Lutter contre le stress au travail – Patrick Légeron

I.
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Lutter contre le stress au travail – Patrick Légeron
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Lutter contre le stress au travail
Prévenir le burn out et développer le bien être
Patrick Légeron
INTRODUCTION
Dans les années 1970, alors que les conditions de travail
s’amélioraient, la pénibilité physique a diminué en laissant apparaître une nouvelle pénibilité, psychologique.
La France a pris conscience bien tard des risques psychosociaux sur la santé. Après 2000, le vote sur le harcèlement moral fut un premier pas dans la prise en
compte de la pénibilité psychologique. Cependant, le
harcèlement n’est qu’une facette d’un problème plus
large.
Vinrent ensuite des événements tragiques ayant marqué la société française : les suicides sur le lieu de travail. C’est seulement en 2008 que la France a signé les
premiers accords sur le stress au travail. Au Danemark,
ces mêmes décisions furent prises dès 1977.
Chez nous, c’est de manière dramatique que ces phénomènes ont été abordés : à travers la souffrance, le
harcèlement et le suicide.
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Dans les pays scandinaves, l’accent a été placé sur le
bien-être des salariés, sur l’épanouissement au travail et
sur la performance économique.
Car des salariés stressés coûtent cher à l’entreprise et
voient leurs performances baisser de façon drastique.
Bien que le problème du stress au travail soit un enjeu
majeur, il n’est pas acceptable d’associer systématiquement le travail au malheur ou à la maladie.
Le travail est fondamentalement bénéfique à l’individu :
pour sa construction et sa réalisation personnelle. Il
existe un autre stress, très important : celui du nontravail.
Ainsi, nous ne mettons pas en question le travail en tant
que tel mais les mauvaises conditions d’exercice qui
engendrent du stress.
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I. LES ENJEUX DU STRESS AU TRAVAIL
De tous les stress, de la vie personnelle à la vie professionnelle, celui engendré par le travail semble être le
plus impactant. Il représente un enjeu considérable pour
l’individu et pour l’entreprise.
Trois enjeux principaux sont à aborder :
1.
2.
3.
La santé de l’individu
L’aspect économique pour l’entreprise
L’aspect juridique
Pour l’individu, le stress au travail est particulièrement
néfaste : il est responsable de troubles physiques et psychiques. Bien que n’étant pas l’unique cause explicative, le stress au travail est un important facteur :

De dépression, d’épuisement, de burn-out, de
maladie et, nous le savons bien, de suicide.
Les consultations hospitalières spécialisées en pathologies professionnelles mettent en lumière la gravité des
risques psychosociaux et du stress.
Ensuite, sur le plan de l’entreprise, de nombreuses
études récentes nous enseignent que le coût du stress
est considérable. Il nuit à la compétitivité de nos entreprises.
Quand les entreprises cherchent à augmenter leur
compétitivité, elles oublient que le stress est une des
causes :
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
D’absentéisme, de perte de productivité ou de
baisse de la qualité, d’erreur professionnelle et
de diminution de la motivation.
En résumé, certaines entreprises, ayant mené des
études à ce sujet, savent bien que traiter la question du
stress rapporte.
Pour finir, au niveau juridique, le Code du travail nous
enseigne que le devoir souverain de l’employeur est de
protéger ses employés et de ne pas altérer leur santé.
Récemment, la Cour de cassation a pris des mesures
pour obliger les employeurs à prévenir les pathologies
liées au stress.
II. LES CONNAISSANCES SUR LE STRESS
Le stress est un concept ancien. La définition actuelle
nous vient d’un chercheur, Hans Cellier qui, dans les
années 30, a mis en évidence l’action du stress chez les
souris.
Il a d’abord observé que les souris, placées dans un
environnement inhabituel, développaient des réactions
corporelles de stress. Il a appelé cela la phase d’alarme.
La seconde phase, quand les réactions corporelles des
souris diminuent, est la phase d’adaptation.
Malheureusement, Hans Cellier a observé une dernière
phase : l’épuisement, qui engendrait des troubles sérieux voire la mort des souris.
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L’histoire de la recherche scientifique sur le stress nous
enseigne l’existence de deux hormones impliquées :
l’adrénaline, bénéfique et le cortisol, plutôt néfaste.
