La Guadeloupe
Transcription
La Guadeloupe
DOSSIER RÉGIONAL La Guadeloupe : présentation Le contexte géographique Double insularité et éloignement a Guadeloupe est un archipel de 1 704 Km2, situé à 8000 KM de la France hexagonale. L Colonie depuis 1635, elle est devenue département français en 1946 et a été érigée en région monodépartementale par la loi du 31 décembre 1982. La Guadeloupe forme un archipel regroupant, outre la Guadeloupe continentale composée de deux îles la Grande Terre et la Basse Terre, six îles habitées, parfois très éloignées les unes des autres : Marie-Galante, la Désirade, l’archipel des Saintes, SaintBarthélémy et Saint-Martin. La consultation électorale du 7 décembre 2003 a fait sortir ces deux dernières îles du territoire guadeloupéen. La Guadeloupe est donc désormais découpée administrativement en deux arrondissements : Basse-Terre et Pointe-à-Pitre. Elle possède 32 communes. Pression démographique Estimée à 460 000 personnes au premier janvier 2004, la population de la Guadeloupe poursuit une progression constante. La densité atteint 251 habitants au KM2 contre 108 en métropole. L’agglomération pointoise concentre plus du tiers de la population. La population guadeloupéenne se caractérise par sa « jeunesse » : 32 % est âgée de moins de 20 ans (25% en métropole). Le taux de natalité demeure élevé : 17,1% (12,6% en métropole). Toutefois, cette population a sensiblement vieilli : si la part moyenne des personnes âgées de 60 ans n’est que de 14% (22% en métropole), on assiste néanmoins à un accroissement constant de cette population (+ 30% de 1990 à 1999). Ce vieillissement engendre des éléments potentiels de précarité (maladies, fragilisation). Le contexte socioéconomique et sanitaire Les indicateurs socioéconomiques Les différentes données socio-économiques concernant la Guadeloupe font apparaître l’existence d’une précarité réelle bien éloignée de toutes les idées de paradis que l’on se fait de ce département d’Outre-Mer de la Caraïbe. Cette précarité revêt différentes dimensions et se manifeste au regard de nombreux indicateurs. n Le chômage L’espérance de vie s’élève en moyenne à 76,2 ans : Parmi les données socio-économiques, celles du chômage sont particulièrement parlantes. Le taux de chômage en 2003 était de 24,3 % contre 9,5% en métropole. Même si le nombre de chômeurs diminue depuis 1999, ce taux reste très élevé. Comparativement aux autres départements d’outre-mer, la Guadeloupe figure parmi les moinsbien placés : - 79.9 ans pour les femmes (81,9 ans en métropole) GUADELOUPE 24,7 MARTINIQUE 22,3 GUYANE 23,2 REUNION 29,7 METROPOLE 9,3 Les femmes représentent un peu plus de la moitié de la population, elles sont moins nombreuses parmi les moins de 20 ans mais avec l’âge, la tendance s’inverse, la mortalité masculine étant plus importante. - 72,5 ans pour les hommes (73,8 ans en métropole) Parmi les autres caractéristiques de la population guadeloupéenne, on note qu’une personne sur deux est célibataire parmi les plus de 15 ans (1 sur 3 en métropole). Source : INSEE 4ème trimestre 2002 17 DOSSIER RÉGIONAL n Le travail informel La place du travail informel («le job») dans l’économie constitue une autre caractéristique de la structuration du marché de l’emploi de la Guadeloupe. Une étude de l’Insee dénombrait 15 200 emplois non déclarés en Guadeloupe en 2002 soit 12,6 % des emplois totaux. Là encore la Guadeloupe présente un situation plus négative que la Martinique (9 700 emplois – 7,7%) et que la Guyane (4 400 emplois – 10,8%). De fait, le travail informel permet à l’économie et plus généralement à la société guadeloupéenne de survivre en dépit du fort taux de chômeurs. Il est, cependant à la fois révélateur et générateur de précarité. Outre les inconvénients qu’il présente en terme de sécurité de l’emploi, de projet de vie, de sécurité sociale (absence notamment de cotisation pour la retraite), le travail informel est assez peu rémunéré. n La précarité à travers les presta- 76 % des RMIstes en Guadeloupe ont entre 30 et 59 ans. n Les indicateurs sanitaires