Jeudi 20 mai La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine
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Jeudi 20 mai La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine
Jeudi 20 mai La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine | David Guerrier Dans le cadre du cycle Planète Terre Du mardi 4 mai au jeudi 3 juin Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine | David Guerrier | Jeudi 20 mai Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Cycle Planète Terre « L’âme de l’homme ressemble à l’eau : venue du ciel, elle monte au ciel, et doit de nouveau descendre sur la Terre, dans une éternelle alternance. » Ainsi s’ouvre le Chant des esprits sur les eaux de Goethe, mis en musique par Schubert, que l’on est surpris et enchanté de trouver cité sur Internet dans nombre de pages consacrées aux questions environnementales. À l’heure où la volonté humaine de domination de la Nature par la technique détruit l’équilibre de la planète et épuise ses ressources, ce cycle de concerts nous rappelle que les musiciens ont toujours su prêter l’oreille aux voix de la Nature. Ce goût pour la Nature s’est particulièrement développé dans les arts quand, vers le XVe siècle, l’Europe est devenue plus urbaine que rurale, passage de la campagne à la ville dont rendra compte ici la confrontation des Quatre Saisons de Vivaldi aux citadines Saisons de Buenos-Aires de Piazzolla. Le besoin urbain de retrouvailles avec la Nature est clairement airmé par le titre du premier mouvement de la Symphonie «Pastorale» de Beethoven : Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne. Cette symphonie s’inscrit dans la longue tradition de la pastorale : ce genre littéraire, très en vogue du XVe au XVIIIe siècle, narre les amours de bergers mythologiques vivant dans une nature idéale et intacte, qu’aucune civilisation n’a encore corrompue, et dont la représentation, avec ses vertes prairies et ses doux zéphyrs, est davantage régie par les règles et conventions du genre que par une observation de la nature réelle. Dans la Sixième Symphonie de Beethoven, comme dans les Quatre Saisons, aucun élément de cette nature de convention ne manque : prés leuris, doux ruisseaux, gazouillis des oiseaux, chants de pâtres, danses paysannes au son de la musette, etc. Acis et Galatée de Haendel nous ofre la quintessence de ce genre : les amours du berger et de la nymphe, contrariées par le géant Polyphème, igure de la démesure, peuvent se lire comme une allégorie d’un fragile équilibre écologique. La valeur centrale de la pastorale, c’est la paix, s’opposant aux valeurs guerrières de la tragédie et de l’épopée : nulle rumeur des batailles ne vient troubler cette nature vierge et paisible, et c’est bien une célébration de la paix que nous donne par exemple à entendre le début de la Pastorale de Beethoven, où la répétition incessante d’une même formule mélodique donne une impression de calme et d’immobilité qui contraste avec les conlits traversant les autres symphonies du compositeur. Jusqu’à Beethoven, la relation de l’homme avec la Nature demeure distante, de l’ordre du respect magique, et les valeurs que l’artiste célèbre dans la Nature sont universelles ; en revanche, pour les Romantiques, la Nature devient la conidente des sentiments individuels, si bien que le narrateur de La Belle Meunière de Schubert fait du ruisseau son conseiller et son « ami murmurant », qui lui servira de linceul et veillera sur lui lorsqu’il se sera donné la mort par désespoir amoureux. La forêt est le lieu naturel privilégié des Romantiques, et le cor, lié au thème de la chasse, l’instrument sylvestre par excellence : dans les Waldszenen (Scènes de la forêt), le piano de Schumann fait retentir maintes sonneries de cors de chasse, qui feront écho à celles qui ouvrent le Freischütz de Weber ou terminent le Quatrième Concerto pour cor de Mozart. Bien loin de la paix et du merveilleux de la Pastorale, la nature romantique est sombre, inquiétante, marquée par le mystère et le fantastique : c’est la Gorge-aux-Loups du Freischütz, ou le Lieu maudit des Scènes de la forêt. 