Ces deux hormones sont produites par les glandes surrénales, petits appendices attachés aux reins.
Le stress, donc, est premièrement une réaction biologique, qui se situe dans le corps. Mais il s’accompagne
d’une réaction psychique car il active la zone des émotions du cerveau limbique. Et le stress est particulièrement lié aux émotions.
Quand nous percevons un danger ou un risque, le stress
apparaît, permettant de nous adapter à la situation. En
ce sens, sa fonction première est bénéfique : aider
l’individu à affronter un problème.
Il existe une « courbe du stress » qui montre qu’à faible
niveau, le stress est bénéfique, mais qu’à haut niveau, il
est néfaste.
STRESS ET ADAPTATION
de la performance à la souffrance
Performance
STRESS OPTI MAL
Adaptation
de l’individu
Bien-être
Souffrance
Inefficacité
Inefficacité
I ntensité de la
réaction de stress
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C’est donc le niveau médian, ou « optimal » que l’on
recherche pour profiter du coup de fouet bénéfique
que procure le stress.
III. LES
SOURCES
PROFESSIONNEL
DU
STRESS
Le stress renvoie d’abord à l’état dans lequel nous
sommes, puis aux facteurs de notre environnement qui
le créent. En effet, il n’y a pas de stress sans stresseurs
(ou facteur de stress).
Les stress que l’on ressent sont de différentes natures. Ils
peuvent être ponctuels, de longue durée, mineurs ou
majeurs. Notre réaction au stress, elle, peut être légère,
moyenne ou forte.
Le stress au travail, selon le « modèle de Karasek », est
accru par deux facteurs : une charge de travail en
augmentation, et une autonomie professionnelle restreinte. Ainsi, le travail le plus stressant et le plus dangereux est celui qui demande beaucoup d’effort dans un
espace d’autonomie limité. On nomme cela le « job
strain ».
Un second modèle, développé par Johannes Siegrist,
montre qu’un effort trop important, doublé d’une absence de récompense suffisante va, lui aussi, amener le
« job strain ».
On comprend alors que l’entreprise doit faire la chasse
aux postes très exigeants sans reconnaissance ni autonomie.
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IV. LA PRÉVENTION DU STRESS DANS
L’ENTREPRISE
Dans le tableau actuel du stress au travail, plusieurs responsables peuvent être pointés du doigt : la société
dans son ensemble, l’entreprise et l’individu.
En premier lieu, la compétitivité importante, favorisée
par la mondialisation, force les entreprises à mettre une
pression importante sur leurs salariés. Et pourtant,
l’entreprise doit comprendre que des employés moins
stressés sont la clé d’une productivité qualitative.
Plusieurs
rapports
internationaux
ont
souligné
l’importance de l’implication du dirigeant devant affirmer clairement que le bien-être de ses salariés et la lutte
contre le stress sont des enjeux majeurs de l’entreprise.
Cependant, on doit se demander qui, dans l’entreprise,
peut se charger de cette question et de quelle manière.
Ce sont d’abord les services de santé au travail qui ont
la responsabilité de détecter le stress subi par les salariés. Ensuite, les partenaires sociaux peuvent être saisis
pour tirer la sonnette d’alarme.
L’entreprise, elle, doit mettre en place des indicateurs
de risques psychosociaux objectifs. L’INSEE, régulièrement, publie des chiffres permettant de comprendre
cette problématique.
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Enfin, l’entreprise doit s’engager dans des actions de
prévention du stress. Il existe trois types de prévention :
primaire, secondaire et tertiaire.
La prévention primaire est la plus importante, mais pas
la seule. Elle permet d’observer et de traiter les causes
du stress au travail : la charge de travail, l’autonomie
des salariés, etc.
Ensuite, la prévention secondaire se charge d’aider les
personnes qui sont déjà surmenées en mesurant les
conséquences du stress.
Enfin, la prévention tertiaire s’occupe des personnes
souffrantes en mettant en place un soutien psychologique par ligne téléphonique dédiée, par exemple.
Ces trois types de prévention sont absolument nécessaires et vont se déployer dans trois domaines : le fonctionnement de l’entreprise dans son ensemble, le management et l’organisation concrète du travail.
V. LES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LE STRESS
En tant qu’individu, vous allez engager un combat
contre vos stresseurs, ces petites causes qui, jour après
jour, participent à la construction de votre stress.
