La tétralogie de Richard Wagner

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La tétralogie de Richard Wagner
La tétralogie de Richard Wagner
Extrait du Collège Georges Brassens - PERSAN
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La tétralogie de Richard
Wagner
- Histoire des Arts - ARTS ET PROPAGANDE - Education musicale -
Date de mise en ligne : dimanche 7 avril 2013
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La tétralogie de Richard Wagner
Richard Wagner
biographie * 1813"1800"1814"1821"1830"1830"1850"1870"1876 1883
Naissance 22/05/1813 Mort 13/02/1883 Nation Allemagne Époque musicale Romantique.
Biographie Né le 22 mai 1813 à Leipzig, dans la Saxe (est de l'Allemagne), Richard Wilhem Wagner perd très vite
son père et ses repères (pas mal hein ?), en raison de l'empoisonnement des eaux de l'Elster par les corps des
hommes et des chevaux tués pendant la bataille des Nations. Ludwig Geyer, peintre et locataire des Wagner,
s'occupe de la famille à la suite de ce deuil. Il leur témoignera toujours une grande affection jusqu'en 1821, date de
son décès. Le jeune Wagner se prend de passion pour le théâtre grâce l'affection de ce père providentiel. Jeune, il
ne manifeste pas de don particulier pour la musique mais s'intéresse plutôt à la tragédie grecque et à la poésie. Il ne
découvre la musique de Wolfgang Mozart et Ludwig van Beethoven que vers sa quinzième année et se lance dans
une carrière de compositeur pratiquement sans bagage technique. Un agitateur, un provocateur... En 1830, les
événements en France (révolution de juillet) et le soulèvement en Pologne provoquent quelques remous politiques à
Leipzig. Wagner y participe activement et se fait déjà remarquer comme agitateur (qu'est-ce que je disais).
Cependant, il prend des leçons de contrepoint auprès de Weinlig et commence à composer (deux sonates pour
piano, une symphonie, des ouvertures de concert). Il est âgé de 27 ans. En 1831, Wagner s'inscrit à l'université de
Leipzig où il y suit des cours de philosophie. En 1833, il rejoint son frère, chef des choeurs à Würzburg. Il y acquiert
une certaine expérience de la scène. Avec le temps, Wagner deviendra le plus grand chef d'orchestre de son
époque. Il pose les bases de la direction d'orchestre moderne. Il obtient la direction de la musique de la troupe du
théâtre de Magdebourg et y fait la connaissance de Wilhelmine dite Minna Planer, jeune actrice. C'est à cette
époque qu'il compose son premier opéra, Les fées. Il ne sera joué qu'en 1888. Wagner se marie avec Minna le 24
octobre 1836. Le couple s'installe jusqu'en 1839 à Riga malgré une fugue amoureuse de Minna avec un banquier en
juin 1837. Il occupe les fonctions de directeur musical du théâtre. Chassé de son poste par les critiques d'un
confrère, Wagner décide de se rendre ensuite à Paris pour y tenter sa chance. Après des conditions de voyage très
périlleuses dans la Baltique, il y parvient mais n'aura pas le succès espéré. Le public parisien n'a d'yeux et d'oreilles
que pour les opéras de Meyerbeer. Wagner est obligé de faire mille petits travaux pour subsister. Il compose des
chansons, réalise des arrangements musicaux de toutes sortes et écrit des articles pour la Gazette musicale.
