L`EXTERNALISATION DES OPÉRATIONS LOGISTIQUES
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L`EXTERNALISATION DES OPÉRATIONS LOGISTIQUES
L’EXTERNALISATION DES OPÉRATIONS LOGISTIQUES Jean Damiens Directeur du Développement High Tech Logistics, Groupe Orizon s’établirait entre 350 et 550 milliards de francs. Après une présentation exhaustive des opérations logistiques amont et aval, l'auteur insiste sur les opérations sous-traitées, les raisons de la sous-traitance et l'intérêt que trouvent les transporteurs à devenir des prestataires logistiques. Une deuxième partie aborde les moyens à mettre en oeuvre pour le succès des prestations : notamment compréhension de la structure de coût et de tarification et les contrats. Le champ de la logistique est un vaste domaine qui est à la fois couvert par les industries et la distribution, le plus communément regroupées sous l’appellation «chargeurs», et les prestataires de services, parmi lesquels nous retrouvons en premier lieu les transporteurs. Les enjeux de la logistique traditionnellement déclinés sont les coûts et la qualité de service. L’estimation la plus couramment reprise pour les coûts logistiques est de 20% du PIB soit 1300 milliards de francs. Pour les seules entreprises industrielles, le montant Dans cet ensemble, on constate que le transport est majoritairement externalisé (74% des tonnes/Km font appel au transport public), mais aussi qu’une tendance s’affirme vers l’externalisation d’autres opérations, notamment les opérations d’entreposage. La situation laisse donc présager d’un champ de développement conséquent. Dans cet article, nous nous attacherons à préciser, quelles sont ces opérations logistiques sous-traitées, les raisons de la soustraitance, et l’intérêt que trouvent les transporteurs à devenir des prestataires logistiques et la façon dont ils procèdent. Nous examinerons d’autre part, la logique de leur offre et de leur développement. Avant de conclure sur les tendances, l’évolution et les perspectives de ce(s) nouveau(x) métier(s), nous traiterons des points clés de la réussite des prestations logistiques, que sont les moyens à mettre en oeuvre, la compréhension de leurs structures de coût et de tarification, et de leur cadre contractuel, en l’illustrant plus spécifiquement au travers des opérations de stockage, entreposage, et préparation de commande. LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 17 Externalisation : de quoi parle-t-on ? Logistique Avant de parler de prestations logistiques, il est bon de s’entendre sur une définition de l’adjectif logistique. Il s’agit en fait d’un qualificatif attribué aux opérations qui traitent les flux de produits et les flux d’informations correspondants au travers et à l’extérieur de l’entreprise, hormis les opérations de production proprement dites. Une confusion commune est faite entre ces opérations logistiques avec un petit l et la fonction ou démarche logistique avec un grand L, mise en avant par les chargeurs, qui est «l’activité de coordination-gestion de ces opérations» et a pour mission de définir et contrôler les objectifs de qualité de service et de coûts que s’est fixés l’entreprise. Segmentation des opérations Les opérations logistiques sont le plus souvent classées selon 3 segments, correspondant à leur position vis-à-vis du système de production (fabrication) : - l’amont (pour les opérations qui précédent la production), - l’aval (pour les opérations qui succèdent à la production), - les opérations logistiques de production (pour les opérations directement liées à la production, notamment qui se déroulent pendant l’en-cours de production). Par volonté simplificatrice, nous ne distinguerons que 2 segments : - des opérations de l’amont à la fabrication, - de la fabrication aux opérations en aval. Recensement des opérations existantes 18 Nous avons précisé plus haut que les opérations logistiques portent sur deux types de flux : les flux physiques et les flux d’informations, nous découperons donc les opérations en deux familles : les opérations physiques et les opérations sur les flux d’informations. On considère qu’une opération porte sur le flux d’informations lorsqu’elle n’est par partie intégrante d’une opération sur le flux physique. A titre d’exemple, la gestion des stocks qui traite des «niveaux de stocks» et des «ordres de réapprovisionnement» est une opération de traitement de l’information à part entière, tandis que l’opération des stockage-entreposage qui nécessite de traiter entre autres des informations sur les entrées et sorties de stocks, sur les adresses de stockage demeure une opération physique. LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 Opérations physiques de l’amont à la fabrication Stockage amont Le chargeur ou son fournisseur confie au prestataire la tenue des stocks de matières premières, composants ou sous-ensembles qui serviront à la production. Il s’agit d’une opération de stockage «classique». L’implantation de l’unité de stockage, selon le cas se situera en sortie de production chez le fournisseur, entre les unités de production du chargeur, ou à proximité de l’une d’elles. Ses spécificités portent essentiellement sur la nature des produits stockés et leur conditionnement (vrac, pondéreux, articles en conteneurs ou caisses de manutention), ce qui signifie des modes de stockages spécifiques et des règles de manutention particulières. Alimentation des unités d’assemblage Il s’agit de la livraison à proximité, voire directement en bord ou sur chaîne de production. Dans le cas de flux synchrones, chaque article (qui est identifié) est placé exactement face ou sur le poste de production qui va l’utiliser, dans certains cas à la minute près. V Sélection des fournisseurs avec les clients Gestion des stocks Stockage amont Stockage de proximité Alimentation unités d'assemblage Petites opérations industrielles V Préparation approvisionnements Massification des flux pour livraison usine Flux physiques De la fabrication aux opérations aval V Flux d'informations Opérations de fin de production Facturation finale Massification des lfux pour livraison client Gestion des stocks Stockage aval Préparationde commande Modification de la marchandise Services à la clientèle V Stockage de proximité Ce type d’unité de stockage se rencontre le plus