les plantes attractives pour les insectes auxiliaires

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les plantes attractives pour les insectes auxiliaires
AFPP – 3e CONFÉRENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORÊTS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE – 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013
LES PLANTES ATTRACTIVES POUR LES INSECTES AUXILIAIRES
J. VILLENAVE-CHASSET
FLOR’INSECTES (76) – France – [email protected]
RÉSUMÉ
Lors d'aménagements de jardins, de parcs ou d'espaces verts dans des écoquartiers, ou
dans les villes ou les villages qui ont un objectif de développement durable et de
préservation de la biodiversité, la question peut se poser de savoir quelles plantes installer
pour favoriser la faune et notamment l’entomofaune. Certaines théories seraient plutôt dans
le maintien ou l'implantation de plantes sauvages et spontanées. Mais le côté esthétique ne
plaît pas forcément. Cependant les plantes ornementales sont-elles si pauvres en diversité
faunistique ? Certaines sont-elles quand même intéressantes ? Et si oui lesquelles et pour
quelle espèces ? Pour mesurer l'attractivité faunistique, on a choisi de comparer le
peuplement d'insectes auxiliaires (syrphes, chrysopes, punaises prédatrices, abeilles
sauvages et Hyménoptères parasitoïdes) sur une cinquantaine d'espèces proches,
sauvages et ornementales, dans un même lieu, le Jardin des Plantes de Nantes en 2010 et
le Parc Floral de Paris en 2011. En effet, ces insectes s'avèrent selon certains auteurs, être
de bons indicateurs de la biodiversité et offrent également un rôle intéressant dans la
protection des plantes.
Mots-clés : plantes ornementales, jardin, ville, écoquartier, biodiversité fonctionnelle.
ABSTRACT
THE ATTRACTIVE PLANTS FOR AUXILIARY INSECTS
In an objective of sustainable development and biodiversity conservation, and in the frame of
management of gardens, parks or green spaces in ecodistricts, the cities and villages can
wonder what are plants to install to favor the fauna in particular the entomofauna. Certain
theories would be rather in the preservation or setting-up of wild and spontaneous plants.
But the aesthetic side does not please necessarily. However the decorative plants are so
poor in fauna diversity? Are any all the same interesting? And if yes, which one and for
which species? To measure the fauna attractiveness, we have chosen to compare the
population of auxiliary insects (hoverflies, green lacewings, predatory bugs, savages bees
and parasitoids Hymenoptera) on about fifty close, wild and decorative species, in the same
place, in 2010 in the Plant Garden of Nantes and in 2011 in the Floral Park of Paris. Indeed,
these insects, according to certain authors, are good biodiversity indicators and offer an
interesting role in plant protection.
Key words: horticultural plants, garden, city, ecodistrict, functional biodiversity.
INTRODUCTION
Les villes s’intéressent de plus en plus à la nature, essentielle pour le cadre de vie de
leurs habitants. Cette nature est de façon générale un paysage sauvage ou aménagé. Les
milieux y sont très variés : les espaces verts (une vingtaine de m² / habitant en ville en
moyenne (Maignant G., 2010), les jardins des particuliers (1 million d’hectare en France), les
espaces verts des entreprises, des HLM, des immeubles (Immobilier des Chemins de Fer
etc). L’objectif est de conserver des zones de nature dans la ville. Vallet (2009) a montré
que la diversité floristique peut y être plus importante que dans la campagne environnante
grâce aux plantes ornementales (horticoles et exotiques) et spontanées. Mais toute la flore
est-elle favorable à l’entomofaune ?
En parallèle, les villes diminuent l’utilisation des produits phytosanitaires pour améliorer la
qualité de l’environnement. Mais les problèmes de dégâts sur les plantes ne sont pas tous
réglés. Une des solutions alternatives est de favoriser les insectes auxiliaires afin qu’ils
puissent protéger les plantes cultivées. C'est le contrôle biologique par conservation décrit
par Barbosa (1998), qui est étudié et mis au point en zone agricoles (maraîchage, grandes
cultures, vigne, vergers) depuis une dizaine d’années. Il consiste à aménager le paysage
environnant les cultures pour apporter les habitats nécessaires au déroulement des cycles
biologiques des auxiliaires : refuges, sites de reproduction, d'alimentation... Cette solution
alternative peut se transposer avec quelques ajustements techniques dans les espaces
verts.
