Intérieur bois - Tondeur Editions

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Intérieur bois - Tondeur Editions
LE BOIS
Aujourd’hui, l’extrême diversité de matériaux
disponibles et leurs multiples applications
ouvrent un champ d’investigation très large
aux architectes, décorateurs ou toute autre
personne désireuse d’aménager son
logement. La pierre, la céramique, le béton,
le stratifié, les revêtements souples de toutes
natures mais aussi le métal, le verre voire le
plastique entrent en ligne de compte pour
concurrencer le bois dans tous les domaines,
y compris sur ses terrains de prédilection
traditionnels que sont le mobilier, les
menuiseries intérieures et les escaliers.
Parfois battu en brèche au nom d’une
certaine modernité ou de courants
architecturaux particuliers, le bois reste
toutefois une valeur sûre dans
l’aménagement intérieur. On peut le trouver
partout, dans un nombre d’applications plus
élevé que n’importe quel autre matériau. On
entrevoit même une tendance claire qui
indique un retour en force du bois, porté
notamment par le courant “écologique”, le
besoin de retour à la nature qui caractérise
aujourd’hui notre société. Mieux que tout
autre en effet, le bois symbolise ce lien étroit
qui unit l’homme à son environnement. Cette
tendance se traduit à la fois par une
augmentation de la construction de maisons
en bois, mais aussi par un regain d’intérêt
pour l’utilisation du bois dans
l’aménagement intérieur. C’est ce deuxième
aspect qui retient ici notre attention.
Intérieur bois
Depuis toujours, le bois a été abondamment utilisé dans la maison, tant pour son
ameublement que pour son aménagement et sa décoration. Jusqu’à une époque
relativement récente, il était même quasiment le seul matériau envisageable en
matière de meubles, tandis qu’il partageait le terrain avec d’autres pour
l’aménagement des sols, portes, escaliers et autres applications ou décors.
Un écobilan très favorable
Le bois peut se targuer de présenter un
écobilan, c’est-à-dire un impact
environnemental, des plus favorables. Ses
atouts en ce domaine sont considérables. En
effet, l’exploitation forestière se révèle
beaucoup moins polluante que l’extraction
des autres matériaux bruts. Le transport du
bois ne comporte pas de risque pour
l’environnement et est souvent limité grâce à
la relative proximité entre ses lieux de
production et de transformation. Celle-ci est
peu coûteuse en énergie tant le bois tel qu’il
est utilisé diffère peu du bois tel qu’il sort de
la forêt. On considère que la production du
bois de construction par exemple réclame
entre 10 et 50 fois moins d’énergie que l’acier
et, à performances égales, représente un coût
énergétique 5 fois inférieur à celui du béton.
La production du bois est en outre
entièrement sèche et contribue donc à une
gestion rationnelle des ressources en eau. Le
bois a un pouvoir isolant plus élevé que le
béton et surtout que l’acier ou l’aluminium ce
qui permet de substancielles économies en
terme de chauffage d’une habitation. Il est en
outre parfaitement biodégradable et
recyclable. Le bois possède encore d’autres
atouts qui lui sont propres sur le plan
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C’est parce qu’il est reconnu pour son
imputrescibilité et donc son insensibilité à
l’humidité que le bois de teck est
abondamment utilisé dans le monde marin.
Cette caractéristique en fait par conséquent
l’une des essences idéales pour un parquet
de salle de bains. Dans cette réalisation, les
lames en teck ont été teintées pour leur
conférer un aspect plus foncé que nature.
D’une épaisseur de 10 mm, ces lames ont été
posées à l’anglaise sur un sous-parquet. Le
parquet a ensuite été vitrifié au moyen d’un
vernis de type polyuréthane.
Réalisation : Home Design
environnemental : C’est l’un des rares
matériaux renouvelables à l’échelle humaine
et non pas géologique. C’est le seul matériau
qui fixe le CO2 atmosphérique responsable
entre autres de l’effet de serre. C’est enfin le
seul matériau dont l’élaboration est
productrice d’oxygène grâce à la
photosynthèse. Le fait d’exploiter les forêts et
donc de couper du bois n’est en rien
préjudiciable, pour autant que cette
exploitation soit rationnelle et correctement
gérée. En effet, la forêt est plus efficace
quand elle produit du bois. Dans le cas
contraire, les arbres vieillissent, meurent et se
décomposent sur place, restituant à
l’atmosphère le CO2 prélevé durant sa vie et
annulant ainsi le bilan.
