le vide apparent - Dessins, etc

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le vide apparent - Dessins, etc
LE VIDE APPARENT
Pavlos NIKOLAKOPOULOS
Exposition du 1er juin à fin août 2016
ANALIX FOREVER, 2 rue de Hesse, 1204 Genève
Vernissage : Mardi 31 mai, de 18 à 22h.
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
110 x 100 x 30 + 23cm
Epoxy colour on metal sheet.
Le vide apparent - Pavlos Nikolakopoulos
__________________________________________________
Pavlos Nikolakopoulos, artiste engagé s’il en est, a longtemps travaillé
dans ce qu’il appelle « la narration dense ». Des œuvres très chargées,
voire surchargées. « Je créais délibérément la confusion, disait-il, en
utilisant des théories politiques, des slogans, des chansons de la rue pour
amener les spectateurs à porter leur regard sur les conflits dont mes images
éclairaient l’ampleur. » C’était au tout début des années 2010.
Mais dès 2012, alors que fleurit ce que Nikolakopoulos appelle « le
terrorisme de la destruction », l’artiste commence à créer des espaces
vides, comme pour permettre davantage de contemplation, tout en
poursuivant le même fil de pensée. Et en 2015, alors que le vide matériel
se creuse profondément en Grèce jusqu’à ouvrir des espaces entièrement
nouveaux, Nikolakopoulos se met à travailler le métal. Immaculé, dur,
conceptuel, le métal est aussi l’un des reliquats de l’ère industrielle sur
lesquels s’est construit le monde d’aujourd’hui, une trace mnémonique.
La densité du métal invite le spectateur à « toucher » l’œuvre de ses yeux,
libéré de la narration de l’artiste. La narration fait place à la poétique et
tout devient questionnement. « Je veux que l’utopie jamais ne s’arrête » dit
l’artiste.
Mais le vide n’étant en principe rien… comment pourrait il, alors, être
« apparent » ? Le vide apparent est un vide de « choses », de ces choses
dont le capitalisme génère le désir, la production et la « possession » – un
désir et une possession « vides ». Les récents événements politiques et
économiques dont la Grèce a été le théâtre ont généré un vide de
« choses » : portefeuilles vides, caisses vides, armoires vides, besaces
vides, pharmacies vides, valises vides. La Grèce est exsangue, certes, vide
d’argent, vide d’investissements, vide de capitaux. Mais si le vide de
« choses » est indubitable, le vide de la pensée, lui, n’existe pas. Bien au
contraire, la pensée et le langage se révèlent en plein. Ainsi en va-t-il de
l’œuvre de Pavlos Nikolakopoulos et de son évolution. Pour l’artiste, le
langage crée avant tout un espace de pensée. Et si les mots ont disparu de
ses œuvres, ils se multiplient dans ses carnets, indispensables compagnons
de toujours, et développent le langage silencieux de l’état d’alerte.
Le poète Georges Seféris écrivait, à propos de la guerre de Troie :
Une douleur énorme s'était abattue sur la Grèce.
Tant de corps d'hommes jetés en pâture
À la mer, à la terre vorace ;
Tant d'âmes
Livrées à la meule pour être écrasées
Comme du grain sur du grain. …
Et mon frère ?
O rossignol, rossignol,
Qu’est-ce que le divin ? Qu’est-ce que son contraire ?
Qu’y a-t-il entre les deux ?
Entre les deux, il y a l’incertitude, l’éphémère, le précaire, une violence
contrainte. Et dans l’espace-temps « palpitant » de la société grecque de
ces années 2010, il semble bien qu’une culture poétique de la simplicité
puisse offrir des possibilités inattendues de réappropriation des gestes
artistiques comme de ceux du quotidien, et la réinvention d’un rapport à
soi, à l’autre et au monde. Athènes d’ailleurs déborde d’initiatives
artistiques, poétiques, performatives, intellectuelles : la pensée, la création,
la performance et l’écriture sont partout, à la croisée des chemins.
Le vide apparent des œuvres de Nikolakopoulos ne dissimule en rien la
violence qui l’habite. Bien au contraire, il la révèle. La violence ? pour
l’artiste elle est la réalité. Les lames d’acier inoxydable (23 lames, comme
les 23 coups dont Brutus a frappé César) laissent apparaître sur le mur leurs
reflets rougeâtres, tels le sang. Une œuvre musicale – le rythme, pensé,
ressenti, généré en cours de montage. Comme le rythme d’un Fontana.
