LES EAUX DE COULEUR Corinne LEGER

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LES EAUX DE COULEUR Corinne LEGER
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LES EAUX DE COULEUR
Corinne LEGER
LES COULEURS ET LES CHAKRAS
Il y a deux ans, j’ai déjà fait une intervention sur les eaux de couleur. Je vais redonner la signification de chaque
couleur, liée aux chakras.
Premier chakra : couleur pourpre et rouge.
On travaille principalement sur l’ancrage, l’énergie vitale et la mémoire cellulaire.
Le rouge travaille plus particulièrement sur ce qui est la matérialisation, l’organisation de vie, la gestion du
quotidien dans son ensemble et est en lien avec tout ce qui est sanguin.
Deuxième chakra : Orange
La couleur orange travaille sur le centrage, l’intériorisation, le Yin, le féminin et l'intuition et la créativité.
Troisième chakra : couleur or et jaune
Plexus solaire
L’or, c’est la confiance en soi, l’instant présent.
Le jaune est lié à l’émotionnel au père, à la hiérarchie et à toute la gestion de l’égo.
Quatrième chakra : couleur verte, émeraude, rose et turquoise.
Le cœur
Le vert représente la volonté, la confiance, le manque d’estime de soi, le lâcher prise, les projections et les
attentes.
L’émeraude est en rapport avec le fait de prendre sa place, avoir un positionnement, savoir dire non, mettre ses
limites. Il est en lien avec la respiration les problèmes d’asthmes.
La couleur rose représente la douceur, les états de manque et le lien avec l’amour, l’abandon.
La couleur turquoise est liée au mental, l’hyperactivité, les insomnies, les résistances du mental, le mental qui se
débat dans tous les sens.
Cinquième chakra : bleu
Gorge
Le bleu représente la communication, l’expression et la communication verbale et dans le corps, l’expression de
soi liée à toutes les peurs et les angoisses et le système de contrôle.
Sixième chakra : Indigo
3ème œil
La couleur indigo est en lien avec les intuitions, la clairvoyance, la volonté, quand on met beaucoup de volonté.
Aide à lâcher la volonté.
Septième chakra : Violet
La couronne
Tout en haut, il représente la verticalité.
Il boucle l’axe vertical entre le pourpre et les racines dans la terre et le violet, lien avec le ciel et la verticalité.
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Il y a des couleurs supplémentaires qui ont été rajoutées. Elles ne sont pas liées à des chakras et ce sont des
dérivés d’une couleur.
La couleur blanche est un mélange de toutes les couleurs en même temps est utilisée pour purifier, nettoyer,
dégager tout ce qui est émotionnel.
On l’utilise pour soi ou au niveau d’une salle pour nettoyer.
La couleur argent, anciennement appelée Rescue est utilisée pour dégager un état de choc émotionnel
énergétique et physique et apaiser
L’ACTION DES EAUX ET HUILES DE COULEUR SUR LE CORPS
On parle de vibration, de fréquence et de longueur d’onde. Il y a d’autres possibilités que je n’ai pas encore
exploitées. Cela fait appel au corps vibratoire et au corps émotionnel.
Les eaux de couleur permettent de nous mettre sur une certaine longueur d’onde. Les émotions sont également
sur une certaine longueur d’onde.
La correction se fait par le mélange des huiles essentielles qui viennent répondre dans le corps à cette vibration,
qui rechargent dans la vibration que l‘on porte.
L’information des huiles se diffuse au niveau de la peau, se transmet à la microcirculation très importante souscutanée et ensuite le sang amène l’information dans le cerveau qui est traitée par l’hypothalamus.
L’hypothalamus gère tout le système neurovégétatif, le corps sympathique, parasympathique, la digestion, le
sommeil, l’émotion, la régulation thermique du corps et le système reptilien.
Françoise Tainon : cela touche le cerveau reptilien par l’intermédiaire du cerveau limbique.
Corinne : l’information repart directement dans le corps physique avec une réaction quasi-instantanée.
On a la superposition des corps physique émotionnel, mental. Le corps vibratoire est le corps intermédiaire entre
le corps mental et le corps physique. Il agit soit sur une prédominance mentale, soit sur une prédominance
physique. Le dernier stade de matérialisation de la problématique d’une personne se révèle dans le corps
physique par les maladies. Avant la matérialisation dans le corps physique, il y a déjà eu un problème
énergétique. Si on arrive à régler le problème au niveau énergétique ou au niveau mental, on peut éviter la
problématique dans le corps.
Les huiles et eaux de couleur travaillent sur tout le côté vibratoire et le corps vibratoire
LE TRAVAIL AVEC LES EAUX ET HUILES DE COULEUR
Depuis le séminaire Chaînes musculaires d’Ariane, je travaille les eaux et huiles de couleur en relation avec les
chaînes musculaires, la position des yeux, de la langue et des pieds.
L’objectif est d‘aller chercher en age de cause la problématique et de la relier à un muscle particulier d’une
chaîne particulière.
J’établis un protocole en faisant d’abord les tests préalables, les homo crawl, l’âge de cause comme en stress
profond. Au niveau des âges, je trouve conception, premier, deuxième ou troisième mois fœtal mais guère plus.
Ensuite je teste une chaîne musculaire prioritaire.
Je me suis amusée à poser sur la roue des cinq éléments du Touch for Health les chaînes musculaires et je teste
par rapport à la saison où l’on est. Par exemple, en ce moment nous sommes en automne et cela correspond à la
chaîne antérolatérale.
Si je teste une chaîne musculaire prioritaire, je teste ensuite un muscle prioritaire dans cette chaîne, le plus près
possible du point fixe, point de départ de la chaîne.
Ensuite je teste une eau de couleur et une huile de couleur et je travaille sur le muscle testé. Je mets le corps dans
une position en lien avec la chaîne. Par exemple dans la chaîne postéro médiane, je fais mettre la personne sur le
ventre ou sur le côté gauche ou droit.
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Je propose l’injonction positive et négative de la chaîne musculaire prioritaire, la correspondance des huiles de
couleur, pour pouvoir faire des liens entre la chaîne et les eaux et huiles de couleur. En général c’est très parlant.
Certaines fois il y a des liens qui se font tout de suite, parfois non. Je continue au niveau du corps et je teste à
chaque fois le changement de position et ce que je vais aller travailler au niveau du corps.
Dernièrement, j’ai essayé une nouvelle technique : la dynamique du corps du patient. Avant le patient était
passif. Je lui apportais une énergie en travaillant sur lui. Je me suis rendue compte que je m’épuisais et que ce
n’était pas juste car l’énergie que j’apportais partait de moi vers le patient. Comme cet hiver j’ai eu des
problèmes de dos, je me suis remise en question dans ma posture, dans ma façon de travailler avec le patient. J’ai
eu envie de tester un mouvement du corps que le patient devait faire pendant que je travaillais sur lui.
Un exemple. Dans une chaîne postéro médiane, j’obtiens un test faible musculaire au niveau du pied. Je
demande au patient de faire un mouvement pour étirer le muscle du pied (flexion plantaire sur l’inspiration et
flexion dorsale sur l’expiration) et cela crée une dynamique dans le corps qui part du patient. Moi, derrière,
j’accueille la réponse du corps à l’opposé du muscle prioritaire faible, c’est-à-dire au niveau du crâne. Cela met
en mouvement une correction qui part du patient et toute la chaîne musculaire se corrige. Si cela ne suffit pas, je
teste un mode oculaire, le travail de la langue et à chaque fois j’obtiens une information, je mets en mouvement
dans le corps et j’accueille la sensation au niveau du corps. Sur tout ce déroulement, le corps se corrige tout seul.
Je pose simplement ma main à des endroits de la colonne où il y a un blocage énergétique et mécanique. Cela
crée une impulsion de réponse. Je mets la main et je propose une correction sur une vertèbre, un muscle ou je
propose une respiration et le corps se déroule tout seul. L’avantage est que le patient ressent beaucoup plus les
modifications, à une prise de conscience de la correction et cela lui permet à la maison de faire un travail
complet.
Après une correction, je propose toujours au patient de revenir sur le dos et de ressentir les yeux fermés les
points de contact, la présence dans le corps et les modifications. Il y a un temps de repos sans bouger pour
prendre conscience du changement. La personne peut sentir plus un pied que l’autre, sa respiration peut avoir
changé, elle se sent plus présente dans le corps et c’est l’intégration du travail dans l’instant présent.
Corinne : une information intéressante que je travaille est le travail de percussion avec un marteau-réflexe.
Dans le travail sur les chaînes musculaires, Ariane nous avait parlé du fief et de la résidence. La résidence est
tout ce qui touche l’os et le fief est tout ce qui est musculaire. Je me suis amusée à tester et à travailler en
percussion sur certaines zones de résidence. Sur certaines chaînes musculaires c’est très parlant.
Plusieurs exemples :
- Chaîne Postéro médiane avec la résidence au niveau du thorax. Je travaille en percussion sur la chaîne
thoracique et alors sur des blocages profonds. Au début c’est très désagréable et petit à petit cela crée une
ouverture. Je percute et je mets de l’huile après.
- Chaîne antérolatérale : travail de percussion de péroné qui est extraordinaire. Tout le membre inférieur corrige
depuis la cheville, astragale, calcanéum.
L’AXE DE LA VERTICALITE ENTRE LE VIOLET ET LE POURPRE
C’est parti d’un ressenti que j’ai eu dans mon corps.
On a cinq axes : l’axe des deux membres inférieurs, l’axe des deux membres supérieurs et l’axe vertébral. Avec
les cinq axes, on peut sentir sa verticalité. Il y a un axe entre l’épaule, le coude, le poignet, la main au niveau du
majeur et même si la correction n’est pas totale, il est important de sentir les différences au niveau de l’un, de
l’autre, d’un bras ou des jambes et je reviens dans l’axe de la verticalité. Si je veux travailler la posture, je vais
faire mettre la personne en position assise ou debout. Debout c’est plus percutant car on a l’axe des membres
inférieurs et on peut lui faire sentir tous ses axes. Je propose non pas un travail de flexion mais un travail de
descente vers le sol de profil, sentir que le coccyx part vers l’arrière. L’axe de la colonne vertébrale part vers une
lordose, une cambrure du dos. Nous avons tous des coccyx bétonnés car on serre les fesses. Verticalement, si on
descend en voulant s’asseoir, on a une correction coccyx qui se fait tout seul et dans cette posture-là, respirer
dans sa verticalité, sentir l’axe des pieds, des bras, en rectitude et en flexion, le résultat n’est pas le même. Il y a
la notion de l’axe des yeux et de la colonne cervicale. Bien souvent on verrouille toute la ceinture scapulaire, les
omoplates.
Françoise Tainon : il faut imaginer que l’on tire sur son axe.
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Corinne : Dans un premier temps, ce que je propose c’est de ne pas tirer sur son axe. Quand on descend son
coccyx vers l’arrière, la colonne cervicale c’est pareil. L’occiput correspond au sacrum, le menton correspond au
coccyx. Quand on part derrière, la tête retrouve la lordose que l’on a au niveau lombaire et c’est complètement
oublié et verrouillé.Sur la table, par le poids du corps, c’est difficile de ressentir.
La notion de pieds est importante. Sentir comment pose-t-on ses pieds au sol. Tout le monde en général pose les
pieds vers l’extérieur.
Tous les problèmes de genoux partent de là. Sentir la notion d’axe entre les genoux, les hanches et les pieds
C’est vraiment la dernière phase de travail, de correction et de prise de conscience de toute la colonne. En
dernier je teste une eau ou une huile et les endroits à utiliser à la maison, la durée, la fréquence.
LA DIFFERENCE ENTRE LES EAUX ET HUILES DE COULEUR
Pour les eaux de couleur, l’information est traitée rapidement par bulbe olfactif du cerveau. Et l’information
passe dans les hémisphères directement.
Pour les huiles de couleur, l’information passe dans toutes les couches du limbique, reptilien. L’odeur attaque le
système de croyance.
Eaux et huiles sont complémentaires.
Pour les huiles, on peut faire un scanning du corps avec la zone prioritaire à masser.
Françoise Tainon : avec les enfants, je teste les zones du corps à masser avec les huiles, notamment le rose sur le
ventre. Chez les enfants qui ont un problème affectif, faire masser par la maman leur enfant avec du rose sur le
ventre a donné des résultats étonnants. Le rose reconstruit. C’est pareil pour les gens qui ne sont pas ancrés.
Masser les pieds ou les jambes avec de l’huile de couleur rouge.
L’huile n’agit pas de la même manière. C’est plus proche du reptilien limbique donc plus proche du travail en
stress profond que les eaux. Les eaux de couleur interviennent en correction en fin de séance quand toutes les
corrections ont été faites et que les circuits ont été rétablis. C’est un « médicament » qui va consolider les
résultats.
Françoise Tainon : Par rapport aux eaux de couleur, j’ai une patiente qui est un nez en parfumerie. Je lui ai parlé
du problème de conditionnement des eaux de couleur. Elle a pris une eau de couleur et l’a senti. Elle a reconnu
tout de suite les odeurs qu’il y a dans les eaux de couleur. Elle pourrait faire un travail sur les eaux de couleur.
Quelle est la particularité de la kinésiologie et des couleurs ? Voir le baromètre et les textes de Coby.
On a fait les tests sur la catégorie « hostilité à enthousiasme « et « intérêt » et on a testé à combien de % cela fait
passer de l’un à l’autre : 95 à 97 %. On se sert des essences des eaux de couleur.
Maintenant il faut passer à l’étape suivante qui est la fabrication. On peut travailler avec neuf essences
différentes. Le lien serait les odeurs barométriques.
Kinesiologie et soins infirmiers
Jocelyne MARCON
L’HISTOIRE DE LA PATIENTE
Je vais vous parler d’une de mes patientes que je soignais en tant qu’infirmière et à qui j’ai parlé de la
kinésiologie.
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C’est une patiente à qui je prodiguais des soins infirmiers de nécessité tous les jours.
Cette personne est paraplégique, n’a pas de membres inférieurs valides et vit dans un fauteuil roulant. Elle a eu
un accident vasculaire ; une rupture d’anévrisme au niveau de l’aorte. Elle a fait une dissection de l’aorte, c’està-dire que l’aorte était comme décousue sur tout le trajet jusqu’aux lombaires. Il y a eu une invasion de sang au
niveau du circuit neurologique inférieur. Elle a perdu sa capacité de marcher et ses réflexes au niveau des
lombaires. Elle ne tenait pas debout, ne marchait pas, n’avait aucun sphincter au niveau de la vessie et de l’anus.
Elle devait faire des sondages cinq fois par jour pour aller aux toilettes, entrecoupés de sondages vésicaux.
C’était une personne de 57 ans, professeur dans un lycée.
Je ne parlais pas de kinésiologie avec les patientes. Pour celle-ci cela m’a paru intéressant, après que j’ai fait le
séminaire sur les chaînes musculaires.