fréquemment lorsque l’unité d’assemblage en aval fonctionne en réapprovisionnement synchrone (temps réel). Les quantités stockées correspondent à un stock de sécurité permettant de couvrir les aléas du processus d’approvisionnement. Dans le secteur de la production automobile en particulier, il existe une forte demande de ce type de prestations. Toutefois, la démarche actuelle des constructeurs qui consiste à demander à leurs fournisseurs de s’implanter à leur proximité, devrait aller à l’encontre du développement de ces stocks. Flux d'informations V Préparation des approvisionnements Il s’agit en fait d’une opération de préparation de commande en sortie de stock amont. Selon le mode de fonctionnement de l’unité en aval (unité de fabrication ou d’assemblage, unité de stockage de proximité), qui pourra se réapprovisionner à la demande, sur programme ou en flux synchrones, cette opération portera sur des petites quantités à fréquences très rapprochées ou quantités importantes à fréquences plus éloignées, ce qui signifie un nombre et un «profil» (quantité/poids/volume) de ligne de réapprovisionnement fort différent. Des opérations amont à la fabrication V Par ailleurs, selon que cette opération de stockage s’intègre ou non dans un processus juste à temps, voire de flux synchrones, les quantités en stock pourront subir des variations importantes ou au contraire «lissées». L’intégration des opérations de production du fournisseur dans un processus flux tendus avec son destinataire aura pour effet de réduire ces stocks. Flux physiques Petites opérations industrielles (La notion de petite opération est à relativiser par rapport à la taille de la production elle-même). Il s’agit d’opérations de préparation de la production, voire d’opérations de début de production, telles : - déballage produits - préparation produits - pré-encolage de pare-brises en salle blanche - tests de qualité selon cahier des charges très précis - montage de pneus sur jantes - lavage de bacs plastiques - mise en boitier antivol d’autoradios - préparation de kits divers - montage de sous-ensembles LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 19 Opérations sur le flux d’information de l’amont à la fabrication Sélection des fournisseurs avec les clients Sur réponse aux cahiers des charges et appels d’offres, cette sélection porte notamment sur le choix de transporteurs d’autres modes (aérien, maritime,...) voire sur du transport routier si le prestataire n’est pas transporteur lui même, ou n’offre pas les prestations souhaitées (ex : fret express). Ce type d’opération marginale est généralement fait sur demande du client. Gestion des stocks Gestion financière des niveaux de stocks et déclenchement des réapprovisionnements. Cette opération est essentiellement complémentaire d’une opération de stockage. Massification des flux pour livraison usine. Organisation des transports amont (collecte). La massification peut être mono ou multi-fournisseurs, mono ou multi-destinataires. Opérations physiques de la fabrication à l’aval 20 Opérations de fin de production Il s’agit des dernières opérations de production ou bien d’opérations complémentaires : - conditionnement et emballage, - étiquetage, marquage - tests/contrôles de qualité, - assemblage de cuisines et de mobiliers, - assemblage, configuration et tests d’ordinateurs,... Stockage aval Il s’agit d’opérations de stockage classiques, soit d’unités de manutention complètes (entrepôts centraux) ou d’articles de forte rotation (liquides, produits secs,...) ou de fort volume, soit d’unités partielles à fractionner pour les distribuer (dépôts ou magasins régionaux). Comme en amont, selon la nature des produits, et le profil de l’activité, ces opérations pourront être très variées (mode de manutention, type de stockage, modes opératoires,...). LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 Préparation de commande Ce type d’opération complète généralement l’opération de stockage. Elle peut sous-entendre un traitement administratif des commandes (informatisé bien sûr) reçues directement des clients-destinataires ou bien démarrer à l’opération de lancement, d’édition des ordres de travail à partir d’un fichier clients. Cette dernière différence est particulièrement importante en terme de gestion des priorités et d’adéquation charge/ capacité de travail, qui dans un cas est maîtrisée par le prestataire, dans l’autre cas subie puisqu'imposée par le donneur d’ordres. Quand on parle de préparation de commande, on parle de prélévement (pick) des quantités commandées et d’emballage (pack),qui peuvent être des opérations consécutives ou simultanées, selon la méthode choisie. Modification de la marchandise Il s’agit du même type d’opérations qu'en fin de production : - conditionnement, emballage, - Etiquetage, marquage, - assemblage ou réalisation de kit, montage de présentoirs, travaux à façon... voire de leur reprise en cas de changement d’unité de vente, d’offres promotionnelles, de changement de prix... Ces opérations, selon le cas, sont réalisées dans la phase de stockage, sur des produits en stocks ou bien lors d’un cycle de préparation de commande. Services à la clientèle Il s’agit de services complémentaires réalisés lors de la livraison : - mise en linéaire - montée en étage - déballage - branchement, mise en route et démonstration d’appareils ou de machines ‘électroménager, informatique,...) - montage de meubles, - etc... Opérations sur le flux d’information de la fabrication à l’aval Gestion des stocks Même type d’opérations qu’en amont, généralement corrolaires d’opérations de stoc- 90% 21 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% Aval 0% prØp.cdes recond. Amont Tenue stock Remarques générales Dès que plusieurs opérations sont confiées au prestataire, un système d’information et de suivi des flux et des tâches devient indispensable. Outre qu’il permet le fonctionnement normal de ces opérations avec d’importants gains administratifs, le système autorise un suivi des performances. L’ensemble des informations est alors disponi- Part de sous-traitance des opØrations stockage Remarques sur les opérations de la fabrication à l'aval La grande distribution représente la plus grosse part de ces opérations. Le volume de flux traités est extrèmement important bien qu'ils