Crowdfunding Platforms – The next steps Will STANLEY – Science
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Crowdfunding Platforms – The next steps Will STANLEY – Science
Crowdfunding Platforms – The next steps Will STANLEY – Science Museum London Thérèse LEMARCHAND – Commeon Laure PRESSAC – Centre des Monuments Nationaux Bastien GOULLARD – Dartagnans Nous sommes là pour parler de crowdfunding. Est-ce une tendance ? Est-ce que c’est passé ? Est-ce que ça a un impact ? Il y a eu de très grosses campagnes dans le monde, dans les musées et pas seulement. Nous sommes avec Laure Pressac qui dirige les projets digitaux au Centre des Monuments Nationaux, premier acteur culturel français qui s’est lancé dans le crowdfunding. Will Stanley du Science Museum London qui crowdfund Eric le robot pour lui donner une nouvelle vie. Thérèse Lemarchand, de la plateforme Commeon (anciennement culture time) et Bastien Goullard de Dartagnans, une plateforme dédiée au patrimoine. Nos intervenants viennent de très différents horizons. Il y a 2 mois environ, j’ai discuté avec Bastien et il m’a dit que le crowdfunding se portait bien. Mais qu’en est-il ? Tout le monde dit que le crowdfunding est mort, mais pour moi ça n’est que le début. Sur le marché du financement, le crowdfunding est une goutte d’eau. Mais dans le monde culturel, c’est autant un outil de financement que de communication. Le crowdfunding peut financer une petite partie d’un projet, mais permet aussi de trouver de nouveaux donateurs, de toucher un nouveau public. C’est une nouvelle expérience. Au CMN, vous étiez la première institution culturelle à lancer une campagne de crowdfunding. Oui, nous sommes une institution ancienne, mais c’était une nouvelle façon de financer les restaurations. Nous recevons de moins en moins de subventions mais avons besoin de plus en plus de fonds pour prendre soin des monuments. Nous avons donc décidé de nous lancer avec My Major Company, avant de lancer notre propre plateforme, la Pierre à l’Edifice. Pour nous, c’est une façon de construire de nouvelles histoires, de nouveaux événements – c’est peut-être plus anglo-saxon. Will, nous avons ici 3 exemples de plateforme. Pourquoi avoir choisi kickstarter ? Nous avons décidé de reconstruire Eric, l’un des tout premiers robots – et le premier robot britannique. Il a été construit par un mécanicien pour remplacer le Duc de York à une conférence, mais a été perdu, sans doute réutilisé par morceau. Nous voulons le faire renaître pour une exposition. Nous avons choisi Kickstarter pour son public important, des millions de gens ont déjà donné sur Kickstarter. Nous savions que les journalistes aiment Kickstarter, donc ça nous a permis de communiquer facilement. L’équipe de la plateforme nous a beaucoup aidés. Nous avons lancé la campagne en mai, nous avons réuni 50.000£ et allons construire un autre robot. Les gens aiment la tech sur kickstarter, nos donateurs viennent du monde entier. Ma Pierre à l’Edifice est une plateforme lancée en mars. Pourquoi l’avoir fait en tant qu’institution publique ? Cette étape ne peut pas être séparée de notre stratégie. En mars, nous avons lancé 99 nouveaux sites dans un ecosystème unifié – donc Ma Pierre à l’Édifice. Nous voulions construire une communauté autour de nous. Nous ne sommes pas le Louvre, nous sommes beaucoup plus éclatés, nous avons 90 monuments. L’autre élément était l’argent : nous ne payons pas de commission puisque c’est notre plateforme – même si nous avons investi dans la plateforme. Nous voulions un espace où les visiteurs pouvaient donner pour chaque projet et avoir des informations sur ce qu’était une restauration de monument. Pensez-vous que cela vous permet de toucher de nouveaux publics et donateurs ? Notre plateforme attire moins les journalistes que d’autres plateformes mais des monuments comme le Mont Saint-Michel sont très présents dans les médias, ce qui apporte du trafic à leur site, puis au site de Ma Pierre à l’Edifice. Est-ce que votre plateforme est très différente de My Major Company ? Le public donateur est très différent d’un lieu à l’autre, c’est souvent local. Vous avez parlé d’ « aimer », l’émotion est très importante dans votre vision. Comment connectez-vous les gens aux projets de votre plateforme, Commeon ? C’est une plateforme qui a été lancée sous le nom de Culture Time puis en novembre nous l’avons ouverte à tous les projets non-profit, sous le nom Commeon. Il permet une gestion des données très simple, ce qui est essentiel pour une bonne campagne. Notre service se concentre sur la communication et l’expérience donateur. Le développement des publics et le don sont très liés. Le public devient partie prenante des projets et connaît mieux l’institution. La communauté des donateurs devient une communauté physique, à travers les événements physiques. Nous nous concentrons aussi sur l’expérience donateur. Un portefeuille donateur par exemple, qui leur permet de gérer leurs dons, leurs contreparties, les informations sur les projets et avec des projets suggérés. C’est un tableau de bord puissant qui les encourage à donner. Comment pensez-vous qu’une plateforme peut vraiment être intégrée à une stratégie ? C’est une question d’anticipation. Vous pouvez décider de lancer une campagne de crowdfunding mais il faut bien la préparer. Il y a trois types principaux dans la culture : restauration d’œuvres et bâtiments, acquisition pour une campagne, nous avons développé une nef digitale où les utilisateurs pouvaient choisir l’étoile qu’ils voulaient nommer. C’est important de créer de la valeur pour la communauté, le parent, l’enfant pour créer le public en donateur. 