Pendant ce séminaire, j’ai pensé à cette patiente et je me suis posé la question de ce que je pourrais bien lui
apporter pour que cela aille mieux pour elle. Je lui en ai parlé et je lui ai proposé de faire des séances.
Les premières séances ont été des séances de Touch. C’est ce qui était prioritaire pour elle. Je lui faisais des
roues en position allongée. Évidemment tous les muscles des membres supérieurs tenaient bien et tous les
muscles des membres inférieurs ne tenaient pas. Encore que j’avais parfois des surprises avec un grand fessier
qui tenait.
Je corrigeais muscle par muscle et je me rendais compte qu’avec ce système, les corrections tenaient. On faisait
une roue au temps présent et une roue à l’âge de cause, pas toujours en lien avec l’accident mais plus avec son
histoire.
Au bout de 3 séances de touch (Touch 1),
Elle a récupéré son sphincter vésical. Elle a réussi à restaurer des fonctions du sphincter au niveau de la vessie et
à ne plus se faire de sondages aussi souvent qu’auparavant. Cela a été le premier progrès spectaculaire.
Ensuite, elle a récupéré son sphincter anal Quand on est dans un fauteuil roulant, le système anal ne se passe pas
de la même façon que pour nous...
Il faut descendre du fauteuil, aller sur les toilettes, stimuler le sphincter anal qui ne fonctionne pas bien comme il
faut…Cela a été un progrès énorme qui lui a permis de récupérer un champ de liberté important. Grâce à cela,
elle pouvait partir la journée faire ses courses alors qu’auparavant, il fallait que toutes les trois heures, elle se
sonde.
Après elle a récupéré un certain nombre de fonctions motrices dans les jambes. Il ne faut pas prendre ces progrès
comme un miracle car cette patiente a beaucoup travaillé, elle a fait beaucoup d’efforts pour en arriver là.
On a travaillé sur les chaînes musculaires. Certaines chaînes, je ne pouvais pas les tester. Elle a fait un travail
toute seule, pour étirer, nourrir les chaînes. En faisant cela, elle a restauré ses sensations.
Il faut savoir qu’on a travaillé sur le corps, mais on n’a pas fait que cela. On a beaucoup travaillé au niveau
psycho-émotionnel parce que je pense que c’était important de le faire. On faisait une séance sur le corps, une
séance en psycho-émotionnel toujours au temps présent et en âge de cause.
Cette patiente est le témoignage d’une expérience assez extraordinaire. Je ne possède pas les chaînes
musculaires. Ce n’est pas mon truc. J’ai vraiment travaillé à l’intuition et à ce que je pensais bon pour elle.
Les résultats ont été très positifs pour elle comme pour moi. Le travail s’est fait avec elle sur un an.
Je ne l’ai pas vu depuis quelque temps. Mais elle a gardé ses acquis.
Je ne l’ai pas revue car quand je me suis cassé le bras, je me suis remise lentement et c’était difficile de faire du
Touch. Elle m’a dit qu’elle me rappellerait. Je sais qu’elle va bien. Elle était dans un état un peu proche du
morbide. Nous avons également travaillé en Brain Gym sur la latéralité. Depuis son accident, elle était explosée.
Faire du cross crawl en fauteuil ce n’est pas évident, mais elle faisait ses exercices tous les jours et elle a
récupéré un certain nombre de choses. Je lui ai envoyé une orthophoniste car elle est restée dans le coma un
certain temps et elle avait des difficultés. Elle parlait dans le souffle. Elle parlait en respirant et elle était très vite
essoufflée. Au téléphone, c’était toujours pénible car elle devait toujours reprendre son souffle. L’orthophoniste
a fait avec elle un travail sur son souffle. Elle a récupéré une faculté supplémentaire. Du coup elle est beaucoup
plus dans la vie, elle a un fauteuil électrique ce qui la rend encore plus autonome.
C’était quelqu’un qui fallait porter. Il fallait la mettre debout et la soutenir. Après ce travail, elle se tenait debout
sur les avants bras et elle arrivait à se lever.
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Elle m’a envoyé une lettre. Actuellement elle est dans un palier. Elle a gardé ses acquis, mais elle ne marche
toujours pas, la paraplégie est encore là. Je ne sais pas si elle pourra remarcher un jour. Elle repris l’espoir de
progrès et de sa capacité à se projeter dans le temps.
LA LETTRE : LA KINESIOLOGIE ET MOI
« Paraplégique depuis bientôt quatre ans, j’ai rencontré la kinésiologie, par l’intermédiaire de Jocelyne. Elle vous
dira mieux que moi les différentes approches qu’elle a mises en œuvre. Pour ma part, je peux rendre compte du
mieux-être que je connais.
Affligée d’une sévère hyper lordose et de psoas rétractés, je ne pouvais ni me redresser en position verticale
debout ni me coucher à plat ventre. Après plusieurs séances, je ne peux toujours pas me mettre debout et marcher
mais en prenant appui sur les bras, je parviens à une position plus proche de la normale. Dans mon lit, j’ai pu
successivement me mettre à genoux, front appuyé sur le matelas puis à genoux buste dressé enfin à plat ventre.
Ce sont les résultats les plus spectaculaires. Par ailleurs, je me sens plus détendue même si j’ai encore beaucoup
de travail à faire… ».
MAURICE BAUD
SALON PLAISIR D’APPRENDRE
Après un voyage épique, nous sommes arrivés à Foix, dans un salon qui s’appelait « Plaisir d’Apprendre » où
Françoise Tainon était l’intervenante principale avec l’Apprentissage Pleine Forme et la méthode pédagogique.
Le soir, il y avait un café littéraire où Françoise a présenté son travail avec Emmanuelle Frontaliran qui était à
l’origine de l’Apprentissage Pleine Forme. Cela devait passer sur Caen cela n’a pas pu se faire . Elle est devenue
directrice du CRDP de Foix. Et comme elle a la suite dans les idées, le salon Plaisir d’Apprendre c’était
essentiellement pour présenter l’Apprentissage Pleine Forme. Après la présentation de Françoise, il y a eu des
questions/réponses des professeurs et instituteurs.
J’ai chanté les chansons aux instituteurs, au recteur d’académie, tout le gratin de l’éducation. Ils étaient contents.
Je leur ai parlé de l’expérience que j’ai menée à l’école avec des enfants.
La méthode pédagogique a séduit d’autres personnes que le personnel éducatif, notamment les mères de famille.
Françoise : À la suite cette expérience, le Jeu l’Apprentissage Pleine Forme a été proposé par l’école Montessori
dans leur catalogue. Emmanuelle Frontaliran nous a également proposé quatre fiches qui vont sortir dans un
manuel édité par l’Education Nationale qui s’appelle « Cinquante idées pour apprendre la musique ». C’est une
collection qui s’appelle : « cinquante idées pour dessiner, cinquante idées pour … » L’Apprentissage Pleine
Forme aura 4 fiches contenant les exercices de démarrage, le CAP…
PRATIQUES THEATRALES EN ECOLES ELEMENTAIRES
Maurice : Mon expérience a été menée dans le cadre d’un stage pour comédiens qui s’intitulait « les pratiques
théâtrales en école élémentaire ». C’est un stage pour les comédiens qui ont envie de faire découvrir le théâtre en
école élémentaire dans des classes à projet d’action culturelle. Il y avait cinq semaines de théorie pendant
lesquelles on apprenait des techniques de comédiens
Il y avait trois semaines de pratique pendant lesquelles j’étais avec quatre classes d’une école classée ZEP à
Vitry-sur-seine dans une banlieue très dure. Ces enfants étaient issus de foyers très violents. Je les voyais deux
fois par semaine par demi-classe de quinze enfants, du CP au CM2.
Ce que j’ai tenté de faire c’est de mettre d’abord en échauffement l’apprentissage pleine forme avec le CAP. En
début de séance, je faisais faire le cap et quelques exercices que j’ai trouvés à l’intuition : casque d’écoute, les
toilettes des muscles, toilettes des méridiens, du cerveau et l’eau.
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Les instituteurs n’étaient pas présents pendant ces séances.
On commençait en cercle. Je donnais un gobelet vide aux enfants et je leur donnais de l’eau. Les enfants étaient
contents qu’on leur donne de l’eau parce qu’ils ne boivent pas à l’école.
Après le CAP, on faisait quelques exercices de rythme en échauffement en groupe. Des rythmes avec les mains,
en tapant sur les jambes, des rythmes avec la voix en prononçant des sons qu’on se faisait passer les uns après les
autres.
Ensuite, il y avait des improvisations tout seul ou à deux avec un thème.
J’ai été frappé car à la première séance, des enfants qui ne me connaissaient pas faisaient le CAP, ce qui
permettait d’harmoniser le groupe rapidement. Très vite ils arrivaient au bout de la séance à faire des
improvisations, se sentir à l’aise face à quelqu’un que les enfants ne connaissaient pas et entre eux, j’ai trouvé
que c’était extraordinaire ; j’ai eu d’autres expériences où il a fallu plusieurs séances avant d’oser se lâcher.
Les retours que j’ai eu des instituteurs étaient que les enfants étaient harmonisés, qu’ils avaient du plaisir car
quand ils revenaient de la séance, ils parlaient de ce qu’ils avaient vu et vécu et ils étaient heureux de se
retrouver en classe. Ils étaient joyeux, pendant toute la journée et pendant leur apprentissage scolaire.
J’ai deux anecdotes intéressantes :
Un petit garçon très dur et en difficulté scolaire d’écriture n’arrivait pas à écrire « ch ». Pour lui c’était
impossible. Cela faisait six mois qu’il essayait et il n’y arrivait pas. Au bout de deux séances d’AP.P.F., sa
maîtresse est venue me voir pour me montrer qu’il avait écrit trois fois d’affilée CH. Pour elle c’était
complètement inattendu. Elle ne l’a pas reliée directement à l’Apprentissage pleine Forme ni à ce que je faisais
mais elle est venue me le dire à moi.
Une autre expérience est que pour le groupe de CP qui était très dur, à la première séance, on a fait le CAP
pendant une heure et un quart car on ne pouvait rien faire d’autre. J’ai pris le temps de faire tous les exercices à
leur rythme. La deuxième séance, les enfants se sont souvenus de ce que je leur avais fait pendant la première
séance. Un des garçons qui ne parlait jamais sauf par des coups de poing et de la violence a fait le geste des
mouvements croisés et tous les garçons ont suivi le garçon. Ce garçon n’était pas le leader Le CAP s’est fait en
dix minutes et à chaque fois ce garçon ramenait les autres à faire les exercices.
Les instituteurs étaient prêts à continuer l’expérience, mais il y avait un problème de budget. Ils étaient tous
enthousiasmés. Je vais essayer de les recontacter pour voir où ils en sont. À Priori, ils auraient envie de continuer
l’expérience.
Une des remarques que les instituteurs m’ont fait est que j’ai pris les enfants en demi-groupe sans les instituteurs
et cela ne se fait pas. Les instituteurs doivent assister à tout ce qui se passe dans la classe. À la dernière séance,
ils m’ont demandé d’assister à la séance. J’ai pris tout le groupe. Ils faisaient les exercices avec les enfants.
C’était amusant de voir les enfants dire : « tu as vu, il ne fait pas bien les exercices » et les enfants montraient les
exercices à leur instituteur. Cela a institué d’autres rapports entre les enfants et les instituteurs.
Une autre remarque des instituteurs est que les enfants difficiles qui tout à coup se sociabilisent sont plus à
l’écoute des autres, deviennent meneurs dans les improvisations. Les élèves qui sont complètement inhibés
d’habitude, participent. Les instituteurs étaient étonnés du respect des consignes données, du fait que les enfants
puissent les entendre, les respecter et qu’ils s’amusent avec alors que les instituteurs n’arrivaient pas à ce
résultat.
LA NAISSANCE
L’ATTENTE D’UN ENFANT
Laurent et Meriem BERNARD
Meriem et moi-même souhaitions depuis longtemps avoir un enfant, mais nous avions peur de nous lancer dans
l’aventure. Nous trouvions facilement des prétextes pour nous dire que le moment n’était pas encore venu, que
nos situations respectives n’étaient pas assez stables et qu’il fallait attendre encore un peu. Finalement, les
séminaires aidant, nous avons réalisé que ces prétextes ne servaient qu’à ne pas affronter nos peurs et nous nous
sommes jetés à l’eau. Jibril est donc un enfant qui était désiré et que nous avons conçu en connaissance de cause.
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La découverte de la grossesse de Meriem s’est faite en deux étapes : une étape intuitive et une étape scientifique.
Lors d’un voyage en voiture en Bourgogne, nous chantions, nous nous sentions heureux, et j’ai soudain ressenti
une présence, qu’il y avait quelqu’un avec nous, l’impression que notre enfant était là avec nous. Je l’ai dit à
Meriem et le test de grossesse quelques jours après a confirmé la bonne nouvelle. Nous avons été très émus, nous
avons pleuré tous les deux. L’aventure avait commencé. Nous étions heureux et nous sentions en même temps
qu’une période de notre vie prenait fin pour laisser place à une autre. La première chose que nous avons réalisée,
c’est que nous ne pouvions plus faire marche arrière et que, ces peurs que nous sentions monter en nous, nous
allions devoir les affronter.
Au cours de la grossesse, nous avons compris que ces peurs étaient, d’une part, la peur de l’inconnu : comment
allait se passer la grossesse et saurions-nous élever cet enfant, saurions-nous être de bons parents ? Et la
deuxième peur, qui a été la plus présente durant les neuf mois de la grossesse, a été la peur de l’accouchement,
en partie à cause du Spina Bifida de Meriem (malformation de la mœlle épinière avant la naissance, qui a
entraîné plusieurs opérations, sur la colonne vertébrale et les jambes). Finalement, avec le recul nous avons
compris que toutes ces peurs se regroupaient en une grosse peur : la peur de la vie.
Mais cette peur était accompagnée toujours d’un grand espoir, d’un grand optimisme et d’un grand
bonheur, d’une joie viscérale à l’idée d’avoir un enfant.
À cause du spina Bifida et de la grande cicatrice qu’elle avait dans le dos, Meriem ne pouvait pas bénéficier de
l’anesthésie péridurale durant l’accouchement. Mais elle voulait quand même accoucher naturellement par les
voies basses et non pas en programmant une césarienne qui se ferait forcément sous anesthésie générale et la
priverait donc de vivre son accouchement. Nous avons donc essayé au mieux de préparer un accouchement
naturel.
Trois choses ont été très importantes pour nous durant la grossesse : la kinésiologie, que nous avons utilisée à la
maison, en plus des séances individuelles et des séminaires, l’haptonomie avec Sarah, que nous avons commencé
à partir du quatrième mois de grossesse, et la préparation à l’accouchement en piscine, l’aquagym périnatale, à
partir du sixième mois. Ces trois disciplines ont été très complémentaires.
La Kinésiologie
Pendant la grossesse de Meriem, nous avons continué tous les deux les séances individuelles.
