidienne mené sur le territoire.
Depuis le début de l’année, l’Initiative PIM travaille en
collaboration avec de très nombreux partenaires et son
Comité de Recherche et de Gestion sur la production d’un
ensemble de documents dédié au développement durable
qui paraitra courant 2015.
« Pratiques de gestion sur les micro-territoires insulaires »
sera composé de dizaines de fiches pratiques à
destination des gardes, gestionnaires de petites îles et
décideurs aux problématiques communes, sur des thématiques telles que: la gestion de l’énergie, de l’eau, des
déchets, des flux humains ou des espèces invasives.
Des fiches qui synthètisent les savoirs-faires et connaissances de base pour concilier développement et préservation
des territoires insulaires.
L’Initiative PIM remercie toutes les personnes impliquées
dans ce beau projet concret dont vous aurez
rapidement des nouvelles !
thématiques chères à ce mode de gestion inédit : Energies
électriques ; Eau chaude et sanitaire solaires ; Faune et flore en
partenariat avec le Scottish Natural Heritage Trust ; Jardinage
écologique ; Agriculture respectueuse de l’environnement etc…
UN SITE PILOTE POUR L’EUROPE ?
UN TOURISME adequat
Le patrimoine historique de l’île n’est pas en reste, et les habitants de l’île d’Eigg placent sa valorisation au même rang que la
protection et la gestion de ses ressources. Une histoire pour le
moins mouvementée depuis l’évangélisation jusqu’aux « clearances » des XVIIIème et XIXème siècles et aux difficultés économiques du XXe qui a généré son lot d’émigration. La société
d’histoire locale organise pour les descendants des émigrés des
séjours à thème avec recherches généalogiques.
La protection et la mise en valeur des patrimoines sont deux
composantes indissociables du maintien des activités des
habitants et du développement des îles, et bien sûr, le tourisme
en est une composante importante, puisque de nombreux
visiteurs sont attirés par les richesses insulaires. Leur venue, si
elle peut générer des nuisances, est aussi source de revenus
complémentaires (hébergement, transport, achat de productions insulaires…).
Ainsi, c’est toute la promotion de l’île qui s’oriente vers un
tourisme durable, dont les infrastructures présentes sont
des acteurs engagés (un hôtel de 25 chambres et quelques
chambres d’hôtes B&B). Le bivouac sous tente est toléré dans
un secteur et des visites à la journée sont possibles en saison.
Des séjours pédagogiques sont organisés chaque été, sur les
Si l’île d’Eigg est un territoire exemplaire unique au monde, il
est aussi le fleuron d’une grande révolution en marche de la
politique énergétique de l’Ecosse. Tout comme sur l’archipel,
le vent écossais souffle si fort qu’en 2012 c’est près de 40%
de l’électricité qui a émanée des éoliennes terrestres. Si les
projets d’ouvertures de champs éoliens ne sont pas acceptés par la majorité des Ecossais, l’objectif de 2020 visant à
produire 100% de l’énergie électrique depuis les puissances
naturelles pourrait être atteint.
Ce virage vers les énergies vertes fait assurément émerger une
véritable fierté nationale. Un sentiment d’appartenance qui
alimente encore l’envie d’aller plus loin dans le développement
durable et d’étendre les bonnes pratiques sur un plus vaste
territoire. C’est notammenet l’objet du projet soutenu par la
communauté de Eigg, «Island Going Green» qui vise à approfondir
encore ces nouvelles habitudes vertes. Des bonnes pratiques
que l’on espère contagieuses, bien au-delà des petites îles, et
beaucoup d’inspiration pour le futur label des îles durables
porté par le Conservatoire du littoral ...
Paysage littoral de Eigg Island
Post Scriptum
Notre collègue Denis BREDIN a quitté le Conservatoire
du littoral en 2015 pour de nouvelles aventures. Il reste
très insulaire et rejoint l’association des îles du Ponant.
Nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans son
nouveau poste et sommes certains de recroiser son
chemin, sur les îles ou ailleurs !