Cependant, il termine son nouvel opéra, Rienzi, et compose en sept semaines Le vaisseau fantôme dont il vendra
l'ébauche pour 500 francs à un éditeur parisien. Malgré des dettes et des querelles conjugales incessantes, le couple
semble inséparable et ils rentrent en Allemagne pour présenter Rienzi. La première le 20 octobre 1842 à Dresde est
un triomphe. En février 1843, il est nommé Maître de chapelle à vie de la Cour de Saxe. Il s'y consacre entièrement
et avec une très grande efficacité. Il y remporte de grands succès comme chef d'orchestre dans des opéras de
Mozart, Vincenzo Bellini, Carl Maria von Weber...et la 9e symphonie de Beethoven, oeuvre totalement énigmatique à
l'époque. Wagner se plonge dans la composition de Lohengrin mais en 1849, il participe activement, semble-t-il, aux
journées révolutionnaires de Dresde. Pourchassé, le couple s'exile en Suisse et arrive à Zurich le 31 mai 1849. puis
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à nouveau à Paris. Wagner donne la première de Lohengrin à Weimar qui augmente son prestige. En 1851, une
relation amoureuse avec Mathilde Wesedonck, épouse d'un banquier mécène suisse, lui inspire le poème de Tristan
et Isolde. 1855-1856. C'est pour Wagner une période de création intense (La Walkyrie, Siegfried) et d'amitié avec
Franz Liszt. En 1859, Wagner décide de retenter sa chance à Paris. L'étoile de Meyerbeer pâlit et il estime le
moment favorable. Il veut y donner Tannhaüser. Les répétitions sont intenses, coûteuses et la première le 13 mars
1861 est un désastre. Entre-temps, Minna est décédée en 1860. La situation financière de Wagner ne s'arrange
guère malgré un nouveau succès : Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg et l'aide de Liszt. En 1864, alors que sa
situation financière est devenue insoutenable, il reçoit un appui capital qui lui permettra de réaliser ses rêves : celui
de Louis II de Bavière. Il est installé dans dans une confortable villa sur les rives du lac de Starnberg. C'est ainsi
qu'est créé le Théâtre du Festspielhaus à Bayreuth dont l'inauguration a lieu en août 1876. Wagner peut y créer et
jouer ses oeuvres comme il le conçoit et l'attachement de Louis II à Wagner ne se démentira jamais. En août 1876
est représenté le cycle de l'Anneau du Nibelung en présence de Liszt, de Camille Saint-Saëns, d'Anton Bruckner, de
Gustav Mahler, de Piotr Illitch Tchaïkovski...ou encore de l'empereur Guillaume Ier !
Nouvelle liaison Wagner connait une nouvelle passion amoureuse avec Cosima, la fille de Liszt, et épouse
malheureuse du célèbre chef d'orchestre Hans von Bülow. Le couple adultère s'installe sur les bords du lac de
Lucerne ce qui provoque la rupture entre Wagner et Liszt. Cosima rompt avec von Bülow en 1868. Le mariage avec
Wagner aura lieu le 25 août 1868. Les années suivantes sont des années de bonheur et voient la création de
Siegfried et du Crépuscule des Dieux. En 1882, il crée son dernier opéra Parsifal. L'état de santé de Wagner se
dégrade. Il fait plusieurs crises cardiaques mais voulant composer quelques symphonies en un mouvement, il se
rend à Venise en septembre 1882 et, comme beaucoup de compositeurs allemands, tombe amoureux de l'Italie.
Wagner est terrassé par une dernière crise cardiaque et meurt dans la ville des doges le 13 février 1883. Le festival
de Bayreuth a survécu à son créateur et célèbre encore son génie. Jamais un artiste n'a autant été contesté dans
l'histoire de la musique. Détesté ou idolâtré, il puise son inspiration chez Giovanni Pierluigi da Palestrina, Johann
Sebastian Bach, Bellini, Mozart, Beethoven,...Il a créé la ligne mélodique continue dans un opéra et a fortement
utilisé le leitmotiv (motif récurrent) inventé par Meyerbeer. Wagner s'est affirmé comme un précurseur de l'atonalité
et a inspiré nombre de compositeurs, parmi lesquels, notamment, Arnold Schönberg.
Chevauchée des Walkyries
La chevauchée des Walkyries, (en allemand, Walkürenritt ou Ritt der Walküren) est le terme populaire pour désigner
le prélude de l'acte III de l'opéra Die Walküre composé par Richard Wagner. C'est un des airs wagnériens les plus
populaires ; il est fréquemment repris dans le cinéma et la publicité et a été utilisé par le parti nazi à des fins de
propagande. Il n'est pas rare aujourd'hui que cet air soit joué en concert, indépendamment de l'opéra dont il est issu.
