res publica - Stephan Weitzel
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res publica - Stephan Weitzel
res publica res publica une installation in situ de Stephan Weitzel Le Cube, Mairie du 9ème arrondissement de Paris du 25 septembre au 31 décembre 2003 Stephan Weitzel, né en 1970 à Stuttgart, Allemagne. Installé à Paris depuis 1989. Etudes linguistiques. 199496 en Angleterre, études de beaux-arts à Londres et à Norwich. Depuis son exposition berlinoise «Maison Allemagne» , en 1999, il interroge les cultures et les mythes nationaux contemporains des pays où il réside et qu’il visite. Notamment Cuba (2001 et 2003) et l’ Irlande (2002). www.stephanweitzel.com Un grand cube, ancienne anti-chambre adjacente de l’escalier d’honneur, dans cet hôtel particulier, l’Hôtel d’Augny - devenu Mairie - , surnommé la ‘Maison de l’Amour’. Les murs sont recouverts de tissu de carreaux blancset-rouges. Motif de l’espace intime et protégé: housses de couette, rideaux de chambre, un couvercle de pot de confiture, une table familiale dressée pour un dîner... Pourtant, d’origine paysanne, ce motif, ‘Vichy’, res publica implacable et carré, parle d’un espace historique, de la déviation de lecture d’un bien culturel et patrimonial à cause d’un régime politique et de l’assimilation de ce bien à ce régime, et appelle à faire les liens entre l’histoire privée et l’Histoire publique. Dans un angle de la pièce, un paravent reprenant le motif. Une petite ouverture à grillage, à hauteur de tête, renvoie à un confessionnal derrière lequel surgissent des sons et des voix: le général de Gaulle, dans son allocution d’Alger de 1958 - nous a-til vraiment compris, l’avons-nous franchement compris? -, la mélodie de la comptine ‘Il pleut, il pleut, bergère’ de Fabre d’Eglantine, instigateur du calendrier républicain en 1792. Litanies sournoises à l’oreille dure d’une République apparemment intégriste de laïcité...souvenirs d’enfance mêlés à la grande Histoire... A côté du paravent, un fauteuil léger ornant une version ‘Vichy’ à carreaux réduits, avec la défense de s’y asseoir. Nul croyant, nul pénitent. La sculpture centrale, une construction en bois. Ouverte devant, les parties latérales dessinent d’un côté une croix - croix lorraine ou croix romaine au choix - et de l’autre les simples divisions rectangulaires de l’échaffaudage parisien de la construction de la Statue de la Liberté. La face arrière reprenant, elle, les structures d’une guillotine, ouvrant le carré du milieu sur la tête de Bonaparte. Ce dessin au fil de coton isole la figure de l’Empereur comme elle a été peinte par David sur la toile du Sacre. La couronne, signe ostentatoire et volontaire du pouvoir, est tenue apparemment dans le vide. Néanmoins, la figure suspendue entre les quatre poutres de la construction, tend son bras droit vers cette couronne imagée. Sans main et sans tête, cet hybride de Marianne et de Statue de la Liberté est dépourvu de moyens d’action. Mi-homme, mi-femme, cette créature est offerte, sans défense, au public. L’un des seins a muté en bonnet phrygien devenant membre. Un miroir carré au sol dévoile l’inscription MADE IN FRANCE, tels les caractères de tampons de fret maritime. La liaison entre murs et la moquette rouge royal - la royauté étant modèle et hantise de la République - est assumée par une fausse fourrure comme tombée du manteau impérial; l’hermine devenue dalmatien, clin d’oeil à Disney, vivificateur d’une culture populaire. Au sol, un amas de pavés. Des cubes de granit qui ont fait l’histoire des soulèvements, la rue étant le lieu où peu se décide mais presque tout se joue. Pour commander gratuitement un exemplaire du journal mural qui vous sera envoyé à domicile: [email protected] Dans un choix de dessins préparatoires, on décèle entre autres des murs recouverts de bonnets phrygiens ornés de logos Nike, repris sur les portraits de bouche du journal mural. L’efficacité du trait, du trait d’union. Voilà comment se reconnaître sur la place publique. La Victoire de l’esclave affranchi. La citoyenneté par la consommation. D’échaffaud à échaffaudage il n’y a qu’un âge de différence; de la destruction à la construction, il n’ y a qu’une volonté de plus, à chacun de la saisir. (sw) Matthieu 7, 6 «Ne donnez point les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent à leurs pieds, et que, se tournant, ils ne vous déchirent.» Performance le soir de l’inauguration, le 25 septembre 2003. © A.D.A.G.P. Stephan Weitzel conception et réalisation: weitzeldesign Thomas Weitzel