Denis Bredin
&LC
en savoir plus sur eigg island
Panneau de sensibilisation que l’on retrouve sur l’île d’Eigg.
8
www.islandsgoinggreen.org
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petites îles du monde
petites îles du monde
la réserve
cousteau
coeur d’un parc national au bout du monde
entretien avec thierry houard
La Réserve Cousteau est un des spots de plongée les plus prisés
du monde, comment concilier ces pratiques avec la protection
des richesses naturelles du site ?
On est sur un espace réduit, les îlets Pigeon ne font que 8 hectares
et leur fréquentation est très importante. On essaye d’éviter les
conflits d’usages, on a installé des panneaux sur les pontons pour
sensibiliser les plaisanciers et les plongeurs des clubs, on a mis en
place des bouées d’amarrage de couleurs différentes pour chacun
des groupes d’usagers…
La pêche est strictement interdite, exception faite pour la pêche
au Balaou. C’est une pêche traditionnelle, qui est encore pratiquée
avec une technique ancestrale et n’entre pas en conflit avec les politiques de protection et de gestion du site. Nous sommes certains
de cela car cette technique de pêche ne permet d’attraper que des
balaous, qui nagent à fleur d’eau.
Après 10 ans passés au sein du Parc National de Port-Cros,
Thierry Houard se rêve à l’autre bout du monde. En 2012, une
opportunité l’emmène en pleine mer des Caraïbes, au Parc
National de Guadeloupe. A 53 ans, il devient chef du pôle milieux
marins et coordonne 10 personnes dont 8 plongeurs professionnels. Ensemble ils sillonnent les côtes nord de Basse-Terre pour
des sessions de surveillance et de sensibilisation auprès des
nombreux professionnels et amateurs de plongée, venus
découvrir la fameuse « Réserve Cousteau ». Il nous parle de
l’histoire et de la gestion quotidienne de ce lieu mythique des
passionnés de grand bleu.
Parlez-nous de la création de la Réserve Cousteau…
En 1959, le commandant Cousteau est tombé sous le charme
des îlets pigeon et des fonds de Malendure lors d’une expédition
en Guadeloupe. Il a suggéré d’en faire une réserve naturelle
et en tant qu’homme médiatique, en a rapidement fait la
promotion. Initialement, c’était une réserve de pêche, avec
quelques restrictions (interdiction de pêche à la ligne, de poser
des casiers ou des filets et pratiquer la chasse sous-marine), la
pêche à la traîne restant autorisée. En 2009 le Parc National de
Guadeloupe s’est étendu et a pris en gestion le site, qui est
devenu une zone cœur de parc. Les îlets Pigeon ont été intégrés
dans le périmètre de protection du Parc national.
Quelles sont les préoccupations quotidiennes de votre équipe ?
Pour assurer l’application de la réglementation, notamment
pour l’interdiction de pêche, nous avons des compétences
de police, nous sommes commissionnés et assermentés. Une
équipe de 3 gardes moniteurs assurent la permanence et la
veille écologique. Ils font régulièrement des sorties en mer
pour repérer de nouveaux phénomènes. Nous avons depuis
quelques années un problème d’espèce invasive que l’on
tente d’éradiquer, c’est le poisson-lion (Ptérois volitans) et sa
présence en mer des Caraïbes. Suite à la destruction d’un
aquarium en Floride après le passage de l’ouragan Andrew en
1992, cette espèce s’est disséminée dans toute la région, et
c’est un poisson qui n’a pas de prédateur dans cette partie du
monde et se reproduit très vite. Il est à l’origine d’un véritable
déséquilibre écologique. Nous avons supprimé plus de 2000
individus en 2013, et pour renforcer notre action nous faisons
des campagnes de sensibilisation auprès des chasseurs sousmarins et des responsables des clubs de plongée. Ils ont même
des dérogations pour plonger en bouteille munis de harpon,
pour chasser uniquement cette espèce.
