Alberte GASTONGUAY (1906-1978) Née à

Transcription

Alberte GASTONGUAY (1906-1978) Née à
Alberte GASTONGUAY (1906-1978)
Née à Lewiston, Maine, de parents immigrés du Québec, Alberte
Gastonguay fit ses études élémentaires et supérieures à l’école Saint-Pierre
et Saint-Paul de sa ville natale pour suivre ensuite des cours par
correspondance de l’Université Columbia. Son père, Albert-T. Gastonguay,
ayant réussi dans la vente des assurances, la romancière connut une enfance et une adolescence
choyées, malgré le fait que, jeune, elle avait contracté la poliomyélite qui la laissa avec un bras
paralysé. En 1934, toujours à Lewiston, elle épousa Sylvio Sasseville qui mourut deux ans après.
De ce mariage naquit un fils qu’elle nomma Albert et qui, au moment de la mort de sa mère en
1978, était attaché à l’ambassade des États-Unis à Rabat au Maroc.
Lectrice assidue du Messager, le journal franco-américain de sa ville, qui publiait
régulièrement une page féminine, Alberte Gastonguay s’intéressa à l’écriture. « Liane » (Camille
Lessard), qui avait la charge de cette page, avait su s’attirer des lectrices qui lui étaient
profondément attachées.
Ayant écrit de « petites poésies », comme elle les qualifie, Alberte Gastonguay eut l’idée de
s’essayer au genre romanesque. Au début de l’année 1933, environ un an avant son mariage,
parut La jeune Franco-Américaine, dédié à ses parents.
L’auteur fait passer son héroïne, Jeanne Lacombe, par une suite de pièges amoureux, à
Lewiston puis, par la suite, à New York. Il y a tout d’abord un jeune étudiant protestant qui ne
partage pas ses convictions religieuses, puis un avocat irlandais sur le point de divorcer. Vient
ensuite un industriel de souche allemande puis un baron russe ; enfin la voisine de Jeanne et un
certain Russell l’amènent dans une maison close. L’héroïne échappera à tous ces guets-apens et
finira par épouser Jacques, jeune homme d’origine française. Elle vivra heureuse avec lui à
Lewiston où elle élèvera sa famille.
Rester fidèle à la foi, à la langue et aux mœurs des ancêtres, tout en vivant dans un milieu
américain, voilà le véritable thème de ce roman épisodique. Roman à thèse, l’œuvre pêche par
l’invraisemblance d’un si grand nombre d’embûches, placées de façon par trop arbitraire, sur le
chemin de l’héroïne. Ce roman est tout de même intéressant dans la mesure où il nous en dit long
sur l’emprise de la foi et sur le sentiment de fidélité aux valeurs traditionnelles de toute une
génération née aux États-Unis de parents venus du Québec.
Après son mariage en 1934, rien de plus ne sortit de la plume d’Alberte Gastonguay. En
1974, elle disait à un interviewer qu’elle était en train d’en « écrire un autre », pourtant Mme
Sasseville n’en vint jamais à bout. Il était aussi question d’écrire la biographie de sa mère,
Rébecca Lachance, laquelle ne vit pas le jour non plus.
Alberte Gastonguay mourut à Lewiston en 1978, admirée de plusieurs pour ses œuvres de
charité en faveur des démunis. En 1929, à l’âge de vingt-cinq ans, elle avait fondé avec des
amies le Cercle des marchandes de bonheur pour venir en aide aux orphelins et aux vieillards.
Elle en fut la trésorière pendant cinquante ans. La ville de Lewiston la nomma, en 1952, à un
mandat de cinq ans au Bureau de santé et d’assistance publique. Pendant les vingt-cinq dernières
années de sa vie, elle fut courtier en immeubles.
La femme d’affaires indépendante, doublée de la chrétienne charitable, avait laissé loin
derrière elle la romancière des années trente.
Claire QUINTAL
ŒUVRE
- La jeune Franco-Américaine. Lewiston, ME : Imprimerie Le Messager, 1933. 78 p. Nouvelle
édition Bedford, NH : National Materials Development Center for French, 1980. 65 p. Il existe
deux traductions anglaises de ce roman. La première par Madeleine Roy, elle-même de
Lewiston, parut en 2006 avec d’autres romans franco-américains sous le titre de Canuck and
Other Stories, sous la direction de Rhéa Côté Robbins. Brewer, ME : Rheta Press, 2006. p. 191-261.
S’étant rendu compte de la qualité tant soit peu médiocre de cette traduction, Claire Quintal en fit une autre qui reste
inédite aux archives de l’Institut français à Assumption College.
BIBLIOGRAPHIE
- Chartier, Armand B. « Pour une problématique de l’histoire littéraire franco-américaine ».
Claire Quintal et André Vachon, dir., Situation de la recherche sur la Franco-Américanie,
Québec : Conseil de la Vie française ; Worcester, MA : Institut français du Collège de
1’Assomption, 1980. p. 81-100.
- Lees, Cynthia. « Border Spaces and la Survivance : The Evolution of the Franco-American
Novel of New England, 1875-2004 ». Thèse de doctorat. University of Florida at Gainesville,
2006. 327 p.
- Santerre, Richard. « Le Roman franco-américain en Nouvelle-Angleterre, 1878-1943 ». Thèse
de doctorat. Boston College, 1974. p. 163-177.
- Santerre, Richard, dir. Anthologie de la littérature franco-américaine de la NouvelleAngleterre. Manchester, NH : National Materials Development Center for French, 1981. Tome 7,
p. 271. Extraits du roman, p. 272-292.
- Therriault, Sœur Mary-Carmel, S.M. La Littérature française de Nouvelle-Angleterre.
Montréal : Fides ; Québec: Presses de l’Université Laval, 1946. p. 234, 239, 240.
TRADUCTIONS
- Quintal Claire, trad. The Young Franco-American Woman. Avec une introduction par la traductrice. Manuscrit
inédit, 2008. Institut français, Assumption College, Worcester, MA.
- Roy, Madeleine C. Paré, trad. The Young Franco-American Woman in Canuck and Other
Stories. Rhéa Côté Robbins, dir. Brewer, ME : Rheta Press, 2006. p. 191-261.