Ataraxie (Fred) - Les acteurs de l`ombre

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Ataraxie (Fred) - Les acteurs de l`ombre
Ataraxie (Fred)
Écrit par Jerem_
Jeudi, 21 Juillet 2005 13:34
1. « Slow Transcending Agony » est votre 2ème album studio, après un CD auto produit
et deux enregistrements live, mais le groupe évolue dans les méandres d’un
underground que ne cerne pas le grand public métal. Peux-tu présenter le groupe et son
histoire aux lecteurs des Acteurs de l’Ombre ?
Ataraxie est un groupe de doom/death extrême, qui puise ses influences dans la scène
doom/death du début des années 90, auxquelles sont apportées des influences issues du death
metal old school ainsi que de la scène doom extrême. Nous existons sous notre forme actuelle
depuis la mi-20001, sous forme de quatuor : Jonathan a.k.a. Marquis (basse/chant), Sylvain
(guitare), Pierre (batterie) et moi-même (guitare). Je dirais que notre parcours est relativement
classique pour un groupe de métal : après avoir passé quelque temps à apprendre à se
connaître en jouant tous ensemble, nous avons donné quelques concerts (qui ont donné
naissance à ce split live avec Hyadningar). Puis, quand nous avons eu assez de compositions
tenant la route, nous avons enregistré par nous-même, sans budget, un premier album auto
produit, « The Other Path ». Cet album nous a ouvert finalement quelques portes, puisqu’il
nous a permis de décrocher en début 2003, nos premières dates à l’étranger, en compagnie de
« poids lourds » de l’underground doom-metal (Morgion, Mourning Beloveth, Evoken…) et de
nous faire connaître dans le milieu doom. Ces dates cumulées nous ont permis de gagner en
expérience, et notre démo s’est suffisamment bien vendue pour nous permettre d’enregistrer à
l’été 2004 au studio CCR, dont sont sortis notamment les premiers Aborted, Kronos, The
Plague Of Gentleman, In Quest, No Return… Depuis nous continuons notre parcours en
profitant des opportunités qui se présentent à nous, comme par exemple avoir joué à La
Locomotive en ouverture de Cult Of Luna, ou plus récemment avoir figuré au festival Belgian
Doom Night, où nous avons pu jouer en compagnie de groupes de doom vraiment cultes
(Count Raven, Esoteric…).
2. En parcourant votre bio, on s’aperçoit que vous avez recruté deux de vos membres
(Sylvain et Pierre) suite à une rencontre dans le magasin de disques « Hellion », à Rouen.
Serait-ce une plaque tournante du métal en Normandie, comme ce fût le cas avec «
L’Helvète » d’Euronymous à Oslo, mais bien entendu à une moindre échelle ?
Hé hé, cette question amuserait sûrement Franck, le propriétaire d’ « Hellion » ! De fait, ce
genre de magasins est une grande chance pour les vrais fans de métal, qui, à force d’y traîner,
font connaissance, et de fil en aiguille, se mettent à avoir des projets communs. En plus, bien
sûr, d’y trouver leur « drogue » favorite ! C’est d’ailleurs exactement ce qui s’est produit avec
nous. Franck, connaissant nos goûts musicaux respectifs, nous a aiguillé les uns vers les
autres, et le mélange a bien fonctionné… « Hellion » est en tout cas un endroit comme il est
trop rare d’en voir ici en France, et j’ai un immense respect pour son propriétaire qui a réussi le
pari d’ouvrir et de faire vivre un magasin consacré au métal depuis de si nombreuses années.
Bref, « Hellion », ce n’est pas « L’Helvète », mais en tout cas un haut lieu de la vie métalleuse
normande !
3. La scène doom française n’étant pas vraiment connue (et encore moins reconnue), et
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Ataraxie étant l’un de ses plus ardents défenseurs, comment vous situez-vous sur cette
scène, et plus généralement, sur la scène métal française ?