Face aux lames, un peu en retrait, le bleu du ciel repose sur la lame d’un
couteau à cran d’arrêt. Vide apparent, attention danger. La masse blanche,
en haut de l’escalier, semble nous toiser, telle une menace – une menace
absolue, somptueuse, quoique minimaliste, qui n’est pas sans évoquer
Robert Morris, lui qui déjà liait la puissance de l’art à celle de la violence.
« Mon but, dit Nikolakopoulos, est de donner un mirage de légèreté. Un
oxymoron. Et une opportunité de se sentir plus humain. ». Toutes ses
œuvres nous donnent à voir beyond. Selon Nikolakopoulos, elles donnent
à voir l’intangible. L’intangible est à l’horizon : derrière l’œuvre, dans un
vide apparent.
Par contraste, l’œuvre blanche à laquelle le spectateur se confronte en
entrant dans la galerie semble un miroir. Nul effet de miroir cependant, si
ce n’est le bord en acier ; mais le carré happe le regard et amène le
spectateur à se regarder lui-même. Le carré, structure symbolique ;
référence à Malevitch ; référence aussi, à Bruce Nauman. C’est là que tout
se passe, dans le carré, et à ses lisières. Le spectateur est dans l’exposition.
À l’étage, les dessins, qui suivent et précèdent et deviennent ce « presque
rien » des plus grands artistes du dessin. « Zeichnen ist weglassen. » Le
rouge et le noir, le bleu, le jaune – et le blanc, toujours – Mondrian,
Kandinsky parfois, Malevitch encore : l’émotion se révèle, dans un
minimalisme formel d’autant plus poignant qu’il est chargé de
questionnements politiques lourds de sens. Mais Nikolakopoulos se définit
comme un être de matière – qui doit faire de la matière, avec elle, pour en
révéler la sensualité. La matérialité sensuelle du papier nous invite
d’ailleurs à le toucher. Le dessin ? Une utopie, lui aussi. Les dessins de
Nikolakopoulos, à dessein, sont aussi proches de la poésie que peut l’être
une forme plastique.
Pavlos Nikolakopoulos : le vide apparent, la violence à fleur de peau.
Barbara Polla, le 31 mai 2016.
Pavlos NIKOLAKOPOULOS
Nikolakopoulos was born in 1973 in Athens, Greece. He has attained a BFA Degree in
painting from the Athens School of Fine Arts (1996). He has participated in numerous
group shows, such as: Neighbours, Istanbul Modern; A Rock and A Hard Place, 3rd
Thessaloniki Biennale; Aftermath, 25th Alexandria Biennial, Egypt; Personal-Political,
State Museum of Contemporary Art, Greece; Heterotopias 1st Biennale of Thessaloniki
(exhibition “Other Places”), Greece; Drawing Screen, Museum of Cinema, Greece; An
Outing. Contemporary Art in Greece in the 21st Century, Beltsios Collection, Trikala;
Site, 3rd Pro-Tasis, Kodra, Thessaloniki; Dialogues 2005, Macedonian Museum of
Contemporary Art, Greece. Lives and works in Athens.
MetalWorks
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
110 x 100 x 30 cm
Epoxy colour on metal sheet.
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
110 x 100 x 30 cm
Epoxy colour on metal sheet.
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
30 x 47 cm
Epoxy colour on metal sheet.
Pavlos
NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
40 x 40 cm
Epoxy colour on metal
sheet.
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, variable dimensions, Epoxy colour on metal sheet.