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Il y a de très fortes pressions en termes de fréquentation sur les îlets
pigeon. Près de 80 000 plongées sont effectuées chaque année sur
ce site, en plus des plaisanciers qui font du snorkeling et des kayakistes. Pour gérer ces flux, il y a quelques règles fixées : le nombre de
clubs de plongée autorisés à venir sur le site est limité, et ces structures sont tenues de faire au moins 30% de leurs plongées ailleurs
(ils profitent souvent d’autres sites d’exception, comme les 3 épaves
du Gustavia, Franjack et l’Auguste Fresnel où encore sur la côte).
Pour préserver les herbiers et les coraux, des dispositifs d’amarrages
ont été mis en place.
place d’une réserve intégrale, avec interdiction stricte d’accès.
C’est le cas par exemple de l’îlet surnommé « La tête à l’anglais »
qui est un lieu de nidification des sternes et du Fou brun. Le
moindre dérangement serait catastrophique, avec l’abandon
des nids par les colonies. La mise en place de réserves
intégrales n’a aucun mal à être justifiée pour le maintien de la
diversité biologique.
Quel est le lien entre les petites îles de Guadeloupe et les petites
îles de Méditerranée?
Il n’y a pas de coopération institutionnelle officielle, mais il y a
de nombreux liens entre les hommes et les femmes protecteurs
des espaces naturels. Juste dans mon équipe, nous sommes 3 à
avoir travaillé au sein du Parc national de Port-Cros, et d’autres
membres ont déjà participé à des missions PIM dans différents
pays méditerranéens. Nous nous rencontrons la plupart du
temps lors des grands forums dédiés aux AMP. Même si des
milliers de kilomètres nous séparent, nous faisons tous exactement le même métier, nos problématiques sont toujours similaires, c’est ce qui rend le partage d’expérience indispensable.
La mise en réseau nous est très utile, localement ou plus largement jusqu’aux petites îles méditerranéennes.
Un bilan annuel est fait chaque année avec ces clubs de plongée.
On sensibilise les nouvelles recrues aux enjeux auxquels le Parc doit
faire face et bien on rappelle les règles de base pour la préservation
de la biodiversité et le maintien de leur activité.
Selon vous, peut-on protéger tous les sites naturels en y
maintenant de l’activité humaine ?
Les règles sont spécifiques aux fragilités des sites. La protection
des milieux naturels est primordiale, mais le but reste que le
grand public puisse découvrir ces richesses et apprécier leur
beauté. C’est une des vocations des Parcs de mettre ces espaces
à disposition du public, mais il ne faut pas le faire n’importe
comment. Sur les sites les moins fragiles, on fait des aménagements pour l’accueil du public et son information, par l’installation de signalétique, et la sensibilisation aux bons usages.
Si le site est trop fragile pour supporter une forte pression
touristique, il est parfois indispensable d’envisager la mise en
11
petites îles du monde
L’année 2014 a été l’année des îles, quel message important fautil faire passer à cette occasion?
Les systèmes insulaires sont fragiles et menacés. Leurs relations
avec l’homme sont tendues et aujourd’hui les mesures nécessaires à leur préservation restent encore à renforcer. L’aménagement du littoral et son bétonnage avancent à pas de géants. Les
constructions illégales sont nombreuses et participent à la diminution de la mangrove, qui a un rôle très important de filtration.
La pollution est de plus en plus importante, en majeur partie d’origine tellurique.
La petite taille des îles fait qu’il faut absolument réconcilier les
populations avec la protection de la nature, c’est une question
de durabilité, qui est urgente, et notamment lorsqu’on parle de
ressources. Par exemple, les antillais sont les français qui consomment le plus de poissons par habitant et par an. On constate que la
taille moyenne des lambis (gros coquillage comestible) pêchés est
de plus en plus petite, alors que la demande reste forte. Les ressources s’épuisent. Entre le réchauffement global, la pression de
la pêche, la pression touristique qui augmentent et dégradent le
milieu (notamment les coraux qui se régénèrent très mal), dans
20 ans la situation sera catastrophique. Le message qu’il faut
faire passer, c’est l’urgence d’agir concrètement au vue de ces
nombreux signaux.