Sur les sept séances que j’ai faites, cinq ont été des séances de Brain Gym en stress profond, et deux des séances
de Three in one. Avant la grossesse, j’avais des séances de Brain Gym toutes les quatre séances, une séance de
stress profond et du Three in one. Les âges de cause étaient toujours en vie fœtale, et très souvent, cet âge
correspondait à celui de Jibril, notamment durant les trois premiers mois. Ensuite, il a continué à grandir et moi
j’en étais toujours au même âge, c’est-à-dire les trois premiers mois de la vie fœtale ! Les corrections de Brain
gym étaient des exercices liés au cerveau reptilien avec des étirements comme la torsade, la table, la girafe. Il y a
eu également des exercices liés au cerveau limbique avec points d’équilibre et points de démarrage.
Au huitième mois, j’ai contacté la peur de l’action positive, c’est-à-dire de prendre ma place au moment de
l’accouchement et auprès du corps médical pour bien leur expliquer que Meriem avait eu un spina bifida, qu’il
fallait bien faire attention et ne pas prendre de risques inutiles. J’ai eu du mal à prendre ma place au début. Je
suis tombé malade juste après cette séance. J’avais de la fièvre, mal au bras, je ne pouvais plus bouger. J’étais
revenu en état de bébé pas autonome du tout.
Meriem elle n’a eu que des séances de Brain gym et de stress profond. Elle avait en général soit l’âge de Jibril,
soit un mois de plus que lui. Les corrections étaient également de l’ordre du cerveau reptilien et du cerveau
limbique. Elle a vécu une séance importante au septième mois, au cours de laquelle elle a travaillé sur le
méridien Foie. Le méridien Foie est le problème de l’ouverture au changement. Elle a compris qu’il fallait
qu’elle s’ouvre à l’accouchement et au changement que cela allait occasionner. Elle a fait une défusion dans la
position du fœtus.
Pour les séminaires, Meriem a fait Matrice 2 juste après qu’elle sache qu’elle était enceinte et moi-même j’ai fait
Matrice 3 bis dans les semaines qui ont suivi. Ces séminaires ont été très forts . Je me suis beaucoup plus
impliqué que d’habitude. J’ai contacté un retour à la joie et au bonheur de vivre, des sensations de l’enfance
fortes et agréables sont remontées. En plus des matrices, Meriem et moi-même avons fait un séminaire
d’Apprentissage pleine Forme et un séminaire de Touch for health 4. Dans le Touch for health 4, qui était très
fort pour moi, j’ai fait une grosse défusion sur le droit au bonheur, le droit d’être heureux, d’avoir des enfants et
REUNION DES FORMATIONS CORPS MEMOIRE 2004
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d’avoir une vie réussie. Meriem a surtout travaillé sur la peur de l’accouchement et la peur de la vie. Durant le
premier mois et demi de grossesse, Meriem a eu des nausées persistantes et très fortes. Les sirops pour calmer
n’ont servi à rien, mais, lors d’une séance à la maison, elle a contacté cette peur de la vie qui la clouait au lit.
L’âge de cause était la conception. Les nausées se sont arrêtées net après la défusion. (J’ai eu moi aussi des
nausées à trois reprises).
Françoise : Cela a été une régression, car je me souviens que Meriem ne se nourrissait plus que de ce que sa
mère lui donnait.
Meriem : En fait il y a eu deux étapes. Il y a eu cette grosse défusion qui a duré quinze jours pendant lesquels
j’avais peur, je voulais avorter, j’avais peur de la vie et de ce qui allait se passer et ensuite j’ai fait la séance.
Brutalement, les nausées se sont arrêtées du jour au lendemain et maman a débarqué à l’improviste alors que ce
n’était pas prévu du tout. Comme si elle avait senti quelque chose. Elle est arrivée avec des victuailles que j’aime
(tomates, couscous et harissa). Je ne pouvais plus manger de choses légères comme de jambon, légumes vapeur
ou autre. Je ne pouvais manger que des choses épicées et lourdes que maman me préparait. Et je n’avais plus de
nausées du tout. Comme s’il y avait une mémoire cellulaire qui était en rapport avec la mémoire tunisienne.
Laurent : Nous avons également utilisé le Touch for Health juste avant l’accouchement avec les roues.
La kinésiologie nous a permis de bien cerner ce qui se passait en nous durant la grossesse et de l’aborder avec
plus de sérénité.
L’Haptonomie
Le deuxième volet de nos activités a consisté en des séances d’haptonomie. L’haptonomie se définit comme
la science du toucher. Une de ses applications est d’apprendre aux parents à communiquer avec le fœtus
pendant la vie intra-utérine par l’apposition des mains sur le ventre de la mère. Nous avons fait ces
séances avec Sarah, qui est présente aujourd’hui. Sarah nous a appris à poser les mains, à exercer une
légère pression et à relâcher doucement. On appuie là où le bébé n’est pas. Quand on relâche la pression,
le bébé vient se mettre là où est la main. On peut sentir le bébé, le caresser. Lors de la première séance,
Sarah nous a appris deux choses :
- Meriem pouvait dialoguer avec Jibril, lui demander d’aller en haut, en bas, à droite, à gauche et il
répondait. Elle pouvait donc être en contact permanent avec lui, directement par la pensée. Avant même
de formuler sa demande, Jibril la devançait. Par exemple, pendant la grossesse, pour qu’elle ait moins mal
au dos, elle demandait à Jibril de se placer bien au creux du bassin, ce qui soulageait ses lombaires. Jibril
le faisait automatiquement et devançait la demande.
- J’ai découvert également que je pouvais appeler Jibril et échanger des choses avec lui. Ce qui m’a le plus
étonné et ému c’est que Sarah un jour a mis sa main à l’endroit où était Jibril et elle m’a dit de mettre la main de
l’autre côté et d’attendre la réaction. J’avais à peine posé ma main que tout de suite Jibril est venu se poser dans
ma main. C’était un moment très fort et j’ai compris à ce moment-là que j’étais son père, que j’étais quelqu’un
d’important pour lui, qu’il me reconnaissait et que je le rassurais. Cela a été la séance a plus importante et la plus
marquante pour moi.
Sarah nous a aussi appris à faire ensemble des exercices pour détendre les lombaires et le dos et des exercices de
bascule de bassin. Meriem était allongée, je la berçais, pour pouvoir étirer la partie lombaire et que son dos
repose bien à plat. Nous avons fait les exercices presque tous les soirs. En général, Meriem s’endormait assez
rapidement et je restais de longs moments à jouer, à dialoguer avec Jibril, à lui parler, lui chanter des chansons, à
faire des câlins, à essayer de voir comment il était placé dans l’utérus, à essayer de repérer où étaient ses pieds,
ses mains…
Pour préparer l’accouchement et la gestion de la douleur, Sarah nous a aussi appris le prolongement : je posais
ma main sur le corps de Meriem et lui demandait de placer sa conscience sur ma main, mon bras et mon épaule.
Sa respiration se calmait et son état de conscience se modifiait, ce qui permet de mieux supporter la douleur,
notamment lors des contractions. Nous nous sommes entraînés jusqu’à l’accouchement.
Avec l’haptonomie, nous avons commencé notre vie de famille à trois. Nous parlions à Jibril de ses racines
françaises et tunisiennes, de ses grands-parents, de ce qu’on ferait ensemble quand il serait né. Ça nous a permis
de sentir concrètement que Jibril était déjà là avec nous et que notre vie de famille avait commencé.
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L’aquagym périnatale
Enfin, notre troisième activité a été l’aquagym périnatale, la préparation en piscine que nous avons commencée
au septième mois. Les cours hebdomadaires consistaient en des mouvements effectués dans l’eau pour assouplir
le périnée. Ces cours étaient de vrais moments de détente, où l’on travaillait la respiration et où l’on ne pensait
plus à rien. Jibril adorait ça. Dès que Meriem était dans l’eau, il se mettait à gigoter, à donner des coups, à
s’étirer. On faisait également des mouvements de préparation à l’accouchement. On s’exerçait aussi à faire des
sons graves, des fréquences basses qui détendent le périnée lors de l’accouchement et qui permettent de mieux
canaliser le souffle pendant les contractions. Le fait de faire ces sons graves permettait de mieux travailler le
souffle et de mieux respirer, de mieux se détendre et de mieux gérer les contractions.
Les cours étaient suivis de groupes de parole avec d’autres couples, animés par un psychomotricien. On parlait
des problèmes pratiques de l’accouchement : quand se rendre à la maternité, comment gérer les contractions etc.
Parfois, des couples qui avaient accouché venaient raconter leur accouchement, ce qui aidait à dédramatiser un
peu les choses et à voir que tout pouvait bien se passer.
Grâce à tout cela, la grossesse s’est très bien passée, Meriem n’a pas souffert du dos et a pu continuer à circuler
normalement jusqu’aux deux dernières semaines qui ont précédé l’accouchement. On a vécu cette période avec
beaucoup de bonheur.
Jibril est né à terme le 17 juillet, à 3 h 10 du matin. L’accouchement a été très long. Il s’est écoulé trente heures
entre le début des contractions et l’accouchement. Les contractions ont commencé dans la nuit du 15, vers 23h
30. Elles sont restées relativement espacées durant toute la nuit et se sont rapprochées dans la matinée. Nous
sommes allés à la maternité vers 10 h. Meriem a été placée sous monitoring ; son ouverture du col a été mesurée
et les médecins ont estimé que l’on pouvait rentrer à la maison car ils ne savaient pas si le travail avait
commencé. Les contractions se sont intensifiées dans la journée et nous sommes retournés à la maternité vers
17h. Meriem était au niveau 3 de dilatation et le travail avait commencé. Nous avons amené des objets
personnels (coussins, musique, encens, eaux de couleur…) car il faut savoir que les salles de travail sont très
froides. On nous a donc installés en salle de travail et les choses sérieuses ont commencé. Nous avons vraiment
vécu cet accouchement à trois, car Meriem sentait Jibril bouger constamment pour trouver son chemin, pour
ouvrir le col. À chaque contraction, nous faisions le prolongement tout en faisant des sons graves et nous vivions
les contractions tous ensemble (la douleur en moins pour moi). Les contractions se sont intensifiées et se sont
rapprochées. Le col de l’utérus ne s’ouvrait pas, mais la poche des eaux n’était toujours pas percée. Les
médecins l’ont donc percé en espérant que cela accélèrerait le travail. Malheureusement, après neuf heures de
travail, Meriem n’était qu’à 4 de dilatation et Jibril commençait à mal supporter les contractions. Son rythme
cardiaque baissait de façon assez importante et poursuivre le travail de façon naturelle aurait mis sa vie en
danger. Les médecins ont pensé à donner un médicament (ocytocine) pour accélérer les contractions. Nous étions
opposés. Mais ils se sont aperçus que cela risquait d’aggraver les choses pour Jibril. Nous avons dû prendre la
décision de faire une césarienne. Cela a été un moment très difficile pour nous deux car Meriem tenait beaucoup
à accoucher d’une façon naturelle. Nous avions fait tout un travail pour nous donner un maximum de chances
d’avoir un accouchement par les voies basses. L’équipe a été super et nous a laissé quelques minutes pour en
parler entre nous et digérer cette nouvelle. Nous avons pu nous retrouver et expliquer à Jibril que, malgré tous
nos efforts à tous les trois, nous allions devoir faire une césarienne, que le médecin allait endormir Meriem (car
on ne pouvait pas lui faire dé péri-durale) pour venir le chercher dans son ventre et qu’il me le mettrait tout de
suite dans les bras. En attendant que Meriem se réveille, on s’occuperait de le nettoyer et de l’habiller et que dès
que ce serait fini, Meriem se réveillerait et il retrouverait sa maman.
Nous avons accouché à la clinique des Lilas où les équipes médicales sont vraiment formidables. J’ai pu assister
à la césarienne de loin et j’ai eu Jibril dans les bras dès que le chirurgien l’a sorti du ventre de Meriem. J’ai
entendu sa petite voix et j’ai senti son petit corps tout chaud contre moi. C’était un moment merveilleux et
douloureux en même temps parce que Meriem était endormie. Heureusement, quand elle s’est réveillée, Jibril
était sur son sein, devant ses yeux et elle a pu le prendre dans les bras. Nous étions heureux car Jibril était né, il
était en bonne santé et Meriem également, même si elle était très déçue d’avoir dû accoucher par césarienne.
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Les trois premières semaines, nous n’avons pas eu le temps de penser. Puis nous nous sommes organisés et nous
nous sommes rendus compte que tout ce que l’on faisait avant était fini ou en tout cas que l’on ne pouvait plus le
faire de la même façon.
Meriem : Depuis quatre mois et demi que Jibril est né, je repense tous les jours à ces moments, d’abord avec des
regrets pour la césarienne, puis, peu à peu, le sentiment se fait jour que cette opération, m’a permis de donner la
vie dans les meilleures conditions physiques possibles, d’être en vie et d’en avoir moins peur. Cette césarienne
est encore une opération de plus, une marque de plus sur mon corps mais finalement c’est la première opération
que je vis de façon positive.
Jibril a bien sûr dépassé toutes nos attentes et nous sommes très heureux. C’est encore plus beau et plus fort que
nous ne l’imaginions.
II Intervention de Sarah
Praticienne de l’haptonomie
L’haptnomie est la rencontre par le toucher, pour un toucher qui a pour but de redonner à l’autre un sentiment
d’intégrité, de sécurité de base et de confiance. Des gens pratiquent l’haptonomie dans tous les domaines : le
péri-natal, l’accompagnement de fin de vie, psychothérapie, kinésithérapie, personnel médical, éducateurs…
Dans les années 70-80, on a commencé à avoir un autre regard sur les enfants et la naissance. On s’est posé la
question de savoir qui était ce bébé, est-il capable de sentir, d’entendre, reconnaît-il les odeurs, les voix ? il y a
eu toutes sortes d’expériences qui ont montré que le bébé avait énormément de compétences à la naissance et il
ne restait plus qu’un pas à franchir : découvrir ses compétences dans la vie intra-utérine.
On s’est penché sur la vie intra-utérine et le fait d’être autour d’une maman par cette présence, par ce toucher
qu’on est capable de lui donner, la sécurité que l’on peut développer chez elle , lui permet de relâcher le tonus
musculaire et de pouvoir rencontrer le bébé. On a réalisé que le bébé pouvait répondre de façon totalement
organisée aux sollicitations qu’on lui donnait.