Les espèces prédatrices et parasitoïdes (qui se développent aux dépens d'un hôte dont ils
entraînent obligatoirement la mort) sont particulièrement favorisées par certains habitats
offrant pollen et nectar qui sont des ressources alimentaires complémentaires ou exclusives
chez les acariens, les adultes de Coccinellidae, de Chrysopidae, d'Hemerobiidae…
(Huffaker et al., 1970 ; Villenave et al., 2005 ; Robinson et al., 2008) dont les larves sont des
agents de contrôle biologique et rendent des services de protection des plantes en étant
consommateurs de petits arthropodes à corps mou (Sommagio, 1999 ; Meyer et al., 2009). Il
a été observé que le pic d’apparition des prédateurs se trouve pendant la période de
floraison des cultures ou des plantes avoisinantes (Andow & Risch, 1985). Mais toutes les
espèces végétales ne sont pas attractives pour les auxiliaires. Ils butinent certaines plantes
qui varient selon les espèces ou les familles (Villenave et al., 2005, 2006, 2013 ; Winkler et
al., 2009).
Afin de connaître le potentiel d'attractivité des plantes vis-à-vis des arthropodes auxiliaires,
des inventaires sont réalisés au sein du Jardin des Plantes de Nantes et du Parc Floral de
Paris sur des plantes de variété horticole et comparés avec ceux réalisés sur les plantes
indigènes, de variété sauvage. Le fait que les plantes soient situées dans un même lieu
diminue l'impact des autres facteurs, comme l'environnement et le paysage.
Les invertébrés inventoriés sont identifiés jusqu’au genre/espèce pour les insectes
auxiliaires, insectes utiles à la protection des plantes car :
- ils sont de bons indicateurs de la biodiversité du fait de leur régime alimentaire très lié à la
présence des phytophages mais également très lié à la flore,
- ils sont utiles pour pouvoir communiquer sur l'importance d'une gestion écologique pour
pouvoir attirer les insectes utiles en protection des plantes et ainsi limiter l'utilisation des
insecticides.
Les résultats nous permettent également d’établir une liste de plantes les plus attractives
pour des aménagements d’espaces verts favorables pour la biodiversité.
MATERIEL ET MÉTHODE
L’attractivité des plantes ornementales et sauvages vis-à-vis de l’entomofaune notamment
auxiliaire est comparée. On compare plus précisement le peuplement de l’entomofaune des
plantes ornementales et sauvages pour savoir quelles sont les plantes les plus favorables
dans les parcs et jardins en ville. On réalise ainsi un inventaire des invertébrés sur des
plantes de variété sauvage et de variété ornementale dans deux sites : le Jardin des Plantes
de Nantes (2010) et le Parc Floral de Paris (2011). Ces deux sites d’étude ont été choisis
pour la présence d’espèces floristiques qui sont issus à la fois de variétés ornementales et
sauvages. Les plantes sauvages proviennent de graines récoltées dans les environs des
deux villes.
INVENTAIRES DES INSECTES AUXILIAIRES
Seulement leses insectes auxiliaires, prédateurs et parasitoïdes, mais également
pollinisateurs sont identifiés jusqu’au genre/espèce. Ils sont présents dans diverses groupes
(tableau I). Par exemple, les punaises prédatrices (Hétéroptères) appartiennent à différentes
familles : Mirides, Anthocorides, Nabides, Rhopalides. De plus toutes les punaises de la
famille des Mirides ne sont pas prédatrices.
Pour les inventorier, on utilise :
- un appareil photographique avec observation pendant 5 minutes des pollinisateurs et
autres insectes volants,
- un aspirateur à essence pour collecter les petits insectes et les rampants. C’est un
aspirateur-souffleur dont on utilise la fonction aspiration et où on a mis une
« chaussette » pour récupérer les insectes aspirés sans qu’ils puissent passer dans
le broyeur. Cet outil permet de récolter les insectes rampants ou se laissant tomber
par phénomène de thanatose (qui font le mort au moindre choc).
Par contre d'autres insectes étudiés au niveau national, ont été observés et photographiés
pour leur intérêt patrimonial : libellules, papillons et longicornes.
Nomenclature
Photographie
Ordre : Hétéroptères
(punaises)
Familles : Mirides
(Deraeocoris spp.,
Macrolophus spp....)
Anthocorides
(Anthocoris, Orius...)
