THESE DE DOCTORAT DE L`UNIVERSITE PARIS XII Caroline
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THESE DE DOCTORAT DE L`UNIVERSITE PARIS XII Caroline
THESE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITE PARIS XII Spécialité Neurosciences Présentée par Caroline BOUVRAIS-VERET Pour obtenir le grade de DOCTEUR EN SCIENCES de L’UNIVERSITE PARIS XII Sujet de la thèse : Etude des partenaires protéiques du transporteur de la dopamine et Caractérisation des phénotypes nicotinique et dopaminergique des souris invalidées pour le gène de la protéine STOP Soutenue le 14 Novembre 2006 devant la commission d’examen : Pr Josette CADUSSEAU Pr Philip GORWOOD Dr Denis HERVE Pr Jean-Marie LAUNAY Dr Philippe VERNIER Dr Marie-Pascale MARTRES Dr Bruno GIROS Présidente Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Directrice de thèse Invité REMERCIEMENTS Ce travail de thèse a été effectué au sein de l’unité INSERM U513, « Neurobiologie et Psychiatrie » dirigée par Bruno Giros, qui a également supervisé la première partie de mes travaux. Je tiens à le remercier de m’avoir donné la chance d’expérimenter la recherche et de m’avoir fait partager sa grande connaissance scientifique. Marie-Pascale Martres a dirigé la deuxième partie de ma thèse. Je la remercie sincèrement d’avoir pris la relève afin que je sois en mesure de soutenir cette thèse. Merci pour ses encouragements, sa disponibilité et les relectures attentives de ce manuscrit. Mes vifs remerciements à Denis Hervé, Philip Gorwood, Philippe Vernier et Jean-Marie Launay qui ont accepté de prendre le temps de juger ce travail. Je suis reconnaissante à Salah El Mestikawy de m’avoir initiée à la microscopie à fluorescence et aux logiciels de mise en forme d’images. Merci à Marika Nosten-Bertrand pour ses précieux conseils concernant le comportement et à Stéphane Jamain, qui a un jour sauvé mon ordinateur… Merci à Jacqueline Gilchrist pour ses conseils et à Marie-Aude Plamont, qui a participé avec rigueur à une partie de ce travail. Merci aux animaliers Laurent et Béatrice de s’être occupés avec douceur de mes petites souris. Ces cinq années passées au laboratoire m’ont permis de faire la connaissance et de lier amitié avec Stéphanie Weiss et Cécile Denis. Steph, merci pour tous ces échanges, ces moments de complicité entre thésardes et ces discussions pseudo-philosophiques interminables. Merci Cécile pour ta bonne humeur, ton dynamisme et tes petites histoires de nana. Un vrai grand merci les filles pour votre soutien et nos fou-rires ; vous m’avez rendu cette thèse plus agréable. Je pense également à tous les membres du laboratoire avec qui j’ai partagé des discussions scientifiques ou extra-scientifiques, composant des moments instructifs et agréables. Merci à Anne Amphoux, Vincent Vialou et Fabien Chevalier pour les bons moments passés ensemble. Merci à la patiente Laure Balasse pour son aide sur photoshop/illustrator, et merci à Odile Poirel pour sa gentillesse et ses délicieux renforts diététiques… ! J’ai également effectué ce travail de thèse grâce aux encouragements et au soutien constant de mon petit groupe d’amis scientifiques. Un immense merci à Christelle, Shirley et Annabelle pour leur présence, ainsi qu’à Margot, Mathilde et Roland. Merci à Quentin d’être là. Je remercie mon père pour ses encouragements quasi-quotidiens ! A ma maman BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 1 PREAMBULE Cette thèse se compose de deux parties. La première concerne l’étude des partenaires moléculaires du transporteur de la dopamine. A mon arrivée au laboratoire, un crible double-hybride avait été réalisé pour plusieurs transporteurs, dont le transporteur de la dopamine (DAT). J’ai choisi plusieurs clones d’intérêt et tenté de valider et de caractériser leur interaction avec le DAT par différentes méthodes. Des difficultés techniques, discutées dans la première partie de cette thèse, ont empêché la bonne progression de mon travail, qui n’a pu aboutir à une publication. Je me suis donc tournée vers la caractérisation des souris invalidées pour la protéine associée aux microtubules STOP (STOP KO ; Andrieux et al., 2002). Plus précisément, j’ai étudié divers aspects des phénotypes nicotinique et dopaminergique de ces souris. Les résultats de cette recherche font l’objet de la deuxième partie de cette thèse. Ces travaux ont donné lieu à deux manuscrits, actuellement soumis pour publication ou en préparation. L’introduction de la première partie présentera le système dopaminergique et le DAT, son implication dans divers troubles mentaux et ses partenaires déjà identifiés. Suivront les chapitres matériels et méthodes et résultats qui seront présentés et discutés en parallèle, suivis d’une conclusion. La deuxième partie est présentée sous forme d’articles, avec une introduction définissant en premier lieu la schizophrénie ainsi que les données liant le système nicotinique à cette maladie, puis présentant le modèle d’étude des souris STOP KO. Les résultats seront présentés sous forme de deux articles et analysés dans un chapitre discussion. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 2 TABLE DES MATIERES Remerciements___________________________________________________________ 1 Préambule _______________________________________________________________ 2 Table des matières ________________________________________________________ 3 Liste des figures__________________________________________________________ 7 Liste des abreviations _____________________________________________________ 9 PARTIE 1 _________________________________________________________ 11 INTRODUCTION _________________________________________________________ 12 A/ La neurotransmission dopaminergique ___________________________________ 13 1/ Les voies dopaminergiques centrales ___________________________________ 13 2/ Le métabolisme de la dopamine ________________________________________ 14 3/ Les récepteurs dopaminergiques _______________________________________ 16 a/ Propriétés et structure ______________________________________________________ 16 b/ Localisation ______________________________________________________________ 17 B/ Le transporteur de la dopamine (DAT) ____________________________________ 18 1/ Les transporteurs plasmiques neuronaux : aspects généraux _______________ 18 a/ Classification _____________________________________________________________ 18 b/ Fonction_________________________________________________________________ 20 2/ Clonage et propriétés structurales du transporteur de la dopamine __________ 21 a/ Clonage _________________________________________________________________ b/ Structure ________________________________________________________________ c/ Relation structure/fonction ___________________________________________________ d/ Oligomérisation du DAT ____________________________________________________ 21 21 23 25 3/ Distribution tissulaire ________________________________________________ 26 a/ Localisation des ARNm _____________________________________________________ 26 b/ Localisation de la protéine___________________________________________________ 27 c/ Localisation ultrastructurale __________________________________________________ 27 4/ Mode de fonctionnement/électrophysiologie _____________________________ 27 a/ Stoechiométrie____________________________________________________________ 27 b/ Différents états de conductance ______________________________________________ 28 c/ Fonctionnement en mode inverse _____________________________________________ 28 5/ Pharmacologie ______________________________________________________ 29 a/ Liaison aux catécholamines _________________________________________________ b/ Modèles cellulaires versus synaptosomes ______________________________________ c/ Le DAT comme cible des psychostimulants _____________________________________ d/ Le DAT comme cible de toxines ______________________________________________ BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 29 31 32 32 3 Table des matières 6/ Processus de régulation ______________________________________________ 33 a/ Régulation par glycosylation _________________________________________________ b/ Régulation par phosphorylation _______________________________________________ c/ Régulation par les substrats et les inhibiteurs ____________________________________ d/ Régulation par les récepteurs dopaminergiques __________________________________ e/ Régulation par interaction directe avec des protéines partenaires ____________________ 33 33 34 35 36 7/ Implication du DAT dans différentes pathologies psychiatriques ____________ 36 a/ La dépendance aux drogues : exemple de la cocaïnomanie ________________________ 36 b/ Le désordre de l’hyperactivité et du déficit d’attention (ADHD) _______________________ 40 8/ Les souris invalidées pour le DAT : modèle animal pour la schizophrénie et l’ADHD ? _____________________________________________________________ 43 a/ Phénotype _______________________________________________________________ 43 b/ Un modèle pour la schizophrénie ? ____________________________________________ 46 c/ Un modèle pour l’ADHD ? ___________________________________________________ 46 C/ DAT et protéines partenaires ____________________________________________ 47 1/ La protéomique : définition et intérêt ____________________________________ 47 2/ Principe du double-hybride ____________________________________________ 47 3/ Avantages et limites _________________________________________________ 50 4/ Les partenaires identifiés du DAT ______________________________________ 50 a/ Interaction directe avec l’extrémité carboxy-terminale du DAT _______________________ 51 b/ Interaction directe avec l’extrémité amino-terminale du DAT ________________________ 53 c/ Autres interactions _________________________________________________________ 54 MATERIELS ET METHODES _______________________________________________ 56 RESULTATS ____________________________________________________________ 61 A/ Etude de partenaires potentiels du DAT ___________________________________ 62 1/ Crible double-hybride ________________________________________________ 62 2/ Clones sélectionnés__________________________________________________ 63 a/ Sh2bp1 _________________________________________________________________ 63 b/ ACIII____________________________________________________________________ 64 3/ Etude anatomique ___________________________________________________ 64 4/ Co-expression avec le DAT ____________________________________________ 65 a/ Capture de [3H]-dopamine ___________________________________________________ 65 b/ Immuno-fluorescence ______________________________________________________ 69 5/ Interaction en double-hybride __________________________________________ 71 a/ Résultats ________________________________________________________________ 72 b/ Difficultés rencontrées ______________________________________________________ 73 c/ Discussion _______________________________________________________________ 75 B/ Expression de la synucléine 1 chez les souris DAT KO ______________________ 76 1/ Expression des ARNm ________________________________________________ 76 2/ Expression de la protéine _____________________________________________ 78 3/ Discussion _________________________________________________________ 79 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 4 Table des matières CONCLUSION ___________________________________________________________ 81 A/ Etude de l’interaction DAT-partenaire _____________________________________ 82 B/ Etude du rôle fonctionnel de l’interaction DAT-partenaire ____________________ 83 C/ Etude de l’expression de la synucléine 1 chez les souris DAT KO _____________ 84 PARTIE 2 _________________________________________________________ 86 INTRODUCTION _________________________________________________________ 87 A/ La schizophrénie ______________________________________________________ 88 1/ Définition et évolution ________________________________________________ 88 2/ Etiologie : deux composantes _________________________________________ 89 a/ Aspects génétiques ________________________________________________________ 90 b/ Aspects environnementaux __________________________________________________ 91 3/ Etiologie : les différentes hypothèses ___________________________________ 91 a/ L’hypothèse dopaminergique ________________________________________________ b/ L’hypothèse glutamatergique ________________________________________________ c/ La théorie neuro-développementale ___________________________________________ d/ Une maladie de la synapse ? ________________________________________________ 91 93 95 96 4/ Le traitement de la schizophrénie ______________________________________ 98 5/ Les modèles animaux pour la schizophrénie _____________________________ 98 a/ Modèles pharmacologiques__________________________________________________ 99 b/ Modèles neuro-développementaux ____________________________________________ 99 c/ Modèles génétiques_______________________________________________________ 101 B/ Nicotine et schizophrénie ______________________________________________ 102 1/ Le système cholinergique ____________________________________________ 102 a/ Voies cholinergiques centrales ______________________________________________ 102 b/ Métabolisme de l’acétylcholine ______________________________________________ 103 2/ La transmission cholinergique ________________________________________ 104 a/ Les récepteurs muscariniques_______________________________________________ 104 b/ Les récepteurs nicotiniques neuronaux ________________________________________ 105 3/ Relation entre nicotine et schizophrénie ________________________________ 111 a/ Etudes épidémiologiques __________________________________________________ 111 b/ Expression des récepteurs nicotiniques chez les schizophrènes ____________________ 112 4/ La nicotine comme forme d’auto-médication ____________________________ 113 a/ Amélioration des symptômes et des effets secondaires ___________________________ 113 b/ Amélioration des déficits sensoriels___________________________________________ 113 c/ Amélioration des déficits cognitifs ____________________________________________ 116 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 5 Table des matières C/ La protéine STOP_____________________________________________________ 117 1/ Microtubules et protéines associées ___________________________________ 117 a/ Les microtubules _________________________________________________________ 117 b/ Les protéines associées aux microtubules _____________________________________ 118 2/ La protéine STOP ___________________________________________________ 118 3/ Les souris STOP KO ________________________________________________ 121 a/ Caractérisation anatomique et physiologique ___________________________________ b/ Caractérisation biochimique ________________________________________________ c/ Caractérisation comportementale ____________________________________________ d/ Un modèle pour la schizophrénie ? ___________________________________________ 121 122 123 124 RESULTATS ___________________________________________________________ 125 ARTICLE I : Augmentation de la densité des récepteurs nicotiniques alpha7 chez les souris STOP KO et amélioration par la choline d’un déficit d’apprentissage de type associatif____________________________________________________________ 126 ARTICLE II : Altérations préférentielles du système dopaminergique limbique des souris STOP KO ______________________________________________________ 154 RESULTATS COMPLEMENTAIRES ______________________________________ 183 DISCUSSION ___________________________________________________________ 186 A/ Altérations biochimiques des souris STOP KO ____________________________ 187 1/ Marqueurs nicotiniques/cholinergiques et dopaminergiques _______________ 187 2/ Altérations biochimiques ____________________________________________ 188 B/ Altérations comportementales des souris STOP KO________________________ 191 1/ Sensibilité aux psychostimulants______________________________________ 191 2/ Performances mnésiques ____________________________________________ 195 C/ Effets localisés de l’inactivation de STOP ________________________________ 197 D/ Validité du modèle d’étude STOP KO pour la schizophrénie _________________ 198 1/ Modélisation animale des maladies psychiatriques _______________________ 198 2/ Pertinence du modèle STOP KO : un modèle pour la schizophrénie ? _______ 199 REFERENCES__________________________________________________________ 202 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 6 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Schéma illustrant les principaux corps cellulaires dopaminergiques et leurs projections dans le cerveau de rat________________________________________________________________________ 14 Figure 2 : Schéma représentant les voies anabolique et catabolique de la dopamine_____________ 15 Figure 3 : Schéma d’une synapse dopaminergique__________________________________________ 17 Figure 4 : Tableau représentant les deux classes de transporteurs plasmiques neuronaux________ 19 Figure 5 : Représentation schématique d’une terminaison neuronale contenant les différents types de transporteurs neuronaux. ________________________________________________________________ 20 Figure 6 : Représentation schématique de la structure secondaire prédite du transporteur de la dopamine humain_______________________________________________________________________ 22 Figure 7 : Représentation schématique des différents domaines fonctionnels du DAT ____________ 24 Figure 8 : Constantes d’inhibition de différentes molécules pour le transporteur de la dopamine.___ 30 Figure 9 : Tableau présentant les affinités et les capacités de transport du DAT et du NET pour la dopamine et la noradrénaline _____________________________________________________________ 31 Figure 10 : Représentation schématique des adaptations moléculaires touchant les synapses des souris DAT KO _________________________________________________________________________ 44 Figure 11 : Le système du double-hybride en levure_________________________________________ 48 Figure 12 : Stratégie de double-hybride à grande échelle ____________________________________ 49 Figure 13 : Schéma des interactions démontrées entre le DAT et différentes protéines ___________ 55 Figure 14 : Clones sélectionnés, issus du crible double-hybride en levure dirigé contre le rDAT ___ 62 Figure 15 : Répartition des ARNm du DAT et de Sh2bp1_____________________________________ 65 Figure 16 : Capacité de transport moyenne de [3H]-dopamine par le DATco-exprimé avec la synucléine 1 ou Sh2bp1 _________________________________________________________________ 66 Figure 17: Constante d’affinité moyenne du DAT pour la [3H]-dopamine co-exprimé avec la synucléine 1 ou Sh2bp1 ___________________________________________________________________________ 67 Figure 18 : Observation de la morphologie des cellules transfectées. __________________________ 70 Figure 19 : Marquage du DAT par immuno-fluorescence dans des cellules HEK293 _____________ 70 Figure 20 : Immuno-fluorescence du DAT, de la synucléine 1 sur des coupes de striatum de rat___ 71 Figure 21 : Tableau représentant les résultats des interactions étudiées par double-hybride en levure ______________________________________________________________________________________ 73 Figure 22 : Détection par western-blot de protéines de fusion pLEX sur différents extraits protéiques de levures transformées _________________________________________________________________ 75 Figure 23 : Marquage des ARNm de la synucléine 1 par hybridation in situ de souris sauvages et DAT KO____________________________________________________________________________________ 77 Figure 24 : Quantification des ARNm et de la protéine synucléine 1 chez des souris sauvages et DAT KO____________________________________________________________________________________ 78 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 7 Liste des figures Figure 25 : Expression de la protéine synucléine 1 au niveau du striatum et de la substance noire de souris sauvages et DAT KO ______________________________________________________________ 79 Figure 26 : Evolution clinique et pathophysiologique de la schizophrénie _______________________ 89 Figure 27 : Modulations opposées de la transmission glutamatergique NMDA par les récepteurs dopaminergiques D1 et D2 sur les neurones GABA « medium spiny » du striatum _______________ 94 Figure 28 : Etapes de l’hypothèse neuro-développementale conduisant à la schizophrénie _______ 95 Figure 29 : Schéma illustrant les principaux noyaux cholinergiques et leurs projections dans le cerveau de rat _________________________________________________________________________ 103 Figure 30 : Représentation schématique des voies de signalisation médiées par les deux types de récepteurs muscariniques _______________________________________________________________ 105 Figure 31 : Représentation schématique d’un récepteur nicotinique ancré dans la membrane plasmique ____________________________________________________________________________ 106 Figure 32 : Représentation des sites allostériques d’un récepteur nicotinique __________________ 107 Figure 33 : Distribution différentielle des ARNm de différentes sous-unités des récepteurs nicotiniques dans le cerveau de rat __________________________________________________________________ 109 Figure 34 : Représentation schématique de la localisation des récepteurs nicotiniques au niveau terminal du neurone ou préterminal_______________________________________________________ 110 Figure 35 : Représentation schématique de récepteurs nicotiniques postsynaptiques ___________ 111 Figure 36 : Représentation du paradigme de l’inhibition du réflexe de sursaut __________________ 114 Figure 37 : Représentation du paradigme de la suppression de l’onde P50 ____________________ 115 Figure 38 : Représentation schématique d’un microtubule___________________________________ 117 Figure 39 : Structure du gène et protéines STOP __________________________________________ 120 Figure 40 : Analyse de la stabilité au froid de microtubules dans des cultures primaires neuronales de souris sauvages et invalidées pour la protéine STOP _______________________________________ 121 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 8 LISTE DES ABREVIATIONS 3-AT : 5-HT : AC : AD: ADHD: ADNc : AMPA : AMPc : ARNm : ATP : ATV: CaMKII: COMT : DAT : DBD: DTT: GABA: GTP : HEK293 : HPLC: Km: LTD: LTP: MAO : MAP : MDCK : MPP+ : MPTP : nAChR: NET : NMDA: PBS : PCP : PCR: PICK1: PKA : PKC : PPI: RACK1: SERT : Sh2bp1 : SNAP: SNARE: SNc : STOP : TH: TM: TPR: 3-amino-1,2,4-triazole 5-hydroxytryptophane (sérotonine) Adénylate Cyclase Activator Domain Attention Deficit Hyperactivity Disorder Acide DéoxyriboNucléique complémentaire alpha-amino-3-hydroxy-5-methyl-4-isoxazolepropionic acid Adénosine Mono-Phosphate cyclique Adénosine RiboNucléique messager Adénosine Tri-Phosphate Aire Tegmentale Ventrale Calcium/Calmodulin-Dependent Protein Kinase II Catéchol-O-Méthyltransférase Dopamine Transporter DNA Binding Domain Dithiothréitol Gamma-AminoButyric Acid Guanosine Tri-Phosphate Human Embryonic Kidney 293 High Pressure Liquid Chromatography constante de Michaelis-Menten Long Term Depression Long Term Potentiation Mono-Amine Oxidase Microtubule-Associated Protein Madin-Darby canine kidney 1-Méthyl-4-Phénylpiridinium 1-Méthyl-4-Phényl-1,2,3,6-Tétrahydropyridine nicotinic Acetylcholine Receptor Norepinephrine Transporter N-Méthyl-D-Aspartate Phosphate Buffered Saline Phencyclidine Polymerase Chain Reaction Protein Interacting with C Kinase 1 Protéine Kinase A Protéine Kinase C Pre-Pulse Inhibition Receptor for Activated C-Kinase 1 Serotonin Transporter SH2 binding protein 1 Synaptosomal Associated Protein SNAP Receptor Substance Noire compacte Stable Tubule Only Polypeptide Tyrosine Hydroxylase Transmembrane Domain Tetratricopeptide Repeat BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 9 Liste des abreviations VAChT : VGLUT1: VMAT2: Vmax: Vesicular Acetylcholine Transporter Vesicular Glutamate Transporter 1 Vesicular Monoamine Transporter 2 Vitesse maximale de transport BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 10 PARTIE 1 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 11 INTRODUCTION BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 12 Partie 1 - Introduction Avant les travaux de Carlsson en 1958, la dopamine n’était connue qu’en tant qu’intermédiaire métabolique de la voie de biosynthèse de la noradrénaline. Depuis, une multitude de travaux a démontré son rôle de neuromédiateur à part entière et sa participation essentielle à un grand nombre de fonctions du système nerveux telles que l’activité motrice, l’éveil, les fonctions d’apprentissage et de mémoire, les émotions et les processus de récompense. Des perturbations du système dopaminergique sont à l’origine de la maladie de Parkinson et ont également été observées ou présumées dans des maladies psychiatriques telles que la schizophrénie, le désordre de l’hyperactivité et du déficit d’attention (ADHD), le syndrome Gilles de la Tourette et la dépendance aux drogues. A/ La neurotransmission dopaminergique 1/ Les voies dopaminergiques centrales Par différentes techniques d’anatomie (histofluorescence de la dopamine, immunofluorescence de son enzyme de synthèse, anticorps anti-dopamine ; Lindvall et al., 1984), une cartographie des voies neuronales dopaminergiques a été établie. Le système dopaminergique central se compose de plusieurs noyaux constituant des systèmes anatomiques distincts, dont le système tubéro-infundibulaire et le système mésencéphalique (figure1). Le premier, qui régule la sécrétion des hormones hypophysaires, comprend de nombreux noyaux hypothalamiques (A11 à A14) dont les axones se projettent au niveau de l’éminence médiane et dans le système porte au niveau du lobe intermédiaire de l’hypophyse (Lindvall et al., 1984). Le second, qui contient la majorité des neurones dopaminergiques, est un système à projections longues et se divise en trois noyaux : A8 : ou extension postéro-latérale de la substance noire, envoyant ses projections dans la partie ventrale du striatum ; A9 : ou substance noire compacte (SNc), projetant majoritairement dans le striatum dorsal (Anden et al., 1965), constituant la voie nigro-striée, impliquée dans le contrôle de l’activité motrice (pour revue, voir Amalric and Koob, 1993). La dégénérescence de ces neurones est à l’origine de la maladie de Parkinson (Hornykiewicz, 1966) ; BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 13 Partie 1 - Introduction A10 : ou aire tegmentale ventrale (ATV), se projetant, d’une part, dans les aires frontale, cingulaire et entorhinale du cortex (Emson and Koob, 1978; Swanson, 1982) constituant la voie méso-corticale; d’autre part, dans le noyau accumbens et les tubercules olfactifs, ainsi que d’autres structures limbiques comme le septum, l’amygdale, l’hippocampe et le cortex piriforme (Swanson, 1982), formant ainsi la voie méso-limbique. Ces deux voies interviennent dans le contrôle des fonctions cognitives, des émotions et des processus de dépendance aux drogues (pour revue, voir Hyman, 1996; Koob, 1996). Pituitary ARC Figure 1 : Schéma illustrant les principaux corps cellulaires dopaminergiques et leurs projections dans le cerveau de rat. ARC : noyau arqué 2/ Le métabolisme de la dopamine La dopamine appartient à la famille des catécholamines, comprenant également la noradrénaline et l’adrénaline et, comme tous les neuromédiateurs ne franchit pas la barrière hémato-encéphalique. En revanche, ses précurseurs, les acides aminés phénylalanine et tyrosine, la traversent. La synthèse neuronale de dopamine se déroule dans le cytoplasme, essentiellement au niveau des terminaisons axonales, mais aussi au niveau des corps cellulaires et des dendrites. La L-tyrosine captée par le neurone est transformée en L-DOPA par la tyrosine hydroxylase (TH), enzyme limitante de cette voie de synthèse, puis en dopamine par la DOPA décarboxylase (figure 2). La dopamine synthétisée est alors concentrée dans des vésicules présynaptiques au niveau des terminaisons neuronales grâce au transporteur vésiculaire des monoamines VMAT-2. Ce stockage protège la dopamine de la dégradation enzymatique intracellulaire réalisée par les monoamine-oxydases (MAO), au sein des mitochondries, de l‘oxydation et de la génération de radicaux libres, toxiques pour la cellule. La BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 14 Partie 1 - Introduction dopamine libérée dans l’espace synaptique est catabolisée par une enzyme gliale, la catécholO-méthyltransférase (COMT) et par la MAO, aboutissant aux métabolites finaux : acide 3,4dihydrophénylacétique (DOPAC), 3-méthoxytyramine (3-MT) et acide homovanillique (HVA). Sous l’influence d’un potentiel d’action, la dopamine est libérée par exocytose dans l’espace synaptique et se lie à des récepteurs spécifiques pré- ou post-synaptiques afin d’exercer son action. La fin du signal se fait par l’élimination physique du neurotransmetteur de l’espace synaptique. Plusieurs mécanismes entrent en jeu : diffusion ; recapture de la dopamine par les terminaisons qui l’ont libérée via son transporteur spécifique, le transporteur de la dopamine (DAT) ; capture par les cellules gliales avoisinantes ou encore dégradation enzymatique, au niveau extracellulaire, par la COMT. Figure 2 : Schéma représentant les voies anabolique et catabolique de la dopamine. COMT : catéchol-O-méthyltransférase ; DA : dopamine ; DOPAC : acide 3,4dihydrophénylacétique ; DOPA DEC : dopa-décarboxylase; HVA : acide homovanillique; MAO : monoamine-oxydase; TH : tyrosine hydroxylase; 3-MT : 3-méthoxytyramine BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 15 Partie 1 - Introduction 3/ Les récepteurs dopaminergiques a/ Propriétés et structure Contrairement aux acides aminés excitateurs (glutamate, aspartate) et inhibiteurs (GABA, glycine) qui activent des récepteurs-canaux, engendrant une variation immédiate du potentiel membranaire, la dopamine est plutôt considérée comme un neuromodulateur car elle agit via des récepteurs métabotropiques, aboutissant à une réponse cellulaire plus lente. Historiquement, les récepteurs dopaminergiques D1 et D2 ont été différenciés par leurs propriétés pharmacologiques et biochimiques, en fonction de leur capacité à lier différents ligands et de leur couplage à l’adénylate cyclase (Kebabian and Calne, 1979). Depuis, par des techniques de biologie moléculaire, cinq gènes codant pour cinq récepteurs dopaminergiques ont été clonés (voir Sibley and Monsma, 1992; Sokoloff et al., 1995; Jaber et al., 1996). Ces récepteurs à sept domaines transmembranaires sont classés en deux sous-familles : ceux appartenant à la famille D1 (D1, D5), couplés à une protéine Gs ou Golf, stimulant l’activité de l’adénylate cyclase et donc la synthèse d’AMPc et les autres, constituant la famille D2 (D2, D3, D4), couplés à une protéine Gi ou Go, inhibant l’activité de l’adénylate cyclase (figure 3). On peut également mentionner que les récepteurs dopaminergiques peuvent être couplés à d’autres voies de transduction, telles que la régulation de l’activité de canaux calcium et potassium et la libération d’acide arachidonique. Au niveau structurel, on peut distinguer les récepteurs de la famille D1, qui possèdent une longue extrémité C-terminale cytoplasmique et une troisième boucle cytoplasmique courte tandis que les récepteurs de la famille D2 ont une extrémité C-terminale très courte mais une troisième boucle cytoplasmique beaucoup plus longue (pour revue, voir Sibley and Monsma, 1992). D’autre part, contrairement aux récepteurs de la famille D1, les récepteurs de la famille D2 possèdent un certain nombre d’introns qui interrompent la séquence codante de leur gène. L’existence de ces introns est à l’origine d’isoformes dont les plus connues et étudiées sont les formes courte (D2-S) et longue (D2-L) du récepteur D2 (Giros et al., 1989). Il existe également des différences d’affinité de la dopamine pour ses récepteurs : de l’ordre du micromolaire pour les récepteurs D1 et D2, submicromolaire pour les récepteurs D4 et D5 et nanomolaire pour le D3. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 16 Partie 1 - Introduction Figure 3 : Schéma d’une synapse dopaminergique AC : adénylate cyclase ; AMPc : adénosine monophosphate cyclique ; DA : dopamine ; DAT : transporteur de la dopamine Les récepteurs D2 et D3 sont également présents au niveau présynaptique en tant qu’autorécepteurs où ils exercent un rétrocontrôle négatif sur la libération finale de dopamine. En effet, leur activation au niveau terminal provoque l’inhibition de l’activité de la TH et/ou réprime la libération de dopamine suscitée par la dépolarisation des terminaisons ; au niveau somatodendritique, leur stimulation par la dopamine, libérée par les varicosités dendritiques, engendre une hyperpolarisation membranaire, conduisant à l’inhibition de l’activité électrique du neurone. b/ Localisation Il y a une quinzaine d’années, il n’existait pas ou peu de radioligand sélectif, capable de discriminer un seul sous-type de récepteur dopaminergique, rendant les expériences de radioliaison difficiles. On s’est donc tourné majoritairement vers des techniques d’hybridation in situ, afin de localiser les ARNm des différents récepteurs. Le récepteur D1 est le plus abondant ; son ARNm est retrouvé au niveau d’aires régulées par la dopamine (striatum, noyau accumbens, tubercules olfactifs) et au niveau BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 17 Partie 1 - Introduction limbique, thalamique et hypothalamique. Dans certaines régions, l’ARNm du D1 n’est pas exprimé, bien que la protéine le soit (globus pallidus, substance noire réticulée) : cela signifie que le récepteur est porté par des neurones de projection. L’expression du récepteur D5 est réduite à quelques régions comme l’hippocampe et à deux noyaux : le noyau mamillaire latéral et le noyau parafasciculaire du thalamus (Meador-Woodruff et al., 1991; Tiberi et al., 1991). Le récepteur D2 est retrouvé au niveau pré-et post-synaptique : il est majoritairement exprimé dans le striatum, les tubercules olfactifs, le noyau accumbens et porté par les neurones dopaminergiques de la SNc et de l’ATV. Il est également exprimé dans l’hypophyse où il régule la production et sécrétion de prolactine et de l’hormone de croissance (Caron et al., 1978). Dans le striatum, le récepteur D1 est exprimé par les neurones GABA/substanceP/dynorphine tandis que le récepteur D2 est lui exprimé par une population distincte de neurones GABA, colibérant les enképhalines (Le Moine and Bloch, 1995). Le récepteur D3 est plus faiblement exprimé et restreint au niveau d’aires limbiques telles que le noyau accumbens (« core » et « shell »), les tubercules olfactifs, les ilots de Calleja et également au niveau de la SNc et de l’ATV (en tant qu’autorécepteur) et du cervelet (Sokoloff et al., 1990; Bouthenet et al., 1991; Diaz et al., 1995). Enfin, l’ARNm du récepteur D4 est exprimé au niveau du cortex frontal, de l’amygdale, de l’hippocampe, de l’hypothalamus, du mésencéphale et très faiblement au niveau du striatum. Dans le système nerveux central de rat, l’abondance relative des différents récepteurs dopaminergiques serait : D1≥D2>>D3≥D5≥D4. B/ Le transporteur de la dopamine (DAT) 1/ Les transporteurs plasmiques neuronaux : aspects généraux a/ Classification Il existe deux familles de transporteurs plasmiques neuronaux à haute affinité, classées selon leur dépendance ionique : les transporteurs Na/Cl dépendants et les transporteurs Na/K dépendants (figure 4; pour revue, Masson et al., 1999). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 18 Partie 1 - Introduction Dépendance Na+/Cl- Na+/K+ Nom DAT NET SERT GAT1-3 GLYT1-2 Substrat dopamine noradrénaline sérotonine GABA glycine Référence (Giros et al., 1991) (Pacholczyk et al., 1991) (Blakely et al., 1991) (Guastella et al., 1990) (Guastella et al., 1992) EAAT1 EAAT2 EAAT3 EAAT4 EAAT5 L-Glu/ L-Asp L-Glu L-Glu L-Glu L-Glu (Storck et al., 1992) (Pines et al., 1992) (Kanai and Hediger, 1992) (Fairman et al., 1995) (Arriza et al., 1997) Figure 4 : Tableau représentant les deux classes de transporteurs plasmiques neuronaux L-Asp : L-aspartate ; DAT: transporteur de la dopamine; EAAT1-5: transporteurs des acides aminés excitateurs de type 1-5 ; GAT1 : transporteur de l’acide gamma-amino butyrique ; LGlu : L-glutamate ; GLYT1 : transporteur de la glycine ; NET : transporteur de la noradrénaline ; PROT : transporteur de la proline ; SERT : transporteur de la sérotonine • Les transporteurs Na/Cl dépendants Cette famille comprend les transporteurs des monoamines (dopamine, noradrénaline, sérotonine), les transporteurs des acides aminés (GABA, glycine, proline et taurine) et les transporteurs d’osmolites (bétaïne, créatine). Ces transporteurs sont 40 à 60% homologues et partagent la même topologie prédite, c'est-à-dire une structure à douze domaines transmembranaires, des extrémités N- et C-terminales intracellulaires et une deuxième boucle intracytoplasmique contenant des sites potentiels de N-glycosylation. Ils utilisent comme source d’énergie le gradient électrochimique de sodium créé et maintenu de part et d’autre de la membrane par la pompe (Na/K)-ATPase (figure 5). Ces transporteurs sont électrogéniques puisque, pour chaque molécule de substrat transportée, il y a génération d’une charge positive. Pour le DAT, la stoechiométrie prédite est : 2Na+/1Cl-/1 zwitterion. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 19 Partie 1 - Introduction Figure 5 : Représentation schématique d’une terminaison neuronale contenant les différents types de transporteurs neuronaux. Les transporteurs plasmiques et vésiculaires n’utilisent pas directement l’ATP comme source d’énergie, mais le gradient électrochimique généré par des pompes ATPase membranaire et vacuolaire, permettant, respectivement, l’accumulation du neurotransmetteur dans la terminaison et le remplissage des vésicules. Nt : neurotransmetteur ; T : transporteur plasmique ; VT : transporteur vésiculaire • Les transporteurs Na/K dépendants Cette famille regroupe les transporteurs des acides aminés excitateurs (glutamate et aspartate). Ils possèdent six à dix domaines transmembranaires, utilisent également l’énergie générée par la pompe Na/K et contiennent des sites putatifs de régulation par les protéines kinases A et C. b/ Fonction Afin d’assurer une neurotransmission correcte, il est essentiel que le signal cellulaire soit bref : après une libération massive de neurotransmetteur, la concentration synaptique doit rapidement retourner à son niveau de base. Pour une majeure partie, le neurotransmetteur est ainsi chassé de l’espace extracellulaire par un transporteur plasmique présynaptique ou glial qui régule donc l’amplitude et la durée de la transmission. Ces transporteurs permettent aussi le recyclage du neurotransmetteur, qui, une fois recapté peut à nouveau être internalisé au sein de vésicules grâce à l’action du transporteur vésiculaire, entretenant ainsi le stock de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 20 Partie 1 - Introduction neurotransmetteur libérable. Dans certains cas, les transporteurs plasmiques neuronaux et gliaux maintiennent l’intégrité du tissu neuronal. Ainsi, il n’existe pas d’enzyme dégradant le glutamate dans l’espace synaptique. Les transporteurs plasmiques empêchent alors une excitotoxicité due à une trop grande concentration extracellulaire de glutamate. Le rôle essentiel des transporteurs plasmiques des monoamines dans la régulation de la neurotransmission est illustré par le fait que toute substance qui modifie leur activité a des effets psychotropes majeurs. Ces transporteurs constituent ainsi la cible primaire des psychostimulants (cocaïne, amphétamine, ecstasy), de neurotoxines (MPP+, 6-OHDA) et d’agents thérapeutiques comme les antidépresseurs et le méthylphénidate (Ritalin ; Amara and Sonders, 1998). 2/ Clonage et propriétés structurales du transporteur de la dopamine a/ Clonage Le clonage du transporteur du GABA au début des années 1990 (Guastella et al., 1990) et celui du transporteur de la noradrénaline (Pacholczyk et al., 1991) ont rapidement permis le clonage par homologie ou par expression des autres transporteurs Na/Cl dépendants. Le transporteur de la dopamine a tout d’abord été cloné chez le rat (rDAT, Giros et al., 1991; Kilty et al., 1991; Shimada et al., 1991), le bœuf (bDAT, Usdin et al., 1991) puis chez l’homme (hDAT, Giros et al., 1992) et la souris (mDAT, Donovan et al., 1995), mais aussi chez le nématode C. elegans (CeDAT, Jayanthi et al., 1998). Le hDAT est composé de 620 acides aminés (rDAT : 619 acides aminés) et partage 92% d’identité en acides aminés avec la séquence de rat. Le gène du hDAT (SLC6A3) est localisé sur le chromosome 5p15.3 (Giros et al., 1992). b/ Structure Comme les autres transporteurs de sa famille, le DAT, selon l’étude de son profil d’hydrophobicité, est composé de douze segments transmembranaires et possède une longue boucle extra-cytoplasmique (50-65 résidus) entre le troisième et quatrième domaine transmembranaire. Les extrémités N- et C-terminales sont intra-cytoplasmiques (figure 6). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 21 Partie 1 - Introduction DAT humain Résidu différant du DAT de rat Site de glycosylation Figure 6 : Représentation schématique de la structure secondaire prédite du transporteur de la dopamine humain (hDAT). Les extrémités N- et C-terminales du DAT sont cytoplasmiques. Il est formé de 12 domaines transmembranaires et contient une longue deuxième boucle extracytoplasmique. Les sites putatifs de liaison à la PKA, PKC, CaMKII, les motifs leucine zippers et les sites de glycosylation sont indiqués. CaMKII: calcium/calmodulin dependent protein kinase II; PKA : protéine kinase A ; PKC : protéine kinase C Des études d’immunocytochimie en microscopie électronique assurent la localisation intracellulaire des extrémités (Nirenberg et al., 1997), la localisation extracellulaire de résidus asparagine impliqués dans la glycosylation (Vandenbergh et al., 1992) et la localisation intracellulaire de résidus sérine et thréonine impliqués dans la phosphorylation du DAT (Povlock and Amara, 1998). De plus, un homologue bactérien des transporteurs plasmiques Na/Cl dépendants a récemment été cristallisé et confirme la structure à douze domaines transmembranaires et la localisation des extrémités protéiques (Yamashita et al., 2005). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 22 Partie 1 - Introduction L’analyse de la séquence primaire du DAT, ainsi que des résultats de mutagenèse et de biochimie, ont révélé l’existence de plusieurs sites de N-glycosylation au sein de la deuxième boucle extracellulaire. Des études de marquage par photoaffinité montrent que 20 à 25% de la masse du DAT mature serait composé de sucres (Vaughan et al., 1996). La séquence du DAT montre également des sites potentiels de phosphorylation par les protéines kinases PKA, PKC et CaMKII. L’importance de ces sites sera discutée plus loin dans le paragraphe 6/ Régulations. La présence de résidus cystéine au niveau de la deuxième boucle extracellulaire suggère l’existence de ponts disulfure intra- ou extra-moléculaires. De même, deux motifs « leucinezipper », impliqués dans les interactions protéine-protéine, ont été détectés dans les deuxième et neuvième domaines transmembranaires (Giros et al., 1992). c/ Relation structure/fonction De précieuses informations sur le lien entre la structure du DAT et sa fonction ont été obtenues soit par modifications chimiques, soit en jouant sur la séquence primaire, par mutagenèse dirigée ou par construction de chimères entre DAT et NET. Après transfection transitoire ou stable des ADN recombinants du DAT (principalement rDAT ou hDAT) dans différentes lignées cellulaires ou synaptosomes, des expériences de transport de [3H]-dopamine ou d’autres substrats ont permis de déterminer les paramètres biochimiques (Vmax : vitesse maximale de transport et Km : constante d’affinité) caractérisant le transporteur mutant et ainsi de mesurer l’effet fonctionnel de la mutation. • Expériences de mutagénèse dirigée Les acides aminés les plus souvent substitués sont les résidus aromatiques, chargés ou polaires (fonctions amine et hydroxyle), phénylalanine (F), proline (P), tyrosine (Y) et tryptophane (W). De par leur nature chimique, ces résidus peuvent jouer un rôle déterminant dans la structure et l’interaction du ligand et de son transporteur. Pour une liste exhaustive des multiples travaux réalisés jusqu’à présent, se reporter aux revues de Chen and Reith, 2000; Uhl and Lin, 2003. La plupart des mutations affectant les résidus localisés dans les régions reliant les TM 1 à 8 ont pour effet de diminuer la vitesse de transport de la dopamine. Au contraire, les mutations portant sur les acides aminés des régions extracellulaires n’induisent pas ou peu de réduction du transport (Norregaard et al., 1998; Loland et al., 1999). Des études se sont également intéressées au transport de la neurotoxine dopaminergique MPP+ et montrent que certains résidus sérine (S) sont spécifiques du transport de ce produit. Ainsi, les mutations S350A, S352A S527A, Y533F et S538A affectent la capacité de transport ou l’affinité du DAT BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 23 Partie 1 - Introduction pour le MPP+ (Kitayama et al., 1993; Mitsuhata et al., 1998) sans forcément affecter celles pour la dopamine. • Construction de chimères Des transporteurs chimériques DAT-NET, dans lesquels une partie du transporteur natif a été échangée symétriquement avec la séquence de l’autre transporteur, ont permis de dégager trois principaux domaines fonctionnels du DAT (Buck and Amara, 1994; Giros et al., 1994; Buck and Amara, 1995 ; figure 7) : Figure 7 : Représentation schématique des différents domaines fonctionnels du DAT. la partie N-terminale jusqu’au TM5 serait impliquée dans le mécanisme de capture et la dépendance vis-à-vis des ions (Giros et al., 1994; Syringas et al., 2000). Cette région est la plus conservée au sein des transporteurs de monoamines, il parait donc probable qu’elle soit responsable d’une fonction commune à ces trois transporteurs. Les régions TM5-TM8 gouverneraient les interactions avec les inhibiteurs (cocaïne, amphétamines et dérivés,..) et l’efficacité de translocation du substrat. La région TM1TM3 a également été identifiée comme impliquée dans la reconnaissance des inhibiteurs (Buck and Amara, 1995). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 24 Partie 1 - Introduction L’extrémité C-terminale serait engagée dans la stéréosélectivité des substrats. Cette partie jouerait également un rôle déterminant dans l’adressage du DAT à la membrane (Torres et al., 2003). En effet, des troncations progressives engendrent des réductions progressives de la capacité de transport, résultant en l’incapacité de ces mutants à atteindre la membrane plasmique. D’autres expériences de chimères entre hDAT et bDAT ont montré que le TM3 était important pour le transport de la dopamine et la liaison au radioligand [3H]-CFT, un analogue de la cocaïne (Lee et al., 1998). Un des buts importants de ces recherches est la lutte contre la pharmacodépendance. En identifiant les régions distinctes du DAT responsables de la reconnaissance de la cocaïne et du transport de la dopamine, on peut envisager de synthétiser un composé qui empêcherait la liaison de la drogue sans pour autant affecter la reconnaissance et le transport de dopamine (Uhl and Lin, 2003; voir paragraphe 7/ a/). d/ Oligomérisation du DAT On s’est assez récemment intéressé à l’oligomérisation potentielle des transporteurs plasmiques. En 2000, celle du transporteur de la sérotonine (Kilic and Rudnick, 2000) a été démontrée, suivie de celle du transporteur du GABA (Schmid et al., 2001). Torres et collaborateurs se sont penchés sur le cas du DAT en choisissant une analyse mutationnelle, combinée à des approches biochimique, immunologique et fonctionnelle (Torres et al., 2003). L’expression en système cellulaire de protéines DAT étiquetées a permis, par coimmunoprécipitation, de montrer l’association physique du DAT avec lui-même. La coexpression de mutants perte de fonction Y335A ou D79G (ayant perdu leur activité de transport mais correctement adressés à la membrane) avec un DAT sauvage empêche le fonctionnement correct de ce dernier. De même, la co-expression de mutants tronqués en Nou C- terminal, ayant un adressage membranaire déficient, réduit la fonction du transporteur sauvage. Ces expériences établissent l’oligomérisation fonctionnelle du DAT : ces deux types de mutants tronqués, dominants négatifs, diminuent l’activité du DAT sauvage, soit en formant un complexe oligomérique à la membrane cellulaire, soit en interférant avec les mécanismes normaux de maturation et de trafic du DAT sauvage (Torres et al., 2003). Cette étude a également révélé l’importance des motifs d’interaction protéique leucine-zippers, suspectée lors du clonage moléculaire. La substitution de ce motif contenu dans le TM2 engendre un transporteur ayant perdu son activité de transport du fait de son incapacité à être adressé à la BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 25 Partie 1 - Introduction membrane. De plus, si l’on supprime le motif leucine-zipper dans les mutants Y335A et D79G, l’effet de dominance négative est perdu, suggérant la participation de cette séquence à une interaction monomère-monomère. Le deuxième motif leucine-zipper contenu dans le TM9 ne semble pas avoir les mêmes propriétés. En conclusion, ces travaux montrent que le DAT forme un complexe oligomérique au sein de cellules, dont l’assemblage est requis pour l’adressage correct du complexe à la membrane. Par une approche de pontage de résidus cystéine, Hastrup et collaborateurs ont montré que le DAT formait au moins un homodimère (Hastrup et al., 2001), puis un dimère de dimère (tétramère) au sein de la membrane plasmique, faisant intervenir des acides aminés présents au niveau des TM4 et TM6 (Hastrup et al., 2003). De façon intéressante, des inhibiteurs du DAT, benztropine, mazindol et l’analogue de la cocaïne MFZ 2-12, inhibent le pontage, suggérant qu’un inhibiteur de transport ne serait pas un simple bloqueur mais pourrait de luimême engendrer un réarrangement conformationnel du DAT. Enfin, l’oligomérisation du DAT a également été illustrée par la technique de FRET (Fluorescence Resonance Energy Transfer Microscopy) au sein de cellules vivantes, entre deux protéines de fusion exprimant hDAT en phase avec des molécules fluorescentes YFP (Yellow Fluorescent Protein) et CFP (Cyan Fluorescent Protein; Sorkina et al., 2003). Les oligomères seraient formés au sein du réticulum endoplasmique et maintenus à la membrane cellulaire ainsi que lors de leur internalisation éventuelle au sein d’endosomes. 