Laurent a parlé du toucher avec la main, mais cela dépasse d’autres dimensions. À partir du moment où les
parents réalisent la présence du bébé et l’écoute qu’ils peuvent avoir vis-à-vis du monde extérieur, cela ouvre
une porte. Il n’y a pas une seule façon de pratiquer l’haptonomie, il y a autant de façons que de parents. Le plus
important pour un bébé est la confirmation affective, la façon de regarder l’enfant et de lui dire : « qu’est ce que
c’est bien que tu sois là. ! » Nous avons tous besoin de ce regard-là. Cela passe par les mains, la voix. Quand un
bébé est dans le giron maternel, qu’il connaît bien son père, et que le contact a été déjà établi, il suffit qu’il
entende la voix de son père même dans une pièce où il y a plusieurs voix. Il se déplace et se colle dans le ventre
de sa mère, du côté où il entend la voix de son père. Le rôle du père par rapport au bébé est l’ouverture vers le
monde. Le père raconte à son enfant ce que sa mère ne peut pas lui raconter. Il lui raconte que le monde est bien
plus grand que le giron de sa mère puisque sa voix peut venir de devant, derrière, de droite, de gauche, de près
ou de loin. Et pourtant quand la voix vient de loin, la mère survit à cette absence. Et ces choses sont très
précieuses pour ce petit être humain, pour grandir, s’adapter et arriver au monde. En fait l’haptonomie est la
confirmation affective de celui que l’on approche. On peut l’appliquer tout le temps, pour tout et avec n’importe
qui.
J’ai accompagné Meriem et Laurent ave toute mon affectivité et toute ma présence. Dans l’accompagnement, je
n’axe pas tout sur la rencontre avec le bébé. J’essaie de donner beaucoup de liberté aux parents. Je ne veux pas
enfermer le lien dans une pratique qui serait trop rigide. On ouvre les portes ensemble, on avance et on voit ce
qu’il y a derrière.
Quand je réalise le lien que les parents ont avec le bébé, je les lâche. Ce n’est pas mon rôle de m’immiscer dans
la relation en leur disant comment faire. L’affectivité emprunte de nombreux chemins. Il faut que chacun ait la
possibilité d’être le père et la mère qu’il souhaite, qu’il voudrait être. Dans l’haptonomie, j’utilise tout ce qui est
en rapport avec la guidance du bébé, la relation avec le bébé pour l’aider à se positionner dans le giron maternel,
faire un travail postural pour replacer le bassin et un travail autour de la douleur. On parle également du post
natal car les bébés sont livrés sans mode d’emploi et c’est un peu difficile pour les parents. J’essaie de leur
donner quelques repères.
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Laurent : J’ai découvert que l’on pouvait dialoguer avec les mains et cela a ouvert beaucoup de moyens de
communication avec Jibril : lui parler, lui chanter des chansons, le caresser… Cela permet de réaliser que
l’enfant est déjà capable de faire plein de choses dans le ventre de sa mère. On commence une relation avant
même la naissance. Il y a des moments où c’était comme la rencontre du troisième type. Il y avait juste quelque
chose qui pointait sous le ventre. C’était incroyable !
Sarah : Il y a des équipes qui sont plus ou moins ouvertes à l’haptonomie. C’est évident que je ne transmets pas
les mêmes informations aux parents qui accouchent aux Lilas que ceux qui accouchent à Bichat. J’essaie de
transmettre ce qu’il faut de façon à ce que les parents ne soient pas en conflit avec les équipes des hôpitaux. Je
donne des informations : vous allez accoucher dans telle condition, il va y avoir des perfusions, un monitoring,
vous allez être immobilisé, vous n’aurez as beaucoup de choix de posture. Et on travaille sur toutes les
conditions que l’hôpital impose pour s’adapter le mieux possible et on travaille sur l’utilisation de l’haptonomie
dans ces conditions. La présence autour du bébé est évidente. Le bébé a besoin d’être accompagné de façon
affective. Le travail sur la posture peut se faire avec une péridurale, un monitoring tout ce que l’on veut. Et le
prolongement s’il n‘y a pas de péridurale peut se faire dans n’importe quelle condition. De temps en temps on
rencontre des gens qui sont très haptonophobes. C’est assez rare.
Meriem : Grâce au prolongement que j’ai appris avec Sarah et aux sons graves, et compte tenu de mes
antécédents, j’ai pu vivre mon accouchement d’une façon plus harmonieuse.
Sarah : Meriem a accouché à la Clinique des Lilas où j’ai travaillé pendant de très nombreuses années en tant
que sage-femme. J’ai beaucoup de copines là-bas. Meriem et Laurent ont fait l’admiration de tout le monde car
cela a été un accouchement très long, ils ont fait tout ce qu’ils ont pu.
Question : Est ce que vous continuez le dialogue avec jibril que vous aviez avec lui dans le ventre de Meriem ?
Laurent : Oui et cela surprend toute le monde. Quand on fait quelque chose, on l’explique à Jibril. On a toujours
un contact permanent avec lui. On lui parle, on lui fait beaucoup de calins. On a vraiment gardé cette
communication avec lui.
Meriem : L’accouchement n’a pas été une coupure du dialogue. Il n’y a pas eu un avant et un après. Comme il
est là depuis le début, j’ai continué à être avec lui comme j’étais avec lui dans mon ventre. Il était déjà avec son
individualité, son caractère, ses préférences, ses moments de calme. Il y a une permanence et une continuité . La
kinésiologie et l’haptonomie ont beaucoup aidé à cela.
III Intervention de Delphine
Delphine : je n’ai pas pratiqué l’haptonomie. Par contre, pendant ma grossesse j’écoutais beaucoup de sons
tibétains.
Sarah : cela permet une ouverture différente.
Delphine : j’ai eu une grossesse qui s’est bien passée. Chaque jour qui se rapprochait de l’accouchement me
disait que ce n’était pas encore le bon jour. Mon beau-père qui est radiologue disait que ce serait le 23
septembre. Le 23 j’étais un peu énervée car il ne se passait toujours rien. La naissance a eu lieu le 30, jour qui
avait été prévu par la maternité des Lilas, où je suis née. À minuit j’ai commencé à perdre un peu les eaux. Je ne
m’en suis pas rendue compte toute de suite, car j’étais en train de bricoler. La perte des eaux s’est intensifiée au
fil des heures, mais je n’avais pas du tout l’impression que j’allais accoucher. J’ai appelé la maternité qui m’a
demandé de venir tout de suite. J’ai appelé mes parents car mon mari n’était pas là. J’arrive à la maternité, où
l’on m’ausculte. Tout allait bien, mais le travail n’avait pas encore commencé. L’auscultation a déclenché les
premières contractions. Je suis rentrée à la maison vers 03h 30/ 04 heures du matin et j’ai commencé à avoir de
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grosses contractions. On m’avait demandé de repasser le matin à la maternité. Trois jours avant, il y avait eu la
pleine lune, et les salles étaient un peu combles. En arrivant à la clinique, j’ai dû attendre et me promener dans
les couloirs jusqu’à 11 h 30 car il n’y avait pas de salle de disponible.
Françoise Tainon : j’ai travaillé plus de quinze ans dans les maternités et bien entendu, les gynécologues ne
croient pas du tout à l’incidence de la lune sur les naissances.Il n’empêche que les services se remplissent au
moment de la lune et qu’ils en tiennent compte sur les calendriers mais ils n’y croient pas !.
Delphine : il y avait plein de femmes qui devaient accoucher du 1er au 15 octobre, et moi qui arrivait le jour J je
n’avais pas encore de place. J’avais des grosses contractions. Au début je ne voulais pas faire de péridurale car
aux Lilas ils sont pour un accouchement naturel. On est suivi dans cet état d’esprit-là et avec le travail que je fais
en kinésiologie et par rapport à l’accompagnement du bébé je voulais être là, présente pour ma fille. Quand on
perd les eaux, on sent beaucoup plus les contractions. J’avais passé une nuit blanche et je gérais beaucoup moins
la respiration et le souffle. J’ai erré dans les couloirs avec mon mari. J’ai été pleurer dans l’escalier tellement
j’avais mal. Il fallait que j’attende car je n’étais pas assez dilatée et on ne pouvait pas me faire de péridurale tout
de suite. Pour mon mari, cela a été un moment un peu pénible. Il a vu dans mon regard ma souffrance et on s’est
accroché tous les deux à notre regard.
Je suis montée dans la salle. Quand la sage-femme a vu dans quel état de souffrance j’étais, elle a décidé de faire
la péridurale mais l’anesthésiste qui était occupé au bloc n’a pas pu la faire tout de suite. J’ai supporté pendant 9
heures de grosses contractions ce qui était très difficile compte tenu de mes limites.
Pendant ma grossesse, j’ai participé au séminaire sur l’A.P.F. qui a été très intéressant pour moi. J’étais venue en
ayant peur de l’accouchement et peur de la douleur. J’étais repartie vraiment bien car j’avais contacté qu’on peut
arrêter les exercices quand on a vraiment trop mal. On peut être à l’écoute de son corps, de ses propres limites.
J’ai essayé d’accoucher sans péridurale, mais c’était trop douloureux . Cela ne se passe pas toujours comme on
veut. Comme je suis jeune, l’accouchement a duré assez longtemps. Les contractions ont commencé à 4 heures
et j’ai accouché à 18 h 15. J’ai bien eu le temps de souffrir avant la péridurale et ensuite avec la péridurale, cela
s’est passé de façon impeccable. On m’a injecté des ocsitocines, des hormones pour avancer la dilatation du col
qui pendant une heure est restée au stade 5. Ce qui était dur était que j’étais coupée des sensations de mon corps
mais ce qui était également dur était de voir le monitoring avec le cœur du bébé qui montait et descendait. Et de
constater mon impuissance. Ma fille était dans mon ventre, on pouvait l’encourager mais quand on voit les
chiffres qui descendent cela fait peur et on se rend compte que la vie ne tient pas à grand chose car quand le
chiffre indique zéro c’est fini. On n’en était pas à ce stade là. Mais la manifestation d’un chiffre qui monte très
haut et qui descend très bas ne tient pas à grand chose. J’étais impuissante pour stabiliser le système. L’expulsion
a été un moment difficile car malgré la péridurale, je l’ai bien senti. La naissance était un véritable concentré de
moi du meilleur personnage au pire. Je suis passée par plein d’étapes différentes : de la femme adulte qui pousse
et qui fait ce qu’il faut dans la bonne énergie à la petite fille qui veut que cela s’arrête et qui n’y arrivera jamais,
qui n’en peut plus et qui est désespérée, qui souffle de désespoir. Quand la contraction arrivait, on me demandait
de pousser, je poussais comme il fallait et ensuite j’étais à moitié entrain de pleurer.
Ce passage de la naissance a été très dense car je n’ai pas eu d’épisiotomie. En fait on m’a mis ma fille son mon
ventre. Et cela a été très étrange. Ce n’était pas du tout les moments de joie que l’on peut raconter sur le plus
beau jour de sa vie. À la fois c’était super beau et à la fois elle était sur mon ventre en train de hurler de colère,
de pédaler pendant plus de dix minutes et de pousser sur moi…C’était très bizarre. Je l’avais connu pendant les
neufs mois. J’étais très émue mais j’avais une sensation surnaturelle : elle était là, mon corps avait réussi à la
fabriquer, elle était là, parfaite. En fait pendant l’expulsion, je lui en ai voulu de me faire mal. Je l’encourageais,
mais je lui en ai voulu. J’ai culpabilisé après car elle n’avait rien demandé. Cela fait partie de mon histoire. À un
moment donné, c’était trop pour moi et je lui disais « dégage, sors de là. ! ». J’ai culpabilisé d’être une mauvaise
mère.
Mon mari a été génial. Il a beaucoup participé pour les respirations, même s’il était impuissant devant ma
douleur. Pendant l’expulsion, il a été là, il a regardé, il a touché la tête de sa fille et il l’a tiré avec la sage-femme
pour la faire sortir. Il m’a accompagné comme il pouvait. Moi, je me sentais seule face aux autres même si j’étais
entourée par toute une équipe. Je me sentais seule face à l’accouchement. La sage-femme me disait « Je ne peux
pas pousser à votre place. ! ». J’avais une détresse dans les yeux, je voulais appeler au secours et je me sentais
impuissante, terriblement seule, même si mon mari était très présent. Lui regrette que je me sois coupée comme
cela. Quand cela ne va pas je me coupe et les autres n’existent plus. Même ma petite fille n’existait pas. À ce
moment-là, elle m’empêchait d’être bien. Il m’a encouragé, coaché et après il lui a donné son premier bain à côté
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de moi. Il a coupé le cordon ombilical. Elle était aux anges dans son bain, intriguée et elle avait l’air en
confiance . Le papa ne comprenait pas ce qui lui était arrivait mais était super content.
Laurent : Pendant ta grossesse, ton mari t’a-t-il accompagné ?
Delphine : Oui. Il cherchait le contact à fond avec sa fille même sans haptonomie. Il lui parlait, la caressait, lui
chantait les chansons, il la plaignait quand elle avait le hoquet dans mon ventre; il était très présent. Il a participé
à quelques cours théoriques de préparation à l’accouchement.
Question : est-ce que tu as travaillé sur des problématiques liées à ta fille pendant ta grossesse ?
Delphine : non pas particulièrement. J’ai plus travaillé sur mes problématiques d’enfant.
Françoise : Après l’accouchement quand je t’ai téléphoné et que je t’ai demandé si tu allais bien tu m’as
répondu : « oui mais tout le monde s’occupe de ma fille et personne ne s’occupe de moi ! »
Delphine : Pendant la grossesse, tout le monde s’occupe de nous mais après, toute l’attention est concentrée sur
le bébé. Je n’existe plus. J’ai souffert et personne n’en tient compte ! Par moments je la regardais et lui disais :
« tu en as de la chance qu’on s’occupe de toi ! »
Monique Marjorie. : Par rapport aux sons des tibétains, je voudrais raconter une anecdote. En tout début de
grossesse, j’ai eu un problème. J’avais le risque de perdre le bébé car la membrane se décollait. J’avais eu une
information de vie fœtale qui était liée aux Tibétains mais dont je ne savais pas quoi trop faire. Le lundi suivant,
quelqu’un m’appelle pour prendre rendez-vous et me parle des Tibétains. Il me dit que quand il ne va pas bien, il
écoute des chants tibétains. Je me suis mise à écouter des chants tibétains tous les soirs en m’endormant. Le
gynécologue n’a rien compris car quinze jours après mon état n’avait pas empiré et un mois après, il n’y avait
plus rien. Il y a quelque chose par rapport à ces sons qui s’est passé.
Remarque : j’ai eu deux enfants sans péridurale un avant la kinésiologie et un après la kinésiologie. La seconde
fois, j’ai accouché à la maison car je voulais avoir toute liberté de mouvement. J’ai vraiment repassé les quatre
matrices. Quand j’ai choisi la musique que je voulais mettre, car j’ai tout choisi y compris l’heure à laquelle je
voulais que le bébé naisse (en mettant les pendules à la bonne heure) j’ai mis deux disques sur cinq avec des
chants tibétains et ce qui est magique est que je n’ai pas eu la douleur de l’accouchement. Pour la naissance de
Pauline, l’accouchement a été sans douleur jusqu’aux cinq dernières minutes. Puis les cinq dernières minutes ont
été très intenses et difficiles, liées à la vitesse et l’épisiotomie. À la naissance de Gaïa, qui est née après un
travail en kinésiologie, je ne me suis pas sentie seule abandonnée de tous mais cela a vraiment été le sentiment
que chaque douleur que le bébé avait, chaque contraction correspondait à une étape de Gaia ; je suis passée par
toutes les positions : debout, couchée, assise à quatre pattes, et j’ai fait le chemin avec elle. Au moment où je me
suis mise à quatre pattes, elle passait sous le coccyx et je n’ai pas vécu cette douleur. C’est extraordinaire.