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Récupération nazie Un groupe d'assaut allemand aurait joué la chevauchée sur ondes courtes avant de lancer les
offensives de la Seconde Guerre mondiale. Cette anecdote est rapportée dans Le Soldat oublié de Guy Sajer. Elle
fut utilisée dans des films de propagandes nazies, notamment la série Die Deutsche Wochenschau.
La Tétralogie est composée de quatre opéras : L'or du Rhin, Walkyrie, Siegfried et le crépuscule des dieux. L'or du
Rhin, prologue.
1. La Walkyrie. 1. Première journée La tétralogie est hors du temps. Que c'est-il passé depuis l'entrée des dieux au
Walhall. On ne peut que l'imaginer. Nous finissons par comprendre que Wotan a quitté le Walhall pour connaître des
aventures terrestres. Il s'agit pour lui de réaliser son rêve d'un héros libre, capable d'accomplir l'acte rédempteur : la
reconquête de l'anneau, qu'il ne peut entreprendre lui-même. Le Walhall servira de caserne à une armée de héros
devant permettre aux dieux de maintenir leur suprématie au sein d'un monde où se multiplient les espèces. Les
Walkyries, filles de Wotan et de mère inconnue, sauf Brünnhilde, fille de Erda (5), sont justement chargées de
recruter cette armée. La méthode est simple : exciter les hommes afin qu'ils s'affrontent ; parcourir les champs de
batailles, récupérer les héros morts au combat, et les conduire au Walhall où ils sont recyclés. Ainsi Wotan ( ou
plutôt Wagner ) transforme-t-il le Walhall paradis des guerriers courageux, en centre de recrutement. Mais se
protéger de qui ? De quoi ? D'Albérich bien sûr, l'éternel ennemi, qui pourtant n'est plus à craindre depuis qu'il a été
dépossédé de l'anneau. Wotan, cependant n'a guère confiance en la garde de Fafner, et Wotan craint (ou feint de
craindre) une astuce du Nibelung lui permettant de reconquérir l'anneau ; car cette fois-ci c'en serait fait des dieux.
Neuf Walkyries, mais seule Brünnhilde est chère au coeur du dieu ; pour elle seule il est un père véritable. Cette
présence ne peut cependant apaiser son tourment. Car on s'en rendra vite compte, la crainte d'Albérich n'est qu'un
faux-semblant. Wotan rêve d'une nouvelle liberté, et d'un savoir nouveau. Il a cru enfermer l'essentiel dans les
murailles du Walhall, mais ce qui compte pour lui, est resté à l'extérieur. Le dieu décide alors de parcourir la terre,
devient loup, crée la race des Walsüngen, et donne naissance au couple de jumeaux, Siegmund et Sieglinde.
Siegmund doit être le héros, libre de tout pacte, peut sans craindre la malédiction, reconquérir l'anneau. Car tel est à
ce moment le projet de Wotan Mais au cours d'une randonnée en compagnie de Siegmund Wotan retrouve son foyer
détruit, la mère des jumeaux tuée, Sieglinde disparue. Siegmund abandonné par son père, erre, poursuivi par le clan
de ses ennemis. C'est alors que s'ouvre le premier acte.
Les huit autres Walkyries sont peut-être aussi fille de Erda, mais cela reste douteux. 1.1.5. Acte I 1.1 5.1.1. Scène 1
Un orage éclate, Siegmund harassé, entre dans la demeure qui se dresse devant lui. C'est la demeure de Hunding,
menant la meute de ses poursuivants. Sieglinde l'accueille, le soigne ; le désaltère.