3/ Distribution tissulaire Le DAT est exclusivement retrouvé dans les neurones synthétisant et libérant de la dopamine, et non dans les neurones catécholaminergiques utilisant la dopamine comme précurseur. a/ Localisation des ARNm Des travaux d’hybridation in situ ont permis de localiser les transcrits du DAT en majorité au niveau de la substance noire compacte (SNc ; A9), l’extension postéro-latérale de la substance noire (A8), l’aire tegmentale ventrale (ATV ; A10), mais également au niveau du noyau arqué dorsal (A12) et de la substance noire réticulée (SNr ; Lorang et al., 1994; Hoffman et al., 1998). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 26 Partie 1 - Introduction b/ Localisation de la protéine Au niveau protéique, le DAT est exprimé aussi bien dans les terminaisons que dans les corps cellulaires, dendrites et axones des neurones dopaminergiques issus du mésencéphale (Ciliax et al., 1995; Ciliax et al., 1999). Ainsi, on le retrouve sur l’ensemble des voies nigro-striée et méso-cortico-limbique et de façon plus intense, au niveau des régions à terminaisons : striatum et noyau accumbens. De façon intéressante, beaucoup de dendrites issues de la SNc et descendant vers la SNr réagissent avec un anticorps anti-DAT, en faveur d’un mécanisme de recapture de la dopamine par les dendrites de cette région. En revanche, un niveau faible de DAT a été détecté dans l’hypothalamus (Ciliax et al., 1995). Le système dopaminergique hypothalamique semble donc indépendant du système mésencéphalique. c/ Localisation ultrastructurale Au niveau subcellulaire accessible par microscopie électronique, il a été montré que le DAT est exprimé intensément au niveau du péricaryon et des dendrites proximales des neurones dopaminergiques (Nirenberg et al., 1996; Nirenberg et al., 1997), suggérant que ces régions sont les sites de synthèse, recyclage et/ou du trafic vers ou à partir de la surface cellulaire. Dans l’ATV et la SNc, le DAT semble associé à des membranes intracellulaires d’organelles (tubulo-vésicules) exprimant VMAT2. Ces organelles pourraient constituer des sites de stockage somato-dendritiques potentiellement capables de libération par le fonctionnement en mode inverse du DAT (voir paragraphe 4/ c). Le DAT jouerait alors un rôle dans la régulation du pool de stockage de la dopamine intracellulaire (Nirenberg et al., 1996; Nirenberg et al., 1997). Des expériences menées in vitro (culture neuronale, expression en système hétéroloque) ont également montré que le DAT se trouvait dans des pools intracellulaires d’endosomes (Melikian and Buckley, 1999; Sorkina et al., 2003). Une localisation membranaire du DAT a été détectée majoritairement au niveau des axones et des dendrites plus distales, permettant la régulation de la concentration extracellulaire en dopamine. 4/ Mode de fonctionnement/électrophysiologie a/ Stoechiométrie Le transport de dopamine est un processus complexe, composé de plusieurs étapes que sont la liaison du ligand, sa translocation, sa libération à l’intérieur du neurone et la réorientation du transporteur (Rudnick and Clark, 1993). Afin de transloquer le substrat à l’intérieur de la cellule contre son gradient de concentration, le transporteur utilise l’énergie BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 27 Partie 1 - Introduction provenant du gradient transmembranaire d’ions Na+ ([Na+]e=120mM, [Na+]i=5mM), maintenu par la pompe Na/K ATPase. Le DAT co-transporte ainsi la dopamine et les ions sodium et chlore, avec une stoechiométrie prédite de une molécule de dopamine (chargée positivement au pH physiologique), deux ions Na+ et un ion Cl- (Gu et al., 1994). Ces données prédisent donc que chaque molécule de dopamine est accompagnée d’un mouvement de deux charges positives, à l’origine d’un courant entrant. b/ Différents états de conductance En plus du courant associé au transport de substrat, diverses études ont montré que les transporteurs pouvaient médier des courants ioniques macroscopiques, qui ne sont pas liés de façon stoechiométrique au mouvement du substrat. Cette découverte suggère que les transporteurs partageraient des propriétés communes avec les canaux ioniques. Ainsi, quand le DAT est exprimé dans des ovocytes de Xénope, on peut observer un courant cationique tonique, dit « courant de fuite », qui n’est pas couplé au transport de substrat mais qui peut être bloqué par des analogues de la cocaïne et des substrats (Sonders et al., 1997). Ce type de courant a également été retrouvé pour d’autres transporteurs Na/Cl dépendants (NET et SERT) exprimés en ovocyte de Xénope et lignées cellulaires (Mager et al., 1994; Galli et al., 1995). Cependant, ce courant de fuite n’a pas été retrouvé ex vivo dans une culture de neurones dopaminergiques de rat (Ingram et al., 2002), suggérant que l’existence de ce type de courant peut varier avec l’environnement cellulaire. Ainsi, la liaison de la protéine neuronale syntaxine 1A à l’extrémité N-terminale du transporteur de la sérotonine inhibe le courant de fuite (Quick, 2003). D’autre part, des mesures électrophysiologiques réalisées sur des neurones en culture ont montré que de faibles concentrations de substrat provoquaient des courants entrants, Na+dépendants, bloqués par la cocaïne (Ingram et al., 2002). De façon inhabituelle, ces courants anioniques, généralement inhibiteurs, seraient capables d’exciter le neurone, même quand les récepteurs dopaminergiques D1 et D2 sont bloqués. Ce même résultat a été retrouvé dans des cultures neuronales de nématode C. elegans (Carvelli et al., 2004). Le DAT pourrait alors jouer un rôle dans la modulation de libération de dopamine. c/ Fonctionnement en mode inverse Comme d’autres transporteurs de neurotransmetteurs, le DAT présente la capacité de fonctionner en mode inverse, c'est-à-dire de pomper le neurotransmetteur intra-cytoplasmique et de l’expulser vers le milieu extracellulaire. Ce mécanisme de libération est indépendant de l’exocytose. Cet efflux de neurotransmetteur peut être obtenu expérimentalement en changeant BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 28 Partie 1 - Introduction le gradient ionique membranaire : en diminuant les concentrations extracellulaires de sodium et de chlore (Pifl et al., 1997). Physiologiquement, cette situation est observée dans l’ischémie du myocarde, conduisant à la libération de noradrénaline par le NET (Schomig et al., 1988). De même, l’efflux de dopamine via son transporteur peut être induit par l’amphétamine. Ce mécanisme serait voltage-dépendant et régulé par la concentration intracellulaire de Na+ (Khoshbouei et al., 2003). Il a été montré que l’amphétamine pouvait provoquer une libération de Ca2+ du réticulum endoplasmique, qui régulerait l’efflux et les courants médiés par le DAT (Gnegy et al., 2004). De plus, cet efflux induit par l’amphétamine est aboli par l’administration d’antagonistes de la protéine kinase C, tandis que des agonistes induisent un efflux dopaminergique en absence d’amphétamine, suggérant l’implication de la protéine kinase C dans ce processus (Gnegy, 2003). La pertinence physiologique de ce mode de transport inversé n’est pas encore bien comprise. Néanmoins, ceci pourrait constituer le mécanisme de libération dendritique de dopamine par les neurones dopaminergiques de la substance noire compacte (Falkenburger et al., 2001) et jouerait un rôle fondamental dans les effets pharmacologiques des amphétamines. 5/ Pharmacologie La mesure de l’affinité du DAT pour ses différents substrats ou inhibiteurs fut d’abord réalisée sur des préparations synaptosomales de rat. Le clonage du transporteur a ensuite permis d’élargir les connaissances pharmacologiques grâce à l’expression des différentes formes de DAT au sein de cultures cellulaires. a/ Liaison aux catécholamines Le DAT transporte la dopamine avec une affinité environ 10 fois meilleure que la noradrénaline et la sérotonine et 60 fois meilleure BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 que l’adrénaline (figure 29 8). Partie 1 - Introduction Figure 8 : Constantes d’inhibition (Ki en nM) de différentes molécules pour le transporteur de la dopamine. Les valeurs ont été obtenues pour le DAT humain (hDAT) ou de rat (rDAT), exprimé en cellules ou en synaptosomes de rat. D’après : a, Giros et al., 1992; b, Kilty et al., 1991; c, Shimada et al., 1991; d, Horn, 1990. Paradoxalement, le NET, qui partage 70% d’identité de sa séquence en acides aminés avec le DAT a une meilleure affinité pour la dopamine que pour son propre substrat et une meilleure affinité pour la dopamine que le DAT lui-même, bien que sa capacité de transport soit légèrement moindre que celle du DAT (figure 9; Giros et al., 1994). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 30 Partie 1 - Introduction DAT NET Km (μM) Vmax (%) Km (μM) Vmax (%) DA 2,54 270 0,67 230 NA 20,1 69 2,6 100 Figure 9 : Tableau présentant les affinités (Km en μM) et les capacités de transport (Vmax en % de la Vmax du NET pour la NA) du DAT et du NET pour la dopamine et la noradrénaline, mesurées dans des cellules COS7 transfectées. DA : dopamine ; DAT : transporteur de la dopamine ; NA : noradrénaline ; NET : transporteur de la noradrénaline. D’après Giros et al., 1994. b/ Modèles cellulaires versus synaptosomes La plupart de nos connaissances sur les propriétés pharmacologiques, la régulation et le trafic des transporteurs plasmiques proviennent d’expériences réalisées par transfection de cellules non neuronales. Les cellules forment un modèle in vitro facile à obtenir, extrêmement pratique pour effectuer toutes sortes de tests de pharmacologie et de détection très ciblés puisque l’on peut choisir les protéines neuronales à exprimer. Au contraire, les synaptosomes sont des préparations de terminaisons neuronales refermées sur elles-mêmes après homogénéisation des tissus cérébraux dans des conditions strictes. Ils contiennent toutes les protéines exprimées à la terminaison, dont les transporteurs plasmiques natifs, constituant un modèle physiologique « ex vivo ». Concernant les données pharmacologiques de la figure 8, on peut noter que les mesures réalisées sur cellules et synaptosomes sont globalement concordantes, mise à part l’affinité du DAT pour la dopamine, qui est 3 à 10 fois plus faible lorsque celui-ci se trouve exprimé en cellules eucaryotes (Giros and Caron, 1993). Cette différence significative d’affinité entre le DAT natif et le DAT recombinant pour son substrat naturel pourrait être la conséquence d’une différence de processus de maturation traductionnelle (glycosylation par exemple) entre une cellule fibroblastique et un neurone dopaminergique. Il se peut également qu’il existe une (ou plusieurs) protéines chaperonnes associée au DAT régulant l’affinité pour son substrat, qui ne soit pas exprimée par les cellules utilisées pour les transfections. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 31 Partie 1 - Introduction c/ Le DAT comme cible des psychostimulants Les transporteurs des monoamines, DAT, NET et SERT, constituent les cibles de psychotropes comme les psychostimulants (cocaïne, amphétamines, méthylphénidate, ecstasy) et les antidépresseurs tricycliques. La cocaïne se lie aux trois transporteurs plasmiques avec le même ordre d’affinité (Ritz and Kuhar, 1993) mais ses propriétés renforçantes semblent être médiées plus particulièrement par son inhibition du DAT (Ritz and Kuhar, 1993). Dès lors, un nombre important de composés chimiques a été synthétisé en vue de développer une pharmacothérapie contre la dépendance à la cocaïne (Singh, 2000). Ces molécules peuvent être classées en six catégories : tropane, benztropine, analogues de la pipérazine, méthylphénidate, mazindol et analogues de la phencyclidine (pour revue, voir Dutta et al., 2003). Parmi les dérivés du tropane, les composés WIN 35428 (12β-carbométhoxy-3-(4-fluorophényl)-tropane ou CFT) et RTI-55 (22β- carbométhoxy-3β-[4-iodophényl]-tropane ou CIT) ont souvent été utilisés dans des études neuropharmacologiques. Ils ne sont pas très sélectifs puisqu’ils se lient également au NET (Kuhar et al., 1999), contrairement aux différents composés GBR (voir figure 8) qui possèdent une haute affinité et sélectivité pour le DAT. La benztropine est un inhibiteur du transport de dopamine, mais aussi un puissant agent anticholinergique utilisé en clinique dans le traitement de la maladie de Parkinson. Le méthylphénidate est utilisé cliniquement pour traiter les enfants hyperactifs et la phencyclidine se lie au DAT mais également aux récepteurs-canaux glutamatergiques de type NMDA. d/ Le DAT comme cible de toxines Deux toxines, la 6-OHDA (6-hydroxydopamine) et le MPP+ (1-méthyl-4- phenylpyridinium), sont transportées de manière spécifique par le DAT et sont largement utilisées en expérimentation animale pour l’obtention de modèles animaux de la maladie de Parkinson. La 6-OHDA ne passe pas la barrière hémato-encéphalique et doit donc être administrée par voie intracérébrale. Elle conduit à la mort des neurones dopaminergiques, probablement en augmentant la production de radicaux libres. Par ailleurs, différents travaux suggèrent une production physiologique de 6-OHDA par la substance noire, ce qui renforce l’intérêt de ce modèle. Le MPTP (1-méthyl-4-phényl-1,2,3,6-tétrahydropyridine) est une neurotoxine synthétique capable d’induire une dégénérescence des neurones dopaminergiques dans plusieurs espèces animales. Après injection périphérique, le composé traverse la barrière hémato-encéphalique, est métabolisé par les monoamine-oxydases en MPP+, qui inhibe le complexe mitochondrial I, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 32 Partie 1 - Introduction aboutissant à la mort des cellules. Il convient de noter que, contrairement à la 6-OHDA, la production de cette neurotoxine n’est pas endogène même si certaines hypothèses étiologiques suggèrent l’implication de composés chimiquement ou fonctionnellement proches du MPTP (isoquinolines, roténone, substances végétales présentes dans les pesticides) dans le déclenchement de la maladie de Parkinson humaine. 6/ Processus de régulation Depuis une quinzaine d’années, beaucoup de travaux se sont intéressés à la régulation des transporteurs plasmiques que l’on avait tendance à considérer dans le passé comme des constituants relativement stables de la membrane plasmique et qui se sont finalement révélés extrêmement dynamiques (pour revue, voir Gulley and Zahniser, 2003). a/ Régulation par glycosylation Le DAT nouvellement synthétisé dans le réticulum endoplamisque est transporté vers l’appareil de Golgi où il est glycosylé sur des résidus asparagine de la boucle extracellulaire, puis inséré dans la membrane plasmique. Ce processus n’est pas essentiel pour l’expression du DAT, puisque les transporteurs non glycosylés et matures atteignent tous deux la surface cellulaire, bien que la mutation des sites glycosylés réduise de manière significative l’expression membranaire du transporteur (Torres et al., 2003; Li et al., 2004). Le mécanisme mis en jeu reste inconnu : le DAT non glycosylé serait peut être plus accessible à la protéolyse ou alors moins stable à la surface cellulaire. Du côté fonctionnel, la substitution des trois sites de glycosylation entraîne une importante baisse de la vitesse maximale de transport (Vmax), corrélée ou non avec une augmentation de l’affinité, selon les études (Torres et al., 2003; Li et al., 2004). b/ Régulation par phosphorylation D’après la séquence primaire du DAT, on compte plusieurs sites consensus potentiels de phosphorylation par les protéines kinases. On a supposé que leur activation pouvait altérer l’affinité du transporteur pour ses substrats/inhibiteurs, ou mener à une diminution de l’activité du transporteur. Beaucoup d’études ont montré qu’un activateur de protéine kinase C, comme les esters de phorbol, engendrait une diminution de l’activité du transporteur et ce dans divers systèmes cellulaires exprimant le DAT : synaptosomes striataux (Vaughan et al., 1997), cellules COS (Pristupa et al., 1998), cellules PC12 (Melikian and Buckley, 1999), cellules MDCK (Daniels and Amara, 1999), cellules d’insectes (Pristupa et al., 1998) et ovocytes de Xénope BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 33 Partie 1 - Introduction (Zhu et al., 1997). Par microscopie à fluorescence ou fractionnement subcellulaire de cellules transfectées avec hDAT, Melikian et Buckley (1999) et Daniels et Amara (1999) ont montré que cette baisse d’activité était due à une internalisation des transporteurs au sein d’endosomes, qui pouvaient ensuite être recyclés à la surface ou dégradés, suivant les systèmes utilisés. L’activation de la protéine kinase C provoque une augmentation de la phosphorylation du DAT (Vaughan et al., 1997), majoritairement au niveau de son extrémité N-terminale (Foster et al., 2002). On a donc supposé que la phosphorylation de sites sérine/thréonine du transporteur était à l’origine du processus d’internalisation. Cependant, la mutation de ces sites (Chang et al., 2001), de même que la délétion de l’extrémité N-terminale du DAT (Granas et al., 2003) préviennent la phosphorylation du DAT par la protéine kinase C mais n’empêchent pas son internalisation. Ces deux mécanismes ne semblent donc pas directement liés et l’on peut supposer qu’il existe d’autres phosphoprotéines chargées de réguler l’activité du transporteur. L’inhibition de la phosphoinositide 3-kinase (PI3K ; Carvelli et al., 2002) et celle de la MAPK kinase (mitogen-activated protein kinase kinase ; Lin et al., 2003) conduisent également à une diminution de l’activité de transport, due à une redistribution du DAT de la surface cellulaire vers le cytosol (voir aussi chapitre C, paragraphe 4/ c). c/ Régulation par les substrats et les inhibiteurs • Dopamine Dans un modèle d’ovocyte de Xénope, il a été démontré qu’une exposition courte mais répétée de dopamine provoquait une baisse des courants associés au transport (Gulley et al., 2002). Dans des cellules HEK293, Saunders et collaborateurs ont montré qu’une exposition de 60 min à 10 μM de dopamine engendrait une diminution de la capacité de transport du DAT (Saunders et al., 2000). En revanche, ce résultat n’a pas été retrouvé avec des cellules MDCK (Daniels and Amara, 1999). La baisse de transport est là aussi associée à une localisation cytosolique accrue du transporteur, au détriment de son expression membranaire (Saunders et al., 2000). • Amphétamines La modulation du trafic du DAT n’a pas seulement lieu par des substrats endogènes, mais aussi par des psychostimulants, suggérant que ce processus serait impliqué dans le mécanisme d’addiction. Ainsi, dans des synaptosomes de rats, sacrifiés 1h après administration systémique de metamphétamine, on observe une diminution de la Vmax (Fleckenstein et al., 1997), sans modification d’affinité. Il en est de même pour des cellules HEK193 exprimant BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 34 Partie 1 - Introduction hDAT et exposées à l’amphétamine (Saunders et al., 2000). Par microscopie confocale, on a pu suivre le mouvement des transporteurs associés à une protéine fluorescente et conclure que l’inhibition fonctionnelle était due à une internalisation cellulaire. Par ailleurs, il a été précisé que l’activité intrinsèque du DAT n’était pas altérée et que le transporteur était pleinement actif juste avant sa redistribution cellulaire en réponse à l’amphétamine (Kahlig et al., 2004). Enfin, c’est l’amphétamine intracellulaire et non extracellulaire qui semble responsable de ce processus (Kahlig et al., 2006). Ajoutons que l’internalisation du DAT induite pas les différents substrats est atténuée en présence d’inhibiteurs sélectifs de la protéine kinase C (Sandoval et al., 2001; Gulley et al., 2002) ou de l’activation de la PI3K (Carvelli et al., 2002). • Cocaïne Chez l’homme et l’animal, de nombreuses études ont montré que l’administration répétée de cocaïne engendrait une augmentation du nombre de transporteurs de la dopamine (voir Zahniser and Doolen, 2001). Sur des préparations de synaptosomes striataux issues de cerveaux de cocaïnomanes décédés, la capacité de transport de dopamine est multipliée par deux par rapport aux contrôles (Mash et al., 2002), suggérant que cette augmentation de densité a également un effet fonctionnel in vivo. De même, sur des cellules HEK293 ou des synaptosomes de rats exposés à la cocaïne, la Vmax du DAT est accrue de 30 à plus de 50% (Daws et al., 2002). Une exposition à la cocaïne est également capable de bloquer l’internalisation du DAT induite par l’amphétamine (Saunders et al., 2000). d/ Régulation par les récepteurs dopaminergiques Bien que les résultats de certains travaux soient contradictoires (pour revue, voir Gulley and Zahniser, 2003), la plupart montre que l’activation des autorécepteurs D2 augmente le transport de dopamine, favorisant la diminution de concentration de dopamine extracellulaire, donc de la transmission dopaminergique, en accord avec le rôle inhibiteur de ces autorécepteurs. Des expériences de transport réalisées chez l’ovocyte de Xénope co-exprimant le DAT et le récepteur D2, démontrent que l’activation de ces récepteurs accroit la densité des sites de liaison du DAT (Mayfield and Zahniser, 2001). Cet effet est bloqué par un prétraitement à la toxine pertussique, qui inhibe l’activité des protéines Gi, suggérant que la fonctionnalité du récepteur D2 est nécessaire à ce type de régulation. Chez la souris invalidée pour le récepteur D2, la clairance de dopamine est réduite d’environ 50% (Dickinson et al., 1999). La dopamine pourrait donc réguler la fonction de son transporteur soit directement en tant que substrat (favorisant l’internalisation du DAT), soit par l’intermédiaire de ses récepteurs (augmentant la recapture de la dopamine extracellulaire). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 35 Partie 1 - Introduction e/ Régulation par interaction directe avec des protéines partenaires Il a été montré récemment que le DAT interagissait directement avec diverses protéines, capables de moduler sa fonction. Ce sujet fera l’objet d’un chapitre à part entière (voir chapitre C, paragraphe 4). 7/ Implication du DAT dans différentes pathologies psychiatriques Comme mentionné plus haut, il a été démontré que le DAT était impliqué dans divers troubles mentaux, principalement l’addiction aux drogues, le désordre de l’hyperactivité et du déficit d’attention, la schizophrénie et dans une moindre mesure, la dépression. Dans les paragraphes suivants ne seront traitées que les deux premières pathologies. a/ La dépendance aux drogues : exemple de la cocaïnomanie Quelque soit leur site d’action primaire, toutes les drogues jouent sur la transmission dopaminergique en augmentant la libération de dopamine dans le shell du noyau accumbens (Di Chiara and Imperato, 1988). • La cocaïne et ses effets physiologiques La cocaïne est un alcaloïde naturel extrait d'un arbuste d'Amérique du Sud : le cocaïer. Depuis plus de 3000 ans, les feuilles de coca (0,1% à 1,8% de cocaïne) sont utilisées par les Indiens des Andes pour leurs vertus thérapeutiques. Mâcher les feuilles de coca procure une légère euphorie, augmente l'endurance physique et réduit les effets du mal des montagnes et de la privation d'oxygène. La cocaïne (chlorhydrate de cocaïne) se présente le plus souvent sous la forme d'une poudre blanche floconneuse, hydrophile, qui peut être solubilisée dans l'eau et donc injectée, inhalée (sniffée) ou ingérée. Elle ne peut être fumée, car elle se décompose et devient donc inactive à une température proche de sa température de vaporisation (198°C). Au contraire, le « crack », cocaïne mélangée à du bicarbonate de soude ou de l’ammoniaque, présenté sous forme de petits cailloux, est chauffé pour en inhaler la fumée. L'usage de cocaïne provoque une euphorie immédiate, un sentiment de puissance intellectuelle et physique et une indifférence à la douleur, à la fatigue et à la faim (état de « high »). La prise répétée de cocaïne peut provoquer des troubles psychiques tels que des psychoses ou des hallucinations, une grande instabilité d'humeur, des délires paranoïdes ou des attaques de panique. La prise de cocaïne entraîne également une augmentation de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 36 Partie 1 - Introduction l'activité psychique ainsi que des insomnies, des amnésies et des phases d'excitation. Pendant la phase de « descente », l'euphorie laisse place à une anxiété et un état dépressif, souvent comblé par une prise de drogue. Au niveau périphérique, cette drogue se comporte comme un vasoconstricteur puissant. Selon le dernier rapport de l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies), la cocaïne est la substance illicite la plus consommée en France après le cannabis et sa consommation est à la hausse sur la dernière décennie. • Cibles de la cocaïne et effets addictifs Comme mentionné plus haut, la cocaïne se lie aux trois transporteurs des monoamines avec une affinité décroissante telle que : SERT> DAT>NET (Ritz and Kuhar, 1989). Néanmoins, la dopamine serait le neurotransmetteur le plus impliqué dans les propriétés renforçantes de cette drogue (Ritz and Kuhar, 1993). La liaison de la cocaïne au DAT engendre un changement de sa conformation, le rendant incapable de transporter la dopamine (Hastrup et al., 2003; Wang et al., 2003b). Cette inhibition aboutit à une augmentation de la concentration extracellulaire de dopamine libérée par les varicosités axonales et les dendrites, prolongeant son interaction avec ses récepteurs pré- et post-synaptiques et donc sa réponse cellulaire et comportementale. Récemment, il a été montré ex vivo que la cocaïne pouvait également augmenter la libération de dopamine (Lee et al., 2001b). Ce mécanisme passerait par la mobilisation de vésicules synaptiques dopaminergiques issues du pool de réserve et liées à une protéine synaptique, la synapsine (Venton et al., 2006). Néanmoins, la manière dont la cocaïne interagit avec la synapsine n’est pas encore établie. De nombreuses équipes ont cherché à déterminer le site de liaison de la cocaïne. Celleci et la dopamine ayant une structure assez différente, il est probable que les résidus nécessaires à leurs liaisons puissent se chevaucher sans être complètement identiques. Des analyses menées sur des chimères DAT-NET suggèrent que les sites de liaison résideraient dans des régions encadrant les TM5-8 et TM1-3 (Giros et al., 1994; Buck and Amara, 1995). Récemment, le résidu phénylalanine F105 du TM2 a été identifié comme fortement impliqué dans la liaison à la cocaïne puisque sa substitution en méthionine ou cystéine (F105M et F105C) décroît fortement la sensibilité à la cocaïne (de 4 à 15 fois), sans pour autant altérer le transport de dopamine de façon significative (Wu and Gu, 2003). Chen et collaborateurs (2005a) ont ensuite montré que d’autres mutations de résidus proches de F105C diminuaient encore plus la sensibilité à la cocaïne et notamment que la triple mutation L104V, F105C, A109V aboutissait à une affinité pour la cocaïne 69 fois moindre que celle du DAT sauvage de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 37 Partie 1 - Introduction souris. Cette triple mutation affecte également la liaison du méthylphénidate, confirmant que son site de liaison au DAT chevauche celui de la cocaïne, mais, de façon remarquable, n’a pas d’effet sur l’affinité de l’amphétamine, la metamphétamine et la dopamine. La capacité maximale de transport du DAT muté est plus faible que celle du DAT sauvage, mais les expériences de biotinylation indiquent que l’expression du transporteur à la surface cellulaire n’est que marginalement affectée, suggérant une vitesse de renouvellement diminuée du DAT mutant. Contrairement aux opiacés, le sevrage à la cocaïne n’induit pas de dépendance physique, mais conduit à une forte dépendance psychique. Les effets renforçants de cette drogue proviennent de l’augmentation de la concentration en dopamine au niveau des structures limbiques, principalement le noyau accumbens. Une consommation chronique de cocaïne provoque une augmentation du nombre de molécules du DAT, à l’origine d’une clairance plus rapide de la dopamine synaptique (Staley et al., 1994; Mash et al., 2002). Ceci pourrait expliquer le phénomène de tolérance, qui se traduit par une réponse comportementale d’intensité moindre pour une même dose de drogue. Après sevrage, l’expression du DAT (ARNm et protéine) est diminuée, notamment dans les régions limbiques. Cela pourrait partiellement expliquer pourquoi, suite à une longue période d’abstinence de plusieurs semaines à plusieurs mois, une dose challenge de cocaïne serait capable d’induire une accumulation de dopamine extracellulaire ainsi que des comportements associés de plus forte amplitude, comparés à l’injection initiale de la drogue. Ce processus de « sensibilisation comportementale » pourrait contribuer au besoin obsédant de la drogue et au fort taux de rechute des toxicomanes (Zahniser and Sorkin, 2004). Ces données montrent que la dopamine et le DAT jouent un rôle essentiel dans la dépendance à la cocaïne. Néanmoins, les souris invalidées pour le DAT (DAT KO ; Giros et al., 1996) sont toujours capables de s’auto-administrer de la cocaïne (Rocha et al., 1998). Celle-ci a encore la capacité d’élever la dopamine extracellulaire au niveau du noyau accumbens mais pas au niveau du striatum (Carboni et al., 2001). L’ensemble de ces résultats suggère que d’autres cibles de la cocaïne entrent en jeu dans le processus addictif. Ainsi, la cocaïne pourrait bloquer le NET, capable de transporter la dopamine au niveau du noyau accumbens, augmentant par conséquent sa concentration extracellulaire (Yamamoto and Novotney, 1998). Toutefois, la participation du NET dans le noyau accumbens est assez mineure et son inhibition chez les souris DAT KO ne modifie pas les taux extracellulaires de dopamine (Budygin et al., 2002). Par contre, il a été montré que le SERT jouait un rôle fondamental puisque des souris doublement invalidées pour le DAT et le SERT ne présentent plus de comportement de préférence de place conditionné à la cocaïne (Sora et al., 2001), contrairement aux souris NETBOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 38 Partie 1 - Introduction SERT double KO (Hall et al., 2002). L’interaction de la cocaïne avec le SERT et potentiellement le NET, semble donc nécessaire à l’initiation et au maintien des effets renforçants de cette drogue. • Lutte contre la cocaïnomanie Jusqu’à présent, il n’existe pas de traitement effectif de la dépendance à la cocaïne. Plusieurs stratégies pharmaco-thérapeutiques ont été développées, à savoir la recherche 1/ de molécules de substitution, n’ayant pas d’effets addictifs, 2/ de molécules « antagonistes » qui bloqueraient la liaison de la cocaïne aux transporteurs, 3/ de composés agissant à un site différent de celui de la cocaïne qui empêcheraient les effets fonctionnels de la drogue (voir (Dickerson and Janda, 2005). La thérapie de substitution a donné d’excellents résultats dans la dépendance à l’héroïne, remplacée par la méthadone et des résultats plus mitigés dans la tabaccodépendance, la nicotine pure remplaçant le tabac. La plupart des composés testés sont des dérivés de la cocaïne cités précédemment (voir paragraphe 5/b). Des études d’imagerie médicale par PET (Positron Emission Tomography) ont montré que l’occupation du DAT par la cocaïne était importante pour l’induction des effets renforçants. Des doses de 0,1 à 1 mg/kg de cocaïne occupent, respectivement, entre 53 et 87% des transporteurs chez le singe rhésus, confirmant le parallélisme entre un taux élevé d’occupation du DAT et l’efficacité de la cocaïne (Volkow et al., 1996). De la même manière, un fort taux d’occupation du DAT par les inhibiteurs est nécessaire à leur efficacité. Le RTI-113 est capable de diminuer l’auto-administration de cocaïne chez les singes lorsqu’il occupe entre 72 et 84% du nombre total de DAT (Wilcox et al., 2002). Toutefois, l’usage des ligands actuels reste limité puisque beaucoup d’entre eux provoquent une dépendance. Une autre approche intéressante consiste à créer des protéines conçues pour lier la cocaïne afin de bloquer ses effets ou de la dégrader, la rendant moins psychoactive. Ainsi, l’immunisation de rongeurs avec des anticorps anti-cocaïne a permis l’inhibition efficace de l’effet du psychostimulant, car les anticorps développés sont capables de lier la drogue dans la circulation sanguine (Kantak et al., 2000; Carrera et al., 2001). Néanmoins, ils ont une action uniquement périphérique et la cocaïne non liée par ces anticorps entre dans le cerveau et peut alors exercer ses effets psychoactifs. Plus récemment, la technique du « phage display » a été adaptée au traitement contre la cocaïnomanie. Dans cette technique, un bactériophage exprime des anticorps anti-cocaïne par milliers à sa surface, capables de séquestrer la cocaïne et peut se multiplier au sein du cerveau. Administré par voie intra-nasale, le virus pénètre dans le BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 39 Partie 1 - Introduction cerveau par les terminaisons nerveuses olfactives, offrant un traitement rapide et restreint au système nerveux central (Dickerson and Janda, 2005). Par rapport aux stratégies de développement d’antagonistes, les anticorps bloquants présentent deux avantages. Premièrement, ils bloquent la cocaïne « à la source », ce qui est plus facile que de bloquer les effets de la cocaïne, qui agit sur plusieurs transporteurs différents. Deuxièmement, les anticorps bloquants sont « en veille », ils ne risquent pas d’affecter la fonction normale de neurotransmission et n’interviennent qu’en présence de cocaïne. Une dernière approche consiste à injecter des anticorps catalytiques, dégradant spécifiquement le groupement ester-benzoyl de la cocaïne. Cette technique, qui accélère la clairance de la cocaïne, a été efficace sur des modèles d’overdose chez les rongeurs mais les constantes cinétiques de catalyse doivent être améliorées avant de lancer un développement clinique (Meijler et al., 2004). De plus, on peut s’interroger sur l’efficacité de ce type de traitement chez l’homme, qui peut être contrecarré par l’augmentation des prises de cocaïne par le toxicomane. Ces différentes techniques semblent prometteuses, mais ne prennent pas en compte l’effet de dépendance psychologique, le besoin que ressentent les toxicomanes de prendre de la drogue. Un traitement pharmaco-thérapeutique devra donc toujours être associé à un suivi psychologique, notamment basé sur la désensibilisation des indices comportementaux, comme c’est le cas actuellement pour d’autres types de dépendance. b/ Le désordre de l’hyperactivité et du déficit d’attention (ADHD) • Définition et bases biologiques Le désordre de l’hyperactivité et du déficit d’attention (ADHD) touche 5-10% des enfants scolarisés et 3-5% des adultes aux Etats-Unis. Il se caractérise cliniquement chez le jeune enfant par une impulsivité, des troubles de l’attention et une hyperactivité motrice (voir Madras et al., 2005). Jusqu'à récemment, on croyait que ces symptômes disparaissaient à l'adolescence avec les changements hormonaux et développementaux. Or, il est maintenant reconnu que plusieurs des symptômes persistent chez une majorité d’adultes. En fait, l'hyperactivité se résorbe à l'adolescence, mais les déficits d'attention peuvent persister dans 30 à 70% des cas. D’autre part, on trouve une forte co-morbidité avec d’autres maladies, telles que des troubles de l’humeur, les troubles bipolaires et anxieux, le syndrome Gilles de la Tourette aisi que les troubles addictifs. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 40 Partie 1 - Introduction Plusieurs études d’imagerie par résonance magnétique (IRM) ont rapporté des altérations morphologiques et fonctionnelles cérébrales telles qu’une réduction de la taille des ganglions de la base, du corps calleux, du cortex préfrontal et du cervelet (voir Durston, 2003; Sowell et al., 2003). Par imagerie fonctionnelle (IRMf), une étude a montré une activation striatale réduite chez des enfants souffrant d’ADHD lors de tâches cognitives faisant intervenir une réponse inhibitrice (Vaidya et al., 1998). Des études de jumeaux et d’adoption ont montré que des facteurs génétiques intervenaient pour 70% de l’étiologie (Biederman and Faraone, 2002). Certains gènes de la transmission dopaminergique, sérotoninergique et noradrénergique ont été impliqués dans l’étiologie de la maladie comme les récepteurs dopaminergiques D4 et D5, sérotoninergiques, les transporteurs DAT, SERT et NET ainsi que la protéine synaptique SNAP 25 (Yang et al., 2004; Faraone et al., 2005). • Rôle du DAT étudié par génétique et neuroimagerie En 1995, Cook et collaborateurs montrent pour la première fois une association entre l’ADHD et un polymorphisme allélique du DAT situé dans la partie 3’ non traduite du gène. Toutefois, ce résultat n’a pas toujours été confirmé par d’autres équipes : des méta-analyses réalisées récemment ont soit trouvé un effet significatif mais faible (Faraone et al., 2005), soit aucune association (Purper-Ouakil et al., 2005; Li et al., 2006). Néanmoins, les souris invalidées pour le DAT (DAT KO, Giros et al., 1996) reproduisent certains symptômes de l’ADHD (Gainetdinov et al., 2001a ; voir paragraphe 8/c}. Chez l’homme, et plus particulièrement l’enfant, de nombreuses études de neuroimagerie ont cherché à déterminer une altération potentielle de la densité de DAT, à l’aide de différents ligands radioactifs (voir Spencer et al., 2005). Ainsi, des travaux de SPECT (Single Photon Emission Computed Tomography) réalisés en 1999 avec le ligand altropane indiquaient que la densité du DAT était augmentée d’environ 70% dans le striatum de patients atteints d’ADHD (Dougherty et al., 1999). Avec un autre ligand, le TRODAT-1, Dresel et collaborateurs (2000) ont trouvé une liaison au DAT augmentée de 17%. Une étude plus poussée a distingué des sous-populations de patients ADHD et démontré que l’augmentation de liaison au DAT ne concernait que les patients hyperactifs comparés aux patients inattentifs (Krause et al., 2003). De plus, ce résultat n’était valable que pour les sujets non fumeurs. Une autre étude utilisant l’altropane a détecté une augmentation de 30% de densité du DAT chez les malades. Cheon et collaborateurs (2003) ont trouvé un effet de latéralisation, avec une densité de liaison au DAT accrue de 40% dans le striatum gauche et de 51% dans le striatum droit d’enfants atteints d’ADHD. Cependant, une autre étude n’a pas trouvé d’altération de liaison au DAT (van Dyck et BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 41 Partie 1 - Introduction al., 2002). Une autre technique plus résolutive utilisée en imagerie est la tomographie par émission de positrons (PET), mais peu de travaux ont été publiés à l’heure actuelle. Des premiers résultats confirment une hausse de 30% de liaison dans le striatum de patients atteints (Spencer et al., 2005) alors qu’une autre étude ne trouve pas de différence significative (Jucaite et al., 2005). En résumé, les résultats de ces études d’imagerie penchent en faveur d’une augmentation de la liaison au DAT chez les patients souffrant d’ADHD. Toutefois, les taux ne sont pas toujours concordants, suivant les caractéristiques cliniques des échantillons de patients étudiés (comorbidité, consommation antérieure de cigarettes ou de drogues, ethnie, âge,..), la spécificité et la lipophilie du ligand utilisé. • Traitement thérapeutique et mécanismes d’action potentiels Paradoxalement, le traitement thérapeutique de l’ADHD consiste en l’administration de faibles doses de psychostimulants : amphétamine et méthylphénidate (Ritalin), ciblant le DAT et, plus récemment, l’atomoxétine, inhibiteur sélectif du NET. Néanmoins, les mécanismes d’action thérapeutique de ces drogues ne sont pas encore bien connus. Comme mentionné précédemment, le méthylphénidate est un inhibiteur du DAT, qui se fixe sur un autre site que la dopamine et qui empêche l’activité de transport de la dopamine. L’amphétamine est un substrat du DAT et un inhibiteur compétitif : elle se fixe sur le même site que la dopamine et une fois entrée dans le neurone, elle est séquestrée dans les vésicules synaptiques par VMAT2, favorisant la libération de dopamine des vésicules vers le cytoplasme, puis vers le milieu extérieur par transport inverse du DAT (Sulzer et al., 2005). L’effet pharmacologique de ces drogues est probablement dû en partie aux densités relatives du DAT et du NET dans différentes régions du cerveau, ainsi que les affinités pour chacun des deux transporteurs (Madras et al., 2005). Il a été montré que le méthylphénidate, l’amphétamine et l’atomoxétine augmentent les concentrations extracellulaires de dopamine et noradrénaline au niveau du cortex préfrontal. Ces concentrations élevées pourraient notamment amplifier l’activité des récepteurs dopaminergiques D4 et D5, remédiant à l’hypofrontalité supposée dans cette maladie. Dans le cortex frontal, la densité du DAT est faible, tandis que celle du NET est importante et le NET a une meilleure affinité pour la dopamine que le DAT lui même. L’atomoxétine empêcherait donc sélectivement la capture de dopamine via le NET. Au niveau du striatum, l’élévation de la concentration extracellulaire de dopamine induite par le méthylphénidate a été confirmée par PET (Volkow et al., 2002a; 2002b). Cette augmentation de dopamine pourrait amplifier l’activation des autorécepteurs, réduisant ainsi la BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 42 Partie 1 - Introduction transmission dopaminergique. Ceci résulterait en une diminution d’activité des récepteurs postsynaptiques responsables de l’activité locomotrice (Seeman and Madras, 1998; 2002). Cependant, cette hypothèse n’est pas étayée par des résultats électrophysiologiques montrant qu’il n’y a pas de doses de méthylphénidate et d’amphétamine activant les autorécepteurs de façon préférentielle par rapport aux autres récepteurs (Ruskin et al., 2001). Quelques équipes ont étudié l’action du méthylphénidate par imagerie et ont reporté une diminution des sites du DAT après traitement (Krause et al., 2003; Vles et al., 2003). On serait tenté de croire à une normalisation des sites augmentés chez les patients ADHD, cependant, l’interprétation de la liaison dépend à la fois de la cinétique d’administration du traitement et de l’imagerie. En effet, dans les travaux de Krause, la dernière dose de méthylphénidate a été donnée 90 mn avant la prise d’images, il est donc probable qu’une large proportion de la baisse de liaison soit due à l’occupation des sites du DAT et non à une réelle diminution de densité des sites. 8/ Les souris invalidées pour le DAT : modèle animal pour la schizophrénie et l’ADHD ? Dans le but de mieux comprendre le rôle du DAT au sein du système nerveux central, Giros et collaborateurs (1996) ont généré des souris invalidées pour le DAT ou DAT KO. a/ Phénotype • Caractérisation biochimique Chez ces souris DAT KO, des expériences de voltamétrie cyclique et de microdialyse ont révélé que la dopamine restait 300 fois plus longtemps à la synapse, aboutissant à une concentration de dopamine extracellulaire 5 fois plus grande (figure 10 ; Giros et al., 1996). Ceci démontre bien le rôle capital du DAT dans l’élimination physique de la dopamine synaptique puisque aucun autre mécanisme n’est capable de compenser l’absence du DAT : ainsi, la clairance de dopamine n’est pas modifiée par des inhibiteurs des transporteurs de sérotonine et de noradrénaline ou par l’inhibition sélective des enzymes catalytiques MAO et COMT (Giros et al., 1996; Jones et al., 1998). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 43 Partie 1 - Introduction Figure 10 : Représentation schématique des adaptations moléculaires touchant les synapses des souris DAT KO. Chez les souris DAT KO, l’excès de dopamine extracellulaire tend à être compensé par une diminution des taux intracellulaires de TH et de dopamine, ainsi que des récepteurs dopaminergiques D1 et D2 tandis que le récepteur D3 est augmenté. L’expression de la dynorphine (Dyn), qui est sous contrôle activateur de la dopamine via le récepteur D1, augmente alors que le niveau d’expression de la préproenképhaline (PPA), sous contrôle inhibiteur de la dopamine via le récepteur D2 baisse. Chez ces mutants, la tyrosine hydroxylase striatale est abaissée de 90%, mais son activité de synthèse est multipliée par 2, néanmoins la dopamine intracellulaire et sa libération sont réduites de 95% et 75% respectivement. En réponse à la hausse de dopamine extracellulaire, la densité des récepteurs dopaminergiques D1 et D2 est diminuée d’environ 50% dans le striatum (Giros et al., 1996; Fauchey et al., 2000). En revanche la densité des récepteurs D3 est augmentée (Fauchey et al., 2000; Weiss et al., soumis). Des travaux électrophysiologiques et biochimiques ont démontré que le couplage fonctionnel des autorécepteurs D2/D3 était perdu dans la substance noire et l’aire tegmentale des souris KO (Jones et al., 1999). Par ailleurs, il a été montré que les transcrits de la préproenképhaline A, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 44 Partie 1 - Introduction sous le contrôle inhibiteur de la dopamine via le récepteur D2 sont réduits, alors que ceux de la dynorphine, régulés positivement par la dopamine via le récepteur D1 sont augmentés, ceci malgré la baisse de densité observée pour ces deux récepteurs (Gainetdinov et al., 1999a). Par conséquent, l’ensemble de ces données est en faveur d’une hyperdopaminergie, tout au moins dans le striatum des souris DAT KO. • Caractérisation comportementale D’un point du vue physiologique, la délétion du DAT entraîne un changement de libération des hormones hypophysaires (hormone de croissance et prolactine ; Bosse et al., 1997) qui pourrait être responsable de la croissance altérée des souris, inférieures de 30% en taille et en poids comparées aux sauvages, de l’incapacité des femelles homozygotes à allaiter leurs petits et de la perturbation du comportement maternel (Giros et al., 1996). On note également un fort taux de mortalité péri-sevrage chez les KO, probablement dû à un défaut de motilité intestinale. Au point de vue comportemental, ces souris présentent une importante hyperlocomotion spontanée accompagnée de stéréotypies marquées, ainsi qu’une hyperlocomotion en réponse à la nouveauté (Giros et al., 1996; Gainetdinov et al., 1999a; Spielewoy et al., 2000). Aucune habituation locomotrice n’est observée chez ces souris après exposition journalière au même environnement (Spielewoy et al., 2000). L’hyperlocomotion peut être réversée par inhibition de la synthèse de dopamine ou blocage des récepteurs dopaminergiques (halopéridol et clozapine). Ces mutants sont toujours capables de s’auto-administrer de la cocaïne (Rocha et al., 1998), qui induit une augmentation de libération de dopamine au niveau du noyau accumbens mais pas au niveau du striatum (Carboni et al., 2001). D’un point de vue cognitif, les souris mutantes révèlent des déficits dans un test de labyrinthe à 8 bras avec augmentation des erreurs de persévération (Gainetdinov et al., 1999b), mais pas de déficit d’apprentissage de type associatif dans des tests de discrimination olfactive (Rodriguiz et al., 2004). En revanche, elles présentent un fort déficit d’apprentissage associatif dans le test du labyrinthe aquatique de Morris et des performances quasi-normales dans la version spatiale de ce test, avec toutefois un important retard d’apprentissage (Morice et al., soumis). D’autre part, les animaux DAT KO présentent une altération de l’inhibition du réflexe de sursaut (PPI), utilisé comme marqueur d’un déficit d’intégration sensorimotrice (Ralph et al., 2001), ainsi qu’une diminution de la latéralisation « pattuelle » (Morice et al., 2005), reflétant probablement des déficits cognitifs. Enfin, ces souris sont plus réactives et montrent plus de comportements agressifs envers leurs congénères (Rodriguiz et al., 2004). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 45 Partie 1 - Introduction b/ Un modèle pour la schizophrénie ? La schizophrénie se manifeste par des symptômes productifs (délires, hallucinations) et déficitaires (retrait social, anhédonie), ainsi que des déficits cognitifs. L’étiologie de cette pathologie est complexe, incluant des composantes génétique et environnementale, et peu connue encore à l’heure actuelle (pour une description plus détaillée de la schizophrénie, voir Partie II). Plusieurs hypothèses ont été proposées, dont l’hypothèse dopaminergique, selon laquelle l’hyperactivité du système dopaminergique ou une sensibilité accrue à la dopamine serait responsable des symptômes des schizophrènes. Une diminution de la transmission glutamatergique est également suspectée dans cette maladie. Les souris DAT KO, à l’instar d’autres modèles animaux, reproduisent certains traits de la schizophrénie, à savoir une hyperactivité, des stéréotypies, un déficit du filtrage sensorimoteur et des déficits cognitifs, améliorés par des neuroleptiques (Giros et al., 1996; Gainetdinov et al., 1999a; Ralph et al., 2001 ; Morice et al, soumis). L’hyperactivité des souris peut être augmentée par l’administration d’antagonistes des récepteurs glutamatergiques NMDA (Gainetdinov et al., 2001b), reflet d’une hypoglutamatergie probable et inhibée par des neuroleptiques (Spielewoy et al., 2000). Ces animaux présentent également un défaut de latéralisation pattuelle (Morice et al., 2005) qui pourrait être mis en relation avec une augmentation probable de l’ambidextrie chez les schizophrènes, bien que celle-ci soit discutée (Dragovic and Hammond, 2005). Par imagerie, il a également été montré une perte de l’asymétrie hémisphérique de la liaison au DAT au niveau du striatum des schizophrènes non traités (Hsiao et al., 2003). Toutefois, d’autres comportements ne corrèlent pas avec ceux retrouvés chez les patients schizophrènes. Ainsi, ces souris ne présentent pas de comportements reproduisant la symptomatologie négative de la schizophrénie comme un déficit d’interactions sociales (Spielewoy et al., 2000). D’autre part, l’administration de psychostimulants, qui exacerbe les réactions psychotiques chez les patients, provoque un effet calmant paradoxal chez les souris DAT KO (Gainetdinov et al., 1999b). En résumé, les souris DAT KO peuvent représenter un modèle suffisamment pertinent pour étudier certains aspects de la schizophrénie (Gainetdinov et al., 2001a) même si aucune étude clinique n’a réussi à montrer une association entre les marqueurs du gène du DAT et la schizophrénie (Bodeau-Pean et al., 1995; Persico and Macciardi, 1997; Gamma et al., 2005). c/ Un modèle pour l’ADHD ? Comme mentionné précédemment, des études de méta-analyse ont conclu à une association non significative entre un polymorphisme du gène du DAT et l’ADHD (Li et al., 2006). Cependant, les souris DAT KO montrent plusieurs comportements caractéristiques de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 46 Partie 1 - Introduction l’ADHD comme l’hyperactivité spontanée et liée à la nouveauté, des déficits cognitifs et une réponse calmante paradoxale des psychostimulants, amphétamine et méthylphénidate. Ces souris constitueraient donc un très bon modèle pour reproduire certains symptômes de l’ADHD, même si l’étiologie, à savoir le dysfonctionnement du DAT, n’est peut être pas la cause primaire de cette pathologie. C/ DAT et protéines partenaires 1/ La protéomique : définition et intérêt Le séquençage systématique des génomes ainsi, que le développement d’outils analytiques ont permis de faire émerger la « protéomique », domaine qui regroupe plusieurs technologies ayant pour objectif d’étudier la nature, la fonction et les interactions protéiques à l’échelle d’une cellule entière, voire d’un organisme entier. Les protéines forment des réseaux d’interaction dynamiques, au sein desquels elles interagissent et se régulent entre elles. La protéomique envisage l’étude à grande échelle des interactions protéine-protéine ou de complexes afin d’établir une carte d’interactions protéiques (« interactome »). En effet, une seule protéine peut interagir avec différents partenaires sous différentes conditions, ce qui résulte en diverses réponses biologiques, dépendant du partenaire. Ainsi, la connaissance d’un interactome est d’un intérêt capital pour la compréhension des mécanismes moléculaires intervenant dans le fonctionnement cellulaire normal et pathologique. 2/ Principe du double-hybride En 1989, Fields et Song introduisent une nouvelle technique, nommée double-hybride, permettant d’étudier les interactions directes entre deux protéines. Cette méthode génétique est basée sur la structure modulaire des facteurs de transcription eucaryotes. Généralement, ces facteurs ont deux domaines fonctionnels distincts : le domaine liant l’ADN (DBD : DNA Binding Domain), qui se lie à des séquences spécifiques d’ADN et le domaine activateur (AD : Activator Domain), qui active la transcription. Ces deux modules peuvent être séparés et échangés d’un facteur de transcription à un autre sans altérer leurs fonctions. Le système du double-hybride BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 47 Partie 1 - Introduction en levure repose sur trois composants de base (figure 11) : 1/ un vecteur appât, exprimant une protéine connue en fusion avec le DBD, comme GAL 4 ou LexA ; 2/ un vecteur proie, exprimant l’ADNc d’une protéine, souvent issu d’une banque génomique, en phase avec AD ; 3/ des vecteurs rapporteurs permettant l’expression de gènes rapporteurs (gènes dont l’expression peut être facilement détectable ou mesurable) en aval des séquences liant le DBD. Ces vecteurs, le plus souvent intégrés au génome de la levure, portent les gènes lacZ pour une sélection par la couleur et/ou des marqueurs d’auxotrophie, LEU2, HIS3, ou ADE2 (la levure est alors incapable de métaboliser ces acides aminés essentiels pour sa survie) pour une sélection par la croissance. Figure 11 : Le système du double-hybride en levure D’après Cho et al., 2004. La protéine appât (X), fusionnée au domaine de liaison à l’ADN (DBD) et la protéine proie (Y), en fusion avec le domaine activateur de la transcription (AD) sont co-exprimées dans le noyau d’une cellule de levure contenant des gènes rapporteurs. (A) Lorsqu’il y a interaction entre les protéines proie et appât, le facteur de transcription est reformé, permettant la transcription des gènes rapporteurs, ce qui engendre une coloration ou la pousse de la levure sur milieu sélectif. (B) Si la proie n’interagit pas avec l’appât, il n’y a pas de transcription des gènes rapporteurs et la levure est incapable de se colorer ou de croître sur milieu sélectif. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 48 Partie 1 - Introduction Les vecteurs contenant l’appât et la proie peuvent être transformés (introduits) dans des levures haploïdes de signe sexuel différent, qui vont par la suite être conjuguées, ou bien cotransformées dans la même cellule de levure. L’activation de la transcription d’un gène rapporteur n’intervient que lorsqu’il y a interaction directe entre les protéines proie et appât dans le noyau de la levure. Deux méthodes existent : la méthode à « puce » (« array ») et la méthode « criblage de banque » (figure 12, voir Cho et al., 2004). Dans la première, une souche de levure haploïde exprimant la protéine appât est conjuguée individuellement avec une puce contenant des cellules de signe sexuel opposé, portant de nombreuses proies différentes. Les interactions sont analysées par croissance sur milieu sélectif en plaque de 96 puits. Dans la deuxième méthode, plusieurs souches de protéines proies sont réunies pour créer une banque et conjuguées avec un jeu de souches appâts. Les colonies positives sur milieu sélectif sont sélectionnées et les vecteurs proies sont séquencés afin de déterminer la séquence codante de chaque insert d’ADNc. Figure 12 : Stratégie de double-hybride à grande échelle. D’après Cho et al., 2004. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 49 Partie 1 - Introduction 3/ Avantages et limites Le double-hybride présente l’avantage de pouvoir étudier, relativement facilement et de façon peu onéreuse, l’interaction de protéines inconnues, à partir d’une banque d’ADNc, qui peuvent ensuite être facilement extraits et séquencés. L’expérience d’interaction a lieu in vivo, au sein de levures vivantes, et l’interaction entre des protéines peu abondantes ou ayant un degré d’interaction faible ou transitoire peut néanmoins être détectée. Cette technique à grande échelle a permis d’analyser les interactions protéiques au sein de plusieurs organismes comme Saccharomyces cerevisiae (Uetz et al., 2000; Ito et al., 2001), Caenorhabditis elegans (Walhout et al., 2000; Boulton et al., 2002), Helicobacter pylori (Rain et al., 2001) et Vaccina virus (McCraith et al., 2000). Toutefois, cette technique est également connue pour donner une grande proportion (environ 50%) de clones faux positifs, dont l’interaction n’est pas retrouvée avec d’autres techniques ou n’a pas lieu physiologiquement. Ceci est dû aux propriétés intrinsèques de la technique du double-hybride, qui force les protéines appâts et proies à être localisées ensemble au sein du noyau de la levure. Une autre contrainte de cette technique est que les protéines de fusion doivent rester solubles. Les protéines à domaines transmembranaires hydrophobes sont donc généralement sous-représentées puisqu’elles ont tendance à précipiter. D’autre part, il peut y avoir un mauvais arrangement protéique, entraînant une instabilité de la protéine de fusion. Des interactions protéiques peuvent ne pas être détectées lorsqu’elles requièrent des modifications post-traductionnelles (glycosylations ou phosphorylations). Il arrive également que des protéines appât soient auto-activatrices, activant directement la transcription du gène rapporteur, ou bien que certaines protéines se lient de manière non spécifique avec plusieurs autres. Il s’avère donc essentiel de confirmer l’interaction trouvée par d’autres techniques (coimmunoprécipitation, pull-down, immunofluorescence, hybridation in situ,...). 4/ Les partenaires identifiés du DAT Etant donnée l’implication des transporteurs plasmiques dans la fonction de neurotransmission, la réponse aux drogues et les maladies psychiatriques, la protéomique a rapidement été appliquée à l’identification de leurs nombreux partenaires moléculaires. Depuis six ans, principalement par double-hybride, plusieurs protéines ont été identifiées comme BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 50 Partie 1 - Introduction interagissant directement avec les extrémités cytoplasmiques du DAT et régulant sa fonction (pour revue, voir Torres, 2006). a/ Interaction directe avec l’extrémité carboxy-terminale du DAT • PICK1 (protein interacting with C kinase 1) En choisissant comme appât la partie C-terminale du DAT humain (Glu578-Val620), Torres et collaborateurs (2001) ont criblé une banque d’ADNc de cerveau humain et ont obtenu environ 20 millions de transformants, dont 3 clones positifs codant pour la phase ouverte de lecture entière de la protéine PICK1. Cette protéine contient un domaine PDZ (Post synaptic density 95/ Discs large/ Zona occludens-1) dans sa partie amino-terminale, qui est essentiel pour la liaison, la co-localisation synaptique et l’agrégation des récepteurs glutamatergiques AMPA (Xia et al., 1999) et de canaux ioniques à la synapse (Kim and Sheng, 2004). La mutation de ce domaine PDZ abolit l’interaction avec le DAT, révélant que ce domaine est également nécessaire à l’interaction avec le transporteur. La séquence responsable de l’interaction au niveau du hDAT a été localisée à son extrémité C-terminale (résidus lysineleucine-valine 618 à 620), constituant un site de liaison au domaine PDZ. Transfecté dans des neurones dopaminergiques, un mutant de ce site est incapable d’avoir une localisation correcte, suggérant que PICK1 pourrait être important pour l’adressage du DAT au niveau des terminaisons synaptiques (Torres et al., 2001). D’autres séquences semblent aussi nécessaires (Bjerggaard et al., 2004). La co-transfection de DAT et de PICK1 dans des cellules HEK-293 a permis de montrer que les deux protéines co-localisaient en agrégats à la membrane plasmique. Par des expériences de biotinylation de surface, Torres et collaborateurs (2001) ont démontré que l’expression du DAT à la membrane était augmentée, ce qui se traduisait par une plus forte capacité de transport de la dopamine (Vmax multipliée par 2). Etant donné que PICK1 a initialement été identifiée comme une protéine liant la protéine kinase C, il est probable que l’internalisation du DAT due à cette protéine kinase puisse être régulée par PICK1. Notons que PICK1 interagit également avec le NET et, au vu de la grande homologie de séquence avec le DAT, PICK1 a probablement les mêmes fonctions avec cet autre transporteur (Torres et al., 2001). • Hic 5 En 2002, une deuxième protéine interagissant avec l’extrémité C-terminale du DAT a été identifiée (Carneiro et al., 2002). Il s’agit de la protéine Hic 5 qui appartient à la famille des protéines d’adhésion focales, protéines adaptatrices contenant des domaines LIM (Lin-11, Isl-1, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 51 Partie 1 - Introduction Mec-3 ; Thomas et al., 1999). L’interaction est médiée par la portion amino-terminale de l’extrémité C-terminale du DAT (571-580) et la région à domaines multiples LIM de Hic 5. Exprimée en cellules, Hic 5 réduit l’activité de transport du DAT (30%) en diminuant son expression à la membrane. Les auteurs ont vérifié que Hic 5 et DAT sont co-localisés dans des neurones dopaminergiques en culture et ont co-immunoprécipité les deux protéines à partir de lysats striataux (Carneiro et al., 2002). A ce jour, la signification physiologique de cette interaction n’est pas encore élucidée, mais il a été montré que Hic 5 interagissait également avec le NET et, dans une moindre mesure, avec le SERT. • Alpha-synucléine Lee et collaborateurs (2001a) ont utilisé la technique du double-hybride pour tester l’interaction hDAT-alpha-synucléine. Cette protéine, enrichie au niveau des terminaisons, est retrouvée dans les plaques amyloïdes de la maladie d’Alzheimer et se trouve être le principal composant des corps de Lewy, corps d’inclusions intraneuronaux caractéristiques de la maladie de Parkinson. Des formes mutées de l’alpha-synucléine ont également été liées à des cas familiaux de cette dernière maladie. Cette protéine largement étudiée, qui appartient à la famille du gène synucléine (comprenant également les formes β et γ), est composée de trois domaines modulaires : une extrémité N-terminale en hélice alpha, un domaine β-amyloïde codant pour le composant non-Aβ (NAC) des plaques amyloïdes de la maladie d’Alzheimer et une extrémité Cterminale acide. Cette structure lui permet d’exister sous une forme native non repliée ou sous une forme d’hélice alpha en présence de phospholipides, impliquant une régulation dynamique selon le milieu cellulaire local (Davidson et al., 1998). La fonction de cette protéine est encore inconnue à ce jour, mais plusieurs études suggèrent qu’elle joue un rôle dans la maturation et la maintenance des synapses (George, 2002), ainsi que dans l’organisation des composants membranaires, où elle interviendrait dans les processus de synthèse, maintenance et fusion des vésicules présynaptiques (Madine et al., 2006). L’interaction a lieu entre le domaine NAC (résidus 58-107) de l’alpha-synucléine et les 22 derniers acides aminés de l’extrémité C-terminale du DAT (Glu598-Val620 ; Lee et al., 2001a; Wersinger and Sidhu, 2003). Cette interaction a été confirmée par des expériences de co-immunoprécipitation (Wersinger and Sidhu, 2003; Wersinger et al., 2003). En revanche, ces auteurs observent une inhibition du transport de dopamine (35%) associée à une diminution d’expression à la surface du DAT, après co-transfection du transporteur et de l’alpha-synucléine dans diverses lignées cellulaires, contrairement à ce qui avait initialement été décrit par Lee et son équipe (2001). Récemment, Wersinger et Sidhu (2005) ont démontré qu’une dissociation du réseau de microtubules, au sein de cellules co-transfectées ou de neurones BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 52 Partie 1 - Introduction mésencéphaliques, reversait l’inhibition de transport du DAT induite par l’alpha-synucléine, entraînant une augmentation de l’activité du transporteur. Toutefois, des souris invalidées pour les deux formes de synucléine, α- et β-, ont des niveaux normaux de capacité de transport de dopamine, indiquant que peut être l’isoforme γ serait capable d’interagir avec le DAT et de compenser la perte de la forme α (Chandra et al., 2004). Ajoutons qu’il a été montré récemment, par co-immunoprécipitation, que l’alphasynucléine était aussi capable d’interagir avec le SERT par son domaine NAC, ce qui conduit, tout comme l’interaction avec le DAT, à une diminution de l’activité et de l’expression membranaire du transporteur (Wersinger et al., 2006). b/ Interaction directe avec l’extrémité amino-terminale du DAT • RACK1 et syntaxine 1A Par la technique de double-hybride, Lee et collaborateurs (Lee et al., 2004) ont identifié une interaction entre l’extrémité N-terminale du hDAT (résidus 1-65) et les protéines RACK1 (Receptor for Activated C Kinases) et syntaxine 1A. RACK1 a été décrite comme une protéine intervenant dans les signaux médiés par la protéine kinase C, facilitant l’ancrage de molécules de protéine kinase C activées à la membrane près de leurs substrats (Ron et al., 1994). Cependant, RACK1 interagit avec de nombreuses autres protéines (voir Schechtman and Mochly-Rosen, 2001; McCahill et al., 2002). Toutes ces interactions ne dépendent pas de la stimulation de la protéine kinase C, suggérant que RACK1 pourrait faciliter la formation de signaux complexes en réponse à des stimuli distincts. La syntaxine 1A est un membre de la famille des protéines SNARE (soluble Nethylmaleimide-sensitive factor attachment protein receptor), impliquées dans la fusion des vésicules synaptiques à la membrane plasmique engendrant la libération du neurotransmetteur. Il a été montré que la syntaxine 1A inhibait le transport de GABA et de noradrénaline (Horton and Quick, 2001; Sung et al., 2003; Wang et al., 2003a). Dans les deux cas, l’interaction de la syntaxine 1A avec le transporteur semble être un régulateur positif de l’expression du transporteur à la membrane et un régulateur négatif de son activité. Etant donnée la grande homologie de séquence entre le DAT et le NET, on peut supposer que la syntaxine 1A a des effets similaires sur la régulation du DAT. La syntaxine 1A interagit également avec le transporteur de la glycine GLYT-2 et contrôlerait spécifiquement l’arrivée du transporteur à la surface membranaire (Geerlings et al., 2001). D’autre part, l’immunoprécipitation de lysats de synaptosomes de cerveau de rat, à l’aide d’un anticorps anti-DAT, résulte en la co-précipitation BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 53 Partie 1 - Introduction de la syntaxine 1A et de RACK1, suggérant que ces trois protéines forment un complexe qui pourrait médier la phosphorylation du DAT par la protéine kinase C et ainsi réguler son trafic. c/ Autres interactions • Protéine kinase C (PKC) Comme décrit plus haut (voir chapitre 6/ Processus de régulation), de nombreuses études ont montré que l’activation de la PKC provoquait la redistribution membranaire du DAT et jouait un rôle dans l’efflux de dopamine induit par l’amphétamine. Johnson et collaborateurs (2005) ont démontré qu’un complexe DAT-PKC était nécessaire pour maintenir cet efflux. Certaines isoformes de PKC (PKC-βI et PKC-βII) co-immunoprécipitent avec la partie Nterminale du DAT à partir de membranes striatales de rat. Toutefois, à l’heure actuelle, on ignore si cette interaction est directe ou nécessite la présence d’une autre protéine. • Protéine phosphatase 2A (PP2A) De même que la PKC, l’incubation de cultures cellulaires avec l’acide okadaique et la calyculine A, inhibiteurs des protéines phosphatases PP1 et PP2A, provoque la diminution de la quantité des transporteurs des monoamines, dont le DAT (Huff et al., 1997; Vaughan et al., 1997). Par immunoprécipitation de synaptosomes de rat, Bauman et collaborateurs (Bauman et al., 2000) ont montré que hDAT et la sous-unité catalytique de la PP2A formaient un complexe protéique. En contrôlant l’état de phosphorylation du transporteur, cette phosphatase pourrait jouer un rôle dans le trafic du DAT, bien que l’on on ne sache pas si cette protéine interagit de façon directe avec le DAT. • Autres protéines Récemment, Maiya et Mayfield (2004) ont développé une stratégie différente du doublehybride, basée sur l’immunoprécipitation sélective de protéines interagissant avec le DAT, en utilisant un anticorps dirigé contre la partie N-terminale du transporteur. Les protéines coprécipitées à partir de striatum de souris sont ensuite identifiées par spectrométrie de masse. Vingt protéines ont été identifiées, dont 5 validées par des expériences d’immunoprécipitation et de western-blot (synapsine I, dynamine I, canal potassium Kv2.1, Brca2 et neurocam). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 54 Partie 1 - Introduction En conclusion, ces différentes études ont permis d’identifier les premières molécules interagissant avec le DAT (figure 13). A terme, l’objectif de ces études est d’identifier toutes les protéines interagissant de près ou de loin avec le DAT, susceptibles de réguler sa synthèse, son assemblage, son adressage, son trafic et ses propriétés fonctionnelles. Ensuite, il faudra s’attacher à comprendre la régulation spatiale et temporelle de ces interactions et voir si certains défauts d’interaction peuvent être responsables de dysfonctions du système dopaminergique retrouvées dans diverses pathologies. Figure 13 : Schéma des interactions démontrées entre le DAT et différentes protéines. La syntaxine 1A (Syt) et RACK1 se lient à l’extrémité N-terminale du DAT tandis que l’alphasynucléine (Syn), PICK1 et Hic 5 lient l’extrémité C-terminale. Les interactions entre DAT et PKC ou PP2A peuvent être directes ou nécessitent d’autres protéines. Vingt autres protéines partenaires du DAT ont été décrites (Maiya and Mayfield, 2004). D’après Torres, 2006. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 55 MATERIELS ET METHODES BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 56 Partie 1- Matériels et Méthodes 1/ Double-hybride • Crible initial Hybrigenics Fabrication de banques de proies d’ADNc Cette étape a été réalisée par la société Hybrigenics (contrat de collaboration de recherche 01 015A10 INSERM/Hybrigenics). Deux banques d’ADN complémentaires (ADNc) ont été construites à partir d’ARN totaux extraits de cerveaux de rats adultes : une banque d’hippocampe et une banque de cerveau postérieur comprenant les noyaux monoaminergiques (substance noire, aire tegmentale ventrale, raphé, locus coeruleus). Il s’agit de banques de type « random-primed », dont la synthèse est réalisée à partir d’amorces dégénérées aléatoires. Ces ADNc sont sous-clonés dans un vecteur navette pP6, en fusion avec le domaine d’activation du facteur de transcription de levure LexA. Fabrication du vecteur appât Cette étape a été réalisée avant mon arrivée au laboratoire. Brièvement, les extrémités N-terminale (1-66) et C-terminale (574-619) de l’ADNc du rDAT ont été amplifiées par PCR à l’aide d’amorces spécifiques contenant les sites de restriction SpeI et PacI. Le fragment SpeI-EcoRI a été sous-cloné dans le vecteur pB6, en fusion avec le domaine de liaison à l’ADN GAL4 et vérifié par séquençage. Crible double-hybride Le crible a été réalisé par la société Hybrigenics, selon le protocole établi par Rain et collaborateurs (Rain et al., 2001). L’appât et la banque sont transformés dans deux souches haploïdes de signe sexuel opposé qui sont ensuite conjuguées dans des conditions permettant une couverture exhaustive de la banque (5x107 d’interactions testées). Le gène rapporteur utilisé étant HIS3, les diploïdes obtenus sont sélectionnés sur milieu déplété en histidine. L’ADN des clones positifs est isolé des colonies de levure, transformé en bactéries et analysé par restriction enzymatique et séquencé. Les séquences sont alignées pour construire des contigs (clones chevauchant ou identiques) et soumises à une recherche sur des banques de données (BLAST). • Validation des interactions Construction des vecteurs Les appâts et les proies clonés en vecteurs pB6 et pP6 ont été sous-clonés en vecteurs pLEX12 et pGAD3S2X, entre les sites d’insertion EcoRI et XhoI. L’ADNc de l’alpha-synucléine de rat (rsyn1) a été obtenu par PCR à partir d’une banque d’ADNc d’hippocampe de rat, à l’aide des amorces suivantes : rSYN1-EcoRI-S : GAATTCGAGCCGTGTGGAGCAAAGATA rSYN1-HdIII-AS : AAGCTTTGCAACGACATTCTTAGGCTT Ce fragment a ensuite été cloné entre les sites EcoRI et HindIII des différents vecteurs pB6, pP6, pLEX12 et pGAD3S2X. Transformation des levures Les levures utilisées sont de souches L40 et AMR70 (système LEXA) ou CG1945 et YHGX13 (système GAL4) et sont cultivées en milieu YPDA (2% glucose, 1% extrait de levure, 2% polypeptone et 20 mg/mL adénine hémisulfate). Les levures sont rendues compétentes par traitement à l’acétate de lithium (LiAc), puis transformées avec l’ADN plasmidique par incubation avec du polyéthylène glycol (PEG3350) et choc thermique. Après transformation, les levures sont étalées sur milieu sélectif et cultivées à 30°C pendant 2-3 jours. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 57 Partie 1- Matériels et Méthodes Conjugaison et tests d’activité Les levures de chaque souche sont conjuguées durant la nuit à 30°C en milieu liquide YPDA, puis étalées sur milieu sélectif le lendemain et cultivées pendant 1 à 3 jours. Les levures sont testées pour leur activité β-galactosidase (β-gal) : après lyse à l’azote liquide, les levures sont incubées dans un tampon Z (β-mercaptoéthanol 0,3% ; X-Gal 1%) 4h à 30°C, la réaction étant arrêtée par addition de carbonate de sodium 1M. Les colonies exprimant la β-gal donnent une coloration plus ou moins bleue. Parallèlement, les levures sont testées pour leur croissance sur milieu solide dépourvu d’histidine en présence ou non de 3-amino-1,2,4-triazole (3-AT ; 2 mM). Les couples pLEX Ras/pGAD RBD et pGBKT7-53/pGADT7-T (Clontech) ont été utilisés comme témoins positifs. 2/ Western Blot Extraction des protéines de levure Les culots de colonies fraîches de levures sont resuspendus dans 300 μl de tampon Laemmli (SDS 2%, DTT 100mM, Tris HCl 60 mM pH 6,8, glycérol 10%) et 400 μl de billes de verre (0,5 mm ; Sigma-Aldrich). Les levures sont vortexées et chauffées à ébullition, puis centrifugées 10 min à vitesse maximale pour conserver le surnageant. Western Blot Les extraits protéiques (25 μl) sont déposés sur gel NuPAGE 10% Bis-Tris (Invitrogen). Après migration (1h à 200V), les protéines sont transférées sur membrane de nitrocellulose (Invitrogen) et colorées au rouge ponceau afin de vérifier le transfert. Après 1h de blocage des sites non spécifiques dans une solution de PBS-tween 0,1%-lait en poudre 5%, la membrane est incubée avec l’anticorps anti-LexA de lapin (Invitrogen, 1/5000) 1h à température ambiante, rincée par du PBS-tween 0,1%-lait 5%, puis incubée 1h à température ambiante avec un anticorps IgG anti-lapin couplé à la péroxydase HRP (Sigma). La révélation s’effectue à l’aide du kit ECL Plus (GE Healthcare). 3/ Culture cellulaire Des cellules HEK293 (Human Embryonic Kidney 293) ont été cultivées en flasque T75, dans un milieu DMEM (Dubelcco’s Modified Eagle’s Medium ; Invitrogen) contenant 10% de FBS (Fetal bovine Serum) préalablement inactivé à la chaleur et 2mM de Lglutamine dans une étuve maintenue à 37°C sous atmosphère 95% O2/ 5% CO2. Transfection cellulaire Le jour précédant la transfection, les cellules HEK293 sont repiquées dans des boîtes de 10 cm de diamètre. Les cellules sont transfectées à l’aide du Fugene 6 (Roche), avec 18 à 24 μg d’ADN total de plasmide. Le jour suivant, les cellules sont réparties en plaque de 24 puits à raison de 200 000-250 000 cellules par puits. Transport de [3H]-dopamine Les expériences de capture de [3H]-dopamine sur cellules ont été réalisées comme décrit précédemment (Giros et al., 1992). 48h après transfection, le milieu est aspiré et les puits sont rincés avec 0,4 ml de tampon de transport (Tris Base 5 mM, HEPES 7,5 mM, NaCl 120 mM, KCl 5,4 mM, CaCl2 1,2 mM, MgSO4 1,2 mM, acide ascorbique 1 mM, glucose 5 mM, pH 7,4). Les cellules sont préincubées en triplicats avec des concentrations croissantes de dopamine froide (0,09 à 300 μM) avant addition de 15 nM [3H]-dopamine (50 μl ; 41-52 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 58 Partie 1- Matériels et Méthodes Ci/mmol ; GE Healthcare) et incubées 10 mn à 37°C dans un volume final de 0,6 ml. Le transport non spécifique de [3H]-dopamine est défini en présence de 10 μM de nomifensine. Les puits sont rincés trois fois avec 0,5 ml de tampon de transport à 4°C, les cellules sont solubilisées avec 0,5 ml de NaOH 0,1M et collectées pour mesurer la radioactivité incorporée à l’aide d’un compteur à scintillation liquide. La détermination de la cosntance de Michaelis (Km) et de la vitesse maximale de transport (Vmax) est réalisée à l’aide du logiciel GraphPad Prism. 4/ Animaux Des rats Sprague Dawley (Charles River) et des souris C57BL/6 sauvages ou DAT KO (Giros et al., 1996) âgés d’environ 3 mois ont été utilisés pour l’ensemble des expériences décrites ci-dessous. Coupes au cryostat Les animaux sont sacrifiés par guillotine ou dislocation cervicale, leur cerveau rapidement extrait et congelé dans de l’isopentane à -30°C, puis conservé à -80°C. Pour l’immunofluorescence, les animaux sont perfusés avec du paraformaldéhyde (PAF) 4% et leurs cerveaux cryoprotégés dans du sucrose puis enrobés de gélatine et congelés comme mentionné ci-dessus. Des coupes frontales ou horizontales (10 μm) sont ensuite réalisées à l’aide d’un cryostat Leica CM3050S, montées sur lames SuperFrost Plus et conservées à 80°C. Le jour de l’utilisation, les coupes sont fixées dans du formaldéhyde 3,7% pendant 1h à température ambiante, lavées 2 x 5 mn dans du PBS1X, rinçées rapidement dans de l’eau ultra-filtrée, puis déshydratées dans des bains successifs d’éthanol à 50%, 70% et 100%. 5/ Hybridation in situ Marquage des sondes Des oligonucléotides antisens complémentaires des gènes d’intérêt (DAT, Sh2bp1, synucléine 1) d’environ 45 paires de bases sont rendues radioactives à leur extrémité 3’ par du [γ-35S]-dATP (1000 Ci/mmol-20uCi ; GE Healthcare) dans les conditions suivantes : 30 ng d’ADN, tampon TdT Proméga (1X), enzyme terminal déoxytransférase (TdT ;10U), [γ-35S]dATP (1 μl ;10mCi/ml) dans un volume final de 20 μl sont incubés à 37°C pendant 45 mn. La réaction est arrêtée par l’addition de 5 μl d’EDTA à 0,5 M et purification sur colonnes P10 Biogel (résine Biogel P10, Biorad). Du DTT (100mM) est ajouté comme antioxydant. L’activité spécifique finale des oligonucléotides marqués est d’environ 5x106 cpm/μg. Nom DAT Sh2bp1-1 Sh2bp1-2 Msyn1 Msyn2 Msyn3 Séquence 5’-GCTGTTGTGAGGTGGCCCAGCTGGCAGCTGTCTCCTTCCACTTTA-3’ 5’-GCCAGCATAGAGTAGGTGTCACTCTGTGTGGCTGGCTGTTTTAAT-3’ 5’-TGACTGCACAGACTCATTGTCCGACTGCTCAGAGCCGGAGCGCCT-3’ 5’-GGAACCTACATAGAGGACTCCCTCTTTTGTC-3’ 5’-CTGCTGTCACACCAGTCACCACTGCTCCTCC-3’ 5’-CATAAGCCTCACTGCCAGGATCCACAGGC-3’ BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 59 Partie 1- Matériels et Méthodes Hybridation in situ 100 μl de milieu d’hybridation (tampon InSitu Hybridization Buffer, GE Healthcare, contenant du formamide à 40%, DTT (50mM), polyA (0,5 mg/ml)) mélagés à environ 5x106 cpm de sonde sont déposés sur chaque lame et recouverts de Nescofilm. L’hybridation se fait à 50°C pendant 15 à 18h. Les lames sont ensuite lavées 2 x 15 mn dans du SSC1X + DTT 10 mM à 53°C, 2 x 15 mn dans du SSC 0.5X + DTT 10 mM à 53°C, puis rincées à l’eau, déshydratées à l’éthanol 95% et exposées sur un film Biomax (GE Healthcare) pendant 8-15 jours selon l’intensité du marquage radioactif. 6/ Immuno-autoradiographie Les coupes de cerveau sont fixées 15 mn dans du paraformaldéhyde (PAF) 4%, incubées 1h à température ambiante dans un tampon de blocage (BSA 3%, sérum de chèvre 1%, NaI 0.015%, PBS 1X), puis incubés 1h avec l’anticorps anti-synucléine 1 de lapin (α90 ; Totterdell et al., 2004). Après rinçage au PBS, les coupes sont incubées 2h avec des [125I]-IgG purifiés (10-20 µCi/100 ml, GE Healthcare), puis rincées par du PBS, séchées et exposées sur un film Biomax MR. Pour les expériences d’hybridation in situ et d’immuno-autoradiographie, la quantification du marquage radioactif est réalisée à l’aide du logiciel d’analyse MCID. Une gamme de standards radioactifs (GE Healthcare) a été exposée sur chaque film afin de s’assurer que les densités des différents marquages se situaient bien dans la partie linéaire de la gamme. Les données obtenues sont ensuite soumises à une analyse de variance (ANOVA, logiciel Statview). 7/ Immuno-fluorescence Les coupes de cerveau de rat (10 µm) sont fixées pendant 15 mn dans du PAF 4%, incubées 1h dans un tampon de blocage PGT (PBS, gélatine (2g/L), triton 0,25%), puis 1h en présence d’anticorps anti-DAT (anticorps polyclonal de lapin, dirigé contre l’extrémité Nterminale du rDAT) dilué au 1/10000, ou d’anticorps anti-synucléine 1 (anticorps monoclonal de souris, BD Biosciences Pharmingen ; dilution 1/2500). Les lames sont ensuite lavées dans du tampon PGT et incubées 1h avec un anticorps secondaire Alexa A488 Fluor (antilapin ; dilution 1/1600 ; Molecular Probes) ou Alexa A555 (anti-souris ; dilution 1/1600 ; Molecular Probes), puis lavées dans du PBS et recouvertes d’une lamelle avec du milieu de montage Fluoromount G (Southern Biotech). Pour l’immuno-fluorescence sur cellules, le tampon de blocage est composé de : BSA 1%, sérum de chèvre 1%, triton 0,1%, PBS 1X et les rinçages se font dans du PBS 1X. Les images des coupes sont saisies par la caméra Axiocam du microscope à fluorescence Axioscop 2 Plus (Zeiss), aux objectifs 40X et 63X. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 60 RESULTATS BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 61 Partie 1 - Résultats A/ Etude de partenaires potentiels du DAT 1/ Crible double-hybride L’appât utilisé pour l’expérience de double-hybride en levure contenait l’extrémité Cterminale du rDAT (résidus 574-619) fusionnée au facteur de transcription GAL4. Le crible réalisé par la société Hybrigenics a fourni environ 160 clones positifs. Ces clones ont été séquencés à partir de leurs extrémités 5’ et 3’, puis alignés en vue de construire des contigs (alignements de clones chevauchants ou identiques), dont la séquence consensus résultante a été confrontée à une banque de données. 90 contigs ont été identifiés, chacun comprenant un à vingt clones différents, c'est-à-dire ayant une extrémité 5’ ou 3’ distincte. Dans un premier temps, six séquences candidates ont été sélectionnées, du fait de la présence d‘au moins deux clones individuels différents. Finalement, à la suite d’expériences préliminaires, seuls deux clones ont été retenus et seront abordés dans ce chapitre : il s’agit des gènes Sh2bp1 et ACIII (figure 14). Gène Mus musculus SH2 domain binding protein 1 (tetratricopeptide repeat containing) (Sh2bp1) Rattus norvegicus type III adenylyl cyclase (ACIII) Mus musculus SNAPassociated protein (Snapap) Numéro d’accession Nombre de clones Interaction avec NET NM_009431 18 oui M55075 2 oui 16 oui NM_133854 Caractéristiques Expression ubiquitaire. Contient des domaines « tetratricopeptide repeat » et SH2 Expression ubiquitaire. Stimulée par le Ca2+; inhibée par la CaMKII Exprimée par les membranes des vésicules synaptiques. S’associe à SNAP25. Figure 14 : Clones sélectionnés, issus du crible double-hybride en levure dirigé contre le rDAT. CaMKII : Calcium Modulated Kinase II ; NET : transporteur de la noradrénaline ; SH2 : Sarc Homology 2; SNAP25 : Synaptosome Associated Protein 25 kDa. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 62 Partie 1 - Résultats Ces séquences ont également été retrouvées dans le crible double-hybride dirigé contre le rNET, initié au laboratoire. On peut également noter la présence du gène Snapap, largement représenté dans les résultats du crible (également dans celui du NET), qui s’associe à la protéine SNAP25, appartenant elle-même au complexe SNARE, responsable de la fusion des vésicules synaptiques à la membrane cellulaire. L’interaction DAT-SNAP25 étant en cours d’étude dans d’autres laboratoires (Marc Caron et Michael Quick, communication personnelle), nous avons fait le choix de ne pas l’étudier. 2/ Clones sélectionnés a/ Sh2bp1 La protéine Sh2bp1, initialement nommée p150TSP, a été identifiée en 1996 (Malek et al., 1996) et comprend 1173 acides aminés. Elle fait partie d’une famille de protéines adaptatrices contenant des motifs « tetratricopeptide repeat » (TPR), composés d’une répétition dégénérée de 34 acides aminés arrangés en tandem. Ces motifs forment des structures en hélices α, avec peu ou pas de feuillets β. Les protéines à domaines TPR sont impliquées dans un large spectre de fonctions cellulaires, participant notamment au contrôle du cycle cellulaire, à la transcription, au transport des protéines et au repliement protéique. Elles sont retrouvées dans différents organismes, incluant les bactéries, cyanobactéries, levures, insectes, plantes et animaux (Blatch and Lassle, 1999), indiquant un très haut degré de conservation dans l’évolution. La protéine Sh2bp1 peut être divisée en deux régions : la partie N-terminale contenant quinze motifs TPR et la partie C-terminale contenant un domaine SH2 (Src homology 2). Les domaines SH2 sont des modules conservés d’environ 100 acides aminés, liant avec une haute affinité les peptides contenant des phosphotyrosines ou des phosphosérines/thréonine. D’après l’alignement des différents clones ressortis en doublehybride, Sh2bp1 interagit avec le DAT par cinq domaines TPR situés à son extrémité aminoterminale. Notons que cette interaction a été retrouvée par Hybrigenics dans deux types de cribles de stringence différente : un premier crible réalisé avec l’appât DAT fusionné à un domaine de liaison à l’ADN de type LexA, qui n’avait donné qu’une dizaine de clones au total et le deuxième crible réalisé avec un domaine Gal4, précédemment décrit, à l’origine de 160 clones. La protéine Sh2bp1 est exprimée dans divers tissus, dont le cerveau, et notamment retrouvée au niveau ultrastructural dans le noyau (Malek et al., 1996). Chez les eucaryotes BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 63 Partie 1 - Résultats supérieurs, le rôle précis de cette protéine demeure inconnu mais sa séquence et ses propriétés de liaison suggèrent qu’elle pourrait médier les interactions entre protéines, notamment celles contenant des domaines TPR et/ ou SH2. b/ ACIII L’adénylate cyclase de type III appartient à la grande famille des adénylates cyclases (AC), comptant neuf isoformes membranaires, constituées de douze domaines transmembranaires et une isoforme soluble. Ces protéines jouent un rôle primordial dans la transduction du signal cellulaire puisqu’elles transforment l’ATP (adénosine triphosphate) en AMPc (adénosine monophosphate), sous la régulation de l’activation d’une protéine G. L’ACIII, isolée en 1990, est constituée de 1144 acides aminés et est exprimée majoritairement au niveau de l’épithélium olfactif (Bakalyar and Reed, 1990). D’ailleurs, les souris invalidées pour l’ACIII (Wong et al., 2000) montrent d’importants déficits au niveau olfactif, malgré la présence d’autres isoformes d’AC. L’ACIII est également présente dans le cerveau, particulièrement au niveau de la substance noire, comme le montrent des expériences de western-blot (Lane-Ladd et al., 1997). De façon intéressante, l’ACIII fait partie des gènes dont l’expression est fortement diminuée après dégénérescence des neurones dopaminergiques induite par la métamphétamine (Xie et al., 2002), indiquant que cette protéine est bien exprimée par les neurones dopaminergiques. D’après le crible double-hybride, l’extrémité N-terminale intracellulaire de l’ACIII est responsable de l’interaction avec l’extrémité C-terminale du DAT. 3/ Etude anatomique Pour que les interactions identifiées en double-hybride entre le DAT et les deux clones sélectionnés puissent avoir un rôle physiologique potentiel, la première condition est qu’elles soient co-localisées in vivo. Le crible a été effectué sur une banque de cerveau postérieur de rat, contenant les corps cellulaires des neurones dopaminergiques, mais il est important de vérifier si elles sont réellement exprimées par les neurones portant le DAT. Concernant la protéine ACIII, son expression a été démontrée au niveau de la substance noire et de l’aire tegmentale ventrale (Lane-Ladd et al., 1997). Ces données n’étant pas disponibles pour la protéine Sh2bp1, nous avons réalisé une hybridation in situ sur coupes de cerveau de rat à l’aide d’oligonucléotides radiomarqués, complémentaires de la séquence de l’ARNm (figure 15). Le témoin positif a été réalisé avec une sonde spécifique du DAT. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 64 Partie 1 - Résultats DAT Sh2bp1 SNc ATV SNc ATV Figure 15 : Répartition des ARNm du DAT et de Sh2bp1 Une expérience d’hybridation in situ des transcrits du DAT et de Sh2bp1 a été réalisée à l’aide de sondes oligonucléotidiques marquées au 35S, sur des coupes de cerveau de rat au niveau de la substance noire compacte (SNc) et de l’aire tegmentale ventrale (ATV). Comme décrit précédemment, le marquage du DAT est fortement présent au niveau de la substance noire compacte et de l’aire tegmentale ventrale, avec quelques cellules marquées dans la substance noire réticulée. Le marquage des transcrits de Sh2bp1 apparaît ubiquitaire, avec une expression plus dense au niveau de l’hippocampe. On peut noter la présence des ARNm de Sh2bp1 au niveau de la SNc et de l’ATV, démontrant l’expression de ce gène dans les régions contenant les corps cellulaires dopaminergiques et ainsi la potentialité d’une interaction physiologique de cette protéine avec le DAT. 4/ Co-expression avec le DAT Dans le but d’étudier un éventuel rôle fonctionnel de l’interaction DAT-Sh2bp1, nous avons co-exprimé le transporteur et ce partenaire potentiel en système cellulaire. a/ Capture de [3H]-dopamine • Résultats Afin de savoir si l’interaction DAT-Sh2bp1 provoque un changement fonctionnel de l’activité de transport et/ou d’affinité du DAT, nous avons effectué des expériences de capture de [3H]-dopamine par des cellules exprimant de façon transitoire le DAT avec un plasmide β-galactosidase (contrôle négatif) et par des cellules co-exprimant DAT et le partenaire d’intérêt, la synucléine 1 ou Sh2bp1 (qsp β-galactosidase). Comme contrôle positif, nous avons choisi et cloné la synucléine 1, homologue de l’alpha-synucléine humaine BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 65 Partie 1 - Résultats chez le rat. Cette protéine n’est pas apparue dans notre crible, mais a été décrite comme partenaire direct du DAT humain (Lee et al., 2001a) et engendre une diminution de sa capacité de transport maximale (Vmax ; Wersinger and Sidhu, 2003). Les résultats ci-dessous représentent la moyenne de la Vmax du transport par le DAT co-exprimé avec la synucléine 1 ou Sh2bp1 (5 à 7 expériences indépendantes), exprimée en % de la Vmax du transport de DAT seul (figure 16). On observe que l’expression de la synucléine 1 au sein des cellules entraîne une diminution de la capacité de transport du DAT d’environ 20%, en accord avec la baisse d’activité observée par Wersinger et Sidhu (-35%, p<0,05 ; Wersinger and Sidhu, 2003). Cependant, cette baisse d’activité n’est pas significative. L’expression de Sh2bp1 engendre une augmentation de la Vmax du DAT de l’ordre de 60%, qui n’est pas significative, du fait d’une grande variabilité interexpériences. A B 160 -20% 140 200 120 % Vmax +60% 250 100 150 80 100 60 40 20 0 50 DAT DAT+ rsyn 1 0 DAT DAT+Sh2bp1 Figure 16 : Capacité de transport moyenne de [3H]-dopamine par le DAT transfecté dans des cellules HEK 293, co-exprimé avec la synucléine 1 (A ; rsyn1 ; n=7 expériences ; valeur du 100% : 12120+/-4160 fmol/min/mg protéine) ou Sh2bp1 (B ; n=6 expériences ; valeur du 100% : 15624+/-3277 fmol/min/mg protéine). Concernant l’affinité du DAT pour la dopamine (Km ; figure 17), on observe également des modifications non significatives, allant dans le même sens que la Vmax lorsque le DAT est co-exprimé avec la synucléine 1 (-35%) ou Sh2bp1 (+38%). Notons que ni la co-expression de l’alpha-synucléine (Lee et al., 2001a; Wersinger and Sidhu, 2003), ni celle d’aucun autre partenaire du DAT rapportée dans la littérature (Torres et al., 2001; Carneiro et al., 2002) n’affecte le Km du transporteur de manière significative. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 66 Partie 1 - Résultats A B + 38% 200 % Km 160 160 120 -35% 120 60 80 40 40 0 DAT DAT+rsyn1 0 DAT DAT+Sh2bp1 Figure 17: Constante d’affinité moyenne du DAT pour la [3H]-dopamine co-exprimé avec la synucléine 1 (A ; n=7 expériences ; valeur du 100% : 2,19+/-1 μM) ou Sh2bp1 (B ; n=6 expériences ; valeur du 100% : 2,72+/-0,7 μM). • Discussion Nous avons obtenu une grande variabilité entre nos différentes expériences de transport de [3H]-dopamine, ce qui se traduit par de grands écarts-types à la moyenne, masquant des différences potentiellement significatives entre les valeurs de Vmax et de Km testées et les valeurs contrôles. Ceci peut être dû à plusieurs facteurs expérimentaux, intervenant à différentes étapes expérimentales : 1/ au niveau du système cellulaire : type de cellules utilisé, nombre de passages et état de confluence des cellules ; 2/ au niveau de la transfection transitoire : nature, qualité et quantité des plasmides transfectés, nature et technique de transfection ; 3/ au niveau de la capture : nombre de cellules par puits, protocole de transport (temps d’incubation,…). A chaque étape, des précautions ont été prises afin de minimiser les risques de fluctuation : après essai de différents types cellulaires (COS7, HEK293) et lipofectants (Lipofectamine®, Fugene 6®), la transfection de cellules HEK293 avec le Fugene 6 a été sélectionnée. Le nombre de passages, la confluence des cellules ont été contrôlés et les plasmides utilisés au cours des différentes manipulations provenaient du même stock. La transfection s’effectuait en flasque avant de répartir les cellules dans chaque puits de façon BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 67 Partie 1 - Résultats homogène. Enfin, le nombre de cellules par puits ainsi que le protocole de transport utilisé étaient les mêmes d’une expérience à l’autre. Malgré ces précautions, il peut y avoir une grande hétérogénéité au sein des résultats des expériences de transport. Un exemple pertinent concerne l’alpha-synucléine qui, suite à des expériences de capture de [3H]-dopamine, a initialement été décrite comme augmentant significativement l’activité du DAT (Lee et al., 2001a). Ce résultat a ensuite été infirmé deux ans plus tard par Wersinger et son équipe, qui ont trouvé une baisse de la Vmax, reproductible dans différents systèmes cellulaires, avec différents lipofectants et différentes quantités relatives de plasmides transfectés (Wersinger et al., 2003; Wersinger and Sidhu, 2003). L’origine de ces résultats contradictoires proviendrait du type de transfection utilisé : transfection en « bain » (« batch »), c’est-à-dire lorsque les cellules sont cultivées et transfectées en flasque, puis subissent un traitement à la trypsine (détruisant l’adhésion cellulaire) pour être réparties en puits, versus transfection in situ, lorsque les cellules sont cultivées en puits et sont transfectées puits par puits (Wersinger et al., 2003). La première méthode, expérimentée par Lee, conduirait à une augmentation de la Vmax du DAT, contrairement à la deuxième, employée par Wersinger, qui aboutirait à une baisse de la Vmax (Wersinger et al., 2003). En fait, il a récemment été montré que ce phénomène mettait en jeu des éléments du cytosquelette : le traitement de cellules avec des agents dépolymérisant les microtubules ou affectant leur dynamique engendre une augmentation systématique de la Vmax du DAT, corrélée avec une hausse du nombre de sites du transporteur à la surface cellulaire (Wersinger and Sidhu, 2005). Dans notre protocole, nous avons utilisé une transfection en bain mais le décollement des cellules a été fait par dissociation mécanique et non chimique par la trypsine. D’autre part, sur sept expériences réalisées avec la synucléine, trois montraient une augmentation et quatre une diminution de la Vmax du DAT. De même, sur six expériences réalisées avec Sh2bp1, quatre montraient une augmentation de la Vmax du DAT et deux une diminution. Il est donc possible que ce mode de transfection soit responsable de l’hétérogénéité de nos résultats, mais seulement en partie puisque nous n’avons pas trouvé d’augmentation de la Vmax pour la totalité de nos expériences avec la synucléine 1, par exemple. Wersinger et son équipe ont également comparé par western-blot les quantités de protéines exprimées par les cellules après chaque type de transfection (Wersinger et al., 2003). Il en résulte que les cellules issues de la transfection en « bain » contiendraient beaucoup moins d’alphasynucléine alors que la densité du DAT ne serait pas altérée dans ces mêmes cellules. De plus, la Vmax du DAT transfecté seul dans des cellules n’est pas significativement différente BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 68 Partie 1 - Résultats entre les deux méthodes de transfection (bain versus puits par puits), suggérant que la trypsine affecte spécifiquement l’expression de l’alpha- synucléine. Dans la même logique, soulignons que la co-transfection transitoire reste une étape difficile à maîtriser, puisque l’on ne peut être sûr de la reproductibilité de la quantité d’ADN totale et relative (DAT/gène d’intérêt) introduite en fonction du cycle et du métabolisme cellulaire. Une solution envisageable pour tenter de limiter ces fluctuations serait peut être d’utiliser des lignées cellulaires exprimant le DAT de façon stable et de ne transfecter transitoirement que le gêne d’intérêt. Cependant, il est nécessaire de bien sélectionner la lignée stable puisque dans ce type de transfection, on ne maîtrise pas le nombre de copies d’ADN intégré au génome et une trop forte expression du DAT pourrait masquer l’effet fonctionnel de la molécule interactante. Ajoutons que l’endroit dans le génome où s’effectue cette insertion n’est pas contrôlable, ce qui peut également poser problème. Enfin, tandis que 30 à 40% des cellules sont transfectées par une technique de transfection transitoire, toutes les cellules le sont lors de la génération des clones. Ainsi, si l’on transfecte 30% des cellules exprimant le DAT avec un clone d’intérêt, il y aura une forte dilution de l’effet fonctionnel, qui pourrait alors ne pas être détectable. La situation est également complexe si l’on effectue une double transfection stable (DAT + partenaire), car, pour les raisons énoncées ci-dessus, il sera difficile de trouver le contrôle parfaitement adapté. Enfin, pour améliorer le taux de transfection, l’utilisation de vecteurs viraux peut être envisagée. b/ Immuno-fluorescence Dans le but de détecter d’éventuels changements de localisation du DAT à la membrane, nous avons effectué des expériences d’immuno-fluorescence, à l’aide d’un anticorps dirigé contre le DAT, sur les mêmes cultures de cellules ayant servi aux expériences de capture. La morphologie des cellules a tout d’abord été observée en contraste de phase afin de vérifier la bonne intégrité des cellules transfectées (figure 18). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 69 Partie 1 - Résultats Figure 18 : Observation de la morphologie des cellules transfectées. (A) Amas de cellules HEK293 observé en contraste de phase. (B) Cellule transfectée par le DAT. (C) Superposition des images A et B. La cellule transfectée par le DAT (B) fait partie de cet amas de cellules vivantes (C). Observation en microscopie à contraste de phase (A, C) et en fluorescence (B), à l’objectif 40X. La barre d’échelle insérée en A correspond à 10 μm. • Sh2bp1 Lorsque le DAT est co-transfecté avec le plasmide contrôle exprimant la ßgalactosidase, on obtient un marquage du transporteur à la fois membranaire et cytoplasmique (figure 19). Dans des cellules co-exprimant le transporteur et Sh2bp1, le marquage observé apparaît similaire en microscopie à fluorescence. Nous n’avons pas décelé de différence claire de la localisation subcellulaire du DAT dans les deux conditions. Figure 19 : Marquage du DAT par immuno-fluorescence dans des cellules HEK293 non transfectées (A), co-transfectées avec le DAT et un plasmide ß-galactosidase (B) et cotransfectées avec le DAT et Sh2bp1 (C). Observation au microscope à fluorescence, à l’objectif 63X ; la barre d’échelle insérée en A représente une distance de 5 μm. Notons que le vecteur exprimant Sh2bp1 n’exprime que le fragment cloné en doublehybride, contenant les domaines TPR et non la protéine entière, qui est peut-être nécessaire pour exercer son effet. Des mises au point et des observations en microscopie confocale s’avèrent nécessaires pour tirer une conclusion quant à une potentielle relocalisation du DAT en présence de Sh2bp1. D’autre part, ne disposant pas d’anticorps dirigé contre Sh2bp1 nous n’étions pas en mesure de vérifier l’expression de cette protéine et étudier sa BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 70 Partie 1 - Résultats localisation au sein de la cellule. Il serait donc utile d’exprimer cette protéine en fusion avec un épitope, par exemple un motif FLAG, détectable par un anticorps anti-FLAG, comme nous avons commencé à le faire dans le laboratoire. • Synucléine 1 Comme pour Sh2bp1, nous n’avons pas été en mesure de détecter une localisation du DAT particulière lorsqu’il est co-exprimé avec la synucléine 1 (non montré). Disposant d’un anticorps anti-synucléine 1, nous avons voulu tester sa spécificité sur des coupes de cerveau de rat et tester la co-localisation de cette protéine avec le DAT. Au niveau du striatum, le marquage du DAT (figure 20, A) est diffus au niveau des terminaisons dopaminergiques et des varicosités le long de l’axone. Le marquage de la synucléine 1 (B) apparaît punctiforme, en accord avec la littérature (Totterdell et al., 2004). La superposition des deux images (C), montre une absence de co-localisation des deux protéines dans les mêmes structures. Jusqu’à présent, l’expression de la synucléine 1 par les neurones dopaminergiques du striatum n’a pas été formellement démontrée (Totterdell and Meredith, 2005). Figure 20 : Immuno-fluorescence du DAT (A), de la synucléine 1 (B) sur des coupes de striatum de rat. (C) Superposition des deux images. Observation au microscope à fluorescence à l’objectif 63X. 5/ Interaction en double-hybride Notre objectif était de valider les données obtenues par le crible double-hybride réalisé par Hybrigenics avec l’extrémité C-terminale du DAT de rat. Pour cela, nous avons testé les interactions choisies dans deux systèmes différents. Dans un premier temps, nous avons utilisé un autre système qu’Hybrigenics (LEXA), qui ne s’est pas révélé concluant, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 71 Partie 1 - Résultats puis nous avons repris les mêmes plasmides et levures (système GAL4) afin de retrouver les interactions. a/ Résultats Les différentes souches de levures L40 et AMR70 (système LEXA) ou CG1945 et YHGX13 (système GAL4) ont été rendues compétentes puis transformées séparément avec les plasmides appropriés (couple pLEX12/pGAD3S2X ou pB6/pP6) et ont été conjuguées entre elles. Les levures diploïdes obtenues ont alors été testées pour leur expression de l’enzyme β-galactosidase (β-gal), capable de métaboliser le substrat X-Gal en un composé de couleur bleue. En parallèle, elles ont été testées pour leur croissance sur milieu dépourvu d’histidine, en présence ou non de 3-amino-1,2,4-triazole (3-AT), qui inhibe de façon compétitive le produit du gène HIS3, de manière à sélectionner des interactions plus stringentes. Dans les deux cas, s’il y a interaction entre les deux protéines, les résultats de ces tests sont positifs. La figure 21 présente une synthèse des résultats obtenus au cours de ces différentes manipulations. Dans la première série d’expériences, la conjugaison pLEX DAT–pGAD RBD sert de témoin négatif puisque le DAT n’interagit pas avec le domaine liant la protéine Ras. La conjugaison pLEX Ras–pGAD RBD sert au contraire de contrôle positif. Excepté ce contrôle positif et malgré vérification de la qualité et de la séquence des différents plasmides, aucune interaction n’a pu être retrouvée dans ce système. Nous avons alors interverti les séquences d’intérêt et les plasmides, c’est-à-dire exprimé les séquences proies dans les vecteurs appât et la séquence appât dans le vecteur proie (non montré). Mais là aussi, aucune interaction n’est ressortie positive, ce qui nous a conduits à revenir au système ayant servi à réaliser le crible initial. Dans cette deuxième série de manipulations, nous avons utilisé différents contrôles négatifs : le plasmide proie pP6 vide, le plasmide pGAD RBD et le plasmide pP6 exprimant la protéine ribeye, qui a été retrouvée dans le crible double-hybride réalisé par le laboratoire contre le transporteur vésiculaire des monoamines (VMAT2). Les résultats observés sont ceux attendus, sauf pour la conjugaison du DAT avec la protéine ribeye qui a souvent donné des colonies sur milieu dépourvu d’histidine, sans toutefois résister à l’ajout de 3-AT. Le test β-gal est également resté négatif pour cette conjugaison. Le contrôle positif choisi pour ce système est la conjugaison pGBKT7-53/pGADT7-T (Clontech). Dans ces expériences, aucune interaction n’a pu être démontrée entre DAT et ACIII et DAT et synucléine 1. En BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 72 Partie 1 - Résultats revanche, l’interaction directe entre DAT et la protéine Sh2bp1 a été vérifiée de manière robuste. Conjugaisons Test ß-gal milieu –HIS milieu-HIS +3AT pLEX DAT–pGAD RBD _ _ NT pLEX Ras–pGAD RBD + + NT pLEX DAT–pGAD rsyn1 _ _ NT pLEX DAT–pGAD Sh2bp1 _ _ NT pLEX DAT–pGAD ACIII _ _ NT pB6 DAT-pP6 vide _ _ _ pB6 DAT- pGAD RBD _ _ _ pB6 DAT-pP6 ribeye _ +/_ _ pGBKT7-53-pGADT7-T + + + pB6 DAT-pP6 rsyn1 _ _ _ pB6 DAT-pP6 Sh2bp1 + + + pB6 DAT-pP6 ACIII _ _ _ Figure 21: Tableau représentant les résultats des interactions étudiées par doublehybride en levure. Le signe + symbolise une coloration bleue pour le test β-gal et une croissance des colonies sur milieu dépourvu d’histidine +/- 3-amino-1,2,4-triazole (3-AT). Le signe signifie une absence de coloration bleue ou de croissance. rsyn1 : synucléine 1 ; RBD : Ras Binding Domain. NT : Non Testé. b/ Difficultés rencontrées • Choix des contrôles - Contrôles négatifs Nous voulions trouver une protéine n’interagissant pas avec le DAT qui soit exprimée dans les mêmes conditions qu’une protéine partenaire. Nous avons donc choisi la protéine ribeye, uniquement retrouvée dans le crible de VMAT2, transporteur assez différent du DAT par sa séquence. Cependant, dans certaines expériences, une interaction a été retrouvée entre cette protéine et le DAT. Ainsi, nous pouvons nous poser la question de savoir si cette BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 73 Partie 1 - Résultats protéine peut interagir avec le DAT même si elle n’est pas ressortie dans le crible doublehybride. Pour plus de fiabilité, nous avons donc choisi de nous servir du plasmide exprimant un domaine liant la protéine Ras (RBD) ainsi qu’un plasmide vide du système GAL4 (pP6). - Contrôles positifs Dans le même souci de se trouver dans des conditions expérimentales similaires et dans le but de valider notre plasmide appât, nous avions initialement choisi la synucléine 1 comme contrôle positif. L’interaction hDAT-alpha-synucléine a en effet été démontrée par deux groupes différents (Lee et al., 2001a; Wersinger and Sidhu, 2003). Cependant, nous n’avons pas réussi à établir cette interaction dans les deux systèmes étudiés. Afin de valider notre protocole, nous avons donc utilisé deux couples de plasmides pLEX Ras/pGAD RBD et pGBKT7-53/pGADT7-T correspondant aux systèmes LEXA et GAL4, respectivement. • Croissance des levures Une des difficultés rencontrées lors de ces expériences était l’hétérogénéité de croissance observée pour les différentes conjugaisons. Les levures diploïdes ne croissaient pas toutes avec la même densité et le même aspect. Ainsi, les levures co-exprimant DAT et Sh2bp1 formaient de grosses colonies rosées, tandis que celles co-exprimant DAT et synucléine 1 étaient petites et blanches. Il s’avérait donc délicat de comparer la pousse des levures sur milieu dépourvu d’histidine et la coloration bleue après test β-gal. En vue de mieux contrôler et de standardiser la taille des colonies, nous avons mesuré et ajusté la densité optique de chaque colonie de levure transformée avant de procéder à l’étape de conjugaison. Malgré ce protocole, des difficultés d’interprétation des résultats de croissance ont persisté. • Gènes rapporteurs L’utilisation de deux gènes rapporteurs différents, sous le contrôle de promoteurs distincts permet d’éliminer beaucoup de clones faux-positifs. Les colonies qui se multiplient le plus rapidement sur milieu dépourvu d’histidine sont souvent les interactants les plus forts. Cependant, beaucoup de plasmides rapporteurs HIS3 montrent une expression constitutive significative. Ceci peut être contrôlé en ajoutant au milieu du 3-AT, un inhibiteur chimique qui supprime le niveau basal d’expression du gène. L’activité du gène LacZ est mesurée en utilisant le substrat chromogène X-Gal, aboutissant à un produit bleu. Le test réalisé sur filtre étant plus sensible que celui réalisé sur agar, nous avons donc choisi le premier. La densité de la couleur permet d’estimer le niveau d’expression du gène dans une souche de levure BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 74 Partie 1 - Résultats donnée. Dans nos expériences, ces deux tests se sont révélés positifs uniquement pour nos contrôles positifs Ras/RBD et T7-53/T7-T et l’interaction DAT-Sh2bp1, validant cette dernière dans ce système. c/ Discussion L’interaction DAT-Sh2bp1, clairement démontrée en système pP6/pB6 (GAL4), n’a cependant pas pu être établie en système pLEX/pGAD (LEXA), quel que soit le vecteur appât ou proie exprimant la séquence du gène. Bien que la séquence des plasmides exprimant le gène d’intérêt fusionné avec le domaine activateur de la transcription soit correcte, nous avons émis l’hypothèse que la protéine de fusion était peut-être mal exprimée. Nous avons donc vérifié la présence et la taille de cette protéine par des expériences de western-blot, avec un anticorps anti-LexA visant à détecter la protéine de fusion sur différents extraits protéiques de levures transformées (figure 22). Dans la majorité des expériences effectuées, la bande protéique était présente et avait la taille attendue. Cependant, l’intensité de cette bande, notamment celle de la protéine pLEX DAT était variable (comparer les puits 2 et 4, figure 22). Ceci pourrait refléter la quantité d’appât DAT, suggérant qu’une faible expression ou qu’une mauvaise stabilité du transporteur pourrait expliquer la non-détection des interactions avec les protéines proies. Toutefois, le protocole d’extraction protéique à partir des levures ne permettait pas un dosage spectrophotométrique des protéines, rendant la densité des produits révélés par western-blot non quantitative. On peut également envisager un mauvais repliement de la protéine de fusion LexA, indétectable en western-blot, qui pourrait être à l’origine de cette absence d’interaction. Figure 22 : Détection par western-blot de protéines de fusion pLEX sur différents extraits protéiques de levures transformées. 1 : pLEX A (vecteur vide) ; 2 : pLEX DAT issu d’une première transformation; 3 : pLEX ACIII ; 4 : pLEX DAT issu d’une autre transformation. Les poids moléculaires sont indiqués à droite et exprimés en kDa. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 75 Partie 1 - Résultats Dans les deux systèmes utilisés, nous n’avons pas retrouvé l’interaction DATsynucléine décrite pour les formes humaines par deux équipes (Lee et al., 2001 ; Wersinger and Sidhu, 2003). Cette interaction existe aussi chez le rongeur (communication personnelle de C. Wersinger). Emettant l’hypothèse que cette interaction était peut-être trop faible pour être détectée dans nos expériences, nous avons changé notre protocole de conjugaison et testé un protocole de co-transformation où une seule souche de levure (L40 ou CG1945) est transformée simultanément avec les plasmides appât et proie. Ce protocole, décrit comme plus sensible, évite l’étape de conjugaison mais n’a toutefois pas permis de retrouver l’interaction DAT-synucléine 1. La cause de cette non-interaction n’a pas été établie et pourrait impliquer la mauvaise croissance globale des levures transformées par la synucléine 1. Ces données illustrent la complexité de la technique du double-hybride en levure et soulignent l’importance d’étudier une interaction protéique par des techniques complémentaires. B/ Expression de la synucléine 1 chez les souris DAT KO Nous appuyant sur les résultats d’interaction publiés dans la littérature entre hDAT et alpha-synucléine, nous avons décidé d’étudier l’expression de la synucléine 1 au niveau transcriptionnel et protéique chez les souris invalidées pour le DAT (DAT KO). 1/ Expression des ARNm Nous avons détecté les transcrits de la synucléine 1 à l’aide de trois sondes oligonucléotidiques radiomarquées. L’hybridation in situ a été réalisée sur des coupes de cerveaux de souris sauvages et de souris DAT KO, au niveau des corps cellulaires et des terminaisons dopaminergiques (figure 23). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 76 Partie 1 - Résultats Figure 23 : Marquage des ARNm de la synucléine 1 par hybridation in situ au niveau du striatum et de la substance noire (SN) de souris sauvages (WT) et DAT KO. Chez la souris sauvage, on observe que les transcrits de la synucléine 1 sont fortement exprimés au niveau du cortex cérébral, de l’hippocampe, de la substance noire compacte, de l’aire tegmentale ventrale (figure 23), et plus faiblement au niveau du striatum, comme précédemment décrit dans la littérature (Maroteaux and Scheller, 1991; Abeliovich et al., 2000). Chez les souris mutantes, la répartition des ARNm est similaire à celle des sauvages et aucune différence significative de densité du marquage n‘a été décelée au niveau des régions dopaminergiques (figure 24), ainsi qu’au niveau de l’aire hippocampique CA3, structure témoin faiblement dopaminergique. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 77 Partie 1 - Résultats marqueur ARNm structure SN DAT KO 147,1±5 139,9±6 57,3±6 60,2±5 CA3 474,9±14 437,1±37 SN 123,0±6 125,8±4 Striatum 69,6±7 63,0±2 Cortex 47,4±2 43,8±2 Striatum protéine WT Figure 24 : Quantification des ARNm (par hybridation in situ) et de la protéine (par immuno-autoradiographie) synucléine 1 chez des souris sauvages (WT) et DAT KO. Les valeurs représentent la moyenne + SEM des densités (unité arbitraire) de 4-6 animaux par génotype dans trois expériences indépendantes. 2/ Expression de la protéine La protéine a été détectée par immuno-autoradiographie, à l’aide d’un anticorps antisynucléine 1, dirigé contre la protéine de souris (α90 ; Totterdell et al., 2004). La synucléine 1 est largement distribuée au niveau de la substance grise du cerveau, avec une expression plus marquée au niveau de l’hippocampe (CA3, gyrus dentelé) et de la substance noire réticulée (figure 25 ; Kingsbury et al., 2004; Totterdell et al., 2004). Aucune différence significative de densité de la protéine n’a été mise en évidence au niveau des régions dopaminergiques striatum et substance noire des animaux DAT KO, ainsi que dans le cortex, région contrôle peu dopaminergique (figure 24). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 78 Partie 1 - Résultats Figure 25 : Expression de la protéine synucléine 1 au niveau du striatum et de la substance noire (SN) de coupes de cerveau de souris sauvages (WT) et DAT KO. Immuno-autoradiographie réalisée à l’aide de l’anticorps α90 (Totterdell et al., 2004) ; 1/15000). 3/ Discussion La synucléine 1 est l’homologue murin de l’alpha-synucléine humaine. Cette abondante protéine a été impliquée dans la maladie de Parkinson, puisque des mutants de l’alpha-synucléine ont été retrouvés dans des formes autosomales dominantes de la maladie de Parkinson et que l’alpha-synucléine est un composant majeur des corps de Lewy, caractéristiques de cette pathologie. L’alpha-synucléine est aussi abondamment présente dans les plaques amyloïdes de la maladie d’Alzheimer et dans d’autres maladies neurodégénératives (synucléopathies). Toutefois, son rôle physiologique reste à ce jour mal défini. Des expériences menées in vitro ont suggéré que l’alpha-synucléine avait un effet cytoprotecteur contre le stress oxydatif et l’apoptose induits par la dopamine (Wersinger et al., 2003). Cet effet pourrait être dû, en partie, à l’action inhibitrice de l’alpha-synucléine sur la recapture de dopamine libérée, via la réduction du nombre de molécules de DAT à la surface cellulaire. L’invalidation de cette protéine chez la souris (α-syn KO), réalisée par différentes équipes, a permis d’apporter de nouvelles informations sur le rôle de l’alpha-synucléine in vivo. Ainsi, ces souris présentent une réduction du pool de réserve de vésicules synaptiques BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 79 Partie 1 - Résultats dans l’hippocampe, ainsi que des anormalités électrophysiologiques, suggérant que l’alphasynucléine pourrait réguler le degré de libération de neurotransmetteur en contrôlant le stock de vésicules (Cabin et al., 2002). L’analyse de la densité du DAT par immuno-fluorescence et autoradiographie a montré une densité normale du transporteur au niveau du striatum de souris α syn KO. De même, aucun changement des paramètres fonctionnels du DAT n’a été détecté par capture de [3H]-dopamine sur des cultures primaires de neurones dopaminergiques ni sur synaptosomes striataux issus de souris α syn KO (Vmax et Km similaires entre les deux génotypes ; Dauer et al., 2002; Schluter et al., 2003). Il a été suggéré que la ß-synucléine, très souvent co-localisée avec l’isoforme α, pourrait compenser l’absence de celle-ci (Kahle et al., 2000). Chez les souris DAT KO, aucune différence de densité des ARNm et de la protéine synucléine 1 n’a été mise en évidence au niveau des régions dopaminergiques (substance noire et striatum). L’ensemble des données sur les souris invalidées pour la synucléine 1 et le DAT suggère que l’interaction DAT-synucléine 1 n’est pas essentielle pour l’expression et la fonction de chacun des deux partenaires. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 80 CONCLUSION BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 81 Partie 1 - Conclusion A/ Etude de l’interaction DAT-partenaire Nous avons rencontré des difficultés techniques avec l’approche du double-hybride en levure que nous n’avons pas toutes résolues : ainsi, je n’ai pas retrouvé l’interaction DATACIII, proie identifiée lors du crible initial réalisé par la société Hybrigenics et DAT-synucléine 1, interaction publiée dans la littérature. En revanche, l’interaction DAT-Sh2bp1, identifiée lors du premier crible, a été retrouvée lors de mes expériences de double-hybride. Dans tous les cas, il me paraît nécessaire de recourir à d’autres méthodes permettant de vérifier une interaction directe entre deux protéines. Deux techniques sont couramment utilisées : le « GST pull down » et la co-immunoprécipitation. Dans la première, l’extrémité C-terminale du DAT est fusionnée (par son extrémité Nterminale) à une protéine glutathion-S-transferase (GST) et accrochée sur une colonne d’affinité de billes glutathion agarose, permettant de retenir le complexe DAT-partenaire, à partir d’homogénats de striata de souris sauvages et DAT KO, ces dernières servant de témoin négatif. Après élution par compétition avec du glutathion libre, la présence d’une protéine partenaire est détectée par western-blot. Lorsque l’on ne possède pas d’anticorps spécifiques des protéines partenaires, on exprime la protéine d’intérêt en fusion avec la GST et on élue le DAT, que l’on détecte par western-blot. La construction de ces vecteurs est en cours au laboratoire. Dans la seconde technique, un anticorps dirigé contre la partie N-terminale du DAT (disponible au laboratoire) permettra d’immuno-précipiter le complexe DAT-partenaire, dont la nature sera révélée après élution par western-blot à l’aide d’anticorps spécifique de chaque protéine. Lorsque l’anticorps n’est pas disponible, il est nécessaire d’étiqueter la protéine à l’aide d’épitopes myc ou 6-His, et d’utiliser une résine d’affinité de cet épitope, permettant donc l’élution du DAT. N’ayant pas retrouvé l’interaction DAT-synucléine dans deux systèmes de levure différents, nous pouvons émettre des réserves quant à la robustesse de cette interaction directe. L’interaction DAT-alpha-synucléine n’a été montrée qu’une seule fois par doublehybride (Lee et al., 2001a), à l’aide d’un kit utilisant le système GAL4 (Clontech). Les auteurs ont co-transformé les levures, cette méthode étant plus sensible que la conjugaison de levures de signes sexuels opposés. De plus, ils n’ont utilisé que le test β-gal pour démontrer leur interaction. Il y avait donc un risque de faux-positif. L’interaction a été vérifiée par coimmunoprécipitation à partir de cellules transfectées ou d’extraits de striatum (Lee et al., BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 82 Partie 1 - Conclusion 1996; Wersinger and Sidhu, 2003), mais, selon les conditions expérimentales, cette technique peut co-immunoprécipiter des complexes multi-protéiques. Nous pouvons émettre l’hypothèse que l’interaction DAT-synucléine nécessite la présence d’une protéine adaptatrice, présente dans les cellules et les extraits striataux, qui rapproche la synucléine du DAT sans qu’il y ait interaction physique entre les deux protéines. La fonction endogène de Sh2bp1 n’a pas été démontrée à ce jour, mais il est possible que cette protéine intervienne dans ce type d’interaction, grâce à ses domaines TPR et SH2, connus pour médier des interactions entre protéines. Des protéines à domaines TPR jouent le rôle de co-chaperonnes, liant des protéines chaperonnes telles que hsp70, qui permettent le repliement, l’assemblage ou le désassemblage de complexes protéiques ou le transport de protéines vers des organelles (Liu et al., 1999). D’autres sont impliquées dans la libération de neurotransmetteurs, comme la rapsyne qui contient 8 domaines TPR et joue un rôle essentiel dans l’agrégation des récepteurs nicotiniques à la jonction neuromusculaire (Ponting and Phillips, 1996). L’interaction DAT-Sh2bp1 ayant été confirmée par notre protocole de double hybride, nous nous sommes aussitôt intéressés à déterminer le domaine d’interaction du DAT avec ce partenaire. Par des expériences de troncations croissantes de l’extrémité C-terminale du DAT et des expériences de mutagenèse dirigée réalisées et testées en double-hybride au laboratoire, Patrick Slama a pu identifier un triple mutant du DAT (YKF577AAS) ayant perdu sa capacité d’interaction avec Sh2bp1 (Slama et al., en préparation). Plusieurs constructions portant une seule mutation, visant notamment les résidus conservés entre DAT et NET, ont été fabriquées et vont être testées en double-hybride. B/ Etude du rôle fonctionnel de l’interaction DAT-partenaire J’ai rencontré des problèmes de reproductibilité lors des expériences de capture de 3 [ H]-dopamine sur cellules HEK293 co-exprimant le DAT et la protéine d’intérêt, qui ne m’ont pas permis de conclure quant à l’effet des protéines synucléine 1 et Sh2bp1 sur l’activité fonctionnelle du DAT. Ceci pourrait provenir d’un problème de protocole, concernant le mode de transfection transitoire utilisé. Il sera donc nécessaire de mettre au point les manipulations de transport en utilisant la technique de transfection par puits (in situ). Il me paraît également important d’effectuer ces manipulations sur protéine entière, puisque BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 83 Partie 1 - Conclusion jusqu’à présent nous avons travaillé sur la séquence interactante des protéines ACIII et Sh2bp1 ressortie en double-hybride. Ainsi, il manque plusieurs domaines TPR et le domaine SH2 de la protéine Sh2bp1, qui jouent très probablement un rôle important dans la régulation de l’interaction DAT-Sh2bp1. Comme contrôle négatif, nous pourrons utiliser les mutants du DAT identifiés en double-hybride, tel que le mutant DAT YKF577AAS pour l’interaction DATSh2bp1. Enfin, en vue de se rapprocher des conditions physiologiques, nous envisageons d’effectuer ces expériences sur des cultures primaires de neurones mésencéphaliques. De manière intéressante, Patrick Slama a construit au laboratoire des mutants de l’extrémité C-terminale du DAT et a démontré que Sh2bp1 interagissait avec la partie centrale de l’extrémité du transporteur, contenant la séquence FREKLAYAIA (Slama et al., en préparation). L’ablation de ce motif abolit l’interaction DAT-Sh2bp1. Récemment, l’équipe de Melikian (Holton et al., 2005) a montré que cette séquence, spécifique des transporteurs dépendant de Na/Cl, était nécessaire et suffisante à l’internalisation constitutive des transporteurs DAT et NET. Le mécanisme et la régulation de ce processus ne sont pas encore connus, mais pourraient mettre en jeu une ou plusieurs protéines adaptatrices, comme Sh2bp1. D’après nos résultats préliminaires, la présence de Sh2bp1 a tendance à augmenter la capacité de transport maximale du DAT. Ceci est souvent corrélé à une augmentation des molécules du transporteur à la membrane, donc à une internalisation moins forte. On peut donc émettre l’hypothèse que Sh2bp1, se liant au DAT via la séquence FREKLAYAIA, empêcherait une endocytose constitutive. Ceci aurait pour conséquence une plus forte densité de transporteurs membranaires et donc une plus grande activité de transport. C/ Etude de l’expression de la synucléine 1 chez les souris DAT KO Par des expériences d’hybridation in situ des ARNm et d’immuno-autoradiographie de la protéine synucléine 1, j’ai montré que la délétion constitutive du DAT n’entraînait pas de modification d’expression et de densité de la synucléine 1 au niveau des régions à corps cellulaires et terminaisons dopaminergiques. Ces données devront être complétées par des quantifications de la synucléine 1 par western-blot dans différentes structures cérébrales et par des expériences d’immuno-fluorescence, permettant de localiser précisément la protéine au niveau neuronal. Toutefois, il paraît peu probable que l’expression de la synucléine 1 soit BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 84 Partie 1 - Conclusion altérée chez les souris DAT KO. Les résultats présentés ici sont en accord avec ceux décrits dans la littérature concernant les souris dépourvues de synucléine 1, chez lesquelles l’expression et l’activité du DAT n’est pas modifiée. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 85 PARTIE 2 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 86 INTRODUCTION BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 87 Partie 2 - Introduction A/ La schizophrénie 1/ Définition et évolution • Définition de la maladie Identifiée en 1904 par Kraeplin puis caractérisée en 1911 par Bleuler, la schizophrénie est une maladie psychiatrique qui se manifeste par trois catégories de symptômes cliniques : 1/ des symptômes productifs regroupant pensées délirantes (convictions erronées), hallucinations (perceptions sensorielles sans objets) et une désorganisation de la pensée et du discours; 2/ des symptômes déficitaires se traduisant par un comportement catatonique, une perte de volonté, un émoussement affectif et un retrait social et 3/ des déficits cognitifs touchant l’attention, la capacité d’abstraction, les fonctions exécutives et certaines formes de mémoire, notamment la mémoire de travail. L’absence de marqueurs biologiques implique que le diagnostic de cette pathologie est établi cliniquement, sur un ensemble de critères basés sur des observations du comportement du sujet et sur le rapport d'expériences "anormales". Ainsi, les symptômes ne doivent pas être liés à une autre maladie (dépression ou prise de drogues) et doivent affecter le fonctionnement personnel et social. Ces symptômes peuvent se succéder dans le temps ou co-exister simultanément. Cette maladie touche actuellement 1% de la population mondiale, sans préférence concernant les pays, cultures et sexes, bien que les symptômes apparaissent plus précocement chez les hommes (18-25 ans) que chez les femmes (25-35 ans). • Evolution de la maladie Selon les individus, la progression de la schizophrénie apparaît très variable dans son évolution et son issue. Le premier épisode de la maladie est souvent précédé d’une phase prodromale (figure 26), caractérisée, entre autres, par des symptômes productifs atténués (illusions, superstition, pensées magiques), des troubles de l’humeur (anxiété, irritabilité), des symptômes cognitifs (difficultés de concentration, distraction) et un retrait social (Lewis and Lieberman, 2000; Frankle et al., 2003). Cependant, ces comportements sont aussi fréquemment retrouvés chez des adolescents sains qui ne développeront pas la maladie ; ces critères ne peuvent donc pas servir de diagnostic. Ensuite, des épisodes d’exacerbation de la maladie, caractérisés par l’émergence ou l’aggravation de pensées désorganisées et de symptômes psychotiques, alternent avec des périodes de rémission, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 88 Partie 2 - Introduction pendant lesquelles les symptômes sont moins apparents. Contrairement aux symptômes productifs, les symptômes déficitaires tendent à être stables au cours du temps et, si la schizophrénie est traitée de façon correcte et suffisamment tôt, certains patients peuvent espérer une réduction, voire une rémission de leurs troubles psychotiques après un premier épisode. D’autres patients ne répondent pas aussi bien au traitement et, dans ce cas, une détérioration clinique est généralement observée d’épisode en épisode. La maladie est plus active pendant la deuxième et troisième décennie de vie et tend à se stabiliser après dans un état résiduel. Figure 26 : Evolution clinique et pathophysiologique de la schizophrénie. Les différentes étapes de la maladie décrivent les phases pré-morbides et morbides. La sévérité des symptômes, représentée en ordonnée, est inversement proportionnelle à l’axe des y. Les mécanismes pathogénique et pathophysiologique hypothétiques sont indiqués en dessous de l’axe des abscisses. D’après Frankle et al., 2003. 2/ Etiologie : deux composantes La schizophrénie apparaît comme une maladie polygénique, associée à des facteurs de vulnérabilité environnementaux et développementaux. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 89 Partie 2 - Introduction a/ Aspects génétiques La vulnérabilité à la schizophrénie est reliée à des facteurs génétiques (Tsuang, 2000). Des études d’agrégation familiale ont montré que le risque de développer la maladie passait de 1 à 6-17% chez des apparentés de premier degré (parents, enfants ou fratrie) de schizophrènes. Parmi les jumeaux, l’incidence de la maladie est de 17% chez les jumeaux dizygotes (du même ordre que les apparentés de 1er degré) et atteint presque 50% chez les jumeaux monozygotes (Gottesman, 1994). Enfin, des études d’adoption ont révélé que le risque de schizophrénie était lié à la présence de la maladie chez les parents biologiques et non chez les parents adoptifs. De nombreuses études de liaison ont été entreprises afin d’associer dans des familles informatives différents marqueurs de régions chromosomiques (satellites ou gènes candidats) avec la maladie. De fait, diverses régions de chromosomes ont été proposées comme sites potentiels de vulnérabilité, comme la région 22q11 (pour revue, voir Karayiorgou and Gogos, 2004). Il est admis que la prédisposition à la schizophrénie soit la résultante de mutations de plusieurs gènes ayant chacun des effets modestes. Citons les gènes COMT (catéchol-O-méthyltranférase), dysbindine 1, neuréguline 1, calcineurine, RGS4 (regulator of G-protein signalling 4) et DISC1 (disrupted in schizophrenia 1) qui constituent quelques uns des gènes de susceptibilité pour la schizophrénie (pour revue, voir Harrison and Weinberger, 2005; Norton et al., 2006). Un autre axe d’étude est la recherche d’endophénotypes, traits infracliniques, marqueurs de la vulnérabilité génétique à la maladie chez les apparentés non atteints. Les endophénotypes neurophysiologiques, peuvent être des neuroanatomiques, mesures cognitives biochimiques, ou endocriniennes, neuropsychologiques. Un endophénotype doit répondre aux critères suivants : il doit être présent avant le début de la maladie et doit être héritable. En outre, les sujets atteints et non atteints d'une même famille doivent partager ces caractéristiques endophénotypiques plus souvent que des témoins apparentés entre eux, et plus souvent que des apparentés non atteints ne les partagent avec des témoins. Ainsi, on retrouve fréquemment chez les schizophrènes et leurs apparentés des déficits neurologiques (absence d’inhibition du réflexe de sursaut (pre-pulse inhibition ou PPI), défaut d’amplitude des ondes p50, p300,...) et anomalies anatomiques (augmentation de la taille des ventricules cérébraux, asymétrie cérébrale,…) Une piste supplémentaire consiste à analyser les symptômes communs à diverses maladies psychiatriques (déficits cognitifs, hallucinations,...) afin de tenter d’établir une origine commune. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 90 Partie 2 - Introduction En conclusion, on estime que la composante génétique interviendrait de façon majoritaire dans l’étiologie de la schizophrénie (Cannon et al., 2000). b/ Aspects environnementaux Chez les jumeaux monozygotes, possédant un génome identique, le risque d’être schizophrène est bien inférieur à 100%, ce qui signifie que l’origine de la schizophrénie n’est pas entièrement génétique et qu’interviennent des facteurs extérieurs et non liés au patrimoine génétique de l’individu. La plupart surviennent au cours de la grossesse, en période pré- ou péri-natale, affectant le processus de développement neuronal. Il peut s’agir d’exposition à des agents infectieux, toxiques, une maladie auto-immune ou bien des traumatismes ou des situations stressantes (McDonald and Murray, 2000). Par exemple, l’infection par le virus de la grippe (Influenza) au milieu de la grossesse semble être un facteur de risque, qui pourrait expliquer l’augmentation du nombre de naissances des schizophrènes en hiver ou au printemps. 3/ Etiologie : les différentes hypothèses a/ L’hypothèse dopaminergique La dopamine est considérée depuis longtemps comme jouant un rôle crucial dans la schizophrénie. La première hypothèse avancée est que les symptômes productifs résultent d’une hyperactivité dopaminergique des régions sous-corticales. Cette théorie provient de l’observation que des agonistes dopaminergiques, directs et indirects, comme l’amphétamine ou la cocaïne, sont capables de provoquer des réactions psychotiques chez des sujets sains et d’exacerber, à faibles doses, certains symptômes chez les schizophrènes. D’autre part, il existe une corrélation positive entre l’effet clinique des antipsychotiques et leur affinité à bloquer les récepteurs dopaminergiques D2 (Seeman, 1977; Carlsson, 1988). La plupart des résultats qui étayent cette hypothèse ont été obtenus par des techniques d’imagerie, SPECT (tomographie d’émission mono-photonique) et TEP (tomographie par émission de positons), mesurant la liaison d’un traceur radioactif, spécifique d’un sous-type de récepteur dopaminergique donné (voir Abi-Dargham, 2004). Plusieurs études ont démontré une augmentation de l’accumulation de DOPA, précurseur de la dopamine, dans le striatum de patients schizophrènes, qui serait encore plus forte chez des patients psychotiques (Reith et al., 1994; Lindstrom et al., 1999). Ceci serait compatible BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 91 Partie 2 - Introduction avec une activité de synthèse de dopamine accrue chez ces derniers. De même, une augmentation de la libération de dopamine après administration aiguë d’amphétamine a été montrée chez les schizophrènes, comparés aux sujets sains (Abi-Dargham et al., 1998; Laruelle et al., 1999). Ainsi, chez les patients schizophrènes le déplacement de liaison du [123-I]-IBZM (spécifique des récepteurs D2) induit par l’amphétamine est 2,5 fois plus élevé que chez les contrôles. Ce résultat est corrélé avec une probabilité accrue (40%) chez ces patients de développer des symptômes productifs, contre 0% chez les sujets sains (Laruelle et al., 1999). Etant donnée l’implication des récepteurs D2 dans le traitement de la maladie, de nombreuses études ont déterminé la densité de ces récepteurs. Une augmentation des récepteurs striataux a été trouvée et reproduite sur des cerveaux post-mortem de schizophrènes (Zakzanis and Hansen, 1998). Cependant, ces patients ayant été traités par des antipsychotiques, il ne peut être exclu que la hausse de récepteurs D2 observée ne soit pas due au traitement lui-même. Afin d’effectuer cette mesure chez des patients non traités, divers ligands spécifiques du récepteur D2 ont été utilisés en imagerie in vivo. Les études réalisées avec le [11C]-méthylspipérone ont conclu à une augmentation des sites tandis que celles menées avec le [11C]-raclopride n’ont pas révélé de variation significative. Cette différence serait due aux propriétés intrinsèques des ligands (voir Seeman and Kapur, 2000). Le méthylspipérone ne se lie qu’aux récepteurs D2 monomériques, forme supposée prépondérante chez les schizophrènes, tandis que le raclopride reconnaît également les récepteurs oligomériques. Ainsi, chez les patients contrôles, qui possèdent des récepteurs D2 monomériques et oligomériques, la liaison au [11C]-méthylspipérone serait sous-estimée, ce qui conduirait à une apparente augmentation des sites chez les schizophrènes. Une solution à ce problème est de mesurer l’occupation basale des récepteurs D2 par SPECT, en comparant la liaison d’un ligand D2 avant et après déplétion de dopamine par l’α-méthyl-para-tyrosine (Abi-Dargham et al., 2000). Ce composé inhibe la synthèse de dopamine, déplétant la synapse en dopamine et laissant plus de récepteurs accessibles au traceur. La différence entre les deux images reflète la proportion de récepteurs occupés à l’état de base. Il en résulte que les schizophrènes ont un taux d’occupation basal des récepteurs D2 significativement supérieur à celui des contrôles. D’autre part, on retrouve une meilleure efficacité d’un traitement aux antipsychotiques chez les schizophrènes ayant un niveau synaptique de dopamine plus élevé comparés aux schizophrènes ayant un niveau de dopamine plus bas. Ceci est en faveur de la notion selon laquelle l’hyperstimulation des récepteurs D2 est en grande partie responsable des psychoses des schizophrènes. Ainsi, il BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 92 Partie 2 - Introduction est peu probable qu’il y ait une augmentation de la densité des recepteurs D2 mais plutot une plus grande occupation de ces récepteurs par la dopamine chez les schizophrènes. Quant aux récepteurs D1, une seule équipe a montré une augmentation significative de leur densité au niveau du cortex préfrontal (Abi-Dargham et al., 2002). Une hypothèse complémentaire serait qu’une hypodopaminergie préfrontale serait responsable des déficits de mémoire de travail, associée au cortex préfrontal (Davis et al., 1991). Cette notion découle de travaux d’imagerie cérébrale décrivant une activité métabolique réduite au niveau de cette région lors d’une activation cognitive (Andreasen et al., 1992; Volz et al., 1999). Cependant, ce résultat n’a pas toujours été confirmé et semble dépendre des tâches cognitives effectuées (pour revue et références, voir Wong and Van Tol, 2003). b/ L’hypothèse glutamatergique La deuxième hypothèse émise quant à la pathophysiologie de la schizophrénie concerne le glutamate : une transmission glutamatergique réduite serait à l’origine des symptômes productifs et déficitaires de la maladie (Olney and Farber, 1995; Jentsch and Roth, 1999). La transmission glutamatergique représente le système excitateur majeur du cerveau, contrôlant de nombreuses fonctions physiologiques. Ce neurotransmetteur agit sur trois types de récepteurs ionotropiques (NMDA, AMPA, kainate) et sur des récepteurs métabotropiques (mGluR). Cette hypothèse est basée sur la capacité d’antagonistes des récepteurs NMDA (phencyclidine, kétamine) à provoquer, chez des sujets sains, des symptômes productifs, déficitaires ainsi que des altérations des capacités cognitives (Coyle, 1996). De plus, ces substances exacerbent les symptômes des patients schizophrènes et un traitement complémentaire avec des agonistes des récepteurs NMDA (glycine, sérine) améliore les symptômes de la maladie (Tsai et al., 1998; Javitt et al., 2005). Dès lors, beaucoup d’études ont été entreprises sur des cerveaux post-mortem puisqu’une difficulté majeure est qu’il n’existe pas à l’heure actuelle de radioligand spécifique des composants glutamatergiques, limitant ainsi les études in vivo de neuro-imagerie. La quantité des récepteurs AMPA, NMDA et des transcrits de leurs différentes sous-unités a été analysée chez des cerveaux de schizophrènes, mais les résultats de différentes équipes ne sont pas concordants (voir Ohnuma et al., 2005). Ohnuma et collaborateurs proposent que ce manque de reproductibilité soit dû à des changements fonctionnels de faible amplitude qui ne pourraient pas être détectés de manière robuste par l’étude d’un seul marqueur. Ce groupe a quantifié les transcrits des sous-unités mGLuR3 et mGluR5 ainsi que ceux du BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 93 Partie 2 - Introduction transporteur glutamatergique astrocytaire EAAT2 au niveau du cortex préfrontal de sujets schizophrènes et n’ont noté aucune différence significative de densité comparés aux sujets témoins. En revanche, les rapports des transcrits de chaque sous-unité par rapport au récepteur apparaissent significativement différents, suggérant que ce mode de comparaison pourrait être utile pour détecter des variations minimales. Récemment, un nouveau concept est né, réunissant les deux hypothèses précitées en reliant les systèmes dopaminergique et glutamatergique (voir Laruelle et al., 2005). Ainsi, une injection d’antagoniste NMDA ne modifie pas l’activité dopaminergique de patients contrôles. En revanche, le blocage des récepteurs NMDA chez des sujets sains ayant reçu de l’amphétamine provoque un excès de libération de dopamine, dont l’amplitude est comparable à la réponse des schizophrènes à une injection d’amphétamine seule. Ces données suggèrent qu’un déficit de la transmission glutamatergique serait impliqué dans les altérations de la régulation dopaminergique observées chez les schizophrènes. Réciproquement, la dopamine a des effets modulateurs sur la transmission glutamatergique. Les afférences corticales glutamatergiques et les projections dopaminergiques convergent sur les neurones inhibiteurs GABA de type « medium spiny » du striatum (figure 27). La stimulation des récepteurs D2 inhibe la libération de glutamate et réduit l’excitabilité des neurones GABA. Figure 27 : Modulations opposées de la transmission glutamatergique NMDA par les récepteurs dopaminergiques D1 et D2 sur les neurones GABA « medium spiny » du striatum. D’après Laruelle et al., 2005. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 94 Partie 2 - Introduction Au contraire, la stimulation des récepteurs D1 favorise la transmission NMDA et l’excitabilité des neurones GABA (West and Grace, 2002). Ainsi, une stimulation excessive des récepteurs D2 dans la schizophrénie inhiberait une transmission corticale et limbique via les récepteurs NMDA déjà déficiente. En bloquant les récepteurs D2, les antipsychotiques restaureraient la transmission glutamatergique striatale (Laruelle et al., 2005). c/ La théorie neuro-développementale Comme mentionné plus haut, plusieurs études suggèrent que le développement anormal du cerveau pendant la période pré- ou post-natale soit un des facteurs de risque pour la manifestation de la pathologie chez les jeunes adultes. Plus précisément, l’hypothèse neuro-développementale propose développement du normal qu’un cerveau, évènement engendrant adverse une in utero vulnérabilité altère cérébrale, le qui prédisposerait un individu à risque génétique à développer la maladie au cours de sa vie (figure 28). Prédisposition génétique Facteurs environnementaux précoces (complications obstétriques, infection virale,…) Anomalies neuro-développementales Facteurs environnementaux tardifs (maturation cérébrale, synaptogenèse,..) Dysfonctions cérébrales et schizophrénie Figure 28 : Etapes schizophrénie. de l’hypothèse neuro-développementale conduisant à la Adapté de Tsuang, 2000. • Facteurs de risques Les sujets ayant souffert de complications obstétriques ont deux fois plus de risques de développer la schizophrénie que des sujets n’ayant pas subi de complications (pour revue et références, voir Rehn and Rees, 2005). De plus, la précocité de la première manifestation de la maladie est hautement associée aux complications obstétriques. Une petite circonférence crânienne à la naissance est associée à une plus grande incidence de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 95 Partie 2 - Introduction schizophrénie. Il en est de même pour des infections virales maternelles survenant au cours des premier et deuxième trimestres de gestation, ainsi qu’une malnutrition maternelle. • Anomalies morphologiques Des études d’imagerie ou des analyses de cerveaux post-mortem ont permis de décrire quelques anomalies morphologiques (pour revue, voir Harrison, 1999). Ainsi, une dilatation des ventricules latéraux et du troisième ventricule a été observée de manière robuste chez les schizophrènes (McCarley et al., 1999). Une perte de tissu cérébral au niveau du cortex et de structures associées a également été trouvée : ceci concernerait certains cortex associatifs, dont ceux du lobe temporal, le cortex préfrontal dorsal et des aires limbiques telles que l’hippocampe et le cortex cingulaire antérieur (Goldstein et al., 1999; McCarley et al., 1999). Au niveau de l’hippocampe et du cortex préfrontal dorsal, ces diminutions ne proviendraient pas d’une réduction du nombre total de neurones, mais plutôt d’une réduction de la taille des corps cellulaires ou du nombre de terminaisons, de dendrites et d’épines dendritiques. Beaucoup de ces anomalies ont été montrées chez des sujets non traités, lors de leur premier épisode de schizophrénie (apparition des symptômes précédemment cités), suggérant que ces anomalies pourraient refléter le processus primaire de la maladie et ne sont pas secondaires à la pathologie ou au traitement. D’autre part, une étude d’imagerie a montré qu’il n’y avait pas de progression de la baisse de volume de l’hippocampe chez des schizophrènes au cours d’un suivi de deux ans, suggérant que ces altérations, analysées lors du premier épisode de la pathologie, sont stables au cours du temps et pourraient résulter d’un développement anormal pendant la grossesse ou l’enfance (Wood et al., 2001). En outre, la majorité des études n’a pas décelé d‘astrogliose, signe de neurodégénerescence, suggérant qu’il n’y aurait pas de processus neurodégénératif en cause dans la schizophrénie. d/ Une maladie de la synapse ? Les anomalies morphologiques, particulièrement au niveau du cortex préfrontal (réduction du volume de matière grise, augmentation de la densité de cellules sans changement du nombre total de neurones), contribuent probablement aux déficits cognitifs caractérisant la schizophrénie. Les données laissent à penser qu’il pourrait y avoir une diminution du nombre des terminaisons axonales, des dendrites distales et de leur principale cible synaptique, les épines dendritiques (Selemon and Goldman-Rakic, 1999). Une diminution de la densité d’épines dendritiques a en effet été trouvée au niveau du cortex préfrontal de schizophrènes (Glantz and Lewis, 2000) ainsi qu’une baisse de la BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 96 Partie 2 - Introduction synaptophysine, protéine présynaptique (Karson et al., 1999). D’autre part, l’âge de début typique de la maladie coïncide avec la période de fin de réduction de la densité des synapses (« synaptic pruning ») et des épines dendritiques au niveau du cortex préfrontal du primate (Bourgeois et al., 1994). En outre, des gènes codant pour des protéines responsables du processus de myélinisation ou associées au cytosquelette ont également été mis en cause dans la schizophrénie (Cotter et al., 1997; Davis et al., 2003). La reeline, qui régule la migration neuronale pendant la phase embryonnaire et module l’activité des récepteurs NMDA, est diminuée de 50% dans le cortex des schizophrènes (Guidotti et al., 2000; Chen et al., 2005b). Récemment, la technologie des puces à ADN a permis d’étudier les changements d’expression de gènes à grande échelle, très utile pour l’analyse des maladies complexes telles que les maladies psychiatriques. Ainsi, Mirnics et collaborateurs (2000) ont trouvé une diminution reproductible d’expression des transcrits codant pour des protéines régulant la fonction présynaptique, notamment les mécanismes de libération du neurotransmetteur. Bien que les gènes les plus affectés varient selon les individus schizophrènes, soulignant l’hétérogénéité moléculaire de la maladie, cette étude a identifié un gène dont l’expression était presque systématiquement réduite chez le groupe de patients étudié, par rapport au groupe contrôle. Cette observation a également été confirmée par hybridation in situ sur d’autres sujets. Il s’agit du gène RGS4 (regulator of G protein signaling 4) qui a pour fonction de restreindre la durée de la réponse post-synaptique après libération du neurotransmetteur et son action sur ses récepteurs métabotropiques, glutamatergiques, sérotoninergique (5HT2) et dopaminergique (D2) (Mirnics et al., 2001). De façon intéressante, RGS4 est localisé sur la région chromosomique 1q21-22, identifiée comme étant un locus significatif de susceptibilité à la schizophrénie (Brzustowicz et al., 2000). Une diminution d’expression a également été notée pour les gènes NSF (N-ethylmaleimide sensitive factor), synapsine II (SYN2) et ATPase (Mirnics et al., 2000). Physiologiquement, une expression moindre de gènes présynaptiques provoquerait une diminution de la libération de neurotransmetteur par les vésicules synaptiques des terminaisons neuronales, qui ne serait pas forcément significative dans des conditions de faible activité synaptique mais qui pourrait avoir des conséquences fonctionnelles lorsqu’une activité plus soutenue est requise. Ainsi, ceci pourrait expliquer que les sujets atteints de schizophrénie montrent une moindre activation du cortex préfrontal pendant les tâches qui nécessitent une activité soutenue, comme celles impliquant la mémoire de travail. D’autres travaux sont nécessaires pour valider les résultats de cette première grande étude. Notons que d’autres expériences utilisant des puces à ADN BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 97 Partie 2 - Introduction ont identifié différents gènes dérégulés, impliqués dans des fonctions autres que synaptiques (voir Konradi, 2005). 