Il est vrai que la scène doom en général reste très underground, à l’exception de groupes un
peu plus connus comme Candlemass, My Dying Bride ou Cathedral. Le fait est qu’elle est très
éclatée, ce qui est un avantage et un inconvénient à la fois, car nous n’avons jamais bénéficié
de l’effet de « scène » qui a pu exister avec, par exemple, la Floride et le death, la Norvège et le
black, ou encore Goteborg et ses groupes de death mélodique. Par contre, cette scène est très
active, ce qui nous a permis de jouer relativement facilement à l’étranger, et d’acquérir une
reconnaissance qui dépasse largement nos frontières. Cela nous a permis aussi de jouer avec
énormément des groupes qui nous ont influencés, dont le contact et le respect nous ont
énormément touchés et encouragés. Je pense que nous sommes considérés comme un
groupe « espoir » de la scène doom, et j’espère bien que la sortie de « Slow Transcending
Agony » nous aidera à confirmer cette impression. Nous sommes en tout cas considérés
comme étant un des groupes extrêmes de cette scène, notamment à cause de notre refus
d’entrer dans les clichés romantico-gothiques employés par certains groupes se revendiquant
de cette étiquette, et également par notre tendance à balancer de-ci de-là des gros riffs death
plutôt brutaux ! Sur la scène française, nous avons vu une évolution constante. Quand nous
avons commencé, nos prédécesseurs dans le style doom étaient, ou avaient, été très peu
nombreux, et nous étions (et sommes souvent encore) le groupe étrange qui se produisait entre
un groupe de death et un groupe de black. Le temps passant, il se trouve que le doom se soit
fait un peu plus connaître, et de nouveaux groupes français ont commencé à faire parler d’eux.
Pour ne rien gâcher, la plupart sont vraiment bons, et sont reconnus en tant que tel à
l’étranger… Il serait intéressant un jour de pouvoir organiser un festival de doom franco-français
avec des groupes comme Overmars, Inborn Suffering, Despond, Nothwinds, Funeralium (notre
side-project), qui n’ont paradoxalement pas trop la chance de pouvoir se produire régulièrement
en France. Par rapport à la scène métal française, nous entretenons en général de bons
rapports avec les groupes, underground ou pas. Mine de rien, on retrouve des fans de doom
dans de nombreux groupes français !
4. Ataraxie propose une musique particulièrement agressive, bien que n’étant pas
basée sur une ultra violence musicale, mais sur une création d’ambiances morbides ne
laissant aucune place à l’espoir. J’aimerai savoir dans quel état d’esprit vous vous situez
en période de composition, et quels sont les sentiments, les messages, que vous tenez
particulièrement à exprimer à travers vos morceaux ?
Je t’avouerai que la composition me met souvent dans un état d’esprit ambivalent. En général,
Marquis arrive avec une ou deux idées de riffs, et nous commençons à les jouer jusqu’à les
assimiler, et ils deviennent notre source d’inspiration pour faire évoluer le morceau. Nous
composons très souvent avec le live en tête, et nous fonctionnons énormément à l’essai/erreur
jusqu’à ce que nous aboutissions à un résultat qui satisfasse tout le monde dans le groupe.
Autant dire qu’il faut savoir se détacher, prendre du recul, pour pouvoir juger la qualité de la
musique composée… Mais à côté de cet aspect technique, et c’est, je pense, l’essence de
notre musique, il y a l’émotion qui passe devant le reste, et je pense que c’est un des critères
qui permettent de reconnaître une bonne d’une mauvaise chanson, quand l’émotion te pénètre
alors même que tu la compose. Quant aux émotions que nous cherchons à faire passer, il y en
a plusieurs, évidemment, à l’image de notre musique. Bien sûr, le désespoir en fait partie, mais
il y a aussi cette rage, cette violence qui surgit parfois, l’alternance des deux renforçant par
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contraste l’intensité qui de dégage de la musique. C’est un ami qui, quand je lui ai fait écouter «
Slow Transcending Agony », m’a un jour donné la plus belle et la meilleure vision de ce que
peut exprimer notre musique : « C’est la musique que j’ai eu dans le cœur à certains moments
de ma vie, des moments qui y sont profondément restés, et que je n’avais jamais su exprimer
avant ».
5. Vous êtes signés chez Weird Truth (Mournful Congregation, Loss, Worship…).
Comment se passe la signature d’un groupe de doom, français qui plus est, sur un label
japonais ?