Nabides
Ordre : Névroptères
Familles : Chrysopes,
Hémérobes,
Conioptérygides
PROIES
Thrips, pucerons,
aleurodes, acariens,
oeufs de Lépidoptères,
larves de Diptères
Thrips, pucerons,
aleurodes, acariens,
oeufs de Lépidoptères,
jeunes cochenilles
Floricoles au stade
adulte
Pucerons
Floricoles
adulte
au
stade
Ordre : Diptères
Famille : Syrphes
Ordre : Coléoptères
Famille : Coccinelles
(80 espèces en
France)
Selon
les
espèces,
pucerons,
acariens,
cochenilles
Besoin de pollen en
alimentation mixte au
stade adulte
Ordre : Coléoptères
Famille : Cantharides,
Oedemerides
Thrips, pucerons,
aleurodes, acariens,
oeufs de Lépidoptères,
larves de Diptères
Micro-Hyménoptères
parasitoïdes
Familles : Aphidiidae,
Braconidae,
Eulophidae,
Pteromalidae,
Ichneumonidae...
Tableau I. Présentation de quelques familles d’auxiliaires.
Parasitoïdes spécialisés,
presque chaque espèce
d'insecte a son
parasitoïde
AU JARDIN DES PLANTES DE NANTES
L’inventaire des ennemis naturels (prédateurs et parasitoïdes) pour chaque plante a été
réalisé les 22 juin, 20 juillet, 5 août et 22 septembre 2010. Le nombre de plantes
étudiées est de 40 (tableau II).
Famille
Alliacées
Apiacées
Espèce floristique
Allium tuberosum
Foeniculum vulgare
variété
exotique
sauvage
horticole
Aster ageratoides
exotique
Astéracées
Aster linosirys
sauvage
Centaurea cyanus
horticole
sauvage
Centaurea jacea
sauvage
Cosmos sulfurum
horticole
Echinops ritro
exotique
Echinops sphaerocephalus
sauvage
Eryngium amethystinum
exotique
Gaillardia aristata
horticole
Helenium automnale
exotique
Inula salicina
sauvage
Kalimeris pinnatifida
exotique
Rudbeckia hirta
horticole
Senecio jacobaea
sauvage
Solidago serotina
sauvage
Campanula
rapunculus
sauvage
Campanulacées
Campanula sarmartica
exotique
Campanula sp.
horticole
Dianthus capitatus
exotique
Caryophyllacées
Dianthus carthusianorum
sauvage
Knautia arvensis
sauvage
Dipsacacées
Scabiosa georgica
exotique
Agastache sp.
horticole
Lamiacées
Clinopodium gracile
exotique
Mentha rotundifolia
sauvage
Origanum vulgare
sauvage
Salvia farinacea
horticole
Salvia resquicola
exotique
Salvia rhoemanica
horticole
Salvia sclarea
sauvage
Solenostemon sp.
horticole
Plantaginacées
Hebe albicans
exotique
Linaria
vulgaris
sauvage
Scrophulariacées
Verbascum phlomoides
sauvage
Patrinia heterophylla
exotique
Valérianacées
Verbénacées
Verbena officinalis
horticole
Tableau II. Liste des 40 plantes étudiées au Jardin des Plantes de Nantes en 2010.
AU PARC FLORAL DE PARIS
L’inventaire des ennemis naturels (prédateurs et parasitoïdes) pour chaque plante a été
réalisé les 25 avril, 9 juin, 4 juillet, 1er août et 30 août 2011. Le nombre de plantes
étudiées est de 45 (tableau III).
Famille
Apiacées
Espèce floristique
horticole
sauvage
Eryngium planum
X
Foeniculum vulgare
X
Achillea millefolium
X
Astéracées
Anthemis arvenis
X
Aster amellus
X
Aster novi-belgii
X
Centaurea cyanus
X
Chrysanthenum sp.
X
Felicia amelloides
X
Inula hetenium
X
Inula magnifica
X
Leucanthenum vulgare
X
X
Symphytum officinale
X
X
Boraginacées
Aurinia saxatilis
X
Brassicacées
Chelidonium majus
X
Sinapsis arvensis
X
Campanula
glomerata
X
Campanulacées
Campanula puscharskyana
X
Campanula rapunculus
X
Dianthus deltoides
X
Caryophyllacées
Dianthus sp.