Un médecin m’a accompagnée de façon particulière avec un travail sur le périnée extérieur et intérieur, mais
c’est une technique où il laisse faire. Il accompagne seulement. On peut vivre d’une façon différente si on entend
le message du corps. La contraction n’était pas qu’une douleur à vivre mais une étape.
Remarque : La douleur de l’accouchement n’est pas vaine. Elle grandit dans tous les corps. Quand on coupe ce
moment-là, quand le bébé apparaît plus rien n’a d’importance. La douleur amène quelque chose, elle n’est pas
injuste.
Delphine : Au début, je vivais bien la douleur, j’accompagnais, mais avec le temps, je me fatiguais, je me lassais
et je n’en pouvais plus. Je voulais que cela se finisse par rapport à mes limites.
Meriem : j’ai vécu 30 heures de contraction et j’ai commencé à avoir mal la dernière demi-heure avant la
césarienne.
Remarque : La douleur dépend vraiment du niveau de conscience car je pense que la douleur peut détruire.
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Françoise cela dépend comment on la gère
Sarah : Je pense que dans la douleur, il y a une dimension de peur qui peut transformer la douleur en souffrance
et rend les choses peu gérables. Un vrai accompagnement pendant une grossesse, c’est également de travailler
sur la peur des femmes et des hommes et les accompagner dans cette difficulté et de lever le voile sur la peur.
Cela fait une différence.
LE BIEN-ETRE ET L’ENTREPRISE
Stéphane Bailli-Gee
LA CREATION DE BEE
L’année dernière, après les matrices et la réunion des Formations CORPS MEMOIRE, nous avons créé
un groupe sur le Bien Être et l’entreprise.
À l’époque j’avais déjà commencé à parler avec Françoise et Monique Marjorie des applications possibles du
coaching dans le domaine professionnel et les entreprises à travers Corps Mémoire.
Le groupe s’est formé et a évolué entre une dizaine de personnes en moyenne avec sept à huit réunions entre
novembre 2003 et la fin du printemps 2004.
Ce groupe s’appelait BEE « Bien-Être dans Entreprise ». Nous avons choisi ce terme car nous ne pouvions pas
reprendre le terme de coaching. Le coaching est une profession qui sans être vraiment réglementée commence à
se structurer en fédération, association, écoles, diplômes et notre approche était différente car nous apportions les
méthodes de CORPS MEMOIRE.
Ce groupe est passé par toutes les couleurs de l’arc- en- ciel. En début de séance, nous faisons le CAP et deux
exercices de Brain Gym pour mieux nous centrer et nous harmoniser. Dans le groupe, il y avait des choses qui
nous touchaient à titre personnel même si c’était dans le cadre professionnel, et il y avait beaucoup d’animation.
Nous lancions ensuite notre débat.
Au bout de 3 à 4 séances, nous avons défini nos objectifs, nos outils, ce que nous pouvions proposer. Et ensuite,
il a fallu que notre groupe BEE se positionne par rapport à CORPS MEMOIRE ET à Françoise, et cela a été une
grande expérience. Nous sommes passés à travers les quatre matrices.
Laetitia : Les trois premières séances étaient les trois matrices. À la deuxième séance, le groupe est parti dans
tous les sens, il y a eu beaucoup d’agitation, mais à la fin, des choses intéressantes, des projets se sont dégagés.
Stéphane : cela nous a rassurés sur la validité des outils de CORPS MEMOIRE, de là où nous en étions. En
revanche, cela nous a mis devant une véritable problématique : Comment positionner les outils, les projets de
BEE par rapport à CORPS MEMOIRE ? Est ce que BEE allait devenir une entreprise, un prolongement de
CORPS MEMOIRE, Les intervenants allaient-ils être agrées par CORPS MEMOIRE ? Pourrait-on mettre le
produit en licence ? Il y avait une approche purement business, purement dynamique des affaires, ce qui n’est
pas évident car il faut être très précis et savoir de quoi on parle.Il faut savoir également où l’on se situe par
rapport à un marché qui est en croissance sur le développement personnel, le coaching… Nous avons eu
beaucoup de mal à nous positionner personnellement. Cela nous renvoyait à des choses très profondes : « est-ce
que je vais être bon ? Ets-ce que je vais être à la hauteur ? Est ce que je ne devrais pas plutôt travailler tout seul ?
Je veux bien le faire, mais je ne m’occupe que d’un secteur. Je veux une commission… » Cela pouvait devenir
assez lourd assez vite. Ce qui a été le cas
Volontairement, il ne s’est rien passé depuis le printemps.
L’intérêt de ces réunions est que d’un côté nous étions un laboratoire de création et de l’autre côté nous
participions à la création d’un laboratoire. Cela devenait très compliqué car nous était à la fois dans le bocal
entrain d’agir et en dehors du bocal où nous regardions ce qui se passait dans le bocal. Cela nécessitait de la part
du groupe un effort d’abstraction et d’implication qui était très fort. Cela a été pour nous tous une source de
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réflexion et d’information très utile. Cette capacité d’être pris dans un problème et d’être impliqué
émotionnellement, pouvoir en ressortir rapidement et regarder avec un œil neuf et objectif. C’est comme dans
une dispute avec son patron ou dans son couple. On se dispute et tout d’un coup on s’arrête et s’observe et l’on
se dit : « qu’est ce qu’il est entrain de se passer » ; nous sommes passés plusieurs fois et avec succès par ces
états.Finalement, nus avons conçu un document « principes de base » qui est une charte « pléonastique » !
LE BIEN-ÊTRE DANS L’ENTREPRISE
Nous avons tous été confrontés d’une manière ou d’une autre au Bien-Être dans l’Entreprise. Pour le groupe
BEE, le Bien-Être dans l’Entreprise est constitué d’outils permettant de développer le potentiel productif et
créatif d’une personne à l’intérieur d’un groupe ou d’une structure, tout en lui apportant une dimension de bienêtre.
La dimension de Bien-être en tant que valeur pertinente n’existait pas dans l’entreprise, il y a une trentaine
d’années et certainement pas il y a cent ans. De nos jours, c’est une valeur quasiment incontournable.
Le monde de l’entreprise évolue d’une façon très rapide. Le fonctionnement d’une entreprise en 2005 n’a plus
rien à voir avec le fonctionnement d’une entreprise dans les années quatre-vingt et en 2010, ce fonctionnement
sera encore différent ! En France, il y a plus d’un million de personnes sans emploi dans le monde du travail. La
relation avec le monde du marché de l’emploi est différente. La notion de Bien-être est de plus en plus
consciente et importante et en même temps 56 % de la population qui travaille en entreprise se dit très stressée
en permanence. La France est le premier pays au monde à consommer des produits anxiolytiques, et
antidépresseurs.
Pour nous ces informations sont très intéressantes car cela rentre dans le cadre de ce que l’on sait faire ou que
l’on apprend à Corps mémoire.
Par exemple, le CAP utilisé dans les formations est un outil qui change tout. Je l’utilise très souvent pour faire
travailler une équipe sur une ou plusieurs journées.
Maintenant, nous sommes dans un univers d’information. En 2002 la France a fabriqué l’équivalent de quatre
millions de BNF (très grandes bibliothèques François Mitterrand) dans le monde entier. Cela fait en moyenne
800 giga par personne et par an. Notre relation à l’information est totalement différente de celle que nous
pouvions avoir dans les dernières années. Il y a un stress et une angoisse permanents par rapport à l’information.
Est ce que je sais, est-ce que je ne sais pas ? Qu’est ce qui se passe ?
Évidemment, nous pouvons agir sur ce terrain parce que ce besoin d’information permet à l’entreprise et à
l’employé d’évoluer, mais si nous avons la tête trop pleine, nous ne pouvons plus rien gérer.
La communication en entreprise, après tout ce que je viens de dire, sur l’information, au lieu de s’améliorer en
qualité, se développe en quantité ce qui est complètement différent. Les personnes sont submergées par
l’information et ont beaucoup de mal à la gérer.
90 % des gens que je vois et qui travaillent dans une entreprise de plus de 30 personnes n’ont aucune idée de ce
qui se passe en dehors de leur service. C’est démoralisant, démotivant et très préjudiciable à l’amélioration de la
performance et de la créativité en entreprise.
L’évolution actuelle des techniques de management fait que l’on a quelque chose de passionnant à apporter. Je
ne suis pas sur du tout de la façon dont les membres de Corps Mémoire peuvent le faire.
LES METHODES DE TRAVAIL DE BEE
Je voudrais revenir sur la façon dont le groupe BEE a travaillé, exprimé sa créativité, cherché des idées. Nous
sommes partis de rien. Nous avons utilisé le procédé divergence/convergence. Quand on a un problème à
résoudre, on va généralement tout de suite chercher la solution. On a une démarche convergente. Le groupe a été
beaucoup plus soft. Nous avons eu une démarche divergente au départ. Nous avons exploré les différentes
possibilités qui s’offraient à nous. Nous en avons extrait beaucoup d’informations pertinentes qui ont été
structurées, validées et intégrées à titre personnel. Là où on s’est arrêté c’est que ce groupe a eu beaucoup plus
de mal à se positionner au niveau de CORPS MEMOIRE.
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La question qui se pose maintenant est de savoir ce qu’il va advenir de BEE ? Il y a beaucoup de possibilités, et
même s’il ne se passe rien, nous avons vécu une expérience particulièrement enrichissante.
Nous avons mis en place une démarche pratique. Plutôt que faire des listes, nous avons fait des cartes de l’esprit,
des cartes mentales des mind-map.
Nous avons fait un produit BEE avec des outils, des clients, une communication.
Les clients seront-ils des grandes entreprises, des PME, des indépendants… ?
Une fois que l’on prend du recul, on arrive à tirer des traits transversaux. Il y a des points particulièrement
sensibles. Cela permet de traiter l’information d’une autre manière.
Sur les outils, on s’est rendu compte qu’avec le Brain Gym, il est facile de faire bouger les gens. C’est beaucoup
moins facile de les toucher. On a travaillé sur des techniques pour faire travailler les gens sans les tester. Ce que
l’on fait avec l’Apprentissage Pleine Forme ; Il y a des synergies, des passerelles qui ont commencé à se créer et
à se compléter. On a utilisé les traits de structure fonction, le Jeu adapté, le baromètre pour l’entreprise.
On a travaillé plutôt sur de la communication interne et de la formation pour les groupes.
Stéphane Roche : Dans le coaching, il y a beaucoup de recettes et de référentiels. Pour moi l’idée de notre
groupe était de développer un bien-être plus général et pas d’apporter des recettes. Au niveau émotionnel, jouer
d’une façon plus souple dans l’entreprise, gérer d’une façon naturelle les flux de l’entreprise.
Monique Marjorie : Je voudrais rectifier quelque chose par rapport au coaching.
Ce que l’on évoque généralement sur le coaching, ce sont des recettes, des conseils dans des stages qui ne sont
pas appliqués ; le coaching n’est pas cela. C’est aider la personne à trouver ses propres solutions. Bien sûr le
coach a les moyens d’aider la personne à trouver, mais c’est le coaché qui trouve tout seul sa solution. Nos outils
sont plus du domaine du coaching d’équipe parce qu’il y a des moments où l’on met des gens ensemble pour
qu’ils expérimentent et cela pourrait être un des jeux que l’on proposerait, mettant la personne en situation.
Laétitita : Dans un premier temps, nous avons beaucoup parlé de coaching et ensuite nous avons arrêté d’utiliser
ce mot car c’est un monde à part. Nous avions trouvé des articles dans lesquels nous avions constaté que les
coaches ne touchent pas à l’émotionnel.
Véronique C : En individuel on peut toucher à l’émotionnel.
Laétitita : En fait, nous avons trouvé des articles parus dans la presse parlant du coaching. Et nous avons
découvert que les coachs ne touchent pas le niveau émotionnel. Ils utilisent la PNL (Programmation NeuroLinguistique) et cela reste à un niveau très superficiel. Cela marche trois jours, cela ne s’intègre pas et donc cela
retombe dans les oubliettes.
Véronique C: J’ai suivi un patient qui a un énorme poste de responsabilité dans le groupe Auchan. Il est suivi
depuis 6 mois individuellement par un coach. C’est un vrai travail. Son coach lui a demandé de faire un travail
de recherche dans le processus Hoffmann avec des tonnes de questions à répondre et supervisées par le coach.
Après le coach a demandé au patient de demander aux personnes de son entourage comment il était perçu. C’est
un travail hyper précis sur la façon dont il communique, dont il est habillé, est ce qu’il livre ses émotions, est-ce
qu’il est extraverti, introverti… Ensuite il a un suivi individuel sur un an et demi. C’est un vrai travail individuel,
une vraie porte ouverte.
Remarque : j’ai eu une séance de coaching groupe dans le cadre de l’entreprise et cela a été vécu de façon très
émotionnelle, même pour ceux qui ne l’étaient pas.
Remarque : j’ai fait du coaching individuel cela se rapprochait de ce que disait Véronique. Un entretien tous les
15 jours avec des objectifs, des mises en situation
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Monique Marjorie : En coaching on donne des objectifs. On peut avoir des situations du passé qui émergent mais
on s’en sert pour aller dans le futur. On ne cherche pas la cause. En coaching d’entreprise, on ne peut pas le faire,
en individuel oui.
Stéphane Roche : Il existe deux disciplines qui sont différentes : le développement personnel qui travaille sur la
personnalité, le masque et le passé, le pourquoi des choses, la cause, et une partie qui est orientée sur le futur où
l’on développe le potentiel individuel.
Françoise : il n’y a pas de scission nette entre le travail personnel émotionnel et le travail sur l’entreprise. Tantôt
je travaille avec mes patients sur un problème personnel, tantôt je travaille sur un problème de l’entreprise, sur le
futur.
Il y a plein de raisons pour lesquelles on peut toucher le futur : L’inconscient capte avant le conscient la
problématique où elle se trouve.
J’ai un exemple : une personne en entreprise disait que tout allait bien. Pourtant il y avait une personne qui lui
faisait de l’ombre. Le corps avait enregistré l’information et j’ai travaillé avec lui sur la façon dont il s’y prenait
pour que l’autre continue à lui faire de plus en plus d’ombre et comment faire pour que l’autre ne lui fasse plus
d’ombre du tout. C’est une performance de la kinésiologie. La kinésiologie est un outil extrêmement performant
pour le coaching.
Monique Marjorie : On peut travailler avec une personne à l’analyse d’une situation du passé pour lui permettre
d’éclairer son futur. On ne reste pas dedans éternellement, on s’en sert pour voir ce qui se passe.