Face aux problèmes de santé publique nombreux, des priorités régionales ont été arrêtées. Les Programmes Régionaux de Santé (PRS) : tions sociales Comparée à la métropole, la Guadeloupe présente des indicateurs nettement défavorables quel que soit le type de prestations : allocation de logement à caractère social, allocation de parents isolé, allocation aux adultes handicapés… Le RMI est l’allocation la plus distribuée. Le nombre de personnes couvertes (bénéficiaires et ayants droit) n’a cessé d’augmenter depuis l’instauration de cette prestation en 1989 avec 62 083 personnes au 31 décembre 2002 contre 54 354 au 31 décembre 1999. 18 • périnatalité Le taux de mortalité infantile est de 8.2 pour mille contre 4.5 pour mille en métropole. • alcool L’abus d’alcool est préoccupant dans la mesure où il est à la fois problème de santé et déterminants en accidentologie. On estime à 2.7 % de la population adulte en état d’abus d’alcool, soit 7 300 personnes dont 1.3% dépendant. • Sida 1092 cas de sida ont été déclarés dans le département depuis le début de l’épidémie. La Guadeloupe est, après la Guyane, le deuxième département le plus touché. Le mode de transmission hétérosexuel reste prédominant avec 62 % cas de contamination. La prévalence des femmes augmente régulièrement, de même que la file active hospitalière (158 cas nouveaux suivis par an par le CISIH). L’accès à la prévention est insuffisant. L’importance de l’épidémie, non maîtrisée en Guadeloupe justifie la priorité donnée à la mise en place par la DSDS du plan de lutte et de prévention contre le VIH/SIDA : 2005-2008. • Les accidents de la voie publique Ils s’intègrent dans une problématique accidentologie source de plus d’1/3 des décès par mortalité prématurée. • Diabète : Prévalence dans la population : 6.6% • Hypertension artérielle DOSSIER RÉGIONAL Les problèmes spécifiques hors PRS • Pratiques addictives La consommation d’héroïne est peu importante. En revanche, la cocaïne est essentiellement consommée en Guadeloupe sous forme de crack. La prévalence est estimée à 1.4% de la population de plus de 18 ans en consommation abusive, soit environ 3800 personnes dont 0.9% en état de dépendance. Les structures existantes sont dispersées et le lien entre la prise en charge médicale et la prise en charge sociale n’est pas toujours aisé. De plus, la formation des acteurs impliqués dans cette prise en charge est prioritaire, la problématique guadeloupéenne sur les produits crack, cannabis et alcool nécessitant des compétences spécifiques. La création récente d’un réseau des addictions en Guadeloupe s’inscrit dans cette prise en charge globale des personnes ayant des conduites addictives, en organisant la prévention, les soins et leur coordination et l’accompagnement social. • Dengue Le dispositif de lutte anti-vectorielle contre cette maladie infectieuse transmise par le moustique est très actif. Le contexte médico-social et social n Le secteur du handicap Malgré les actions menées ces dernières années et l’ouverture de nombreuses structures, le taux d’équipement reste peu élevé dans le département de la Guadeloupe. Pour l’enfance handicapée, il est de 3.33%° contre 8.44%° en métropole, pour les adultes handicapés, il est de 1.06%° pour les CAT (2.99%° en métropole) et de 0.08%° pour les MAS (0.45%° en métropole). Les listes d’attente sont longues en IME, CAT et MAS. Elles enregistrent environ 247 dossiers à la CDES et 180 à la COTOREP. Par ailleurs, certains handicaps ne sont pas pris en charge, comme le handicap moteur, le poly-handicap et les troubles du comportement. Des projets de création de structures sont en cours mais se heurtent à des difficultés de financement dûes au surcoût dans les DOM (coût des frais de personnel et coût inhérent à l’éloignement). • IVG On estime à environ 4800 environ le nombre réel d’IVG réalisés en Guadeloupe. En 2003, on compte 40 IVG en moyenne pour 1000 femmes de 15 à 49 ans. A tous les âges, ce taux est environ trois fois supérieur à celui de la métropole (14 pour 1000). n Le secteur des personnes