Quelles sont les grands défis du Parc national pour 2015?
Le site des îlets pigeon est victime de son succès. Notre grand
défi, c’est clairement la gestion de ces flux. Nous essayons
de gérer les différents usages d’une manière optimale, en
proposant des services sans trop limiter, sans trop imposer de
restrictions. Le plan de gestion du site est donc minutieusement préparé. Notre défi, notre challenge, c’est de satisfaire les
usagers qui viennent du bout du monde pour visiter notre Parc
National, mais également la population Guadeloupéenne pour
qu’elle reste engagée dans la vie de son territoire.
Entretien et photographies réalisés par Tarik Mokhtari
Merci à Thierry Houard et Tarik Mokhtari.
Plus d’infos, cliquez sur
le logo du PN de Guadeloupe !
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petites îles du monde
petites îles du monde
PIM, petites îles du
mozambique
Bénéficiaire de nombreuses aides ponctuelles, le Parc national
bénéficie depuis plusieurs années de soutiens réguliers de la part
du FFEM et de l’AFD. Ce projet était structuré autour de grandes
composantes qui vise notamment « l’étude de l’impact du changement climatique sur les écosystèmes critiques et élaboration
d’une stratégie d’adaptation en termes de gestion des écosystèmes » ou encore « le renforcement de la résilience des écosystèmes marins et terrestres face au changement climatique grâce
à une meilleure gestion des ressources et une meilleure connectivité » ou enfin « la génération de revenus par la conservation :
par les paiements pour les services écosystémiques ».
Ce projet permettra donc dans le temps de renforcer la résilience
des écosystèmes terrestres et marins du Parc national des Quirimbas au changement climatique, de diminuer la vulnérabilité
de la ressource et donc des populations.
Oups
sorry !...nous venons de traverser le dernier
passage à gué sur la piste qui nous conduit à l’embarcadère pour
les îles du Parc National des Quirimbas et Baldeu Chande, le directeur du Parc est arrivé un peu vite.
Nous sommes à Cabo Delgado, à l’invitation de l’Ambassade de
France accompagnés de Sophie Jacquel, attachée de coopération, pour visiter l’archipel qui s’étend sur 200 miles le long des
côtes Nord du Mozambique. Le Conservatoire est en effet venu à
la demande de Guillaum THIERIOT dans ce long pays du Sud Est
de l’Afrique afin de présenter son action dans le cadre de l’année
« Mar nesso » que l’Ambassade a ponctuée de rencontres, débats, actions culturelles et séminaires.
Partis en avion de Maputo le matin tôt jusqu’à Pemba, il nous
reste encore 1heure de barque à moteur pour rejoindre la jetée
de l’île d’Ibo, l’une des plus importantes de l’archipel qui a été
proposé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008. Composé
de 31 îles longeant la côte, l’archipel est rattaché à la côte par des
bancs de sable immergés à marée haute, des récifs coralliens et
des mangroves qui s’entremêlent au milieu d’eaux d’une grande
biodiversité.
L’île d’Ibo a servi de comptoir prospère pour les arabes, les
indiens et les portugais pendant environ 500 ans après des
premières occupations précoloniales swahili. Les grands
bâtiments coloniaux, les demeures de maîtres et des forts
bordaient la ville pendant que les pirates et les marchands
d’esclaves croisaient dans la zone. Aujourd’hui, la plupart de ces
bâtiments sont en ruines, cachés sous des ficus reprenant leurs
droits, et il est fascinant de se promener dans les rues remplies
d’histoires et de lémuriens.
Mais aujourd’hui ce qui menace ce site c’est la découverte de
gigantesques réserves d’hydrocarbures au large de l’archipel.
Outre les risques de pollutions qui vont venir s’échouer sur les
rivages et les dérangements sonores pour les grands cétacées,
les perturbations sociales vont impacter le site qui sera désormais soumis à une plus grande fréquentation et à un changement de type de tourisme… Difficile d’accès jusque là est éloigné
des grandes zones urbanisées, cet archipel n’accueillait que peu
de public dans des lodges réutilisant les bâtiments patrimoniaux.