2 Si le Romantisme nous est proche aujourd’hui encore, c’est parce qu’il établit un rapport problématique entre l’homme et la Nature, rapport quasi fusionnel, mais sur lequel semble peser une sourde menace mutuelle, que rappelle L’Oiseau Prophète des Scènes de la forêt : « Prends garde, et reste éveillé, en alerte ! ». La igure ambiguë du chasseur est emblématique : hôte privilégié de la forêt, il court sans cesse le risque de la démesure, et peut, comme Kaspar dans Der Freischütz, vendre son âme au diabolique « chasseur noir ». Est-ce un hasard si, dans La Belle Meunière, c’est un chasseur qui se pose en rival du meunier et conduit à la mort celui qui incarne, à travers la roue de son moulin, une relation paciiée entre la nature et la technique ? L’imitation des bruissements de la nature a toujours stimulé l’inventivité des compositeurs : audaces quasi bruitistes vivaldiennes, complexité rythmique inouïe de l’évocation beethovénienne de l’orage… Mais ce désir d’imiter la nature trahit aussi celui de s’en rendre maître : la virtuosité est une recherche de l’absolue maîtrise et du dépassement des limites techniques. En écrivant que « la popularité de la Symphonie “Pastorale” est faite du malentendu qui existe assez généralement entre la nature et les hommes », Debussy s’inscrit dans un mouvement qui, impressionnistes en tête, rejette toute représentation conventionnelle et imitative pour prôner une attention véritable à la nature réelle, fondée, notamment, sur l’observation de la lumière, thème des œuvres les plus contemporaines présentées ici, comme Lichtbogen de Kaija Saariaho. Anne Roubet 3 MARDI 4 MAI – 20H Georg Friedrich Haendel Acis and Galatea New London Consort Philip Pickett, direction Ed Lyon, ténor (Acis) Joanne Lunn, soprano (Galatea) Michael George, baryton-basse (Polyphemus) Joseph Cornwell, ténor (Damon) Andrew King, ténor (Coridon) Faye Newton, soprano (une bergère) Jelena Kordić, contralto (une bergère) Simon Grant, baryton-basse (un berger) MERCREDI 5 MAI – 15H jEuDI 6 MAI – 10H jEuDI 6 MAI – 14H30 SPECTACLE JEUNE PUBLIC Si la terre... MERCREDI 5 MAI – 18H30 ZOOM SUR UNE ŒUVRE DIMAnCHE 9 MAI – 14H30 CONCERT-PROMENAdE Franz Schubert Die schöne Müllerin Terres et déserts Hélène Pierrakos, musicologue MERCREDI 5 MAI – 20H Franz Schubert Die schöne Müllerin Nathalie Stutzmann, contralto Inger Södergren, piano Espace musique du monde Terre d’Amériques Axel Lecourt, musicien Pour les enfants Atelier musique du monde pour les jeunes de 7 à 14 ans et leur famille. Inscription sur place. Espace XVIIe siècle Terre d’Afrique : voyage musical au Congo Amour et Christian Makouaya, conteurs musiciens jEuDI 6 MAI – 20H Bent Sørensen Tunnels de lumière – Commande de l’Ensemble intercontemporain, création Kaija Saariaho Solar Lichtbogen George Benjamin At First Light Anouk Ganzevoort, mise en espace Stephan Choner, lumières Geneviève Laloy, chant, paroles et musiques Philippe Laloy, saxophone, lûtes, voix, Ensemble intercontemporain arrangements musicaux Susanna Mälkki, direction Vincent Noiret, contrebasse, voix Paul Prignot, guitares, voix 4 Espace XVIIIe siècle Steppe d’Asie centrale Talasbek Asemkulov : l’art du luth dombra kazakh MARDI 11 MAI – 20H Dj Spooky Terra Nova - Sinfonia Antarctica Paul d. Miller / dJ Spooky That Subliminal Kid Alter Ego Walter Roccaro, piano Aldo Campagnari, violon Francesco dillon, violoncelle Aj Weissbard, designer visuel V-factory, Andrea Bianchi, Matteo Massocco, vidéo Du MARDI 4 MAI Au JEuDI 3 JuIN MARDI 18 MAI – 20H jEuDI 20 MAI – 20H jEuDI 27 MAI – 20H Antonio Vivaldi Les Quatre Saisons Astor Piazzolla Les Quatre Saisons de Buenos Aires Carl Maria von Weber Ouverture du Freischütz Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour cor n° 4 Ludwig van Beethoven Symphonie n° 6 « Pastorale » Robert Schumann Waldszenen op. 82 Nachtstücke op. 23 jean Sibelius Sonate op. 12 Cinq Pièces op. 85 Cinq Pièces op. 114 Les dissonances david Grimal, violon, direction MERCREDI 19 MAI – 20H Antonio Vivaldi Concerto