Françoise : Dans le travail de kinésiologie, dans un premier temps, il y a un nettoyage qui se fait sur la base et le
passé, car le passé influence directement le présent. On peut faire des liens avec l’entreprise à condition que la
personne les entende. Il est évident que si quelqu’un dégaine chez lui rapidement, il va être un soumis dans
l’entreprise, s’il dégaine rapidement en entreprise, il va être un soumis chez lui. L’objectif est qu’il soit moins
soumis et moins rebelle.
Il y a deux choses : la séance individuelle et le travail que l’on présente en entreprise. Et dans ce cas-là il faut
présenter des outils entreprise, quitte à proposer quelque chose d’autre après.
Laétitia : Dans le cas que tu as donné tout à l’heure avec la personne qui se comportait mal de telle façon que
quelqu’un lui fasse de l’ombre, cela permet d’aborder le passé sans l’aborder. Il y a des attitudes qui sont la
résultante du passé et en changeant cela, tu prends le problème à l’envers. En modifiant sur le corps, cela modifie
ailleurs. Dans une entreprise, cela peut faire peur de se trouver dans un travail thérapeutique.
Stéphane Bailli-Gee : L’année dernière, notre groupe était animé par une très grande volonté de légitimité par
rapport aux entreprises avec lesquelles nous pourrions travailler. Il y a beaucoup de choses qu’on s’interdisait de
dire ou de faire. J’ai totalement évolué et j’en retire les bénéfices d’une façon permanente depuis plusieurs mois.
À partir du moment où je suis clair sur mon positionnement, il y a des gens que je ne vais pas intéresser mais
ceux qui vont venir, vont être intéressés tout de suite et cela va se passer tout de suite très bien. BEE avait une
volonté d’être CORPS MEMOIRE tout en ayant une aura de coaching totalement légitime. Ce n’est pas une
démarche très constructive.
Françoise : C’est pour cela que je suis restée en dehors de votre groupe. Je voulais que vous réfléchissiez, et je ne
voulais pas vous apporter mes solutions. C’était à vous de les trouver. Et quand les solutions sont trouvées, on
peut trouver des choses communes à la kinésiologie et à BEE que l’on peut développer dans CORPS MEMOIRE
et dans BEE. C’est possible. Trouvez d’abord vos vrais outils et pour cela il faut vous frotter à l’entreprise. Il
faut aller sur le terrain.
C’est pareil pour le pôle thérapeute qui se crée à Corps Mémoire. On travaille, on échange ses expériences.
En même temps, s’il y a deux pôles qui travaillent, c’est le même monde. Ce qui va marcher d’un côté va
marcher de l’autre (holistique) mais les raisonnements ne sont pas identiques dans les deux pôles.
POINT SUR L’EVOLUTION DE CORPS MEMOIRE
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FRANCOISE TAINON
LE CONCEPT DE STRESS PROFOND
Au départ, quand ce concept a été lancé, il n’y avait pas de recul suffisant pour en mesurer l’impact et les
conséquences. Cela a d’abord été une hypothèse de travail, puis cela est devenu un travail plus précis. J’ai
imaginé un protocole que j’ai donné aux élèves en leur demandant de les expérimenter sur leurs patients,
sans rien leur expliquer. Moi-même j’avais obtenu des résultats étonnants sur mes patients. Les retours
ont été très positifs, avec des résultats très étonnants. On a essayé d’en tirer des conclusions. Petit à petit,
le stress profond est rentré dans nos habitudes de pratique de kinésiologie.
Le protocole a été lancé il y a quatre ans, et il a fallu tout ce temps pour obtenir le recul nécessaire sur ce travail
en stress profond.
Le stress profond est l’organisation cérébrale et la désorganisation cérébrale qu’occasionne le stress. En discutant
avec Bruno et Ariane qui utilisent le protocole stress profond dans leur travail, nous avons découvert que les
patients arrivent en étant assez désorganisés. En travaillant en stress profond, ils se réorganisent. La meilleure
organisation cérébrale est celle des « cerveaux intégrés » c’est-à-dire quand tout est présent et branché. Pour
arriver à ce résultat, il faut un certain temps et un certain nombre de séances de stress profond.
LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA KINESIOLOGIE
Vous savez qu’il y a différentes approches de travail thérapeutiques en kinésiologie : Three in one concept pour
la compréhension, Touch for Health pour le côté énergétique, APF ou stress profond pour une question
d’organisation cérébrale. Ensuite il suffit de replacer l’histoire de la personne dans ces différents protocoles.
Pour certaines personnes, il faut commencer par Three in one concept pour éclaircir les idées, c’est-à-dire
changer leur système de croyance. D’autres passent tout de suite par l’organisation cérébrale. D’autres ont
d’abord besoin d’un travail énergétique. Je n’ai pas encore bien compris pourquoi cela fonctionne comme cela.
Certaines personnes ne vont avoir besoin que des séances de réorganisation cérébrale d’autres vont alterner stress
profond, Three in one concept…
Je pense à tous les élèves post-matrices qui me consultent en séances individuelles. Beaucoup d’entre eux sont
arrivés avec des séances de réorganisation cérébrale. Il y avait une intégration en départ de séance, mais en
faisant les homo crawl, cela avait réactivé un stress profond et il y avait besoin de reconnecter quelque chose.
J’ai l’impression que les vrais stress profonds sont à cet endroit. On travaille sur des couches très profondes qui
améliorent considérablement les comportements.
Quand on travaille en stress profond, les patients arrivent et sont désorganisés. Ils repartent en étant organisés.
Entre temps, ils se désorganisent et au bout d’un certain nombre de séances, ils arrivent en étant organisés. À
partir de ce moment-là, les patients disent qu’ils vont mieux, qu’ils sont plus présents. Il y a des changements.
Ariane : Je travaille sur le corps et j’utilise le stress profond. Effectivement il y a des séances où j’alterne stress
profond, le travail sur les chaînes musculaires. Il n’y a jamais le même travail à chaque séance. Cela change à
chaque fois.
Françoise : Est ce que les patients viennent avec une demande de type corporelle ?
Ariane : Pas forcément. Mais j’aborde les patients par le corps. Si quelqu’un qui vient pour un travail de
kinésiologie pure, j’ai besoin de passer par le corps. Au bout d’un an, les séances deviennent plus ciblées, plus
cohérentes, les corrections plus concrètes. Je retrouve des informations des premières séances qui ne passaient
pas au niveau du corps et qui maintenant sont plus intégrées. Il n’y a plus besoin de trop d’informations, il n’y a
qu’une correction, bien ciblée.
LE TRAVAIL EN SEANCE
REUNION DES FORMATIONS CORPS MEMOIRE 2004
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Françoise : La première séance est capitale. Il faut savoir comment aborder le patient. Il arrive avec un gros
paquet, comme un abcès prêt à crever. Il donne beaucoup d’informations. Dans la première séance, on a souvent
le contenu de toute l’évolution comme si le corps nous donnait le chemin. Il y a une problématique qui va être
retravaillée tout en finesse et le patient a l’impression au début de ne pas avancer. Très souvent, au bout d’un
certain temps, le patient rejoue la première séance, avec un autre degré de profondeur, de conscience et de
compréhension. À la fin de chaque séance, si on fait bien attention à ce que le patient dit quand il est rééquilibré,
on sait quelle problématique suivante il va pouvoir travailler.
Véronique : On sait quel niveau de conscience bloque. Bien souvent, au bout d’un certain nombre de séances,
quand on a déblayé le plus important, ce n’est plus qu’une histoire de système de croyance. On bloque sur le
système de croyance du patient. Et c’est à ce moment-la qu’il faut du concret.
Françoise : Quand on est sur le blocage du système de croyance, si on fait des séances de stress profond, on va
trouver des corrections liées au cerveau limbique.
Au début, ce sont des exercices liés au cerveau reptilien et au cerveau limbique qui vont corriger le problème de
latéralité. Petit à petit, on trouve des exercices de priorité cerveau limbique qui corrigent la dimension
concentration et ensuite des exercices uniquement liées au cerveau limbique. Avec ce travail, on sait où en est la
personne dans son évolution.
Question : Quand j’ai fini ma séance, quelque chose émerge engendrant de la réflexion. Parfois c’est très clair,
c’est-à-dire que je travaille dessus, parfois j’oublie et quand je reviens en séance, ce qui avait émergé en sortant
est de nouveau présent.
Françoise : N’oublions pas que par le test musculaire, on a accès à la fois à la conscience et à l’inconscient de la
personne. Pendant la séance, tout a été rééquilibré, cela émerge à la conscience consciente, cela s’enfonce de
nouveau et, avec le test, on aura de nouveau accès à ce qui émergeait et qui est donc prioritaire.
Il y a certaines personnes qui vous disent : « je n’avance pas, je tourne en rond ». Cette impression de
tourner en rond n’est pas du tout objective car ce que les gens ne comprennent pas c’est qu’il faut un
temps d’intégration. Pendant un certain temps, on a l’impression que les informations ne passent pas, puis
un jour, elles s’intègrent au conscient à 100%. Mais ce n’est jamais conscient à 100 % tout de suite. Et au
final, ce qui bloque, ce sont les systèmes de croyances et les idées que l’on a sur les choses.
Question : À la fin de la séance, il faut qu’il y ait quelque chose de vraiment concret. Il faut que les patients
explorent de façon concrète la vie quotidienne. Le comportement extérieur est vraiment important. Il faut leur
demander quels détails ils mettent en place, qu’est-ce qu’ils vont changer dans leur vie pour que les choses
avancent. À partir du moment où l’on met cette notion en route, les patients se rendent compte des progrès faits
et où cela bloque.
Véronique : c’est prioritaire et c’est ce qui fait la différence entre Corps-mémoire et les autres techniques
(psychothérapie notamment). En ce moment j’ai un certain nombre de patients qui ont fait une psychothérapie
pendant plusieurs années et qui arrivent à la kinésiologie. Certains continuent parallèlement les séances de
psychothérapie. On clarifie ensemble au début du travail ce qu’ils attendent d’un travail en kinésiologie. Les
patients cherchent des changements concrets et rapides. Il faut relativiser le mot rapide. Mais il faut insister sur
le côté concret de passer à l’acte, d’exprimer les trois niveaux de conscience.
Françoise : Il est important d’avoir un bon argumentaire sur le côté positif de la kinésiologie, ce qu’elle apporte,
sans démolir les autres techniques. Il faut également montrer en quoi cette technique est différente des autres. Ce
que je dis habituellement aux patients qui ont pratiqué d’autres techniques, c’est que dans la psychothérapie
classique, avec leur 5 % de conscient, ils attrapent de façon aléatoire de l’inconscient et le ramènent au conscient
tel quel. Ensuite par moments et de façon encore aléatoire, il y a des remontées émotionnelles qui ne sont pas
quantifiées. Et du coup, quand ils ont compris quelque chose, ils vont mettre beaucoup de volonté pour le faire
passer dans leur vie. Avec la kinésiologie, rien n’est magique, il faut faire passer quelque chose dans sa vie mais
il n'y a pas besoin de mettre beaucoup de volonté, surtout avec le stress profond. On a accès direct aux 95 % de
l’inconscient, on réharmonise le conscient et l’inconscient, on est en phase, et en partant cela a tendance à se
réenfoncer. Dans sa vie, il y a comme une espèce de jaillissement du changement. Il ne faut pas mettre beaucoup
de volonté pour appliquer un changement, le changement doit se faire tout seul. Certains patients arrivent et
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disent qu’ils ont fait des choses qu’ils n’auraient jamais faites avant, qu’ils ne se sont pas reconnus dans leur
comportement. Ce qui a jailli de l’inconscient s’est recalé avec le conscient. Il n’empêche que la verbalisation, le
dégagement émotionnel, le travail sur le corps sont importants. Le seul problème est que les personnes qui font
des psychothérapies sont souvent des personnes mentales et qu’elles auraient intérêt à travailler dans d’autres
techniques qui ne sont pas mentales. Mais on ne peut pas leur dire. Les personnes qui font du travail émotionnel
sont généralement des personnes émotionnelles. Elles auraient intérêt à cadrer leur émotionnel. Et les personnes
qui font un travail sur le corps, c’est encore autre chose. Mais la kinésiologie apporte quelque chose auquel les
personnes n’auraient jamais pensé. Quand les personnes sont très désorganisées, elles ne sont pas forcément en
mesure de choisir la bonne technique pour elles, mais on ne peut pas leur dire, car ce qu’elles ont déjà pratiqué
avant de venir en kinésiologie est un acquis. Ceux qui ont pratiqué une psychothérapie pendant dix ans ont
tendance à trop parler, et souvent il faut les arrêter mais elles ont une formulation très juste. Ceux qui ont fait du
rebirthing et de l’émotionnel ont tendance à se rouler un peu trop dans l’émotionnel mais ils arrivent
parfaitement à dégager émotionnellement. Ceux qui ont fait un travail sur leur corps ont beaucoup du mal à
mettre en mots. Ils restent sur les sensations. Ils n’arrivent pas à passer le cap de l’émotion et de la
compréhension.
A.P.F. ET LES FORMATIONS A.P.F.
À la suite de tout cela, du succès de Corps Mémoire, qui est une formation sur le Bien-être avec un engagement
personnel important qui donne la possibilité de devenir thérapeute Corps Mémoire, il y a une autre demande,
celle des gens qui s’occupent des enfants, c’est-à-dire les grands-mères, les personnes à la retraite et qui veulent
aider. Elles peuvent avoir une formation plus technique et plus courte qui débouche sur le stress profond. Il y a
une énorme différence entre le stress profond des adultes et celui des enfants. Le stress profond des enfants est
quasi magique une fois sur deux. L’enfant a une capacité d’intégrer sans avoir la compréhension. Tous ses
niveaux fonctionnent. Il va passer tout de suite à l’acte et cela peut aller à zéro faute en dictée en un mois, cela
est très rapide. Ces enfants n’excèdent pas cinq séances. Ils se récupèrent rapidement surtout quand ils sont
jeunes. Ils n’ont pas besoin d’avoir un acquis psychologique mais une technique.
Corps Mémoire propose cette année une formation courte de six séminaires avec un TOT plus théorique et
d’implication que celui que nous proposons en formation complète.
Le séminaire TOT portera un peu plus sur plus sur la neurologie, l’aide et les limites à l’aide aux enfants. Ensuite
il y a un TFH et 4 séminaires de Brain gym avec stress profond en dernier. Il n’y a pas besoin d’aller plus loin
dans le travail avec les enfants. Les gens qui auront fait cette formation pourront s’occuper d’enfants, c’est-à-dire
les instituteurs, les éducateurs et les enseignants.
Françoise : un CD va sortir sur lequel Maurice travaille. Vous y trouverez la grenouille (le cap), des groupes
d’exercices pour aller au tableau, se mettre au travail, apprendre des leçons et une petite histoire pour mémoriser.
C’est un outil très utile et efficace pour les 6/10 ans.
Bruno : j’utilise les séries (pour préparer les blessures d’enfance notamment). Depuis deux ans, je les fais tous
les week-ends et tous les jours pendant les vacances avec ma femme et mes enfants.