70% des donateurs sont dans la région de la campagne et 30% sont nationaux. Les contributeurs apprécient de participer au développement local ou sont particulièrement amateurs du sujet. Twelve est un espace collaboratif incubé par Village by CA avec un podcast sur le crowdfunding. Pour les musées, vous pensez que c’est une bonne idée pour développer les publics ? Oui, nous avons des dons qui vont de quelques euros à plusieurs milliers, puisqu’une personne qui contribue veut voir ce qu’il a financé et amène ses amis. De la même façon, une entreprise partage avec ses collaborateurs. Eric a été construit en octobre et l’exposition commence le mois prochain. Pendant 3 mois, il a été exposé gratuitement, ce qui était une bonne façon de le partager avec le public et les donateurs, beaucoup de gens sont venus l’admirer. La communauté apprécie de voir ce qu’elle a financé. De nombreux donateurs n’étaient jamais venus au musée, dont une personne qui a donné 500£ ! Les noms des donateurs vont être affichés au musée aux côtés de l’exposition pour les remercier. Donc le crwodfunding permet de développer les publics en les impliquant dans la collection, le lieu, la création d’œuvre. On parlait de mécénat, quel est le lien entre la stratégie de mécénat et de crowdfunding ? Pour nous, ça a commencé avec une bonne histoire : nous ne recréons pas d’objets, normalement. Le projet a été préparé pendant des mois, ça nous a permis de construire notre communauté. Ça en vaut la peine mais c’est beaucoup plus d’énergie que le mécénat. C’est complémentaire. Nous avons des entreprises qui travaillent avec nous, partagent leur savoir-faire et nous préservons des savoir-faire : par exemple, lors de la rénovation de Champs-sur-Marne. Pour la Villa Carvois, les travaux ont pris 12 ans, les restaurateurs étaient très fiers d’eux – et une partie a été financée par les mécènes. 20% des donateurs donnent 80% des sommes. Ce sont les gros donateurs et la concurrence pour les obtenir est rude. Le crowdfunding permet d’activer les petits donneurs, mais aussi d’attirer les grands donateurs. Nos gros donateurs ont adoré le projet de crowdfunding et nous ont d’autant plus soutenus. Nous l’avons aussi observé à Lille : le crowdfunding réactive les gros donateurs. Qu’en est-il des villes et de l’Etat, des communautés locales, que soutiennent-elles ? Parfois nous travaillons sur des projets qui ont pour but de faire comprendre aux jeunes l’importance de la culture et du patrimoine. C’est une façon pour tous de s’investir de l’éducation et l’importance du patrimoine pour nous aujourd’hui et pour l’avenir. Chez Dartagnans, nous travaillons sur des restaurations qui impliquent énormément de gens, mais aussi des institutions comme le National Trust, et chaque année nous essayons d’évoluer pour arriver à notre propre système qui allie différents acteurs. Comment voyez-vous le crowdfunding dans 10 ans ? J’aimerais m’éloigner des plateformes mais… vous allez voir une vidéo d’un événement qui a eu lieu il y a quelques mois… Nous avions besoin d’allumer des milliers de bougies pour une intervention artistique. Le public est venu nous aider. L’aide, ce communautarisme positif, ne passe pas forcément par les financements. Venir allumer une bougie, c’est aussi un privilège, qui ne coûte rien, mais qui permet aux visiteurs de se sentir plus partie prenante du lieu. Le but est surtout de relier les gens entre eux, autant en ligne que physiquement. J’aime beaucoup ce concept de communautarisme positif. J’aimerais que 100% des Français deviennent donateurs pour la culture, le patrimoine et d’autres causes. C’est une façon de renforcer les liens entre nous. Et nous sommes libres de participer, contribuer, financer, c’est déjà une récompense. Il y a tellement de campagnes au Royaume-Uni et ailleurs, j’ai bon espoir : les gens ont envie de participer à la vie des monuments, de donner du temps ou de l’argent pour la culture et le patrimoine. Quand on voit un monument qui a des centaines ou milliers d’années, le crowdfunding leur donne une nouvelle jeunesse, plus internationale, qui permet de découvrir les monuments autrement. Est-ce que vous avez envie de partager votre utopie, votre rêve avec nous ? Est-ce que quelqu’un peut partager le profil type du donateur, ses attentes, les raisons pour lesquelles il donne ? Notre expérience chez Commeon montre qu’il y a autant d’hommes que de femmes, la moitié des donateurs ont moins de 45 ans et 70% sont la communauté locale des institutions. Ils expliquent dans les commentaires et à travers des interviews pourquoi ils donnent. Les raisons sont très diverses : certains allaient dans un musée donné quand ils étaient jeunes et sont touchés par le projet, d’autres ont aimé la campagne, d’autres adorent le sujet et ont envie de s’investir… C’est très varié. Ca dépend beaucoup des sujets – pour le lit de Voltaire, nous avons eu beaucoup de fans de Voltaire. Beaucoup de gens n’étaient pas membres de la plateforme avant de donner – c’est plus simple de donner pour un projet que sur abonnement. Certains donnent pour avoir accès aux contreparties exclusives. Merci à tous, et n’hésitez pas à aller voir nos intervenants si vous avez des questions.