D’un autre côté, le bois dégage une certaine
sensation de chaleur et crée un sentiment de
confort. L’exemple des maisons en bois est
frappant car des études ont constaté qu’une
famille vivant dans une maison en bois se
contente d’une température moyenne
inférieure (de l’ordre de 2 degrés) à celle
mesurée dans un autre type de construction
tout en éprouvant la même sensation de
chaleur.
Tous les atouts que nous venons d’évoquer
brièvement justifient et encouragent ce net
regain d’intérêt pour le bois, qui se traduit de
diverses manières à travers un grand nombre
d’applications. Analysons brièvement ces
différentes applications en mettant en
évidence les critères de choix et les essences
qui les caractérisent.
Parquets et planchers
Le bois est en Europe l’un des leaders en
matière de revêtements de sol. Du simple
plancher au plus luxueux parquet marqueté,
la parqueterie est probablement l’application
la plus en vue et la plus représentative dans
le cas du bois.
Au moment de faire son choix entre les
nombreuses essences de bois adaptées à la
réalisation d’un parquet, plusieurs critères
entrent en ligne de compte. La couleur et
l’aspect du bois (critères esthétiques) sont
les premiers éléments qui viennent à l’esprit.
Cependant, ils ne suffisent pas et d’autres
éléments doivent être pris en considération.
La destination de la pièce (séjour, chambre,
cuisine, salle de bain, local commercial) et
son degré de passage sont des éléments
déterminants. Ils conditionnent en effet la
prise en compte de deux caractéristiques
essentielles du bois pour son usage en
parquet : sa stabilité dimensionnelle et sa
dureté (critères techniques).
On considère en général que plus la masse
volumique d’un bois est élevée, plus il est
dur et résistant au poinçonnement et à
l’usure. Ce n’est pas pour autant qu’il faut
choisir systématiquement les essences les
plus dures, à savoir certains bois exotiques,
car leur prix est souvent à la mesure de leur
rareté et des coûts de leur transport. C’est
une des raisons pour lesquelles le chêne
demeure l’incontestable leader du marché
puisque c’est le bois indigène par excellence
en Europe et qu’il constitue un compromis
idéal en matière de critères esthétiques,
techniques et financiers. Les chiffres ne
trompent pas, ce sont bien les essences
locales qui l’emportent. Ainsi 58 % environ
des parquets en Europe sont en chêne. Le
hêtre, le frêne et le pin suivent à bonne
distance avec respectivement 10 %, 5 % et
0,5 %. Les bois exotiques, toutes essences
confondues, représentent ensemble environ
11 %. Néanmoins des spécificités régionales
Aménagée en mezzanine, cette vaste
chambre à coucher est habillée d’un
parquet en chêne massif. Il s’agit
précisément d’un plancher constitué de
lames larges (13 cm) et de longueurs diverses
(entre 60 et 220 cm). On a choisi le chêne en
classe Rustique A, caractérisée par la
présence de nœuds qui accentuent le
caractère naturel du bois. Cet effet naturel se
marie harmonieusement avec le style
contemporain de cet intérieur. Les planches,
d’une épaisseur de 14 mm, sont enduites
après la pose d’une huile blanche (Trip-Trap).
1.
apparaissent clairement en fonction des bois
disponibles dans chaque région. Ainsi en
France, le chêne (56 % des parquets) devance
le pin des Landes (15 %) et le châtaignier
(13 %); les autres essences claires comme le
hêtre, le frêne et l’érable totalisent environ 11
% tandis que les bois exotiques restent
cantonnés aux alentours de 5 %.
Le particularisme régional est donc toujours
bien ancré dans nos mentalités.
Il nous est impossible de détailler ici toutes
les essences adaptées aux parquets et leurs
différentes caractéristiques techniques et
esthétiques. Quoi qu’il en soit, il convient de
prendre le temps de la réflexion avant
d’arrêter son choix. Il est aussi souhaitable de
prendre conseil auprès d’un architecte ou
d’un fournisseur de parquet à propos des bois
qui répondront le mieux aux désirs exprimés
et aux exigences posées.