subissent un fractionnement beaucoup plus conséquent qu'en amont. Examinons maintenant quel est le poids de la sous-traitance, pour chacune des principales opérations. Selon l’étude ASLOG/ Bossard, publiée fin 1992, qui distinguait un nombre d’opérations plus sommaire que ce que nous venons de voir et qui regroupe les opérations de transport et les autres (cf graphique), si nous mettons le transport à part, nous noterons la prédominance de la sous-traitance en aval et la part significa- Transp.final Remarques sur les opérations de l’amont à la fabrication L’automobile et l’aéronautique représentent la part la plus importante de ces opérations, suivis de très loin par l’agro-alimentaire. Les systèmes mis au point sont souvent très sophistiqués avec recours aux liaisons informatiques en temps réel (normes EDI ou non), et à l’utilisation de nouvelles technologies (code à barre, terminaux portables, connexion à des automates...) Dans tous les cas, la valeur ajoutée de la prestation est très personnalisée. Chiffres généraux de la part de sous traitance par opération (étude ASLOG/ Bossard) Transpo. Interm. Facturation finale Il s’agit dans le prolongement des opérations de préparation de commandes de procéder à la facturation de la marchandise elle-même au client final pour le compte du donneur d’ordre, c’est à dire à l’édition de la facture. Les échanges de données informatisées jouent dans ce domaine un rôle prédominant, que ce soit dans le cadres des normes EDI ou de systèmes dédiés. Stockage Massification des flux pour livraison client Organisation des transports aval (cf logiques de massification des flux en amont) ble et consultable par le donneur d’ordre. Les donneurs d’ordre le plus souvent souhaitent voir développer : - un système d’information permanent sur les marchandises confiées, - une édition systématique des certificats de livraison, - des états d’anomalie en temps réel, - l’édition des ratios d’anomalie. D’autre part, on peut constater qu’à partir du moment où un prestataire offre une gamme d’opérations assez large, il développe son expertise et dans certains cas, fait précéder son offre par une offre de conseil. transp. kage ; La gestion des stocks peut être multisites, dans le cas de réseaux de distribution. A noter que cette gestion peut déclencher les opérations complémentaires de modification de la marchandise, telles celles que nous venons de voir. LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 tive représentée par le stockage et la préparation de commande. D’autre part, le stockage est majoritairement sous-traité pour les produits de grande consommation (82%) et néammoins significatif pour les produits industriels (53%). On voit l’intérêt de ce type d’informations pour identifier la concurrence, le marché et positionner une offre. A ce propos une approche marketing veut qu’un marché se découpe en segments : qu’en est-il dans ce domaine ? Les segments de marché ou spécialités technico-commerciales de la logistique Nous pouvons effectuer un découpage selon les filières économiques ou segments de marché. La connaissance des produits et des exigences de la filière, l’acquisition de savoir-faire propres aux produits, permettent de déterminer les besoins des donneurs d’ordre et de bâtir une offre qui y réponde. Huit segments sont identifiables (source : le marché français de la logistique, au tournant de 1993, Osiris Conseil). Segments de marché logistique La logistique de grande distribution Dominée par l’alimentaire, ses flux sont de plus en plus fractionnés du fait de la récupération des surfaces de stockage en magasin au profit des surfaces de ventes, d’où des réapprovisionnements plus fréquents. A l’offre transport et entreposage, s’ajoutent des opérations d’étiquetage et de conditionnement. La logistique de distribution spécialisée Concernant les produits non alimentaires (vêtements, meubles, bricolages, articles de sport,...) distribués par des enseignes spécialisées, elle traite d’un nombre élevé d’articles en provenance de founisseurs multiples. A une offre transport, entreposage et opérations complémentaires s’ajoute une problématique de massification des flux. La logistique des produits électro-ménagers, TV, et hi-fi Aux contraintes de dispersion et d’éloignement des fabricants, s’ajoutent des problèmes de cycle de vie de produits courts et de saisonnalité. Réseau national et entreposage dédié, avec gestion des stocks sont exigés par les industriels ou distributeurs. La logistique des produits de santé, beauté, hygiène S’adresse à des réseaux de distribution variés et souvent dispersés et à des groupes de taille mondiale. Un haut niveau de qualité de service est imposé pour des produits fragiles, à courte durée de vie. La logistique des industries de haute technologie Principalement liés à l’informatique, les produits traités sont fragiles, sensibles et coûteux. Le nombre de fournisseurs est réduit, les destinataires principalement composés d’une clientèle de professionnels. Aux opérations de distribution, s’ajoutent des prestations complémentaires de fin de production et de service clientèle, qui nécessitent un savoir-faire industriel. 22 La logistique des pièces de rechange automobiles Dans le processus SAV, ce marché spécifique à forte croissance est composé des différents réseaux de concessionnaires et des garagistes. Dominée par une activité de transport express, ce segment souhaite ponctuellement des opérations de mise en place de stocks clients qui peuvent nécessiter des stocks temporaires avant leur livraison (ouverture de concessions, dotation initiale pour le lancement d’un nouveau véhicule). La logistique des produits industriels manufacturés Cette logistique traite de composants, sous-ensembles ou produits finis à usage industriel, à intégrer dans un bien commercialisé. C’est la logistique d’échanges inter-industriels, qui est une logistique d’interface type ; Variable selon les produits et les tailles d’entreprises, cette logistique va de la simple soustraitance du transport à des systèmes intégrés très complexes. La logistique des produits industriels pondéreux Cette logistique des matières premières, biens intermédiaires, produits lourds (matières premières alimentaires, sidérurgie, chimie, matériaux de construction) est tributaire de la nature