Il est primordial d’identifier vos stresseurs. Pour ne pas
minimiser ou oublier nos stresseurs, il faut les consigner.
Notez dans un tableau ce qui, au jour le jour, vous
stresse :
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Heure, moment
Jour
Stresseurs en
cause
Évaluation du
niveau de stress
Réaction dans
cette situation
Analyser ce tableau vous renseigne sur vos stresseurs et
sur vos réactions au stress. Ainsi, vous serez en mesure
d’en diminuer certains voire de les supprimer. Évidemment, supprimer les stresseurs est un moyen radical pour
enrayer le stress, bien que cela ne soit pas toujours possible.
Cependant, le stresseur en lui-même n’explique pas
entièrement l’apparition du stress. Notre réaction au
stresseur est aussi à considérer. Il y a différents types de
réactions : physiques, psychologiques et comportementales.
VI. SE RELAXER POUR SE DÉ-STRESSER
Maintenant que vous avez identifié vos stresseurs et
cerné vos propres réactions, il s’agit de mettre en place
des solutions concrètes.
Les techniques de relaxation offrent une solution intéressante car elles désamorcent les principales conséquences du stress.
En effet, comparons l’état de stress à l’état relaxé.
Quand nous sommes stressés
- Le cœur bat vite
- La pression artérielle augmente
- Les muscles se contractent
- Etc.
Quand nous sommes relaxés
- Le cœur bat lentement
- La pression artérielle diminue
- Le corps se détend
- Etc.
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La relaxation complète, que l’on cherche, est atteinte
lorsque l’on dort. Il est important, ainsi, de retrouver cet
état.
Heureusement, la relaxation s’apprend. Pour se relaxer,
il faut avoir une position confortable, une bonne respiration et chercher la détente musculaire. On doit pouvoir
se relaxer dans des situations variées, au travail : sur sa
chaise de bureau, debout, etc.
Le témoin principal du stress est la respiration. Stressés,
nous respirons vite, de manière haletante : nous hyperventilons. Par la relaxation, nous cherchons à obtenir
une respiration ventrale lente et ample.
Le deuxième élément bénéfique est la détente musculaire. Tentez de bien détendre les trois points les plus
contractés : les mâchoires, les épaules et les poings,
comme le montre Patrick Légeron dans la vidéo.
L’avantage de cette pratique est sa simplicité et sa
rapidité d’exécution : quelques minutes par jours suffisent pour en ressentir les bienfaits.
Enfin, on peut citer trois modalités de relaxation :
-
-
La relaxation récupération, c’est-à-dire faire des
pauses de détente complète pendant 2 ou 3
minutes.
La relaxation minute, très rapide et pouvant se
pratiquer n’importe où. L’idée est simple : attente = détente.
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-
La relaxation en situation de stress, la plus difficile à mettre en place, permet de se détendre
alors que vous rencontrez un stresseur.
Si vous souhaitez aller plus loin dans cette pratique, il
existe des méthodes de relaxation plus ambitieuses
comme le « training autogène de Schultz » ou encore la
« relaxation musculaire progressive ».
VII. GÉRER
MENTAL
SES
ÉMOTIONS
ET
SON
« Ce ne sont pas les événements qui perturbent les
hommes mais l’idée qu’ils se font de ces événements. »
Épictète
Premier constat : nous ne sommes pas tous égaux face
au stress ! Ensuite, comme nous l’indique la pensée
d’Épictète ci-dessus, ce n’est pas forcément les situations stressantes qui nous affectent mais l’évaluation
personnelle que l’on en fait. Ainsi, une situation donnée
plongera davantage un individu dans le stress qu’un
autre.
On se situe, ici, dans le domaine du mental. C’est notre
discours intérieur qui génère en permanence des pensées, en situation de stress, négatives et obsessionnelles.
Le premier pas vers une solution est de prendre conscience de ces pensées qui jouent un rôle important
dans la genèse du stress.
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Le but du stress est de nous pousser à agir. Dans une
situation délicate, il nous met en position d’attaque ou
de fuite. Cependant, ces réactions ne sont pas toujours
adaptées.
Mais nous disposons d’une troisième attitude qu’il faut
cultiver : le comportement affirmé.
L’affirmation de soi, c’est le refus d’avoir recours à deux
comportements classiques : l’agression et la soumission.
