Paris et ses faubourgs

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Paris et ses faubourgs
PA RI S E T SE S F A UB O U R G S > balades du patrimoine
LE SALON DES SCIENCES
>>> Stanislas Lépine >>>
U N N O U V E A U R E G A R D S U R L E PAT R I M O I N E PA R I S I E N
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02 PARIS ET S E S F A U B O U R G S
L E PAY S A G E PA R I S I E N D A N S L E D É C O R D E L ’ H Ô T E L D E V I L L E
Le petit bras de la Seine
au Pont-Neuf
>>> Lugi Loir >>>
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(1845-1916)
Le Val de Grâce
Observé de la rue de la Santé, le Val de Grâce
vibre dans la chaleur de l’été. La couleur de
juillet avive les tons et renforce les contrastes.
L’artiste, grand spécialiste des paysages
parisiens, doit sa réputation à la qualité décorative de ses vues urbaines animées d’une
foule anecdotique, ce qui le rapproche d’un
autre grand peintre des rues de la Capitale,
Jean Béraud, curieusement absent des murs
de l’Hôtel de Ville (Un coin de Bercy pendant
l’inondation, Paris, Musée du Petit Palais).
Proche de Boudin et de Jongkind et ami de
Corot, auquel son style est souvent associé,
Lépine s’est spécialisé dans les vues de Paris
qu’il expose régulièrement au Salon à partir
du milieu du Second Empire. L’eau, dont il
excelle à capter les reflets et les scintillements,
est omniprésente dans sa peinture. Le panneau de l’Hôtel de Ville, peint peu avant sa
mort, montre l’ultime fascination de l’artiste
pour les ponts et les berges de la Seine qui
constituent, avec les rues de la Butte
Montmartre, le thème principal de son œuvre.
Les balades du patrimoine
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>>> « Le domaine du merveilleux et de la fable est aujourd’hui moins
riche que celui de la réalité » avait tranché la Révolution, révisant
ainsi une hiérarchie des genres qui, depuis l’âge classique, avait relégué
la peinture de paysage au rang des expressions mineures.
>>> Une étape importante est franchie au début du XIXe siècle avec
la création d’une classe de paysage à l’Ecole des Beaux-Arts
qui contribue à modifier l’œil de l’artiste désormais appelé à découvrir
le réel à travers la nature. Quittant l’univers clos de l’atelier,
les peintres de Barbizon et leurs successeurs seront, après 1830,
les défenseurs d’une peinture naturaliste composée directement sur
le motif. Ils s’approprient, avant les impressionnistes, les phénomènes
atmosphériques et lumineux et enrichissent la peinture d’une iconographie nouvelle. Paris et sa banlieue retiennent tout particulièrement
leur intérêt. Jongkind, que Manet qualifia de « père de l’école
des paysagistes », peint ainsi, sous le Second Empire, de grandes vues
de la Capitale qui annoncent, à bien des égards, nombre de panneaux
commandés en 1890 pour le décor de l’Hôtel de Ville.
>>> Il faut, en effet, attendre la fin du siècle pour voir la peinture
de paysage gagner les murs des bâtiments officiels jusqu’alors dévolus
à la peinture allégorique. Les édiles parisiens voulaient un palais
municipal qui fut aussi un musée de l’art français du temps. La réponse
est plus modeste mais tout aussi attractive tant elle démontre
l’extrême vitalité de la peinture de paysage autour de 1900 avant que
la grande fracture du modernisme ne bouleverse radicalement
l’univers pictural.
(1835-1892)
>>> Pierre Vauthier >>>
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>>> Emile Barau >>>
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(1845-1916)
Le bassin de l’Arsenal
(1851-1930)
L’Ile de la Grande-Jatte
Rendus célèbres par le tableau de Georges
Seurat, Un dimanche après-midi à l’île de
la Grande-Jatte (1886), le site et ses guinguettes furent fréquentés jusqu’au XXe siècle
par de nombreux artistes. De Claude Monet
à Albert Gleizes, les plus grands se retrouvèrent ici au côté des familles venues de Paris le
dimanche. Emile Barau délivre de l’île une représentation synthétique à l’image du reste de
son œuvre nourrie de paysages champenois
(Reims, Musée Saint-Denis) qui, avec ses vues
de Hollande, forment l’essentiel de sa peinture.
L’œuvre de l’artiste laisse en général percevoir un goût pour les scènes animées d’une
grande fidélité, bien adapté à l’évolution du
décor public vers le réalisme documentaire
(Le jour du couronnement de la rosière,
Mairie de Bagnolet, 1893). Vauthier peint
ici, dans une veine différente, proche de la
lignée impressionniste, cette vue du bassin
de l’Arsenal observé par temps de neige à
travers le filtre gris d’une lumière d’hiver. Le
paysage, embrassé d’un seul coup d’œil,
rejette le pittoresque auquel cède souvent,
à l’époque, la peinture de paysage.
