e cadastre napoléonien et le nom breton des parcelles
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e cadastre napoléonien et le nom breton des parcelles
L co n te S et patrimoi n e Retrouvez cette rubrique sur www.eau-et-rivieres.asso.fr e cadastre napoléonien et le nom breton des parcelles Le premier cadastre généralisé de la France, dit napoléonien, a été mis en chantier à partir de 1807. Pour ceux qui seraient intéressés par cette entreprise voir le livre «Cent millions de parcelles en France», coordonné par Pierre Clergeot, Editions Publi-Topex. A cette époque toutes les parcelles portent un nom. En Bretagne bretonnante ce nom est presque toujours en breton. Le fait de nommer les parcelles a perduré chez les agriculteurs. Mais les modifications parfois très profondes du maillage bocager à partir des années 1950, puis l’usage généralisé d’un «matricule» ont porté un coup fatal à l’identité de très nombreuses parcelles. Les géomètres et enquêteurs de l’entreprise «napoléonienne» ont réalisé deux documents principaux : le Plan cadastral et l’Etat de section. Le premier est une carte du territoire à une échelle qui permet d’y faire figurer toutes les petites parcelles et les constructions (l’objectif de cette réalisation est d’abord fiscal). Les rivières, ruisseaux, retenues et étangs sont représentés, ainsi que de nombreuses sources et fontaines. Le second est un répertoire des parcelles qui indique pour chacune le propriétaire, la contenance, l’usage agricole et le nom. Pour consulter ce premier plan cadastral, plus besoin d’aller à la mairie ou aux archives départementales, il est numérisé et disponible sur le site des archives départementales. Ce n’est pas le cas pour l’Etat de section. Donc la visite à la mairie ou aux archives s’impose. La signification des anciens noms de parcelles est le plus souvent claire pour un bretonnant. Mais il arrive que les transcriptions, faites fréquemment par un non bretonnant sur des bases phonétiques, donnent du fil à retordre. Et lorsqu’il s’agit de termes obscurs pour un bretonnant actuel l’énigme peut demeurer. Cependant la connaissance des anciens noms, dans le plus grand nombre de cas, permet d’obtenir divers renseignements et, notamment en ce qui concerne ERB, sur la nature d’une parcelle et son rapport à l’eau. Deux ouvrages entre autres sont incontournables pour qui souhaite explorer la microtoponymie bretonne d’une commune : le dictionnaire des noms de lieux bretons de Albert Deshayes, éditions le Chasse-Marée et La Toponymie Celtique / L’origine des noms de lieux en Bretagne / La géographie et l’histoire de Jean-Marie Plonéis, éditions du Félin. Marcel Benot Une petite sélection de termes bretons présents dans les microtoponymes (d’après André Cornec qui a réalisé une thèse de microtoponymie sur le canton de Briec). Broenn : jonc(s) ; broenneg : jonchère. Dour-ioù,eier : eau, cours d’eau. Enez ; inizi : île, désigne une étendue de terre comprise entre deux cours d’eau. Feunteun-ioù : fontaine. Geun-ioù, yeun-ioù : marais, marécage. Gouer-où, ioù : rigole, petit ruisseau. Gwazh, gwezh-ioù : ruisseau. Gwern-ioù : marais. Haleg : saules ; halegenn, halegod, halegeg : saulaie. Hesk : laîche ; heskeg : lieu abondant en laîche. Kibenn-où : les parcelles en kib et kibenn correspondent à des prairies avec trous d’eau. Korz : roseaux ; korzid : roselière. Lenn-où : réserve d’eau d’un moulin. Meilh dour : moulin à eau. Poull-où : mare, lavoir, trou, fosse. Prad-où : pré à pâture. Roudou : gué. Stêr-ioù : rivière. Stivell-où : fontaine jaillissante. Treizh-où : traversée, passage de rivière. Eau & Rivières Avril 2013 n° 163 - 9