agées • Cancers Si les décès par cancer sont moindres qu’en métropole, le cancer du sein ou le cancer de la prostate sont en nette augmentation. Depuis 10 ans, la Guadeloupe connaît une augmentation sans cesse croissante de sa population âgée : elle représente 14% de la population totale, soit 1 habitant sur 7. Pendant longtemps, la solidarité familiale a joué dans la prise en charge des aînés. Puis, s’est développé le maintien à domicile mais face à la lourdeur de la prise en charge, l’accueil en institution a été favorisé. Cependant, le nombre de places aujourd’hui disponible est encore insuffisant eut égard aux besoins réels de l’archipel : alors qu’1 habitant sur 8 dispose d’une place dans une structure d’hébergement pour personnes âgées en métropole, le rapport est en Guadeloupe de 1 pour 50. La politique départementale a donc choisi d’optimiser l’accueil en établissement – restructuration d’institutions existantes et création de nouvelles structures – tout en privilégiant le maintien à domicile grâce à la mise en place de réseaux et filières de soins, efficaces et performants. n La lutte contre les exclusions Depuis quelques années, la Guadeloupe est en proie à un phénomène croissant de désocialisation touchant des personnes de 15 à 40 ans, issues pour la plupart, des quartiers déshérités des agglomérations de Pointe-à-Pitre, Abymes, Gosier sur la Grande Terre. Ce phénomène nouveau vient se greffer sur un tissu social précaire où la proportion de chômeurs reste très élevée par rapport à la moyenne nationale. Face à ces problèmes de l’exclusion, l’ensemble des acteurs locaux (Conseil Régional, Conseil Général, Etat, Caisse Générale de Sécurité Sociale, CAF, ARH, Agence Départementale d’Insertion) s’est 19 DOSSIER RÉGIONAL mobilisé pour coordonner leurs actions et leurs moyens. Cette mobilisation a conduit à la signature le 24 avril 2001 d’une convention-cadre relative à la coordination dans le département de la Guadeloupe de la lutte contre les exclusions et la mise en place d’un Comité Départemental de Coordination des politiques de prévention et de lutte contre les exclusions. On peut citer parmi les nombreuses actions mobilisant tous les acteurs du champ social et sanitaire : la création de trois centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), d’un accueil de nuit, de deux accueils de jour, le développement de neuf équipes de rue, l’amélioration de l’accès au logement et des politiques d’insertion… La DSDS est par ailleurs en train d’élaborer son schéma de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion. Les mesures décidées dans le cadre du projet de loi sur la cohésion sociale vont continuer de mobiliser l’ensemble des acteurs. La DSDS, comme toutes les DDASS et DRASS s’inscrira particulièrement dans les mesures relatives à la participation, à la mobilisation des acteurs et au pilotage, à la qualité de l’accueil, à l’accès aux soins, à la dignité de l’hébergement et à l’accès au logement. Nadine DI GUARDIA DSDS de Guadeloupe LE CONTEXTE PARTICULIER de la DSDS.. Tous ces défis que la Guadeloupe doit relever s’inscrivent dans un contexte particulier lié à ses missions et à son implantation géographique. En effet, la DSDS a, depuis juillet 2001 les attributions qui relèvent à la fois d’une DRASS et d’une DDASS. Les chantiers décidés au plan national doivent être déclinés à la fois au niveau départemental et au niveau régional dans des délais très courts : réforme des EHPAD, permanence des soins, consultation départementale en santé publique, conférence régionale de santé… De plus, la DSDS est représentée sur 10 sites, ce qui entraîne des difficultés organisationnelles difficiles à maîtriser au quotidien ( trajets, ARTT) et des coûts supplémentaires. Cela se traduit par le fait que 38% du budget de fonctionnement est utilisé pour couvrir des dépenses générées par cet éclatement (liaisons informatiques, transport de matériel dans les îles), mais également pour permettre à la DSDS de rester en contact avec le ministère en participant aux réunions prévues par lui. 20