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
40 x 40 cm
Epoxy colour on metal sheet
Drawings
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
38 x 55 cm
paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
38 x 55 cm
paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS,
Untitled, 2016
38 x 55 cm
paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
Pavlos NIKOLAKOPOULOS, Untitled, 2016, 27 x 38 cm, paper
CV
Pavlos NIKOLAKOPOULOS
Solo Shows
2016
Apparent Void, Analix Forever, Geneva, CH
2012
Overlook, Qbox Gallery, Athens, Greece
2007
Always Watch What the Hands Do, Qbox Gallery, Athens, Greece
2005
Only the Barbarian can Defend Himself II, D624, Athens, Greece
2003
Four, TinT Gallery, Thessaloniki, Greece
Perceptional Thesis, Zoumboulakis Gallery, Athens, Greece
1999
Meteor Cargoes, Terracotta Gallery, Thessaloniki, Greece
1998
Obsessions,ZoumboulakisGallery,Athens,Greece
Group Shows
2015
Art Brussels, Belgium
Mon Commando invicible, Qbox Gallery, Athens
2014
Neighbours, Istanbul Modern, Istanbul, Turkey
2011
A Rock and A Hard Place, 3rd Thessaloniki Biennale, Thessaloniki, Greece
The R3turn Call: Singularities in Transit, Qbox Gallery, Athens, Greece
2010
ArtAthina,InternationalContemporaryArtFairofAthens,Greece
2009
Aftermath, 25th Alexandria Biennial, EG
Personal - Political, 2nd Thessaloniki Biennale, Thessaloniki, GR
Art Praxis: Art in times of uncertainty, Thessaloniki, GR
Get a Line On, Qbox, Athens, GR
2008
Conceptual Obsession / Obsessive Conceptualism, Tint Gallery,
Thessaloniki, GR
Neo-erotica, Boudoir Street Stories, Kodra ’09, Thessaloniki, GR
2007
Derma-to-graphies, Syggros Museum of Dermatology, Athens, GR
Heterotopias, 1st Thessaloniki Biennale, Thessaloniki, GR
Emergency Room, Ileana Tounta Contemporary Art Center, Athens, GR
2006
Drawing Screen, Museum of Cinema, Thessaloniki, GR
Occasion for the basics, Qbox, Athens, GR
ProTaseis, Art Action Field Kodra -03, Thessaloniki, GR
Drawing aid(s), Technopolis, Athens, GR
An Outing, The Beltsios Collection, Matsopoulos Mill, Trikala, GR
2005
Dialogues 2005, Macedonian Museum of Contemporary Art,
Thessaloniki, GR
10 selected artists / [email protected], Museo Laboratorio di Arte
Contemporanea, Rome, IT
[email protected], International art exhibition taking place in 10 European
Metropolises. Sala Naranja, Valencia, ES
Homage to drawing with Greek artists, a.antonopoulou gallery, Athens, GR
2004
Dimitris Meimaroglou Donation, Macedonian Museum of Contemporary
Art, Thessaloniki, GR
Transparential, Independent Space, Athens, GR
2003
Action Field Kodra - 03, Thessaloniki, GR
Seven Exhibitors of Tint Gallery, Porto, PT
2002
Open Art, Lithographer’s in Piraeus, Athens, GR
2000
Little Paintings IV, Zoumboulakis Gallery, Athens, GR
Argo-Routes, City of Argos Cultural Corporation, GR
Six Young Artists, Zoumboulakis Gallery, Athens, GR
Catalogues
2014 - Neighbours, Istanbul Modern, Istanbul, TR
2011 - A Rock and a Hard Place, 3rd Thessaloniki Biennale, GR
- The R3turn Call: Singularities in Transit, Qbox, Athens GR
2009 - Aftermath, 25th Alexandria Biennial, EG
- Personal – Political, 2nd Thessaloniki Biennale of Contemporary, GR
2008 - Conceptual obsession / Obsessive conceptualism, Tint gallery, GR
- Neoerotica, Boudoir Street Stories, GR
2007 - Derma-to-graphies, Syggros Museum of Dermatology, Athens, GR
- Other places, 1st Cotemporary Art Biennale of Thessaloniki
Heterotopias, GR
2006 - Drawing screen, Tint Gallery and Museum of Cinema, GR
- ProTaseis, Art Action Field Kodra-03, GR
- An Outing, Τhe Beltsios Collection, GR
2005 - Dialogues 2005, Macedonian Museum of Contemporary Art, GR
- 10 selected artists / [email protected], Museo Laboratorio di Arte
Contemporanea, IT
- [email protected], International art exhibition taking place in 10 European
metropolises. Sala Naranja, ES
2004 - Dimitris Meimaroglou Donation, Macedonian Museum of Contemporary
Art, GR
- Transparential, GR
2003 - Art Action Field Kodra-03, GR
2002 - Open Art, Athens, GR
2000 - Argo-routes, Old Barracks of Capodistria, City of Argos Cultural Corporation.

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