pour deux violons et violoncelle RV 578a Concerto pour lûte « La Tempesta di Mare » RV 433 Concerti a quattro RV 128 Concerti a quattro RV 114 Concerto pour violon RV 372 Concerto pour lûte « La Notte » RV 439 Concerto pour violon « L’Inverno » RV 297 Gli Incogniti Amandine Beyer, direction musicale, violon Alba Roca, violon Flavio Losco, violon Ottavia Rausa, alto Marco Ceccato, violoncelle Roberto Bevilacqua, violone Francesco Romano, théorbe Anna Fontana, clavecin, orgue Manuel Granatiero, traverso La Chambre philharmonique Emmanuel Krivine, direction david Guerrier, cor MARDI 25 MAI – 20H In der Natur Alain Planès, piano MERCREDI 2 juIn – 15H MERCREDI 2 juIn – 16H30 jEuDI 3 juIn – 9H30 jEuDI 3 juIn – 11H SPECTACLE JEUNE PUBLIC Franz Schubert Lieder pour voix soliste et pour chœur 86 centimètres orchestrés par Johannes Brahms, Max Reger, Anton Webern… Yann Nedelec, contralto, comédien Éric Recordier, contrebasse, musique Ensemble Orchestral de Paris Boualem Bengueddach, Accentus marionnettiste Laurence Equilbey, direction Alice Laloy, mise en scène Judith Gauthier, soprano Jane Joyet, scénographie Renata Pokupić, mezzo-soprano Marianne delayre, costumes Werner Güra, ténor 5 jEuDI 20 MAI – 20H Salle des concerts Carl Maria von Weber Ouverture du Freischütz Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour cor n° 4 entracte Ludwig van Beethoven Symphonie n° 6 « Pastorale » La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine, direction david Guerrier, cor Coproduction Cité de la musique, La Chambre Philharmonique. Enregistré par France Musique, ce concert sera difusé le vendredi 4 juin à 10h30. Fin du concert vers 21h45. 7 Carl-Maria von Weber (1786-1826) Ouverture du Freischütz Composition de l’opéra : 1817-1821. Création : le 18 juin 1821 à Berlin sous la direction du compositeur. Efectif : lûtes, hautbois, clarinettes et bassons par deux – 2 cors en do, 2 cors en fa – 2 trompettes, 3 trombones – timbales – cordes. Durée : environ 12 minutes. Weber a déclaré lui-même que dans cette fascinante ouverture « on pouvait découvrir tout l’essentiel de son opéra » ; en efet, elle est à la fois un « pot-pourri » – sorte de bande-annonce des thèmes de l’ouvrage –, un petit poème symphonique et une forme sonate bien équilibrée, où tout coule sans démarcations : triple atout qui situe cette page dans les pièces d’anthologie romantiques, superbe préface au premier opéra allemand signiicatif. Weber y favorise ses instruments de prédilection, le cor ou la clarinette, en leur coniant des mélodies emblématiques. L’introduction lente commence par un crescendo théâtral des cordes et des bois à l’unisson : l’histoire à venir, inquiétante, se présente en motifs brefs et solennels inspirés des ouvertures beethovéniennes. Puis une douce chanson des cors plante le décor forestier du drame : aux cors en do, plus graves, viennent s’ajouter ceux en fa. Enin un air plaintif de violoncelles laisse pressentir bien des dangers, sur un fond de trémolos et surtout de timbales étoufées, doublées de pizzicati. Contrairement à toutes les coutumes, l’allegro qui suit l’introduction est en mineur, alors que l’ouverture a commencé en majeur ! Le premier thème, sombre, se présente en plusieurs segments, en particulier une explosion arpégée qui réapparaît dans la fameuse scène de la Gorgeaux-Loups : la vigueur des mélodies en diagonales rappelle encore Beethoven. Le premier groupe thématique est couronné par une sonnerie de cors, comme une brève mais saisissante image de chaos rocheux. La deuxième grande idée est un récitatif éperdu de clarinette ; peu après s’élance l’inoubliable thème d’Agathe, aux enroulements pleins de candeur et de passion. Le développement exploite le premier thème en un ardent combat, mélodiquement très en dents-de-scie. Comme une pâle trouée de lumière, le thème d’Agathe s’insinue au hautbois et à la lûte. Cette section se termine en bousculant les motifs de l’introduction, avec une nervosité qui rappelle Berlioz. Sans interruption, la réexposition ramène les thèmes en les modiiant et en les abrégeant légèrement. Mais – coup de génie – l’introduction initiale interrompt le processus, avec toute sa lenteur lugubre et pleine d’appréhension : cette retombée dans les ténèbres met d’autant plus en valeur la in, en soudaine apothéose. L’ouverture annonce ainsi le caractère manichéen de l’opéra, le triomphe du bien et de l’amour contre les forces du mal ; le thème d’Agathe est exalté en une réjouissance à la fois populaire, lumineuse et brillamment orchestrée. 