physique des produits. Cela signifie un transport et un stockage adaptés, ainsi que des prestations comme la gestion des stocks, l’ensachage, la palettisation, la distribution à la demande, etc...C’est dans ce domaine que l’on trouve notamment certaines «niches», tel le traitement des produits dangereux dans la chimie. source : le marché français de la logistique, au tournant de 1993, Osiris Conseil). LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 Pourquoi les chargeurs sous-traitent-ils ? Ce constat étant fait, examinons les raisons de sous-traitance qui motivent les industriels à choisir cette solution. Toujours dans l’étude ASLOG/Bossard, les motifs exprimés suivent la même logique tant pour le transport que pour les autres opérations. Flexibilité des moyens 29% Sous l’appellation, flexibilité des moyens, on retrouve la préoccupation majeure des industriels qui est de transformer les coûts fixes en coûts variables. La difficulté classique rencontrée étant de faire face aux variations d’activité prévisibles ou non, en adaptant les moyens au plus près de l’activité. La sous-traitance sous réserve qu’elle ne soit pas intégralement dédiée à un industriel, permet d’optimiser l’utilisation de ces moyens donc de réduire les coûts fixes. Dans cette logique, il convient de citer une option parfois choisie, qui est de filialiser l’activité. au niveau de qualification moyen de l’entreprise qui choisit de sous-traiter, l’écart peut être important (exemple de l’informatique avec des magasiniers à partir de 8000 francs, jusqu’à 15 000 francs pour un chef d’équipe). De surcroît, les écarts entre conventions collectives peuvent être significatifs. Economie d’investissement 16% Comme les économies de fonctionnement s’apparentent à la problématique de flexibilité des moyens, les économies d’investissement, quant à elles, se rapprochent, de la notion de recentrage sur son activité, ou de métier non stratégique. cela signifie que l’entreprise souhaite privilégier l’investissement sur son outil de production. Cependant, pour l’entreposage par exemple, à cette question viendra s’ajouter la notion de stratégie immobilière de l’entreprise. Activité variable 7% Métier non stratégique 24% Depuis bientôt une décennie, le recentrage sur le métier de l’entreprise, est à l’ordre du jour. On comprendra aisément, y compris pour une direction générale qu’il est difficile de fonctionner avec des logiques différentes, comme celle de l’innovation et du développement de produits techniques ou encore du négoce, avec celle de l’optimisation des moyens dans l’espace et dans le temps (l’espace pour le stockage, le temps pour le transport). Economie de fonctionnement 22% Cette notion d’économie porte essentiellement sur l’aspect masse salariale, elle se recoupe d’ailleurs avec la notion de flexibilité des moyens, pour ce qui est d’une affectation selon les besoins. Toutefois un autre élément entre en ligne de compte : la qualification ou technicité des opérateurs. Certes, ces métiers d’opérateurs logistiques, requièrent de plus en plus de technicité (informatisation, automatisation, sophistication des engins,...), mais comparativement Ce motif est cité par les entreprises soumise à de fortes variations saisonnières ou ponctuelles, - dues à la production (récoltes agricoles par exemple) - dues à des achats spéculatifs - dues à la consommation selon la nature des produits : jouets, chocolat et diverses denrées alimentaires à Noël, bricolage au printemps, aléas météorologiques (pneus à clous, ventilateurs,...) ou la localisation géographique : migrations estivales. Il s’agit aussi d’un problème de flexibilité, d’un choix dans le dimensionnement de « l’outil logistique ». Manque de compétences internes 2% Absence de savoir-faire sans volonté d’investir dans la formation, et de l’acquisition de nouvelles compétences. On constate donc deux logiques : - une logique financière qui se décline dans le choix des moyens d’un point de vue LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 23 quantitatif, - une logique stratégique qui se décline dans le choix des moyens d’un point de vue finalité. Dans le cadre de la logique de soustraitance, on constate cependant de la part des industriels certains types de réticences : - le service Une extrême sensibilité au service se caractérise par des avis très partagés sur la préparation de commande, cela s’explique en particulier par l’impact des ratés sur la rotation financière des stocks produits (commandes annulées, ventes manquées) et sur l’image de marque produit, voire de l’entreprise. - Les flux d’informations Bon nombre de responsables logistiques ne veulent pas imaginer de sous-traiter des opérations sur les flux d’informations, telle la gestion des stocks. Ils considèrent le contrôle de l’information comme stratégique ; à l’inverse, dans plusieurs pays d’Europe dont la France, quelques sociétés spécialisées proposent d’assurer le contrôle des informations logistiques, sans assurer ausune opérations physiques, cela doit correspondre à un certain type d’attentes. Pourquoi les transporteurs effectuent-ils ces opérations ? 24 Tout d’abord, on constate que la première raison évidente est la réponse à une demande d’un client. Ceci concerne surtout du stockage d’appoint, mais aussi peut déboucher sur d’autres types d’opérations. Face aux demandes exprimées qu’elles puissent être satisfaites ou non, la question se pose alors de proposer une offre en conséquence. On parle alors d’offre élargie, même d’offre globale. Bien sûr, les donneurs d’ordre selon le cas vont choisir ou non de limiter leur nombre d’interlocuteurs; Ils choisiront un opérateur à couverture internationale, ou bien plusieurs performants localement. Mais quel est l’intérêt pour le transporteur ? Maintien ou développement des parts de marché transport - la prestation transport est valorisée par la proposition d’une offre élargie - le contrat de transport est pérenisé car lié à la fidélité au prestataire logistique L’idée la plus répandue est effectivement qu’il existe une plus grande fidélisation des donneurs d’ordres sur des prestations logistiques exemple du stockage le nombre de transporteurs permanents est très élevé ( en moyenne 13), par contre la LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 plupart n’utilisent