1.1.5.2.2. Scène 2 Arrivée de Hunding. Le récit de Siegmund lui fait comprendre qu'il a devant lui celui qu'il
poursuivait, mais respectueux des règles d'hospitalité, il provoque en combat Siegmund pour le lendemain : «
Demain, fils-de-loup, je te trouve. Tu m'as bien compris"
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1.1.5.3.3. Scène 3 Siegmund reste seul. Tout à coup, alors que celui-ci rêve à l'épée promise « pour l'instant du pire
danger », un éclair illumine la pièce provenant du frêne qui soutient la maison de Hunding. C'est alors l'arrivée de
Sieglinde : « D'un lourd sommeil dort Hunding. J'ai fait ce qu'il faut pour cela ». Puis elle révèle à Siegmund
l'existence d'une arme « au plus fort destinée ». L'éclair de lumière provenait de l'épée plantée dans le tronc du frêne
par Wotan lui-même. Dans un moment d'extraordinaire exaltation, Siegmund reconnaît sa propre soeur, arrache
l'épée du tronc, et s'unit à Sieglinde.
1.1.6.1. Acte II 1.1. 6.1.1. Scène 1 Wotan exhorte Brünnhilde à se préparer au combat qui s'annonce. Elle doit
donner la victoire au Walsüng et abandonner Hunding dont il ne veut pas au Walhall. Mais Fricka s'approche et
réclame au dieu la victoire pour Hunding ; elle a pour cela une double raison : venger son propre honneur, puisque
les jumeaux sont enfants illégitimes de Wotan, et qui plus est, incestueux, faire respecter les liens sacrés du
mariage. Fricka n'aura aucune peine pour venir à bout de la volonté de son époux. D'un côté, la part du rêve avec le
Walsüng : l'aventure libre, à la recherche d'un destin qui échappe aux arcanes d'un monde transcendant, de l'autre,
le choix d'un monde figé par une loi inflexible, mais grâce à cela pouvant perdurer éternellement. Wotan cède, en
quelque sorte, à la raison d'état. Il accepte les exigences de Fricka : que Siegmund meurt, et que ce soit l'oeuvre de
la Walkyrie.
1.1.6.2.2. Scène 2 Scène capitale. Wotan se retrouve face à Brünnhilde comme devant sa propre conscience : «
Que reste éternellement / inexprimé / ce que le ne dis à personne. / Je me parle en te parlant ». Dans certaines
mises en scène, Wotan parle à sa propre image, soit renvoyée, par un miroir, soit par le bouclier de Brünnhilde.
Celle-ci à anticipé les paroles de son père, lui disant : « Tu parles à ta volonté / me disant ce que tu veux ; / qui
suis-je, / sinon ta volonté ? »
Brünnhilde renvoie à son père sa propre image, affirmant par là qu'elle n'est qu'un reflet du dieu, mais qu'elle se
protège aussi, derrière son bouclier du regard du dieu. Le bouclier reflète et sépare. Brünnhilde affirme être la
conscience de Wotan, mais pas de n'importe quelle conscience ; et nous allons la voir se libérer de la conscience
aliénée de Wotan, pour accéder à sa propre conscience qui est la vraie conscience du dieu.
Et Wotan donne libre cours à son trouble et à son désespoir. Il revient sur les circonstances de la malédiction qui
pèse sur lui : « J'ai touché l'anneau d'Albérich. / Avide, j'ai caressé l'or. / La malédiction que j'ai fuie / ne me fuit plus
maintenant. »
Il a rêvé d'un héros capable de racheter sa faute. Cette passion, il l'exprime sans retenu à Brünnhilde, qui peut-être,
déjà, commence à aimer celui dont elle sera mère et amante.
« Un seul pourrait / ce qui m'est interdit / un héros que jamais /je n'aurai aidé / qui, étranger au dieu, libre de toute
faveur / inconscient / sans ordre / de sa propre poussée / de sa propre arme / commettrait l'acte / que je dois
craindre, / que jamais ne lui conseillerais, / même si je le désire ». Mais à ce moment, déjà, le dieu pense-t-il
seulement à la reconquête de l'anneau ?
