Grande-Synthe : un cynisme hors norme

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Grande-Synthe : un cynisme hors norme
Grande-Synthe : un cynisme hors norme
Paris, le 9 mars 2016 - D’une capacité d’accueil de 2500 personnes, le camp de
Grande-Synthe qui vient d’ouvrir ses portes est déjà menacé de fermeture. Il doit
pourtant permettre à des migrants vivant jusqu’à présent dans des conditions
inhumaines de se délester un peu des angoisses quotidiennes nourries par
l’insalubrité et la précarité.
Qu’importe. Malgré l’urgence d’héberger les migrants dans de bonnes conditions, les
autorités françaises dénoncent dans une lettre de mise en demeure adressée au
maire de Grande-Synthe l’ouverture précipitée du camp, qu’elles estiment
« préjudiciable à la sécurité de centaines de personnes ». Au lieu de s'engager enfin
dans des actions concrètes dont beaucoup relèvent de sa responsabilité, voici que
l’Etat se pose en inspecteur des travaux finis : au prétexte de normes qui ne sont pas
respectées, il menace le maire de Grande-Synthe insistant sur le risque juridique
qu’il encourt à titre personnel. A ce dernier, nous témoignons ici notre total soutien.
La situation ne manque pas d’ironie : alors que l’Etat a lui-même été condamné en
novembre pour avoir manqué à ses obligations, notamment celles concernant la
santé publique et l’hébergement d’urgence, le voilà qui sanctionne celles et ceux qui
ont joint leurs efforts pour pallier ses manquements, et enfin proposer aux migrants
une nette amélioration de leurs conditions d’existence : un camp ouvert, composé
d’abris privatifs plus solides, et disposant des conditions requises en termes
sanitaires et d’hygiène.
Certes, beaucoup reste à faire. Ce nouveau camp de Grande-Synthe n’a jamais eu
la prétention de tout régler ni de se conformer aux exigences légales les plus strictes.
Dans l’urgence, il s’agissait avant tout de mettre les personnes à l’abri comme de
leur assurer les conditions minimales d’une existence décente. C’est à nous – ONG,
associations d’aide et bénévoles – qu’il revient désormais d’investir ce lieu choisi par
défaut. C’est à nous et aux migrants eux-mêmes qu’il appartiendra d’en faire, avec le
concours des habitants de la région, un endroit qui leur fasse oublier pour un temps
ce qu’ils ont subi trop longtemps.
Car avant d’exiger le respect des normes, c'est la politique subie par les migrants en
France qui reste à ce jour anormale et à laquelle il faut impérativement renoncer.
Reflet des pratiques migratoires observées en Europe, elle emprunte à chaque fois
des chemins plus funestes, tandis que les autorités devraient se mobiliser au
contraire pour améliorer dans l’urgence l’accueil des gens fuyant la guerre, la
répression ou la misère.
A la gestion dissuasive et policière s’ajoute à présent une gestion administrative et
technocratique menée contre les espaces dédiés aux migrants, et contre un élu qui
tente de les accueillir dignement. Le camp de Grande-Synthe est menacé de
fermeture. Il n’est peut-être pas aux normes. Une chose est sûre. En France, le
cynisme d’Etat, lui, est désormais hors norme.
Premiers signataires :
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Amnesty International
Emmaüs France
GISTI
L’Auberge des Migrants
LdH – Ligue des droits de l’Homme
Médecins du Monde
Médecins Sans Frontières
Secours Catholique
Utopia 56
Contacts Presse :
Amnesty International
Aurélie Chatelard
[email protected] ou [email protected]
01 53 38 66 00 - 06 76 94 37 05
Emmaüs France
Anne Dorsemaine
06 01 07 33 37 – [email protected]
GISTI
Violaine Carrere
06 74 34 03 85
L’Auberge des Migrants
François Guennoc
06 78 02 05 32
LdH – Ligue des droits de l’Homme
Feriel Saadni
01 56 55 51 08
[email protected]
Médecins du Monde
Aurélie Defretin / Lisa Veran
01 44 92 13 81- 01 44 92 14 31 // 06 09 17 35 59
[email protected]
www.medecinsdumonde.org
Médecins Sans Frontières
Samuel Hanryon / Pierre Borelle
01 40 21 27 25 / 06 83 31 55 39
[email protected]
[email protected]
Secours Catholique
Agnès Dutour : 01 45 49 71 07 - [email protected]
Utopia 56
Valérie / 07 68 41 12 12