X
Scabiosa columbura
X
Dipsacacées
Euphorbia esula
X
X
Euphorbiacées
Geranium pyrenaicum
X
X
Géraniacées
Geranium sanguineum
X
X
Nepeta cataria
X
Lamiacées
Nepeta faassenii
X
Salvia coccinea
X
Salvia uliginosa
X
Stachys byzantina
X
Stachys officinalis
X
Linum perenne
X
Linacées
Polygonum affine
X
Polygonacées
Polygonum persicaria
X
Fragaria vesca
X
Rosacées
Potentilla argentea
X
Potentilla nepalensis
X
Waldsteinia ternata
X
Diasia rigesciens
X
Scrophulariacées
Veronica chamaedrys
X
Veronica gentianoides
X
Centranthus ruber
X
Valérianacées
Verbena bonariensis
X
Verbénacées
Verbena maonetti
X
Verbena officinalis
X
Tableau III. Liste des plantes étudiées au Parc Floral de Paris en 2011.
RESULTATS ET DISCUSSION
AU JARDIN DES PLANTES DE NANTES
A Nantes 949 arthropodes ont été observés et collectés sur les 40 plantes étudiées (tableau
IV).
Le fenouil horticole (Foeniculum vulgare) est attractif pour de nombreux insectes
notamment des phytophages dont les punaises Miridae Lygus sp., quelques pucerons et des
Lépidoptères. En revanche, on observe de nombreuses coccinelles dont la coccinelle à 7
points (Coccinella 7-punctata) et la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), des syrphes
dont Ceriana vespiformis, des abeilles sauvages comme Hylaeus sp., Lasioglossum
costulatum et des thrips prédateurs (Aeolothrips sp.). Le fenouil sauvage fleurissant moins
longtemps et souvent plus chétif attire moins d’insectes, mais une autre espèce de
coccinelle a été observée : la coccinelle des friches (Hippodamia variegata).
La Sauge farineuse (Salvia farinacea) favorise les abeilles sauvages telles que les
Crabonidae Crossocerus elongatus et C. leucostoma, le bourdon des champs (Bombus
pascuorum), des thrips prédateurs (Aeolothrips sp.) et des punaises prédatrices
Campyloneura sp.
La Lamiacée Solenostomon sp., horticole attire les punaises prédatrices Anthocorides,
des thrips prédateurs (Aeolothrips sp.), des coccinelles des friches (H. variegata).
Le séneçon jacobée sauvage (Senecio jacobaea) attire principalement des coccinelles des
friches (H. variegata).
L’Origan (Origanum vulgare) attire les punaises prédatrices Rhopalidae (Stictopleurus sp.)
et des coccinelles (H. variegata).
Remarque : sur Molène faux phlomis (Verbascum phlomoides) des chrysopes ont été
collectées : Chrysoperla lucasina.
Famille
Espèce
variété
Apiacées
Lamiacées
Lamiacées
Astéracées
Astéracées
Lamiacées
Lamiacées
Astéracées
Apiacées
Campanulacées
Astéracées
Lamiacées
Lamiacées
Plantaginacées
Lamiacées
Scrophulariacées
Astéracées
Astéracées
Astéracées
Astéracées
Valérianacées
Campanulacées
Astéracées
Caryophyllacées
Dipsacacées
Astéracées
Caryophyllacées
Dipsacacées
Astéracées
Campanulacées
Verbénacées
Campanulacées
Verbénacées
Astéracées
Lamiacées
Scrophulariacées
Astéracées
Foeniculum vulgare
Clinopodium gracile
Solenostemon sp.
Senecio jacobaea
Gaillardia aristata
Salvia farinacea
Salvia resquicola
Aster ageratoides
Foeniculum vulgare
Campanula sp.
Kalimeris pinnatifida
Origanum vulgare
Agastache sp.