Wotan révèle à Brünnhilde sa grande crainte. Lui, le dieu a pu donner naissance à ce héros espéré, alors
qu'Albérich, en soumettant une femme « dont l'or força les faveurs », a donné naissance à l'antihéros dont il peut
tout craindre, « Une femme garde / le fruit de la haine / la force de l'envie... ». L'enfant qui va naître, est Hagen, celui
qui deviendra le meurtrier de Siegfried.
Le « sombre ennemi de l'amour conçoit un fils dans la haine », et lui le dieu, constate amèrement : « mais moi,
concevant dans l'amour, l'homme libre jamais je n'obtiens. »
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Puisque la loi mystérieuse qui transcende sa propre loi, semble préférer la haine à l'amour, Wotan abandonne : «
Soit donc béni par moi / fils du Nibelung / ce qui me fait vomir, / le t'en fais l'héritier, / la vaine splendeur des dieux : /
que ton envie avide l'a ronge. » Et Siegmund ? Wotan a triché. Il ne devait ni l'aider, ni lui communiquer ses désirs.
Or, qui a donné l'Epée, guidé le frère vers la soeur ; Siegmund doit trop au dieu, devant le tribunal que nul ne
connaît, dont les lois restent impénétrables, Wotan sait qu'il aurait tort.
Et la pauvre Brünnhilde, restant encore sous l'emprise du dieu, s'éloigne : « Que le poids / des armes me pèse /.../
Hélas mon Walsüng ! / Dans le pire malheur, infidèle, / la fidèle doit te quitter ». Ne croirait-on pas entendre la plainte
intérieure d'un juge soumit à l'autorité d'un état, condamnant le révolté, alors que sa conscience est de tout coeur
avec lui ? Sommes-nous loin de la réalité de notre justice, prenant, à contrecoeur, le parti des riches et des
puissants.
1.1.6.3.3. Scène 3 Nous retrouvons un court instant les jumeaux fuyant la maison de Hunding. Sieglinde délire,
pressentant la défaite de Siegmund : « Tu tombes / en morceaux ton épée éclate / le frêne s'écroule / le tronc se
brise / Frère ! Mon frère ! / Siegmund...ah ! ». Et elle tombe sans connaissance dans les bras de Siegmund.
1.1.6.4.4. Scène 4 Aimer, c'est avoir quelque chose pour qui mourir (Sénèque) Brünnhilde apparaît au regard de
Siegmund : « Je n'apparais qu'à ceux / que la mort attend : / celui qui me voit / quitte la flamme de la vie ». Ainsi la
Walkyrie annonce-t-elle à Siegmund qu'il va mourir au combat, et accéder au Walhall, mais... sans Sieglinde.
Siegmund rappelle la puissance de l'épée. Wotan ne l'a-t-il pas forgée pour lui ? Brünnhilde lui révèle la triste vérité :
« Celui qui la fit / te voue, depuis à la mort : / il prive l'épée de sa force ». Siegmund éclate : « Cette épée, -/ que d'un
imposteur je reçus : / cette épée -/ qui dans le combat me trahit : -/impuissante devant l'ennemi, / qu'elle se retourne
donc vers l'ami ! / Deux vies s'offrent à toi : prends-les Notung, / fer très jaloux ! / Prends-les d'un seul coup ! » Alors
Brünnhilde craque, oubliant l'obéissance au dieu, le respect de la loi, elle promet à Siegmund d'être avec lui dans le
combat. Triomphe éphémère de la passion sur le devoir.
1.1.6.5.5. Scène 5 Hunding approche. Le combat s'engage. Siegmund va frapper son adversaire ; mais Wotan veille,
voyant Siegmund sur le point de l'emporter, comprenant la trahison de Brünnhilde, le dieu interpose sa lance, l'épée
est brisée, Siegmund désarmé est tué par Hunding. Silence ; puis Wotan à l'adresse de Hunding : « Va-t-en, valet ! /
A genoux devant Fricka : / dis-lui que la lance de Wotan /a vengé l'affront qu'elle souffrit.-/ Va !- Va ! » Et Hunding, à
son tour, tombe mort. Brünnhilde a soulevé Sieglinde, l'emmène sur son cheval, après avoir ramassé les morceaux
de l'épée. Sortant de sa torpeur, Wotan, furieux, se lance à la poursuite de la fuyarde.