qu’un seul prestataire de stockage (60%). La collaboration est ré-examinée avec une fréquence plus grande pour le stockage (tous les 2, 5 ans). Cela paraît donc exact. Il faut tout de même nuancer car il semble que la durée de collaboration ne soit pas si bonne que cela. Cela s’explique lorsque les prestations complémentaires portent en particulier sur de la préparation de commande, compte tenu de la sensibilité au service. Amélioration de la productivité transport Grâce à l’organisation mise en place, surtout s’il ne s’agit pas de solutions dédiées, un apport de fret et de volume permet de regrouper des trafics, donc de massifier les flux, d’où une meilleure rentabilité, ce qui peut signifier accroissement de marge ou meilleur positionnement tarifaire. Rentabilité mobilière et immobilière Ayant à disposition des installations ou équipements qui se prêtent à ces activités, obtenues par des opportunités d’acquisition, des rapprochements d’entreprise ou de la croissance externe, l’entreprise va développer son activité en cherchant à rentabiliser cet « outil ». Tout dépend donc de sa stratégie mobilière et immobilière. Conquête de nouveaux marchés Nous remarquons aussi que pour aborder de nouveaux marchés, tels par exemple à l’exportation, les marchés britanniques, néerlandais, peut être à l’avenir latins, leurs clients souhaitent des prestations plus étendues que le transport. Dans ce cas, le savoir-faire en prestation devient donc obligatoire et le développement s’engage. Diversification vers des niches Les savoir-faire liés à la manipulation des produits eux-mêmes en transport, sont utilisables pour les autre opérations physiques ou de gestion. l’investissement lié à ce savoir-faire peut donc être rentabilisé. Il s’agit bien de niches ou de segments d’activité plus pointus que ceux que nous avons évoqués précédemment, tels les produits soustempérature, les vêtements sur cintres, les produits dangereux, les produits fragiles, les meubles ou encore les oeuvres d’art, etc... Comment les transporteurs effectuent-ils ces opérations ? La stratégie et l’offre La première question à laquelle un prestataire doit répondre porte sur la stratégie à adopter ; Deux angles d’attaque se présentent : Le transport et l’immobilier Il s’agit de proposer une offre à partir d’un ensemble de moyens développés autour des métiers logistiques et que l’on cherche à rentabiliser. Dans ce cas, on verra par exemple le prestataire construire un ou deux entrepôts avec des matériels et équipements standards, et ainsi proposer une offre, une capacité d’entreposage et des moyens de traitement. De même, la logique de couverture de l’espace, c’est- à -dire d’une région, d’un pays va dans ce sens, c’est « être à l’endroit où la demande existe » Ainsi grâce à un réseau d’entrepôts on capte des clients. On peut dire dans ce cas que la logistique précède le marché. Cela débouche sur une offre multi-clients. La démarche commerciale a alors pour dominante la recherche de chiffres d’affaires. La performance financière Dans ce cas, il s’agit de répondre à une demande avec des moyens mis en place sur mesure et fonction des besoins dans le cadre d’un contrat de longue durée. Les moyens sont donc développés à la de- mande. Il faut donc « être présent au moment où la demande existe ». La recherche de la performance financière domine. Dans ce cas le marché précéde la logistique. Cela débouche sur des solutions dédiées. La démarche commerciale a alors pour dominante la recherche de marge. Dans les deux cas, si le marché coïncide avec la couverture de l’espace le résultat sera le même, mais la santé financière de l’entreprise ne devra pas être la même. La question de choisir l’un ou l’autre modèle, se pose entreprise par entreprise, ce qui conduit à un éventail très large de cas de figures, voire à des solutions mixtes. La difficulté dans ces deux cas sera toujours pour le prestataire d’affirmer son savoirfaire, cette difficulté étant bien sûr plus forte pour s’imposer commercialement dans le cas de solutions dédiées. Si l’on examine les différences de comportement dans les différents pays européens, on constate que : - dans les pays où la logistique est vécue comme une finalité (France, Allemagne, Europe du Sud) on définit le transport et l’immobilier comme des activités à part entière, qui doivent être rentables, ce qui conduit inévitablement à développer le chiffre d’affaires de ces activités et à rechercher des économies d’échelle ; On reste dans le cadre de la sous-traitance d’activité LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 25 qui génère une marge très faible. - a contrario, pour les anglo-saxons et néerlandais, la logistique mise au service de la conquète de marchés devient un moyen, elle génère de la valeur ajoutée pour le produit vendu. Dans ce cas et de ce fait, on a une approche financière de l’organisation, mais cela suppose une relation longue durée, un partenariat our une coopération entre les acteurs du processus logistique, qui dès lors ont les mêmes objectifs. Quels moyens mettre en oeuvre ? L’examen approfondi des différentes prestations, nous conduit à distinguer trois familles ou métiers qui font appel à des savoir-faire distincts : - le métier entreposage/préparation de commande - le métier opérations annexes et industrielles - le métier traitement administratif de l’information Il va sans dire que le profil des hommes est un des éléments clefs de la réussite de ces prestations. Dans tous les cas, outre la technicité requise, une approche de type Organisation Scientifique du Travail (OST) s’impose. Il convient de décrire de façon détaillée, les processus à accomplir et pour chaque opération de préciser les moyens humains et matériels nécessaires. De façon classique, on aboutit donc à une problématique de type « adéquation charge/capacité ». 