à la cime des arbres.” Dans cette représentation tardive du site, l’artiste a mis de côté
sa minutie habituelle au profit d’un effet de
composition qui oppose un arrière plan baigné
de lumière au vallon déjà gagné par l’ombre.
LE SALON DES ARTS
Le tableau reproduit une œuvre précédemment exécutée par le même peintre pour
l’ancien Hôtel de Ville.
>>> Gustave Colin >>>
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(1828-1910)
La vue est prise de la pointe de l’Ile SaintGermain et permet d’apercevoir, au-delà
du viaduc franchissant la Seine, l’ancien
palais du Trocadéro et la Tour Eiffel. De
tous les paysagistes de l’Hôtel de Ville,
Colin est l’un de ceux dont la technique se
rapproche le plus de celle des impressionnistes. Par un jeu de touches ténues, il
apprivoise la lumière et capte ainsi à la surface de l’eau la transparence des reflets
solaires. On remarquera également dans
l’organisation du groupe au premier plan
une citation directe de Pèlerinage à l’île
de Cythère de Watteau (Paris, Musée du
Louvre).
>>> Jean-Joseph Bellel >>>
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LE SALON DES LETTRES
La Seine au Bas-Meudon
>>> Charles Lapostolet >>>
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(1824-1890)
Le port Saint-Nicolas
Le port Saint-Nicolas, qui fut, jusqu’en
1942, l’un des principaux lieux de l’activité
portuaire à Paris, tirait son nom de la présence ancienne, à proximité, de l’église SaintNicolas-du-Louvre. Si le peintre cherche à
restituer l’animation du port, il s’attache
également à rendre les mouvements du ciel
dont il capte le reflet à la surface de l’eau
ou sur la berge. Son art à la foi réaliste et
sensible situe Lapostolet en marge des
Impressionnistes parmi les artistes qui,
sans s’écarter de la tradition naturaliste,
s’intéressent avant tout au rôle joué par la
lumière.
(1816-1891)
La Marne au pont
de Champigny
>>> Louis Français >>>
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Parmi les paysagistes de l’Hôtel de Ville,
Jean-Joseph Bellel est le seul à avoir pratiqué
l’art du paysage historique auquel il s’était
formé, à l’Ecole des Beaux-Arts, dans l’atelier du peintre Caruelle d’Aligny (La fuite en
Egypte, Paris, Eglise Saint-Pierre-du-GrosCaillou). De ce premier enseignement, il lui
est resté toute sa vie le goût des compositions très construites, d’un caractère idéal.
(1814-1897)
La Seine à Bougival
Français fut l’un des premiers paysagistes
à fréquenter Bougival. L’artiste y a peint,
en compagnie du peintre Célestin Nanteuil,
de nombreuses toiles qu’il signait ensuite
du nom de Français, élève de Bougival.
Castagnary disait de son œuvre “que tout
y est dessiné, depuis le brin d’herbe qui
fleurit à terre jusqu’à la feuille qui tremble
>>> Louis Henri Saintin >>>
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(1846-1899)
Les carrières d’Arcueil
de-Duc et participé, à ses côtés, à la restauration de la cathédrale d’Auxerre. Les relevés
de monuments restèrent, tout au long de
sa vie, une source importante d’inspiration,
comme le montre cette vue de la place de la
Concorde conçue principalement pour mettre
en valeur l’environnement architectural du
site. Les petites silhouettes qui accompagnent la composition pourraient être d’une
autre main.
L’entrée des carrières ainsi que l’aqueduc,
visible au loin et dont l’étage supérieur avait
été construit pour conduire à Paris les eaux
de la Vanne, furent souvent représentés par
les peintres, à la fin du XIXe siècle, pour caractériser le site d’Arcueil (Mairie d’Arcueil, salle
des mariages, 1885). Louis Saintin en donne
ici une version automnale où le soleil du
>>> Jean-Baptiste Antoine Guillemet
matin peine à dissiper la brume. Le peintre,
>>> (1843-1918)
qui fut élève de Pils, opta très tôt pour la
peinture de paysage qu’il pratiqua dans un 11 La fontaine Médicis
style clair, à la fois solide et lumineux que
l’on retrouve ici (L’anse d’Erquy, Rennes,
Guillemet fut l’ami de Zola et resta jusqu’au
musée des Beaux-Arts)
bout fidèle à la démarche naturaliste qu’incarnaient ses maîtres Corot et Daubigny. Il
peignit à de nombreuses reprises les bords de
la Seine et les paysages urbains des environs
de Paris (Bercy en décembre, Paris, Assemblée
Nationale). Le paysage représenté ici est,
comme chez les peintres de Barbizon, habité
>>> Emmanuel Lansyer >>> (1835-1893)
de silhouettes minuscules rejetées au second
10 La place de la Concorde
plan, loin de l’observateur. A la différence des
Impressionnistes, la nature est, chez ces
paysagistes, associée au sentiment de la
Avant de découvrir la peinture de paysage aux
solitude.
côtés de Courbet puis d’Harpignies, Lansyer
avait, au début de sa carrière, pratiqué le
dessin d’architecture dans l’atelier de Viollet-
PARIS ET SE S FAUBOURGS > balades du patrimoine
de chemin de fer venue de Paris fut prolongée
au-delà de Rouen jusqu’à la mer.
