Résumé d`œuvre : L`Assommoir de Zola

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Résumé d`œuvre : L`Assommoir de Zola
Fiche Cours
Nº : 91019
FRANÇAIS
Toutes séries
Résumé d’œuvre :
L’Assommoir de Zola
Plan de la fiche
1. Contexte de création
2. Comment définir le projet de Zola ?
3. Résumé
Contexte de création Septième roman du cycle des Rougon-Macquart, L’Assommoir paraît dans le journal Le Bien public en feuilleton en 1876 et en
volume en 1877. Il suscite des réactions passionnées. A gauche, le roman apparaît comme un mauvais coup porté au peuple très
défavorablement décrit. A droite, c’est la langue du roman qui choque et la presse conservatrice dénonce la « pornographie » de
Zola. Mais les jeunes romanciers qui forment l’école naturaliste et publieront avec Zola Les Soirées de Médan en 1880 saluent le
roman. L’Assommoir devient vite populaire puisqu’il intègre la culture parisienne. Il est joué dans les théâtres des Boulevards, lieux
de réunion des milieux populaires, familiers aussi des guinguettes et des cafés-concerts. Le roman atteint des tirages considérables.
Aujourd’hui, il s’en vend toujours plusieurs centaines de milliers par an. Grâce à ce roman, Zola accède définitivement à la notoriété
et les droits qu’il perçoit lui permettent de s’offrir la propriété de Médan.
Comment définir le projet de Zola ?
Dès 1869, le roman est une étape de la réalisation du contrat liant Zola à ses éditeurs pour dix œuvres. Il s’inscrit dans un projet
réaliste dont l’auteur fixe les grandes lignes avant même 1870, dans divers articles de journaux. Zola entend s’opposer à l’idéalisme
romanesque. Aux romanciers moralisateurs, il préfère les frères Goncourt, Flaubert et Balzac. Il écrit d’ailleurs dans la préface du
roman : « L’Assommoir est le premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple. » Zola veut donc congédier
l’image romantique du bon peuple chère à Hugo et à Jules Michelet, historien républicain idéaliste. L’écrivain doit observer le peuple
et vivre dans son temps. Zola lui-même a mené une jeunesse modeste dans les mansardes d’étudiants parisiens, près des étages
des maisons ouvrières du sud du quartier latin, non loin de la rue Tournefort où Balzac avait situé l’intrigue du Père Goriot. Dans La
Tribune, journal républicain d’opposition à l’Empire, il écrit : « Les ouvriers étouffent dans les quartiers étroits, fangeux où ils sont obligés
de s’entasser. Ils habitent les ruelles noires qui avoisinent la rue Saint-Antoine, les trous pestilentiels de la vallée Mouffetard… Chaque nouveau
boulevard qu’on perce les jette en plus grand nombre dans les vieilles maisons des faubourgs. Quand le dimanche vient… ils s’attablent
au fond des cabarets. Mais ouvrez l’horizon, vous verrez le peuple quitter les bancs du cabaret pour les tapis d’herbe verte. » Zola a vécu
plusieurs années au contact des artisans et ouvriers parisiens. Il a connu les mœurs populaires par sa famille maternelle et sa femme.
Les peintres impressionnistes qu’il apprécie prennent volontiers comme sujets des scènes quotidiennes telles que gares, cabarets et
repasseuses. Zola veut donc aller au-delà de Balzac, de Sand ou de Hugo et de ses mythologies populaires, en installant les basses
classes au centre du roman. Il conçoit délibérément L’Assommoir comme un roman ouvrier, occupant la septième place du cycle des
Rougon-Macquart. Il refuse le prêche idéaliste et défend par exemple la peinture réaliste de Courbet.
Comme pour ses autres romans, Emile Zola réalise un dossier préparatoire de 75 feuillets de notes, ce qui est peu comparé à
Germinal qui en réunit plus de 300. Ce dernier comprend des articles sur la condition ouvrière, un article de Francique Sarcey
démythifiant l’image convenue du « bon peuple », des faits divers relatifs à la violence issue de l’alcoolisme, des listes de mots
argotiques, des notes sur les métiers et les conditions de la vie ouvrière, des observations personnelles sur le quartier de la Goutte
d’Or. Enfin, le dossier comprend des notes sur le livre Le Sublime ou le travailleur comme il est en 1870, d’un ancien ouvrier devenu
entrepreneur fabricant de boulons, Denis Poulot. Il étudie la condition ouvrière et les méfaits de l’alcoolisme et préconise des
réformes progressistes en réponse à la question sociale, comme l’accès des ouvriers à la propriété ou l’union du capital et du travail,
thème cher aux patrons sociaux.