8 Wolfgang-Amadeus Mozart (1756-1791) Concerto pour cor et orchestre n° 4 en mi bémol majeur K. 495 Allegro moderato Romanza. Andante Rondo. Allegro vivace Daté du 26 juin 1786. Efectif : 2 hautbois, 2 cors, cordes, cor solo en mi bémol. Durée : environ 16 minutes. Trois des quatre concertos de Mozart pour cor, les n° 1, 2 et 4, ont été écrits pour son ami Joseph Leitgeb (ou Leutgeb), excellent corniste, que le jeune maître toutefois traitait avec des bordées de taquineries : il l’appelait « âne, bœuf, boufon » et cætera. Il semblerait que ces fausses injures, sur fond de vive afection et d’admiration, se soient adressées à l’étourdissante virtuosité de son camarade. Celui-ci n’avait d’ailleurs pas la prétention de s’imposer comme musicien, puisqu’il a été très heureux de pouvoir ouvrir une boutique de fromages, grâce à un petit coup de pouce de Leopold Mozart. une telle œuvre paraît très exigeante pour le cor, quand on pense qu’à l’époque celui-ci ne possédait pas encore de pistons. Le nombre de notes était en principe restreint et prenait pour point de départ l’accord parfait (ici, en l’occurrence : mi bémol, sol, si bémol) ; les autres notes s’extrayaient adroitement par la technique d’un bouchage, bien dosé, du pavillon avec la main. Ainsi, quand par souci d’authenticité la pièce est interprétée avec un instrument ancien, certaines notes, dans les chromatismes notamment, sonnent plus pincées que d’autres. L’absence de lûtes, la présence des hautbois et de deux autres cors donnent à cette orchestration sa douceur et son caractère un peu réléchi. La forme sonate du premier mouvement est des plus classiques, quoiqu’avec des thèmes longs, peu portés aux redites ; son allure paisiblement guillerette met en valeur le côté bon enfant du soliste, dont le premier thème, très « cor de poste », démarre sur l’accord parfait. La romance centrale, de forme rondo, est une chanson presque entièrement dévolue au solo, fréquemment soutenu par un tapis de graves batteries ; cette rêverie se teinte d’une légère tristesse dans la séquence en sol mineur. Le inale, sur une mesure galopante à 6/8, est évidemment une joyeuse « chasse », presque une tarentelle avec des facéties périlleuses. Isabelle Werck 9 Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 6 « Pastorale » en fa majeur op. 68 « Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne ». Allegro ma non troppo « Scène au bord du ruisseau ». Andante molto mosso « Réunion joyeuse de paysans ». Allegro « Orage, tempête ». Allegro « Chant de pâtres, sentiments de contentement et de reconnaissance après l’orage ». Allegretto Composition : 1807-1808. Dédicace : au prince Lobkowitz et au comte Razumovsky. Création : le 22 décembre 1808 à Vienne au Theater an der Wien. Efectif : piccolo, 2 lûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones – timbales – cordes. Durée : environ 45 minutes. Lorsque le public viennois découvre la Symphonie « Pastorale », le 22 décembre 1808, il assiste à un véritable festival Beethoven. En efet, le programme de cette soirée exceptionnelle aiche de surcroît la Cinquième Symphonie (créée elle aussi ce jour-là), le Quatrième Concerto pour piano, des extraits de la Messe en ut majeur, l’air de concert « Ah ! perido » et la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre op. 80, précédée d’une improvisation pianistique du compositeur. Celui-ci, mécontent de sa situation à Vienne, laisse croire qu’il accepte le poste que Jérôme Bonaparte lui ofre à Cassel. Il organise alors ce « concert d’adieux », où il déploie toutes les facettes de son génie, ain – espère-t-il – que ses riches protecteurs se montrent plus généreux. Il présente ainsi ses cinquième et sixième symphonies. On ne peut imaginer contraste plus saisissant : d’une part l’expression tragique et la victoire obtenue à l’issue d’un combat acharné ; d’autre part le lyrisme serein et l’évocation champêtre. La Pastorale est la plus radieuse et la plus coniante des partitions orchestrales de Beethoven. Si quelques ombres se glissent, elles disparaissent aussitôt. Certes, l’« orage » trouble un instant l’efusion paisible, une rupture s’avérant nécessaire pour maintenir en éveil l’attention de l’auditeur. Mais cette tempête, d’autant plus spectaculaire qu’elle reste brève, met en valeur la lumineuse quiétude des autres épisodes. La partition a fasciné bien des musiciens romantiques, qui ont vu là une préiguration de leurs recherches et de leurs aspirations : une œuvre à programme et l’exaltation de la nature. Toutefois, en dépit des titres inscrits en tête de ses mouvements, sa narration se limite à l’idée d’une contrée idyllique, peuplée de paysans francs et enjoués, brièvement perturbée par le fracas du tonnerre. Elle ne s’inspire d’aucun substrat littéraire et ne livre pas une autobiographie romancée, au contraire de ce que réalisera Berlioz dans sa Symphonie fantastique. En déinitive, la Pastorale apparaît moins dramatique que la Cinquième. Elle reste idèle à la forme sonate dans les premier et deuxième mouvements, mais – attitude rare chez Beethoven – sans la théâtraliser. De plus, la nature est ici dépourvue du mystère et de la dimension fantastique qui hanteront les œuvres romantiques. Elle ne relète ni inquiétudes métaphysiques, ni solitude de l’artiste en conlit avec la société de son temps. 10 La Symphonie n° 6 transpose les impressions ressenties par le compositeur dans un paysage bucolique. « Plutôt expression du sentiment que peinture », indique Beethoven sur sa partition. Probablement souhaite-t-il éviter les interprétations trop anecdotiques et trop précises. Pourtant, s’il se montre plus évocateur que descriptif, il donne à plusieurs de ses mélodies un contour populaire et accorde de nombreux solos aux bois et aux cors (instruments associés aux scènes pastorales depuis l’époque baroque). À la in de la « Scène au bord du ruisseau », il introduit le chant du rossignol, de la caille et du coucou, coniés respectivement à la lûte, au hautbois et à la clarinette. D’ailleurs, l’orchestration individualise et caractérise les cinq tableaux : le piccolo et les timbales apparaissent dans l’« orage », ain de traduire le déchaînement des éléments et de créer l’illusion d’une dilatation de l’espace. Les trompettes sont absentes des deux premiers mouvements, les trombones des trois premiers. Les Viennois de 1808 ont sans doute été sensibles à cette musique qui célèbre leurs paysages, puisqu’ils ont accepté les conditions que son auteur exigeait. Hélène Cao 11 David Guerrier l’Orchestre de la NDR de Hanovre, aux Victoires de la Musique 2004 et Né en décembre 1984 à Pierrelatte, les Wiener Symphoniker et Vladimir 2007. David Guerrier a enregistré, David Guerrier commence l’étude Fedosseyev, l’Orchestre d’Euskadi chez Virgin Classics, le Septuor de de la trompette à l’âge de 7 ans avec et Paul McCreesh, l’Orchestre de la Camille Saint-Saëns (Choc du Monde Serge Vivares à l’école de musique de Suisse Romande et Marek Janowski, de la Musique, disque du mois de Tricastin. En octobre 1997, il entre au ainsi qu’aux festivals d’Auvers-sur- Gramophone) et des concertos de Conservatoire National Supérieur de Oise, de Colmar, de Saint-Denis, de Mozart (père et ils) pour cor et pour Musique de Lyon dans la classe de Strasbourg, de Salon-de-Provence trompette avec l’Ensemble Orchestral Pierre Dutot, dont il sort en juin 2000 avec Paul Meyer et Emmanuel de Paris et John Nelson. Chez Naïve, avec un premier prix (mention très Pahud, de La-Roque-d’Anthéron, il a gravé le Konzertstück pour quatre bien à l’unanimité, félicitations du de La Grange de Meslay, de cors de Schumann avec La Chambre jury, mention spéciale). En octobre Schwarzenberg, de Verbier, de la Philharmonique et Emmanuel Krivine. 