Hebe albicans
Mentha rotundifolia
Linaria vulgaris
Aster linosirys
Centaurea cyanus
Solidago serotina
Eryngium amethystinum
Patrinia heterophylla
Campanula rapunculus
Inula salicina
Dianthus carthusianorum
Scabiosa georgica
Centaurea cyanus
Dianthus capitatus
Knautia arvensis
Cosmos sulfurum
Lobelia speciosa
Verbena officinalis
Campanula sarmartica
Verbena officinalis
Helenium automnale
Salvia sclarea
Verbascum phlomoides
Echinops
sphaerocephalus
Centaurea jacea
Echinops ritro
Salvia rhoemanica
Allium tuberosum
Lobelia urens
Rudbeckia hirta
horticole
exotique
horticole
sauvage
horticole
horticole
exotique
exotique
sauvage
horticole
exotique
sauvage
horticole
exotique
sauvage
sauvage
sauvage
horticole
sauvage
exotique
exotique
sauvage
sauvage
sauvage
exotique
sauvage
exotique
sauvage
horticole
horticole
horticole
exotique
sauvage
exotique
sauvage
sauvage
sauvage
86
49
47
46
42
41
37
32
27
27
27
26
26
24
22
22
21
21
20
20
19
18
17
16
16
15
15
14
14
14
14
14
13
13
12
12
10
sauvage
exotique
horticole
exotique
sauvage
horticole
9
8
7
7
6
3
Astéracées
Astéracées
Lamiacées
Alliacées
Campanulacées
Astéracées
Quantité
d'arthropodes
Tableau IV. Quantité d’arthropodes collectés une seule fois sur une plante, sauvage,
horticole ou exotique au Jardin des Plantes de Nantes en 2010.
AU PARC FLORAL DE PARIS
A Paris, 1614 arthropodes ont été collectés et observés sur 45 plantes étudiées (tableau 5).
Le tableau 4 montre les espèces floristiques et leur variété, horticole ou sauvage, qui sont
les plus attractives en termes d’abondance. Ce sont deux plantes sauvages qui sont les plus
attractives : Geranium sanguineum et Euphorbia esula. Ensuite, vient une plante horticole
Inula magnifica, puis trois autres plantes sauvages, et puis dix plantes horticoles. Il faut
toutefois nuancer car la plupart du temps les pieds sauvages étaient plus petits et moins
massifs que les horticoles. Mais ces résultats montrent quand même un certain pouvoir
d’attractivité de ces plantes vis-à-vis de l’entomofaune.
Pour chaque plante, la composition du peuplement est différente, voici la synthèse des
résultats :
- Achillea millefolium hort. : attractif pour les abeilles sauvages tels que Hylaeus
bipunctatus.
- Foeniculum vulgare hort. : attractif pour le cantharide Rhagonycha fulva, la
Coccinelle à 7 points et l’abeille Cerceris flavilabis.
- Eryngium campestre : attire petites guêpes Polistes dominulus et diverses abeilles
sauvages.
- Aster novi-belgii : attire le thrips prédateur Aeolothrips sp., la punaise prédatrice
Anthocoris sp. et l’abeille mellifère.
- Aster amellus : insectes floricoles tels que l’abeille mellifère, abeilles sauvages,
auxiliaires syrphes et tachinaires.
- Centaurea cyanus : pour auxiliaires, beaucoup de syrphes Episyrphus balteatus.
- Chrysanthenum sp. : abondant et riche en arthropodes.
- Inula magnifica : nombreux bourdons dont Bombus vestalis.
- Inula hetenium : riche en punaises.
- Leucanthenum vulgare sauvage plus diversifié que la variété horticole.
- Symphytum officinalis : beaucoup de pollinisateurs différents surtout sur la variété
horticole.
- Chelidonium majus : pauvre mais présence de la Coccinelle à 7 points et du syrphe
Sphaerophoria scripta.
- Sinapsis arvensis : pauvre mais présence de la Coccinelle à 7 points car plante riche
en pucerons.
- Campanula spp. : variété sauvage plus attractive pour les pollinisateurs.
- Dianthus spp. : pauvres, sauvages pareils que les horticoles.
- Euphorbia esula : variété sauvage plus riche.
- Geranium pyrenaicum : variété sauvage plus riche et diversifiée.
- Geranium sanguineum : variété sauvage plus riche et diversifiée.
- Nepeta spp. : attractif en quantité et diversité d’auxiliaires et pollinisateurs. Variété
horticole encore plus attractive.
- Salvia spp. : seulement floricoles, assez pauvres.
- Stachys hort. : abeille charpentière, autres abeilles sauvages et punaises prédatrices.
- Linum perenne : pauvre mais présence de chrysopes.
- Polygonum sp. : très intéressant, surtout le sauvage car présence de Névroptères,
d’autres auxiliaires et des pollinisateurs.
- Potentilla nepalensis hort. : intéressante en plante rampante.
- Centranthus ruber : quelques auxiliaires.
- Verbena spp. : insectes floricoles et auxiliaires de pucerons.
