Episode n°58 : LE LANGAGE DES CHEVAUX
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Episode n°58 : LE LANGAGE DES CHEVAUX
Jeux Equestres Mondiaux FEI Alltech TM 2014 en Normandie Episode n°58 : LE LANGAGE DES CHEVAUX Dans le chapitre de sa monumentale Histoire Naturelle consacré au cheval, Buffon a tenté de décrire toutes les nuances des bruits et chuchotements émis par le cheval : « On peut distinguer, écrit-il, cinq sortes de hennissements : le hennissement d’allégresse, dans lequel la voix se fait entendre assez longuement, monte et finit à des sons plus aigus […] ; le hennissement du désir, soit d’amour, soit d’attachement […] où la voix finit par des sons plus graves ; le hennissement de la colère […] très court et aigu ; celui de la crainte […] où la voix est grave, rauque, et semble sortir en entier des naseaux ; celui de la douleur est moins un hennissement qu’un gémissement ou ronflement d’oppression, qui se fait à voix grave, et suit les alternatives de la respiration. » Pour reproduire ces soufflements, couinements, grognements, ébrouements ou claironnements, le vocabulaire français est assez pauvre : on se contente généralement d’un simple hihihi plus ou moins prolongé. Les Russes, eux, ont une façon encore plus bizarre de les imiter : ils disent igogo ! Dans un de ses meilleurs romans, l’écrivain russe Nicolas Leskov (XIXème siècle) raconte l’histoire d’un couple communiant dans l’extase au son des chevaux. « Même quand il entendait de loin un hennissement, écrit-il, le visage de Stéfane [le mari] prenait une expression de bien-être béat. Et, heureuse de tout ce qui pouvait procurer du plaisir à son mari, sa femme exprimait, elle aussi, son bonheur. » Plus récemment, l’écrivain (français) Chris Donner évoquait, dans une de ses belles histoires pour enfants, le cas d’un bébé qui ne cessait de pleurer que lorsqu’il entendait un cheval hennir. Lorsque vous aurez vous aussi du chagrin, allez écouter les chevaux. Vous verrez : ça console. Jean-Louis Gouraud