1998, il intègre la classe de trompette Rheingau… David Guerrier a reçu de Il a été cor solo de l’Orchestre National baroque de Jean-François Madeuf. nombreuses distinctions : premier de France entre 2005 et 2008 et Il étudie également le cor au CNSM prix du Concours International de enseigne au CNSM de Lyon. Il est de Lyon. David Guerrier complète Markneukirchen (Allemagne, 1998), aujourd’hui cor solo de l’Orchestre sa formation musicale au sein de du Concours International de Porcia Philharmonique de Luxembourg. l’Orchestre des Jeunes de l’union (Italie, 1999), premier prix de la Mock Européenne avec Sir Colin Davis et Orchestra Audition, conférence de Emmanuel Krivine Bernard Haitink en 1999 et Vladimir l’ITG (Richmond, Virginie, 1999) et D’origine russe par son père et Ashkenazy en 2000, ainsi qu’à premier prix du concours en solo, polonaise par sa mère, Emmanuel l’Académie de musique du XXe siècle conférence de l’ITG (New-York, mai Krivine débute très jeune une avec Pierre Boulez et David Robertson 2000). En juin 2000, il est inaliste carrière de violoniste. Premier prix en juillet 1999. Depuis, il se produit du Concours Eurovision des Jeunes du Conservatoire de Paris (CNSMDP) avec succès aux côtés de l’Orchestre Musiciens (Norvège, 2000) et du à l’âge de 16 ans, pensionnaire de la National de Bordeaux et Hans Graf Concours International de Quintette Chapelle musicale Reine Élisabeth, à Bordeaux et aux Folles Journées de Cuivres de Narbonne avec le il étudie avec Henryk Szeryng et de Nantes, l’Orchestre National du Quintette de cuivres Turbulences Yehudi Menuhin et s’impose dans Capitole de Toulouse, l’Orchestre du CNSM de Lyon. Il est également les concours les plus renommés. de Chambre de Moscou au Théâtre lauréat 2000 de la fondation Pro- En 1965, après une rencontre des Champs-Élysées, l’Ensemble Europa. En octobre 2000, il remporte essentielle avec Karl Böhm, il se Orchestral de Paris et John Nelson, le premier prix du Concours consacre peu à peu à la direction l’Orchestre Philharmonique de International Maurice-André (Paris) et, d’orchestre. Chef invité permanent Radio France et Christian Zacharias, en septembre 2001, le premier prix du du Nouvel Orchestre Philharmonique l’Orchestre National de France avec Concours International Philys- Jones de Radio France de 1976 à 1983, Yoel Levi et Kurt Masur, La Chambre (Guebwiller) avec le Quintette de il occupe ensuite le poste de directeur Philharmonique, Les Siècles et cuivres Turbulences. En janvier 2003, musical de l’Orchestre National de François-Xavier Roth, l’Orchestre il reçoit lors du Midem à Cannes le Lyon de 1987 à 2000 et de l’Orchestre National de Lille avec Thierry Prix AFAA et, à New York, le Prix des Français des Jeunes durant onze Fischer et Theodor Guschlbauer, Young Concert Artists A uditions. ans. En 2001, Emmanuel Krivine l’Orchestre National de Lyon avec En 2003, il remporte le premier prix débute une collaboration privilégiée Hugh Wolf et Jun Märkl, l’Ensemble au concours de l’AR D de Munich. avec l’Orchestre Philharmonique Matheus et Jean-Christophe Spinosi, Il est « soliste instrumental de l’année » du Luxembourg dont il devient le 13 directeur musical à partir de la saison La Chambre Philharmonique Mécénat Musical Société Générale). 2006/2007. Parallèlement à ses Née sous l’égide d’Emmanuel Krivine, La Chambre Philharmonique a activités de chef titulaire, Emmanuel La Chambre Philharmonique se veut débuté sa collaboration avec Naïve Krivine collabore régulièrement l’avènement d’une utopie. Orchestre avec la Messe en ut mineur de avec les plus grandes phalanges d’un genre nouveau, constitué Mozart, parue en 2005. Sa seconde mondiales telles que les Berliner de musiciens issus des meilleures parution discographique, consacrée Philharmoniker, l’Orchestre de la formations européennes animés d’un à Mendelssohn en 2007, a été Staatskapelle de Dresde, l’Orchestre même désir musical, La Chambre distinguée par la critique (ff de du Concertgebouw