1.1.7. 2. Acte III 1.1.7.1.1. Scène 1 C'est la Chevauchée des Walkyries. Les vierges guerrières se rassemblent au
sommet d'une montagne rocheuse. A leur selle pendent des guerriers morts. Cette chevauchée est ponctuée de cris
joyeux. Brünnhilde tarde ; lorsqu'elle arrive enfin, ce n'est pas un héros mort qu'elle porte à sa selle. Elle implore la
protection de ses soeurs qui se dérobent tour à tour ; tous craignent la colère du dieu. Désespérée, Sieglinde
demande à Brünnhilde de mettre fin à sa vie de douleurs : « Ton épée, enfonce-la dans mon coeur. » Brünnhilde lui
répond : « Vis, femme, / au nom de l'amour ! / sauve le gage / que de lui tu reçus : / un Walsüng grandit dans ton
sein ». Alors Sieglinde : « Sauve -moi, audacieuse ! / Sauve mon enfant ! / Protégez-moi les filles, de tout votre
pouvoir ». Wotan approche, Brünnhilde donne son cheval à Sieglinde ; elle attendra le dieu, s'offrant « aux coups de
Wotan : / dans sa colère / je le retarde / tandis que tu fuis sa fureur ». Le duo qui suit est l'un des sommets de la
Tétralogie, Brünnhilde chante sur le thème de Siegfried. « ...Car sache une chose / et penses-y toujours : / du monde
le plus sublime héros, tu gardes, femme, / en ton sein protecteur ! -/Conserve-lui les morceaux de l'épée ; / j'ai pu les
ravir au combat : / celui qui, un jour, / brandira l'épée reforgée, / qu'il prenne son nom de moi / que "Siegfried" soit
victorieux ». Puis Sieglinde, sur le thème de l'amour rédempteur, que nous ne retrouverons qu'à la fin du Crépuscule
des Dieux : « Sublime miracle ! / Fille splendide, / c'est à toi que je dois / consolation ! / Pour celui qu'on aima, / le
plus cher je sauve : / que tu sois un jour, / remerciée pour ma joie ! / Adieu donc ! / Que mes douleurs te bénissent. »
Sieglinde disparaît au moment où surgit Wotan : « Arrête ! Brünnhilde... ». Et la fière Walkyrie n'est plus qu'une
enfant apeurée se dissimulant désespérément derrière ses soeurs.
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1. 1. 7. 2. 2. Scène 2 Wotan, qu'on a vu successivement, veule devant Fricka, désespéré devant Brünnhilde, avant
de se reprendre, redevient le chef impitoyable, exigeant de ses « soldats », non seulement le courage et
l'abnégation, mais l'absence, en leur conscience de toute forme de sentiment ; s'adressant aux Walkyries tentant de
plaider la cause de leur soeur, le dieu les accable : « Engeance lâches ! Femmes pusillanimes ! / C'est tout le
courage hérité de moi ? / Vous ai-je élevées / vaillantes guerrières, / vous ai-je forgées / des coeurs durs et
tranchants / pour geindre et pleurer maintenant / que ma colère punit l'infidèle ? Puis Wotan les chasse brutalement :
Allons, filez vite, / sans quoi malheur vous attend. »
1. 1. 7. 3 . 3. Scène 3 Wotan reste seul avec sa fille. Cette est probablement le sommet de la Tétralogie, et l'une des
plus belles pages de la musique de tous les temps. C'est à ce moment que le destin du dieu bascule. Au début de la
scène, Wotan semble bien décidé à abandonner Brünnhilde au destin des simples mortels, ce qui serait le
renoncement définitif du dieu à son grand projet, celui de laisser une chance à son héros de naître et de s'accomplir.