Désormais ce sont de nouvelles constructions à l’extérieur du
périmètre historique qui risquent de se développer sans réelle
planification préalable et avec des systèmes de gestion des eaux
et des déchets largement inadaptés.
Si, grâce à ce projet, de nombreuses formules ont été initiées
pour que les touristes contribuent financièrement à la gestion du
site, le changement d’échelle avec l’accentuation des pressions
sera le nouveau challenge pour la gestion de cet immense territoire.
Un jour peut-être la création d’une initiative PIcM (petites îles
du canal du Mozambique) réunissant des micro-territoires insulaires des Comores, de Mayotte, de Madagascar et plus largement encore jusqu’aux Seychelles ou Maurice, serait une option
qui permettra d’accélérer la préservation durable de tous ces
trésors de biodiversité !
texte et photos
FB
Pour en savoir plus
lien vidéo ici
entretien avec le directeur de l’AFD au Mozambique
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programmes pim
l e s
o i s e a u x
programmes pim
d e
terrestres, impliquant une étude de densité et d’abondance des
rats et autres micromammifères de l’île par Capture- MarquageRecapture, pose de pièges à poil, collecte de fèces pour l’étude
du comportement alimentaire, complétée par la pose de pièges
photo et la réalisation de transects de nuit. Des données très
importantes pour les gestionnaires du site (APAL) puisque la
densité et les comportements des petits mammifères invasifs
sont intimement liés à la bonne santé des colonies de Puffins,
due à une prédation avérée qui a justifié les grandes opérations
d’éradication de 2009. Ajoutez à cela une cartographie des invasifs végétaux de l’île et du projet de translocation de l’arapède
géante maintenant bien amorcé… Les PIM et ses partenaires
étaient donc sur tous les fronts cette année à Zembra !
l’archipel méditerranéen
bilan et perspectives du projet albatros
MUTUALISATION DES DONNEES
C’est en Février que nous annoncions dans d’Îles en Îles les
grands enjeux du programme Albatros pour l’année naissante,
avec une année 2013 très structurante et inspirante pour ses
partenaires. Les projets évoqués il y a de ça quelques mois ont
bel et bien tenu leurs promesses, et les oiseaux-marinologues
méditerranéens ont une nouvelle fois prouvé l’évidence du
concept « mutualiser pour mieux agir », en abandonnant totalement les barrières physiques et immatérielles aux abords du
chemin… Une année 2014 décisive dont voici quelques résultats
DIAGNOSTICS COMPLETS
POUR L’ARCHIPEL DE ZEMBRA
En coopération avec l’APAL, l’Initiative PIM a poursuivi le suivi
démographique des méga-populations de puffins de l’archipel de Zembra, étalées sur plusieurs missions en juin, juillet et
août, menées par l’un de nos partenaires ornithologue, Ridha
Ouni. De nouveaux protocoles d’échantillonnage (installation de
placettes) ont été testés à ces occasions, dans l’objectif d’évaluer le succès reproducteurs des colonies, et donc de mieux
appréhender l’importance des facteurs qui peuvent leur être
nuisibles. Ce fameux taux de succès reproducteur est en effet
l’indicateur le plus éloquent sur l’état de santé des populations,
et permet de mettre en évidence la période critique à laquelle
interviennent majoritairement les échecs de reproduction.
