rapport moral _2 - CLONG

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rapport moral _2 - CLONG
Assemblée Générale - mercredi 20 juin 2012
RAPPORT MORAL DU PRESIDENT
I-
Le contexte du volontariat international a changé en 6 ans
Si le rapport moral concerne bien l’année écoulée, il permet également de rappeler les
principales évolutions qui ont marqué nos activités au cours des deux mandats confiés par le
collectif au président du CLONG depuis 2006.
Continuités, évolutions internes et transformation de l’environnement du volontariat
international ont sensiblement modifié cette coopération internationale à laquelle nous tenons,
quelles que soient les trajectoires propres à chacune de nos associations.
Continuité de notre travail de réflexion sur le sens de cette forme d’expatriation, sur
les notions d’engagement, de professionnalisme, de partenariat, de solidarité, de qualité
des missions depuis la préparation du volontaire jusqu’au réinvestissement personnel et
collectif de l’expérience. Continuité encore dans la défense et la valorisation de ces
périodes de vie citoyenne auprès de nos partenaires publics et non gouvernementaux.
Continuité enfin dans la composition du CLONG.
Changements internes : par exemple, chez les humanitaires qui ont diminué la
proportion de VSI parmi leurs expatriés, tout en gardant un intérêt pour ce statut utilisé
pour des périodes d’initiation, de renforcement des liens avec une base sociale active ou
parfois pour faire appel à des professionnels expérimentés. Notre collectif a par ailleurs
décidé de prendre davantage en compte les enjeux communs aux expatriés exerçant
dans la solidarité internationale, quel que soit le statut sous lequel ils partent, tout en
gardant sa compétence reconnue en matière de VSI (cf. guide du retour, plan triennal en
cours…)
Changements dans l’espace national : nous avons été actifs dans la création de France
Volontaires et nous avons resitué le VSI par rapport à d’autres formes de volontariat
(VIES). Il y aura lieu pour nous de tirer un premier bilan de cette participation croisée
entre CLONG et F.V., de peser les avantages et les risques que nous aurons identifiés
dans cette collaboration.
La création du service civique nous a aussi impacté, plus ou moins fortement selon les
associations. Il faudra être très attentif aux évolutions qu’il pourrait connaître avec un
nouveau gouvernement, particulièrement en ce qui concerne la dimension
internationale.
Dans notre pays, nous avons vu s’affirmer l’envie de partir à l’étranger, se diversifier les
moyens de satisfaire cette demande et s’installer de nouveaux acteurs comme les
collectivités territoriales, les organismes de l’économie sociale et solidaire, ou même les
entreprises et bureaux privés, tandis que l’Etat limitait sa contribution. Ceci nous
concerne et rebat les cartes pour nos ONG et nos collectifs.
Mutations internationales : nous avons vécu les nouveaux rapports de force d’une
mondialisation en marche. Conflits et mutations sociétales changent nos propres
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stratégies et pratiques d’expatriation. La mutation progressive de la notion d’aide vers
celle d’échange ne gomme pas l’exigence d’apport de compétence et de
professionnalisme, mais elle implique une vision plus équilibrée du partenariat et une
véritable réciprocité. Ces transformations du paysage géopolitique exigent de notre part
une plus grande capacité de discernement face à des situations devenues plus
hétérogènes chez nos partenaires. Les nouvelles formes de coopération multi-acteurs
entre sociétés civiles accroissent l’intérêt des échanges humains dans le renforcement
des capacités et dans la défense commune de valeurs et de biens universels en ces temps
de crises multiformes.
Au travers de ces transformations, l’élément de stabilité qui nous rassemble, n’est-ce pas
le sens même des engagements humains que nous accompagnons pour améliorer le sort
des plus vulnérables, pour la justice, la paix civile et internationale, le développement
soutenable... et finalement, le vivre ensemble?
II - Une Année 2011 bien remplie pour notre collectif.
L’année 2011 était la première d’un nouveau plan d’action triennal. Celle-ci a été marquée par
des activités ponctuelles comme l’enquête IPSOS et l’organisation d’une journée au
parlement européen dans le cadre de l’année européenne du volontariat. Les autres activités
de représentation, d’information, de négociation se sont déroulées dans le cadre habituel de
notre fonctionnement.
