4ème Dimanche Carême A

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4ème Dimanche Carême A
4ème Dimanche de Carême A
« Le Seigneur est mon berger… il me guide aux sentiers de justice »
(Ps 22,1.3)
1 Samuel 16,1.6-7.10-13a ; Ps 22, 1-6 ; Éphésiens 5,8-14 ; Jean 9, 1-41
Les choix de Dieu sont déroutants … son regard ne s'arrête pas à ce qui se voit, il perçoit le fond de l'être et le
révèle. C'est ainsi que le roi qu'il découvre parmi les fils de Jessé n'est pas celui auquel on pouvait s'attendre : l'Esprit
du Seigneur s'empare du benjamin, jeune homme aux "beaux yeux", marqué par l'onction pour qu’il devienne le berger du
peuple (première lecture). Qu'aurait-il alors à craindre puisque le Seigneur est avec lui et le conduit aux sentiers de sa
justice ? (Psaume).
C'est aussi une onction qui transforme l'homme né aveugle en homme nouveau : onction donnée par Jésus et
reçue par l'aveugle qui consent à se laver dans les eaux de Siloé. Provoqué par les réactions d'hostilité, appelé par
Jésus lui-même à se prononcer, il reconnaît peu à peu qui est celui qui lui "a ouvert les yeux". En vérité, il voit Dieu
(évangile).
Paul remet les Éphésiens face à leur dignité de chrétiens, prophètes, prêtres et rois. Le baptême qui les a fait
passer des ténèbres à la lumière les a identifiés au Christ : ils sont eux-mêmes devenus lumière. Une lumière qui éclaire
toute chose et fait la vérité (deuxième lecture).
Lecture du premier livre de Samuel 16, 1b.6-7.10-13a
1b Le Seigneur dit à Samuel : « J'ai rejeté Saül. Il ne règnera plus sur
Israël. Je t'envoie chez Jessé de Bethléem, car j'ai découvert un roi
parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d'huile, et pars ! »
6 En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se
dit : « Sûrement, c'est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l'onction ! »
7Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence
ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les
hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur
regarde le cœur. » (…)
10 Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le
Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là.
11 N'as-tu pas d'autres garçons ? » Jessé répondit : « Il reste encore
le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu'il ne sera pas arrivé. »
12 Jessé l'envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux
yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors : « C'est lui ! donne-lui l'onction. »
13a Samuel prit la corne pleine d'huile, et lui donna l'onction au
milieu de ses frères. L'esprit du Seigneur s'empara de David à partir
de ce jour-là.
Saül dont le nom signifie « demandé à Dieu »
est présenté comme le 1er roi d’Israël. D’après
les Actes des Apôtres, Paul, apôtre des nations,
porte le même nom hébreu que ce roi. Il est
désigné par son nom latin à partir du moment
où il prend la tête de la mission en quittant l’île
de Chypre (Ac 13,9.13).
Jessé est le petit-fils de Ruth et Booz (Rt 4,18)
et le père de David. De sa souche surgira celui
sur qui repose l’Esprit du Seigneur et en qui la
création se réconciliera (cf. Isaïe 11,1-9).
Traditionnellement l’aîné est l’héritier et le
1er appelé et, symboliquement, le chiffre 7
représente la plénitude et la perfection. Mais
Dieu ne considère pas les apparences. Généralement, il privilégie le dernier, le plus jeune,
celui qui, à priori, est le moins apte à remplir
la mission qu’il va lui confier. Ici, David est le
8ème… comme pour une nouvelle création ?
comme pour un matin de Pâques ?
David, jeune berger oublié, deviendra berger
de son peuple et père d’une lignée de laquelle Jésus naîtra.
L’onction liturgique d’huile - qui pénètre,
imprègne - est le signe de l’esprit du Seigneur
qui consacre les objets du culte ou s’empare
d’une personne (les rois, les prêtres, le prophète/serviteur d’Isaïe 61,1).
Celui qui reçoit l’onction est dit « messie » en
hébreu, « christ » en grec, « oint » en français.