Françoise : dans le livre APF il n’y a pas beaucoup d’explications sur ces mini séries.
À la suite du premier séminaire sur les chaînes musculaires, on s’est rendu compte que les chaînes musculaires
se déroulaient dans le sens inverse de la naissance historique.
Bruno : avec les enfants, je n’ai pas réussi à intégrer dans les exercices les mouvements des yeux. Mais ils
arrivent à fermer les yeux plus facilement.
J’ai fait les exercices de Brain Gym avec les yeux (notamment le trèfle) et je me suis rendu compte que je me
vidais de mon énergie. C’est le principe du EMDR.
J’ai tout expérimenté pour pouvoir aller visiter les écoles.
Françoise : Par rapport à la position des yeux, quand les enfants n’arrivent pas à fixer les yeux dans une certaine
direction, je teste le baromètre. Je leur fais faire le trèfle lent, rapide, en leur faisant dire « je me sens… » «je
suis… ». Il faut assouplir de nouveau les yeux avec la gymnastique des oscillo-moteurs.
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Bruno. En ce qui concerne la position de la langue dans les exercices, tous les enfants qui ont des problèmes ont
la langue en bas alors que les adultes ont naturellement la langue en bas. C’est ce qui permet de faire le lien entre
conception et énergie.
Martine : quand les gens zozotent, la langue est basse. Ils poussent entre les dents.
Jocelyne : les enfants qui ont des difficultés avec la langue poussent les dents vers l’avant. La mâchoire
inférieure s’avance. Les jeunes ados qui ont des problèmes de ce genre ont des problèmes de dos et ils sont un
peu avachis.
Corinne : dans mes séances, j’intègre le travail avec le mouvement de la langue des yeux et du pied.
Françoise : quand je donne des fleurs de Bach à prendre en séance, certaines personnes n’arrivent pas à
comprendre qu’il faut reculer la langue pour recevoir les gouttes. La langue n’est pas du tout mobile.
LA PRESENTATION DE L’ECOLE CORPS MEMOIRE
Il y a un DVD d’une heure et demie, réalisé par Maud, qui présente la kinésiologie et l’école Corps mémoire et
que l’on peut montrer.
Laurent et Ariane ont participé activement à ce DVD. 54 cartes ont été créées.
Le DVD est un travail énorme. Maud a filmé une première fois mais n’étant pas satisfaite de son travail qu’elle
jugeait pas assez professionnel, pas assez clair, elle a refait le film.
Elle n’a pas expérimenté les mouvements et n’a pas fait de séminaires. Mais les exercices l’ont aidé à se
construire pour elle et sa profession.
Avec le DVD si on veut savoir comment faire l’exercice de la demi-charrue, il faut cliquer sur le bouton demicharrue et l’on sait tout de suite comment faire l’exercice. Les explications sont très ludiques. Maud a fait
dessiner des enfants. Elle a repris l’image de ruisseau du livre Apprentissage Pleine Forme. On passe ensuite aux
chaînes musculaires. Cinq personnes travaillant dans des domaines très différents (ostéopathe, kinésiologue,
psychologue, orthophoniste et psychothérapeute) ont été interviewées sans préparation à la dernière réunion des
formations. Chacune d’entre elles a pris la parole, écouté l’autre et a parlé a son tour, pour compléter ce que la
précédente disait. Il y a eu un véritable travail d’écoute où chacun s’est auto-géré sans gêner l’autre.
Jocelyne : A la fin de l’interview, Maud a mieux compris ce qu’était la kinésiologie car quand elle a filmé, elle
n’avait pas toutes les infomations. a dit : c’est limpide, cela me permet de comprendre mieux.
APPRENTISSAGE PLEINE FORME ET FITNESS
Sylvie VITTMER
Je suis entrain de faire la formation Corps Mémoire.
J’utilise les exercices d’Apprentissage Pleine Forme dans mes cours de Fitness au Club Forest Hill de Meudon
La Forêt. J’utilise notamment l’exercice avec la visualisation des couleurs. J’ai commencé à mettre cet exercice
après le troisième séminaire de formation.
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J’ai commencé par lire le livre Apprentissage Pleine Forme et ensuite j’ai donné des cours de stretching.De
temps en temps à la fin du cours, je fais faire une petite relaxation. Comme je n’en ai jamais fait, je propose
toujours le même genre de relaxation. Quand j’ai découvert l’exercice avec les couleurs, j’ai eu l’idée de
l’introduire dans la relaxation. Le résultat a été très surprenant, c’est le moins qu’on puisse dire.
Quand j’ai commencé à proposer l’exercice de visualisation des couleurs, j’ai commencé à sentir des vibrations
lourdes dans l’atmosphère. Je n’avais jamais fait l’exercice, je l’ai simplement lu dans le livre. À la fin de mon
cours, j’ai discuté avec les participants de mon cours. L’un d’entre eux s’est levé brutalement et a dit « moi j’ai
vu rouge ! » et il est parti très vite ! Je lui ai dit au revoir. Un autre s’est jeté dans mes bras et m’a dit : « Sylvie,
je pleure ! ». Je ne savais pas quoi faire. Je lui ai dit « pleure ! ».
Je vais dans le vestiaire où généralement on rit, on se raconte des trucs…Et là, pas une seule réaction. Les gens
étaient stoïques ! Et moi je me demandais : qu’est-ce que c’est que cette atmosphère, c’est l’orage ? »
Je prends ma douche et je devais rentrer avec une amie Delphine qui a assisté au cours et avec qui je devais
prolonger la soirée chez moi. Je ne la sentais pas très bien. Je lui propose d’annuler notre soirée s’il elle le
souhaitait. Elle me répond très brutalement : « non non ! mais tu m’emmerdes avec tes couleurs ! ». En général,
cette fille parle très bien et j’étais un peu étonnée de son langage. On rentre dans la voiture et j’ai eu vraiment
très peur. Elle me dit : « tu me gonfles avec tes couleurs, tu me gonfles tout court ! » Je lui demande ce que
j’avais fait pour qu’elle se mette dans un état pareil. Et juste devant nous il y avait un mur. Elle me répond :
« J’ai juste envie de nous jeter contre le mur ! ». Arrive une série de feux rouges. Delphine passe tous les feux
sans s’arrêter. Je ne pouvais même pas lui dire « Tu te gares, je prends le volant ! » car je n’ai pas le permis ! Le
virage arrive et la voiture continue tout droit. J’ai eu un bon réflexe, j’ai pris le volant et je l’ai tourné ! En même
temps je téléphone à Françoise Tainon car je ne savais plus quoi faire ! Elle me répond : « Surtout elle ne doit
pas contrôler ! » On a pu rentrer chez moi et après cela a été fini.
Le second séminaire arrive et je me demande si je dois parler à Françoise ou pas de ce qui s’est passé. Je décide
de lui dire. Elle m’a donné des cours particuliers d’Apprentissage Pleine Forme.
Françoise Tainon : je lui ai donné dix cours particuliers progressifs d’A.P.F. pour mettre en place un protocole
cohérent sans commencer par des choses qu’elle ne contrôle pas. En plus vous avez vu qu’avec les couleurs, on
est dans les cinq émotions (crier, pleurer, rire, chanter, gémir). La réaction est la même avec les couleurs qu’avec
les émotions.
C’est vrai que le livre A.P.F. a d’abord été fait pour des enfants. Sylvie l’a fait avec des adultes et la réaction a
été immédiate.
En fait c’était un cours de fitness dans lequel tout va vite et cela s’est passé sur une toute petite partie.
Sylvie : J’ai continué à utiliser les couleurs, mais je les ai travaillés en séance avec Françoise. Maintenant dans
les cours, cela ne se passe jamais de la même façon.
Dans un premier temps, tout le monde était stoïque.
Il faut savoir que les cours de stretch dans les salles de gym sont en perte de vitesse. Il n’y a presque plus
personne qui y assiste. En mettant le cours de stretching à vingt heure (qui est un horaire embêtant) je pensais
que je n’aurais pas grand monde (5 à 6 personnes). En fait je gère entre 20 et 50 personnes pendant ce cours.
Pour gérer un si grand nombre, c’est très difficile. Et avant ce cours, je fais faire le CAP. Mais c’est un peu
difficile car en plus je dois me donner à fond dans le cours ! Si le cours doit être tonique et que le prof ne l’est
pas cela met une autre ambiance et au contraire si le cours doit être calme et que le prof est tonique ce n’est pas
non plus l’idéal ! Il y a des séances où l’ambiance est très euphorique et parfois des séances ou l’ambiance est
stoïque.
À la fin de l’exercice sur les couleurs, je fais jeter la couleur détestée dans la terre et je fais mettre une couleur
blanche ou jaune pour finir. Il y a quand même des gens qui pleurent. Souvent le cours se prolonge de 30 à 45
minutes.
Après ce cours, tout le monde se sent complètement reposé de sa journée, que ce soit les PDG ou les femmes au
foyer. Il y a certaines personnes qui n’arrivaient pas à manger après le cours. Maintenant elles rentrent et elles
mangent. Il y en a une qui avait très mal au dos et qui avait une très grosse douleur intérieure. Avec l’exercice,
des choses sont remontées à la surface et ensuite elle a eu un grand épuisement total. Une autre s’est sentie
complètement vidée de ses sensations corporelles et physiques et elle a dormi comme un bébé après la séance.
Une autre a eu la sensation de prendre en main son corps alors qu’elle ne s’en occupait pas du tout. Cette
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personne pesait 125 kilos et elle en fait maintenant soixante-quinze. Elle est très frustrée car, dans le cours, c’est
très rapide et elle ne peut plus venir comme elle veut comme avant. Et une autre avait beaucoup de mal à venir
car elle était sourde d’une oreille et très cartésienne. Si on ne lui raconte pas ce qui se passe en physiologie ou
autre, elle ne vient pas. Maintenant elle est complètement détendue dans sa tête et son corps, elle a beaucoup
moins de soucis qu’avant. Une autre a réussi à extérioriser la colère qu’elle avait en elle grâce au ballon rouge.
Elle s’est sentie plus sereine et a pu mieux écouter la personne avec qui elle était en peine.
Une personne à l’intérieur du cours a vu son corps d’en haut.
Maintenant on prend le temps de prendre une douche, un café avant de rentrer chacun chez soi.
Ce Cours s’appelle Stretch Pleine Forme.
Après l’épisode de la visualisation des couleurs que j’ai démarré toute seule, 3/4 des gens ne sont plus venus
dans les cours d’après. Ceux qui venaient étaient des nouveaux !
Françoise : C’est normal car quand on change d’état de conscience ou d’énergie ou que l’on a lâché une grosse
problématique, il y a un passage pendant lequel les gens ne viennent plus, d’autres nouveaux arrivent et d’autres
reviennent ensuite.
Sylvie : Un cours de stretch avec 50 personnes, cela ne s’est jamais vu !
Au début, dans cette salle-là, j’étais la prof qui avait le plus de membres mais je ne dépassais pas quinze
personnes ! Le premier cours, j’ai souvent 40 à 50 personnes, le deuxième un peu moins et le troisième 15
personnes. Mais pour avoir cela, je sais vendre mon activité.
En fait, avec l’A.P.F ; je n’ai pas besoin de me défouler et de me fatiguer autant !
Je me rends compte que les gens qui ne font pas de kinésiologie sont très bloqués avec leurs émotions. Parfois je
fais des exercices très simples.
J’ai refait une autre expérience en pratiquant d’abord la relaxation que je faisais avant, ensuite j’ai mis les
couleurs et enfin j’ai remis une partie de cours traditionnelle. Je n’ai pas encore mesuré les retombées.
Question : comment introduis-tu les couleurs dans ton cours ?
Sylvie : D’abord on fait une photographie du corps. On fait le CAP. On fait des étirements. On refait une
photographie du corps. Les gens commencent à sourire et à se détendre. Puis je fais faire de la respiration avec
l’exercice du ballon. Et ensuite je fais faire l’exercice avec les couleurs.
Françoise : Comment la direction de ton club a-t-elle réagi ?
Sylvie : Ma direction n’est jamais venue voir mon cours et j’estime que c’est un peu inconscient. Sur le mois de
juillet où je n’ai jamais personne le vendredi soir vers 20 heures, j’ai eu cinquante pétitions pour que le cours ait
lieu régulièrement. Ma direction ne s’occupe de rien, elle me fait confiance. Je travaille dans cette salle depuis
quatre ans. J’ai même demandé à partir une semaine pour un séminaire de kinésiologie et je n’ai eu aucun
problème pour le faire tellement la direction est ravie !
Types psychologiques et fonction inférieure
d’après Carl Gustav Jung
Bruno Giraudon
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Carl Gustav Jung (1875-1961) psychanalyste suisse considéra que le désir est soumis à la pensée (à l’inverse de
Freud) et mit au centre de sa psychologie les notions d’archétypes et d’inconscient collectif (ensemble de
représentations culturelles héritées).
« Types psychologiques », l’un de ses premiers livres, décrit les quatre fonctions de la conscience et le
fonctionnement de la personnalité consciente de l’homme selon ce mode quaternaire. Je vais vous présenter un
résumé et une approche de ce référentiel.
Jung différencie d’abord deux types d’attitude :l’extraverti et l’introverti.
Type extraverti
Moi
Type introverti
Conscience
Objet
Seuil de la conscience
Moi
Objet
Inconscient
Chez l’extraverti, La libido consciente se dégage habituellement vers l’objet. Toute l’attention est focalisée vers
l’extérieur. Mais il y a en retour une secrète réaction inconsciente de l’objet vers le sujet. L’introverti a le
sentiment qu’un objet envahissant cherche sans cesse à l’affecter et qu’il doit continuellement s’en éloigner et
s’en défendre. Tout lui tombe dessus. L’objet va vers le sujet. Il est constamment submergé par des impressions
qui viennent de l’extérieur, mais il ne se rend pas compte qu’il renvoie secrètement de l’énergie psychique à
l’objet par l’intermédiaire de son extraversion inconsciente.
Exemple : Quand j’ai commencé la kinésiologie, j’étais introverti. Je ne parlais pas et je me défendais en
permanence contre l’extérieur. Je prenais toutes les réflexions pour des agressions. Par contre j’avais un
symptôme de signal pour l’extérieur c’est-à-dire les yeux grands ouverts et cela perturbait tout le monde.
Jung distingue quatre types de fonction de la conscience organisés par couple : l’un de fonctions rationnelles (la
pensée et le sentiment) et l’autre de fonctions irrationnelles (la sensation et l’intuition).
Pensée
Intuition
Sensation
Sentiment
La pensée est la fonction par laquelle nous réfléchissons et pensons. Ce qui pourrait correspondre au mental.
L’intuition est la fonction par laquelle nous concevons les éventualités et les potentialités.
La sensation est la fonction qui nous permet d’appréhender le présent, l’« ici et maintenant ».
Le sentiment est la fonction par laquelle nous ressentons des sentiments, c’est le cas de le dire, qui sont
complètement exempts d’émotions (sauf quand cette fonction est inférieure).
