Fiche Histoire des arts "Utopie et cinéma: Métropolis"
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Fiche Histoire des arts "Utopie et cinéma: Métropolis"
FICHE HISTOIRE DES ARTS 3ème Thématique : Arts, espace et temps CARTEL (information sur l’œuvre) : Fritz Lang, Metropolis, 1927, film allemand de science-fiction, muet tourné en noir et blanc. Le film d'origine durait 3h30. Une première version restaurée en 1995, remplace les scènes manquantes par des photographies du tournage. En 2001, Metropolis fut le premier film inscrit sur le Registre de la Mémoire du Monde de l’UNESCO. C'est seulement en 2010, qu'une version quasi intégrale et proche de la version de 1927, a vu le jour. L’HISTOIRE : L’industriel JohFredersen règne sur Metropolis. Son fils Freder s’éprend de Maria, une jeune femme qui défend les enfants d’ouvriers. Parti à sa recherche, Freder est témoin d’une explosion dans la grande salle des machines de la ville. Il se rend compte que le luxe de la haute société repose sur l’exploitation du prolétariat. Dans les catacombes situées sous la ville ouvrière, Freder retrouve enfin Maria. JohFredersen, qui a entendu parler de l’influence de Maria sur ces ouvriers, découvre les expériences de l’inventeur Rotwang qui a créé une femme machine. Il ordonne à Rotwang de donner le visage de Maria au robot afin de l’envoyer dans la ville souterraine et de semer la discorde chez les ouvriers. Ceux-ci entrent en révolte et provoquent l’inondation de la ville ouvrière. Pour voir le film : http://www.youtube.com/watch?v=554Giq05qZo CONTEXTE HISTORIQUE : Les années 20, en Allemagne, sont marquées par un courant artistique : l’expressionnisme. Il touche de multiples formes artistiques avant d'atteindre le cinéma avec Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene, 1919. L’expressionnisme s'oppose à l'art académique. Il est aussi le reflet de son époque : l'Empire allemand connaît un essor industriel, économique et démographique sans précédent. Mais ces progrès fulgurants masquent des tensions grandissantes, alimentées par d'importants contrastes sociaux. La modernité et l'urbanisation galopantes nourrissent un sentiment d'angoisse. L'expressionnisme est aussi intimement lié à l'horreur de la Première Guerre mondiale qui marque profondément les esprits. En 1933, Les Nazis arrivent au pouvoir et vont exercer une complète maîtrise des arts (les œuvres doivent s’accorder avec l'idéologie nazie, les artistes qui ne correspondent pas sont considérés comme « dégénérés ») METROPOLIS ET L’EXPRESSIONISME On retrouve un certain nombre de thèmes propres à l'expressionnisme dans Metropolis : L’automate est un personnage récurrent. Dans Metropolis, le robot renvoie à la déshumanisation de l'hommeet à son remplacement par la machine.Même l'acteur expressionniste semble hypnotisé : ses gestes sont saccadés, ou au contraire étrangement ralentis, sa gestuelle et ses expressions sont exagérées. Quant au savant fou, Rotwang, il prend place au sein d'une lignée descientifiques expressionnistes : Caligari et Mabuse l'ont précédé, incarnations d'unescience dont le potentiel est inquiétant et dangereux. Constituants de l’œuvre et analyse BIOGRAPHIE : Fritz Lang (1890, Vienne ; 1976, Los Angeles) est un réalisateur allemand, d'origine autrichienne, naturalisé américain en 1935. Il décroche son premier succès avec les Araignées (1919-1929). En 1920, il épouse Thea Von Arbou. En 1924, il réalise un diptyque sur les grandes légendes germaniques (Die Nibelungen, 1924). D'après Fritz Lang, Joseph Goebbels, ministre de la propagande, l'aurait convoqué pour lui proposer d'être à la tête du département cinéma de son ministère. Lang refuse et en 1934, il s'expatrie