d’Amsterdam, Philharmonique fait du plaisir et de Télérama). Le premier enregistrement le London Symphony Orchestra, la découverte le cœur d’une nouvelle sur instruments d’époque de la le London Philharmonic Orchestra, aventure en musique. Dotée d’une Symphonie « du Nouveau Monde » de le Chamber Orchestra of Europe, architecture inédite (instrumentistes Dvorák, couplée avec le Konzertstück les orchestres de Boston, Cleveland, et chef se côtoient avec les mêmes pour quatre cors et orchestre de Philadelphie, Los Angeles etc. statuts, le recrutement par cooptation Schumann avec David Guerrier, a été En 2004, il s’est associé à la démarche privilégie les ainités) et d’un récompensé par un Classique d’Or originale d’un groupe de musiciens fonctionnement autour de projets RTL à sa sortie en 2008. Par ailleurs, européens avec lesquels il a fondé spéciiques et ponctuels, La Chambre la captation de la Symphonie en ré La Chambre Philharmonique. Philharmonique est aussi un lieu de de Franck et du Requiem de Fauré à Ensemble, ils se consacrent à la recherches et d’échanges, retrouvant la Bibliothèque Nationale de France découverte et à l’interprétation efectifs, instruments et techniques (salle Labrouste) a donné lieu à la d’un répertoire de l’époque classique historiques appropriés à chaque télédifusion de deux émissions jusqu’à nos jours, choisissant les répertoire. Depuis ses débuts en Maestro sur Arte et d’une série instruments appropriés à l’œuvre 2004, La Chambre Philharmonique d’émissions sur France Télévision. et à son époque. Emmanuel Krivine a connu un engouement partout L’interprétation dans trois lieux a réalisé des enregistrements pour renouvelé (Cité de la musique à partenaires (Cité de la musique à la irme Timpani avec l’Orchestre Paris, MC2 à Grenoble, Alte Oper à Paris, MC2 à Grenoble et Théâtre de Philharmonique du Luxembourg Francfort, Philharmonie de Essen, Caen) de l’intégrale des symphonies (Ropartz : La Chasse du prince Philharmonie du Luxembourg, Palau de Beethoven, associée à leur Arthur, Quatre Odelettes, La Cloche de la Música Catalana à Barcelone, enregistrement pour Naïve, déinit sur des morts, Quatre Poèmes, etc. ; Arsenal de Metz, théâtres d’Orléans les saisons 2008/2009 et 2009/2010 D’Indy : Poème des rivages, Diptyque et de Caen, festivals de Montreux, un moment fort du projet artistique méditerranéen, etc. ; à paraître : du Schleswig-Holstein, de La Chaise- de l’orchestre. À ce titre, ce projet le deuxième volume de l’intégrale Dieu, de la Côte Saint-André, etc.), reçoit le soutien exceptionnel de de la musique pour orchestre de notamment aux côtés de Viktoria Mécénat Musical Société Générale Debussy) et pour la irme Naïve Mullova, Andreas Staier, Emanuel Ax, et de la Spedidam, qui permettront avec La Chambre Philharmonique Pieter Wispelwey, Ronald Brautigam, la parution discographique à la in (Mozart : Messe en ut ; Mendelssohn : Alexander Janiczek, David Guerrier ou de l’année 2009 de la Neuvième Symphonies « Italienne » et Robert Levin. Elle s’ouvre à la musique Symphonie et du cycle complet en « Réformation » ; Dvorák : d’aujourd’hui en créant des œuvres décembre 2010. Symphonie « du Nouveau Monde » de compositeurs comme Bruno La Chambre Philharmonique est et Schumann : Konzertstück op. 86 ; Mantovani en 2005 (commande de subventionnée par le Ministère de à paraître : l’intégrale des La Chambre Philharmonique) et la Culture et de la Communication. symphonies de Beethoven). Yan Maresz en 2006 (commande de La Chambre Philharmonique est en 14 résidence départementale en Isère. Contrebasses Mécénat Musical Société Générale est David Sinclair le mécène principal de la Chambre Joseph Carver Philharmonique. Michael Chanu Axel Bouchaux Violons I Megan Adie Alexander Janiczek Armelle Cuny Flûtes Christophe Robert Alexis Kossenko Fabien Roussel Georges Barthel Meike Augustin-Pichollet Laszlo Paulik Hautbois Pierre Baldassare Jean-Philippe Thiébaut Françoise Dufaud Jean-Marc Philippe Violons II Clarinettes Anne Maury Nicola Boud Miho Kamiya Vincenzo Casale Carole Petitdemange