Comment éviter les ruptures des contrats en alternance

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Comment éviter les ruptures des contrats en alternance
n° 60•mai 2011•ISSN 1967- 6158
Comment éviter les ruptures
des contrats en alternance ?
emploi formation insertion
Franche-Comté
Pour optimiser l’insertion professionnelle des jeunes et lutter contre
le décrochage scolaire, réduire le nombre de ruptures des contrats
en alternance est un enjeu déterminant en Franche-Comté.
L'alternance est très utilisée dans la région. De nombreux contrats sont
signés chaque année. En 20101, ce sont 6 717 contrats d'apprentissage
et 1 656 contrats de professionnalisation jeunes qui ont été conclus.
Les jeunes bénéficiaires de contrats en alternance s'insèrent assez facilement sur le marché du travail.
Cependant, comme l’a montré l’étude quantitative réalisée en 20102,
le taux de rupture brut3 est de 33 % pour les contrats d’apprentissage et
de 17 % pour les contrats de professionnalisation jeunes. L’importance
du nombre de ces ruptures est préoccupante. Souvent très
mal vécues, les ruptures déstabilisent le jeune dans son parcours et
l'employeur dans sa volonté d'intégrer et de former les alternants.
Il est donc indispensable d’identifier les bonnes pratiques qui
permettent de limiter le nombre de ruptures et de mettre en
place les actions nécessaires pour que ces dispositifs jouent
pleinement leur rôle de vecteur d'insertion des jeunes francs-comtois.
1
source : Mensuel de l'emploi - Direccte - janvier 2011
Point sur n°59 - décembre 2010 "Ruptures des contrats en alternance"
3
taux de rupture brut = contrats rompus (y compris pendant la période d'essai) / contrats signés
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n° 60 - mai 2011
Comment éviter les ruptures des contrats en alternance ?
Ne pas stigmatiser mais comprendre les raisons des ruptures
Pour lutter contre les ruptures des contrats en alternance, il convient de ne pas stigmatiser, ni de
considérer que toute rupture est synonyme d’échec. Une première rupture peut être le passage
nécessaire vers un nouveau départ. En Franche-Comté, 67 % des contrats d’apprentissage et 83 %
des contrats de professionnalisation jeunes sont parvenus à leur terme sans difficulté majeure. Les
jeunes estiment que l'alternance est un dispositif efficace pour s'insérer dans le monde du travail.
Causes des ruptures
Durant les phases d’élaboration et de
validation du projet, plusieurs causes
peuvent se conjuguer
• l’orientation par défaut du jeune,
• un manque d'approfondissement de la validation du projet lors de l’embauche,
• le manque d’encadrement, de repères sociaux
et parfois aussi le poids d’une partie de la charge familiale sur le jeune.
Durant les phases de contractualisation et
d’accueil, des causes semblent récurrentes
• le défaut de formalisation dans le recrutement : l’entretien d’embauche est souvent trop
rapide voire absent et, dans la majorité des cas,
le maître d’apprentissage/tuteur n’est pas présent lors de cet entretien,
• une intégration mal préparée dans l’entreprise : l’équipe de travail composée de personnes
plus âgées que l'alternant est souvent pas informée de sa venue et le jeune maîtrise rarement
les codes de comportement dans l’entreprise.
Le défaut de formation des maîtres
d’apprentissage/tuteurs et le manque
de coordination entre les acteurs de
l’alternance sont fréquemment évoqués
comme causes de rupture • les maîtres d’apprentissage/tuteurs, acteurs
essentiels de la réussite du contrat, ne détiennent pas toutes les clés nécessaires à la bonne
compréhension du comportement du jeune et à
sa prise en charge pédagogique. Ces professionnels connaissent aussi fréquemment, au sein de
leur entreprise, un manque de reconnaissance
du travail qu'ils accomplissent pour la réussite
du contrat du jeune,
Méthodologie
• la formalisation du parcours du jeune au sein
de l’entreprise, de sa progression et du programme de travail est souvent inexistante,
• les liens entre l’entreprise et l’organisme de
formation sont souvent très distants et les éventuels échanges mal préparés entre l’entreprise,
l’organisme de formation et l’alternant. L’attente de prise de contact est réciproque. Trop
rares sont les visites des représentants des organismes de formation dans l’entreprise durant la
période d’essai.