Murs et plafonds
Presque toutes les essences conviennent à ce
type d’application. Le choix dépendra dès lors
de considérations esthétiques et de la
disponibilité des bois dans les qualités et
dimensions désirées.
Le bois pour revêtements de murs et
plafonds, à savoir le lambris, doit cependant
répondre à plusieurs exigences, comme une
esthétique attrayante (couleur, grain, fil et
imperfections naturelles), une stabilité
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Outre le passage fréquent de l’aspirateur, ce
parquet nécessite un nettoyage régulier à
l’eau claire additionnée d’un savon adapté
(de type Trip-Trap) qui contribue à nourrir le
revêtement. Réalisation: SERRY
Cette maison est construite sur une
ossature en pin rouge, une essence
d’origine canadienne qui a fait son
apparition dans nos régions, en particulier
dans le Massif Central. C’est dans cette
région également que l’on trouve en
abondance le mélèze, une essence résineuse
2.
dimensionnelle élevée (mouvement moyen ou
réduit inférieur à 2,8 %), une certaine dureté
pour les revêtements de parois, une finition et
un entretien aisé de la face visible, et enfin un
clouage facile pour la pose.
Lorsque le bois est couvert d’une solution
couvrante, la couleur et la présence de
certaines imperfections seront moins
importantes.
Les essences les plus employées pour les
lambris sont le pin du Nord, l’épicéa, les
chênes d’Europe et d’Amérique, le
châtaignier, le western red cedar, le pin des
landes ainsi que quelques espèces tropicales.
Escaliers
Comme pour les autres applications, les
essences utilisées pour la fabrication d’un
escalier doivent répondre à un certain nombre
d’exigences : une résistance élevée à l’usure
est absolument indispensable et devra tenir
compte de l’intensité du trafic auquel sera
soumis l’escalier. On veillera également à
choisir un bois à structure homogène,
c’est-à-dire ne présentant pas de trop grandes
différences de densité, et ce afin d’assurer
une usure uniforme des marches.
Ce bois doit aussi être solide et rigide, deux
critères qui sont liés de près à la masse
volumique de l’essence. En effet, plus le bois
est lourd, plus il est dur et mieux il résiste aux
différentes contraintes. Le bois pour escalier
doit encore présenter une faible fissilité; c’est
1
2
3
4
locale utilisée ici pour tout l’habillage
intérieur (plancher, bardage…). Seul le
mobilier de cuisine échappe à la règle. Il est
fabriqué en bois de hêtre. Toutes ces
boiseries intérieures, installées par le
propriétaire lui-même, bénéficient d’une
finition huilée incolore qui conserve leurs
teintes naturelles.
Architecte: Luc Labat
dont la finition mate, à base de cire teintée,
crée une ambiance feutrée et apaisante, très
indiquée notamment pour les chambres
d’enfant. Il ne doit pas y craindre les petits
incidents du quotidien car sa surface résiste à
l’eau et aux taches domestiques. Les lames
(250 x 105 x 14 mm) se posent rapidement
grâce à un système de clips et de languettes.
Gamme "Koala" de Silverwood
Agrémenté de couleurs pastel aux
tendances actuelles, ce lambris est
constitué de lames rabotées en sapin du nord
4.
3.
à ce titre d’ailleurs que l’on arrondit
généralement le nez des marches afin d’éviter
les esquilles. D’autres critères entrent encore
en ligne de compte comme une rétractabilité
faible, une bonne aptitude à l’usinage et à la
finition, une disponibilité en pièces de
dimensions adaptées et, bien sûr, une teinte
et un aspect attrayant. Les espèces qui
répondent le mieux à ces exigences sont le
chêne d’Europe, l’érable d’Amérique, le frêne,
le hêtre, le pin, l’Oregon pine, le pin Douglas,
le southern yellow pine, et nombre
d’essences tropicales parmi lesquelles
l’afrormosia, l’afzelia, l’azobé, l’iroko, le
merbau, le moabi, le panga-panga, le red
balau, le sucupira, la tatajuba et le wengé.
