Nuria Gorrite a construit son triomphe à l`ouest du canton

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Nuria Gorrite a construit son triomphe à l`ouest du canton
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24 heures | Lundi 2 avril 2012
Elections cantonales
Nuria Gorrite a construit son
triomphe à l’ouest du canton
La carte du vote Si Claude-Alain Voiblet arrive en tête dans une majorité
de communes, la Morgienne remporte plus de villes. Béatrice Métraux gagne à Lausanne
Daniel Audétat
A
u petit jeu du mieux élu
par commune, l’UDC
Claude-Alain Voiblet l’emporte haut la main: il a été
couronné roi dans 152
communes. Mais ce sont surtout des villages. Ainsi la socialiste Nuria Gorrite décroche-t-elle le meilleur score du second
tour en obtenant l’avantage dans 100 des
326 communes vaudoises.
Deux dames dans un mouchoir
Nuria Gorrite arrive dès lors en tête dans
cinq des dix districts vaudois: Ouest lausannois, Gros-de-Vaud, Jura-Nord vaudois, Morges et Nyon. La syndique de
Morges est clairement ancrée à l’ouest,
où seuls quelques îlots de l’UDC lui résistent. Voir sa colistière s’imposer dans le
Gros-de-Vaud pourrait piquer au vif Béatrice Métraux, ex-syndique de Bottens. La
Verte se consolera en notant qu’elle arrive en tête dans le district de Lausanne et
à la Riviera. Le plus remarquable tient à la
petitesse de l’écart des suffrages entre les
deux femmes. La différence est inférieure
à 0,5% dans tous les districts sauf trois:
Jura-Nord vaudois (0,93%), Morges
(3,48%) et Nyon (2,16%). Le district de
Nyon est également le seul où la ministre
socialiste Anne-Catherine Lyon parvient à
devancer son alliée écologiste.
Succès excentrés
Est-ce symptomatique? Toujours est-il
qu’Anne-Catherine Lyon ne prend la première place que dans quelques communes parmi les plus excentrées: Bex à l’est;
Mauborget, Provence, Avenches et Cudrefin au nord; et La Rippe à l’extrêmeouest. Cela dit, l’insuccès de la cheffe du
Département de la formation est relatif.
Les plus grands écarts la séparant de la
mieux élue de la liste de gauche se relèvent dans le district de Morges (6,22%) et
celui de la Broye-Vully (6,26%). Il n’est
que de 0,38% dans le district d’Aigle. Et
entre 2% et 4% partout ailleurs.
L’UDC se distingue elle aussi sur les
marches du canton. Ainsi Claude-Alain
Voiblet est-il le mieux élu des districts
d’Aigle (0,13% de plus que Nuria Gorrite)
et de Broye-Vully (avance de 11,17% sur
Béatrice Métraux). Mais il s’affirme aussi
à l’est de Lausanne en décrochant la première place du district de Lavaux-Oron
(à 0,54% de Nuria Gorrite).
Vote centriste
Nombre de communes dans lesquelles les différents
candidats arrivent en tête
Claude-Alain Voiblet
UDC
152 communes
62 480 voix
Nuria Gorrite
PS
100 communes
74 438 voix
Béatrice Métraux
Les Verts
40 communes
73 325 voix
Anne-Catherine Lyon
PS
8 communes
70 165 voix
5
11
12
14
13
Candidats à égalité
Gorrite-Lyon: 2 Lavey-Morcles, 17 Denens,
21 Bassins.
Gorrite-Métraux: 1 Corbeyrier,
6 Chavannes-le-Veyron, 8 Dizy, 9 Ferreyres,
10 Bretigny-sur-Morrens, 13 Grandson,
14 Onnens, 15 Belmont-sur-Lausanne,
16 Chigny, 22 Vich, 26 Treycovagnes.
Gorrite-Voiblet: 7 Cottens, 11 Concise,
18 Echandens, 19 Vullierens, 20 Bussy-surMoudon, 23 Chavornay, 24 Corcelles-surChavornay.
Lyon-Métraux: 3 Roche, 5 Faoug.
Lyon-Voiblet: 25 Henniez.
Métraux-Voiblet: 4 Saubraz.
Gorrite-Métraux-Voiblet: 12 Grandevent.
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Une journée dans la tête du chancelier, des coulisses à la scène
Les10%deGétaz
Vaud Libre est la seule formation se
réclamant du centre à être restée en
course au second tour. Son candidat,
Emmanuel Gétaz, a sans doute
souffert du «vote utile». Mais il a aussi
profité du «ticket fait maison».