Les dysfonctionnements de l’alternance
et le contexte social du jeune sont aussi
des causes potentielles de rupture Certaines entreprises ne jouent pas le jeu et
utilisent les dispositifs d’alternance comme
des moyens d’accès à de la main d’œuvre à
bas coût, d’autres ne mettent pas en place les
conditions de formation indispensables au bon
déroulement du contrat.
Ces entreprises sont parfois bien identifiées,
mais il est très difficile de les inciter à améliorer
leurs pratiques et les jeunes ne peuvent pas en
être avertis car ils ne contactent pas forcément
un professionnel (chambres consulaires, structures d'accompagnement vers l'emploi...) avant de
signer leur contrat.
Enfin, les conditions sociales défavorables du
jeune peuvent aussi précipiter les situations de
rupture.
Ces difficultés, dont la liste n'est pas exhaustive,
ont systématiquement été mises en avant par les
interlocuteurs rencontrés et sont confirmées par
les travaux réalisés dans d’autres régions sur cette
même problématique.
L'étude sur les ruptures des contrats en alternance
est composée de 2 parties :
> La première (qui a fait l'objet du Point sur n°59) permet de détecter les facteurs influençant
les ruptures, qu'ils concernent les types de contrat signés, les bénéficiaires, les employeurs...
>La seconde (dont la synthèse fait l'objet de ce présent Point sur) s'intéresse aux pratiques
qui permettent d'éviter les ruptures. Ces pratiques ont été recensées auprès des principaux
acteurs régionaux de l'alternance et d'un échantillon de jeunes. Leur analyse vise à dégager
des préconisations et pistes d'action permettant d'optimiser ou de développer les
pratiques actuelles.
2
Niveaux de formation
3
Sensibiliser, informer et mutualiser
Les acteurs de l’alternance en Franche-Comté considèrent que l’action sur la diminution du
nombre de ruptures passe d’abord par la sensibilisation, l’information et la mutualisation des
bonnes pratiques.
Pratiques permettant de limiter les ruptures
Avant la signature du contrat •mise en place d’un point unique d’accès à
l’information afin de faciliter les démarches de
prise de renseignements, de fournir une information homogène et d'inclure très tôt dans la
démarche d’information un processus de validation du projet,
•organisation d’une manifestation d’ampleur
régionale sur l’alternance à l'attention des jeunes et de leur famille, des enseignants, des
conseillers d'orientation...,
•développement d'une dynamique forte d’information conduite par les organisations professionnelles auprès des conseillers d'orientation,
d'accompagnement vers l'emploi...,
•validation de l'orientation de l’alternant par la
systématisation du recours à une méthodologie
d’évaluation de son projet,
•réalisation d’un "stage découverte" préalable à
la signature d’un contrat imposé par un nombre
grandissant d’entreprises,
•conseil, accompagnement des entreprises dès
la phase amont de la signature du contrat et
tout au long du contrat.
Lors de la contractualisation et pendant
le déroulement du contrat •développement de chartes d’engagement qualité de l’apprentissage ; ce type de charte est
généralement élaboré avec succès par l’organisation professionnelle de branche,
•renforcement de la procédure de recrutement
et de l’accueil du jeune : formalités, thèmes
incontournables à aborder lors de l’entretien
d’embauche...,
•instauration d’un véritable suivi entre l’organisme de formation et l’entreprise : visites
programmées en présence de l’alternant, réalisation systématique d’un compte-rendu remis à
l’entreprise...,
•renforcement et valorisation de la formation
des maîtres d’apprentissage/tuteurs en développant les "labels qualité maître d’apprentissage/tuteur",
•mise en place de dispositifs d’écoute permanente et neutre permettant de dénouer les situations difficiles et d’agir rapidement contre
les difficultés,
•accompagnement social du jeune lorsque sa
situation est jugée fragile.
