LE MAGAZINE LES EXPOSITIONS Hans Hartung
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LE MAGAZINE LES EXPOSITIONS Hans Hartung
10 DEC 10 Hebdomadaire Paris OJD : 33650 Surface approx. (cm²) : 1097 10 RUE DU FAUBOURG MONTMARTRE 75441 PARIS CEDEX 09 - 01 47 70 93 00 Page 1/3 LE MAGAZINE PARIS Hans Hartung estampes La récente donation de la fonda non Hartung Bergman au depar tement des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France a permis de réaliser cette exposition L'anthologie que présente la BnF met p e r t i n e m m e n t en abvme la gestuelle qui fascina Hartung toute sa vie « C'est ce plaisir qui me pousse laisser la trace de mon geste sur la toile ou le papier >, a t il confie au critique Charles Estienne, en 1952 Le trait figure de ses débuts, Ponrait de Franz Liszt, une gravure sur bois (1921), suivie de portraits réalises a I eau forte dont son Autopnrtrait (1928), est vite LES EXPOSITIONS a b a n d o n n e H a r t u n g avair des 1922 expérimente l'absttaction, comme l'évidence d un langage qu'il cherchait a légitimer Sa prédisposition au travail direct sur le papier explique son intérêt pour les techniques de la gravure et le recours aux états qui permet de faire évoluer le dessin Les quatre gra\ lires au burin, datées de 1938, travaillées avec des pointes et soumises aux oxydations, ont été réalisées chez Lacounère a Pans En 1946, renrre de la guerre, ampute de la jambe droite, il réalise ses premières lithographies sur les pierres de l'atelier Dcsjobert à partir de dessins datant d'avant la guerre C est à cette époque qu'il adopte les lettres G (gravure) L (lithographie), H (Holzschmtt, gravure sur bois) suivi d'un numéro De même pour ses autres œuvres D (dessin) Hans Hartung (1904 1989) L 1963 93 1963, lithographie imprimeur Erker Presse Saint Gall RMM 171 don de la fondation Hartung-Bergman (BnF Paris) BERES 6123736200507/CLA/ABA/2 PAR LYDIA HARAMBOURG P (œuvre sur papier), T (tableau) Son exposition chez Lydia Conti en 1947 le révèle au public A cette époque, il aborde la taille douce dont il diversifie les procèdes — verni mou, eau forte pointesèche, morsure directe, burin - qui adhèrent pleinement a l'expression lyrique de son abstraction Les spirales tourbillonnantes, les lignes noires épaisses sont en prise immédiate sur son émotion En introduisant dans l'accrochage des peintures er des dessins, l'exposition souligne la priorité du geste, indissociable d une méthode de travail qui lie dessin, gravure et peinture Les œuvres sur papier, qui ont toujours recouvert les murs de son atelier, constituent une reserve ou puiser des modèles Le tirage est une phase ultime Hartung pratique la lithographie chez Jean Pons en 1948 piemièies estampes en couleurs, d'après des dessins reportes sur zinc II revient en 1952 avec des lithographies faites avec des crayons, pinceaux et grattoirs et, en 1957, réalise \ingt-neuf autographies — dessins au crayon ou a la brosse sur papier, reportes sur pierre ou sur zinc En 1953, il a repris la gravure a l'atelier Lacounère II se heurte à la lenteur du travail et aux interruptions inhe rentes a la réalisation Aussi pour y pallier, il gratte les plaques de cuivre et du zinc dont il accumule les états pour «s'échauffer». Hartung est internationalement reconnu II est entre a la galerie de France En 1957, il s'est lemane avec Anna-Eva Bergman Une rétrospective itinérante en Allemagne réunit peintures, dessins et gravures À partir de 1958, il travaille dans un nouvel atelier, celui de Patris à Pans Désormais, il travaille directement sui la pierre Autour des années 1960, la couleur s'impose grâce a de nouveaux outils mis au service de son inspiration peintures et gravures se partagent ces innovations La pulvérisation par pistolet, qui permet de « souffler la couleur», développe les surfaces, et le grattage qui réduit les lignes. La conséquence sur la gravure est immédiate En témoignent les lithographies réalisées en 1962 chez Erker à Saint Gall avec lequel débute une longue collabo ration avec 236 estampes et Eléments de recherche : GALERIE BERES : galerie à Paris (7e), toutes citations 36 éditions Ses lithographies sont réalisées a partir de papiers autographiques dessines bien des années aupara\ ant, reportes sur des pierres lithographiques par l'irnpnmeui et tues a 75 exemplaues En 1963, Hartung réalise trente-cinq lithographies qu'il traite directement sur la pierre La liberté du trait incisif, en aplat ou module, est phénoménale Par la suite, ses colla borations avec Mourlot et Michel Casse à Pans poursuivent ce dialogue avec le papier En 1973, le couple s'installe dans la maison atelier d'Antibes Hartung pratique la gravure chez Crommelynck, travaille avec Adrien Maeght (Arte) pour des photo autographies — avec l'aerographe - tout en restant fidèle a Frker jusqu en 1975 II fait quelques tentatives de gravure au carborundum avec Goetz en 1976 et, deux ans plus tard, renoue avec la taille douce délaissée depuis 1973 II retourne chez Lacounere, qu il fréquentait dans les années 1950, repris par Jacques puis Robert Frclaut Gravures aux fils entrelaces dont le dépouillement est consécutif a son geste plus contiôle Comme dans ses peintures, il emploie ses couleurs de prédilection, le bleu le vert turquoise très clair, le jaune citron, le brun fonce presque noir, des couleurs puies et froides En 1984, il grave trois zmcographies en couleurs, les dernières des six cent cinquante estampes créées par Hartung • Bibliothèque nationale de France François M tterrand entrée Est quai François Mauriac XIIIe Jusqu au 16janvier2011 Catalogue Serge Férat première rétrospective Une exposition du peintre Serge Ferat reserve toujouis des surprises L'anthologie proposée par la galerie Berès tient ses promesses L'enchantement qui caractérise son art imprègne ses premiers dessins et peintures Des vues d'Italie, ou il se rend fréquemment des 1898, des scènes de genre d un grand rafK nement colore dans un synthetisme qui évoque Scurat avec Route bordée de cyprès De sonviai nom Serguei Nikolaevitch lastrebtsov, né a 10 DEC 10 Hebdomadaire Paris OJD : 33650 Surface approx. (cm²) : 1097 10 RUE DU FAUBOURG MONTMARTRE 75441 PARIS CEDEX 09 - 01 47 70 93 00 Page 2/3 Moscou il arrive a Paris entre 1902 et 1905 Par sa cousine la baronne Oettingen, mariée au peintre italien Ardengo Soffici, Serge Ferat est introduit dans le monde artistique et littéraire Son portrait de Picasso - ils sont ncs la même année en 1881 -, très ressemblant, réalise entre 1909 et 1910 évoque leur amitié naissante et I atelier de I Espagnol au Bateau Lavoir, < le laboratoire du cubisme Pour l'heure Ferat qui expose sous le pseudonyme de Roudnev n a pas rejoint le cubisme Encore sous l'in fluence de Maurice Denis et du Douanier Rousseau dont il acheté les tableaux, il fréquente I académie Julian, les cours de Marcel Bashet un grand prix de Rome auprès desquels il parfait son métier Des dessins de cette époque le montrent proche des recherches de Derain tandis qu une petite huile sur panneau Nature morte aux fruits ne cache pas sa dette envers Cézanne Et de faire le lien entre la leçon du maître d Aix et celle des cubistes Nature morte aux poires (1912 1913) Mais Ferat va se faire une place a part dans le mouvement en s ouvrant a un imaginaire < carnavalesque >, traduit Serge Ferat (1881 1958) Nature morte au compotier vers 1917 huile sur carton provenance Haba et Alban Roussot Pans (galerie Beres Paris) BERES 6123736200507/CLA/ABA/2 a partir de formes losangees aux subriles imbrications ou la ligne le plan et