4/ Le traitement de la schizophrénie Bien que l’étiologie et la pathophysiologie de la schizophrénie ne soient pas encore élucidées, l’efficacité des traitements pharmacologiques a clairement été démontrée depuis une cinquantaine d’années. Les différents types de neuroleptiques utilisés ont en commun la propriété de réduire la transmission dopaminergique en bloquant efficacement le récepteur dopaminergique D2. Les traitements pharmacologiques actuels montrent cependant une efficacité parfois limitée et sont souvent associés à des effets secondaires indésirables: tremblements et dyskinésies (syndromes extra-pyramidaux), dus au blocage du récepteur D2 au niveau de la voie nigro-striée ; aggravation de symptômes négatifs et troubles cognitifs dus au blocage de la voie méso-corticale ; stimulation de la production de prolactine, par blocage des récepteurs du système hypothalamo-hypophysaire. Toutefois, ces molécules permettent de réduire considérablement les symptômes psychotiques et de limiter leur récurrence, grâce au blocage du récepteur D2 au niveau de la voie mésolimbique. Depuis une quinzaine d’années, une nouvelle classe d’antipsychotiques, dits « atypiques » est apparue sur le marché. Certaines de ces molécules (clozapine, rispéridone, olanzapine,…) sont moins spécifiques du récepteur D2 que les neuroleptiques conventionnels (halopéridol) et ciblent également les récepteurs sérotoninergiques (5HT-1, 5HT-2) ou ont une affinité pour une combinaison de récepteurs multiples et de transporteurs plasmiques, incluant les récepteurs dopaminergiques, noradrénergiques, muscariniques, histaminergiques, le DAT, le NET... Ces molécules présentent l’avantage d’engendrer peu ou pas d’effets extrapyramidaux. Toutefois, certaines d’entre elles présentent le gros désavantage d’induire des désordres endocriniens, tels que surpoids et diabète. Ajoutons qu’une thérapie cognitive peut complémenter de façon bénéfique le traitement pharmacologique des patients schizophrènes (Kane, 1996). 5/ Les modèles animaux pour la schizophrénie Bien que les modèles animaux puissent seulement approcher la complexité clinique du phénotype de la schizophrénie, ils représentent un outil essentiel pour comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires qui sous-tendent BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 la pathogenèse et la 98 Partie 2 - Introduction pathophysiologie de la maladie. Selon Lipska (2004), plusieurs critères comportementaux sont requis chez le rongeur pour valider la pertinence d’un modèle animal pour la schizophrénie, dont : 1/ des changements cellulaires, moléculaires et morphologiques du cerveau 2/ une réponse accrue au stress, aux antagonistes NMDA et aux agonistes dopaminergiques 3/ un déficit de filtrage sensori-moteur (PPI) et d’inhibition latente 4/ une altération de la mémoire de travail 5/ une vulnérabilité aux drogues addictives 6/ un déficit dans le comportement social 7/ une amélioration des déficits par des neuroleptiques a/ Modèles pharmacologiques Plusieurs modèles animaux ont été réalisés afin d’étudier la pertinence des hypothèses classiques dopaminergique et glutamatergique. Ainsi, les rongeurs traités par les amphétamines montrent une hyperactivité et des stéréotypies, mimant les symptômes psychotiques des schizophrènes. Ils montrent également un déficit du PPI et d’inhibition latente, c’est-à-dire une moindre performance dans une tâche d’apprentissage impliquant un stimulus non renforçant pré-exposé (Segal et al., 1981; Swerdlow and Geyer, 1998). Ces comportements peuvent être améliorés par l’administration de neuroleptiques conventionnels et atypiques. Cependant, ce modèle ne reproduit pas la symptomatologie déficitaire de la schizophrénie. Les animaux recevant des antagonistes des récepteurs NMDA (PCP, kétamine, MK801, mémantine) montrent une locomotion et des stéréotypies accrues, des déficits d’interaction sociale ainsi que des déficits de PPI et une altération des fonctions cognitives (Sams-Dodd, 1998; Krystal et al., 1999), suggérant que ce modèle est plus pertinent que le précédent. On peut noter que, dans ce modèle, les antipsychotiques atypiques se révèlent plus efficaces que les neuroleptiques typiques. b/ Modèles neuro-développementaux De nombreux modèles animaux ont été développés afin d’étayer l’hypothèse neurodéveloppementale (Rehn and Rees, 2005; Robertson et al., 2006). Citons notamment les modèles de complications obstétriques (privation nutritionnelle ou stress durant la gestation, hypoxie/ ischémie pendant la mise bas) provoquant des dommages structurels au niveau du cerveau et des déficits comportementaux, limités cependant aux symptômes productifs; BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 99 Partie 2 - Introduction l’altération de la prolifération cellulaire par méthylation des acides nucléiques, engendrant des anomalies structurelles et l’insuffisance placentaire chronique, également à l’origine de défauts structurels et comportementaux. L’hypothèse de l’infection virale a également été testée: l’inoculation de rattes gestantes par le cytomégalovirus, l’Herpes simplex ou l’Influenza conduit à un déficit du PPI, un retrait social et des altérations de la morphologie temporo-limbique. Des études récentes suggèrent que ces altérations seraient probablement le résultat de la réponse immunitaire maternelle à l’infection plutôt que dues au virus lui-même. Ainsi, Zuckerman et collaborateurs (2003) ont démontré que des rattes gestantes, injectées avec un ARN double brin synthétique mimant l’exposition virale, donnaient naissance à des petits, apparemment normaux à la naissance et pendant l’adolescence, mais qui développaient des troubles comportementaux à l’âge adulte. Ces animaux montrent notamment des déficits du PPI, une sensibilité accrue à l’amphétamine et au MK-801 et une altération de l’inhibition latente (Zuckerman and Weiner, 2005). Beaucoup de comportements sont améliorés par un traitement aux antipsychotiques, en accord avec les critères validant un modèle animal pour la schizophrénie. Il semblerait donc qu’une accumulation de cytokines inflammatoires, à la suite d’une infection virale au cours du développement du cerveau, augmente le risque de désordres neuro-développementaux, en altérant la survie et la connectivité des neurones (Nawa et al., 2000). Plusieurs équipes ont injecté une toxine anti-mitotique, le méthylazoxyméthanol (MAM ; Talamini et al., 1998) à des rattes gestantes, entre les jours embryonnaires E09 et E17 et ont étudié l’anatomie et le comportement de la progéniture. Selon le moment de l’injection, les animaux présentent des défauts anatomiques et comportementaux plus ou moins sévères. Chez les rats injectés de E09 à E12, le poids du cerveau est plus faible et le volume du striatum et des cortex enthorinal et préfrontal sont plus ou moins réduits selon le jour de l’injection (Jongen-Relo et al., 2004). Toutefois, les rats adultes ne semblent pas présenter d’hyperactivité et de défaut de PPI ou d’inhibition latente (Jongen-Relo et al., 2004). Les rats traités à E15 présentent de grosses anomalies anatomiques et un fort déficit de mémoire spatiale, tandis que ceux injectés à E17, qui ont une migration cellulaire anormale dans l’hippocampe et une désorganisation laminaire corticale, semblent avoir une mémoire de travail altérée (Gourevitch et al., 2004). D’autres études s’avèrent nécessaires pour valider ce modèle. Citons enfin le modèle de lésion bilatérale de l’hippocampe ventral chez les rats nouveaux nés (Lipska et al., 1993), qui a fait l’objet de nombreux travaux (voir Lipska, 2004). Ce modèle est intéressant car l’hippocampe est une structure altérée chez les BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 100 Partie 2 - Introduction schizophrènes, qui projette directement sur le cortex préfrontal, également atteint chez ces sujets. Les jeunes rats lésés (jour postnatal 35) paraissent moins sociables que leurs contrôles mais se comportent normalement dans des tests moteurs impliquant un stress et des agonistes dopaminergiques. A l’adolescence et à l’âge adulte (jour postnatal 56), les animaux lésés montrent des changements de comportements liés à une transmission dopaminergique accrue (hyperlocomotion en réponse au stress et aux stimulants, augmentation des stéréotypies). Ils présentent également une hypersensibilité aux antagonistes glutamatergiques (MK-801, PCP), des déficits du PPI et d’inhibition latente, un comportement social altéré et des problèmes de mémoire de travail. Certains de ces comportements, excepté le retrait social, sont améliorés après traitement aux neuroleptiques. Ce modèle paraît donc pertinent et répond aux principales exigences d’un modèle animal pour la schizophrénie. Cependant, la sévérité de l’intervention, détruisant totalement l’hippocampe ventral, contraste avec les changements neuropathologiques modestes décrits sur les cerveaux post-mortem de patients schizophrènes. Un modèle moins lourd d’inactivation transitoire de l’hippocampe ventral par injection de tétrodotoxine, bloquant les canaux sodiques voltage-dépendants de façon réversible, a alors été développé (Lipska et al., 2002). Les comportements des rats lésés sont similaires au modèle de lésion permanente, avec toutefois une amplitude moindre et une absence d’altération du comportement social. c/ Modèles génétiques Les études génétiques d’association et de liaison suggèrent que plusieurs régions chromosomiques contiennent des gènes de susceptibilité à la schizophrénie, impliqués dans la neurotransmission, le neuro-développement et la fonction synaptique. Des modèles animaux invalidés pour différentes protéines impliquées dans ces processus ont donc été générés (voir Robertson et al., 2006). Selon l’hypothèse dopaminergique, plusieurs composants de ce système (récepteurs D1-D5, COMT, MAO ; voir Gainetdinov et al., 2001a) ont ainsi été inactivés de façon constitutive chez la souris. Par exemple, les souris invalidées pour le DAT (Giros et al., 1996; voir partie I, Introduction, paragraphe 8) montrent une hyperlocomotion spontanée, des stéréotypies et des déficits sensori-moteurs et cognitifs améliorés par des neuroleptiques. Par contre, ces souris ne présentent pas d’altération de leur comportement social (comme le modèle pharmacologique d’animaux traités à l’amphétamine), ni de réponse accrue aux psychostimulants. En revanche, les souris exprimant 5 à 10% de la sous-unité NR1 du récepteur glutamatergique NMDA montrent une hyperlocomotion, des stéréotypies en BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 101 Partie 2 - Introduction réponse à un nouvel environnement ainsi que des déficits sociaux, normalisés par la clozapine (Mohn et al., 1999). Cependant, le déficit de PPI de ces souris n’est pas amélioré par cet antipsychotique (Fradley et al., 2005). La calcineurine est une protéine dépendante du calcium et de la calmoduline, impliquée dans la croissance neuritique, la plasticité synaptique et les fonctions d’apprentissage et de mémoire. Une expression diminuée de cette protéine a été notée au niveau de l’hippocampe de patients schizophrènes, potentiellement à l’origine d’une plasticité réduite dans cette région (Gerber et al., 2003). Les souris invalidées pour cette protéine spécifiquement au niveau du cerveau antérieur (Zeng et al., 2001) montrent des déficits de plasticité synaptique, de certaines formes de mémoire, ainsi qu’une hyperlocomotion, une altération du PPI, du comportement social et d’inhibition latente (Zeng et al., 2001; Miyakawa et al., 2003). La neuréguline 1 est aussi une protéine jouant un rôle dans la plasticité synaptique et la neurogenèse, ainsi que la migration et la survie neuronales. Un polymorphisme situé dans la partie non codante du gène a été positivement corrélé à la schizophrénie. Cette mutation serait probablement impliquée dans la régulation de l’expression de la protéine (voir Tosato et al., 2005). Les souris ne portant qu’une copie du gène montrent également des comportements altérés : hyperlocomotion, déficit de PPI, d’inhibition latente,… (Gerlai et al., 2000; Stefansson et al., 2002; Rimer et al., 2005). Citons enfin les souris STOP KO (Andrieux et al., 2002), qui feront l’objet d’un chapitre à part entière (voir chapitre C). B/ Nicotine et schizophrénie 1/ Le système cholinergique a/ Voies cholinergiques centrales Dans le système nerveux central, les neurones cholinergiques sont localisés en amas dans des noyaux mais aussi de façon diffuse dans certaines structures, en tant qu’interneurones. Les noyaux cholinergiques sont regroupés dans deux zones cérébrales : le prosencéphale, contenant la majorité des neurones et le tronc cérébral. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 102 Partie 2 - Introduction Le prosencéphale contient les structures anatomiques telles que la bande diagonale de Broca, le noyau préoptique, la substance innominée, le noyau basal de Meynert et les noyaux du septum. Les neurones issus du septum et de la bande de Broca innervent principalement l’hippocampe (voie septo-hippocampique), le cortex cingulaire et l’amygdale (figure 29). Cette voie serait impliquée dans les processus d’apprentissage, de mémorisation. Les projections issues des autres noyaux sont diffuses dans le cortex. Le tronc cérébral comprend deux noyaux cholinergiques : le noyau pédonculaire et le noyau tegmental latéral. Ces neurones innervent, entre autres, les noyaux thalamiques, l’habenula, les colliculi supérieurs, la substance noire, l’aire tegmentale ventrale et le septum. Par ailleurs, des interneurones cholinergiques sont notamment présents dans le noyau accumbens et le striatum, où ils participent au processus de motricité extrapyramidale. Raphe Locus nuclei coeruleus Figure 29 : Schéma illustrant les principaux noyaux cholinergiques et leurs projections dans le cerveau de rat. b/ Métabolisme de l’acétylcholine L’acétylcholine (ACh) est synthétisée à partir de la choline et de l’acétyl coenzyme A, par l’enzyme cytoplasmique choline acétyltransférase (ChAT): Choline + Acétyl coenzyme A Acétylcholine + Coenzyme A ChAT Les deux précurseurs ne sont pas disponibles en permanence dans le cytoplasme. La choline provient à la fois de la dégradation d’un lipide circulant, la phosphatidylcholine et BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 103 Partie 2 - Introduction de la dégradation de l’acétylcholine et l’acétyl coenzyme A est synthétisé et stocké dans les mitochondries. La choline est transportée à l’intérieur du neurone par deux mécanismes spécifiques : - un mécanisme lent, à faible affinité ; - un mécanisme actif à haute affinité, co-transportant la choline avec le sodium extracellulaire, via le transporteur HACU (high affinity choline uptake), également nommé CHT1 (choline transporter 1). Après synthèse, l’acétylcholine est transportée activement dans les vésicules synaptiques par le transporteur vésiculaire VAChT (vesicular acetylcholine transporter). Lors de l’arrivée d’un potentiel d’action, les vésicules fusionnent à la membrane et leur contenu est libéré dans l’espace synaptique : l’acétylcholine peut alors agir sur ses récepteurs spécifiques. Contrairement aux monoamines classiques, mais comme l’histamine, l’acétylcholine ne possède pas de transporteur plasmique spécifique. L’acétylcholine se lie à deux types de récepteurs : des récepteurs ionotropiques, appelés également nicotiniques, liant la nicotine et métabotropiques, dits muscariniques, liant la muscarine. Néanmoins, environ la moitié de la quantité d’acétylcholine libérée est aussitôt métabolisée en choline et en acétate dès son entrée dans l’espace synaptique. Cette dégradation est effectuée par l’enzyme acétylcholine estérase; le temps d’inactivation d’une molécule d’acétylcholine est estimé à 100 msec. 2/ La transmission cholinergique L’acétylcholine agit sur deux types de récepteurs : les récepteurs muscariniques, activés par la muscarine et les récepteurs nicotiniques, stimulés par la nicotine. a/ Les récepteurs muscariniques Les récepteurs muscariniques peuvent être classés en deux types : les récepteurs activateurs (M1, M2, M5) et les récepteurs inhibiteurs (M2 et M4 ; figure 30). Les premiers sont couplés à des protéines Gq, dont la stimulation entraîne l’activation du métabolisme des phosphoinositides, via la phospholipase C et une libération de calcium intracellulaire, aboutissant à une dépolarisation membranaire. Les récepteurs M2 et M4 sont quant à eux couplés à une protéine Gi et inhibent l’adénylate cyclase, donc la production d’AMPc. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 104 Partie 2 - Introduction Figure 30 : Représentation schématique des voies de signalisation médiées par les deux types de récepteurs muscariniques. AC : adénylate cyclase ; Ins(1, 4, 5)P3 : inositol (1,4,5) triphosphate D’après Eglen et al., 2001. b/ Les récepteurs nicotiniques neuronaux • Structure et diversité des sous-unités Les récepteurs nicotiniques (nAChRs) appartiennent à la superfamille des canaux ioniques activés par des ligands, tout comme les récepteurs ionotropiques du GABA, de la glycine et de la sérotonine (Karlin and Akabas, 1995). Ils ont une structure pentamérique, constituée de cinq sous-unités transmembranaires assemblées autour d’un canal ionique central (figure 31). Les sous-unités du système nerveux central se répartissent en deux classes : les sous-unités α (α2-α10), se différenciant par la présence de deux résidus cystéine adjacents, formant le site de liaison au ligand et les sous-unités β (β2-β4). L’assemblage de sous-unités α et β donne lieu à de multiples combinaisons possibles. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 105 Partie 2 - Introduction ACh ou nicotine Figure 31 : Représentation schématique d’un récepteur nicotinique ancré dans la membrane plasmique. D’un point de vue évolutif, l’ensemble de ces sous-unités peut être classé en deux familles, définies sur la base de séquences protéiques et de la structure des gènes (voir Arias, 2000). Les récepteurs homopentamériques sont constitués de cinq sous-unités α appartenant à la famille I (α7-α10). Les hétéropentamères sont formés de deux sous-unités α de la famille II (α2-α6) et trois sous-unités β de la famille II (β2-β4). L’association des différentes sous-unités entre elles confère à chaque type de récepteur des propriétés pharmacologiques et fonctionnelles distinctes (affinité pour les ligands, perméabilité calcique, vitesse de désensibilisation, durée de re-sensibilisation…). • Classification et propriétés des récepteurs Parmi les différentes classifications proposées, on peut retenir celle de Zoli et collaborateurs (1998), qui différencie quatre types de récepteurs (le sigle * indique une associations avec d’autres sous-unités) : Type I (α7*) : caractérisés par leur sensibilité à l’antagoniste α-bungarotoxine et leur faible affinité pour la nicotine, ces récepteurs sont des homopentamères composés de la sousunité α7. Leur vitesse de désensibilisation, donc d’inactivation, est très rapide. Type II (α4α6β2*) : composés de la sous-unité β2, ils lient l’épibatidine avec une affinité nanomolaire, meilleure que la nicotine. Cette classe contient essentiellement les récepteurs α4β2, constituant 90% des récepteurs nicotiniques et également les récepteurs α*α6β2β*. Type 3 (α3β4*) : ces récepteurs ne contiennent pas la sous-unité β2, lient l’épibatidine avec une bonne affinité et se désensibilisent assez lentement. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 106 Partie 2 - Introduction Type 4 (α2α4β4* ; α3α5β4*): ces récepteurs ne contiennent pas non plus la sous-unité β2, lient l’épibatidine et la cytisine avec une bonne affinité et ne lient pas la nicotine. Ils montrent une désensibilisation rapide. Régulation Les nAChRs peuvent exister sous différents états conformationnels, régis par des lois allostériques (Lena and Changeux, 1993). De manière simplifiée, en absence d’agoniste, le récepteur est dans un état de repos. Lorsqu’un agoniste se lie au nAChR, ce dernier s’ouvre pendant plusieurs millisecondes, laissant passer un flux de cations. Puis, il se referme de façon plus ou moins rapide selon le type de récepteur et se retrouve dans un état désensibilisé, qui évolue vers un état d’inactivation où le récepteur est réfractaire à l’agoniste. Divers ligands ou processus peuvent modifier la fonctionnalité des nAChRs (figure 32). toxines α agonistes et antagonistes compétitifs glycosylation modulateurs et inhibiteurs non compétitifs agents non compétitifs bloquant le canal cytosquelette Figure 32 : Représentation des sites allostériques d’un récepteur nicotinique. D’après Dani, 2001. De façon non conventionnelle, une exposition prolongée à l’agoniste engendre une augmentation du nombre de nAChRs (Peng et al., 1994). Dans les cerveaux de fumeurs post mortem, il a été trouvé un nombre de sites liant la nicotine significativement plus élevé comparé aux cerveaux de non fumeurs (Breese et al., 1997). Ce processus serait la conséquence de la désensibilisation rapide et de l’inactivation des récepteurs, provoquant potentiellement un déficit de transmission cholinergique, pallié par un accroissement du nombre de récepteurs. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 107 Partie 2 - Introduction Par ailleurs, il a récemment été montré que la consommation journalière de cigarettes conduisait à une occupation quasi-complète des sites α4β2* (Brody et al., 2006). Perméabilité calcique Les nAChRs sont des canaux cationiques, permettant une entrée d’ions Na+ et Ca2+ et une sortie d’ions K+. Comparés aux autres récepteurs canaux, les récepteurs nicotiniques présentent la caractéristique d’être particulièrement perméables au calcium (voir Fucile, 2004). Le rapport de perméabilité entre le calcium et le sodium (PCa/PNa) se situe autour de 1,5 pour les hétéropentamères et peut atteindre une valeur dix fois plus élevée pour les homopentamères α7. Ces derniers sont donc plus perméables au calcium que le récepteur glutamatergique de type NMDA (PCa/PNa=7). Au potentiel de repos de la cellule, lorsque les récepteurs NMDA sont bloqués par les ions Mg2+, les nAChRs constituent une voie majeure d’entrée du calcium. • Localisations cérébrale et neuronale Localisation cérébrale Des expériences d’hybridation in situ chez le rongeur ont permis de montrer une répartition assez diffuse et variée des ARNm codant pour les différentes sous-unités des récepteurs nicotiniques (figure 33). Les ARNm des sous-unités α4, α7, β2 sont assez largement exprimées dans tout le cerveau tandis que ceux de la sous-unité α6 sont sélectivement concentrés au niveau des corps cellulaires catécholaminergiques : dopaminergiques (substance noire, aire tegmentale ventrale) et noradrénergiques (locus coeruleus). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 108 Partie 2 - Introduction Télencéphale bulbe olfactif cortex couche I-III couche IV couche V coucheVI hippocampe striatum septum hypothalamus NSO Diencéphale hypophyse habenula thalamus α2 α3 α4 α5 α6 α7 β2 β3 β4 + ++ + ++ - ++ ++ - + (+) - + (+) - + + ++ ++ + + + + + + + + ++ + - + - + + ++ ++ +++ + + +++ ++ ++ ++ ++ ++ + + + + - - - +++ +++ + ++ +++ + + - (+) + (+) - + ++ +++ ++ + ++ + ++ (+) - ++ + ++ ++ +++ + (+) (+) ++ ++ +++ + +++ + - + (+) + ++ ++ + + (+) ++ + + + + + +++ - ++ - + + ++ ++ ++ ++ + +++ - + +++ - Mésencéphale SN+ATV IPN Rhombencéphale noyaux cervelet locus coeruleus noyaux moteurs NTS area postrema Figure 33 : Distribution différentielle des ARNm de différentes sous-unités des récepteurs nicotiniques dans le cerveau de rat. ATV: aire tegmentale ventrale ; IPN : noyau interpédonculaire ; NTS : noyau du tractus solitaire ; NSO : noyau supraoptique ; SN : substance noire Tableau adapté de Lena and Changeux, 1998, d’après Le Novere et al., 1996; Lena and Changeux, 1997; Pidoplichko et al., 1997; Winzer-Serhan and Leslie, 1997; Zoli et al., 1998. D’autre part, des études de radioliaison, utilisant des radioligands plus ou moins sélectifs des différents récepteurs ont permis de localiser les récepteurs nicotiniques. Ainsi, par liaison de [3H]-nicotine, [125I]-épibatidine et de [3H]-cytisine sur coupes, il a été montré que les sous-unités α4 et β2 sont les plus largement exprimées dans le cerveau de rongeur (Flores et al., 1992; Hill et al., 1993; Zoli et al., 1998). Leur présence a été décrite au niveau du cortex cérébral (Clarke et al., 1985; Zilles et al., 1989), du striatum, du noyau accumbens, des noyaux thalamiques, des colliculi supérieurs, de l’habénula médiane, de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 109 Partie 2 - Introduction l’aire tegmentale ventrale, de la substance noire pars compacta et du noyau interpédonculaire (Clarke et al., 1985; Zoli et al., 1998). Les récepteurs nicotiniques contenant la sous-unité α6, liant l’125I-α-conotoxine MII, sont exprimés dans la rétine, les noyaux catécholaminergiques (substance noire, aire tegmentale ventrale, locus coeruleus), le striatum, le noyau interpédonculaire et l’habénula médiane (Zoli et al., 1998; Champtiaux et al., 2002). Ces régions correspondent aux neurones exprimant les ARNm de la sous-unité α6 (Le Novere et al., 1996). Les sites de liaison à l’[125I]-α-bungarotoxine, composés de la sous-unité α7, sont distribués de manière diffuse dans l’ensemble du cerveau et plus fortement au niveau du cortex, de l’hippocampe (gyrus denté et région CA1), du striatum et de l’amygdale (Clarke et al., 1985; Orr-Urtreger et al., 1997). Localisation neuronale La fonction des récepteurs nicotiniques la plus fréquemment observée est la stimulation de la libération de neurotransmetteurs (pour revue, voir Wonnacott, 1997). Pour cela, ils sont situés stratégiquement au niveau présynaptique : terminal ou pré-terminal (figure 34). Ces récepteurs présynaptiques terminaux (A) et pré-terminaux (B) permettent de stimuler la libération de la quasi-totalité des neurotransmetteurs étudiés : une application exogène d’un agoniste ou d’un antagoniste nicotinique augmente ou diminue, respectivement, la libération d’acétylcholine elle-même, de dopamine, de noradrénaline, de sérotonine, de glutamate et de GABA (voir Dani, 2001 et références associées). La stimulation des récepteurs nicotiniques provoque l’entrée d’un flux d’ions Na+, dépolarisant la membrane et capable d’activer les canaux calciques voltage-dépendants, engendrant une libération accrue de neurotransmetteur calcium-dépendante. A B Figure 34 : Représentation schématique de la localisation des récepteurs nicotiniques (nAChRs) au niveau terminal du neurone (A) ou préterminal (B). D’après Dani, 2001. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 110 Partie 2 - Introduction Les récepteurs homomériques α7, particulièrement perméables au calcium, pourraient aussi provoquer un influx calcique suffisamment important pour conduire à une exocytose indépendante des canaux voltage-dépendants. Ainsi, dans des tranches et cultures d’hippocampe de rat, la stimulation des récepteurs présynaptiques de type α7 initie un flux de calcium qui augmente la libération de glutamate des terminaisons présynaptiques (Albuquerque et al., 1997). Le calcium intracellulaire joue également le rôle de second messager, activant plusieurs voies de régulation, notamment des protéines kinases et phosphatases. Au niveau pré-terminal (B), la stimulation ou l’inhibition des récepteurs nicotiniques joue sur l’activité des canaux sodium voltage-dépendants, favorisant ou inhibant, respectivement la régénération d’un potentiel d’action. Les récepteurs nicotiniques sont également localisés, quoique plus rarement, sur les soma et dendrites de neurones post-synaptiques (figure 35). Figure 35 : Représentation schématique de récepteurs nicotiniques postsynaptiques. D’après Dani, 2001. Ce type de transmission direct et rapide a notamment été détecté au niveau d’interneurones GABA pendant le développement du cortex visuel (Roerig et al., 1997). Cependant, d’une manière générale, la transmission nicotinique rapide ne représente qu’un très faible pourcentage du signal excitateur qui est très majoritairement glutamatergique. 3/ Relation entre nicotine et schizophrénie a/ Etudes épidémiologiques De nombreuses études épidémiologiques ont montré que la consommation de tabac était beaucoup plus forte chez les populations d’individus atteints de maladies mentales, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 111 Partie 2 - Introduction particulièrement les schizophrènes, comparées à des populations contrôles (Glassman, 1993). Ainsi, on estime à 70-80% le pourcentage de fumeurs parmi les sujets atteints de schizophrénie, contre 20-30% dans la population générale (de Leon et al., 2002). De plus, les fumeurs schizophrènes semblent avoir une plus forte consommation de cigarettes (Ucok et al., 2004), apprécier les cigarettes plus chargées en nicotine (Olincy et al., 1997) et extraire plus de nicotine de leurs cigarettes que les fumeurs sains (Strand and Nyback, 2005). Une étude prospective a également montré que la consommation régulière de tabac chez les adolescents était significativement prédictive de l’apparition ultérieure de schizophrénie, avec un effet-dose par rapport à la consommation quotidienne de cigarettes (Weiser et al., 2004). Toutes ces données ont suggéré un éventuel dysfonctionnement de la transmission nicotinique chez les schizophrènes. b/ Expression des récepteurs nicotiniques chez les schizophrènes Des expériences de liaison de l’α-bungarotoxine ou d’immunochimie sur des cerveaux post-mortem de schizophrènes ont décelé une réduction du nombre de récepteurs nicotiniques de type α7 au niveau de l’hippocampe (Freedman et al., 1995; Leonard et al., 1996) et du cortex préfrontal (Guan et al., 1999; Martin-Ruiz et al., 2003). Dans cette dernière région, aucune différence significative d’ARNm de la sous-unité α7, ou d’immunoréactivité des sous-unités α4, α3 ou β2 n’a été observée chez les schizophrènes comparés aux témoins (Martin-Ruiz et al., 2003). Par contre, la liaison de l’épibatidine semble augmentée dans le cortex préfrontal des schizophrènes, révélant une augmentation des récepteurs de type α4β2 (Durany et al., 2000; Martin-Ruiz et al., 2003). D’autres études ont trouvé une diminution des récepteurs à haute affinité pour la nicotine dans l’hippocampe et le striatum (Freedman et al., 1995; Durany et al., 2000). Cependant, un autre groupe n’a pas décelé de changement significatif de liaison de la nicotine au niveau de l’hippocampe, du thalamus, du cortex et du striatum, mais plutôt un dysfonctionnement dans la régulation des récepteurs α4β2 des patients schizophrènes en réponse à la nicotine (Breese et al., 2000). Remarquons que la grande difficulté de ces études provient des critères d’inclusion des patients, qui ne sont pas toujours identiques entre les différentes études. Il est d’autant plus difficile d’avoir accés à un grand nombre de sujets schizophrènes à la fois non traités par des antipsychotiques et non fumeurs. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 112 Partie 2 - Introduction 4/ La nicotine comme forme d’auto-médication L’ensemble des données épidémiologiques et biochimiques suggèrent que la nicotine serait utilisée dans un processus d’auto-médication, afin de réduire les déficits cognitifs associés à la schizophrénie, d’augmenter l’effet thérapeutique et/ou de réduire les effets secondaires dus au traitement par les antipsychotiques (pour revue, voir Kumari and Postma, 2005) a/ Amélioration des symptômes et des effets secondaires Selon Smith et collaborateurs (2002), la nicotine, via la cigarette, serait capable de réduire les symptômes déficitaires de la schizophrénie, sans effet sur les symptômes productifs. Ceci proviendrait de la capacité qu’à la nicotine, comme les autres drogues d’abus, d’augmenter la libération de dopamine au niveau de la voie méso-limbique (noyau accumbens et cortex préfrontal), réduisant ainsi l’hypofrontalité avancée dans l’hypothèse dopaminergique, qui serait responsable des symptômes déficitaires (Weinberger and Berman, 1988; Dalack et al., 1998). De façon intéressante, les antipsychotiques atypiques, comme la clozapine, qui ont une bonne affinité pour divers récepteurs de plusieurs neuromédiateurs, sont plus efficaces que les neuroleptiques conventionnels pour améliorer cette classe de symptômes. Une étude a montré que la clozapine, en bloquant les récepteurs sérotoninergiques 5HT-3, favorisait la libération de plusieurs neurotransmetteurs, dont l’acétylcholine, ce qui stimulerait l’activité des récepteurs nicotiniques et la libération de dopamine (Imperato et al., 1993; Arnt and Skarsfeldt, 1998). En outre, les patients schizophrènes passant d’un traitement à l’halopéridol à un traitement à la clozapine réduisent leur consommation de cigarettes (McEvoy et al., 1995). Les antipsychotiques ont une forte capacité de blocage des récepteurs dopaminergiques D2, conduisant à l’apparition de symptômes moteurs extra-pyramidaux de type Parkinsonien. L’administration de nicotine sous forme de patchs réduirait les dyskinésies induites par les neuroleptiques (Yang et al., 2002), en stimulant la libération de dopamine. De la même manière, la nicotine améliorerait le ralentissement cognitif, les déficits de mémoire spatiale et d’attention chez les sujets schizophrènes (Levin et al., 1996). b/ Amélioration des déficits sensoriels Chez les patients schizophrènes et leurs apparentés non atteints, de nombreuses études ont mis en évidence des déficits de filtrage sensoriel. L’individu atteint de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 113 Partie 2 - Introduction schizophrénie intègre malgré lui une multitude d’informations sensorielles extérieures (visuelles, auditives), lui rendant très difficile de se focaliser sur une tâche précise (une conversation, par exemple) et le conduisant à une fragmentation cognitive et une pensée désorganisée (voir Light and Braff, 2003). Notons que ces anomalies de filtrage sensoriel ne sont pas spécifiques de la schizophrénie et sont retrouvées dans d’autres troubles psychiatriques, comme les troubles bipolaire et dépressif. Ces altérations de la perception sensorielle peuvent être appréhendées chez l’homme par deux tests, communément employés, mesurant le PPI (prepulse inhibition ou inhibition du réflexe de sursaut) et la suppression de l’onde P50. • Amélioration du PPI Chez les mammifères, le réflexe de sursaut se traduit par la contraction réflexe des muscles faciaux et squelettiques en réponse à un stimulus intense. Si celui-ci est précédé de 30 à 500 msec d’un stimulus de faible intensité (prepulse), la réponse au deuxième stimulus est significativement diminuée (figure 36). Cette réponse se mesure par électromyographie du muscle oculaire chez l’homme ou par une réduction du sursaut du corps de l’animal. stimulus pulse sursaut réponse normale prepulse réponse inhibée Figure 36 : Représentation du paradigme de l’inhibition du réflexe de sursaut (PPI). D’après Light and Braff, 2003. Les schizophrènes montrent un défaut d’inhibition de leur réflexe de sursaut (Braff et al., 2001) qui peut être amélioré de façon transitoire par la nicotine (Kumari et al., 2001). Il en est de même chez les rongeurs (Acri et al., 1991; Curzon et al., 1994), bien que ce résultat semble dépendre des souches étudiées (Faraday et al., 1999). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 114 Partie 2 - Introduction • Amélioration du filtrage de l’onde P50 L’onde P50 est une onde de potentiel évoqué, produite environ 50 millisecondes après un stimulus auditif. La suppression de l’onde P50 correspond à la réduction de l’amplitude d’une seconde onde suivant un stimulus, quand un stimulus identique est présenté 75 à 2000 msec après le premier (figure 37). Cette réponse, qui se mesure par électroencéphalographie, est anormale chez 80% des schizophrènes (Adler et al., 1982; Waldo et al., 1991) et 50% de leurs apparentés de premier degré (Waldo et al., 1991). Il a été montré que la nicotine, administrée sous forme de cigarettes ou de gommes, était capable de normaliser transitoirement ce déficit de filtrage sensoriel chez ces deux populations (Adler et al., 1982; Adler et al., 1992; Adler et al., 1993). D’autre part, la schizophrénie et ce déficit de filtrage de l’onde P50 ont été liés génétiquement au locus du gène codant la sous-unité α7 du récepteur nicotinique (Freedman et al., 1997; Freedman et al., 2001). Cette liaison concernerait un polymorphisme qui se trouverait dans la région promotrice du gène α7, suggérant un défaut de régulation de son expression (Leonard et al., 2002). ST1 ST2 50 ms 50 ms 500 ms Stimulus auditif Réponse P50 Suppression P50 normale filtrage Suppression P50 déficiente défaut de filtrage Figure 37 : Représentation du paradigme de la suppression de l’onde P50. ST1 : premier stimulus ; ST2: deuxième stimulus. D’après Light and Braff, 2003. De manière intéressante, les souris de la lignée DBA/2Ibg montrent une densité de liaison de l’α-bungarotoxine moins grande que celles de la lignée C3H (Marks et al., 1989) et présentent un déficit de filtrage auditif (Stevens et al., 1996). La nicotine normalise ce déficit, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 115 Partie 2 - Introduction de même qu’un agoniste des récepteurs nicotiniques α7, le GTS-21 (Stevens et al., 1998), démontrant que ce récepteur joue un rôle important dans ce phénotype. Ces comportements de filtrage sensoriel font intervenir, sur le plan neurologique, l’activation de circuits inhibiteurs. Le GABA est vraisemblablement impliqué puisque les interneurones GABA portent des récepteurs nicotiniques et que la nicotine induit la libération de GABA chez l’homme et l’animal (Freedman et al., 1993; Alkondon et al., 1997a). Il a été proposé que la baisse des récepteurs α7 nicotiniques chez les schizophrènes provoquerait une diminution de l’activation cholinergique d’interneurones GABAergiques, engendrant une moindre inhibition (Leonard et al., 1998; Martin et al., 2004). La nicotine augmenterait la libération de glutamate, facilitant la libération de GABA par les interneurones, à l’origine de l’inhibition des neurones pyramidaux localisés dans l’hippocampe (aires CA3 et CA4). Ceci expliquerait l’inhibition de la réponse au second stimulus (Alkondon et al., 1997a). Ajoutons enfin deux tâches de mouvements oculaires, la poursuite lente et la tâche d’anti-saccade, qui sont testées chez l’homme uniquement. Ces deux comportements sont altérés chez les schizophrènes (Ettinger et al., 2003) et améliorés après administration de nicotine (Olincy et al., 2003). c/ Amélioration des déficits cognitifs De nombreux travaux réalisés chez l’homme et l’animal ont démontré que la nicotine et les agonistes nicotiniques étaient capables d’améliorer diverses fonctions cognitives alors que des antagonistes nicotiniques les altéraient (Levin and Simon, 1998; Levin et al., 2002). En traitement aigu ou chronique, la nicotine et ses agonistes, comme l’épibatidine, peuvent augmenter l’attention et la mémoire de travail chez les individus sains. Chez les schizophrènes, la nicotine améliore l’attention soutenue et réverse les déficits de mémoire de travail spatiale induits par l’abstinence de cigarettes (George et al., 2002). Sous forme de patch, la nicotine améliorerait les performances lors d’une tâche d’attention (Depatie et al., 2002), alors que dans une autre étude, sous forme de spray nasal, elle n’aurait pas d’effet bénéfique sur cette même tâche (Sherr et al., 2002). Récemment, un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques α7, le DMXB-A, a permis d’améliorer les performances de schizophrènes dans une batterie de tests neurocognitifs (Martin et al., 2004; Olincy et al., 2006). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 116 Partie 2 - Introduction C/ La protéine STOP 1/ Microtubules et protéines associées a/ Les microtubules Les cellules eucaryotes contiennent un réseau de fibres cytoplasmiques qui constitue leur cytosquelette, au contraire des cellules procaryotes, qui en sont dépourvues. Ce cytosquelette, responsable de la structure et de la motilité cellulaire, est composé de trois grandes familles de protéines, très conservées dans l’évolution : les microtubules, les microfilaments d’actine et les filaments intermédiaires. Les microtubules sont des tubes creux de 25 nm de diamètre de longueur variable, constitués de 13 protofilaments de tubuline (figure 38). Chaque protofilament est lui-même constitué de dimères de tubuline : tubulines α et β. Cet assemblage polymérique est, dans la plupart des cellules, extrêmement labile : les extrémités des microtubules se polymérisent, utilisant l’énergie provenant de l’hydrolyse du GTP et se dépolymérisent en permanence. Les deux extrémités des microtubules ont des propriétés différentes : il existe une extrémité "plus" où les dimères s'ajoutent et une extrémité "moins" qui, au contraire, perd progressivement ses dimères. Figure 38 : Représentation schématique d’un microtubule, composé de protofilaments, eux-mêmes formés par l’assemblage de monomères de tubuline α et β. Les microtubules interviennent dans plusieurs fonctions vitales pour la cellule, telles que la division cellulaire et le trafic des vésicules. Ils forment le fuseau mitotique qui permet de ségréguer équitablement les deux jeux de chromosomes dans les cellules filles. Ils BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 117 Partie 2 - Introduction servent également de rails directeurs pour le transport d’organites et sont impliqués dans la polarisation et la morphogenèse des cellules. La tubuline est abondamment présente dans le système nerveux central où elle représente environ un cinquième des protéines cérébrales. Les microtubules sont donc très nombreux dans les neurones, en particulier dans les dendrites et les axones. Ils permettent d'acheminer divers composants, comme les vésicules synaptiques et les mitochondries, vers les extrémités neuronales, servant de véritables rails sur lesquels des moteurs moléculaires (par exemple la kynésine), liant les composants à transporter, se déplacent. Les neurones, contrairement aux autres types cellulaires, contiennent une grande proportion de microtubules stables, résistants aux substances dépolymérisantes et aux basses températures. La pertinence physiologique de la résistance au froid reste incomprise. Ces microtubules seraient importants pour la génération et la maintenance de la morphologie et des fonctions neuronales (Baas and Heidemann, 1986). Ces propriétés de stabilité leur sont conférées par certaines protéines, appartenant à la famille des protéines associées aux microtubules, les MAPs (microtubule associated proteins). b/ Les protéines associées aux microtubules Par définition, les MAPs sont des protéines associées aux microtubules par des interactions très fortes puisqu’elles co-immunoprécipitent avec la tubuline. Elles ont un rôle de médiateur, étant placées entre les microtubules et les composants de la cellule en interaction avec ces microtubules. Elles influent sur la structure et la dynamique des microtubules, ainsi que sur les processus de transport axonal et de motilité cellulaire. On peut distinguer deux sous-ensembles : les MAPs moteurs (dynéine, kynésine) qui ont une activité enzymatique et participent au transport et à la motilité cellulaire et les MAPs structurales, qui régulent la dynamique des microtubules, en influant sur la stabilité et l’organisation des microtubules. Parmi ces dernières, les mieux caractérisées sont MAP2, tau, anormalement phosphorylée dans la maladie d’Alzheimer, et STOP. 2/ La protéine STOP La protéine STOP (stable tubule only polypeptide), comme la BPAG1 et la doublecortine, confère aux microtubules neuronaux la capacité de résister au froid. Initialement isolée de préparations de cerveaux de rat de microtubules résistants au froid, cette protéine lie la calmoduline et joue un rôle essentiel dans la stabilisation des BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 118 Partie 2 - Introduction microtubules in vitro (Job et al., 1981; Job et al., 1982). L’inhibition de sa fonction par addition d’anticorps à des cultures de cellules neuronales abolit la stabilité des microtubules au froid et aux agents dépolymérisants dans les neurites (Guillaud et al., 1998). De même, des cellules injectées pendant la phase de différentiation, avec des anticorps dirigés contre la protéine STOP ou des oligonucléotides antisens, ont une croissance neuritique altérée (Guillaud et al., 1998). Le gène codant la protéine STOP, nommé Mtap6 chez la souris (situé sur le chromosome 1q32) ou Map6 chez l’homme (situé sur le chromosome 11q14), a été cloné il y a une dizaine d’années (Bosc et al., 1996; Denarier et al., 1998b). Ce gène est composé de quatre exons, codant différentes isoformes issues de l’épissage du transcrit et de l’utilisation de promoteurs alternatifs (figure 39, voir Bosc et al., 2003). Selon le type cellulaire, on trouve ainsi N-STOP (100 kDa) et E-STOP (84 kDa) dans les neurones, F-STOP (42 kDa) dans les fibroblastes ainsi que A-STOP (60 kDa) et O-STOP (89 kDa) dans les astrocytes et les oligodendrocytes, respectivement (Bosc et al., 1996; Denarier et al., 1998a; Guillaud et al., 1998; Galiano et al., 2004). La séquence du gène contient quatre sites consensus de phosphorylation par la CaM kinase II et deux sites putatifs riches en proline liant les domaines SH3. N-STOP est la forme majoritairement exprimée dans le cerveau adulte. Notons que le gène STOP n’est apparemment présent que chez les vertébrés : mammifères, poissons et oiseaux (Bosc et al., 2003). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 119 Partie 2 - Introduction Figure 39 : Structure du gène et protéines STOP : A/ Représentation schématique montrant les domaines structuraux de la protéine NSTOP. B/ Organisation du gène STOP de souris (Mtap6), montrant les différents exons et représentation schématique de 3 variants de STOP. KR : domaine riche en lysine et arginine ; P : domaine riche en proline. Les barres rouges représentent les sites putatifs de phosphorylation par la CaMKII. D’après Bosc et al., 2003. Au niveau du cerveau de souris, les transcrits sont fortement exprimés dans l’hippocampe, un peu plus faiblement au niveau du cervelet et des cortex occipital, frontopariétal et cingulaire, avec une moindre expression dans le striatum (Eastwood et al., sous presse). La protéine, très ubiquitaire, est trouvée un peu plus concentrée au niveau des bulbes olfactifs, de l’hippocampe et du cervelet (Andrieux et al., 2002). Au sein des neurones, la protéine STOP est cytoplasmique, abondante au niveau des épines dendritiques, à proximité des densités postsynaptiques et se trouve également dans les axones (Andrieux et al., 2002). Récemment, il a été montré que la phosphorylation de STOP par la CaM kinase II était responsable de la translocation de la protéine des microtubules vers les compartiments synaptiques où elle pourrait interagir avec l’actine (Baratier et al., 2006). Afin de mieux évaluer le rôle de cette protéine in vivo, Andrieux et collaborateurs (2002) ont créé des souris invalidées pour la protéine STOP (STOP KO). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 120 Partie 2 - Introduction 3/ Les souris STOP KO Par recombinaison homologue, l’exon 1 du gène Mtap6 a été remplacé par une cassette contenant le gène codant la néomycine, permettant une sélection positive et le gène rapporteur LacZ (Andrieux et al., 2002). Le croisement de souris hétérozygotes donne naissance à des souris STOP KO viables, dans des proportions mendéliennes. a/ Caractérisation anatomique et physiologique Les souris STOP KO sont dépourvues de microtubules neuronaux stables à basse température (figure 40). WT STOP KO 37°C 0°C Figure 40 : Analyse de la stabilité au froid de microtubules dans des cultures primaires neuronales de souris sauvages (WT) et invalidées pour la protéine STOP (STOP KO). Les cellules sont exposées à 37°C ou à 0°C pendant 45 mn. Les microtubules sont marqués avec un anticorps anti β-tubuline (vert) et les noyaux avec l’agent Hoescht 33258 (bleu). D’après Andrieux et al., 2002. De façon surprenante, compte tenu du rôle des microtubules dans la croissance neuronale, l’anatomie du cerveau des souris mutées, analysée en microscopie, ne présente pas d’anomalies structurelles ou de dégénérescences neuronales évidentes. L’organisation des bulbes olfactifs ainsi que la structure en « champs de tonneaux » du cortex somatosensoriel sont normales. Au niveau de l’hippocampe, l’organisation des fibres moussues de la zone CA3, la configuration somato-dendritique des cellules pyramidales de BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 121 Partie 2 - Introduction la région CA1 ainsi que l’arborisation dendritique des cellules de Purkinje cérebelleuses sont préservées chez les souris STOP KO (Andrieux et al., 2002). L’examen de synapses hippocampiques par microscopie électronique a montré une densité deux fois moins élevée de vésicules synaptiques au sein des collatérales de Schaffer glutamatergiques, très précisément au niveau de la couche stratum radiatum de la région CA1 (Andrieux et al., 2002). L’analyse de la quantité de différentes protéines synaptiques dans des synaptosomes n’a pas permis de déceler de différence chez les animaux mutés, suggérant un import normal des protéines synaptiques vers la zone active de la synapse. En revanche, par hybridation in situ, une baisse significative des transcrits des gènes présynaptiques codant pour la synaptophysine, VGLUT1 (transporteur vésiculaire du glutamate 1), GAP43 (growth associated protein 43), ainsi que du gène postsynaptique de la spinophiline a été trouvée dans plusieurs régions, dont l’hippocampe (Eastwood et al., sous presse). Des études électrophysiologiques au niveau de cette même région ont révélé une plasticité synaptique à court et long terme altérée chez les animaux STOP KO. Tandis que la transmission synaptique basale est normale, la potentialisation à long terme (LTP) au niveau des collatérales de Schaffer et de l’aire CA1 est diminuée d’un facteur trois. La dépression à long terme (LTD) est également plus faible dans cette région, de même que la potentialisation post-tétanique (PTP), probablement à cause de la taille réduite du pool vésiculaire glutamatergique (Andrieux et al., 2002). Dans la région CA3, au niveau des synapses fibres moussues-cellules pyramidales, la LTP n’est pas modifée, mais un déficit de plasticité synaptique à court terme a été retrouvé. b/ Caractérisation biochimique Les concentrations de dopamine extracellulaire mesurées par microdialyse quantitative au niveau du striatum et du noyau accumbens sont normales chez les animaux STOP KO, comparés aux contrôles (Brun et al., 2005). Des expériences d’électrochimie, mesurant l’efflux dopaminergique après stimulation électrique des fibres dopaminergiques issues du mésencéphale, ont également été menées chez ces souris. A faible fréquence, il n’y a pas de différence significative de l’efflux évoqué entre les deux génotypes. En revanche, pour des fréquences de 15 à 50 Hz, on observe une forte potentialisation de l’efflux dopaminergique au niveau du noyau accumbens des souris mutées (Brun et al., 2005). Par contre, au niveau du striatum de ces mêmes animaux, cet efflux a tendance à être diminué par rapport aux contrôles, bien que non significativement. Les souris STOP KO présentent donc une réponse normale à une stimulation tonique et une hyper-réactivité au BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 122 Partie 2 - Introduction signal phasique, spécifiquement au niveau du noyau accumbens. D’après l’analyse des courbes de cinétique de clairance de dopamine, cette réponse excessive serait due à un excès de libération de dopamine et non à la diminution de recapture du neurotransmetteur par son transporteur plasmique ou une inhibition déficiente médiée par les auto-récepteurs D2/D3 (Brun et al., 2005). c/ Caractérisation comportementale Les souris STOP KO présentent des troubles multiples et sévères de leur comportement. Elles alternent entre des crises d’hyperactivité ou au contraire de prostration, avec apparition d’activité sans but apparent et désorganisation des séquences comportementales normales (Andrieux et al., 2002). Elles ont une locomotion accrue en réponse à un nouvel environnement, à un léger stress et également pendant la phase nocturne du cycle circadien (Brun et al., 2005). Ces animaux montrent des signes d’anxiété importante dans le test de la boîte claire-obscure puisqu’ils passent significativement plus de temps dans le compartiment sombre. Ils sont également incapables de réussir les tests de reconnaissance d’objet, probablement par manque d’intérêt pour leur environnement physique. En outre, les souris mutantes ont un comportement social fortement altéré : l’investigation sociale ainsi que le comportement agressif envers des congénères sont nettement diminués (Andrieux et al., 2002). D’autre part, les femelles STOP KO sont incapables d’élever leur progéniture : elles ne manifestent que très peu d’intérêt pour leurs petits et ne sont pas capables de les ramener au nid pour les allaiter. Plusieurs tests ont montré que ce défaut de soins maternels était indépendant de l’état hormonal des souris (présence de lait dans les mamelles) ou de perturbations sensorielles (odorat, vue ; Andrieux et al., 2002). Les souris STOP KO sont hypersensibles à l’effet stimulant locomoteur de l’amphétamine (Brun et al., 2005) et, de façon intéressante, plusieurs de leurs comportements peuvent être améliorés par l’administration de neuroleptiques. Une dose aiguë de clozapine, inefficace chez les sauvages, est ainsi capable de réverser l’hyperlocomotion de ces souris (Fradley et al., 2005). Néanmoins, seul un traitement chronique de quatre mois par des neuroleptiques (chlorpromazine+halopéridol) est capable d’améliorer le déficit de maternage des femelles mutées (Andrieux et al., 2002). Ce traitement n’a aucun effet sur la transmission synaptique de base mais améliore la LTP et la PTP, initialement déficientes chez les mutants. De même, ce traitement réduit partiellement le déficit en vésicules synaptiques dans la région CA1 de l’hippocampe (A. Andrieux, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 123 Partie 2 - Introduction communication personnelle). Enfin, les animaux STOP KO présentent un déficit de PPI, qui n’est pas amélioré par l’injection d’une dose aiguë de clozapine (Fradley et al., 2005). d/ Un modèle pour la schizophrénie ? Les souris STOP KO ont été proposées pour étudier l’efficacité des neuroleptiques dans la schizophrénie et les troubles schizoïdes (Andrieux et al., 2002). En effet, ces souris présentent divers troubles comportementaux qui sont sensibles à ces molécules. Ces animaux ne montrent pas de défaut anatomique évident, mais présentent des altérations synaptiques dans l’hippocampe (pool vésiculaire diminué, défauts de plasticité synaptique), qui est une structure atteinte chez les schizophrènes. Comme d’autres modèles animaux proposés pour la schizophrénie, ces souris sont hypersensibles au stress et à l’amphétamine et manifestent un déficit de PPI ainsi qu’un retrait social. De plus, ce modèle, issu de l’inactivation d’une protéine associée au cytosquelette, semble présenter des troubles de la transmission dopaminergique (hyperdopaminergie dans le noyau accumbens), sans modification de la transmission basale ainsi que des altérations du système glutamatergique (hypoglutamatergie dans l’hippocampe), comme ce qui est suspecté dans la schizophrénie. Des changements d’expression de protéines synaptiques ont également été trouvés, en accord avec ce qui a été décrit chez des patients schizophrènes (Mirnics et al., 2001). Enfin, le gène STOP humain (Map6), situé sur le chromosome 11q14, se trouve proche d’une région associée aux désordres mentaux, dont les troubles schizoïdes (St Clair et al., 1990). De fait, très récemment, une association génétique a été découverte entre un polymorphisme de ce gène et une population de schizophrènes japonais (Shimizu et al., 2006). Une hausse significative d’expression d’une des deux isoformes de Map6 a également été décelée au niveau du cortex préfrontal de cerveaux post-mortem de schizophrènes (Shimizu et al., 2006). L’ensemble de ces éléments, décrivant le récent modèle des souris STOP KO, suggère que ces animaux pourraient reproduire certains traits étiologiques et/ou symptomatiques de la schizophrénie, constituant potentiellement un modèle pertinent pour l’étude de cette maladie. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 124 RESULTATS BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 125 Partie 2 - Résultats ARTICLE I : Augmentation de la densité des récepteurs nicotiniques alpha7 chez les souris STOP KO et amélioration par la choline d’un déficit d’apprentissage de type associatif Caroline Bouvrais-Veret1+, Stéphanie Weiss1+, Annie Andrieux2, Annie Schweitzer2, J. Michael McIntosh3, Didier Job2, Bruno Giros1 and Marie-Pascale Martres1# + contribution équivalente (article soumis pour publication au journal Neuropharmacology) BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 126 Partie 2 - Résultats Contexte de l’étude Les souris invalidées pour la protéine STOP associée aux microtubules (Andrieux et al., 2002) montrent une hyper-réactivité dopaminergique au niveau du système limbique, probablement associée à une hypoglutamatergie dans l’hippocampe. Elles présentent également de nombreux troubles comportementaux, dont une hypersensibilité à l’amphétamine, un déficit de filtrage sensori-moteur et un comportement social altéré (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005; Fradley et al., 2005). Différents éléments de ce phénotype sont en partie améliorés par un traitement aigu ou chronique par des neuroleptiques. Ces traits physiologiques et comportementaux sont généralement associés à la schizophrénie et suggèrent que ces souris pourraient constituer un modèle pertinent pour cette pathologie mentale. De nombreuses études épidémiologiques ont montré une forte prévalence de fumeurs parmi les individus atteints de schizophrénie : 80 à 90% des schizophrènes fument contre 25-30% de la population générale (Glassman, 1993; de Leon et al., 1995). Il a été suggéré que la nicotine, qui agit via ses récepteurs canaux principalement en modulant la libération de nombreux neurotransmetteurs, constituait une forme d’auto-médication chez les patients (Kumari and Postma, 2005). Par exemple, la nicotine améliore le déficit de filtrage sensoriel de l’onde P50 retrouvés chez les schizophrènes, probablement via la stimulation des récepteurs nicotiniques α7 (Freedman et al., 1997; Adler et al., 1998; Siegel et al., 2005) Le but de ces travaux a été de caractériser le phénotype nicotinique des souris STOP KO et d’éventuelles altérations des composants et/ou fonctions de ce système. Pour cela, nous avons quantifié les densités protéiques de certains composants du système cholinergique et récepteurs nicotiniques. Puis, nous avons analysé l’activité locomotrice des souris en réponse à l’injection de nicotine et testé la mémoire associative de nos animaux et l’effet sur celle-ci d’un agoniste des récepteurs α7. Principaux résultats • Les densités de certains récepteurs nicotiniques et composants cholinergiques sont modifiées dans le cerveau des souris STOP KO (figure 1, tableaux 1 et 2) La densité relative de l’acétylcholine estérase (AChE) n’est pas modifiée dans les régions cérébrales analysées des souris mutées, contrairement celle du transporteur BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 127 Partie 2 - Résultats vésiculaire de l’acétylcholine (VAChT) qui est diminuée de manière significative (-17 à -33%) dans l’hippocampe (figure 1, tableau 1). Aucune différence de densité du récepteur de type β2* n’a été décelée dans les diverses structures cérébrales analysées. Par contre, la densité du récepteur nicotinique de type α6* est significativement diminuée dans le striatum et le noyau accumbens (20-40%) des animaux mutés et celle du récepteur nicotinique α7 est significativement augmentée dans le striatum (25%) et dans les différentes couches de l’hippocampe dorsal (25-70%). • La nicotine provoque un effet locomoteur biphasique chez les souris STOP KO (figure 2) Chez les souris sauvages, la nicotine administrée à des doses croissantes a globalement un effet hypolocomoteur, qui devient significatif à partir de 1 mg/kg (figure 2). Chez les souris STOP KO, la nicotine provoque un net effet locomoteur biphasique, constitué d’une composante hyperlocomotrice jusqu’à 1 mg/kg, maximale à 0,5 mg/kg, suivie d’une composante hypolocomotrice pour les doses supérieures. La dose inhibitrice de nicotine efficace à 50% (DI50) est identique chez les souris des deux génotypes. L’activité locomotrice verticale des souris montre un profil similaire à celui de l’activité horizontale. • La choline n’a pas d’effet locomoteur global chez les deux génotypes de souris (figure 3) Afin de tester l’effet de la choline, agoniste sélectif des récepteurs nicotiniques α7, sur les performances des souris dans la version associative du labyrinthe aquatique de Morris, nous avons tout d’abord analysé l’effet locomoteur de cet agent. Chez les souris sauvages, la choline aux trois doses testées n’induit pas d’effet locomoteur significatif sur l’activité horizontale et verticale des animaux (figure 3). Chez les souris mutantes, la choline augmente l’activité horizontale de manière dose-dépendante et significative, jusqu’à 165% à 30 mg/kg. A l’inverse, la choline inhibe l’activité verticale des souris mutées de façon dose-dépendante, jusqu’à 80% à 30 mg/kg. • Les souris STOP KO ont des performances déficitaires dans une tâche de mémoire associative, qui sont améliorées par l’administration de choline (figure 4) Nous avons testé les performances des souris STOP KO dans la version associative du labyrinthe aquatique de Morris. Les souris STOP KO ont de mauvaises performances BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 128 Partie 2 - Résultats comparées aux souris sauvages : la latence pour trouver la plate-forme et la distance parcourue pour l’atteindre sont significativement plus grandes (figure 4) et la proportion d’essais réussis est significativement plus faible. Nous avons alors testé les effets de la choline sur les capacités mnésiques des souris dans cette même tâche. Quinze minutes avant chaque essai, les animaux des deux génotypes ont reçu du sérum physiologique ou la choline à une dose de 0,3 mg/kg. A cette dose, la choline n’a pas d’effet sur la vitesse de nage des souris des deux génotypes (non montré). Chez les souris sauvages, le traitement à la choline n’a pas d’effet significatif sur la latence et la distance parcourue mais augmente significativement la proportion d’essais réussis. Chez les animaux mutés, la choline diminue la latence et la distance parcourue de façon significative. De plus, la choline améliore la proportion d’essais réussis, de sorte que les performances des souris STOP KO traitées à la choline ne sont plus significativement différentes de celles des souris sauvages. Conclusions de l’étude L’ensemble des résultats de cette étude montre que l’inactivation constitutive de la protéine STOP, plutôt ubiquitaire, provoque d’importantes modifications de composants cholinergiques et de récepteurs nicotiniques, de façon région- et protéine-dépendante. Ces modifications ont vraisemblablement pour effet d’altérer certaines fonctions nicotiniques. Les animaux mutants sont hypersensibles à l’effet hyperlocomoteur de la nicotine, en accord avec leur hypersensibilité à l’amphétamine (Brun et al., 2005). Malgré l’importante augmentation de récepteurs α7 dans des structures impliquées dans l’apprentissage, les souris mutantes présentent un défaut important de mémoire associative. Ce déficit est quasiment restauré par l’administration d’un agoniste des récepteurs nicotiniques α7, la choline. Ce résultat, associé à la diminution de densité de VAChT, suggère que la neurotransmission nicotinique est probablement déficiente chez ces animaux mutants. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 129 Partie 2 - Résultats Sustained increase of alpha7 nicotinic receptors and cholineinduced improvement of learning deficit of STOP knock-out mice. C. Bouvrais-Veret,a+ S. Weiss,a+ A. Andrieux,b A. Schweitzer,b J. M. McIntosh,c D. Job,b B. Girosa and M.-P. Martresa# + equal contribution a Inserm, U513, Laboratoire de Neurobiologie et Psychiatrie, Créteil, F-94000 France; Univ Paris 12, Créteil, F-94000 France b Inserm, U366, Laboratoire du Cytosquelette, CEA, Grenoble, F-38000 France cDepartment of Psychiatry, University of Utah, Salt Lake City, UT 84112 Running title: Nicotinic transmission in STOP KO mice Key words: cytoskeleton, dopamine, locomotion, cued version of the Morris watermaze, schizophrenia, vesicular acetylcholine transporter/nicotinic receptors Footnote : For nAChRs, * indicates the association with other subunits #Corresponding author. Inserm U513, Laboratoire de Neurobiologie et Psychiatrie, Créteil, F94010 France. Tel: (33) 139 813 635; fax: (33) 139 813 658; E-mail address: [email protected] Acknowledgements: The authors thank Drs M. Nosten-Bertrand (Inserm U513) and V. Setola (Inserm U616) for helpful discussion and D. Proietto (Inserm U366) for mouse genotyping. This work was supported by Inserm (AA, AS, DJ, BG, MPM) and by NIH MH 53631 and DA12242 (JMM). CBV and SW were the recipients of a fellowship from MILDT and the "Société de Tabacologie", respectively. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 130 Partie 2 - Résultats ABSTRACT Mice deficient for the microtubule stabilizing protein STOP (Stable Tubule Only Polypeptide) show synaptic plasticity anomalies and dopamine hyper-reactivity in the limbic system, in spite of the absence of anatomical and neurological defects. These mice exhibit severe behavioural deficits, some being alleviated by long-term antipsychotic treatment. Therefore, this mouse line represents a pertinent model for some aspects of schizophrenic symptomatology. Numerous data support dysfunction of nicotinic transmission in schizophrenia and epidemiological studies show increased tobacco intake in schizophrenic patients, in whom nicotine has been reported to improve deficits in sensory gating and cognitive dysfunctions. In this study, we examined potential alterations in cholinergic (ACh) and nicotinic components and functions in STOP mutant mice. STOP KO mice displayed no variation of the density of ACh esterase and β2* nicotinic receptors (nAChRs), decreased density of vesicular ACh transporter and α6* nAChRs and highly increased density of α7 nAChRs, in a subtype- and area-dependent manner. STOP KO mice were hypersensitive to the stimulating locomotor effect of nicotine and, interestingly, the impaired performance of mutant mice in learning a place task (cued version of the Morris watermaze) were improved by administration of the α7 nAChR agonist choline. Altogether, our data suggest that nicotinic neurotransmission can be deficient in STOP KO mice and that mutant mice can represent a meaningful model for the study of some nicotinic adaptations and/or dysfunctions related to schizophrenia. Key words: cytoskeleton, dopamine, locomotion, Morris water-maze, schizophrenia, vesicular acetylcholine transporter/nicotinic receptors BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 131 Partie 2 - Résultats INTRODUCTION Neuronal microtubules play a key structural role in morphogenesis and protein transports in dendrites and axons. Recently, microtubules and their effectors such as microtubule-associated proteins (MAP 1B, STOP) or sequestering proteins, have been implicated in synaptic plasticity events (Andrieux et al., 2002; Shumyatsky et al., 2005; van Rossum et al., 1999; Zervas et al., 2005). Mice deficient for the protein STOP exhibit characteristics reminiscent of schizophrenia, including impaired behaviours, cognitive deficits and neurotransmission disorders combining potential hypoglutamatergia and hyperdopaminergia, some of which improved by antipsychotic treatment (Andrieux et al., 2002). Surprisingly, STOP knock-out (KO) mice do not display any obvious disturbance of neuronal cell morphology, but exhibit synaptic abnormalities in the hippocampus. This includes depleted glutamatergic vesicle pools and highly decreased long-term potentiation and depression in the CA1 field. These mice show severe behavioural deficits, such as purposeless and disorganized activity, impaired social interactions and maternal behaviour, deficits in prepulse inhibition (PPI) of the startle reflex, hypersensitivity to mild stress and to the stimulant locomotor effect of amphetamine. STOP KO mice also display a dopamine (DA) hyper-reactivity in the limbic system (Brun et al., 2005). Whereas basal extracellular DA levels are not modified in the striatum and the nucleus accumbens of mutant mice, evoked stimulated DA release is selectively increased in the nucleus accumbens of STOP KO mice, suggesting a hyperDAergia in the meso-limbic system. Importantly, some of these dysfunctions can be alleviated by acute or chronic antipsychotic drug treatment (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005). Therefore, STOP KO mice may represent a pertinent experimental model for various symptoms present in schizophrenia, in agreement with recent models in which schizophrenia arises from synaptic disorders (Frankle et al., 2003; Mirnics et al., 2001; Owen et al., 2005). Finally, a recent study shows decreased mRNA transcript levels of synaptic protein in the hippocampus of STOP KO mice, such as synaptophysin, GAP-43 and spinophilin (Eastwood et al., 2006). Numerous data support dysfunction of nicotinic neurotransmission in several psychiatric disorders, including schizophrenia. In particular, post-mortem studies show decreased number of nicotinic receptors in various brain areas of schizophrenic patients (Breese at al., 2000; Freedman et al., 1995, 1997; Leonard et al., 2002; Martin-Ruiz et al., 2003; Milhailescu et al., 2000). Moreover, linkage studies strongly suggest that the P50 auditory sensory deficit in schizophrenia is genetically linked to the locus of the α7 nicotinic receptor gene (Freedman et al., 1997; Leonard et al., 2002). In addition, epidemiological studies show an increased tobacco intake in schizophrenic patients: 80-90% versus 25-30% in the general population (de Leon et al., 1995, 2002; Glassman et al., 1993). It is suggested that nicotine could serve as a self-medication to improve a number of cognitive deficits associated with schizophrenia, to enhance the therapeutic effect of antipsychotics, to alleviate negative symptoms and/or to reduce the side-effects of antipsychotic drugs (Kumari and Postma, 2005). Thus, deficits in sensorimotor gating, often encountered in schizophrenic patients and their first-degree relatives, is alleviated by nicotine, probably via its action through hippocampal α7 nicotinic receptors (Adler et al., 1998; Freedman et al., 1997; Siegel et al., 2005). Nicotinic neurotransmission facilitates the activity of a wide diversity of transmitter pathways, including the mesocorticolimbic and nigrostriatal DAergic and the glutamatergic transmission (Jones et al., 1999). Nicotine acts via stimulation of its multiple nicotinic acetylcholine receptor (nAChR) subtypes, widely distributed in the CNS. Beta2 nicotinic BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 132 Partie 2 - Résultats subunits, associated with α4 or α6 subunits, are the most prominent nAChRs located on DAergic neurons (Champtiaux et al., 2003; Zhou et al., 2002) and on many GABA neurons in the areas containing DA cell bodies and terminals (Klink et al., 2001; Picciotto et al., 1998; Zhou et al., 2002). Other nAChRs, mostly α7 nAChRs, are mainly expressed on glutamatergic terminals (Mansvelder et al., 2000; Nomikos et al., 2000). Thus, STOP KO mice, which represent a pertinent experimental model for some schizophrenic related symptoms, offer us the opportunity to characterize key-components of the cholinergic/nicotinic neurotransmission. We first determined the density of acetylcholine esterase (AChE), of vesicular ACh transporter (VAChT) and of β2*, α6* and α7 nAChRs in various brain areas of wild-type (WT) and STOP KO mice. Then, in order to evaluate the potential consequences of the modified expression of cholinergic/nicotinic markers, we chose to characterize two behaviours that involved nicotinic neurotransmission, namely nicotineinduced locomotor activity and pro-cognitive effect of the α7 nAChR agonist choline. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 133 Partie 2 - Résultats MATERIALS AND METHODS ANIMALS Homozygous STOP KO mice and their WT littermates were obtained from the intercross (F2) of heterozygous 50:50 BALBc/129 SvPas-F1 mice (Andrieux et al., 2002). The genotype of the mice was determined from tail biopsies as previously described (Andrieux et al., 2002). Animals were housed 4-6 per cage by gender and litter, with sawdust bedding and under standard conditions, i.e. laboratory chow and water available ad libitum, temperature and humidity maintained at 23±2°C and 55±10%, respectively, and a light cycle of a 12 h light:12 h dark (lights on at 7:30 a.m.). Experiments were carried out in accordance with the European Communities Council Directive (86/809/EEC) and approved by the local ethical committee. Mice were allowed to habituate to the animal holding room for at least one week prior to use. All experiments were conducted on naive WT and KO mice (about 60%/40% females/males), 3-4 month old and of the same litters. DRUGS Nicotine bitartrate and choline hydrochloride were purchased from Sigma-Aldrich (St Louis, MO). All drugs were dissolved in physiological serum as free bases and were administered by s.c route under a volume of 100 µl per 20 g weight. [125I]-Epibatidine (74 TBq/mmol) and 3-[125I]-iodotyrosyl-α-bungarotoxin (74 TBq/mmol) were from GE healthcare. [125I]-αConotoxin-MII was synthetized as previously described (Whiteaker et al., 2000). Before use, rabbit [125I]-Ig F(ab’)2 fragment antibodies (28-111 TBq/mmol, GE healthcare, Orsay, France) were purified by gel filtration onto a PD10 column (Sephadex G25 M, Pharmacia) in PBS (50 mM NaH2PO4/Na2HPO4, 154 mM NaCl) containing 0.1% gelatin. The first 0.25 ml eluate was discarded and the following 3.5 ml eluate was put into 400 ml PBS supplemented with 3% bovine serum albumin (BSA), 1% goat serum, 1 mM NaI and 0.02% sodium azide. This solution was kept at 4°C, for 4-6 weeks. QUANTITATIVE AUTORADIOGRAPHY Mice were killed by cervical dislocation (between 10:00 a.m. and 4:00 p.m.) and their brains rapidly removed and frozen in isopentane at –30°C. Serial 10 µm coronal sections were cut at –20°C, thaw-mounted on Superfrost Plus® slides and then stored at –80°C until use. Immunoautoradiography of acetylcholine esterase (AChE) and vesicular acetylcholine transporter (VAChT) Brain sections were fixed with 4% paraformaldehyde for 15 min at room temperature (RT), extensively washed with PBS and then incubated for 1 h at RT in PBS containing 3% BSA, 1% goat serum and 1 mM NaI. Sections were incubated for 2 h at RT (or overnight at 4°C) in the presence of AChE antiserum (1:1,000 dilution, polyclonal AChE antibody characterized by (Marsh et al., 1984) or VAChT antiserum (1:8,000 dilution; polyclonal antibody directed against mouse VAChT Ser478-Ser530 peptide). After washes, slides were incubated for 2 h at RT with purified anti-rabbit [125I]-IgG (370-740 MBq/100 ml). Sections were extensively washed with PBS, dried and exposed to Biomax MR films for 1-4 days. Autoradiographic determination of β2*, α6* and α7 nicotinic receptor densities To rule out possible binding of endogenous acetylcholine to nicotinic receptors, sections were pre-incubated in buffer before addition of radioactive ligands. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 134 Partie 2 - Résultats The labelling of β2* subunits was performed according to(Plenge and Mellerup, 1998). The slides were pre-incubated three times for 5 min at RT in 50 mM Tris-HCl buffer, pH 7.4 containing 120 mM NaCl, 5 mM KCl, 2 mM CaCl2 and 1 mM MgCl2 (Tris-ions buffer). Sections were then incubated for 40 min at RT in the same fresh buffer, in the presence of 0.4 nM [125I]-epibatidine with or without 300 µM nicotine to determine non specific binding. Slides were then washed twice for 5 min in Tris-ions buffer at 4°C, dipped in ice-cold water, dried and exposed to Biomax MR films for 2-3 days. Labelling of α6* subunits was performed according to Whiteaker et al. (2000). Slides were pre-incubated for 15 min at RT in 20 mM HEPES (4-[2-hydroxyethyl]-1-piperazine ethanesulfonic acid) buffer, pH 7.5, containing 144 mM NaCl, 1.5 mM KCl, 2 mM CaCl2, 1 mM MgSO4 (standard binding buffer), supplemented with 0.1% BSA and 1 mM phenylmethylsulfonyl fluoride. They were then incubated in the presence of 0.8 nM [125I]-αconotoxin-MII for 2 h at RT in standard binding buffer supplemented with 0.1% BSA, 5 mM EDTA, 5 mM EGTA and 1 mg/100 ml of aprotinin, leupeptin and pepstatin A (protease inhibitors). Non specific binding was determined in the presence of 1 µM epibatidine. Slides were washed for 30 sec at RT and then at 4°C in standard binding buffer plus 0.1 % BSA. Afterwards, sections were washed twice for 5 sec at 4°C in standard binding buffer with 0.01% BSA and, finally, twice for 5 sec at 4°C in 5 mM HEPES buffer pH 7.5. After dipping in ice-cold water and drying, they were exposed to Biomax MR films for 24-72 h. Labelling of α7 nicotinic receptors was performed according to Spurden et al. (1997). The slides were pre-incubated for 30 min at RT in 50 mM Tris–HCl buffer, pH 7.4, containing 0.1% BSA. Sections were next incubated for 2 h at RT in the same buffer in the presence of 0.5 nM [125I]-α-bungarotoxin, with or without 1 mM nicotine to determine non specific binding. Slides were then washed four times for 10 min in ice-cold Tris-HCl buffer, dipped in ice-cold water, dried and exposed to Biomax MR films for 1 week. Quantification of autoradiographic labelling Standard radioactive-microscales (GE healthcare) were exposed on each autoradiographic film to ensure that labelling densities were in the linear range. The autoradiograms were scanned and densitometry was performed with MCIDTM Analysis software. Labelling densities (mean grey values) of four sections per area were averaged for each mouse. BEHAVIOURAL STUDIES Locomotor activity The horizontal (locomotion) and vertical (rearing) activities were individually assessed in transparent activity cages (20x15x25 cm), with automatic monitoring of photocell beam breaks, located at 1.5 cm (horizontal activity) and 6.5 cm (vertical activity) above the floor (Imetronic, Bordeaux, France). For the dose-response analysis of nicotine and choline, locomotor activities of mice were recorded for 60 min immediately after s.c. drug administration, between 9:00 a.m. and 2:00 p.m.. Cued version of the Morris water-maze The water-maze consists of a circular stainless steel pool (150 cm diameter, 29 cm height), filled to a depth of 16 cm with 20-22 °C water made opaque using a white aqueous emulsion (Acusol® OP 301 opacifier, Rohm Ihaas, France). The escape platform (9 cm diameter), made of rough stainless steel, was submerged one cm below the water surface. The pool BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 135 Partie 2 - Résultats was located in a sound-attenuated and brightly illuminated room. A video tracking system, including an overhead camera connected to an image analyzer and a computer (View Point, France), was used to monitor activity. Saline or choline (0.30 mg/kg, free base, s.c.) was injected and mice were tested 15 min later. In the cued version (or place task), mice were trained to find and escape onto a platform, made visible by a small contrasted ball (4.5 cm diameter) fixed 11 cm above the platform. The pool was surrounded by curtains to hide distal cues. Animals were trained with two trials per day for 5 consecutive days. The maximal latency to find the plateform is 90 sec. The first trials were conducted from 10:00 a.m., mice were left undisturbed in their home cage for the 2 hours intertrial and the second trials were from 2:00 p.m. Both the platform location and the animal's starting position were pseudo-randomized for each trial. The mean latency (sec), the mean distance travelled (m), the swimming speed (m/min) and the number of successful trials were calculated for each mouse. STATISTICAL ANALYSIS Data from autoradiographic experiments were subjected to factorial one-way analysis of variance (ANOVA), with genotype as between-group. Significant main effects were further analyzed by comparisons of means using the Fisher’s exact test. Behavioural data were subjected to factorial two-, three- or four-way ANOVA, with genotype, sex, treatment as between-group and time as within-group factors. Significant main effects were further analyzed by post-hoc comparison of means using the Fisher’s test. The numbers of successful trials in the Morris water-maze tests were compared by the Kolmogorov-Smirnov non-parametric test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 136 Partie 2 - Résultats RESULTS Quantification of acetylcholine/nicotinic components Relative densities of cholinergic markers and nicotinic receptors were determined in various brain areas of WT and STOP KO mice. No significant variation of ACh esterase (AChE) density was found in the various areas tested in STOP KO mice, compared to WT mice (Fig. 1, Table 1). The results from immunoautoradiographic labelling of vesicular ACh transporter (VAChT) showed a near significant effect of genotype in the hippocampus and the CA1 and CA3 fields (genotype x area: F(2,24)=2.68, p=0.089). The density of VAChT was significantly decreased by 17% in the entire dorsal hippocampus (F(1,8)=8.92, p=0.0174) and by 33% in the CA1 field (F(1,8)=27.50, p=0.0008) in STOP KO compared to WT mice, whereas it was not modified in the other areas tested (Fig. 1, Table 1). In all areas tested, [125I]-epibatidine at low concentration is a specific ligand of β2* subunits (Marks et al., 2006). Its autoradiographic labelling is entirely suppressed in mice lacking the β2 subunit gene (Zoli et al., 1998) and recovered by its re-expression in the ventral tegmental area (Maskos et al., 2005). No variation of β2* nAChR subunit density was found between WT and STOP KO mice (Fig. 1, Table 2). Analysis of the relative density of α6* subunits showed a significant effect of genotype (genotype x area: F(5,54)=8.49, p<0.0001). The density of α6* subunits was significantly decreased in the striatum (-19%, F(1,10)=24.56, p=0.001), in the shell (-33%, F(1,10)=48.55, p<0.0001) and in the cone part of the nucleus accumbens (-39%, F(1,10)=65.16, p<0.0001) of STOP KO (Fig. 1, Table 2). Analysis of the α7 nAChR density showed a significant effect of genotype (genotype x area: F(10,80)=2.10, p=0.034). The density of α7 nAChR in STOP KO mice was significantly increased in the dorsolateral striatum (+24%, F(1,7)=7.16, p=0.032), in the dorsal hippocampus (+24%; F(1,9)=5.22, p=0.048), the CA1 (+51%, F(1,8)=13.22, p=0.007) and the CA3 fields (+67%, F(1,9)=7.92, p=0.020) and the lacunosum moleculare layer of hippocampus (+34%, F(1,8)=7.36, p=0.027). Density of α7 nAChRs was nearly significantly increased in the shell of the nucleus accumbens (+16%, F(1,4)=5.89, p=0.072). Effects of nicotine on the locomotor activity In order to evaluate the potential consequences of the altered VAChT and nAChR densities, we first studied the locomotor effects of nicotine. Since male and female mice of each genotype did not show any significant difference in locomotor activity (not shown), their data were pooled. In both genotypes, acute administration of nicotine at increasing doses elicited a multi-phasic dose-dependent response on the horizontal and vertical locomotor activities (Fig. 2). In WT mice, nicotine at 0.1 mg/kg induced a nearly significant inhibition of the horizontal activity by 32% over the first 30 min, compared to saline treatment (treatment x time: F(5,100)=2.26, p=0.0540, Fig. 2A, C). The dose of 0.5 mg/kg had no effect compared to saline treatment, but induced a significant 38% increased horizontal locomotion during the first 30 min, compared to 0.1 mg/kg (treatment x time: F(5,60)=2.38, p=0.0494). At doses greater than 0.5 mg/kg, nicotine elicited a dose-dependent hypolocomotor effect (treatment: F(3,32)=10.79, p<0.0001; treatment x time: F(33,352)=3.20, p<0.0001), with an ID50%=1.6 mg/kg and a maximal inhibition (Imax)=100%. The effects of nicotine on vertical locomotor activity were similar to those observed on the horizontal activity in WT mice (Fig. 2D). At dose higher than 0.5 mg/kg, nicotine exerted a pronounced dose-dependent hypolocomotion BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 137 Partie 2 - Résultats (treatment: F(3,30)=6.98, p=0.001; treatment x time: F(33,330)=3.12, p<0.0001; Fig. 2D), with an ID50%=1 mg/kg and a maximal inhibition of 100%. In STOP KO mice, nicotine at 0.1 mg/kg had no effect on the horizontal activity (Fig. 2B, C). The dose of 0.25 mg/kg significantly increased the locomotion by 50% over the time course, compared to saline treatment (treatment x time: F(11,198)=2.21, p=0.0152; not shown and Fig. 2C). Nicotine at 0.5 mg/kg stimulated the horizontal activity of STOP KO mice (Fig. 2B, C) by 130% over the time course, compared to saline (treatment: F(1,18)=6.91, p=0.0170). For doses higher than 0.5 mg/kg, nicotine depressed the locomotor activity in a dosedependent manner (treatment: F(3,30)=4.91, p=0.007; treatment x time: F(33,330)=1.48, p=0.0476), with an ID50%=1.6 mg/kg and an Imax=100%. The effects of nicotine on vertical locomotor activity were similar to those observed on the horizontal activity in STOP KO mice (Fig. 2D). Nicotine at 0.5 mg/kg significantly increased by 54% the vertical activity of mutant mice over the time course (treatment x time: F(11,132)=2;59, p=0.005). At doses greater than 0.5 mg/kg, nicotine elicited a dose-dependent hypolocomotion (treatment: F(3,25)=8.29, p=0.0005; treatment x time: F(33,275)=3.29, p<0.0001), with an ID50%=1.1 mg/kg and an Imax=100%. This demonstrated that the increased horizontal locomotion induced by nicotine at the doses of 0.25 and 0.5 mg/kg was not due to an inhibition of vertical activity. Effects of choline on the locomotor activity Choline at the three doses tested had no effect on the horizontal (Fig. 3A, C) or the vertical (Fig. 3D) activity of WT mice. In STOP KO mice, choline significantly increased the horizontal activity in a dose-dependent manner, over the time course (treatment: F(3,26)=5.98, p=0.003; treatment x time: F(33,286)=2.51, p<0.0001; Fig. 3B, C), by 78% at 0.3 mg/kg (treatment: F(1,12), p=0.0651), by 116% at 3.0 mg/kg (treatment: F(1,13)=9.87, p=0.008, treatment x time: F(11,143)=1.798, p=0.0605) and by 166% at 30 mg/kg (treatment: F(1,13)=19.09, p=0.0008, treatment x time: F(11,143)=6.52, p<0.0001). In contrast, choline significantly inhibited the vertical activity of STOP KO mice, in a dosedependent manner (treatment: F(3,18)=3.71; treatment x time: F(33,198)=2.27, p=0.0003; Fig. 3D), by 69% at 3.0 mg/kg (treatment x time: F(11,110)=2.91, p=0.002) and by 88% at 30 mg/kg (treatment: F(1,10)=6.70, p=0.027; treatment x time: F(11,110)=4.64, p<0.0001). Effect of choline on performance of WT and STOP KO mice in the cued version of the Morris water-maze Animals of both genotypes received saline or 0.30 mg/kg choline, 15 min before each trial. At these time and dose, choline had no effect on the swimming speed of both WT and STOP KO mice (not shown). WT mice learned correctly the task, since the latency time and the swum distance to find the platform was decreased by 59% (F(1,16)=15.60, p=0.001) and 61% (F(1,16)=14.07, p=0.002) between day 1 and day 5, respectively (Fig. 4). In constrast, STOP KO mice did not learn correctly, as their performance were not significantly improved between day 1 and day 5. The latency time of STOP KO mice was higher than WT mice by 20% for the 5-day session (genotype x time: F(4,68)=2.39, p=0.0595) and by 42% between day 3-5 (genotype: F(1,34)=5.04, p=0.0384). Mutant mice travelled more distance to reach the platform (genotype x time: F(4,68)=2.33, p=0.0643, between day 1-5) and the number of successful trials was significantly lower (Chi2=3.200, p=0.0375, Fig. 4). Choline treatment had no effect on the performance of WT mice, since their latency and distance were not significantly modified by choline during trials. However, the number of BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 138 Partie 2 - Résultats successful trials of WT mice was significantly increased by choline treatment (Chi2=4.350, p=0.025). In contrast, choline treatment improved the performance of STOP KO mice. Choline-treated STOP KO mice learned correctly the task, since their latency time was decreased by 54% (F(1,18)=13.25, p=0.002) and their distance by 62% (F(1,18)=32.24, p<0.0001), between day 1 and day 5. Compared to saline-treatment, choline decreased the latency time of STOP KO mice between day 1-5 (treatment x time: F(4,72)=2.30, p=0.067) and the distance (treatment x time: F(4,72)=3.35, p=0.0143). Moreover, choline treatment significantly increased the number of successful trials of STOP KO mice (Chi2=3.760, p=0.025). Finally, performance of choline-treated STOP KO mice and saline-treated WT mice were no longer different (genotype x treatment: latency F(4,68)=0.32, distance F(4,68)=0.08, number of successful trials Chi2=0.200). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 139 Partie 2 - Résultats DISCUSSION STOP KO mice have been proposed as a model for some symptoms exhibited in schizophrenia (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005). The pertinence of this experimental mouse line is strengthened by recent studies showing an association between schizophrenia and polymorphism markers of the MAP6 gene, the human homologous of STOP gene (Shimizu et al., 2006). Since dysfunctions of ACh/nicotinic neurotransmission are suspected in schizophrenia and since schizophrenic patients abuse tobacco (probably as a selfmedication), we decided to characterize the nicotinic phenotype of STOP KO mice. Our data demonstrate that STOP KO mice displayed important modifications in the cholinergic components, nicotinic receptors and functions. The constitutive inactivation of the ubiquitous protein STOP elicited modified VAChT and nicotinic receptor densities, in an area- and subtype dependent-manner. Mutant mice were hypersensitive to nicotine-induced locomotor hyperactivity and, interestingly, their impaired performance in the cued version of the Morris watermaze were improved by the α7 receptor agonist, choline. In STOP KO mice, whereas the density of AChE, the ACh inactivating enzyme, was not modified in any brain areas, the density of VAChT, the vesicular ACh transporter, was selectively decreased in the granular layer of the hippocampal CA1 field, but not modified in the CA3 field and in the median septum containing somas of cholinergic neurons. This suggests that modulation of VAChT expression depends on a specific regional/neuronal environment. Importantly, a two-fold decrease in glutamatergic synaptic vesicles has been found in CA1 field and correlated with altered synaptic transmission in this structure (Andrieux et al., 2002). No synaptic defect has been observed in CA3 field, suggesting areadependent alterations. The decreased density of VAChT could result from a drop in the amount of cholinergic terminals and/or of vesicular transporters per vesicle and/or a global reduction in vesicle number per terminal. In any event, reduction in VAChT density might result in decreased ACh release. Interestingly, modified VAChT was located in terminals of septo-hippocampal cholinergic neurons thought to be involved in learning and memory (Leanza et al., 1995). The relative density of β2* nAChRs was not modified in any tested area of STOP null mice. In contrast, α6 nAChR subunit density was highly decreased in the striatum and the shell and cone parts of the nucleus accumbens and α7 nAChR density was highly increased in the dorsolateral striatum and, particularly, in many layers of the dorsal hippocampus, but not in the median septum. Such opposite effects on α6* and α7 nAChR density were also found in DA transporter (DAT) KO mice, another experimental model pertinent for schizophrenia (Gainetdinov et al., 2001; Giros et al., 1996; Weiss et al., in preparation). In these mice, modifications of nAChR density are thought to originate from constitutive hyperdopaminergia. In order to evaluate the potential consequences of the modified expression of cholinergic/nicotinic markers, we chose to characterize two behaviours that involved nicotinic neurotransmission, namely nicotine-induced locomotor activity and choline-effect on learning performance. In WT mice, nicotine elicited a multiphasic locomotor effect, since it first depressed locomotor activity at low doses, had no effect at 0.5 mg/kg and, finally, strongly inhibited the locomotor activity for higher doses. In STOP KO mice, nicotine 0.5 mg/kg induced a two-fold increase in locomotor activity. The hypersensitivity of mutant mice to the stimulating locomotor effect of nicotine was in agreement with previous results on amphetamine (Brun et BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 140 Partie 2 - Résultats al., 2005). In rodents, nicotine can increase locomotion in a familiar environment probably via activation of DAergic pathways through distinct nAChRs (Menzaghi et al., 1997; Picciotto et al., 2001). In our case, habituation of STOP KO mice to actimeter cages was not different from their WT counterparts (compare the time course of basal activities after saline administration, Fig. 1 A and B). On the other hand, the hypersensitivity of STOP KO mice to the stimulating locomotor effect of nicotine could be due to an enhanced DA release effect. Recent studies in STOP KO mice showed that the DA efflux evoked by electrical stimulations mimicking physiological stimulation is highly increased in the nucleus accumbens (Brun et al., 2005). Studies on various nAChR subunit KO mice indicate that nicotine exerts its DA releasing effect mainly via β2* nAChRs (Maskos et al., 2005; Picciotto et al., 1998). The relative density of nicotinic β2 subunits was not modified in STOP KO mice but their sensitization state has not been determined. Increased striatal α7 nAChRs, if they were functional, could also participate to the nicotine-induced DA release, taking into account the strategic localization of α7 nAChRs on glutamatergic terminals in DAergic areas (Kaiser and Wonnacott, 2000). Finally, other non-AChRs could mediate the hypersensitivity of STOP KO mice to the stimulant effect of nicotine. In contrast, STOP KO mice were not hypersensitive to the depressant locomotor effect of nicotine at higher doses, unlike the hyperactive DAT KO mice (Weiss et al., in preparation). As the neuronal substrates responsible for acute nicotine hypolocomotor effects have not been fully elucidated, it is difficult to relate this data to nicotinic or non nicotinic components. Since the density of α7 nAChRs was highly increased in the hippocampus of STOP KO mice, we first assessed spatial learning of mice in the Morris watermaze. In this version, WT mice did not learn to find the hidden platform up to an 8-day training (not shown). The bad performance of mice can be attributed to the strain (50:50 Balbc/129ScPas), since both parental strains were poor performers (van Dam et al., 2006). Accordingly, we have chosen another easier task, i.e. the cued platform version of the watermaze, in which mice were trained to swim to a platform mounted with a visible cue and placed in a different location on each trial. Such a learning is thought to be mediated by the basal ganglia, in particular the dorsal striatum (Packard and Knowlton, 2002), where α7 nAChR density was also increased in STOP KO mice. In this place task, STOP KO mice show impaired performances compared to WT littermates. Contrary to WT mice whose performance were improved during the successive trials, mutant mice did not learn correctly to find the platform during the 5-day training, as their mean latency and distance travelled were not significantly decreased between day 1 and day 5. Numerous studies in humans and rodents demonstrate the pro-cognitive effect of nicotine, via α7 nAChR stimulation (Adler et al., 1998; Levin et al., 2002; Siegel et al., 2005; Young et al., 2004). The highly increased α7 nAChR density in the hippocampus and the dorsolateral striatum of STOP KO mice has prompted us to test the cognitive performance of mice in the Morris watermaze and the potential effect of choline, a selective α7 nAChR agonist at low doses (Matsuyama et al., 2003; Papke et al., 1996). In a first set of experiments, we assessed choline effect on the locomotor activities of mice. Whereas choline had no effect on both the horizontal and vertical activities of WT mice, choline increased the horizontal and decreased the vertical activity of STOP KO mice at doses greater than 0.3 mg/kg. These opposite and paradoxical effects were elicited by choline at relatively high doses, for which it can stimulate non-α7 nAChRs and/or can serve as substrate for the synthesis of ACh. Nevertheless, we have chosen the lowest dose of choline BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 141 Partie 2 - Résultats (0.3 mg/kg) to test its potential effect on learning of WT and STOP KO mice. At this dose, choline had no effect on the swimming speed of mice. Choline, administered 15 minutes before trials, had no effect on the mean latency and distance travelled by WT mice, but significantly increased the number of successful trials. In contrast, choline treatment significantly improved performance of STOP KO mice, by decreasing their latency and distance travelled and increasing their number of successful trials. Altogether, the performances of choline-treated STOP KO mice were no longer different from saline-treated WT mice. A recent report demonstrates that stimulation of both α4β2 and α7 nAChRs, by epibatidine and choline respectively, are essential for full-development of long-term potentiation in the mouse dentate gyrus (Matsuyama and Matsumoto, 2003). Literature data indicate that working memory performance of rats are improved by stimulation or costimulation of (α4)β2 and α7 nAChRs in the hippocampus and/or amygdala (Levin et al., 2002a, 2002b). Various studies also indicate participation of cholinergic neurotransmission of the dorsal striatum in learning in which stimulus and response are associated (Packard and Knowlton, 2002). Absence of training acquisition during the 5-day session of STOP KO mice cannot be explained by the increased α7 nAChR density in the dorsolateral striatum. This suggests that up-regulated α7 nAChRs may not be functionnal, undergoing a desensitization state or may be associated with a basal decreased ACh release. This latter hypothesis seems to be more pertinent: first, the α7 nAChR agonist choline at low dose improved the impaired performance of STOP KO mice. Second, in hippocampus, another area implicated in cognitive behaviour, up-regulated α7 nAChRs were associated with decreased density of VAChT, suggesting a reduced ACh release in this particular structure. Nevertheless, we have not measured the activity of VAChT, nor the extracellular ACh level, in both dorsolateral striatum and hippocampus of mutant mice. Another non exclusive hypothesis to explain impaired performance of STOP KO mice would be an imbalance between β2* (not modified) and α7 (increased) nAChR densities in some brain areas, in agreement with previous reports (Levin et al., 2002a). The slight effect of choline on performance of WT mice and its beneficial effect in STOP KO mice can be due to a hypersensitive response of mutant mice to the pro-cognitive effect of choline. It is also reminiscent of studies on cognitive performances in humans. Although the pro-cognitive effect of nicotine is debated in healthy human subjects, there are stronger evidences of nicotinic modulation of cognitive dysfunctions in several neuropsychiatric disorders, including Alzheimer's and Parkinson's diseases, ADHD and schizophrenia (Sacco et al., 2004). Finally, the improvement of performance of STOP KO mice by choline, probably via α7 nAChR stimulation, is reinforced by recent data of our lab showing that impaired performance of DAT KO mice in the cued version of the watermaze was improved by DMXB-A, another α7 nAChR agonist (Moutsimilli et al., in preparation). In conclusion, our present study shows that the deletion of the widespread regulatedmicrotubule STOP can induce significant adaptation of the cholinergic/nicotinic neurotransmission. Altogether, our data suggest that nicotinic neurotransmission can probably be deficient in STOP mutant mice and that these mice may provide an useful experimental model to study dysfunctions related to some psychiatric symptoms, particularly schizophrenia. Such a mouse line can also be useful to test the potential benefits of various therapeutic treatments, such as nicotine or nicotinic agonists. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 142 Partie 2 - Résultats REFERENCES Adler, L. 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BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 146 Partie 2 - Résultats Table 1: Relative density of cholinergic markers in WT and STOP KO mice Marker AChE Area SNC SNR VTA Striatum Acc Shell Acc Core Acc Cone Dorsal Hipp CA1 CA3 WT (4) 235±7 (5) 167±9 (3) 269±13 (6) 335±12 (4) 352±23 (3) 295±15 (4) 405±16 (6) 57±1 (5) 90±3 (6) 71±4 KO (4) 263±14 (5) 177±10 (6) 290±11 (5) 331±12 (4) 356±16 (4) 294±22 (5) 364±18 (5) 60±3 (5) 88±4 (6) 73±5 % KO/WT +12% ns +6% ns +8% ns -1% ns +1% ns 0% -10% ns +5% ns -2% ns +3% ns VAChT SN VTA Striatum Acc Shell Acc Core Acc Cone Dorsal Hipp CA1 CA3 Septum ND ND (6) 182±10 (6) 224±18 (6) 156±9 (6) 259±13 (5) 39.5±1.6 (5) 30.6±1.3 (5) 46.8±2.9 (6) 180±13 ND ND (6) 181±7 (6) 233±20 (6) 166±8 (6) 261±11 (5) 32.8±1.6 (5) 20.6±1.4 (5) 48.7±5.1 (6) 154±15 -1% ns +4% ns +6% ns +1% ns -17% * -33% *** +4% ns -14% ns Densities are the means ± SEM of immunolabelling in arbitrary units. The number of mice is indicated in parentheses. ND, not detectable; Acc, nucleus accumbens; AChE, acetylcholine esterase; CA1, CA1 field of hippocampus; CA3, CA3 field of hippocampus; Dorsal Hipp, dorsal hippocampus; SN, substantia nigra; SNC substantia nigra, pars compacta; SNR, substantia nigra, pars reticulata; VAChT, vesicular acetylcholine transporter; VTA, ventral tegmental area; ns: non significant. Fisher's test: *p<0.05; ***p<0.001. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 147 Partie 2 - Résultats Table 2: Relative density of nicotinic receptors in WT and STOP KO mice Receptor β2* Area SN VTA Striatum Acc Shell Acc Core Dorsal Hipp Cing Cx WT (5) 126±5 (5) 333±16 (6) 242±12 (6) 193±11 (5) 166±9 (6) 133±10 (5) 225±5 KO (4) 119±11 (4) 313±13 (6) 215±18 (6) 211±2 (5) 180±11 (6) 126±6 (4) 216±10 % KO/WT -6% ns -6% ns -11% ns +9% ns +8% ns -5% ns -4% ns α6* SNC VTA Striatum Acc Shell Acc Core Acc Cone (5) 155±9 (4) 225±27 (6) 179±6 (6) 225±7 (6) 192±5 (6) 303±10 (4) 156±9 (5) 210±21 (6) 145±4 (6) 151±8 (6) 173±10 (6) 183±11 0% -7% ns -19% *** -33% *** -10% ns -40% *** α7 SN VTA Str DL Acc Shell Acc Core Dorsal Hipp CA1 CA3 L Mol Septum Cing Cx (5) 50.0±4.9 (6) 143±11 (5) 65.0±4.7 (3) 15.5±0.8 (4) 16.1±1.4 (6) 74.2±3.3 (6) 44.1±4.2 (6) 58.3±3.6 (6) 92.8±7.1 (4) 34.2±4.0 (5) 35.2±2.4 (5) 48.0±8.3 (4) 132±20 (4) 80.4±2.4 (3) 18.0±0.7 (4) 17.0±2.3 (5) 92.2±10.3 (4) 66.8±4.2 (5) 97.5±14.8 (4) 124.0±10.0 (3) 43.0±4.2 (4) 32.5±2.8 -4% ns -8% ns +24% * +16% # +6% ns +24% * +51% ** +67% * +34% * +26% ns -8% ns Densities are the means ± SEM of specific radioligand binding in arbitrary units. The number of mice is indicated in parentheses. Acc, nucleus accumbens; CA1, CA1 field of hippocampus; CA3, CA3 field of hippocampus; Cing Cx, cingulate cortex; Dorsal Hipp, dorsal hippocampus; L Mol, lacunosum moleculare layer of hippocampus; SN, substantia nigra; SNC substantia nigra, pars compacta; Str DL, dorsolateral striatum; VTA, ventral tegmental area. ns: non significant. Fisher's test: # p<0.08; *p<0.05; **p<0.01; ***p<0.001. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 148 Partie 2 - Résultats LEGENDS TO FIGURES Fig.1: Autoradiographic representation of acetylcholine esterase (AChE), vesicular acetylcholine transporter (VAChT), β2*, α6* and α7 nicotinic receptors in WT and STOP KO mice. Acb C: nucleus accumbens, core; Acb S: nucleus accumbens, shell; CA1 or CA3: CA1 or CA3 layer; Hip: hippocampus; L Mol: Lacunosum Moleculare layer; Str: striatum. Fig. 2: Effects of nicotine administration on the locomotor activity of WT and STOP KO mice. Time course of the horizontal activity of WT (A) and STOP KO (B) mice after s.c. administration of nicotine (Nic) at increasing doses. Means ± SEM of photocell counts over a 5 min period. Dose-response effects of nicotine administration on the horizontal (C) and vertical (D) locomotor activities of WT and STOP KO mice. Data represent means ± SEM of photocell counts over a 60 min period, expressed as percentages of respective basal activities (65.5±9.0 and 63.3±7.0 counts/60 min for horizontal activity of WT and STOP KO, respectively; 299±60 and 246±55 counts/60 min for vertical activity of WT and STOP KO mice, respectively). Number of mice in parentheses, Sal (15 WT, 13 KO), Nic (7 WT or KO per dose). Fisher's test: ∗ p<0.05, ∗∗ p<0.01, ∗∗∗ p<0.0001 compared to the saline group of the same genotype; # p<0.05, ## p<0.005, ### p<0.0001, comparison between genotypes. Fig. 3: Effects of choline administration on the locomotor activity of WT and STOP KO mice. Time course of the horizontal activity of WT (A) and STOP KO (B) mice after s.c. choline administration at various doses. Means ± SEM of photocell counts over a 5 min period for 78 mice per dose. Dose-response effects of choline administration on the horizontal (C) and vertical (D) locomotor activities in WT and STOP KO mice. Data represent means ± SEM of photocell counts over a 60 min period, expressed as percentages of respective basal activity (61.6±6.0 and 35.7±8.0 counts/60 min for horizontal activity of WT and STOP KO, respectively; 101±36 and 151±51 counts/60 min for vertical activity of WT and STOP KO mice, respectively). Fisher’s test: ∗∗ p<0.01, ∗∗∗ p<0.0001 compared to the saline group of the same genotype; # p<0.05, ## p<0.005, ### p<0.0001, comparison between genotypes. Fig. 4: Effect of choline treatment on performance of WT and STOP KO mice in the cued version of watermaze. 15 Min before each trial, mice received s.c. administration of saline (Sal) or choline 0.3 mg/kg (Chol). Performance of mice are expressed as latency (seconds, s) and mean distance travelled (meters, m) to find the platform and proportion of successful trials. Values are means ± SEM for 9 (WT Sal), 10 (KO Sal and KO Chol) and 11 (WT Chol) mice. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 149 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 150 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 151 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 152 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 153 Partie 2 - Résultats ARTICLE II : Altérations préférentielles du système dopaminergique limbique des souris STOP KO Caroline Bouvrais-Veret, Stéphanie Weiss, Naima Hanoun, Annie Andrieux, Annie Schweitzer, Didier Job, Michel Hamon, Bruno Giros et Marie-Pascale Martres Manuscrit en préparation BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 154 Partie 2 - Résultats Contexte de l’étude Au sein des neurones, les microtubules et les protéines associées jouent un rôle dans la stabilisation et la plasticité synaptique (van Rossum and Hanisch, 1999). Les souris invalidées pour la protéine STOP n’ont pas de défaut anatomique évident mais montrent des anomalies de plasticité synaptique dans l’hippocampe (Andrieux et al., 2002) et une diminution de l’expression des transcrits de certaines protéines synaptiques (Eastwood, sous presse). Elles montrent également des déficits comportementaux, comme une activité désorganisée, des interactions sociales diminuées, un déficit du filtrage sensori-moteur (PPI) une hypersensibilité au stress et à l’amphétamine (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005; Fradley et al., 2005). Récemment, Brun et collaborateurs (2005) ont montré que les souris mutantes présentaient une altération du système dopaminergique. La transmission de base est normale mais une stimulation évoquée des fibres dopaminergiques provoque une augmentation de l’efflux de dopamine, spécifiquement au niveau du noyau accumbens. Ces données, en accord avec le fait qu’une partie des déficits est améliorée par des neuroleptiques, suggèrent que ces souris partagent certaines caractéristiques associées à la schizophrénie d’autant plus que cette maladie psychiatrique semblerait liée à des défauts de connectivité synaptique (Owen et al., 2005). D’ailleurs, un polymorphisme du gène MAP6, homologue humain du gène murin STOP, a récemment été associé à une population de schizophrènes japonais (Shimizu et al., 2006). Dans cette étude, nous nous proposons d’examiner certains composants clés du système dopaminergique des souris STOP KO. Nous avons tout d’abord déterminé la densité de récepteurs D1, D2, D3 ainsi que celles du transporteur DAT et du transporteur vésiculaire des monoamines VMAT2 dans plusieurs régions cérébrales. Nous avons également mesuré les taux endogènes de dopamine et l’activité de son enzyme de synthèse, la tyrosine hydroxylase. Ensuite, nous avons déterminé les paramètres cinétiques du DAT. Enfin, nous avons examiné la réponse locomotrice de ces animaux à la cocaïne, ainsi que la sensibilisation comportementale induite par cette drogue. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 155 Partie 2 - Résultats Principaux résultats • Les densités relatives de certains marqueurs dopaminergiques sont modifiées dans le cerveau des souris STOP KO (figure 1, tableau 1) Les densités du DAT et de VMAT2 ne sont pas modifiées dans le cerveau des souris STOP KO. Aucune différence significative de densité n’a été trouvée pour le récepteur D1. La densité du récepteur D2 est diminuée de manière significative au niveau des terminaisons dopaminergiques, striatum et accumbens (-20 à -30%) et celle du récepteur D3 est diminuée dans l’aire tegmentale ventrale (-40%), alors qu’elle n’est pas modifiée dans la substance noire. • Ni le couplage des récepteurs D1 aux protéines G, ni celui des récepteurs D2/D3, mesurés par liaison de [35S]-GTP, ne sont significativement modifiés chez les STOP KO (figure 2, tableau 2) • Les taux endogènes de dopamine et de ses métabolites sont diminués dans certaines régions cérébrales des souris STOP KO (tableau 3) Contrairement aux régions à corps cellulaires dopaminergiques (substance noire + aire tegmentale ventrale), les taux endogènes de dopamine et de ses principaux métabolites, HVA et DOPAC, sont significativement diminués au niveau des terminaisons dopaminergiques des souris STOP KO, avec une amplitude au niveau du noyau accumbens (-50 à -60%) significativement plus importante que dans le striatum. Dans le cortex préfrontal, seul le niveau du métabolite DOPAC est diminué de manière significative. • L’activité de la tyrosine hydroxylase (TH) est réduite dans les régions dopaminergiques des souris STOP KO (tableau 4) L’activité de la TH a été déterminée in vivo, par mesure des taux de L-DOPA accumulés après inhibition de la dopa-décarboxylase. L’activité de la TH est significativement diminuée dans les corps cellulaires et les terminaisons dopaminergiques (20 à -30%), de façon plus importante dans le noyau accumbens par rapport au striatum. Aucune différence significative d’activité n’est à noter dans le cortex préfrontal. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 156 Partie 2 - Résultats • La capacité maximale de transport (Vmax) est diminuée dans le noyau accumbens des souris STOP KO (figure 3) Les paramètres cinétiques du DAT ont été mesurés par capture de [3H]-dopamine par des synaptosomes de striatum et de noyau accumbens. Dans le striatum, l’affinité du DAT pour la dopamine est significativement moins grande chez les souris STOP KO. Dans cette même région, la capacité maximale de transport (Vmax) du DAT des animaux mutants n’est pas significativement différente, bien que la vitesse de capture des souris STOP KO soit systématiquement plus grande que celle des souris sauvages, à toutes les concentrations de dopamine utilisées. Dans le noyau accumbens, la Vmax des souris STOP KO est significativement diminuée (-24%). D’autre part, l’affinité du DAT pour la dopamine est significativement plus faible dans le noyau accumbens que dans le striatum. • Les souris STOP KO sont hypersensibles à l’effet hyperlocomoteur de la cocaïne (figure 4) L’activité locomotrice horizontale des souris sauvages augmente de manière significative en réponse à une dose de 25 mg/kg de cocaïne. En revanche, celle des souris STOP KO est significativement plus forte dès la dose de 10 mg/kg de cocaïne et augmente de manière dose-dépendante. • La constante d’inhibition du DAT pour la cocaïne n’est pas significativement modifiée chez les souris STOP KO (figure 5) Nous avons mesuré les paramètres d’inhibition du DAT par la cocaïne par des expériences de capture de [3H]-dopamine dans des synaptosomes de striatum et de noyau accumbens, issus de souris sauvages et STOP KO. La concentration de cocaïne qui inhibe de moitié l’effet maximal de la cocaïne (CI 50) n’est pas significativement différente entre les deux génotypes de souris pour les deux régions analysées. Par contre, pour les deux génotypes de souris, la CI 50 est significativement plus forte dans le noyau accumbens que dans le striatum. • Les souris STOP KO développent une sensibilisation comportementale à une faible dose de cocaïne, contrairement aux souris sauvages (figure 6) Pendant les cinq jours de la phase d’initiation, les animaux montrent une sensibilisation comportementale à la cocaïne, qui n‘est significative que pour les souris sauvages. Après un sevrage de vingt jours, l’hyperactivité locomotrice induite par la cocaïne n’est pas significativement différente entre les souris sauvages traitées au sérum BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 157 Partie 2 - Résultats physiologique versus cocaïne. Au contraire, l’hyperactivité locomotrice des souris STOP KO induite par la cocaïne est significativement plus forte pour les animaux traités par la cocaïne versus sérum physiologique. Conclusions de l’étude Cette étude révèle des altérations de la densité et/ou de la fonction de certains composants du système dopaminergique, en accord avec des anomalies déjà observées par Brun et collaborateurs (2005). L’hyper-réactivité dopaminergique des souris STOP KO dans le noyau accumbens décrite par cette équipe pourrait être en partie expliquée par la baisse de la capacité de transport du DAT dans cette région, baisse qui ne devient apparente que pour les fortes concentrations de dopamine. Par contre, l’hypersensibilité des animaux mutants à l’effet hyperlocomoteur de la cocaïne, en accord avec leur hypersensibilité à l’amphétamine (Brun et al., 2005) ne peut être liée à une meilleure affinité du DAT pour cette drogue. Remarquons enfin que l’inactivation de la protéine ubiquitaire STOP donne lieu à des altérations sélectives à la fois des composants dopaminergiques et des régions cérébrales. Ces différents points seront développés dans le chapitre discussion. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 158 Partie 2 - Résultats Preferential alterations of dopaminergic accumbic system in STOP knock-out mice Caroline Bouvrais-Veret1, Stéphanie Weiss1, Naima Hanoun2, Annie Andrieux3, Annie Schweitzer3, Didier Job3, Michel Hamon2, Bruno Giros1 and Marie-Pascale Martres1# 1 Inserm, U513, Créteil, F-94000 France ; Univ Paris 12, Créteil, F-94000 France. 2Inserm, U677, Paris, F-75000 France ; Univ Paris 6, Paris, F-75000 France. 3Inserm, U366, CEA, Grenoble, F-38000 France. Running title: Accumbic DA system in STOP null mice Key words: cytoskeleton, cocaine, dopaminergic transporters and receptors, synaptosomes, schizophrenia, tyrosine hydroxylase #Correspondence should be addressed to Marie-Pascale Martres, Inserm U513, Laboratoire de Neurobiologie et Psychiatrie, 8 rue du Général Sarrail, Créteil, F-94010 France. e-mail : [email protected] Acknowledgements: The authors thank Dr M. Nosten-Bertrand (Inserm U513) for helpful discussion and D. Proietto (Inserm U366) for mouse genotyping. This work was supported by grants from Inserm. C. Bouvrais-Veret was the recipient of a grant from the "Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie" (MILDT, France), S. Weiss from the "Société de Tabacologie" (France). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 159 Partie 2 - Résultats INTRODUCTION Microtubules are key cytoskeleton components particularly abundant in neurons, where they play a role in morphogenesis and protein transport in dentrites and axons. Previous work has indicated a central role of microtubule associated proteins called STOPs (Stable Tubule Only Polypeptides or MAP 1B) in neuronal stabilization and in synaptic plasticity (Bosc et al., 1996; Guillaud et al., 1998; van Rossum and Hanisch, 1999). Unexpectedly, the recently developed mouse line deficient for the protein STOP do not display any detectable defects in brain anatomy, but exhibit synaptic defects in hippocampus, such as depleted glutamatergic vesicle pool and highly decrease in long-term potentiation and depression (LTP and LDP, respectively; Andrieux et al., 2002). STOP knock-out (KO) mice show severe behavioural disturbances, such as purposeless and disorganized activity, impaired social interactions and maternal behaviour, deficit in prepulse inhibition (PPI) of the startle reflex, hypersensitivity to mild stress and to the stimulant locomotor effect of amphetamine (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005; Fradley et al., 2005). STOP KO mice also display hyperdopaminergia, preferentially in the limbic dopaminergic (DA) system (Brun et al., 2005). These authors show that, whereas basal extracellular DA level is not modified in the striatum and the nucleus accumbens, evoked stimulated DA release is selectively increased in the nucleus accumbens. Some of the behavioural and synaptic deficits of STOP KO mice can be partly restored by chronic or acute antipsychotic drug treatment (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005; Fradley et al., 2005). Finally, a recent study shows decreased levels of mRNA transcripts of synaptic proteins in STOP KO mice, such as synaptophysin, GAP-43 and spinophilin (Eastwood et al., 2006). Altogether, the behavioural disturbances, the hyperDAergia in limbic system, the indirect evidence of a decreased glutamatergic neurotransmission and the fact that some of these defects are improved by antipsychotics suggest that STOP KO mice may represent a pertinent experimental model for schizophrenia. Various evidence suggest that schizophrenia is associated with alterations of neuronal architecture, particularly in the synaptic connectivity (Benitez-King et al., 2004; Frankle et al., 2003; Mirnics et al., 2001; Owen et al., 2005b). Recently, the protein DISC1 (Disrupted-In-Schizophrenia 1) has been demonstrated to bind with microtubules and its truncation in schizophrenic patients contributes to impair intraneuronal transport, neurite cytoarchitecture and/or neuronal migration (Morris et al., 2003; Owen et al., 2005a; Ishizuka et al., 2006). Furthermore, the MAP6 gene, the human homologous of STOP gene, is localized on chromosome 11q14, a region highly associated with schizotypal personality disorders (Lewis et al., 2003). Interestingly, recent study shows association between single nucleotide polymorphism markers of the MAP6 gene (human homologous of STOP gene) and schizophrenia (Shimizu et al., 2006). The authors equally report an up-regulation of isoform 2 of MAP6 transcripts in the prefrontal cortex of schizophrenic patients. Thus, the STOP KO mice, which represent a pertinent experimental model for some schizophrenic related symptoms, are likely to be informative to precisely characterize keycomponents of the DAergic neurotransmission. We determined in various brain areas of wildtype (WT) and mutant mice the density of the DA transporter (DAT), the vesicular monoamine transporter (VMAT2) and the D1, D2 and D3 DAergic receptors. We measured the endogenous DA and metabolite levels and the in vivo DA synthesis activity in various brain areas containing DAergic cell bodies and terminals. We performed studies of DA uptake by striatal and accumbic synaptosomes, as well as its inhibition by cocaine. Finally, we assessed the effect of acute cocaine on the locomotor activity of WT and STOP KO mice, as well as the cocaine-induced behavioural sensitization. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 160 Partie 2 - Résultats MATERIAL AND METHODS Animals Homozygous STOP KO mice and their WT littermates were obtained from the intercross (F2) of heterozygous 50:50 BALBc/129 SvPas-F1 mice. The genotype of the mice was determined from tail biopsies as previously described (Andrieux et al., 2002). Animals were housed 4-6 per cage by gender and litter, with sawdust bedding and under standard conditions, i.e. laboratory chow and water available ad libitum, temperature and humidity maintained at 23±2°C and 55±10%, respectively, and a light cycle of a 12 h light:12 h dark (lights on at 7:30 a.m.). Experiments were carried out in accordance with the European Communities Council Directive (86/809/EEC) and approved by the local ethical committee. Mice were allowed to habituate to the animal holding room for at least one week prior to use. All experiments were conducted on naive WT and KO mice (about 60%/40% females/males), 3-4 month old and of the same litters. Drugs (±)-Butaclamol hydrochloride, 1,3-di-o-tolylguanidine, dopamine hydrochloride, SKF38393 hydrochloride, were purchased from Sigma-Aldrich (Saint Quentin, Fallavier). Quinpirole hydrochloride, sulpiride, SCH23390 were purchased from Tocris Cookson (Bristol, UK). Nomifensine maleate was purchased from RBI (Natick, USA) and cocaine chlorydrate was from Cooper (France). All drugs were dissolved in 0.9% NaCl as free bases and were administered by s.c. or i.p. route under a volume of 100 µl per 20 g weight. [125I]Iodosulpride (74 TBq/mmol), [35S]-GTP-γ-S (37 TBq/mmol), [3H]-dopamine (1.6 TBq/mmol) and [N-methyl-3H]SCH 23390 (2.2-3.3 TBq/mmol) were from GE Healthcare (Orsay, France). [125I]-R(+)trans-7-hydroxy-2-[N-(3’-iodo-2’-propenyl)amino] tetralin ([125I]-7-OHPIPAT, 74 TBq/mmol) from Perkin Elmer-NEN (Orsay, France). Before use, rabbit [125I]-Ig F (ab’)2 fragment antibodies (28-111 TBq/mmol, GE Healthcare, Orsay, France) were purified by gel filtration onto a PD10 column (Sephadex G25 M, Pharmacia) in PBS (50mM NaH2PO4/Na2H PO4, 154 mM NaCl) containing 0.1% gelatin. The first 0.25 ml eluate was discarded and the following 3.5 ml eluate was put into 400 ml PBS supplemented with 3% bovine serum albumin (BSA), 1% goat serum, 1 mM NaI and 0.02% sodium azide. This corresponds to a concentration of 10-20 µCi/100 ml, for a freshly synthetized [125I]-IgG batch. This solution was kept at 4°C, for 4-6 weeks. Quantitative autoradiography Slices Mice were killed by cervical dislocation and their brains were then rapidly removed and frozen in isopentane at -30°C. Serial coronal sections (10 µm, 4 sections per slide) were cut at -20°C, thaw-mounted on Superfrost Plus® slides and stored at -80°C until use. To rule out binding of endogenous DA to its receptors, sections were pre-incubated in buffer, before addition of radioactive ligands. Immunoautoradiography of dopamine transporter (DAT) and vesicular monoamine transporter (VMAT2) Brain sections were fixed with 4% paraformaldehyde for 15 min at room temperature (RT), washed with PBS (50 mM NaH2PO4/Na2H PO4, 154 mM NaCl) and then incubated for 1h at RT in PBS containing 3% BSA, 1% goat serum and 1 mM NaI. Sections were incubated for 2h at RT in the presence of DAT antiserum (1:20,000 dilution, according to Martres et al., 1998) or polyclonal VMAT2 antibody (1:1500 dilution). After extensive washes, slides were incubated overnight at 4°C with purified anti-rabbit [125I]-IgG (10-20 µCi/100ml). Sections were washed with PBS, dried and exposed to Biomax MR films for 1-4 days. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 161 Partie 2 - Résultats Autoradiographic determination of DAergic D1, D2 and D3 receptor densities Labelling of D1 receptors was performed according to Fernagut et al (2003). The slides were pre-incubated for 20 min at RT in 50 mM Tris-HCl buffer, pH 7.4 containing 120 mM NaCl, 5 mM KCl, 2 mM CaCl2 and 1 mM MgCl2 (Tris-ions buffer). The slides were then incubated for 90 min at RT in a fresh Tris-ions buffer containing 3 nM [3H]-SCH23390, with or without 10 µM butaclamol to determine non-specific binding. After 4 washes for 5 min with ice cold Trisions buffer, sections were dipped in ice-cold water and dried. The slides were exposed to BAS-TR Fuji Imaging screen for 72 h and the screens were scanned with a Fuji Bioimaging Analyzer BAS-5000. Labelling of D2 receptors was done as previously described (Martres et al 1985). The slides were pre-incubated three times for 5 min at RT in Tris-ions buffer supplemented with 0.1% bovine serum albumin (BSA) and 0.57 mM ascorbic acid and then incubated for 60 min at RTin the same fresh Tris-ions buffer in the presence of 0.2 nM [125I]-iodosulpride, with or without 10 µM apomorphine to determine non-specific binding. Sections were washed as described for D1 receptor labelling and exposed to Biomax MR film (GE Healthcare) for 2472 h. Labelling of D3 receptors was performed according to Stanwood et al (2000) and modified as follows: the slides were pre-incubated three times for 5 min at RT in 50 mM HEPES buffer, pH 7.4, supplemented with 1 mM EDTA, 2.8 mM ascorbic acid, 0.1% BSA, 100 µM GTP (to dissociate D2 receptors from G proteins) and 25 µM 1,3-di-o-tolylguanidine (to dissociate ligand from receptors). Then, sections were incubated for 60 min at RT in fresh buffer in the presence of 0.25 nM [125I]-7-OH-PIPAT, with or without 10 µM dopamine to determine nonspecific binding. Sections were washed four times for 15 min in ice-cold HEPES buffer, dipped in ice-cold water, dried and exposed to Biomax MR films for 24 h. Quantitative autoradiography of [35S]GTP-γ-S binding Autoradiography of agonist-stimulated [35S]GTP-γ-S binding was performed according to slight modifications of published procedures (He et al., 2000). Briefly, sections were preincubated at RT for 20 min in 50 mM HEPES (4-(2-hydroxyethyl)-1-piperazine ethanesulfonic acid) supplemented with 100 mM NaCl, 3 mM MgCl2, 0.2 mM EGTA and 0.2 mM dithiothreitol and then incubated for 15 min in the same buffer with 2 mM guanosine-5'diphosphate. Thereafter, sections were incubated for 1 h at RT in the same buffer with 0.05 nM [35S]GTP-γ-S with 0.3 mM SKF38393 for D1 receptor stimulation and of 0.3 mM quinpirole for D2/D3 receptor stimulation. Non-specific binding was determined in the presence of 0.2 mM SCH23390 or 1 mM sulpiride, respectively. Sections were then washed twice for 5 min in ice-cold 50 mM HEPES buffer, dipped in ice-cold water, dried and exposed to Biomax MR films for 15-20 h. Quantification Standard radioactive-microscales (Amersham) were exposed on each autoradiographic film to ensure that densities of the labellings were in the linear range. After scanning autoradiograms, densities were analyzed with Multi Gauge software or MCIDTM Analysis software for [3H]- or [35S]- and [125I]-radioligand, respectively. The values, in arbitrary units (mean grey values), of the densities of the labellings of 4 sections per area were averaged to give one value per animal. Determination of endogenous DA levels and in vivo tyrosine hydroxylase activity The levels of endogenous DA, its precursor L-DOPA and its metabolites DOPAC and HVA were determined as already described (Martres et al., 1998). Briefly, brain areas were weighted and homogenized in cold 0.1 M HClO4 supplemented with 0.05% EDTA and 0.05% Na2S2O2 and centrifuged at 450,000 gxmin at 4 °C. 200 µl aliquots were neutralized with 2 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 162 Partie 2 - Résultats M KH2PO4/K2HPO4, pH 7.4 containing 0.01 mg/ml ascorbate oxidase and centrifuged at 300,000 gxmin. Aliquots (10µl) of the clear supernatant were injected into a highperformance liquid chromatography (HPLC) column (Ultrasphere IP, Beckman, Gagny, France; 25x4.6 cm, C18 reversed-phase, particle size 5 µm) protected with a Brownee precolumn (3 cm, 5 µm). The mobile phase for the elution (flow rate of 1 ml/min) consisted of 70 mM KH2PO4, 2.1 mM triethylamine, 0.1 mM EDTA, 1.25 mM octane sulphonate and 16% methanol, adjusted to pH 3.02 with solid citric acid. The electrochemical detection system (ESA 5011, Bedford, USA) comprises an analytical cell with dual coulometric monitoring electrodes (+50 mV and +350 mV). The generated signal was integrated by a computing integrator (Millenium32- Waters, Saint Quentin en Yvelines, France). Quantitative determinations were made using appropriate standards. For the in vivo measurement of tyrosine hydroxylase activity, animals were i.p. injected with 100 mg/kg NSD 1015, 30 min before sacrifice. Endogenous L-DOPA, DA and its metabolites were measured as described. Uptake on synaptosomes 3-4 striata or nucleus accumbens were homogenized in 15-20 volumes (v/w) of 0.32 M sucrose with a glass-Teflon potter. Homogenates were diluted to 40 volumes with 0.32 M sucrose, centrifuged at 10,000 gxmin and the resulting supernatants were centrifuged again at 300,000 gxmin. The pellets were gently resuspended in 50 volumes of 0.32 M sucrose and 25 µl aliquots were incubated in a final volume of 500 µl buffer containing 4 mM Tris-HCl, 6.25 mM HEPES, 120 mM NaCl, 5 mM KCl, 1.2 mM CaCl2, 1.2 MgSO4, 5.6 mM D-glucose and 0.5 mM ascorbic acid, pH 7.4. For saturation experiments, synaptosomes were incubated in the presence of 10 nM [3H]-dopamine and increasing concentrations of DA. For inhibition cocaine experiments, synaptosomes were incubated in the presence of 10 nM [3H]dopamine with or without cocaine at increasing concentrations. In all cases, non specific uptake was determined in the presence of 30 µM nomifensine. After 7 min at 37 °C, samples were diluted with 3 ml of cold buffer and rapidly filtered through Whatman GF/B glass-fibers presoaked with 0.05% polyethylenimine. After three washes with 3 ml of cold buffer, filters were dried and the entrapped radioactivity counted by liquid scintillation spectrometry. Proteins were quantified as described by Lowry et al. (1951). Behavioural studies Acute effect of cocaine The horizontal (locomotion) and vertical (rearing) activities were assessed in transparent activity cages (20x15x25 cm), with automatic monitoring of 8 photocell beam breaks, located at 1.5 cm (horizontal activity) and 6.5 cm (vertical activity) above the floor (Imetronic, Bordeaux, France). Mice were allowed to habituate to actimeter cages, 20 min before i.p. administration of saline or cocaine at increasing doses. Their locomotor activity was further recorded for 50 min. Behavioural sensitization to cocaine Mice were allowed to habituate to actimeter cages during 20 min before administration of the drug. Animals of both genotypes received saline or cocaine (10 mg/kg) for 5 consecutive days (initiation phase) and their locomotor activity was recorded for 60 min. 20 Days after the last saline or cocaine administration (day 25), all pre-treated mice received saline and their locomotion was recorded. On day 26 (expression phase), all mice received cocaine (10 mg/kg) and their locomotion was further recorded for 60 min. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 163 Partie 2 - Résultats Statistical analysis For autoradiographic quantifications, determination of endogenous DA and metabolite levels and tyrosine hydroxylase activity, data were subjected to factorial two-way analysis of variance (ANOVA), with genotype as between-group. Significant main effects were further analyzed by comparison of means using the Fisher’s test. The kinetic parameters from uptake experiments on synaptosomes, i.e. KM, IC50% and VM were calculated by non linear regression using PRISM software. Behavioural data were subjected to factorial two-, three- or four-way ANOVA, with genotype, sex and treatment as between-group and time as within-group factors. Significant main effects were further analyzed by post-hoc comparison of means using the Fisher’s exact test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 164 Partie 2 - Résultats RESULTS Relative density of dopaminergic transporters and receptors in various areas of WT and STOP KO mice The relative density of the DA transporter (DAT), the vesicular monoamine transporter (VMAT2) and of the three main DA receptors D1, D2 and D3 were determined in various brain areas of WT and STOP KO mice (Fig. 1 and Table 1). The density of the DAergic markers varied in a sub-type- and area-dependent manner. The density of DAT and VMAT2 were not modified in the various areas tested in STOP KO mice. The relative density of the DAergic D1 receptors was not altered in any of the areas tested in STOP KO mice, whereas the density of D2 receptors was significantly decreased by 20%-30% in the striatum and the core and the shell parts of the nucleus accumbens. The D2 receptor density was not modified in the DAergic cell bodies, substantia nigra and ventral tegmental area. The density of D3 receptors were significantly decreased by 37% in the ventral tegmental area, while its density was not modified in the substantia nigra and in the DAergic terminal areas, striatum and nucleus accumbens. D1 and D2/D3 receptor-mediated binding of [35S]-GTP-γ-S in various areas of WT and STOP KO mice The binding of [35S]-GTP-γ-S mediated by the stimulation of D1 receptors with the agonist SKF38393, or by the stimulation of D2/D3 receptors with quinpirole, was quantified in various areas of WT and STOP null mice (Fig. 2 and Table 2). No variation was found in the amplitude of the [35S]-GTP-γ-S binding, when stimulated by D1 or D2/D3 agonist, in any area tested in STOP KO mice, compared to WT mice. Endogenous levels of DA and its metabolites DOPAC and HVA in various areas of WT and STOP KO mice The levels of endogenous DA and its two main metabolites DOPAC and HVA were compared in DAergic areas of WT and STOP KO mice (Table 3). No variation in DA and metabolite levels was found between mice of the two genotypes, in the substantia nigra and ventral tegmental area, where the DAergic cell bodies are localized. In contrast, the level of endogenous DA was significantly decreased in the striatum (39%, p=0.0063) and in the nucleus accumbens (63%, p=0.0023). The levels of DOPAC and HVA were also decreased to the same extent as DA, so that the ratio between metabolites and DA was not modified in the two DAergic terminals of STOP KO mice. Interestingly, the amplitude of the decrease of DA level was significantly higher in the nucleus accumbens than in the striatum (p=0.0005). In the prefrontal cortex, only the DOPAC level was significantly decreased (26%, p=0.0162), suggesting a decreased intracellular metabolism of endogenous DA. Determination of the in vivo activity of the tyrosine hydroxylase in various areas of WT and STOP KO mice In order to determine the mechanism responsible for the drop in DA and metabolites concentration, we measured the in vivo synthesis of DA. The in vivo activity of the tyrosine hydroxylase (TH) was determined by the L-DOPA accumulated after inhibition of the DOPA decarboxylase activity (Table 4). In all areas, the respective endogenous levels of L-DOPA were subtracted from L-DOPA accumulated 30 min after NSD 1015 administration. Basal endogenous L-DOPA levels represented 7% of total L-DOPA in the substantia nigra plus the ventral tegmental area, in the striatum and in the nucleus accumbens and 15% in the prefrontal cortex (not shown). The levels of accumulated L-DOPA were significantly reduced by 20%-30% in the substantia nigra plus the ventral tegmental area, in the striatum and in the nucleus BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 165 Partie 2 - Résultats accumbens of STOP KO mice, suggesting a decreased TH activity in both DAergic cell bodies and terminals. In contrast, no variation was found in the prefrontal cortex. DA uptake on synaptosomes from the striatum and the nucleus accumbens of WT and STOP KO mice In order to evaluate a potential modulation of the DA transporter (DAT) activity, the kinetic parameters of the [3H]-DA uptake were determined on synaptosomes from the striatum and the nucleus accumbens of mice of both genotypes (Fig. 3). In striatal synaptosomes, the Vmax for STOP KO mice was not significantly different from WT mice (Vmax= 19.4±2.4 and 24.5±2.1 pmol/mg prot/min for WT and KO mice, respectively), contrary to the Km, which was higher for KO mice (Km= 50.4±5.7 and 73.4±2.1 nM for WT and KO mice, respectively for three independent experiments). However, uptake of [3H]-DA, at all concentrations tested in mutant mice, was systematically higher, although not significantly, reaching a near significantly increase (26%, p=0.083) at 100 nM [3H]-DA. In contrast, in accumbic synaptosomes, the maximal uptake rate was significantly decreased in STOP KO mice compared to WT mice, without significant modification of DA affinity, i.e. Vmax= 18.5±1.3 and 14.1±0.6 pmol/mg prot/min, -22%, p=0.0240, and Km=191.3±5.2 and 185.0±2.5 nM, respectively for 6 independent experiments). Finally, the Km for DA was significantly increased by 400% (p<0.0001) in the nucleus accumbens compared to the striatum of WT mice. In our knowledge, the kinetic parameters of the DA uptake by accumbic synaptosomes from mouse had never been determined. Effect of cocaine on the locomotor activity WT and STOP KO mice In order to determine a potential functional consequence of the decreased accumbic Vmax of [3H]-DA uptake, we assessed the effect of acute cocaine at various doses on the horizontal and vertical locomotor activities (Fig. 4). During the habituation phase, the horizontal locomotor activity of STOP KO mice was higher (26%, p=0.0399) than WT mice, as previously reported for mutant mice in a novel environment (Brun et al., 2005). In contrast, their vertical activity was decreased (40%, p=0.0081), compared to WT mice (not shown). STOP KO mice were hypersensitive to the stimulating effect of cocaine for both their horizontal and vertical activities. Whereas cocaine at the dose of 10 mg/kg had no significant effect on the horizontal activity of WT mice, it strongly increased the locomotion of STOP KO mice (850%, p<0.0001, Fig.4, top and bottom), as recently reported with amphetamine (Brun et al., 2005). The stimulant effect of 10 mg/kg cocaine on the horizontal locomotion of mutant mice was not due to a decreased vertical activity. Indeed, 10 mg/kg cocaine significantly increased (830%, p=0.0029) the vertical activity of STOP KO mice (Fig. 4), while cocaine at this dose significantly decreased the vertical activity of WT mice (99%, p=0.0040). Cocaine inhibition of DA uptake in synaptosomes from the striatum and the nucleus accumbens of WT and STOP KO mice In order to determine if the hypersentivity of mutant mice towards the hyperlocomotor effect of cocaine was due to modified inhibition of DA uptake, the inhibition parameters of cocaine were measured after [3H]-DA uptake on synaptosomes from the striatum and the nucleus accumbens of WT and STOP mice (Fig. 5). The concentration of cocaine which inhibits by 50% (IC50%) the [3H]-DA uptake was the same, whatever the genotype of mice, in both the striatum and the nucleus accumbens (IC50%=99±27 nM and 102±33 nM in the striatum, 193±24 nM and 205±23 nM in the nucleus accumbens of WT and STOP KO mice, respectively). Finally, the IC50% for cocaine was significantly higher in the nucleus accumbens compared to the striatum of WT mice (95%, p=0.0240). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 166 Partie 2 - Résultats Behavioural sensitization to cocaine in WT and STOP KO mice To check the potential dependence of STOP KO mice towards cocaine, we tested the effect of repeated administration of the lowest active dose of cocaine (10 mg/kg, see Fig. 5). During the initiation phase, the 5-day administration of cocaine induced a behavioural sensitization, reaching the same amplitude for mice of both genotypes (Fig. 6). The comparison of cocaine effects between day 1 and day 5 was only significant for WT mice (p=0.0375). After a 20-day withdrawal, the challenge cocaine-induced hyperactivity was similar between saline- and cocaine-pretreated WT mice (compare Sal+Coc and Coc+Coc on Fig.3, bottom). However, in saline-treated WT mice, the challenge cocaine effect was significantly higher than day 1 (compare J1 and Sal+Coc, p=0.0111), suggesting a behavioural (environmental) sensitization. During the expression phase, the challenge cocaine-induced hyperactivity was significantly higher in cocaine-pretreated than in salinepretreated STOP KO mice, showing a behavioural sensitization STOP KO mice to cocaine (p=0.0417, compare Sal+Coc and Coc+Coc on Fig.3, bottom). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 167 Partie 2 - Résultats DISCUSSION The present study demonstrates that the constitutive inactivation of the microtubule effector STOP elicits important modifications in the DAergic components and functions. Paradoxically, the suppression of this relatively ubiquitous protein (Andrieux et al., 2002) did not induce alterations of all DAergic markers, nor in all DAergic areas. Very interestingly, our data show that the meso-limbic neurotransmission is more altered than the nigro-striatal pathway. In STOP KO mice, the relative density of the DA transporter DAT and of the vesicular monoamine transporter VMAT2 were not altered in the dopaminergic areas tested. On the contrary, the density of D2 and D3 receptors was decreased by 20%-40%. It can be noted that the D3 receptor density was only modified in the ventral tegmental area, containing cell bodies of the meso-limbic DA neurons contrary to the D2 receptor density, which was only modified in the terminals. The decreased density of D2 receptors may correspond to a compensatory mechanism to increased DA release, as previously reported in the constitutively hyperDAergic DAT KO mice (Giros et al., 1996; Jones et al., 1998; Weiss et al., in preparation). Surprisingly, the density of D1 receptors was not modified contrasting with previous results in DAT KO mice, nor the sensitivity state of D1 and D2 receptors, as revealed by their coupling to proteins G. This could mean that in STOP KO mice, alterations of DA receptor levels not only depend on the DAergic area, but also on the neuronal environment. Finally, the unmodified or the decreased density of both autoreceptors D2 and D3 (Sokoloff et al., 1990) in the ventral tegmental area were in disagreement with the previous report of Brun et al. (2005). By amperometric measurements, these authors inbdirectly show an enhanced autoinhibition of evoked DA release in the nucleus accumbens of STOP KO mice. However, we ignore the ratio between D2 and D3 autoreceptors versus postsynaptic receptors in the nucleus accumbens of mutant mice, nor their respective sensitization state and coupling. A preferential alteration of the meso-limbic DAergic pathway in STOP KO mice was observed from the alterations of the endogenous DA levels. Indeed, whereas DA and its metabolite levels were not modified in the substantia nigra and the ventral tegmental area containing DAergic cell bodies, they were highly decreased in the DAergic terminal areas, striatum and nucleus accumbens. Furthermore, the amplitude of the drop in endogenous DA level was significantly two-fold higher in the nucleus accumbens than in the striatum. This decreased endogenous DA level in STOP KO mice was reminiscent of that in DAT KO mice (Giros et al., 1996). The selective decrease in DA level was not due to different synthesis activity between DAergic cell bodies and terminals, as indicated by the similar decreased in vivo activity of the tyrosine hydroxylase in the three DAergic areas tested. The decreased endogenous DA level restricted to DA terminals could be due to difference in vesicular uptake and/or intraneuronal catabolism between cell bodies and terminals. Finally, as it was the case for the D2 receptor density, the decrease of TH activity was higher in the nucleus accumbens than in the striatum, although not significantly. Whereas the relative density of DAT was not modified in any DAergic tissues of STOP KO mice, its activity in synaptosomes was increased by 25%, although non significantly, in the striatum, but significantly decreased by 25% in the nucleus accumbens. Such opposite effects on the DA uptake in the striatum and the nucleus accumbens, not observed at low DA concentrations, were quite in accordance with data from studies of Brun et al. (2005). These authors show that, whereas basal extracellular DA level is not modified in the striatum nor the nucleus accumbens, evoked stimulated DA release (tonic release) is not significantly decreased in the striatum and significantly increased in the nucleus accumbens. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 168 Partie 2 - Résultats As previously reported for amphetamine (Brun et al., 2005) and nicotine (BouvraisVeret et al., in preparation), STOP KO mice displayed hypersensitive response to the stimulating locomotor effect of acute cocaine. Indeed, concerning the mutant mice locomotor activity, the cocaine dose-response curve showed a 10-fold leftward shift, compared to WT mice. In a behavioural sensitization protocol, we showed that this hypersensitivity was maintained 20 days after a semi-chronically treatment, in mutant mice only. This latter data might result from the hypersensitivity of STOP KO mice to the acute effect of cocaine. This hypersensitivity might not be due to modified characteristics of inhibition of DA uptake by cocaine, but rather to a hyper-reactivity of the meso-limbic DAergic system and/or to decreased DA reuptake in the nucleus accumbens. Another, not exclusive, explanation could be that cocaine partly mediates its effects via another monoamine transporter, as the serotonin transporter for which it displays a good affinity (Giros et al., 1992). The serotonin neurotransmission of STOP KO mice is probably altered, in agreement with previous report on dramatic signs of anxiety-like behaviour of mutant mice (Andrieux et al., 2002). The higher sensitivity of STOP KO mice to the stimulant locomotor effect of cocaine, as well to its behavioural sensitization, is reminiscent of studies showing co-morbidity of schizophrenia and psychostimulant abuse (Green, 2005; Swartz et al., 2006). Altogether our results reinforce the pertinence of STOP KO mice as a study model for some symptoms of schizophrenia. According to previous results (Brun et al., 2005), these mice displayed hyperDAergy, preferentially in the meso-limbic pathway. These mutants were hyper-reactive to psychostimulant and exhibited some common feature with the constitutively hyperDAergic DAT KO mice, another pertinent model for some symptoms of schizophrenia (Gainetdinov et al., 2001). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 169 Partie 2 - Résultats REFERENCES Andrieux A., Salin P. A., Vernet M. et al (2002) The suppression of brain cold-stable microtubules in mice induces synaptic defects associated with neuroleptic-sensitive behavioral disorders. Genes Dev 16, 2350-2364. Bahi A., Boyer F., Bussard G; and Dreyer J.L. (2006) Silencing dopamine D3-receptors in the nucleus accumbens shell in vivo induces changes in cocaine-induced hyperlocomotion. Eur J Neurosci 21, 3415-3426. Benitez-King G., Ramirez-Rodriguez G., Ortiz L;, Meza I. (2004) The neuronal cytoskeleton as a potential therapeutical target in neurodegenerative diseases and schizophrenia. Curr. Drug Targets CNS Neurol. Disord. 3, 515-533. 