Mais Brünnhilde, c'est-à-dire la vraie conscience du dieu va triompher. Brünnhilde, enfermée dans son cercle de feu,
ne pourra plus être délivrée que par le seul Siegfried ; qui aura dû pour cela détruire la puissance du dieu. C'est
Wotan lui-même qui en a ainsi décidé : « Qui craint la pointe / de ma lance / ne traverse jamais le feu ! » ; paroles
accompagnées du thème de Siegfried. Revenons maintenant au déroulement de la scène. La décision du dieu
semble donc irrévocable, il prive Brünnhilde de son essence divine, et l'abandonne sur terre au premier qui en fera
son esclave vouant sa seconde fille au même sort que la première, Sieglinde.
L'argument de Brünnhilde est simple : je ne t'ai pas désobéi, car je n'ai fait qu'obéir à ta vraie volonté, celle qui te
commandait de donner la victoire à Siegmund ; c'est parce que je suis ta vraie volonté que j'ai agi ainsi. « Je savais
que tu aimais le Walsüng... ». C'est Fricka qui a fait agir un autre que toi-même. Et cela, Wotan ne le sait que trop !
Brünnhilde tente aussi d'émouvoir le dieu : « Je dus voir Siegmund. /Devant lui annonçant la mort, / je vis son regard,
/l'entendit parler ; / J'appris du héros la sainte détresse : /.../ Je ne pensais plus / qu'à le servir. / partager avec lui / la
victoire ou la mort ». Puis Brünnhilde fait de Wotan le vrai responsable de sa faute : « Confiante en celui / qui mit cet
amour / au fond de mon coeur / et en la volonté / qui m'associa au Walsüng, / je défiai tes ordres ». Wotan tient
encore, il accuse Brünnhilde de faiblesse : « Tu buvais, heureuse, / l'ivresse brûlante / de ton émotion /.../ Tu t'es
soumise / au pouvoir de l'amour / suis maintenant / celui que tu dois aimer ». Brünnhilde lui révèle (ou lui rappelle) la
future naissance de Siegfried, mais rien n'y fait, le dieu énonce la sentence : « Dans un sommeil profond / je
t'enferme : / qui te réveille, désarmée, / te prenne, éveillée, pour femme. » Brünnhilde devient alors véhémente : «
Protège l'endormie / d'une frayeur farouche, / pour que seul un héros sans peur, / très libre, / me trouve un jour / sur
le rocher ». La Walkyrie désigne clairement Siegfried, et le dieu résiste encore : « Par trop tu désires / trop de
faveurs ». Brünnhilde éclate : « Cela tu dois, / tu dois l'écouter ! / Brise ton enfant, / enlaçant tes genoux : / piétine qui
t'aime, détruit la vierge, / que ta lance efface / la trace de son corps : / mais ne la livre pas, cruel, /au plus effrayant
opprobre. Qu'à ton ordre / des flammes s'élèvent, / entourant le roc / d'un brasier ardent... » Et Wotan cède, il enlace
tendrement sa fille, alors que s'élève une musique sublime...Plus de Tétralogie, plus de dieu, plus de monde ;
l'expression de l'amour le plus pur, le plus puissant qui s'exalte au moment de la séparation nécessaire...et définitive
! Un père qui donne à sa fille son dernier baiser, qui voit briller ses yeux pour la dernière fois, qui pour la dernière fois
caresse ses cheveux, la dernière fois. Wotan frappe le sol de sa lance, invoquant Loge, le dieu du feu. Les flammes
entourent le rocher. Le sort de Wotan et des dieux est définitivement scellé. « Qui craint la pointe / de ma lance, / ne
travers jamais le feu ». Paroles achevant la scène, prononcées par Wotan sur le thème de Siegfried.
Voici l'utilisation de l'oeuvre de Wagner par la propagande nazie : http://www.clg-brassens-persan.ac-v...
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