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Dans L’Assommoir, Zola entend illustrer sa théorie du roman expérimental : il s’agit de voir comment des ouvriers soumis au milieu
du faubourg vont réagir en fonction de leur tempérament et de leur hérédité. L’intrigue doit cheminer ainsi : « Le roman doit être
ceci : montrer le milieu du peuple et expliquer par ce milieu les mœurs du peuple ; comme quoi, à Paris, la soûlerie, la débandade de la
famille, les coups, l’acceptation de toutes les hontes et de toutes les misères, vient des conditions mêmes de l’existence ouvrière, des travaux
durs, des laisser-aller… Je prends Gervaise à vingt-deux ans, en 1850, et je la conduis jusqu’en 1869, à quarante et un ans. Je la fais passer
par toutes les crises et toutes les hontes inimaginables… Je la montre à quarante et un ans épuisée de travail et de misère. » Cette étude
physiologique distingue donc Zola de Balzac. Zola est inspiré par le déterminisme de Taine pour qui « les faits intellectuels sont le
produit de l’influence sur l’homme de la race, du milieu et du moment ». Convaincu de l’influence de l’hérédité et du milieu, il veut
montrer et expliquer tel un expérimentateur, même s’il métamorphose ce réel comme nous le verrons plus loin. « Le roman est la
déchéance de Gervaise et de Coupeau, celui-ci entraînant celle-là, dans le milieu ouvrier. Expliquer les mœurs du peuple, les vices, les chutes,
la laideur physique et morale, par ce milieu par la condition faite à l’ouvrier dans notre société », écrit-il dans le dossier préparatoire.
Résumé
Venue de Plassans en Provence, Gervaise Macquart arrive à Paris et vit avec Auguste Lantier à l’hôtel Boncoeur, un garni de la
Goutte d’Or. Lantier quitte Gervaise pour vivre avec Adèle, une ouvrière des métaux. Au lavoir, Gervaise se heurte à Virginie, sœur
d’Adèle.Virginie reçoit une fessée de Gervaise qui se retrouve sans aucun bien après le départ de Lantier.
Au chapitre 2, Gervaise travaille comme blanchisseuse chez Madame Fauconnier. Elle se met en ménage avec Coupeau, ouvrier
zingueur qui l’a invitée à boire un verre au cabaret du père Colombe, L’Assommoir. Zola décrit ainsi son ambition petite-bourgeoise :
« travail, manger du pain, avoir un trou à soi, élever ses enfants, mourir dans son lit » et ne pas être battue. Madame Lorilleux, sœur de
Coupeau, fait un mauvais accueil à Gervaise et se complaît dans les ragots.
Au chapitre 3, nous assistons à la noce qui réunit quinze personnes. Le mariage est religieux puisque pour Coupeau : « un mariage
sans messe, on avait beau dire, ce n’était pas un mariage ». Les convives déambulent dans les salles du Louvre et se livrent à des
réflexions naïves qui contrastent avec les références esthétisantes de la bourgeoisie installée. Les personnages ne comprennent
pas l’art et discutent des apparences matérielles du lieu. La journée se termine mal, en discussions politiques et en querelles sur le
prix du repas entre noceurs. De plus, Gervaise entend son surnom, « la Banban », donné par Madame Lorilleux qui ne l’aime guère
et qui fait allusion à sa claudication. Enfin, Bazouge, le croque-mort qui habite la maison, lui envoie : « ça ne vous empêchera pas d’y
passer, ma petite… »
Au chapitre 4, Coupeau et Gervaise mènent une vie décente. Ils s’installent rue Neuve de la Goutte d’Or et Gervaise se met à
son compte comme blanchisseuse. Ils ont une fille, Anna. Mais Coupeau tombe d’un toit et sombre dans l’oisiveté et l’alcoolisme,
ce qui met le ménage en difficulté. Goujet prête à Gervaise l’argent nécessaire pour la location d’une boutique de blanchisserie
où elle travaille avec trois ouvrières.
Aux chapitres 5 et 6, Coupeau se remet au travail mais boit de plus en plus. Gervaise rend visite à Goujet dans sa fabrique de
boulons, ce qui permet à Zola de faire une description très évocatrice de l’univers industriel, de la naissance de la mécanisation et
du travail ouvrier. Il lui est difficile de rembourser Goujet.
Le chapitre 7 présente la revanche de Gervaise sur les Lorilleux. Pour sa fête, Gervaise donne un « gueuleton » à quatorze convives
qui font ripaille dans la boutique. Lantier y fait irruption et, bénéficiant de la complaisance de Coupeau, prend pension dans la
maison, aux dépens de Gervaise. Un ménage à trois se forme : Gervaise et deux hommes oisifs, tandis que Goujet est toujours
amoureux de Gervaise.
Au chapitre 9, Gervaise commence à sombrer dans la déchéance. Elle perd ses clientes, tombe dans la crasse et, au chapitre 10, les
Coupeau sont désormais installés « sous les toits, dans le coin des pouilleux, dans le trou le plus sale ». Gervaise cède son bail à Virginie,
Coupeau doit séjourner à l’hôpital Sainte-Anne, tandis que Nana fait sa communion : « Le curé faisant les grands bras, les petites filles
pareilles à des anges défilant les mains jointes, avant d’avaler le Bon Dieu. »
Dans les trois derniers chapitres, Nana quitte le quartier, entre en apprentissage puis devient fille de joie. Gervaise sombre dans la
misère, doit faire les poubelles et assiste à une crise de delirium tremens de Coupeau à l’hôpital. Ne pouvant plus payer le loyer de
sa chambre, elle s’installe dans la niche du défunt père Bru, sous l’escalier. Elle meurt de faim et quelques jours plus tard, « on l[a]
découvrit, déjà verte ». Elle est emportée par Bazouge, le croque-mort : « Va, t’es heureuse. Fais dodo ma belle ! »
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