1- Des activités habituelles dans des contextes très évolutifs :
Notre participation à la gouvernance de F.V. : Après avoir contribué à la définition du
projet associatif, aux critères d’adhésion, etc. nous avons rappelé notre souhait de participer
aux décisions les plus stratégiques, telles que la préparation du futur COM avec l’Etat, la
définition des orientations stratégiques pour l’observatoire, l’intervention dans les régions
françaises…
On peut émettre le souhait que les réunions des instances permettent d’aborder sur le fonds les
questions les plus importantes dans la mesure où les séminaires plus longs ne permettent pas
de rassembler autant de participants parmi les membres.
A Coordination SUD, nos trois représentants ont renforcé notre participation au C.A., dans
les commissions, dans différents groupes de travail ou études (gouvernance, ressources
humaines, préparation des élections). Nous rendons compte au C.A. de SUD des mandats qui
nous sont donnés s’agissant de travaux globaux consacrés au volontariat. Nous devons
poursuivre les efforts de sensibilisation des ONG non membres du CLONG à cette dimension
humaine de la coopération qui ne doit pas être perçue uniquement au travers de la G.R.H.
Nous notons positivement la possibilité de nous exprimer sur ces sujets.
Au MAEE, nous avons eu un accès facile à la Mission pour les relations avec la société
civile, qui nous a soutenus financièrement. Plus globalement, nous n’oublierons pas le déficit
de dialogue qui a marqué l’ordre donné aux associations de rapatrier leurs volontaires du Mali
et du Niger.
Par ailleurs, les travaux de la Commission du Volontariat de solidarité internationale,
irréguliers, n’ont pas été à la hauteur des attentes des associations. La question importante de
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l’augmentation des coûts d’envoi des volontaires ne semble pas à ce jour laisser de
perspective d’ajustement des aides de l’Etat.
En ce qui concerne le service civique, nous avons suivi le groupe de travail du Comité
stratégique de l’Agence consacré à l’international, ainsi que le groupe de travail « service
civique » animée par France Volontaires. Cela nous a amené à prendre des positions et à les
communiquer directement et via France Volontaires, à propos de la spécificité et de la
complémentarité des dispositifs existants, notamment le VSI et le service civique. Notre
travail, s’il n’a pas amené de changements sensibles, nous a au moins permis de clarifier nos
propres positions pour mieux apprécier les évolutions et tenter de les influencer. Celles-ci ne
sont probablement pas achevées et le CLONG devra suivre attentivement les changements qui
pourraient avoir lieu avec l’arrivée de nouveaux responsables politiques.
2- L’enquête IPSOS a confirmé tout l’intérêt du VSI :
Malgré les biais inhérents à ce type d’étude et d’échantillonnage, nous avons eu confirmation,
grâce à l’interview de 500 anciens volontaires, que cette période d’engagement dans la
solidarité internationale avait beaucoup compté pour eux, jusqu’à modifier, pour une forte
minorité, leur trajectoire professionnelle. Une très large majorité (95%) a jugé cette
expérience positive ou très positive. On retiendra l’influence déterminante de la préparation
sur la réussite de la mission et même sur la réinsertion en France qui reste un passage délicat.
Selon les anciens volontaires, la durée d’immersion (1 à 2 ans) chez les partenaires d’accueil
et la contribution significative à des projets locaux constituent des facteurs déterminants de
satisfaction. Ceci est à rapprocher d’un a priori contraire selon lequel un engagement
supérieur à quelques mois est moins bien accepté par les générations actuelles en butte à
l’entrée sur le marché du travail. En conclusion, on peut dire que le VSI garde toute son utilité
et toute sa place aux côtés d’autres dispositifs moins exigeants en qualification et en prise de
responsabilité.
Rappelons que cette enquête nous a aussi montré que la dimension européenne du volontariat
intercontinental entrait peu en ligne de compte dans l’expérience internationale, ce que nous
avons fait valoir au parlement européen pour appeler les dirigeants de l’U.E. à mieux valoriser
ce potentiel de citoyens engagés dans des missions sur d’autres continents.
