42. L`évangile de Thomas

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42. L`évangile de Thomas
42. L’évangile de Thomas
Durant l’hiver 1945-1946, plus de 50 rouleaux coptes sont découverts à Nag
Hammadi, en Haute Egypte. Ces textes sont en bonne partie de source
gnostique et ce qu’on appelle l’évangile de Thomas est l’un des plus
importants. L’avis des exégètes quant à leur valeur n’est pas unanime.
Pour France Quéré (« Les Evangiles apocryphes »), le gnosticisme prône une
connaissance philosophique réservée à quelques initiés, et rédemptrice. Ce
système reposerait sur une opposition de la « matière mauvaise » et de la
« semence spirituelle », ce qui justifierait la Providence. La révélation produite
par le Christ permettrait à l’âme de se délivrer du monde «souillé » et de
rejoindre la sphère du divin par l’ascèse et la connaissance. La gnose serait
accusée d’hérésie parce ce qu’elle ferait dépendre le salut non pas de la grâce
de Dieu mais de la découverte par l’homme seul de son essence.
Dans « Jésus et la Gnose », l’approche d’Emile Gillabert est très différente.
S’appuyant sur un grand nombre de textes, il tente, après 2000 ans d’injustice et
de fausses interprétations, de réfuter la thèse dualiste de la gnose. Ce serait la
religion chrétienne qui, selon lui, serait fondamentalement dualiste parce que
l’homme est séparé de son vivant du créateur et qu’il ne peut espérer de
délivrance que dans l’au-delà. Le diable posé en adversaire de Dieu est
l’exemple type de la pensée dualiste.
A la lecture des textes de la gnose, on ne cesse de constater combien ils sont
proches des évangiles reconnus par l’Église ; ce qui les en différencie
profondément, c’est leur approche philosophique. Bien que l’Église ne tienne
pas les textes apocryphes pour authentiques, il est intéressant d’examiner la
force de leurs arguments pour savoir s’ils peuvent apporter des indices étayant
l’hypothèse de la seconde naissance.
D’où suis-je venu ? Qui suis-je ? Quelle est la signification de ce monde
matériel ? Où irai-je après ma mort ? se demande tout homme. Et Jésus Christ
lui répond :
« Je suis la lumière, celle qui est sur eux tous. Je suis le Tout et le Tout est sorti
de moi et Tout est revenu à moi. Fends le bois : je suis là ; soulève la pierre et
tu m’y trouveras » (Thomas, 81).
On pourrait évidemment déclarer que le gnostique en quête est solitaire, qu’il
ne se sent bien dans aucune communauté religieuse docile. Il considère que
l’homme est étranger au monde, il pense être en communion directe avec Dieu.
Il reste incompris des autres, il veut se connaître soi-même, sans l’aide ni
l’enseignement d’autrui. Pour le gnostique, l’essentiel n’est pas dans l’au-delà,
il est ici-bas et c’est de son vivant qu’il veut trouver en soi l’essence divine.
Par son attitude, le gnostique remet en question l’Église en tant qu’institution.
Cherchant lui-même sa voie, il n’a que faire de son « aide » et son dieu n’est
pas au ciel mais dans son cœur. Il ne conçoit pas la mort du Christ sur la croix
comme une œuvre rédemptrice avant tout mais comme la fin d’une conscience
dont le corps transcendé meurt, comme l’accession à un niveau de conscience
supérieur. Jamais l’Église n’a reconnu la gnose comme une voie de salut
possible, elle l’accusait d’hérésie pour son mysticisme de prégnance orientale.