Famille
Géraniacées
Euphorbiacées
Astéracées
Polygonacées
Astéracées
Lamiacées
Apiacées
Boraginacées
Rosacées
Astéracées
Lamiacées
Polygonacées
Astéracées
Géraniacées
Verbénacées
Astéracées
Géraniacées
Astéracées
Caryophyllacées
Rosacées
Astéracées
Géraniacées
Verbénacées
Apiacées
Lamiacées
Astéracées
Brassicacées
Campanulacées
Rosacées
Caryophyllacées
Campanulacées
Valérianacées
Scrophulariacées
Astéracées
Lamiacées
Lamiacées
Lamiacées
Astéracées
Campanulacées
Brassicacées
Campanulacées
Rosacées
Espèce
Geranium sanguineum
Euphorbia esula
Inula magnifica
Polygonum persicaria
Centaurea cyanus
Nepeta cataria
Foeniculum vulgare
Symphytum officinale
Potentilla nepalensis
Leucanthenum vulgare
Nepeta faassenii
Polygonum affine
Chrysanthenum sp.
Geranium sanguineum
Verbena maonetti
Aster novi-belgii
Geranium pyrenaicum
Aster amellus
Dianthus sp.
Potentilla argentea
Leucanthenum vulgare
Geranium pyrenaicum
Verbena officinalis
Eryngium planum
Stachys byzantina
Inula hetenium
Sinapsis arvensis
Campanula sp.
Waldsteinia ternata
Dianthus deltoides
Campanula glomerata
Centranthus ruber
Veronica gentianoides
Achillea millefolium
Salvia uliginosa
Stachys officinalis
Salvia coccinea
Anthemis arvenis
Campanula sp.
Chelidonium majus
Campanula rapunculus
Fragaria vesca
Variété
sauvage
sauvage
horticole
sauvage
sauvage
sauvage
horticole
horticole
horticole
horticole
horticole
horticole
horticole
horticole
horticole
horticole
sauvage
sauvage
horticole
sauvage
sauvage
horticole
sauvage
horticole
horticole
sauvage
sauvage
sauvage
horticole
sauvage
sauvage
horticole
horticole
horticole
horticole
sauvage
horticole
sauvage
horticole
sauvage
sauvage
sauvage
Quantité
d’arthropodes
133
97
89
83
81
81
69
68
48
47
47
44
40
39
39
38
38
37
32
32
31
28
28
27
27
26
26
26
23
23
22
20
18
17
15
13
11
11
10
10
10
10
Tableau V. Liste des plantes horticoles et sauvages les plus attractives pour un seul relevé
d’arthropodes entre avril et août 2011 au Parc Floral de Paris.
CONCLUSION
Ces analyses montrent que les plantes horticoles étudiées n’ont pas moins d’intérêt pour la
diversité animale que les plantes sauvages en zone urbaine. Cependant, il faut relativiser
car les plantes sauvages étaient presque tout le temps plus chétives que les plantes
horticoles et que malgré un protocole rigoureux (même durée d’observation et d’aspiration),
les plantes plus grandes et plus denses peuvent abriter plus d’arthropodes, et peuvent être
plus attractives pour les floricoles qui perçoivent plus facilement les fleurs plus nombreuses.
Néanmoins d’après ces études, on peut dire que les plantes horticoles apparaissent
favorables pour la biodiversité et peuvent être utilisées pour certaines dans des écoquartiers et autres aménagements écologiques comme par exemple l’Inule magnifique, le
Fenouil, la Consoude officinale ou Nepeta faassenii. Mais il serait préférable de mélanger les
variétés horticoles et sauvages les plus favorables. Par exemple, au pied des arbres
d’alignement urbain ou dans de larges zones où on ne veut pas trop d’adventice, on peut
utiliser des plantes rampantes comme les Geranium pyrenaicum et G. sanguineum horticole
et sauvage, ou encore Polygonum sp. horticole ou P. persicaria sauvage.
Au pied des murs, on peut mettre un mélange avec de la Chélidoine sauvage qui pousse
très bien et offre de belle couleur au printemps (photo 5) et des Inules magnifiques pour une
floraison en été, ou encore un mélange de Nepeta cataria et de N. faassenii.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier M. Romaric Perrocheau de la Ville de Nantes et Mme Dorothée
Descamps de la Ville de Paris pour m’avoir permis de réaliser cette étude détaillée du
peuplement de l’entomofaune par plante, étude qui peut être difficilement réalisée à part
dans les parcs qui contiennent à la fois des plantes horticoles et des plantes sauvages.
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