Le concept de l’affirmation de soi est un des grands
facteurs de protection contre le stress. De nombreux
stress proviennent des relations de travail et ce comportement nous aide à les assainir. Par ailleurs, les personnes
disposant d’une bonne affirmation de soi sont bien
moins stressées que les autres.
En étant affirmés, nous sommes plus à même de faire
des demandes, de dire « non » et d’émettre des critiques. Tout ceci améliore nos relations professionnelles
et contribue à diminuer le stress.
VIII. DÉVELOPPER DES COMPORTEMENTS
AFFIRMÉS
Dans notre environnement professionnel, le stress se
répand comme une traînée de poudre. Il est très difficile
de ne pas communiquer son stress à ses collaborateurs.
Ceci s’explique par l’empathie. L’être humain ne peut
s’empêcher, naturellement, de se mettre à la place de
l’autre et de comprendre ses souffrances.
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Être empathique, c’est comprendre l’autre sans pourtant accepter ses émotions négatives.
On a longtemps cru que le travail n’était pas un lieu
d’émotion mais un lieu rationnel. Il faut pourtant créer
un climat de circulation des émotions plutôt que de
refoulement.
Au travail, beaucoup d’émotions néfastes circulent,
pouvant être extrêmement toxiques (la peur, le ressentiment, par exemple, que l’on communique en discutant avec nos collaborateurs).
IX. LES
FACTEURS
CONTRE LE STRESS
DE
PROTECTION
Nous l’avons vu, le stress met à rude épreuve notre organisme.
Pour s’en protéger, il existe des facteurs diminuant permettant de ne pas craquer, même si les sources de
stress sont toujours présentes.
Ces facteurs sont regroupés en 3 aspects : une hygiène
de vie parfaite, des émotions positives et un soutien
social.
L’hygiène de vie permet, en premier lieu, de résister au
stress. Bien sûr, il est recommandé d’avoir une alimentation saine et de pratiquer une activité physique. Mais il
faut aussi veiller à éviter les faux amis du stress. À savoir
lorsque l’on s’autorise une cigarette ou un verre de vin
pour se donner l’impression de lutter contre le stress.
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Malheureusement, le travail est un lieu chargé
d’émotions négatives. Nous devons réinjecter dans
notre vie des émotions positives. N’oubliez jamais un
moment pour vous faire plaisir, même si c’est seulement
quelques secondes. Prenez le temps de rire, régulièrement, car cela crée des hormones qui équilibrent celles
du stress. Enfin, pratiquez votre hobby. Car le travail ne
suffit pas à notre accomplissement.
Troisièmement, le soutien de votre entourage se révèle
primordial pour lutter contre le stress. Des études montrent que des personnes isolées, à facteur de stress égal,
ressentent le stress bien plus fortement qu’un individu
entouré.
CONCLUSION
Le stress au travail est bien une réalité mais pas une
fatalité.
Il est indispensable, au plan individuel et pour
l’entreprise, de considérer le stress au travail comme un
enjeu majeur et de le prévenir. En ce début de 21 e
siècle, gérer le stress devient une compétence essentielle qui peut rapporter beaucoup, en terme économique mais surtout humain.
En tant qu’individu, vous allez apprendre à gérer votre
stress. Comme pour tout apprentissage, cela demande
de la régularité et une démarche progressive.
Les thèmes sur lesquels vous allez vous concentrer, qui
vont augmenter votre bien-être au travail, sont :
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
La meilleure connaissance de vos stresseurs et
de votre manière personnelle de réagir au
stress.

L’apprentissage des techniques de relaxation et
le développement d’attitudes mentales nouvelles pour lutter contre le stress.

L’adoption de comportements relationnels affirmés dans votre travail.

L’acquisition et la mise en place des différents
facteurs de protection.
En prenant conscience des enjeux du stress au travail et
en suivant ces recommandations, vous serez à même
de vous épanouir plus sereinement dans votre profession.
Ce livret ne peut être vendu séparément du coffret
--------------------------------------------------------------------------------------------------------Conception graphique : Frenetykdesign
Conception vidéo : Amonet3
Réalisation contenu : Luc Bertrand
Réalisé––––
en France
Lutter contre le stress au (c)
travail
– PatrickWeelearn
Légeron 2014
Copyright
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