1642 CINQ-MARS

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1642 CINQ-MARS
1642
CINQ-MARS
Richelieu a remarqué très tôt Henri Coiffier, dit Ruzzé d’Effiat de Cinq-
Mars, et s’arrangea si bien que Louis XIII, qui, tout d’abord, détestait son jeune
officier, le prit brusquement en grandissime affection.
Cinq-Mars gravit quatre à quatre les échelons de la faveur, il est nommé
maître de la garde-robe, puis grand officier de la couronne et en 1639 à la
dignité de grand écuyer de France.
Mais il ne supportait plus l’autoritarisme
du cardinal, ni l’affection
débordante dur roi.
Cinq-Mars s’allia avec Monsieur le duc d’Orléans, frère du roi, ainsi
qu’avec le duc de Bouillon ; ils projetèrent de faire la paix avec l’Espagne afin
d’écarter le cardinal tenu pour responsable de la guerre.
Richelieu, dont la police était omniprésente, ne perdait pas un geste du
moindre de ses ennemis. Cinq-Mars et de Thou adhérèrent au traité secret,
négocié par Fontrailles, et conclu par le comte-duc de San-Lucar, ministre
d’Espagne, entre le Roi son maître et Gaston d’Orléans, éternel conspirateur
En 1642, le cardinal organise l’expédition du Roussillon pour surveiller
la frontière espagnole. Le roi descend vers Narbonne où Cinq-Mars le rejoint.
Richelieu conquiert une copie du traité, il avertit Louis XIII qui se récrie tout
d’abord et défend mollement son ancien cher ami. Le 29 août, Gaston,
interrogé, fait des aveux complets et charge lâchement les deux jeunes gens.
Le roi donne l’ordre d’arrêter Cinq-Mars et l’abandonne à Richelieu pour
qu’il fasse justice, ce qui arrange ce dernier qui porte rancune à
l’égard du
marquis.
Le duc de Bouillon, arrêté et incarcéré à Lyon charge également le
Relation de Frontrailles, collection Michaud-Poujoulat,p.266
1642
CINQ-MARS
favori.
Orléans et Bouillon, princes de sang, sont dispensés de comparaître.
Cinq-Mars, incarcéré à Montpellier puis à Lyon, est interrogé le 5 septembre. On
l’entortille dans des perfidies juridiques, faisant croire à chacun des accusés que
son camarade a avoué, et, grâce à ce vieux moyen, obtiennent des confessions
entières.
En quelques heures, la cause est jugée. Dès le 11 septembre – donc
avant que la chose soit jugée – on dresse l’échafaud place des Terreaux.
Cinq-Mars, qui croit à la grâce royale, refuse de manger : « Je ne veux
point manger, on m’a ordonné des pilules, j’ai besoin de me purger, il faut que
je les aille prendre. »
De Thou, qui n’avait commis d’autre crime que d’avoir
eu, par son ami, connaissance du complot, partagea le sort de Cinq-Mars.
« Le couteau dont on devait se servir pour le supplice, dit Frontrailles,
était fait à la façon des haches anciennes, comme l’étaient celles d’Angleterre.
Le bourreau était un vieux gagne-deniers de la ville qui n’avait jamais fait
exercice – l’exécuteur ordinaire avait eut une jambe cassée peu avant. »
Le marquis d’Effiat meurt fièrement, en costume de gala, il gravit les
marches fermement, au troisième échelon, un garde à cheval veut lui arracher
son chapeau, il se l’enfonce sur la tête, puis, arrivé sur la plate-forme de
l’échafaud, il l’ôte pour saluer gracieusement le peuple qui frémit, puis il le jette
au loin d’un air de dédain.
« La tête de Cinq-Mars roula au premier coup, quant à de Thou, son
supplice fut une ignoble boucherie, le premier coup, donna sur l’os de la tête et
ne fit que l’écorcher, voulant se relever, il tomba à la renverse et porta la main
à la blessure ; le bourreau donna un second coup et écorcha l’oreille, il frappa
trois coups de pieds au gosier. On croit que ceux-là le tuèrent ; il en reçut deux
autres après qui lui séparèrent la tête. »
Relation de Frontrailles, collection Michaud-Poujoulat,p.266

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