4ème Dimanche de Carême A
Plan du psaume : une expression de confiance
v.1-4
v.5-6
: Le Seigneur est berger
: Le Seigneur est l’hôte accueillant
Ps 22, 1-6
(le psaume 22 (h 23) est intégralement retenu)
R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer
1 Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
2 Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.
3
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; (hb= revenir)
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.
4 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
5 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
6 Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai (hb= je reviendrai à) la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
v.1 L’image de Dieu berger/pasteur est fréquente dans les Ecritures
(par exemple : Genèse 48,15 ; Siracide 18,13 ; Ezéchiel 34,11-16).
Et Isaïe présente le retour des exilés de Babylone vers Jérusalem
comme une nouvelle traversée du désert sous la houlette du Seigneur :
« Voici le Seigneur Dieu qui vient avec puissance, son bras assure son
autorité; voici qu'il porte avec lui sa récompense, et son salaire devant
lui. Tel un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble les
agneaux, il les porte sur son sein, il conduit doucement les brebis mères. » Isaïe 40,10-11.
La mission du pasteur est d’être avec le troupeau, de le conduire
vers les lieux où il trouve eau, nourriture et repos et de le protéger du
danger (cf. v.4 les ravins de la mort).
« je ne manque de rien » : réalisation de la promesse de Dt 8,7-9
v.2 « herbe fraîche » : l’hébreu peut se comprendre « herbe verte » et
c’est ainsi que le grec a traduit. Le récit de la multiplication des pains
chez Marc renvoie à ce psaume (Mc 6,39).
v.3 « il me fait revivre » en hébreu « il me fait revenir » ou « il fait
revenir mon être » peut renvoyer à l’expérience de salut du petit reste
des exilés qui, à la fois, rentre au pays et retrouve la vie.
« il me conduit par le juste chemin » littéralement « il me
guide aux sentiers de justice » : il m’ajuste à Lui, me rend apte à
être avec lui tous les jours de ma vie (cf. v.6).
v.5 « devant mes ennemis » peut renvoyer aux Babyloniens dont le
Seigneur libère son peuple.
v.5-6 table dressée, coupe débordante, huile parfumée versée (même
racine que « oindre ») en hommage (cf. Qohelet 9,8; Amos 6,6 ; Lc
7,46), sont signes d’un accueil très généreux au sein de sa maison (le
Temple ?).
Les 2 parties du v.6 sont parallèles et synonymes : revenir à la maison du Seigneur (le temple, le Royaume) à jamais est pure grâce et
source de grâce et de bonheur.
Pour guider une interprétation et une prière chrétienne :
Jésus, exprimant sa confiance en son Père, a pu prier ce psaume, notamment aux heures difficiles de son ministère ou de sa Passion.
Nous pouvons nous unir à cette prière lorsque nous rencontrons l’adversité.
Mais Jésus s’est aussi affirmé lui-même comme le berger qui conduit ses apôtres au repos, qui a pitié des brebis sans berger, qui leur
procure la nourriture après les avoir fait asseoir sur l’herbe verte (Mc 6,30-44), qui les introduit dans la bergerie et donne sa vie pour elles (Jn
10,1-18).
L’auteur de la lettre aux Hébreux 13,20-21 prie ainsi : « Que le Dieu de la paix, qui a ramené de chez les morts celui qui est devenu par le sang
d'une alliance éternelle le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à accomplir sa volonté en toute sorte de bien ».
Par notre plongée dans les eaux du baptême, nous recevons l’onction de l’Esprit Saint et nous sommes invités à l’Eucharistie
où le Christ se donne en nourriture. Par sa résurrection d’entre les morts, le Christ Jésus nous fait entrer pour toujours dans la maison du
Seigneur.
"Ces gens vêtus de robes blanches... Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve: ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de
l'Agneau. C'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente.
Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Car l'Agneau qui se tient au
milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux." (Apocalypse 7,13-17).
Dans l’Église ancienne, les catéchumènes étaient invités à mémoriser ce psaume pour le dire entre leur sortie du baptistère et
l’Eucharistie et se préparer à en vivre. Plus largement, l’ensemble des sacrements participe à l’accomplissement de ce psaume, notamment le
sacrement de réconciliation par lequel nous revenons (= conversion) au Seigneur (Ps 22,3.6).

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