les volumes suggèrent un espace illusoire propice aux songes Une vision poétique du monde qui trouve un écho dans celui d Apollinaire L un recourt a la ligne et a la couleur, I autre aux mots pour une poésie \isuelle Emblématique est sa peinture Lacerba ( 19 L3 1914) exposée aux Indépendants et dont Apollinaire fait I éloge dans L Intransigeant L accumulation d objets et de signes cubistes se juxtapose pour une composition complexe très colorée rehaussée de lettres, de chiffres suggérant la troisième dimension avec le collage du titre de la revue Iacerba, a I exemple du cubisme synthétique exploitant les journaux Ferat affirme ainsi ses liens avec la revue futuriste de Florence et Les Soirées de Pans, revue qu il anime et édite sous la direction d Apollinaire Les symboles musi eaux abondent dans des scènes de cirque, ou les acteurs sont des Pierrots et des Arlequins ou des musiciens comme Personnage a la guitare L exposition présente un ensemble de gouaches d huiles sur papier d une grande qualité évoquant les enluminures Le langage de Ferat est une signature Dans les années 1920, il exploite une écriture pointilliste Parade (1921 1922) Arlequin et enfant (1926) Le caractère structurel du cubisme cède devant un plaisir narranf qui se livre dans ses oeuvres postérieures Des images bucoliques qui caractérisent les gouaches, et notamment celles préparatoires au décor des Mânes de la tour Eiffel (Au cirque] piece créée en 1921 sur des textes de Jean Cocteau Les liens de Serge Ferat avec le théâtre remontent a sa collaboration aux Mamelles de Tiresias de Guillaume Apollinaire (1918) dont I exposi non présente plusieurs exemplaires publies aux éditions SIC, certains rehausses a la gouache qu il destine a des amis Ils sont présentes accompagnes de la couverture ongi nale et des sept gouaches originales La première a eu lieu en 1917dans des décors et costumes de Ferat - c est Apollinaire qui lui aurait trouve son nom En 1949, il réalise une planche hrhographique pour l'ou\rage Poésie de mots inconnus Eléments de recherche : GALERIE BERES : galerie à Paris (7e), toutes citations 10 DEC 10 Hebdomadaire Paris OJD : 33650 Surface approx. (cm²) : 1097 10 RUE DU FAUBOURG MONTMARTRE 75441 PARIS CEDEX 09 - 01 47 70 93 00 Page 3/3 entouré de nombreux artistes Poésie toujours chez celui qui rêvait d'un univers enchanteur Peintre, mécène, acteur d'une avant-garde parisienne, Férat participait chaque année aux Salons. Dilettante fortuné, il n'a jamais cherché à vendre. Ruiné à la fin des années 1920 lors de la révolution russe, Férat meurt dans la misère en 1958 ces strates et sédiments accumulés par la reprise des assauts du pinceau, ces pigments sensuels sont posés et triturés pour unir la nuit au jour De petits formats, les peintures d Anne Manoli sont des fragments d'univers qui convoquent notre fragilité face aux métamoiphoses de la nature Nous y lisons nos blessures comme nos déchirures. • Galerie Beres 25 quai Voltaire, VII" Jusqu'au 15 janvier 2011 Catalogue • Anne Manoli verts presque tendres Les peintures récentes d'Anne Manoli confirment ses qualités d'ar uste sensible à la matière. Au premier abord, la toile est peu lisible et garde son secret. Il faut concentrer son regard, pénétrer les couches picturales travaillées dans des gammes froides - des verts et des bruns relevées de blancs lumineux piqués d'ocré jaune De ce magma émergent un paysage marin, un marécage aux eaux troubles, des falaises balayées par la tempête ou bien estce simplement le mirage provoqué par un imaginaire pris dans les rets de la pure peinture ? Ni abstraite, ni figurative, elle oscille entre les genres pour ne conserver que sa réalité. Entre végétal et minéral, la peinture impose son rythme dans le temps qui est le sien. Le corps de la