Olivia Hughes Bassons John Wilson Meyer Aligi Voltan Marieke Bouche David Douçot Andreas Preuss Martin Reimann Cors Benoît de Barsony Altos Antoine Dreyfuss Lucia Peralta Emmanuel Padieu Laurence Duval-Madeuf Bernard Schirrer Ingrid Lormand Delphine Millour Trompettes François Baldassare David Guerrier Sophie Cerf Yohann Chétail Philippe Genestier Violoncelles Frédéric Audibert Trombones Emmanuel Girard Antoine Ganaye Ariane Lallemand Jean-Jacques Herbin Valérie Dulac Daniel Savoyaud Alix Verzier Thomas Luks Timbales Aline Potin-Guirao Concert enregistré par France Musique 15 Et aussi… > COnCERTS > SALLE PLEYEL > MÉDIATHÈQuE SAMEDI 29 MAI, 20H MARDI 1er juIn, 20H En écho à ce concert, nous vous proposons… Gioacchino Rossini Ouverture de l’Italienne à Alger Felix Mendelssohn Concerto pour violon Gioacchino Rossini Variations pour instruments obligés Franz Schubert Symphonie n° 5 Piotr Ilitch Tchaïkovski Eugène Onéguine jEuDI 23 SEPTEMBRE, 20H Georg Friedrich Haendel Le Messie The Sixteen Orchestra of The Sixteen Harry Christophers, direction Rosemary Joshua, soprano Catherine Wyn-Rogers, mezzo-soprano James Gilchrist, ténor david Wilson-Johnson, basse SAMEDI 25 SEPTEMBRE, 20H Richard Wagner Lohengrin (extraits) Siegfried (extraits) La Walkyrie (extraits) La Crépuscule des dieux (extraits) Parsifal (extraits) Alexandre Scriabine Poème de l’extase Brussels Philharmonic Michel Tabachnik, direction Torsten Kerl, ténor Pour tout savoir sur la programmation 2010/2011, demandez la brochure à l’accueil et abonnez-vous dès maintenant ! LunDI 7 juIn, 20H Robert Schumann Genoveva Orchestre National de Lyon Chœur de l’Orchestre de Paris Jun Märkl, direction didier Bouture, Geofroy Jourdain, chefs de chœur Anne Schwanewilms, Genoveva Matthias Goerne, Siegfried Matthias Klink, Golo Birgit Remmert, Margarethe > MuSÉE 15 MAI La nuit des musées Exposition Chopin à Paris, l’atelier du compositeur Ouverture exceptionnelle de 19h30 à minuit 9 MAI, DE 14h30 À 17h30 CONCERT-PROMENAdE Terres et déserts À la découverte des déserts d’Afrique et d’Amérique ainsi que les steppes d’Asie centrale grâce à la musique et aux contes. Avec un atelier autour des instruments du monde pour les 7/14 ans et leur famille. … d’écouter un extrait dans les « Concerts » : Ouverture du Freischütz de Carl Maria von Weber par le Chamber Orchestra of Europe, Emmanuel Krivine (direction) enregistré à la Cité de la musique en 2006 • Symphonie n° 6 « Pastorale » de Ludwig van Beethoven par l’Orchestre des Champs-Élysées, Philippe Herreweghe (direction) enregistré à la Cité de la musique en 2007 (Les concerts sont accessibles dans leur intégralité à la Médiathèque.) … de regarder dans les « dossiers pédagogiques » : Le classicisme viennois : Mozart, Beethoven dans les « Repères musicologiques » … d’écouter les « Conférences » : Révolutions politiques et musicales : le cas Beethoven par Bernard Sève À la médiathèque … d’écouter avec la partition : Symphonie n° 6 « Pastorale » de Ludwig van Beethoven par le Chamber Orchestra of Europe, Nikolaus Harnoncourt (direction) • Concerto pour cor n° 4 de Wolfgang Amadeus Mozart … de lire : Carl Maria von Weber de john Warrack • Textes sur les symphonies de Beethoven d’Hector Berlioz • Mozart de jeanVictor Hocquard … de regarder : Carl Maria von Weber, Der Freischütz de Félix Breisach • Ludwig van Beethoven de Daniel Catelain Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus | Stagiaires : Géraldine Bussy et Caroline Déodat Imprimeur FOT | Imprimeur FRANCE REPRO | Licences no 1014849, 1013248, 1013252 Chamber Orchestra of Europe Iván Fischer, direction Julia Fischer, violon Orchestre National du Capitole de Toulouse Chœur du Capitole de Toulouse Tugan Sokhiev, direction Anatoly Galaov, mise en espace Garry Magee, Onéguine Gelena Gaskarova, Tatyana daniil Shtoda, Lensky Anna Kiknadze, Olga Anna Markarova, Madame Larine Elena Sommer, Filippevna Mikhaïl Kolelishvili, Grémine Eduard Tsanga, Zaretski / Le Capitaine François Piolino, Monsieur Triquet Sur le site Internet http:// mediatheque.cite-musique.fr