26 Mais restons pour l’instant sur les processus opératoires : -les processus portant sur des opérations annexes, industrielles ou de traitement de l’information, suivent donc cette logique descriptive des modes opératoires, la difficulté reposera donc d’une part, sur la technicité requise, d’autre part, sur le dimensionnement des moyens, et de leur capacité. Par contre, les processus d’entreposage et de préparation de commande sont beaucoup plus complexes car ils ne peuvent pas être élaborés ni analysés indépendamment les uns des autres. En effet, selon la logique de stockage adoptée (où se trouvent les adresses de préparation de commande par rapport aux réserves), le choix des matériels LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 et équipements et selon le mode de préparation de commande choisi, les points suivants seront ou non optimisés : - remplissage de l’entrepôt - temps et moyens nécessaires à la mise en stock - temps et moyens nécessaires au réapprovisionnement des adresses de préparation, - temps et moyens nécessaires à la préparation de commande. De plus, la solution à adopter dépend des caractéristiques du flux de produits à traiter. Ce qui peut d’ailleurs signifier qu’il peut y avoir plusieurs processus pour les différents flux d’un même donneur d’ordre. A titre d’exemple : - Stockage multi-niveaux = picking multiniveaux (bon remplissage des palettiers ou rayonnage, mais moindre efficacité en préparation) - préparation au sol = multiplication des opérations de réapprovisionnement des adresses de préparation (plus grande efficacité de la préparation et moindre efficacité du réapprovisionnement, selon le cas, cette solution est-elle intéressante ?) - stockage sur rayonnage (efficacité de la préparation, mais utilise-ton au mieux les surfaces de l’entrepôt et la mise en rayonnage ne présente-t-elle pas un surcoût par rapport à un rangement de palettes complètes en palettier ?), etc..; On perçoit donc bien la complexité de ce type d’opérations, qui ne sont pas d’ailleurs épargnées par la difficulté de dimensionnement des moyens, de surcroît face aux obligations de qualité de service données par le donneur d’ordre (délai de disponibilité des produits entre réception et rangement, délai de traitement des commandes au particulier) A cette complexité, s’ajoute, bien évidemment le décalage entre prévisions et réalisation avec les risques de sur et sous-capacité. Un savoir-faire et une approche méthodologique appropriée sont donc indispensables, ainsi qu’une capacité d’anticipation, de prévision et de maîtrise des informations sur le stock et les flux de produits. Ceci étant posé, il convient de constater que tous les éléments de cette démarche ne sont pas spécifiques à une activité sous-traitée, mais font déjà partie de la démarche de coordi- nation logistique que le donneur d’ordre a ou devrait adopter : coordination entre les achats, la gestion des stocks et des approvisionnements, la production, l’administration des ventes et la distribution physique. N’oublions pas un élément sous-jacent de ce que nous venons d’évoquer mais fondamental : - Quel est le bâtiment adéquat selon le type d’activité ? (quel type de construction permettra de faire évoluer, de modifier les équipements de stockage avec la souplesse maximale ?) L’idée générale à suivre devrait être de construire le bâtiment autour de l’exploitation. Quelles structures de coûts ? La multiplicité des fonctions assurées par le prestataire et la somme des contraintes auxquelles il doit faire face, l’obligent à porter la plus grande attention au coût de chacune des prestations. L’idée sousjacente est bien sûr qu’un service sous rémunéré ne pourra longtemps demeurer un service de qualité, générateur de profit pour le prestataire et pour son client. le meilleur service au meilleur prix. Cette démarche et la méthodologie à adopter sont de même nature que pour le calcul d’un prix de revient en transport. De façon évidente, une prestation régulière (sous-entendue de longue durée) permettra des performances supérieures à une prestation occasionnelle (taux d’utilisation des moyens, productivité,...). En préalable, à toute proposition tarifaire, il sera nécessaire d’effectuer avec le client une étude très précise de toutes les facettes du prix de revient actuel, s’il s’agit d’une prestation existante, de l’ensemble du problème s’il est une activité nouvelle. Si nous examinons de façon plus précise les postes composants d’une prestation entreposage et préparation de commande, nous pouvons partir du constat suivant : la fonction entreposage se décompose en 3 grandes activités que sont : - la manutention (personnel et matériel) - le magasinage - la gestion administrative (ou tenue de stocks) La valeur de cette étude sera fonction de l’analyse du besoin exprimé par le client d’où l’importance à la fois d’un cahier des charges, complété d’un questionnaire élaboré par le prestataire et/ou de plusieurs entretiens, mais aussi la connaissance du marché sur lequel le client exerce son activité. Cela doit permettre d’identifier et de dimensionner les moyens à mettre en place, donc d’évaluer le coût d’exploitation. Le prestataire devra ensuite se poser un ensemble de questions afin de définir les règles de gestion lui permettant d’optimiser ses coûts d’exploitation et de proposer L’objectif est d’obtenir une répartition des charges de chaque poste et d’établir un prix de revient d’une heure de personnel de manutention, d’une heure d’un chariot élévateur ou autre type de matériel, d’un m² d’entrepôt (avec ou sans équipement spécifique, d’une ligne de gestion. La manutention (en fait manutention et préparation de commande) peut se décomposer en 2 parties : LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 27 - le personnel de manutention - le matériel de manutention Cette décomposition s’explique par le fait qu’aujourd’hui la plupart des unités/charges à manutentionner nécessitent l’intervention d’un matériel (dispositif de déchargement, transpalette électrique, chariots élévateurs, gerbeurs, préparateurs de commande, etc...). Il en est de même pour la préparation de commande avec dans certains cas des matériels très sophistiqués ( convoyeurs, trieurs,...). les palettiers ou rayonnages, mais aussi les installations de chauffage, de sprinklage, sale de charge, batteries, etc...) qui se situent à l’intérieur de l’entrepôt. Dans cette rubrique manutention/préparation, il faut ajouter en suivant cette même ventilation (personnel, matériel), tout ce qui est relatif aux opérations additives de conditionnement, d’emballage pour expédition. La gestion administrative des stocks : Ce poste souvent « oublié » se justifie par l’évolution des flux de produits, pour lesquels nous traitions auparavant des masses de produits, des gros volumes avec peu de références, tandis qu’aujourd’hui leur nombre se multiplie, ce qui va d’ailleurs de paire avec la notion de préparation de commande ; D’où une complexité plus accrue. Il convient de noter qu’une référence qui ne ferait que « passer » un jour par an dans l’entrepôt, référence saisonnalité par exemple, devra être gérée toute l’année, donc aura un coût annuel. Le magasinage Comprend d’une part les surfaces nues de l’entrepôt, d’autre part les installations spécifiques (équipements de stockage tels que En conclusion de cette partie, vous pouvez vous référer au "manuel méthodologique de calcul des prix de revient de l’entrepôt" publié par la FEDIMAG. Quelles structures de tarification ? 