A droite en particulier, des électeurs
l’ont placé sur leur liste lorsqu’ils se
refusaient à voter pour l’UDC
Claude-Alain Voiblet mais ne
voulaient pas que leur suffrage se
perde. A gauche, dans une moindre
mesure, son nom a servi à ceux qui
nourrissaient quelques griefs envers
la socialiste Anne-Catherine Lyon ou
l’écologiste Béatrice Métraux. Les
suffrages du candidat centriste
varient ainsi entre, au plus bas, 7,26%
dans la Broye-Vully, 7,43% dans le
district de Lausanne, 7,96% dans
l’Ouest lausannois; et, au plus haut,
9,07% à Morges, 11,07% à LavauxOron, et 12,01% chez lui, le district
Riviera-Pays-d’Enhaut.
VC1
Contrôle qualité
U Que se passe-t-il un dimanche
d’élection du gouvernement dans la tête
de Vincent Grandjean, chancelier au
long cours qui s’apprête à sauter à pieds
joints dans sa 4e législature? Ses
émotions ne sont pas faciles à déceler.
Dans la matinée, à Thierrens, le haut
commis de l’Etat était juste un tonton. Il
assistait à la confirmation de son neveu
et filleul. Un œil sur son portable, un
autre dans un livre de cantiques: «A toi
la victoire pour l’éternité!» A qui
reviendra-t-elle pour les cinq prochaines années? Celui que l’on surnomme
volontiers «le 8e conseiller d’Etat» et qui
a l’assurance de figurer sur la photo du
nouvel exécutif cantonal n’est pas plus
anxieux que cela de connaître le verdict
des urnes. Certes il change de patrons,
certes il a un avis. Oui, il a voté. Mais de
ses préférences jamais ne pipera mot.
La tension est ailleurs, liée à sa
mission du jour: assurer la logistique,
être attentif à tout. «Je fais le lien entre
la cuisine et la salle, entre les coulisses
et la scène, les médias et les politiques,
résume-t-il. Pourvu que tout aille bien!»
Même si la Chancellerie n’a pas la
responsabilité directe du déroulement
du scrutin – qui est géré par le secteur
des droits politiques du Service des
communes et des relations institutionnelles (SeCRI) –, le grand huileur des
rouages de l’Etat est malheureux
comme les pierres lorsque cela se passe
mal. Réputé pour son flegme, il n’avait
pu cacher son malaise lors du gros bug
informatique du 23 octobre dernier qui
avait bloqué les résultats vaudois aux
fédérales. «Dans ma fonction, quand
l’Etat dysfonctionne, je ne me sens pas
bien.»
Hier, sur le plan technique, tout s’est
déroulé au petit poil. A 13 h, Vincent
Grandjean fait tout de même un saut au
SeCRI, centre névralgique du dépouillement. Tout roule. Il dégaine son
humour pince-sans-rire: «Tout est aussi
tranquille que dans un funérarium –
puisqu’on parle d’urnes.»
Les résultats sont même tombés plus
tôt que prévu, proclamés à 14 h 05 dans
Vincent Grandjean avec
Anne-Catherine Lyon. PATRICK MARTIN
la salle du Bicentenaire par Eric Golaz,
chef du SeCRI. Le suspense aura été de
courte durée. Digne, élégant, fidèle à
lui-même, le chancelier n’a même pas
cillé. «Je vivais avec ce scénario, d’où
l’absence de surprise pour moi.» Dans
sa tête se projettent déjà les jours
prochains. Il imagine les séances à
venir. Notamment les discussions qui
seront présidées par la doyenne du
gouvernement, Anne-Catherine Lyon,
pour décider de la répartition des
départements et de la présidence.
A 14 h 15, les trois élues se pointent
au Bicentenaire. Vincent Grandjean
fend la foule. «Bienvenue chez vous»,
lance-t-il avec chaleur à Nuria Gorrite, la
nouvelle du collège. Dernier souci:
parvenir à regrouper le futur gouvernement dans la cour du Château pour la
photo officielle. Placé légèrement en
retrait, Vincent Grandjean n’a aucune
peine à sourire. Aucun pépin n’est venu
gâcher le plaisir qu’il éprouve à chaque
scrutin: «Celui de sentir palpiter la
démocratie.» Joëlle Fabre