Peut-être pourrons-nous regretter que ce travail n’ait pas été suffisamment repris et diffusé par
les médias. La communication du CLONG reste limitée : elle le restera probablement si elle
n’est relayée par ses membres les mieux placés pour cela.
3- Le succès de la journée de Bruxelles a montré les potentialités du partenariat
européen :
Le CLONG avait anticipé l’Année européenne du volontariat et préparer un événement dans
ce cadre pour attirer l’attention des autorités communautaires et rassembler des acteurs
intéressés par la dimension extra-européenne du volontariat. Le bilan de la journée du 8
novembre est apparu positif à tous les participants. Celle-ci a en effet vu la présence de 200
personnes, d’une quinzaine de pays et des représentants de plusieurs continents et institutions
internationales. Elle a permis de montrer la grande diversité des formes de volontariat dans le
monde, mais aussi les enjeux de cette forme de relation internationale.
Cette mobilisation européenne demande à être exploitée et poursuivie. C’est ce qu’ont
exprimé les députés européens qui nous ont soutenus et certains bailleurs comme le MAEE.
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On a le sentiment qu’il existe une opportunité très intéressante à poursuivre pour convaincre
la commission d’aller au-delà de ses propres dispositifs européens. Toutefois, même en
partenariat avec FV. et la GIZ, il apparaît qu’il faut y consacrer des moyens et une force de
travail continue. C’est probablement une limite importante, tant que d’autres homologues
européens n’y sont pas engagés.
La tentative de suivi, esquissée en ce premier semestre 2012 sous la forme d’un papier de
position, vise à faire porter auprès des instances européennes concernées, au parlement et à la
commission, quelques mesures de soutien plus globales au bénéfice de ce secteur de
coopération (cf. projet de document : « pour des volontaires européens engagés dans la
solidarité internationale »).
***
En conclusion, le CLONG a pris des initiatives et les a menées à terme au cours de l’année
écoulée, avec des collaborations déterminantes au sein de France Volontaires par exemple. Un
défi reste néanmoins posé : comment rester autonome, inventif, pertinent pour agir,
influencer, servir de boussole à nos membres et au milieu associatif dans cette dimension
humaine de la coopération non-étatique ? Il semble que cela soit possible avec des moyens
quantitativement limités, grâce à une coordination très investie, renforcée par des bénévoles,
des volontaires ou des stagiaires ; à des administrateurs actifs malgré les charges de travail qui
pèsent sur eux; à un nouveau président qui apportera des capacités nouvelles.
Sans accroitre sensiblement ses ressources, le CLONG pourrait sans doute améliorer
encore son efficacité. Ainsi que nous l’avons déjà dit, par exemple, en déléguant
davantage à ses différents membres le soin de s’exprimer ou de négocier selon un
mandat donné collectivement. En effet, le collectif doit pouvoir prendre appui sur les
ressources de ses membres, ce qui n’a pas été une pratique très répandue ces dernières années,
en dehors des personnes impliquées au C.A. Nous ne pouvons oublier que la « productivité »
d’un collectif dépend, pour l’essentiel, de ce que chaque association membre y apporte, selon
ses atouts et ses besoins.
Pour compléter cet appel au renforcement de notre influence, il faut peut-être aussi reposer la
question de notre composition et de l’admission éventuelle de nouveaux membres, en
maintenant l’équilibre entre des critères de cohésion et de représentativité du milieu associatif,
conformément aux évolutions rappelées en première partie. Il peut s’agir également de penser,
ou repenser, les alliances avec les collectifs existants, en particulier avec C.SUD, et certains
collectifs européens, internationaux.
En définitive, à mi parcours du plan triennal, il est utile de se redire pourquoi on est ensemble,
quel rôle spécifique nous voulons tenir dans notre environnement institutionnel, notamment
par rapport à C.SUD, à F.V., aux nouveaux acteurs de l’expatriation, puis de chercher
l’optimisation de nos ressources pour atteindre ces objectifs.
Lucien Cousin, juin 2012.

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