AB5 - Clips
Transcription
AB5 - Clips
Ref (AB5) - Les illustrations et animations périphériques (pub etc.) des pages web : gêne ou non ? Mots clés : conception de page web ; illustrations périphériques. Fiche rédigée par André Bisseret Position du problème Sur de nombreuses pages web on trouve, à côté des informations principales, des logos, bandeaux, des photos, des dessins, animées ou statiques etc. et n’ayant souvent qu’un rapport lointain avec le sujet de la page. Un exemple courant est la publicité ajoutée sur les pages de certains sites. Ces ajouts non nécessaires (pour l’usager) distraient-ils le lecteur de sa tâche principale d’extraction d’information ? Les résultats Des expériences de Zhang (1999), cité par Diaper et Waelend (2000) ont démontré que des images animées, non pertinentes à la tâche, pouvaient avoir un effet négatif sur l’activité de recherche d’information d’usagers du web. Nous détaillons les résultats de Diaper et Waelend (2000) qui relativisent l’importance des résultats de Zhang pour la pratique. Ils font remarquer que Zhang utilise une tâche de laboratoire classique : les sujets doivent chercher une suite de caractères sans signification (non-mots) parmi un ensemble d’autres non-mots. ; ou encore un mot parmi un bloc de mots au hasard. Sur de telles tâches, Zhang démontre un effet distractif d’images, particulièrement si elles sont relativement grandes, animées, brillantes et apparaissent irrégulièrement dans le temps. Diaper et Waelend vont éprouver ces résultats dans une tâche plus écologique de recherche d’informations Ces auteurs présentent une série de pages web à 12 sujets. Chaque écran contient un bloc de texte et les sujets doivent trouver dans le texte la réponse à une question (inscrite en haut de l’écran). Relativement au texte il y a deux conditions : textes courts (66 mots) et textes longs (221 mots). Des images peuvent être présentées ; elles n’ont qu’un rapport très lointain avec le texte. Elles donnent lieu à trois conditions : avec images fixes ; avec images animées et sans image. Le temps pour trouver la réponse à la question est la principale mesure. De plus, après la tâche, les sujets jugent la complexité relative de chacune des 12 pages : on leur demande de regarder très vite la page et aussitôt d’évaluer sa complexité en faisant une marque sur un segment dont les extrémités sont étiquetées : « simple » à gauche et « complexe » à droite. Ils répondent enfin à un questionnaire. Du fait que l’épreuve de jugement de complexité suivait la tâche de réponse aux questions sur les mêmes pages, il pouvait y avoir un effet de celle-ci sur celle-là. Aussi l’épreuve de jugement de complexité a-t-elle été répliquée en une nouvelle expérience, avec 12 autres sujets. NovaFiche n°0 1 Eté 2001 Précisons que les sujets étaient familiers de l’usage du web ; en moyenne ils l’utilisaient depuis 4 ans. Les temps de réponses : − Les temps de réponse aux questions sont beaucoup plus longs avec les textes longs qu’avec les textes courts. − Il n’y a aucun effet significatif des images (fixes ou animées) sur le temps de réponse, que ce soit sur texte court ou texte long. Les jugements de complexité L’analyse de ces jugements montre que l’impression immédiate de complexité des pages web est due avant tout à la longueur du texte (texte long vs. texte court), plutôt qu’à la présence de graphiques. Secondairement, les images animées (pas les fixes) augmentent la complexité perçue. Cet effet n’est significatif que pour les textes courts. Ceci est homogène avec l’hypothèse de Zhang que plus la tâche principale de prise d’information est facile, plus l’effet de distraction de graphiques sera fort. Les réponses aux questionnaires Les réponses indiquent qu’en général, les sujets étaient conscients de la présence d’images non pertinentes ; qu’ils trouvent qu’elles pourraient distraire leur attention, en particulier celles qui sont animées, mais qu’ils pensaient qu’ils pouvaient les ignorer, qu’elles soient animées ou non, pendant qu’ils recherchaient l’information dans le texte. Ainsi, dans ce cas, l’opinion des sujets correspond à leur performance réelle : tant les jugements d’impression immédiate de complexité que les réponses aux questionnaires sont en accord avec la performance mesurée (temps) de recherche d’information. Une remarque d’intérêt général pour les praticiens Les auteurs concluent que leurs résultats ne contredisent pas ceux de Zhang : « Étant donné la nature de l’esprit humain, si l’on utilise des expériences de laboratoire bien planifiées, avec des mesures très sensibles (par exemple avec un très grand nombre d’essais), alors il est inévitable que l’on trouve des différences d’effet entre des stimuli différents. Cependant nos résultats indiquent que pour des pages web réelles, avec des usagers habitués du web, travaillant comme à l’habitude, les effets de distraction d’images, animées ou statiques, sont trop faibles pour inquiéter les concepteurs de pages web ». Recommandations À condition de rester raisonnable, on peut ajouter aux pages web quelques images indépendantes du texte informatif, qu’elles soient animées, ou non. Elles n’affecteront pas de façon sensible la facilité avec laquelle l’utilisateur trouvera l’information qu’il cherche (et dont il a besoin) dans la partie principale de la page web. Un utilisateur habitué et ayant un objectif précis est capable d’ignorer les informations inutiles. Ceci n’est pas valable dans deux cas : − lors des toutes premières expériences d’une personne sur le web ; − pour tout utilisateur, dans le cas où il « surfe » simplement, sans chercher une information précise particulière. NovaFiche n°0 2 Eté 2001 La restriction « À condition de rester raisonnable » est essentielle car il est sûrement possible de concevoir des pages web avec des éléments périphériques qui gênent la tâche principale. Certaines premières pages de sites commerciaux en sont des exemples, bardées d’images, d’animations en boucles et autres textes qui se déplacent ! Heureusement, le plus souvent, les pages suivantes du site ne continuent pas dans cette voie. Références bibliographiques Note : les références en gras sont les textes principaux à partir desquels cette fiche a été rédigée. Diaper, D. and Waelend, P. (2000). World Wide Web working whilst ignoring graphics: good news for web page designers. Interacting with Computers, 13, 163-181. Zhang, P. (1999). Will you use animation on your web pages? In : Sudweeks, F., Romm, C.T. (Eds.). Doing Business on the Internet: Opportunities and Pitfalls, Springer, Berlin, pp. 35-51. NovaFiche n°0 3 Eté 2001