vers les Etats-Unis. Il ne reviendra en Allemagne qu'à la fin des années 50 pour y réalisé 3 films (Le tigre du Bengale-1959, Le tombeau Hindou-1959 et Le Diabolique docteur Mabuse-1960) Catégorie : Arts du visuel Le thème du double revient également très souvent. Cette récurrence est révélatrice d'une crise d'identité, d'une division du sujet entre le bien et le mal. Dans Metropolis, Maria prêche une morale chrétienne, tandis que la fausse Maria est porteuse de la morale de la ville, dionysiaque et destructrice. METROPOLIS ENTRE UTOPIE ET DYSTOPIE Enfin, la ville est un thème majeur de l'expressionnisme allemand, qui a su traduire le sentiment de malaise face au développement industriel. Paysage d'angoisse, espace propice aux contrastes de lumières reflétant les multiples facettes de l'âme humaine, la ville expressionniste se fait labyrinthique avec ses nombreux recoins et ruelles. Dans Metropolis elle est davantage tentaculaire, dévorante et monstrueuse : la représentation futuriste et monumentale de la cité tendrait plutôt à s’éloigner de l’expressionnisme, esthétiquement parlant. Aussi peut-on voir en Metropolis davantage un hommage à un mouvement qui aura marqué le cinéma au début de la décennie, et qui s’éteint à l’époque du tournage du film. Metropolis offre tout au long de son histoire une double vision utopique etdystopique (Utopie : littéralement en aucun lieu, représente une société imaginaire parfaite, idéale et administré de manière juste. Son contraire la dystopie ou anti-utopie représente une société cauchemardesque). Le fondateur de la ville et les classes aisées vivent dans les sommets, allégorie du paradis et symbole de leur position élevée dans la société. Libéré de toute contrainte, ils peuvent se consacrer à la culture, au sport et aux loisirs dans un cadre idéal. Les travailleurs, par contre, vivent dans les entrailles de la ville, en sous-sol, métaphore d’un lieu infernal. Leur habitat est confiné, oppressant, sans espace naturel. Cette vision de la ville verticale est inspirée du voyage de Fritz Lang à New York en 1924. Cette représentation inspirera d’autres réalisateurs pour leur propre version de mégalopole tentaculaire : Ridley Scott, BladeRunner, 1982 ou encore Terry Gilliam, Brazil, 1985 INTENTIONS DU REALISATEURS :« J'ai souvent déclaré que je n'aimais pas Metropolis, explique lui-même Fritz Lang dans un entretien aux Cahiers du cinéma, et cela parce que je ne peux pas accepter aujourd'hui le leitmotiv du message dans le film. Il est absurde de dire que le cœur est l'intermédiaire entre les mains et le cerveau, c'est à dire, bien sûr, l'employé et l'employeur. Le problème est social, et non moral »(Fritz Lang, Les Cahiers du cinéma n°179, 1966). Lang a été influencé par Thea Von Arbou, sa femme. C'est elle qui écrit le roman Métropolis et qui rédige le scénario avec Fritz Lang. Cependant cette dernière proche des nazis (Ils se sépareront et elle deviendra membre du parti en 1933) va influencer l'histoire en l'orientant vers une collaboration entre les classes plutôt que vers une lutte des classes. C’est pourtant cette fin du film qui l’empêche d’être une totale dystopie. La thématique de l’homme dominé par la machine trouve échos dans le film Matrix (Lana et Andy Wachowski, 1999). Chez Lang, Freder à une vision halluciné de la Machine M, transformé en un dieu païen dévorant les ouvriers dans les flammes. Dans Matrix, les humains servent littéralement de nourriture aux machines qui les cultivent pour leur production d’électricité. EN CONCLUSION : Metropolis est un grand classique du cinéma et de la science-fiction. Il est une source importante d’inspiration, notamment pour sa représentation du milieu urbain.