Difficilement ! Il faut savoir que le métal est un milieu où, à quelques exceptions près, l’argent
ne coule pas à flot, et c’est évidemment le cas de la plupart des labels, qui ont pris de plein
fouet l’effet MP3. Beaucoup ont de plus en plus de mal à s’en sortir, et acceptent de plus en
plus difficilement de prendre des risques… Tu te doutes bien, du coup, qu’en arrivant estampillé
« doom metal », l’affaire est d’autant plus difficile. Nous avons en effet été en contact avec
certains labels parfois renommés, pour sortir notre album, mais pour une raison ou une autre,
les objectifs « réalistes » de vente ne compensaient pas les frais mis en jeu pour sortir le
disque. Et pourtant, celui-ci a été complètement autofinancé ! Nous avons démarché les labels
avec un album fini, mixé, masterisé, et un artwork totalement finalisé ! Finalement, nous avons
tenté notre chance sur des labels plus underground, et Weird Truth a été le label qui nous a
offert les conditions les plus équitables pour sortir l’album. Nous craignions un peu cependant
en termes de distribution, mais tout est rentré dans l’ordre quand nous avons pu mettre Makoto,
notre label manager, avec Holy Records, qui assurera notre distribution en France. Je me
permets d’ajouter que nous sommes très fiers de sortir sur ce label, qui compte nombre de
formations cultissimes d’une énorme qualité, et dont nous sommes tous fans, comme Worship
et Mournful Congregation, qui nous ont énormément influencés… Pour ne rien gâcher, je suis
ravi d’apprendre que notre groupe « frère » de doom, « Indesinence » (groupe londonien qui
joue un doom/death particulièrement violent), vient de nous y rejoindre !
6. L’aspect live est très important chez Ataraxie. Qu’attendez-vous de la scène, quelles
sont vos expériences dans le domaine et à quoi peut s’attendre le métalleux lambda
vous découvrant live ?
La scène ? Une drogue dure à accoutumance immédiate ! La musique prend une nouvelle
dimension sur scène, ne serait-ce qu’à cause du volume sonore élevé qui rend les choses bien
plus intenses. L’immersion dans la musique est immédiate et totale, et avec la scène qui vibre
sous les pieds, on vit littéralement la musique à travers soi. Du coup, je pense que notre
musique prend sur scène une intensité encore plus forte que sur un enregistrement, et un
aspect encore plus brut, plus immédiat. Voilà à quoi s’attendre, pour l’auditeur lambda : un
cocktail où se mêlent obscurité et beauté, violence et riffs rageurs. Pour revenir à ta question
sur notre expérience scénique, nous avons joué de nombreuses dates, d’abord dans notre
région, puis en étendant notre rayon d’action. Nous avons eu la chance de pouvoir jouer à
l’étranger, notamment sur des festivals doom reconnus, avec quelques-uns uns de nos groupes
préférés.
7. Oeuvrant dans l’underground, quelles sont vos convictions sur ce côté puriste que
certains continuent à réclamer ? Quand bien même Ataraxie, par une production
adéquate (personnelle, roots et néanmoins puissante) issue des CCR studios (No
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Return, Aborted…), donne sa définition du genre en en respectant ses codes mais en
insufflant plus de professionnalisme dans sa démarche ?
L’élitisme dont font preuve certains dans l’underground nous passe totalement à côté.
D’autant qu’il s’agit souvent de masquer son manque d’inspiration et de capacité à enregistrer
correctement derrière une attitude… De mon point de vue, ce qui fait le côté « underground »,
c’est l’accessibilité de la musique par rapport au public. Or, la nôtre n’est pas forcément la plus
facile à appréhender pour un auditeur non averti, ce qui explique que nous soyons de fait
catalogués underground. Pour ce qui est du son… Imagine, que seraient Evoken ou Mourning
Beloveth avec une production « cheap » ? Le doom/death mérite une production puissante,
profonde, et nous avions les moyens de nos ambitions… et au final, le disque est à la hauteur
de nos espérances, massif et puissant. Sur scène, notre démarche est le même : nous avons
investi dans du très bon matériel, nous nous déplaçons avec notre ingé-son, nous faisons les
choses au mieux possible, parce que notre statut « underground » n’est pas un prétexte pour
ne pas avoir une attitude et un son pourri !
8. Un dernier mot pour les Acteurs de l’Ombre ?
En fait, ce serait plutôt une question, que nous ont posé quelques-uns de nos fans en lisant la
chronique des Acteurs de l’Ombre. Finalement, les jeunes filles de la chronique, elles ont trouvé
de quoi lire ? Merci aux Acteurs de l’Ombre. Doom or be Doomed !
Merci à Ataraxie d’avoir répondu sans ambages à nos questions, et bon courage pour la suite
des évènements !
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