Faire du sport dans le froid
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Faire du sport dans le froid
santé Faire du sport dans le froid Quelques conseils pour continuer à pratiquer en plein air malgré les frimas. L Philippe Brenot 'hiver est là, et le thermomètre indique des températures qui décourageraient plus d'un sportif. Mais fautil pour autant renoncer à pratiquer ses activités préférées sous prétexte qu'elles se déroulent à l'extérieur ? Pas du tout, car l'organisme humain sait s'adapter naturellement au froid. Il suffit de prendre quelques précautions pour que le sport de plein air reste un plaisir, même en hiver. Premières victimes du temps hivernal, les doigts, les orteils et le bout du nez... car le froid s'attaque d'abord aux extrémités. Le refroidissement a pour conséquences de faire fortement chuter le débit sanguin dans ces zones. On parle de «vasoconstriction » car le diamètre des vaisseaux sanguins diminue. Certes, les sensations d'engourdissement et de picotement qui en découlent sont désagréables, mais il s'agit pour l'organisme de limiter la perte de chaleur. En effet, si le sang « chaud » continuait à irriguer normalement ces zones « froides », cela accélérerait le refroidissement de l'ensemble du corps. Ainsi en « sacrifiant » ses extrémités, l'organisme se préserve. Il est donc indispensable d'utiliser des gants, un bonnet, des chaussettes et des chaussures isolantes. Car si le froid persiste trop longtemps, les cellules de la peau seront détruites et des engelures peuvent apparaître. En principe, ces plaques rouges qui démangent sont sans danger et disparaissent après quelques semaines. Mais parfois cela peut devenir des cloques qui dégénèrent en ulcères si on ne les soigne pas. PÉPINS MUSCULAIRES ET SINUSITES Les muscles des jambes et des bras ne sont pas non plus à l'abri du refroidissement. Les plus courageux qui continuent de s’en- UN THERMOSTAT DANS LE CERVEAU Il existe dans le cerveau une zone appelée hypothalamus, capable de jouer un rôle à la fois neurologique et hormonal. C'est là que se situe le principal centre de la thermorégulation. L'hypothalamus reçoit des renseignements sur la température extérieure par des capteurs biologiques installés notamment dans la peau. D'autres capteurs situés plus à l'intérieur de notre corps, plus précisément dans le sang (les récepteurs centraux) renseignent l'hypothalamus sur la température qui règne dans l'organisme. Tous ces renseignements (influx afférents) déclenchent des mécanismes appropriés capables de fabriquer de la chaleur (thermogenèse) ou de détruire de la chaleur (thermolyse). Bien entendu, l'ensemble de ces mécanismes se fait automatiquement, sans que nous soyons obligés d'intervenir de façon consciente : ce sont des réflexes. 8 Janvier-février 2006 en jeu une autre idée du sport n°395 traîner en extérieur à des températures passées sous la barre du zéro s'exposent au même phénomène de chute du débit sanguin que celui touchant les mains. Au début de l'effort, cela réduit inévitablement l'efficacité du geste. Une longue et méticuleuse phase d'échauffement est donc indispensable pour permettre à la thermogenèse (production de chaleur) de se mettre en place progressivement. Autre moment charnière, la fin de l'exercice. Le froid peut de nouveau « tomber » sur les muscles échauffés et la sensation sera d'autant plus violente si le corps est en sueur. L’hiver, couvrez-vous Souvent sous estimée, la transpiavant de sortir ! ration au niveau du front peut ainsi provoquer un refroidissement des sinus et donc déclencher des sinusites. C’est pourquoi il faut éviter les survêtements traditionnels en coton qui absorbent et retiennent la transpiration. Depuis quelques années, l'industrie du textile a mis au point des fibres plus performantes, dites imper-respirantes. Elles protègent de l'humidité extérieure tout en permettant d'évacuer la sueur. Enfin, il est indispensable de prévoir une tenue chaude à revêtir dès que l'entraînement est terminé. S’HYDRATER L'hydratation doit également s'adapter aux frimas de l'hiver. La logique voudrait que l'on consomme des boissons chaudes lorsqu'il fait froid et glacées dès que la température s'élève. Pourtant, il faut se méfier de ce genre de raisonnement. En effet, les centres régulateurs qui se trouvent dans le cerveau enclenchent une série de réactions compensatrices (sudation, frisson…) qui visent à restaurer l'état d'équilibre initial (voir encadré). Ainsi, un mécanisme exposé à des températures très basses et qui absorbe une boisson très chaude réagira par une production moindre de chaleur. Et inversement. Donc, si vous êtes en sueur et que vous voulez vous réchauffer, évitez de boire un thé ou un café brûlant. Attendez plutôt d'être rentré au chaud pour le faire. Et pendant l'entraînement, une boisson « ni chaude, ni froide » est encore le meilleur compromis. Enfin, l'autre croyance populaire selon laquelle « l'alcool réchauffe » est totalement erronée. Non seulement il participe au refroidissement mais encore, passé un court moment d'euphorie, il favorise le coup de pompe et l'hypoglycémie. Il est donc à proscrire dans toutes les situations d'effort. ● CAROLINE TOURBE