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BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 171 Partie 2 - Résultats Table 1: Relative density of DAergic transporters and receptors in various areas of WT and STOP KO mice Marker Area WT KO % KO/WT DAT SNc VTA Str Acc Core Acc Shell (6) 353 ± 11 (5) 355 ± 13 (6) 359 ± 8 (5) 350 ± 11 (5) 279 ± 9 (5) 370 ± 19 (5) 387 ± 21 (6) 360 ± 12 (6) 362 ± 13 (6) 291 ± 19 +5% ns +9% ns 0% +3% ns +4% ns VMAT2 SN VTA Str Acc Core Acc Shell (6) 514 ± 58 (4) 265 ± 26 (5) 436± 25 (5) 454 ± 42 (5) 533 ± 32 (4) 581 ± 28 (4) 241 ± 27 (5) 482 ± 44 (5) 499 ± 37 (5) 538 ± 25 +9% ns -9% ns +11% ns +10% ns +1% ns D1 SNr Striatum Acc Core Acc Shell Cing Cx (6) 131 ± 4 (5) 494 ± 10 (5) 356 ± 7 (5) 324 ± 12 (6) 5.25 ± 0.52 (6) 132 ± 7 (5) 486 ± 21 (5) 332 ± 16 (5) 358 ± 14 (6) 5.92 ± 0.17 0% -2% ns -7% ns +11% ns +13% ns D2 SNc VTA Striatum Acc Core Acc Shell (5) 264 ± 33 (5) 237 ± 18 (6) 774 ± 58 (5) 257 ± 23 (5) 240 ± 22 (5) 231 ± 11 (4) 211 ± 11 (6) 596 ± 50 (5) 185 ± 14 (5) 175 ± 15 -12% ns -11% ns -23% 0.0431 -28% 0.0298 -27% 0.0422 D3 SN VTA Str DL Acc Core Acc Shell (6) 25.1 ± 2.4 (6) 14.3 ± 0.8 (5) 12.8 ± 0.7 (6) 87.0 ± 5.2 (7) 111.3 ± 4.8 (5) 21.2 ± 3.3 (4) 8.9 ± 1.9 (6) 12.9 ± 0.3 (5) 74.0 ± 6.1 (6) 99.1 ± 8.1 -16% ns -38% 0.0182 +1% ns -15% ns -11% ns Relative densities are the means ± SEM of specific autoradiographic labellings in arbitrary mean grey values. The number of mice is indicated in parentheses. Acc, Nucleus Accumbens ; SN, Substantia Nigra ; SNc and SNr, Substantia Nigra, pars compacta and reticulata ; Str, Striatum ; Str DL, Dorso-Lateral part of Striatum ; VTA, Ventral Tegmental Area. ND, not detectable; ns: non significant. Comparison between genotypes by Fisher’s test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 172 Partie 2 - Résultats Table 2: D1 and D2/D3 receptor-mediated binding of [35S]-GTP-γ-S in various areas of WT and STOP KO mice Receptor Area WT KO % KO/WT D1 SNr Str Acc Core Acc Shell Cing Cx (4) 245 ±49 (4) 166 ± 38 (4) 286 ±88 (4) 238 ±92 (5) 112 ± 30 (4) 232 ± 54 (5) 256 ± 87 (3) 344 ± 5 (3) 216 ± 81 (5) 124 ± 30 -5% ns +54% ns +20% ns -9% ns +11% ns D2/D3 SN VTA Str Acc Core Acc Shell Cing Cx (5) 328 ± 85 (5) 416 ±32 (4) 1043 ± 50 (5) 1016 ± 150 (5) 994 ± 141 (5) 655 ± 121 (6) 400 ± 22 (6) 333 ± 42 (5) 1174 ± 220 (5) 1006 ± 253 (5) 977 ± 241 (6) 609 ± 139 +22% ns -20% ns +13% ns -1% ns -2% ns -7% ns Relative densities are the means ± SEM of specific autoradiographic labellings in arbitrary mean grey values. The number of mice is indicated in brackets. Acc, Nucleus Accumbens ; Cing Cx, Cingulate Cortex; SN, Substantia Nigra, pars compacta and reticulata ; SNr, Substantia Nigra, pars reticulata ; Str, Striatum; VTA, Ventral Tegmental Area. ns; non significant. Comparison between genotypes by Fisher’s test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 173 Partie 2 - Résultats Table 3: Endogenous levels of dopamine and its metabolite in various areas of WT and STOP KO mice Area Mice DA DOPAC HVA SN + VTA WT KO (6) 0.77±0.04 (5) 0.78±0.13 +2% ns (6) 0.41±0.04 (6) 0.32±0.05 -23% ns (6) 0.47±0.02 (5) 0.38±0.05 -19% ns Str WT KO (5) 11.27±0.97 (6) 7.95±0.31 -39% 0.0063 (5) 1.11±0.16 (6) 0.85±0.04 -23% ns (5) 1.72±0.12 (6) 1.30±0.07 -24% 0.0075 Acc WT KO (5) 5.45±0.86 (6) 2.01±0.24 -63% 0.0023 (5) 0.88±0.11 (6) 0.42±0.04 -52% 0.0020 (6) 0.87±0.07 (6) 0.43±0.04 -51% 0.0003 PrFr Cx WT KO (4) 0.21±0.02 (5) 0.26±0.06 +25% ns (6) 0.11±0.01 (5) 0.08±0.004 -26% 0.0162 (6) 0.43±0.04 (3) 0.47±0.02 +8% ns The levels of endogenous DA and its metabolites HVA and DOPAC of WT and STOP KO mice are expressed as means ± SEM of values in µg/g tissue. The number of mice is indicated in parentheses. Acc, Nucleus Accumbens; PrFr Cx, Pre-Frontal Cortex; SN+VTA, Substantia Nigra and Ventral Tegmental Area; Str, Striatum. ns: non significant. Values of KO mice were compared with respective WT mouse values by Fisher's test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 174 Partie 2 - Résultats Table 4: In vivo activity of tyrosine hydroxylase in various areas of WT and STOP KO mice Area SN+VTA Str Acc PrFr Cx L-DOPA (ng/g) WT (12) 861±55 (10) 1405±83 (11) 1188±108 (11) 382±32 KO (12) 590±38 (11) 1145±63 (11) 846±76 (12) 395±58 % KO/WT -31% 0.0009 -19% 0.0036 -29% 0.0001 +3% ns Mice received 100 mg/kg NSD 1015 30 minutes before sacrifice and dissections. Respective basal endogenous L-DOPA levels were subtracted from L-DOPA accumulated after NSD administration. The levels of L-DOPA are expressed as means ± SEM of values in ng/g tissue. The number of mice is indicated in parentheses. Acc, Nucleus Accumbens; PrFr Cx, Pre-Frontal Cortex; SN+VTA, Substantia Nigra+Ventral Tegmental Area; Str, Striatum. Values in STOP KO mice were compared with the respective WT mice values by Fisher's test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 175 Partie 2 - Résultats LEGENDS TO FIGURES Fig. 1 : Autoradiographic representation of plasmic DA (DAT) and vesicular monoamine (VMAT2) transporters and of DAergic D1, D2 and D3 receptors in wild-type (WT) and STOP KO mice. Acb C: nucleus accumbens, core; Acb S: nucleus accumbens, shell; SN: substantia nigra; SNc: substantia nigra, pars compacta; Str: striatum; VTA: ventral tegmental area. Fig. 2 : Autoradiographic representation of D1 and D2/D3 receptor-mediated binding of [35S]GTP-γ-S in various areas of wild-type (WT) and STOP KO mice. The binding of [35S]-GTP-γ-S was stimulated by the D1 receptor agonist SKF38393 (0.3 mM) or the D2/D3 receptor agonist quinpirole (0.3 mM). Acb C: nucleus accumbens, core; Acb S: nucleus accumbens, shell; Cing cx: cingulate cortex; SN: substantia nigra; Str: striatum; VTA: ventral tegmental area. Fig. 3 : DA uptake in synaptosomes from the striatum and the nucleus accumbens of wildtype (WT) and STOP KO mice. Values represent means ± SEM in pmol/mg prot/min of uptaked [3H]-DA from 3 (striatum) and 6 (nucleus accumbens) independent experiments. Fig. 4 : Effect of acute administration of cocaine on the locomotor activities of wild-type (WT) and STOP KO mice. Top: time course of the horizontal and vertical activities of WT and STOP KO mice after administration of cocaine at increasing doses. Means ± SEM of photocell counts over a 5 min period for 7-15 mice per dose. Bottom: dose-response effects of cocaine administration on the horizontal locomotor activity of WT and STOP KO mice. Data represent means ± SEM of photocell counts over a 50 min period. ∗ p<0.05, ∗∗ p<0.01, ∗∗∗ p<0.0001 compared to the saline group of the same genotype (Fisher’s test). Fig. 5 : Inhibition of DA uptake by cocaine in synaptosomes from the striatum and the nucleus accumbens of wild-type (WT) and STOP KO mice. Uptake of 10 nM [3H]-DA in the presence of cocaine at increasing concentrations. Values represent means ± SEM in % of DA uptake in the absence of cocaine, in 3 independent experiments. Fig. 6 : Behavioural sensitization to cocaine of wild-type (WT) and STOP KO mice. Top: time course of the horizontal locomotor activity of WT and STOP KO mice after administration of saline (Sal) or 10 mg/kg cocaine (Coc), once daily for 5 days. After 20-day cessation treatment, all mice received saline at day 25 (25 Sal) and 10 mg/kg cocaine at day 26 (26 Coc). Bottom: cumulated counts over 60 min period, after cocaine administration, at day 1 (acute administration), day 5 (end of the acquisition period) and at day 26 (expression period) for saline-pretreated (Sal+Coc) or cocaine-pretreated (Coc+Coc) mice. Means ± SEM of data for 9-11 mice per condition. * p<0.05, ** p<0.01, *** p<0.0001 by Fisher’s test. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 176 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 177 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 178 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 179 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 180 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 181 Partie 2 - Résultats BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 182 Partie 2 - Résultats RESULTATS COMPLEMENTAIRES BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 183 Partie 2 - Résultats Taux endogènes de sérotonine (5-HT) et de son métabolite 5-HIAA, mesurés sur cerveaux de souris sauvages (WT) et STOP KO (KO) (μg/ g tissu). Régions SN+AVT Striatum Noyau accumbens Raphé Hippocampe Cortex Frontal Génotype 5-HT 5-HIAA WT (6) 1.232±0.087 (6) 0.819±0.075 KO (6) 1.311±0.125 (6) 0.877±0.071 % WT +6% NS (6) 0.451±0.061 +7% NS (6) 0.297±0.037 KO (6) 0.279±0.033 (6) 0.200±0.017 % WT -38% 0.0315 (6) 0.382±0.028 -33% 0.0400 (6) 0.260±0.013 KO (6) 0.198±0.026 (6) 0.159±0.018 % WT -48% 0.0007 (6) 0.651±0.072 -39% 0.0011 (6) 0.651±0.056 KO (6) 0.776±0.060 (6) 0.800±0.075 % WT +19% NS (6) 0.327±0.028 +23% NS (6) 0.249±0.025 KO (6) 0.169±0.022 (6) 0.159±0.023 % WT -48% 0.0013 (6) 0.416±0.032 -36% 0.0249 (6) 0.177±0.017 KO (6) 0.202±0.016 (6) 0.082±0.007 % -51% 0.0001 -54% 0.0005 Le nombre d’animaux est indiqué entre parenthèses. NS : Non significatif (test de Fischer) BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 184 Partie 2 - Résultats Mesure de l’activité in vivo de la tryptophane hydroxylase, dans plusieurs régions cérébrales de souris sauvages (WT) et STOP KO (KO) Régions 5-HTp (ng/g tissu) WT KO % KO/WT Raphé 397 + 15 (6) 514 + 28 (6) +29% 0,0047 SN+ATV 433 + 14 (12) 525 + 35 (12) +21% ns Striatum 227 + 13 (12) 170 + 16 (12) -26% 0,010 N. Accumbens 296 + 30 (12) 261 + 22 (12) -22% ns Hippocampe 223 + 13 (12) 121 + 10 (11) -46% 0,0001 Cx Préfrontal 164 + 9 (12) 108 + 11 (12) -34% 0,0007 Le nombre d’animaux est indiqué entre parenthèses. ns : non significatif (test de Fischer) BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 185 DISCUSSION BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 186 Partie 2 - Discussion Notre travail de recherche, centré sur les transmissions nicotinique et dopaminergique, nous a permis de mieux caractériser les souris invalidées pour la protéine associée aux microtubules STOP. L’utilisation de diverses techniques biochimiques a mis en évidence des altérations de la densité et/ou de l’activité de différents marqueurs, des taux endogènes de dopamine et de métabolites, ainsi que des paramètres cinétiques caractérisant le transporteur de la dopamine chez ces animaux. Des tests comportementaux, mesurant l’activité locomotrice en réponse à des psychostimulants et la mémoire associative, ont également révélé des sensibilités altérées et des déficits cognitifs. Ces résultats nous amènent à réfléchir sur les effets spécifiques de l’inactivation de la protéine ubiquitaire STOP et la validité des souris STOP KO comme modèle d’étude pour la schizophrénie. A/ Altérations biochimiques des souris STOP KO 1/ Marqueurs nicotiniques/cholinergiques et dopaminergiques Par des techniques de radioliaison sur coupes, nous avons montré une baisse de densité des nAChRs de type α6* au niveau du striatum et du noyau accumbens des souris STOP KO, ainsi qu’une augmentation des récepteurs α7 dans le striatum dorso-latéral et l’hippocampe, structures impliquées dans certaines fonctions cognitives. La liaison à l’épibatidine, mesurant les sous-unités β2*, probablement associées en majorité à des sousunités α4, n’est pas modifiée, de même que la densité de l’enzyme d’inactivation de l’acétylcholine, AChE. Par contre, la densité du transporteur vésiculaire de l’acétylcholine, VAChT, est réduite de manière sélective dans le champ CA1 de l’hippocampe, mais pas au niveau du champ CA3, ni du septum, contenant les corps cellulaires de ces neurones cholinergiques. Ce dernier résultat peut être rapproché de la baisse des transcrits du transporteur vésiculaire glutamatergique VGLUT1 récemment décrite dans l’hippocampe (Eastwood et al, sous presse). Une baisse de densité des vésicules synaptiques glutamatergiques a également été trouvée dans CA1 et serait à l’origine du déficit de plasticité synaptique à court terme dépendant de l’élément pré-synaptique (PTP) et plus indirectement du déficit de LTP, processus postsynaptique, observé chez ces souris (Andrieux et al., 2002). La baisse de densité de VAChT peut provenir de différentes causes: une diminution globale du nombre de terminaisons cholinergiques, une réduction du nombre de vésicules par terminaison et/ou une réduction de la densité de transporteurs par vésicule. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 187 Partie 2 - Discussion Des études de microscopie électronique seront nécessaires pour valider l’une ou l’autre de ces hypothèses. Dans tous les cas et si la décroissance de densité de VAChT n’est pas compensée par une augmentation d’activité, la diminution de ce transporteur vésiculaire pourrait être responsable d’une baisse de libération d’acétylcholine chez les animaux mutants. Les densités des transporteurs plasmique DAT et vésiculaire VMAT2 ne sont pas modifiées de façon significative dans les différentes régions cérébrales testées. La baisse du récepteur D2 observée dans diverses régions dopaminergiques pourrait être un effet compensateur d’une plus grande libération de dopamine à la synapse, comme chez les souris hyperdopaminergiques DAT KO (Giros et al., 1996; Jones et al., 1998). Cependant, la densité du récepteur D1 n’est modifiée dans aucune des régions testées et celle du récepteur D3 n’est diminuée que dans l’aire tegmentale ventrale, région contenant les corps cellulaires dopaminergiques de la voie méso-cortico-limbique. D’autre part, la fonctionnalité des récepteurs D1 et D2/D3, reflétée par leur degré de couplage aux protéines G, n’est pas altérée de manière significative chez les souris STOP KO. Ce résultat, combiné à la baisse ou l’absence de variation de densité des récepteurs D2 et D3 dans le striatum et le noyau accumbens, serait en désaccord avec les études d’électrochimie, réalisées par MF SuaudChagny et son équipe, qui suggéraient une auto-inhibition accrue par les auto-récepteurs D2/D3, suite à une libération évoquée de dopamine dans le noyau accumbens des souris mutantes (Brun et al., 2005). Toutefois, au niveau des terminaisons dopaminergiques, notamment du noyau accumbens où le récepteur D3 est préférentiellement exprimé, nous ne connaissons pas la proportion de récepteurs D2/D3 post-synaptiques versus présynaptiques, de même que le degré de fonctionnalité des récepteurs post-synaptiques versus pré-synaptiques. Des expériences supplémentaires, mesurant l’activité des autorécepteurs par d’autres techniques s’avèrent nécessaires. 2/ Altérations biochimiques La synthèse de dopamine se fait tout le long du neurone grâce à l’activité de la tyrosine hydroxylase, qui est l’enzyme limitante hautement régulée de cette voie de biosynthèse. Par dosage HPLC, nous avons montré que les taux endogènes de dopamine et de ses métabolites étaient diminués d’environ 20 à 60% au niveau des régions à terminaisons dopaminergiques (striatum et noyau accumbens) des souris STOP KO. La libération de dopamine par exocytose ne constituant qu’1% environ de la concentration BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 188 Partie 2 - Discussion endogène, ce résultat n’est pas en désaccord avec une concentration dopaminergique extracellulaire basale normale (Brun et al., 2005). Aucune variation n’a été décelée au niveau des régions à corps cellulaires dopaminergiques (aire tegmentale ventrale et substance noire). Cette diminution des taux endogènes de dopamine uniquement dans les régions à terminaisons neuronales pourrait résulter d’un défaut de transport de la tyrosine hydroxylase. Par conséquent, nous avons analysé l’activité de la tyrosine hydroxylase in vivo, après inhibition de la DOPA décarboxylase et mesure de l’accumulation de L-DOPA. De manière intéressante, on ne constate aucune régulation différentielle de la synthèse de dopamine en fonction des structures cérébrales. L’activité de cette enzyme est diminuée de 20-30%, aussi bien au niveau des corps cellulaires que des terminaisons neuronales. Ce résultat suggère que la baisse des taux endogènes de dopamine sélective des terminaisons neuronales n’est pas due à des variations locales de synthèse. On peut émettre l’hypothèse que dans les régions des terminaisons, la dopamine est moins protégée de la dégradation intra-cellulaire, parce que moins internalisée au sein des vésicules synaptiques. Ceci pourrait être la conséquence d’une diminution du nombre de molécules et/ou de l’activité de VMAT2. N’ayant pas trouvé de variation significative de la densité de ce transporteur vésiculaire au niveau des terminaisons neuronales dopaminergiques des souris mutantes, notre hypothèse pencherait vers une activité de transport décrue et/ou une moindre affinité de VMAT2 pour la dopamine. Au contraire, dans les corps cellulaires, la dopamine serait moins synthétisée et mieux stockée. Des expériences de capture de [3H]-dopamine sur des préparations vésiculaires de souris STOP KO seront nécessaires pour vérifier cette hypothèse. Concernant le système sérotoninergique (voir résultats complémentaires), les taux endogènes de sérotonine et des métabolites ne varient pas de façon significative dans les corps cellulaires (raphé) des souris mutantes, mais diminuent dans presque toutes les régions de projection étudiées (striatum, accumbens, hippocampe, cortex préfrontal), tout comme la dopamine. Le tryptophane est hydroxylé par l’enzyme limitante tryptophane hydroxylase (TpOH), conduisant au 5-hydroxytryptophane (5-HTp), aboutissant à la sérotonine après décarboxylation. La mesure des taux de 5-HTp chez l’animal vivant, après inhibition de la décarboxylase, révèle que l’activité de la TpOH est régulée différemment chez les souris KO, selon les structures cérébrales. Dans le raphé, son activité est augmentée de façon significative, alors qu’elle est diminuée ou inchangée dans les régions de terminaisons. Dans ces dernières, la baisse d’activité de la TpOH peut expliquer les diminutions des taux endogènes de sérotonine. Par contre, au niveau du raphé, on peut BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 189 Partie 2 - Discussion supposer que la sérotonine est un peu plus dégradée, contrairement à ce que nous suggérons pour la dopamine. Nous avons réalisé des d’expériences de capture de [3H]-dopamine sur des préparations de synaptosomes de striatum et de noyau accumbens de souris STOP KO, afin de déterminer les paramètres d’activité du DAT, dont la densité n’est pas modifiée chez les mutants. De manière surprenante, et ce pour les deux génotypes de souris, on observe une différence significative d’affinité du DAT entre striatum et noyau accumbens, l’affinité pour la dopamine étant significativement plus faible dans cette dernière structure que dans le striatum. Cette différence pourrait être due à des interactions différentes du DAT avec des protéines chaperons, selon l’environnement neuronal/régional. La vitesse maximale de capture (Vmax) du DAT augmente de manière non significative dans le striatum des souris STOP KO et est significativement diminuée de 25% pour les fortes concentrations de dopamine au niveau du noyau accumbens des souris mutantes. Ces différences de capture pourraient résulter en une augmentation significative de concentration de dopamine extracellulaire dans le noyau accumbens et une diminution non significative dans le striatum des souris mutantes, dans les deux cas après stimulus. Ces résultats rappellent ceux précédemment publiés (Brun et al., 2005). La stimulation électrique à haute fréquence des fibres dopaminergiques conduit à un efflux de dopamine significativement accru au niveau du noyau accumbens et non significativement diminué dans le striatum. Nos résultats semblent donc a priori en accord avec ceux de cette équipe, bien qu’elle ait conclu, de façon indirecte, à une absence de variation significative des paramètres d’activité du DAT chez les souris mutées (Brun et al., 2005). Cette discordance s’explique peut-être par la différence des techniques employées permettant une mesure des paramètres biochimiques du DAT directe dans le cas des synaptosomes et indirecte dans le cas de l’ampérométrie. D’autre part, Brun et collaborateurs ont mesuré ces constantes pour des concentrations de dopamine allant jusqu’à 250 nM alors que nous n’observons de différence de Vmax entre les deux génotypes que pour des concentrations de dopamine supérieures ou égales à 300 nM. Brun et collaborateurs concluent que la potentialisation de l’efflux dopaminergique n’est due qu’à une augmentation de libération de dopamine chez les mutants. Cette plus forte libération peut avoir plusieurs causes, par exemple un plus grand nombre de vésicules synaptiques, un plus fort remplissage vésiculaire et/ou un cycle d’exocytose des vésicules plus rapide. Il serait intéressant de compter en microscopie électronique le nombre de vésicules des terminaisons dopaminergiques du striatum et du noyau accumbens et de mesurer l’activité de VMAT2 sur des préparations de vésicules synaptiques, comme cela a déjà été proposé BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 190 Partie 2 - Discussion précédemment. Chez les souris STOP KO, la potentialisation de l’efflux dopaminergique évoqué à haute fréquence au niveau du noyau accumbens pourrait donc être due à la fois à une moindre recapture de dopamine par le DAT et à une libération augmentée de dopamine. B/ Altérations comportementales des souris STOP KO 1/ Sensibilité aux psychostimulants Du fait des modifications densitométrique et biochimique de certains marqueurs cholinergiques, nicotiniques et dopaminergiques, nous avons exploré l’activité locomotrice des souris STOP KO et leur sensibilité aux psychostimulants, nicotine et cocaïne. Les effets de la nicotine sur l’activité locomotrice des rongeurs sont variables et dépendent de l’espèce, de l’arrière-fond génétique, du sexe, de l’environnement et de la dose administrée (Ksir et al., 1987; Menzaghi et al., 1997; Damaj, 2001). Chez la souris, la nicotine provoque le plus souvent une diminution de l’activité locomotrice, variable selon la souche génétique. Selon l’environnement, la nicotine engendre généralement une hyperlocomotion dans un environnement familier et une hypolocomotion dans un environnement nouveau. Ces modulations de l’activité locomotrice font intervenir différents sous-types de nAChRs. Dans nos expériences, l’activité locomotrice des souris a été enregistrée sans période d’habituation, l’environnement est donc considéré comme nouveau. Chez les souris sauvages, la nicotine provoque globalement un effet hypolocomoteur, significatif à partir d’une dose de 1 mg/kg, globalement en accord avec les données de la littérature. En revanche, l’administration systémique de doses croissantes de nicotine engendre un effet biphasique chez les souris STOP KO, avec une composante hyperlocomotrice pour des faibles doses de nicotine suivie d’une composante hypolocomotrice pour de plus fortes doses. L’hypersensibilité des souris mutantes à l’effet hyperlocomoteur de la nicotine est en accord avec l’hypersensibilité aux effets locomoteurs de l’amphétamine décrite chez ces souris (Brun et al., 2005), de même qu’aux effets de la cocaïne. L’augmentation de la locomotion induite par la nicotine a été reliée à la stimulation des voies dopaminergiques (Clarke et al., 1988). Or, Brun et collaborateurs ont montré une libération accrue de dopamine dans le noyau accumbens en réponse à une stimulation BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 191 Partie 2 - Discussion électrique mimant un stimulus physiologique. L’hypothèse d’une libération accrue de dopamine après administration de nicotine, produisant l’effet hyperlocomoteur des souris STOP KO, semble donc pertinente. Et ceci d’autant plus que la nicotine, comme toutes les drogues d’abus, provoque une libération de dopamine dans le shell de l’accumbens (Di Chiara and Imperato, 1988). Des études menées sur tranches de cerveaux ou chez des souris invalidées pour différentes sous-unités des nAChRs suggèrent que la libération de dopamine induite par la nicotine impliquerait essentiellement la sous-unité β2 (Picciotto et al., 1998; Wonnacott et al., 2000; Maskos et al., 2005). Nos résultats de radioliaison n’ont pas montré d’augmentation significative de cette sous-unité dans les régions dopaminergiques, toutefois, nous n’avons pas mesuré l’état d’activité de ces récepteurs. Les récepteurs α7 pourraient aussi jouer un rôle indirect dans la libération de dopamine, de par leur localisation stratégique sur les neurones glutamatergiques projetant dans les régions dopaminergiques (Kaiser and Wonnacott, 2000). Etant donnée la forte augmentation de leur densité au niveau striatal, et à la condition d’être fonctionnels, on peut supposer que ces récepteurs pourraient être impliqués dans l’effet hyperlocomoteur de la nicotine. Nous avons montré que la choline, agoniste sélectif des récepteurs α7 à faible dose (Papke et al., 1996; Alkondon et al., 1997b), n’a pas d’effet locomoteur chez les souris sauvages, mais provoque une forte hyperlocomotion horizontale des souris STOP KO et, à l’opposé, une forte hypolocomotion verticale. Ce dernier effet de la choline chez les souris mutantes est difficile à interpréter, d’autant plus que la signification de l’activité verticale est peu explorée et discutée dans la littérature. Toutefois, l’hypolocomotion verticale n’est significative que pour de fortes doses de choline, pour lesquelles la spécificité de son action sur les récepteurs α7 n’est pas démontrée. A ces doses, la choline peut également servir de substrat dans la synthèse d’acétylcholine et par conséquent agir sur d’autres récepteurs non α7, nicotiniques et muscariniques. Une participation des récepteurs α7 dans l’effet hyperlocomoteur de la choline chez les souris mutantes n’est donc pas à exclure, tout comme d’autres types de nAChRs. La sensibilité des souris STOP KO à l’effet hypolocomoteur provoqué par la nicotine à fortes doses est la même que celle des souris sauvages, l’amplitude de l’effet et la dose efficace inhibitrice (DI50) étant identiques. Des travaux réalisés sur des souris invalidées pour certaines sous-unités des nAChRs suggèrent que les sous-unités α3 et α4 participent à l’hypolocomotion induite par la nicotine (Ross et al., 2000; Marubio et al., 2003; Salas et al., 2004). Cette hypothèse n’a pu être vérifiée, faute de ligands spécifiques pour chacune des combinaisons de sous-unités nicotiniques. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 192 Partie 2 - Discussion Plusieurs études indiquent que l’effet stimulant produit par la cocaïne sur la locomotion est associé à une augmentation de la transmission dopaminergique dans les régions des terminaisons neuronales dopaminergiques (Johanson and Fischman, 1989). Comme pour l’amphétamine (Brun et al., 2005), les souris STOP KO sont hypersensibles à l’effet locomoteur de la cocaïne. Ces animaux montrent une hyperlocomotion dosedépendante à partir d’une dose de 10 mg/kg de cocaïne, pour laquelle aucun effet moteur n’est observé chez les souris sauvages. Pour tenter de caractériser cette hypersensibilité des souris STOP KO à l’effet locomoteur de la cocaïne, nous avons mesuré les paramètres d’inhibition du transporteur DAT par la cocaïne. La concentration de cocaïne nécessaire pour obtenir une inhibition de 50% de la Vmax du DAT (CI50) n’est pas significativement différente entre les deux génotypes de souris, montrant que l’affinité du transporteur pour la cocaïne n’est pas modifiée. Par contre, la CI50 est significativement deux fois plus élevée sur la préparation de synaptosomes du noyau accumbens que sur celle du striatum, quelque soit le génotype des souris. Nous avons précédemment montré que l’affinité du DAT pour la dopamine est moins bonne dans le noyau accumbens que dans le striatum. Remarquons que le NET, transportant la dopamine avec une grande affinité et liant la cocaïne avec une moins bonne affinité que le DAT, est présent sur des terminaisons noradrénergiques abondantes dans le noyau accumbens, mais rares dans le striatum. La moins bonne affinité du DAT pour la dopamine dans le noyau accumbens ne peut pas être expliquée par la présence du NET. En revanche, la moins bonne affinité du DAT pour la cocaïne pourrait être due à une certaine participation du NET dans la recapture de la dopamine dans le noyau accumbens et/ou à la présence de protéines partenaires du DAT, différentes dans les deux régions. L’hypersensibilité des souris mutantes à la cocaïne ne peut donc pas être expliquée par un changement des paramètres de son inhibition du DAT. Par contre, une plus grande libération tonique de dopamine dans le système limbique (Brun et al., 2005), associée à une recapture déficiente du DAT au niveau du noyau accumbens, suggérée par nos résultats, pourrait engendrer une concentration de dopamine extracellulaire plus élevée à l’origine de l’hyperlocomotion. Cette hypothèse pourrait être vérifiée par la mesure comparée chez les souris sauvages et mutantes des taux de dopamine libérée par la cocaïne (et l’amphétamine) à différentes doses. D’autres transporteurs plasmiques peuvent être également mis en jeu, comme le transporteur de la sérotonine, qui a une bonne affinité pour la cocaïne. La transmission sérotoninergique des souris STOP KO est très vraisemblablement altérée. En effet, ces souris présentent des signes sévères d’anxiété (Andrieux et al., 2002), ont des taux endogènes de sérotonine très diminués dans la plupart BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 193 Partie 2 - Discussion des régions de terminaisons sérotoninergiques et une activité de l’enzyme de synthèse TpOH altérée (voir résultats complémentaires). L’hypersensibilité des souris mutantes à l’administration aiguë de cocaïne nous a conduits à tester une éventuelle différence de sensibilisation psychomotrice à cette drogue. Ce comportement se définit par l’augmentation des effets hyperlocomoteurs en réponse à l’administration répétée d’un psychostimulant, perdurant après une période de sevrage (Pierce and Kalivas, 1997). Il est connu que la sensibilisation comportementale induite par des psychostimulants est associée à une augmentation de libération de dopamine au niveau du core du noyau accumbens. De nombreuses études ont rapporté que la sensibilisation comportementale aux psychostimulants est accompagnée de modifications neurobiologiques au niveau du système limbique, notamment dans le noyau accumbens (Pierce and Kalivas, 1997). Il a été suggéré que les modifications cérébrales induites par la drogue ainsi que l’induction de la sensibilisation comportementale contribuaient au processus d’addiction. Des études épidémiologiques ont montré que la cocaïne était une des drogues d’abus consommées chez les schizophrènes, sans que les causes de cette co-morbidité ne soient clairement connues (Green, 2005; Swartz et al., 2006). Nous avons choisi de tester ce comportement de sensibilisation comportementale pour une dose de 10 mg/kg de cocaïne, bien que les souris sauvages ne répondent pas à cette faible dose, ceci afin de ne pas masquer un effet potentiel chez les mutants, qui y répondent déjà fortement. Suite à un protocole d’administration quotidienne pendant cinq jours et une période de sevrage de vingt jours, l’activité locomotrice des souris STOP KO est significativement plus élevée après traitement à la cocaïne qu’après administration de sérum physiologique. Cette sensibilisation comportementale à la drogue n’est pas retrouvée chez les souris sauvages, qui ne présentent qu’une sensibilisation comportementale à l’environnement, puisqu’après sevrage, leur activité locomotrice est plus élevée, quelque soit le traitement reçu, cocaïne ou sérum physiologique. L’absence de la protéine STOP permet donc la sensibilisation psychomotrice des animaux à une dose relativement faible de cocaïne. Cette réponse comportementale spécifique des souris STOP KO à l’injection répétée de cocaïne est probablement due en partie à l’hypersensibilité de ces animaux à l’effet aigu de cette drogue. BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 194 Partie 2 - Discussion 2/ Performances mnésiques L’augmentation très importante de densité de récepteurs α7 dans des régions des souris STOP KO impliquées dans les processus d’apprentissage nous a incités à tester les performances mnésiques des souris. Dans un premier temps, nous avons voulu tester la mémoire spatiale des souris STOP KO, dans un test de labyrinthe aquatique de Morris. Cependant, les souris sauvages manifestaient de mauvaises performances, commençant tout juste à acquérir une stratégie spatiale après huit jours d’entraînement (résultats non montrés). Ce fort déficit d’apprentissage est très probablement lié à leur fond génétique mixte (50%/50% BALBc/129 SvPas). En effet, il a été montré que les performances des souches parentales sont mauvaises dans certaines conditions expérimentales de ce test, qui sont celles que nous avons utilisées dans notre laboratoire (Van Dam et al., 2006). Nous avons donc testé la version indicée (version associative) du labyrinthe aquatique de Morris, dans laquelle le rongeur doit apprendre à associer la position de la plateforme, variable mais matérialisée par une petite balle contrastée. Dans cette expérience, les souris sauvages montrent une certaine capacité à apprendre. Par contre, les souris STOP KO présentent un fort déficit de performances. Ce genre d’apprentissage et de mémoire pourrait faire intervenir le striatum dorsal (Packard and Knowlton, 2002). Bien que l’hippocampe ait été décrit comme interagissant plus clairement dans la mémoire spatiale, sa participation dans l’apprentissage associatif n’est pas à exclure. Or, les souris STOP KO présentent des défauts de plasticité synaptique dans cette région, qui pourraient contribuer à leurs mauvaises performances. Il n’est pas exclu non plus que ces souris présentent aussi des déficits de plasticité synaptique dans le striatum. La transmission cholinergique semble jouer un rôle important dans l’apprentissage et la mémoire. En effet, des injections intra-striatales d’agonistes et d’antagonistes cholinergiques augmentent et diminuent respectivement les fonctions mnésiques (Packard et al., 1996; Hefco et al., 2003). Plusieurs études démontrent l’effet pro-cognitif de la nicotine et des agonistes nicotiniques chez l’homme et le rongeur (Levin and Simon, 1998; Levin and Rezvani, 2002). Une co-administration d’antagonistes des récepteurs nicotiniques α4β2 (DHβE) et α7 (MLA) à doses sub-actives dans l’hippocampe ventral potentialise les déficits de mémoire de travail (Levin et al., 2002). En outre, il apparaît que la co-stimulation de ces deux types de récepteurs chez la souris, par l’épibatidine (α4β2) et la choline (α7), est essentielle pour le développement complet de la LTP dans le gyrus dentelé. Ce processus de LTP est généralement considéré comme substrat de la mémoire (Bliss and Collingridge, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 195 Partie 2 - Discussion 1993; Malenka and Bear, 2004). Or, on observe un accroissement de la densité des récepteurs nicotiniques α7 dans le striatum dorsal et l’hippocampe des souris mutantes, qui n’est pas en accord avec les mauvaises performances de ces animaux. On peut donc supposer que ces récepteurs ne sont pas fonctionnels, soit parce qu’ils sont désensibilisés, soit parce qu’ils sont sous-stimulés à l’état basal. L’administration d’un agoniste des nAChRs α7, la choline (à une dose n’engendrant pas d’effet locomoteur significatif), avant chaque essai du test, permet d’améliorer les performances (latence, distance parcourue et proportion d’essais réussis) des souris STOP KO, qui ne sont plus significativement différentes de celles des animaux sauvages. Nos données montrent un effet pro-cognitif d’un agoniste α7 chez les souris STOP KO, en désaccord avec une éventuelle désensibilisation des récepteurs α7. L’hypothèse que nous privilégions serait donc que ces récepteurs sont sous-stimulés à l’état basal, à cause du déficit de libération d’acétylcholine. Nous pouvons également proposer que le déséquilibre entre la densité des nAChRs β2* (non modifiée) et α7 (augmentée) soit aussi à l’origine des déficits de mémoire associative (Levin et al., 2002). Des expériences complémentaires s’avèrent donc nécessaires pour préciser la cause des déficits de mémoire associative et le mécanisme d’action de la choline. Dans un premier temps, il serait intéressant de mesurer la concentration extracellulaire d’acétylcholine par microdialyse ainsi que la fonctionnalité du transporteur vésiculaire VAChT dans le striatum et l’hippocampe afin d’obtenir des données biochimiques supplémentaires. Au niveau comportemental, nous pourrions tester les mémoires spatiale et associative dans d’autres paradigmes (planche à trou de Barnes, test de préférence de place) et tester l’action de substances pharmacologiques, comme un agoniste des récepteurs β2* (épibatidine) ou un inhibiteur d’acétylcholinestérase. Enfin, notons que chez les souris sauvages, l’effet bénéfique de la choline est mineur puisque ce traitement n’améliore pas la latence et la distance parcourue, mais améliore la proportion d’essais réussis. Le parallèle peut être fait avec l’action pro-cognitive de la nicotine chez les humains. En effet, si son action pro-cognitive a clairement été démontrée chez des patients atteints de schizophrénie, d’ADHD ou de la maladie d’Alzheimer, elle reste controversée chez les patients sains (Newhouse et al., 2004). BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 196 Partie 2 - Discussion C/ Effets localisés de l’inactivation de STOP Les mécanismes moléculaires responsables des altérations neurochimiques observées chez les animaux STOP KO demeurent inconnus à ce jour. Beaucoup de processus dépendant des microtubules, comme la morphologie et la connectivité cellulaires, le transport de protéines, des vésicules et des organelles, la fusion des vésicules synaptiques avec la membrane pourraient être affectés chez ces souris. Contrairement aux résultats attendus, aucune anomalie morphologique et structurelle du cerveau n’a été décelée chez les mutants. Malgré une baisse des vésicules glutamatergiques dans le champ CA1 de l’hippocampe, A. Andrieux et son équipe (2002) n’ont pas trouvé de différence dans la quantité de protéines synaptiques chez les souris mutantes, suggérant un import normal des protéines synaptiques vers la zone active de la synapse. Il n’est cependant pas à exclure que l’import de protéines puisse être différentiellement régulé selon la protéine en question, le phénotype neuronal et/ou la structure cérébrale. La protéine STOP est une protéine très ubiquitaire, présente dans les neurones de toutes les régions cérébrales, avec cependant une expression plus importante dans les régions à forte plasticité synaptique, hippocampe, bulbes olfactifs et cervelet (Andrieux et al., 2002). De façon surprenante, son inactivation donne lieu à des modifications biochimiques spécifiques, qui affectent certaines régions et pas d’autres, qui altèrent différemment divers systèmes de neurotransmission ou certains composants d’un même système de neurotransmission et pas les autres. Ainsi, les systèmes glutamatergique et dopaminergique semblent être touchés de manière opposée (Andrieux et al., 2002; Brun et al., 2005), l’ensemble des résultats suggérant une diminution de la transmission glutamatergique et une augmentation de libération de dopamine, indice d’une hyperdopaminergie. La mesure des taux endogènes et de l’activité des enzymes de synthèse montre par ailleurs une régulation différente des systèmes dopaminergique et sérotoninergique. Au sein d’un même système, on observe également des altérations sélectives. Ainsi, la densité du transporteur vésiculaire VAChT n’est modifiée que dans le champ CA1 de l’hippocampe, celle des récepteurs nicotiniques β2* n’est pas modifiée, alors que celle des récepteurs α6 et α7 l’est. La densité des récepteurs dopaminergiques D1 n’est pas modifiée, celle des récepteurs D2 et D3 l’est. De plus, le système limbique dopaminergique semble être particulièrement touché : une augmentation significative de l’efflux dopaminergique évoqué a été montrée dans le noyau accumbens et une tendance non significative à une diminution dans le striatum (Brun et al., 2005). Certains de nos résultats corroborent ces données : la densité des récepteurs D2 BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 197 Partie 2 - Discussion baisse plus fortement (bien que non significativement) dans le noyau accumbens que dans le striatum, celle des récepteurs D3 n’est modifiée que dans l’ATV, les taux endogènes de dopamine et l’activité de la tyrosine hydroxylase sont plus fortement diminués dans le noyau accumbens que dans le striatum. Enfin, nos expériences de capture de dopamine sur synaptosomes ont montré que la vitesse maximale de recapture de dopamine est significativement plus faible dans le noyau accumbens des souris STOP KO et qu’elle est plus élevée dans le striatum, bien que de manière non significative. Ces altérations sélectives pourraient être dues à un environnement cellulaire différent ou encore à une expression différentielle de la protéine STOP au cours du développement, qui pourrait s’exprimer plus ou moins tôt selon les régions cérébrales et les systèmes de neurotransmission. Des études complémentaires s’avèrent nécessaires pour comprendre comment la suppression d’une protéine du cytosquelette, exprimée de façon ubiquitaire, peut conduire à des altérations spécifiques de certaines régions cérébrales ou voies de neurotransmission. D/ Validité du modèle d’étude STOP KO pour la schizophrénie 1/ Modélisation animale des maladies psychiatriques Les premiers modèles animaux de maladie reposaient sur la chirurgie et la pharmacologie et permettaient d’étudier les conséquences de la perte d’un organe, d’une structure cérébrale ou de fibres neuronales, ou encore l’effet d’une substance pharmacologique sur l’animal. Depuis les années 1990, l’avancée des technologies et des connaissances génomiques a permis l’introduction d’une mutation dans un gène, se transmettant dans la lignée germinale et donnant naissance à des souris invalidées ou « knock-out ». Cette technique révolutionnaire, modélisant des maladies et impliquant une perte de fonction, est très utile pour étudier la fonction d’un gène in vivo mais présente des limites. L’invalidation du gène d’intérêt est constitutive et totale, ce qui peut affecter le développement de l’animal ou engendrer des adaptations qui n’existent pas dans la maladie modélisée. L’évolution de la technique de mutation nulle permet de générer une invalidation contrôlée dans le temps ou dans l’espace. Il est ainsi possible d’étudier l’effet d’une mutation à un moment donné du développement ou dans une structure cérébrale précise. Cependant, BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 198 Partie 2 - Discussion il faut garder à l’esprit que ces techniques génétiques, dont la réussite est incertaine, nécessitent encore à l’heure actuelle un investissement lourd et coûteux. L’utilisation des modèles animaux pour l’étude de maladies complexes telles que les maladies psychiatriques, comme la schizophrénie, affectant la perception, la pensée et les émotions, reste controversée. A priori, il peut paraître insensé de vouloir reproduire les symptômes majeurs de la schizophrénie, hallucinations, délires et désorganisation de la pensée -comportements tellement humains- chez l’animal, qu’il soit primate non humain ou rongeur (Lipska and Weinberger, 2000). Cependant, certains comportements animaux peuvent être reliés à des symptômes de type schizoïde. De plus, le fort degré d’homologie entre les génomes humain et murin justifie l’utilisation de la souris dans la modélisation des maladies humaines. Toutefois, vue la complexité des interactions génétiques et environnementales suspectées dans l’étiologie de la schizophrénie, il est absolument nécessaire d’étudier différents modèles animaux. Le but ultime de ces études n’est pas de créer une souris « schizophrène », mais de se rapprocher au maximum des traits de la maladie modélisables chez l’animal, en vue de concevoir et de tester l’effet de médicaments potentiels. 2/ Pertinence du modèle STOP KO : un modèle pour la schizophrénie ? Récemment, il a été proposé que des affections psychiatriques comme la schizophrénie et l’autisme pouvaient résulter d’anomalies synaptiques impliquant des protéines structurales (Harrison and Eastwood, 2001; Jamain et al., 2003). Le produit du gène DISC1 (Disrupted In Schizophrenia 1), lié à la schizophrénie, est associé aux centres organisateurs des microtubules et aux protéines associées aux microtubules (Morris et al., 2003). Par ailleurs, l’inactivation de la protéine stathmine, inhibant la formation des microtubules chez la souris, est à l’origine de certains troubles comportementaux (Shumyatsky et al., 2005). L’ensemble des travaux effectués à l’heure actuelle sur les souris STOP KO suggère que ces souris partagent certaines caractéristiques avec les modèles animaux utilisés pour l’étude de la schizophrénie et retrouvées dans cette maladie. Rappelons premièrement que le gène STOP humain (Map6) est localisé au sein d’une région chromosomique associée aux troubles schizoïdes (St Clair et al., 1990) et qu’une association génétique a récemment été découverte entre des polymorphismes de ce BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 199 Partie 2 - Discussion gène et une population de schizophrènes japonais (Shimizu et al., 2006). Cependant, contrairement à une diminution attendue de l’expression de ce gène, une augmentation des transcrits d’une des deux isoformes de Map6 a été observée dans le cortex préfrontal d’un certain nombre de malades de cette même population (Shimizu et al., 2006). Il faut noter néanmoins que la fonction de cette isoforme de MAP6 est encore inconnue. D’autres études génétiques et post-mortem sur des populations différentes de patients seront nécessaires pour valider ces premiers résultats. Chez les animaux STOP KO, la diminution d’expression des transcrits de différentes protéines synaptiques (synaptophysine, VGLUT1, GAP43, spinophiline) est similaire à celle observée dans l’hippocampe de patients schizophrènes (Eastwood, sous presse). Parallèlement, dans cette même région, les souris mutantes montrent des anomalies biochimiques affectant le système glutamatergique, associées à des déficits de plasticité synaptique, pouvant découler de la baisse d’expression des ARNm des protéines synaptiques. Les souris STOP KO semblent donc présenter une hypotransmission glutamatergique dans l’hippocampe (Andrieux et al., 2002) ainsi qu’une hyper-réactivité dopaminergique du système limbique (Brun et al., 2005), rejoignant l’hyperdopaminergie associée à l’hypoglutamatergie soupçonnées chez les schizophrènes. Sur le plan biochimique, la densité des récepteurs D2 (et D3) diminue dans certaines régions cérébrales, indice probable d’une hyperdopaminergie constitutive dans ces régions. Ce résultat est en désaccord avec l’absence de modification de densité des récepteurs D2 retrouvée dans le caudé-putamen de schizophrènes (Farde et al., 1990). Fait étonnant, aucune différence significative n’a été retrouvée pour la densité et l’état de couplage du récepteur D1, dans les régions mêmes où la densité des récepteurs D2 diminue. Une seule étude a décrit une augmentation de ces récepteurs D1 dans le cortex préfrontal de schizophrènes (Abi-Dargham et al., 2002). Nous ne trouvons pas non plus de variation significative des récepteurs nicotiniques β2, en désaccord avec les variations régionsdépendantes observées chez les schizophrènes (Freedman et al., 1995; Durany et al., 2000; Martin-Ruiz et al., 2003). De plus, les souris invalidées pour la protéine STOP présentent une forte augmentation du nombre de récepteurs nicotiniques α7 dans l’hippocampe, contrairement à la diminution de densité décrite chez les malades (Freedman et al., 1995). Cependant, selon notre hypothèse, ces récepteurs seraient sous-stimulés du fait d’une libération réduite d’acétylcholine chez les animaux KO. Remarquons qu’il n’est pas nécessairement judicieux de comparer directement entre eux les différents composants des neurotransmissions dopaminergique et nicotinique entre souris mutantes et schizophrènes, mais plutôt de confronter les conséquences résultant de leurs altérations. L’ensemble des résultats que nous avons obtenus chez les souris STOP KO serait donc en faveur d’une BOUVRAIS-VERET – Thèse de Doctorat en Sciences – 2006 200 Partie 2 - Discussion hyperdopaminergie, tout au moins dans des régions limbiques, et d’une hypocholinergie, tout au moins dans l’hippocampe, comme cela est décrit dans le système nerveux central des schizophrènes. Sur le plan comportemental, rappelons que les souris STOP KO présentent des troubles du comportement maternel et un fort état d’anxiété, une activité désorganisée et des déficits du PPI, rappelant la symptomatologie productive de la schizophrénie (Andrieux et al., 2002). De même, elles sont hypersensibles au stress et à des psychostimulants, tels que l’amphétamine (Brun et al., 2005), la cocaïne et la nicotine, mimant l’aggravation des symptômes productifs des schizophrènes en réponse aux agonistes dopaminergiques indirects et rappelant la co-morbidité psychostimulants-schizophrénie. Ces souris manifestent un retrait social, en accord avec la symptomatologie déficitaire des schizophrènes. De façon importante, certains de ces troubles peuvent être restaurés après administration aiguë ou chronique d’antipsychotiques, démontrant la bonne valeur prédictive de ce modèle animal (Andrieux et al., 2002). Enfin, au niveau cognitif, nous avons montré que les animaux mutants avaient une mémoire associative déficiente, qui pourrait être mise en relation avec les déficits de mémoire de travail des schizophrènes. Des déficits de plasticité synaptique, notamment de LTP, ont été mis en évidence dans l’hippocampe des souris STOP KO. Nos travaux démontrent l’effet pro-cognitif de la choline, un agoniste des nAChRs α7, sur les performances mnésiques des souris mutantes. Ces résultats rappellent ceux de nombreuses études qui ont démontré l’effet pro-cognitif de la nicotine et du DMXBA, un agoniste partiel des récepteurs α7 chez les individus atteints de schizophrénie (Levin and Rezvani, 2002; Martin et al., 2004; Olincy et al., 2006). En résumé, l’ensemble de ces études montre que ce modèle de souris STOP KO présente des similitudes avec des comportements observés chez les patients schizophrènes. Malgré les discordances relevées, ainsi qu’une étiologie et une pathophysiologie probablement différentes, définissant les limites de ce modèle animal, il m’apparaît important de continuer la caractérisation approfondie de ces souris. Ces animaux peuvent en effet se révéler utiles pour la compréhension de la pathophysiologie de la schizophrénie ainsi que l’étude des traitements antipsychotiques et pro-cognitifs. 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