peinture s'enracine dans cette ambivalence où le chaos est l'envers de la genèse Chair de la peinture, Galerie Guigon 39, rue de Charenton, XIIe Jusqu'au 18 décembre Catalogue MARSEILLE (13) Jacques Hérold et le surréalisme Marseille célèbre le centenaire du peintre Jacques Hérold qui s'y était réfugié en 1940 en compagnie de Breton, Jacqueline Lamba, Brauner, Dominguez, Max Ernst, Lam et Masson, lors de l'exil des intellectuels dans le sud de la France en attente de visas pour les Etats-Unis Comme beaucoup d'entre eux, Hérold n'obtiendra pas de visa en 1941 et restera à Marseille jusqu'en 1943. Pendant cette lésidence foicée il fréquente la villa Bel Air er joue avec ses amis surréalistes II réalise ensemble Le Jeu de carte* de Marseille (1940), dont deux jeux, Lamiel et Sade, et s'adonne en leur compagnie au dessin pour des Cadavres exquis expérimentés dès 1933 avec Brauner, Tanguy et Breton et dont certains sont conservés au musée Cantmi Anne Manoli (née en 1961), Sans titre, 2010, huile sur toile (galerie Guigon, Paris) BERES 6123736200507/CLA/ABA/2 Jacques Hérold (1910 1987), Les Têtes, 1939, huile sur toile dépôt du MNAM Centre Pompidou musée Cantini, Marseille (musée Cantmi, Marseille). Tout en rappelant ces années, l'exposition redonne sa place à celui que l'on surnommait « le funambule du surréalisme » et déploie ses œuvres sur un parcours de près d'un demisiècle. Arrivé à Paris en 1930, il adhère au groupe surréaliste en 1934, dominé par Max Ernst et Dali Ses racines roumaines le prédisposent au fantastique Hérold développe une rhématique centrée sur le cristal : Crystal amoureux (1934) et sur celle des insectes et animaux hybrides : Lumen (1936) La dimension poétique imprègne toute sa pensée et sa peinture en est le miroir comme la réponse De Germe de la. nuit (1937) à L'air s'adoucit (1957), Hérold tend à la pétrification avant de forcer I objet et les personnages par son regard qui nous donne à voir l'intérieur. Ce qu'il développera dans son Maltraite de peinture, publie en 1957 « II faut que les objets peints, pour être réels, soient déchiquetés et parce que le vent les traverse, les flagelle et qu'il aide à leur déchirure, il faut peindre le vent » Le ventre du Grand Transparent (1946) au miroir déformant, sculpture destinée à Marcel Duchamp et André Breton, révèle les forces liées les unes aux autres à l'intérieur d'un corps. A l'origine de ces figures prismatiques et polyédriques ouvertes sur le mystère de L'Amour trouble (1944), le monde minéral se transpose dans un univers fait de petites facettes dont les imbrications variées expriment leurs relations La dimension onirique prévaut avec Les Tètes, Les Artères végétales (1939) jusqu'à Eléments de recherche : GALERIE BERES : galerie à Paris (7e), toutes citations celle mediummque expérimentée au cours de ses séjours à Lacoste, à partir de 1942. La proximité du château de Sade, au pied duquel l'aurait conduit un aigle, lui inspire des peintures chargées de symboles : La Liseuse d'aigle (1942). L'espace se resserre à la façon des fils de trame ' et de chaîne d'une tapissene letenant prisonniers les personnages dans le piège tissé. Progressivement, les formes végétales et organiques éclatent pour se reconstituer dans un frémissement de pétales, de pelures, de plumes tournoyantes, éparpillées, comme suspendues dans un air plus dense, épousant ses désirs et ses rêves. En 1947, lors de l'Exposition internationale du surréalisme, les œuvres de Hérold sont consacrées II est invité à toutes les expositions surréalistes à l'étranger De son vivant, deux expositions lui rendent hommage en France, en 1958 au musée d'Art moderne de la Ville de Paris et en 1972 à l'abbaye de Royaumont • Musée Cantmi 19 rue Grignan 13006Marseille Jusquau I7janvier2011 Catalogue