28 La tarification est pratiquée de la façon la plus classique par unité d’oeuvre. A titre d’exemple - pour une opération d’étiquetage : le nombre de pièces étiquetées, - pour une opération d’emballage : le nombre de cartons réalisés, - pour une opération administrative : le nombre de dossiers, références, enregistrements traités. dans tous les cas, la difficulté principale est l’identification de l’unité d’oeuvre correcte. Pour les activités d’entreposage, une erreur d’unité d’oeuvre est une bonne façon de perdre toute marge, voire de travailler à perte. Distinguons-les par types de coûts : Coût d’un entrée d’entrepôt qui correspond à un coût de manutention : à chiffrer en cartons ou palettes selon la présentation des arrivages ; dans le cas où les 2 types de présentations existent, on parlera alors de mouvements mais dans ce cas il sera nécessaire d’en suivre de près la répartition, LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 afin de pouvoir réagir si elle évolue. On comprend bien que la charge de travail pour manutentionner un carton (travail manuel) est différente de celle nécessaire pour manutentionner une palette (travail mécanisé). Ne pas retenir les notions de références ou ligne de commande qui n’ont pas de corrélation directe avec ce qui est à manutentionner. Coût de stocks qui correspond à un coût de magasinage : A chiffrer en emplacements palette occupés. En effet, que du stock soit présent ou non dans l’entrepôt, pour chaque article et en fonction du volume prévu (moyen ou maxi) un certain nombre d’emplacements est réservé, même si en pratique ils ne sont pas forcément affectés à cet article. A partir de cette logique, le coût doit être valorisé au mois, à la limite à la quinzaine et non pas en nombre de jours d’occupation. Si l’on valorisait en nombre de jours d’occupation, dans ce cas pour les jours sans stocks ces emplacements serait perdus puisqu’en pratique non récupérables. Coût d’une sortie entrepôt ou préparation de commande : La logique est la même que pour les mouvements d’entrée : à chiffrer en palettes s’il s’agit de bons complets ou en cartons en cas de préparation de détail. Le chiffrage en ligne, poids ou volume peut être une source importante d’écarts surtout si l’activité ne correspond pas aux prévisions, ce qui dans la plupart des cas donnera des « profils » de ligne de commande différents. Coût administratif qui correspond à un coût de gestion de stocks : A chiffrer en nombre d’articles ou à valoriser en postes de travail, comme l’encadrement ou l’équipe d’inventaire. Nous voyons bien que ces points sont très importants à maîtriser, d’autant qu’ils peuvent faire l’objet d’âpres discussions avec le donneur d’ordre (celui-ci a l’habitude de travailler avec une certaine unité d’oeuvre ou bien il est manifestement indélicat, par exemple il veut travailler au poids alors qu’il sait que son nombre de lignes de réception et de commande va évoluer). Outre les unités d’oeuvre, quels sont les autres types de pièges ? Travail en moyenne De façon conventionnelle, l’habitude est de prévoir et de planifier le travail en moyenne. Dans ce type de prestations, étant donné qu’il existe un engagement de qualité de service, de délai de traitement, une dispersion importante de l’activité doit être connue pour bien dimensionner l’outil et les effectifs au risque de ne pas pouvoir traiter la charge dans les délais impartis ce qui est un point sensible du contrat. C’est le cas d’une activité qui subit des variations importantes, saisonnières notamment, mais la problématique est aussi la même lorsqu’un ou plusieurs jours fériés viennent s’intercaler dans la semaine de travail sans pour autant, modifier, réduire la charge de travail à « absorber ». Donc tous les moyens sont bons pour obtenir le maximum de visibilité lors des discussions initiales par l’analyse de l’activité et des différents flux de produits, ou dans la procédure de transmission des ordres de travail, afin de connaître l’activité au plus tôt et d’ajuster la capacité en conséquence. Identification et contrôle Parmi les préoccupations majeures des logisticiens, l’identification et le contrôle en réception sont omniprésents. Le fait de sous-traiter ne supprime, bien sûr en aucun cas, cette préoccupation. Il s’agit de savoir si la qualité du flux de produits est satisfaisante, pour son identification, mais aussi quantitativement, pour n’avoir à le contrôler qu’en cas d’exception. On comprend bien que ceci peut être cause d’une surcharge de travail, due au temps perdu lorsqu’il y a problème. sans oublier qu’en cas de contrôles inefficaces, les résultats d’inventaires dont le tenant du stock est responsable, seront mauvais. Comment faire pour pallier ce type de problème : il convient de définir les règles de présentation des articles et de spécifier le pourcentage du flux qui nécessitera une mise en attente pour identification et/ou contrôle (ne serait-ce que pour prévoir un lieu de stockage adéquat, et soustraire ces cas des statistiques de performance). Conditionnement et emballage Mêmes types de problèmes que pour l’identification et le contrôle, s’il s’agit aussi d’une mauvaise présentation des produits à la réception, qui nécessitent une reprise pour être stockés, voire pour être prélevés lors des opérations de préparation de commande. D’où temps d’attente et surcharge de travail non prévus. Les opérations les plus courantes sont le rempotage, le ré-emballage, ou le reconditionnement selon les unités de vente. Même démarche que pour le point précédent quant à l’anticipation, mais il est aussi nécessaire de