Shadow of the Beast

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Shadow of the Beast
Shadow of the Beast
L
es anciens possesseurs d’Amiga se souviennent forcément de la trilogie Shadow of the Beast. C’est effectivement
sur le micro-ordinateur de Commodore que la série est née et a donné plus d’une crise de nerfs à ses fans, tant le
niveau de difficulté atteignait des sommets. Beast s’est également cherché jusqu’au troisième opus, ce qui nous donne
trois jeux bien différents, chacun ayant ses qualités et ses défauts. Toutefois, un point commun les unit : une « bête » qui
a tout du gibier imprenable !
Welcome to England !
Qu’est-ce que le stupas de charme. Mais la comparaison
dio Reflections Software
avec le célèbre Speedball des Bitmap
évoque pour vous ? DesBrothers (bien plus fun à manier) ne
truction Derby ? Driver ? Eflui est pas favorable. En raison de sa
fectivement, ces deux hits
robe étincelante, Ballistix se fait tout
sur PlayStation ont, en leur
de même remarquer sur un Amiga
temps, fait parler d’eux. Rebien souvent sous-exploité.
flections a pourtant débuté
Présent sur le marché depuis
ses activités en 1984, bien
1987, le successeur du Commodore
avant l’ère des consoles 32
64 n’a en effet pas encore marqué
bits. Domiciliée à Newcastle,
sa différence (et notamment face
la petite société britannique
à son concurrent historique, l’Atari
fait ses premiers pas sur Amiga
ST) et ce en dépit d’un hardware
en 1989 avec Ballistix, édité
plus performant. Bien conscients
par Psygnosis. Cette réalisade cette situation, Edmondson et
tion de Martin Edmondson et
Howarth – qui ont alors tout juste
Paul Howarth, « tenant à la fois
20 ans – vont réaliser une démo
du billard, du football et du fliptechnique qui tire plus amplement
per », (Tilt, mai 1989), affiche une
parti des capacités de l’Amiga. Paul
réalisation très satisfaisante et
son habillage futuriste ne manque
Howarth nous éclaire à ce sujet :
« Martin et moi-même avons rendu
visite à Psygnosis pour terminer
Ballistix. Nous en avons profité pour
leur présenter la démo technique
que j’avais créée afin de montrer les
capacités de l’Amiga. Ils ont été tellement époustouflés par mes treize
couches de scrolling qu’ils ont voulu
signer un nouveau contrat immédiatement. J’étais toutefois assez
inquiet : ma démo ne montrait que
des scrollings, et je n’étais même pas
certain de pouvoir y ajouter un personnage, et encore moins une armée
de monstres. Le patron de Psygnosis
m’a rassuré : « Ne vous inquiétez pas,
vous trouverez une solution. » C’est
ainsi qu’est né Shadow of the Beast. »
La somptueuse illustration de Roger Dean pour la jaquette de Shadow of Beast.
Naissance de la « bête »
Cette démo, bluffante de beauté
et qui montre ce que l’Amiga a réellement dans le ventre, doit donc être
métamorphosée en jeu vidéo. Au fil
du développement qui s’étale sur
neuf mois, une date de sortie est arrêtée : août 1989. L’univers visuel de
Beast prend sa source dans l’œuvre
de Roger Dean, un artiste anglais qui a
déjà dessiné le logo de Psygnosis (celui avec la fameuse chouette). C’est là
l’une des grandes idées du jeu, ce dernier s’appropriant une atmosphère
unique vue nulle part ailleurs. Les
treize niveaux de scrolling – parallaxe
et différentiel – de la démo, offrant
une profondeur de champs inédite,
servent pour la plaine principale du
jeu ainsi que pour le cimetière qui précède le boss final. Les autres zones
utilisent des scrollings plus classiques.
Les screenshots diffusés dans la
presse spécialisée ne manquent pas
de faire sensation. Bizarrement, une
preview parue dans le magazine Génération 4 (juin 1989) parle de boules
bleues laissées par les ennemis et qui
attribueraient des pouvoirs au héros,
comme dans le jeu Altered Beast de
Sega. Une idée qui ne sera finalement
pas retenue. L’attente est en tout cas
très forte chez les Amigaïstes, d’auLa taille des sprites était gigantesque pour l’époque.
La fameuse plaine et ses scrollings parallaxes.
Les débuts de Reflections avec Ballistix, sur Amiga.
tant plus insoutenable que Psygnosis
repousse la parution du jeu pour la fin
de l’année 89.
Au final, Beast affichera jusqu’à
128 couleurs à l’écran (alors que les
titres Amiga en présentent 32 en général), un graphisme d’une finesse
inédite, des sprites énormes et une
animation à 50 images par seconde.
Du jamais vu sur une machine domestique. La patte de Roger Dean
explose à chaque recoin de pixel et
en plus d’être le plus beau jeu vidéo
disponible sur le marché, le bébé de
Reflections se voit agrémenté d’une
des plus splendides bandes-son entendues ici-bas. Les six thèmes composés par David Whittaker marquent
les esprits et, aujourd’hui encore, ces
mélodies n’ont rien perdu de leur superbe. Chez les revendeurs, les deux
disquettes de Shadow of the Beast
sont protégées par une énorme boîte
qui met en valeur la jaquette illustrée
par Roger Dean. À l’intérieur se trouve
également un T-shirt orné du logo du
jeu. Le prix est un peu plus élevé qu’un
jeu Amiga habituel : 350 francs (53€).

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