Et tout va bien pour les puffins Yelkouan de Zembra, qui continuent de faire grimper les statistiques ! Certains chiffres donnent
le vertige en comparaison avec les sites français abritant
l’espèce, et ce depuis la dératisation de l’île en 2009. Une évolution positive très mouvementée, avec des effectifs ayant
triplé entre 2010 et 2011. La population de Puffin yelkouan s’est
ensuite stabilisée de 2011 à 2013, jusqu’à cette année où les experts PIM ont de nouveau noté une augmentation. Une hausse
effective, mais à mettre en relation avec l’effort de prospection
intensifié ces dernières années. Autre chiffre en augmentation,
la prédation d’un couple de Faucon pèlerin installé sur l’île
principale de Zembra. C’est 10 cadavres de Puffins supplémentaires par rapport à 2013 qui ont été découverts, confirmant
une certaine adaptation de la technique de chasse de ces
rapaces. Une situation similaire s’est observée sur les populations
des Baléares et des îles Lavezzi. En ce qui concerne l’espèce du
Puffin cendré, le suivi démographique par l’installation de
placette a été contrarié par une météo très défavorable à l’organisation de mission, ne permettant pas aux experts d’arriver sur
l’île au bon moment pour finaliser le calcul du succès reproducteur de la colonie.
En juin, c’est une mission aux thématiques plus larges qui a été
menée sur Zembra, concernant à la fois le milieu terrestre et
le milieu marin. Un diagnostic complet des espèces invasives
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La méga population de puffins de Zembra n’a pas fait oublié
aux experts de l’Initiative PIM les plus petites colonies méditerranéennes que l’on peut trouver en France, et d’importantes
avancées se sont concrétisées cette année pour la préservation
de l’espèce et les pratiques de gestion. En juin 2013, les quatre
gestionnaires représentants des sites méditerranéens français
abritant des puffins (cendrés et yelkouans) se sont réunis pour
plancher sur un outil opérationnel de mutualisation des données, préalablement récoltées grâce à des protocoles de suivi
désormais harmonisés au niveau régional. Un outil aujourd’hui
matérialisé par la mise en place de la « base de données baguage
», rendu possible grâce à la coopération de ces quatre acteurs de
la préservation des puffins : les Parc nationaux des Calanques et
de Port-Cros et les deux sites Corses de la Giraglia (Cap Corse) et
des Lavezzi (à l’extrême sud).
Développé dans le cadre d’une prestation extérieure, cet outil
se présente sous la forme d’une interface web collaborative et a
été conçu sur le modèle d’un premier dispositif crée par le Parc
National de Port-Cros. La première étape de sa mise en œuvre
a été l’intégration des données de baguage actuellement disponibles pour les colonies de Puffins cendrés et Yelkouans de
ces quatre sites (facilitée par l’édition de monographies sur ces
espèces). Officialisée le 30 septembre 2014 à l’occasion d’une
nouvelle réunion d’échanges, la base de données subit actuellement des derniers ajustements pour une ergonomie optimale
et assurer une compatibilité avec les matrices utilisées jusqu’à
présent par les différents gestionnaires.
Ce beau projet, dont l’issu est un instrument efficient et clé en
main pour les acteurs des sites concernés, promet d’ores et déjà
une coopération pérenne et facilitée entre ces partenaires, qui
chacun de leur côtés ont amassé plus de 30 années de données
sur les puffins ! Le Projet Albatros mène une réflexion pour
étendre cet outil à d’autres sites méditerranéens d’importance
primordiale pour ces oiseaux, mais également sur des répliques
du dispositif destinées à d’autres espèces d’oiseaux marins
emblématiques de Méditerranée. Et parce que les rencontres
entre gestionnaires ne peuvent être remplacés par un site web,
d’autres ateliers sont prévus pour réunir et fédérer les groupes
de travail d’Albatros, qui se rapprochent petit à petit d’une
harmonisation régionale à l’échelle méditerranéenne des protocoles de suivi.
La base de données n’a pas été la seule étape franchie vers
cet objectif de coopération et d’entraide. Toujours en début
d’année, l’Initiative PIM et la communauté Albatros annonçaient
la publication de la première fiche de synthèse dédiée à l’espèce
de l’Océanite tempête. Ces fiches, destinées à actualiser les
connaissances disponibles sur l’espèce, ont permis de définir de
grands enjeux et actions pour la conservation de cet oiseau. Une
opération collaborative renouvelée en cette fin d’année avec la
parution d’une seconde « Fact Sheet » consacrée au Balbuzard
pêcheur. Un document qui s’inscrit dans une démarche beaucoup plus large pour la préservation du rapace, s’ajoutant à la
publication d’un protocole de suivi harmonisé au niveau méditerranéen et spécifique à la population du Parc National d’Al
Hoceima au Maroc, fruit d’un partenariat solide et efficace avec
les institutions Marocaines, le CEFE-CNRS et l’Initiative PIM.