Portes
En matière de portes d’intérieur, le bois reste
de très loin le matériau le plus employé.
De la belle porte sculptée ou moulurée en
chêne massif jusqu’aux solutions en MDF, en
couleur naturelle, teintée ou peinte, avec ou
sans vitrage, le choix est ici très vaste. Il est
important que l’essence utilisée soit stable
car la porte, une fois placée, ne tolère
quasiment aucune déformation, d’où
l’utilisation intensive du chêne d’Europe
réputé pour sa très grande stabilité. D’autres
bois, moins onéreux ou plus décoratifs sont
régulièrement utilisés également comme le
hêtre, l’épicéa, le pin, le méranti, le merbau,
le noyer, le western red cedar…
Le bois est particulièrement présent dans
cet intérieur contemporain très raffiné. Au
niveau du sol , il se décline sous la forme
Mobilier et décoration
En matière de mobilier et de menuiserie
d’intérieur à vocation décorative l’accent est
plutôt mis sur l’esthétique du bois. On
retrouve alors dans ce registre tous les bois
classiques (chêne, hêtre, érable, pin), mais
aussi la palette extrêmement large de bois
d’ébénisterie, de marqueterie et de placage
comme l’acajou, l’amarante, l’afrormosia,
l’ébène, le merbau, le merisier, le noyer, le
padouk, le palissandre, le teck, le wengé, le
zébrano et quantité d’autres moins connus.
En dehors du mobilier qu’il est inutile de
détailler ici, les éléments décoratifs fabriqués
en bois peuvent être nombreux et
extrêmement diversifiés. Cela va de la
cheminée au cache-radiateur, jusqu’à
l’applique d’interrupteur, sans oublier les
traditionnels plinthes et quarts de ronds
ornant les murs.
Le bois dans la salle de bains :
un cas particulier
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le
bois est parfaitement adéquat dans la salle
de bains – son application dans les saunas en
est la preuve – à condition bien sûr de choisir
une essence adaptée et de respecter
certaines règles. Le bois le plus exposé dans
le cas d’une salle de bains est celui du
revêtement de sol. La règle essentielle
consiste à éviter à tout prix l’infiltration de
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d’un parquet en chêne, dans une pose dite à
l’anglaise. La paroi murale et les armoires
sont quant à elles ornées d’un placage en
zébrano, collé sur une base en MDF (8 mm).
Le zébrano est une essence de bois africaine
(Cameroun, Guinée, Gabon) utilisée en
marqueterie et ébénisterie. Cette essence se
caractérise par un fond jaune rayé de veines
brunes sombres très marquées qui lui
donnent un dessin zébré. Ce placage en
zébrano bénéficie d’une finition au vernis
mat. Architecte d’intérieur: F. De Smet
Réalisation armoires: Reynders
l’eau (humidité ambiante, éclaboussure) à
travers les joints du parquet et sa stagnation
sous les lames. Cette humidité constante aura
une influence néfaste sur le gonflement et le
retrait du bois et donc sur sa stabilité
dimensionnelle avec risque de dégâts
irréversibles. On peut éviter toute infiltration
en fixant le bois sur la chape avec une couche
épaisse et continue de colle époxy en prenant
soin néanmoins de ménager un joint de
dilatation suffisamment large sur le pourtour
de la pièce. Pour que l’eau ne pénètre pas par
là, on veillera à poser une plinthe scellée par
un joint de silicone.
Pour ce qui est de l’essence, on privilégiera
les bois exotiques très durs et réputés
imputrescibles comme le padouk et surtout le
teck par exemple. On peut néanmoins utiliser
des espèces plus tendres comme le
californian redwood ou le western red cedar à
condition d’y appliquer un film de vernis
imperméable et de le renouveler
régulièrement.
Où trouver des informations très complètes
sur le bois, ses applications, ses essences :
En France : le Comité National pour le
Développement du Bois (CNDB) et le Centre
Technique du Bois et de l’Ameublement
(CTBA) ont un site commun (www.boisconstruction.org).
En Belgique : a.s.b.l. BOIS – Centre
Interfédéral d’Information sur le Bois
(www.bois.be)