En cas de rupture effective •accompagnement du jeune pour le remettre
dans une démarche positive de recherche d’un
nouveau contrat en alternance ou d'une autre
orientation. Le rôle de la cellule d’écoute ou du
médiateur est alors essentiel,
•maintien du suivi de l'entreprise en valorisant les efforts et investissements réalisés, en
conseillant sur des éventuelles pratiques d'accueil à améliorer et en incitant à rester engagé
dans l'alternance.
Intérêt des pratiques selon les jeunes
En savoir plus - site d'Efigip :
> "Étude qualitative sur les pratiques permettant
d'éviter les ruptures des contrats en alternance"
Étude exhaustive - avril 2011
> "Ruptures des contrats en alternance"
Le Point sur n°59 - décembre 2010
> "Ruptures des contrats en alternance,
des causes récurrentes"
Note de synthèse documentaire - décembre 2010
Les jeunes confirment l’intérêt des bonnes pratiques
évoquées ci-dessus et mettent en avant quelques axes
d’amélioration
Ils confirment la nécessité d’une information renforcée
sur l’alternance et la possibilité de découvrir l'activité
ou le métier avant de s'engager. Ils insistent tout
particulièrement sur l'efficacité de l'accompagnement et
le rôle pédagogique du maître d'apprentissage/tuteur.
Ils citent comme étant des priorités d’action contre les
ruptures :
• l’accès aisé à l'information sur l'alternance,
• l’amélioration de la communication entre tous
les acteurs de l’apprentissage,
• la réduction de l’écart entre la formation dispensée
en centre et la formation pratique au sein
de l'entreprise.
Comment éviter les ruptures des contrats en alternance ?
n° 60 - mai 2011
S'appuyer sur l'existant, ne pas démultiplier les dispositifs
Axes d’action qui se dégagent :
•mobiliser tous les partenaires de l'alternance sur la problématique des ruptures,
•informer en renforçant la vision objective et chiffrée des ruptures sans stigmatiser,
•fixer un objectif mobilisateur de diminution globale des ruptures de contrat en
alternance en Franche-Comté.
C’est grâce à une mobilisation forte de l’ensemble des partenaires impliqués et à la
mise en place d'actions concrètes contre les ruptures que l’alternance, enjeu national
pour l’emploi, assurera au mieux son rôle d'insertion pour les jeunes francs-comtois.
Outil de diagnostic,
de prospective,
d’évaluation et
d’aide à la décision
au service des décideurs
publics sur les champs
de l’emploi, de la formation,
de l’insertion et de la lutte
contre les exclusions,
Efigip est un groupement
d’intérêt public financé
dans le cadre du contrat de
projets État-Région 2007-2013.
Édité pour la Région de Franche-Comté
et la Préfecture de région par Efigip.
Directeur de la publication : Philippe Maffre
Responsable de rédaction : Luce Charbonneau
Ce numéro a été imprimé en 500 exemplaires
par L'imprimerie du Conseil régional de Franche-Comté - Besançon.
Étude réalisée en partenariat
avec le cabinet Ambroise Bouteille
Efigip
Espace Lafayette
8 rue Alfred de Vigny
25000 Besançon
tél 03 81 25 52 25
fax 03 81 25 52 20
www.efigip.org
[email protected]
conception réalisation Efigip
Actions prioritaires à conduire :
•informer et former les maîtres d’apprentissage/tuteurs sur le phénomène des
ruptures : développement de chartes, de labels de maître d’apprentissage/tuteur,
sensibilisation aux causes possibles de rupture, aux bonnes réactions à mettre en
œuvre face aux situations rencontrées…,
•proposer des conditions plus attrayantes pour la formation des maîtres
d’apprentissage/tuteurs,
•construire un référentiel partagé des compétences à détenir par les maîtres
d’apprentissage/tuteurs,
•mutualiser l’information sur les bonnes pratiques : mise en place d’un support
d’information commun à toutes les branches, mobilisation des acteurs relais,
•établir un guide des bonnes pratiques de l’entretien d’embauche du
jeune alternant.