>>> Eugène Berthelon >>>
(1829-1914)
La Seine au Pont SaintMichel
(1819-1916)
La précision du rendu rapproche ce pan- 14 Le jardin du Luxembourg
neau, peint d’une touche fine et menue, de
l’art de l’illustration. La densité des formes,
Le peintre resta, tout au long de sa carrière,
à peine habillées d’une lumière délicate,
fidèle à la leçon de Corot et des peintres de
donne cependant à cette vue de la Seine
Barbizon. “L’air, avait-il l’habitude de dire,
et de Notre-Dame une réelle puissance. Le
c’est Corot qui l’a trouvé le premier.” A la
peintre s’est fait connaître, après la guerre
façon de son maître, Harpignies soigne ses
de 1870, par deux vues montrant les ruines
ciels qu’il peint clairs et fluides comme ici où
de la Cour des Comptes, incendiée sous la
l’ensemble de la composition baigne dans
Commune, travaillées dans un même esprit
une douce pâleur grise à peine réveillée par
documentaire (Compiègne, château).
le reflet d’un soleil d’automne. Au premier
plan, la lumière découpe le tronc rugueux
des arbres, composant un motif que l’on
retrouve souvent, chez l’artiste, traité avec
GALERIE DES TOURELLES
une grande élégance.
>>> Léon Germain Pelouse >>>
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(1838-1891)
Les environs de Jumièges
>>> Frédéric Montenard >>>
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Le motif choisi par le peintre – la Seine à
Jumièges – n’a qu’un rapport lointain avec
le thème général des paysages de l’Hôtel
de Ville consacrés de façon plus directe aux
vues de Paris ou de banlieue. La facture de
l’œuvre est caractéristique de l’art de Pelouse
qui aime peindre, dans des tonalités de vert
et de brun, des paysages où la nature enchevêtrée se reflète dans une eau tranquille
baignée de l’éclat du ciel. Le peintre avait
découvert les sites de la basse vallée de la
Seine dans les années 1860 lorsque la ligne
(1849-1926)
Le jardin des Tuileries
Frédéric Montenard fut avant tout le peintre
des paysages de Provence cernés d’une
palette claire et qui lui ont donné le goût
de la lumière dont il a inondé ses grands
décors (Paris, Sorbonne et Gare de Lyon ;
Montpellier, Préfecture). Le panneau de
l’Hôtel de Ville, baigné d’un ciel d’azur
sur lequel s’enlève le rougeoiement des
marronniers, s’inscrit dans cette veine du
paysagisme porté par les effets colorés qui
fut très en vogue après 1900.
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LA PEINTURE DE PAYSAGE À L ’ HÔTEL DE VILLE
>>> La commission formée en 1887 pour élaborer les principes
du décor intérieur de l’Hôtel de Ville avait décidé que les murs des
espaces de réception seraient décorés de vues de Paris ou
de banlieue tout en laissant les artistes libres du choix des sujets.
>>> Une quarantaine de panneaux furent commandés qui font la
part belle aux berges de la Seine et à la poésie des jardins publics
comme si les artistes avaient voulu conserver, à l’Hôtel de Ville,
la trace d’une nature déjà menacée par l’urbanisation. Dans
de nombreuses peintures, la Ville est comme rejetée au loin, presque
invisible à l’œil, au-delà de l’eau ou d’un rideau d’arbres abritant
un monde renfermé sur lui-même.
>>> A l’opposé de cette vision qui s’inscrit dans la tradition
de la peinture de paysage au 19ème siècle et rejoint celle des peintres
de Barbizon, un petit nombre de panneaux donne de la Ville
une image plus vivante et plus colorée. Quelques scènes de rue
mettent en valeur les monuments les plus célèbres de la Capitale.
La palette devient alors plus claire et le style fait de petites
touches captant la lumière se rapproche de celui des impressionnistes.
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1 Le bassin de l’Arsenal
>>> Pierre Vauthier >>> (1845-1916)
2 Le petit bras de la Seine
au Pont-Neuf
>>> Stanislas Lépine >>> (1835-1892)
3 La Seine au Bas-Meudon
>>> Gustave Colin >>> (1828-1910)
4 La fontaine Médicis
>>> Jean-Baptiste Antoine Guillemet
>>> (1843-1918)
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5 Le port Saint-Nicolas
>>> Charles Lapostolet >>> (1824-1890)
6 Le Val de Grâce
>>> Lugi Loir >>> (1845-1916)
7 La Seine à Bougival
>>> Louis Français >>> (1814-1897)
8 La Seine au Pont Saint-Michel
>>> Eugène Berthelon >>> (1829-1914)
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