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programmes pim
programmes pim
LE FAUCON D’Eléonore AU CŒUR DU SCHEMA DE
GESTION DE L’ARCHIPEL D’ESSAOUIRA
Depuis quelques années, l’Initiative PIM intensifie ses partenariats avec le Maroc et concentre ses actions Albatros sur Al
Hoceima et l’archipel d’Essaouira. Ce dernier a fait l’objet de plusieurs missions en 2014, réunissant de nombreux acteurs de la
protection du territoire et des oiseaux marins méditerranéens,
dans le sillage de la dynamique initiée par les préconisations
émises dans le Schéma d’Aménagement de l’archipel rédigé en
2011.
Une équipe d’ornithologues du GREPOM, épaulée par l’équipe
locale du Haut-Commissariat aux Eaux et Forêt et des membres
du CoReGe de l’Initiative PIM se sont rendus une première fois
sur Essaouira en juillet pour un contrôle de la reproduction de
cette population ; une population très importante puisqu’elle est
la seule, avec celle des Îles Canaries, a représenter l’espèce sur
la façade atlantique à se reproduire sur les petites îles Méditerranéennes (avant d’effectuer sa migration vers le Nord de Madagascar à l’automne).
Ce premier passage de la saison a permis de recenser la population reproductrice de l’archipel et de montrer que celle-ci
reste stable avec 866 couples. La taille de ponte moyenne a été
estimée, ce chiffre donnant les premières indications sur la santé
de la colonie. Une mission qui a été complété par une seconde
intervention fin septembre, et qui confirme des chiffres en
augmentation : un minimum de 907 couples de Faucon
d’Eléonore et un succès reproducteur de 0.63 (pour une
grandeur de ponte de 2,7 œufs/nid et de 1,7 poussins éclos et
vivant/nid). Un nombre de couples qui s’accroit mais un taux de
succès reproducteur pas parfaitement satisfaisant, témoin d’une
saturation des sites de reproduction et d’un dérangement de la
colonie. Des résultats à suivre de près en 2015 pour jauger la
pertinence des premiers efforts consacrés au schéma d’aménagement de l’archipel, et peut être lui apporter des ajustements.
Les lignes directrices de ce dernier portent notamment sur
la canalisation des flux touristiques, avec pour objectif «zéro
fréquentation » en période de reproduction, pour limiter au
maximum le dérangement de ces oiseaux emblèmes de la petite
ville fortifiée. D’autres éléments apportés par cette mission
ornithologique permettent également de valider le projet d’aménagement d’un sentier de découverte (réalisé avec l’appui de l’Initiative PIM). Ce projet devrait être mis en œuvre dans le cadre
d’un chantier école réunissant de petites délégations de gardes du
littoral de toute la Méditerranée en formation en 2015.
UN SUIVI SCIENTIFIQUE PERENNE A AL HOCEIMA
C’est en effet la troisième année que l’Initiative PIM et le HautCommissariat aux Eaux et Forêt du Maroc coopèrent pour l’évaluation de la taille de la population reproductive du Balbuzard
pêcheur, espèce qui s’impose comme épicentre des activités
dédiées à la préservation d’un vaste territoire naturel. Une
équipe de terrain composée d’experts locaux et internationaux
a de nouveau parcouru les 40kms de falaises côtières de la zone,
auxquels s’ajoute un nouveau secteur à l’extérieur du périmètre
du Parc, jusqu’aux falaises de Jebha. Armés de jumelles et à
bord d’un petit pneumatique, les experts ont procédé à l’identification des nids actifs. Même si au regard des suivis réalisés
dans les années 90 la population est en baisse, depuis 3 ans
son noyau reproducteur semble assez stable, avec 10 couples
reproducteurs identifiés en 2014 (ce qui représente une légère
augmentation par rapport à 2013 ou 6 à 8 couples avaient été
comptabilisés).