définir quel est le décideur sur le travail additionnel à effectuer et de prévoir, le cas échéant, une clause de facturation sur ce travail supplémentaire. LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 29 Variations d’activité vis à vis des prévision Au delà des écarts d’activités évoqués cidessus, un problème de fond peut se poser qui est le constat de variation de l’activité dans son volume ou sa structure, au regard des spécifications du cahier des charges. L’outil ayant été dimensionné selon les chiffres initiaux, le résultat obtenu peut, dans ce cas, conduire : - soit à un surcroît d’efficacité si la variation « va dans le bon sens », ce qui dans ce cas positif pour le prestataire, - soit à une perte d’efficacité, d’où perte de marge et même travail à perte. Que faire dans ce cas ? Tout d’abord afin d’identifier cette (ces) variation(s), le prestataire doit mettre en place les indicateurs de mesure de son flux, ce qui peut déjà être fait sur demande du client au titre de tableaux de bord ou compte rendu d’activité, ou peut être fait à l’initiative du prestataire même si le demande n’est pas exprimée. Ensuite, il faut prévoir une révision de con- trat au-delà d’un certain pourcentage d’écart. La notion d’avenant au contrat, est important car outre le fait qu’elle permet de se repositionner correctement en terme de rentabilité, un avenant permet toujours d’éviter une renégociation complète du contrat, ou une relance d’un nouvel appel d’offre du donneur d’ordre. Impact transport de la préparation de commande sur le remplissage des véhicules Comme évoqué précédemment, une modification de la structure des flux, mais aussi une modification d’une opération peut avoir un impact sur les opérations situées en amont et en aval de celle-ci et générer une modification profonde de ces opérations. Par principe, on doit donc étudier/ré-examiner les opérations en amont et en aval en cas d’ajoût ou de suppression d’une prestation. Un exemple bien connu est l’impact du remplissage des véhicules de distribution, du à une modification dans le traitement et la préparation des commandes. A régler à travers un cahier des des charges ou un questionnaire complémentaire sur le flux de transport. Du cahier des charges au contrat 30 Comme nous venons de l’évoquer dans les éléments clefs de la relation prestataire/donneur d’ordre, nous retrouvons : - le cahier des charges et les questionnaires adressés au donneur d’ordre, - le contrat, qui reprend les informations des cahiers des charges et questionnaires sur l’activité, les flux et les engagements de qualité de service. Y compris sur les contrats de faible importance, des contrats simples, nous ne pouvons que recommander cette démarche, qui «verrouille» dans le bon sens du terme les relations donneur d’ordre/prestataire. Il faut cependant reconnaitre que cette démarche n’est pas aisée, car tous les donneurs d’ordre ne sont pas prêts à l’adopter, que ce soit par manque de professionnalisme, par manque d’informations détaillées, ou encore de façon délibérée...! LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996 Dans le premier cas elle peut même faire peur. Néammoins, force est de constater qu’elle est la garantie de rapports sains qui s’orientent vers une relation où chacun y trouve son compte. En référence, nous vous recommandons de vous procurer le «contrat de coopération logistique» publié par le FEDIMAG qui en reprend le détail. Nous noterons que le terme de coopération a remplacé celui de partenariat, un peu galvaudé. Cependant, nous pouvons remarquer que certains prestataires adoptent une démarche de transparence du compte d’exploitation avec une logique de coût plus marge. Cette orientation devient systématique lorsque les interlocuteurs des deux côtés de la table ont les points communs suivants : - des tailles relativement comparables ou pour le moins équilibrées - une maîtrise très fine de l’activité - la volonté de travailler en partageant les gains de productivité et les pertes sil y a lieu. Les prestations dédiées sont bien sûr le terrain le plus favorable à ce mode de fonctionnement. Nous ne pouvons qu’encourager ce type d’approche mais aussi insister à nouveau sur le fait qu’au delà du discours, c’est bien le contrat qui au final doit formaliser cette façon de travailler. Conclusion Après ce tour d’horizon, reprenons les idées principales : - La prestation logistique est un marché qui se développe. - Pour se positionner sur ce marché, il convient d’apprécier les segments porteurs et de bien intégrer les attentes du client final. - La concrétisation de l’offre pourra se faire sous la forme d’un développement délibéré dans le cadre d’une stratégie prédéfinie ou bien au fil des opportunités mais en tout cas, en conservant un positionnement cohérent. - Dans tous les cas, il conviendra de développer le professionnalisme des équipes qui traiteront ces dossiers, tant au niveau commercial, technico-commercial, qu’opérationnel. - La clef de voûte du système repose sur le cahier des charges et le contrat ; - Les solutions dédiées sur mesure permettent d’aborder le métier de façon plus progressive et plus fructueuse tant en termes techniques, que de rentabilité. quelques réflexions (pêle-mêle) La pléthore de m² d’entrepôts disponibles sur le marché est inadaptée et les promoteurs qui développent de nouveaux marchés sont rares. L’investissement sur l’informatique, les systèmes d’information et de communication deviennent indispensables et seront de toute façon à réaliser pour l’activité transport. Les méthodologies adoptées dans le cadre des démarches de certification qualité, sont applicables à ces nouvelles prestations et peuvent procurer d’une part un avantage concurrentiel (le label peut être exigé par certains clients), d’autre part, elles permettent de mieux maîtriser son efficacité. Le développement de l’activité par métier a peut-être atteint ses limites et l’on tend sans doute vers une spécialisation par segments d’activités La vente des prestations transport à leur véritable coût, et/ou l’apparition de contraintes législatives ou réglementaires pour le transport conduira nécessairement à un redéploiement des stocks à proximité des marchés, donc à la multiplication d’entrepôts régionaux et locaux. 31 LOGISTIQUE & MANAGEMENT vol 4 n° 1 - 1996