Ces nombreuses heures de travail et de coopération entre les
experts Marocains (AGIR), Minorquins (Institut Scientifique
de Minorque) et Franco-Italiens (CEFE-CNRS et Université de
Ferrara), ont permis d’ajuster le protocole initialement
élaboré, qui vise à établir un suivi scientifique durable, adapté
au contexte local du Parc National. Cette mission a également
permis des prospections naturalistes portées sur les plantes et
les reptiles du territoire de Cala Iris, menées par l’Institut Scientifique de Rabat et l’Université de Marrakech. Les experts et leurs
équipes ont une nouvelle fois démontré l’importance de l’insularité pour la diversité biologique, puisque la flore de la petite île
de Cala Iris ne ressemble en rien à son miroir continental, située
à seulement quelques kilomètres !
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DE NOUVELLES GRANDES ETAPES POUR 2015
Depuis presque sept ans, l’Initiative PIM développe et renforce
des partenariats avec des structures internationales comme
MedMaravis et le CAR-ASP pour permettre aux experts ornithologues méditerranéens de participer plus intensément à
l’essor du projet Albatros. Un partenariat plus large et une nouvelle coordination qui suggèrent une forme d’indépendance
du projet Albatros et confirme son caractère multilatéral et
collectif, qui dépasse aujourd’hui le cadre de l’Initiative PIM. Ces
nouvelles lignes coordonnatrices seront évoquées à l’occasion
du Second Symposium sur la conservation des oiseaux marins
méditerranéens, co-organisé par l’Initiative PIM, en février 2015
en Tunisie.
Des résultats sont déjà attendus pour l’année à venir, comme
l’une étude physiologique de l’avifaune nicheuse des petites îles
menée par MedMaravis, pour l’élaboration de protocoles d’évaluation de la qualité des milieux littoraux méditerranéens. Avec
les grandes avancées accomplies cette année grâce à la synergie et la coopération de plusieurs dizaines d’experts de tous
horizons, le Projet Albatros continue de renforcer ses capacités
d’action et la motivation de son réseau, notamment grâce au
développement d’outils technologiques qui annoncent une
coopération facilitée et généralisée pour le futur, dans
l’ensemble des pays méditerranéens.
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FÊTE DES ÎLES 2015 !
En 2015, l’Initiative PIM reédite l’événement Celebrate
Islands. Une semaine de célébrations et d’actions pour
promouvoir la préservation des petites îles du monde
qui prendront place en mai prochain (du 18 au 24).
Comme l’année dernière, les petites initiatives,
conférences, expositions, sorties de terrains, et toutes les
actions de sensibilisation possibles sont très attendues
et l’Initiative PIM lance un vaste appel à participation.
Institutionnels, associations, privés, bénévoles, gardes
du littoral ou gestionnaires de site, professeurs,
universitaires ou passionnés du littoral et des îles du
globe, participez à Celebrate Islands pour valoriser
votre territoire insulaire et vos interventions pour la
protection des îles ! Plus d’éléments dans le prochain
d’îles en îles…
Contact
[email protected]
#19
Conservatoire du littoral
3, rue Marcel Arnaud
Bastide Beaumanoir
13 100 Aix en Provence FRANCE
Tél. 00 33 (0) 4 42 91 28 36
Fax . 00 33 (0) 4 42 91 64 11
[email protected]
www.initiative-pim.org
Directeur de la publication: Odile GAUTHIER
Directeur de rédaction : Fabrice Bernard
Graphisme et Mise en page : Lélia Crastucci
Ont participé à ce numéro
Denis BREDIN, Thierry Houard, Tarik Mokhtari
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L’Initiative PIM est un programme de promotion et d’assistance à la gestion des
espaces insulaires de Méditerranée coordonné et piloté par
le Conservatoire du littoral.