Jung différencie les sentiments des émotions. Pour lui l’émotion est fixée à la fonction inférieure.
Françoise : Dans les structures fonctions, l’aire de pensée est tout ce qui est en avant.
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Chaque fonction peut être intro ou extravertie ;il y a donc huit types psychologiques différents avec une fonction
principale supérieure (par rapport à l’inconscient) consciente et adaptée à la réalité (qui me semble correspondre
au contrat de survie) et avec une fonction inférieure (car inconsciente) inverse (qui me semble correspondre à la
problématique de base).
Quand on est en fonction supérieure en pensée, obligatoirement le sentiment est en fonction inférieure. Si on est
en sentiment en fonction supérieure, on est en pensée en fonction inférieure.
Par exemple :type pensée extravertie avec sentiment introverti inférieur.
Françoise : Pour reprendre l’exemple de la fonction supérieure en pensée et le sentiment en fonction inférieure,
ce sont des gens qui ont besoin de comprendre. Dans le deuxième exemple avec le sentiment en fonction
supérieure et la pensée en fonction inférieure, ce sont des gens qui appréhendent tout avec leurs sentiments, c’est
juste, injuste.
Bruno : On peut avoir n’importe quelle fonction en supérieur. La fonction qui est en face est inférieure.
Françoise : ce sont les gens qui en séminaires disent : non je n’ai pas envie. Il y en a d’autres qui disent : je ne
comprends pas…
Bruno : ce que j’ai compris c’est que la fonction supérieure serait le contrat de survie, et la fonction inférieure la
problématique.
Quand on parle d’un type, on parle toujours de la fonction supérieure. C’est de que l’on présente dans La vie.
La fonction supérieure est utilisée en conscience. La fonction inférieure est ce que l’on cherche à cacher.
Véronique : est-ce que cela voudrait dire qu’il y aurait deux types de personnes : ceux qui sont en binomes
pensée sentiment, peu importe celui qui est supérieur ou inférieur, et ceux qui sont en binomes sensation
intuition. On en peut pas mélanger pensée en haut et intuition en bas par exemple ?
Bruno : Normalement on les quatre concepts à la fois avec une dominance colorée par la notion d’extraverti et
introverti.
Ces types ne sont pas directement en relation avec les traits de structure fonction. Par exemple intuition est dans
l’aire de la pensée.
Jung verra une confirmation de la structure quaternaire fondamentale du psychisme en tant qu’automanifestation primitive de l’inconscient dans tous les mythes et le symbolisme religieux. Il y a donc une
différence par rapport aux référentiels ternaires que nous utilisons.
Les quatre types irrationnels
Le type sensation extravertie et son intuition inférieure introvertie
Le type sensation extravertie est le propre de quelqu’un qui a le don et la fonction particulière de sentir les objets
extérieurs et de se relier à eux d’une façon concrète et pratique. Les personnes de ce type observent tout, sentent
tout et, en entrant dans une pièce, savent presque tout de suite combien il y a de gens présents. Plus tard, ils se
rappelleront toujours qui était présent et comment il était habillé.
Le type sensation extravertie est maître dans l’art et l’observation des détails ; il remarque la texture des choses,
a une certaine sensibilité pour l’étoffe des choses, la matière et, en général, a bon goût et une sensualité raffinée.
Par contre, ce type donne souvent l’impression d’être dépourvu d’âme car il ne manifeste pas de sentiment, ne
semble pas avoir beaucoup de pensées et l’intuition lui fait entièrement défaut. En effet, il qualifie cette dernière
de « fantasme insensé » et d’imagination complètement « idiote ». Dans les cas extrêmes, il détestera même la
pensée puisque, pour lui, penser est déjà tomber dans l’abstraction au lieu de s’en tenir au réel.
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Généralement, l’intuition inférieure est égocentrique :elle tourne autour de la situation personnelle du sujet sous
forme de sombres sentiments, de soupçons ou de prémonitions à propos de maladies qu’il pourrait attraper ou
d’autres infortunes qui pourraient le frapper. Ce type a souvent une attitude négative auto-dépréciative mais,
d’un autre côté, est aussi capable de vous inventer des histoires de fantômes étonnantes, étranges et mystérieuses.
Son intuition inférieure le pousse, aussi, vers la métaphysique transcendentale portée vers l’au-delà.
Le type sensation introvertie et son intuition inférieure extravertie
Le type sensation introvertie fonctionne comme une plaque photographique hautement sensible :lorsque
quelqu’un entre dans une pièce, ce type note sa façon d’entrer, ses cheveux, l’expression de son visage, ses
habits et sa manière de marcher. Tout cela lui fait une impression très précise, chaque détail est assimilé comme
par osmose. L’impression part de l’objet vers le sujet et pénètre de plus en plus profond pour couler au fond de
lui. Extérieurement, ce type peut paraître parfaitement stupide car il n’a pas plus de réaction qu’une statue : il ne
donne aucune indication sur ce qui se passe en lui mais, pendant ce temps, l’impression est absorbée à l’intérieur.
Il donne un sentiment de lenteur : ses réactions intérieures rapides continuent alors que la réaction extérieure ne
vient qu’à retardement (il peut rire le soir d’une blague entendue le matin !). Ce qui explique que ce type est très
souvent mésestimé et mal compris dans la mesure où l’on ne se rend pas compte de ce qui se passe en lui.
L’intuition inférieure de ce type ressemble à celle du type sensation extravertie : elle comporte les mêmes
qualités d’étrangeté, de mystère et de fantastique. En revanche, elle s’occupe davantage du monde extérieur,
collectif et impersonnel car elle est tournée vers les événements qui se passent à l’arrière-plan ; elle s’empare des
potentialités et du futur de l’environnement extérieur ce qui peut lui donner des allures prophétiques. Cette
potentialité est dure à gérer par ce type car sa fonction dominante, la sensation, le « scotche » dans l’ « ici et
maintenant » et sa fonction inférieure, l’intuition, l’oblige à quitter le réel.
Bien que son intuition soit déclenchée par l’événement extérieur, elle a les mêmes caractéristiques négatives que
celle du type sensation extravertie par ses caractères sinistres, pessimistes et négatifs. Cela pourra vous
surprendre soit parce qu’elle tapera exactement dans le mille soit par un fatras de soupçons sans aucun
fondement et complètement imaginaires.
Le type intuitif extraverti et sa sensation inférieure introvertie
L’intuition est la capacité d’appréhender ce qui n’est pas encore visible, les possibilités futures ou les
potentialités à l’arrière-plan d’une situation. L’intuitif extraverti qui applique cela au monde extérieur, devine
avec brio les développements futurs extérieurs autour de lui. Les personnes de ce type-là se trouvent toujours à
l’avant-garde, capables de flairer le vent, de sentir le temps qu’il fera et de reconnaître la valeur d’un créateur,
parfois complètement inconnu, qui sera cependant l’homme de demain.
Pour fonctionner, l’intuition a besoin de regarder les choses de loin, de façon imprécise, afin d’obtenir de
l’inconscient certains indices car, si l’on focalise sur les faits, la perception de l’intuition ne peut pas percer.
C’est pourquoi les intuitifs ont tendance à être imprécis et peu ponctuels.
L’intuition comme fonction principale présente l’inconvénient suivant : le type intuitif sème mais récolte
rarement par manque de patience ; il mettra les choses en route mais ne prendra pas le temps d’avoir le bénéfice
de son travail.
L’intuitif extraverti est enclin à ne pas faire assez attention à son corps et à ses besoins physiques : il lui faut
s’écrouler pour s’apercevoir qu’il est fatigué et ne sais pas non plus quand il a faim. Dans les cas extrêmes, il
ignore même qu’il a des sensations physiques.
Sa sensation inférieure est lente, lourde et chargée d’émotions ; étant introvertie, elle se détourne du monde
extérieur et a un côté mystique.
Le type intuitif introverti et sa sensation inférieure extravertie
Le type intuitif introverti possède la même aptitude que l’extraverti intuitif pour flairer l’avenir, deviner juste,
avoir la bonne intuition sur tout ce qu’une situation renferme de possibilités futures encore invisibles ; mais son
intuition est tournée vers l’intérieur et, par conséquent, il est essentiellement du genre prophète religieux ou
devin (chamane dans les tribus primitives). Il est informé des lents processus qui cheminent dans l’inconscient
collectif et ces transformations archétypiques, il les communique à la société (qui a souvent du mal à les
comprendre et les entendre)
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Sa sensation inférieure lui rend difficile la prise en compte des besoins de son corps et la maîtrise de ses appétits.
Par ailleurs, l’intuitif introverti souffre, comme l’intuitif extraverti, d’une formidable imprécision en ce qui
concerne la réalité des faits extérieurs. Sa faible capacité d’observation et son manque de concentration sur la
situation extérieure c’est-à-dire son inattention extrême peuvent lui faire émettre les contrevérités les plus
incroyables, bien qu’il ne mente pas consciemment, tout simplement parce qu’il ne remarque pas ce qui se passe
sous son nez. Enfin, ce type a des difficultés particulières à aborder la sexualité parce que celle-ci engage sa
sensation inférieure extravertie et il a du mal à savoir comment se comporter dans cette situation.
Les quatre types rationnels
Le type pensée extravertie et son sentiment inférieur introverti
Le type pensée extravertie met un ordre clarificateur dans une situation extérieure donnée en s’en tenant à un
principe clair : « si on dit ceci et cela, cela veut dire ceci et cela ». L’accent est toujours mis sur l’objet et non sur
une idée.
Les éléments subjectifs, c’est-à-dire ses idées et ses motivations, parce qu’ils sont du domaine de sa fonction
sentiment inférieur, restent cantonnés à l’arrière-plan de sa personnalité. Pourtant, ce type nourrit une sorte
d’attachement sentimental et mystique envers les idéaux et souvent aussi pour les gens ; mais ce sentiment fort,
profond et chaud ne se manifeste que rarement, restant caché car le sentiment ne s’écoule pas vers l’objet.
Naturellement, ce type sera considéré comme froid alors qu’il ne l’est pas du tout, le sentiment est tout à
l’intérieur de lui-même secret et absolu. Par contre, il aura une très forte influence occulte sur son entourage car
il a une façon d’établir des valeurs dans le secret de lui-même qui, tout en n’étant pas exprimées, influencent
inconsciemment les autres. De plus, ce type ne doute ni ne remet en cause ses propres valeurs intérieures ; il est
donc incapable d’admettre, quand le sentiment est en cause, que l’on puisse avoir d’autres valeurs que les
siennes.
Le sentiment introverti de ce type lui permet de nouer des loyautés solides ; il est le plus fidèle des amis même
s’il faut aller y voir de près pour le savoir. Mais ce sentiment est souvent infantile restant parfois entièrement
fixé à la mère et ne sortant jamais du domaine de l’enfance.
Question : tu peux très bien ne pas exprimer consciemment une émotion mais le manifester.
Bruno : c’est manifesté,mais ce n’est pas exprimé consciemment. C’est le rapport entre le sujet et l’objet. Il y a
ce qu’on peut faire consciemment et tous les signaux qu’on envoie inconsciemment.
Le type pensée introvertie et son sentiment inférieur extraverti
Le type pensée introvertie est concerné par les idées, il lui importe moins de commencer par les faits que de
clarifier ses idées sur les choses. Son désir de mise en ordre de la vie part du principe que si l’on a l’esprit confus
dès le départ on n’arrivera jamais nulle part. Il lui faut d’abord remédier à la confusion d’esprit en creusant dans
l’arrière-plan de ses pensées. Ce type revient toujours à l’idée subjective, c’est-à-dire à la question de savoir ce
que le sujet fait dans l’affaire.
Son sentiment inférieur extraverti est de la même sorte fort, loyal et chaud que celui du type pensée extravertie
mais s’écoule vers des objets précis. Les sentiments de ces deux types ont à peu près les mêmes
caractéristiques :jugement sans demi-mesure (oui ou non, amour ou haine), sentiment facilement empoisonné par
l’entourage ou l’ambiance collective, sentiment du genre « collant » (en positif, c’est de la fidélité ; en négatif,
c’est de la « glu » comme l’attachement d’un chien). Le sentiment extraverti de ce type pensée introvertie
pourrait se comparer à la lave d’un volcan qui avance très lentement mais qui dévaste tout sur son passage.
Le sentiment de ce type a soit un goût soit très sûr, soit très incertain étant capable de choisir comme amis des
gens très valables ou bien d’aller chercher les pires.
Le type sentiment extraverti et sa pensée inférieure introvertie
Le type sentiment extraverti s’adapte surtout en évaluant les objets extérieurs de façon adéquate de sorte qu’il
peut établir avec eux une relation appropriée. C’est pourquoi ce type se fait très facilement des amis tout en
ayant très peu d’illusions sur les gens, grâce à sa capacité d’évaluer convenablement les côtés positifs ou négatifs
d’autrui. Il est bien adapté et très raisonnable, évolue avec amabilité, il est comme une anguille dans la société,
obtenant facilement ce qu’il désire et sachant se débrouiller pour que tout le monde souhaite lui donner ce qu’il
convoite. Il met si parfaitement de l’huile dans les rouages de son entourage que la vie coule avec facilité.
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Comme ce type possède l’extraordinaire capacité de sentir objectivement la situation dans laquelle se trouvent
les autres, c’est lui qui, le plus souvent, se dévoue pour autrui avec la plus parfaite sincérité.
En général, ce type choisit ses partenaires et amis avec un goût très sûr quoique de façon un peu conventionnelle.
Il ne se risquera pas à choisir une personne qui sorte trop de son cadre social habituel, seul acceptable pour lui.
Négligeant sa fonction inférieure, donc sa pensée (c’est-à-dire la réflexion portant sur des principes
philosophiques, des abstractions ou les questions fondamentales de la vie) génératrice chez lui de mélancolie,
celle-ci tend à être négative et grossière, se présentant sous forme de jugements primitifs et rudimentaires et
pouvant donner extérieurement un comportement d’une froideur glaciale. Car, chez le type sentiment, les
pensées sont comme des oiseaux qui se posent sur son esprit pour aussitôt s’envoler. Alors qu’il n’en a pas
conscience, une pensée négative fait irruption dans sa tête pour s’évanouir dans l’instant, mais déclenche aussitôt
un refroidissement de l’atmosphère malgré l’amabilité chaleureuse qu’il manifeste.
De plus, étant introvertie, la pensée de ce type est tournée contre le sujet lui-même, elle est très cynique, sombre
et auto-dévalorisante, elle lui chuchote dès qu’il est seul : « tu n’es rien, tout en toi est faux ». Il en résulte
naturellement que ce type a horreur d'être seul et qu’il a besoin d’action pour avant tout éviter de penser.
La plus facile des échappatoires a cette problématique est de vendre son âme à un système préétabli et dans ce
cas, ce sujet deviendra un fanatique pour défendre le système qu’il a choisi. Ou bien, s’il parvient à se couper
suffisamment de ses relations pour être seul et penser, il deviendra prisonnier de ses pensées et perdra la vie de
vue en disparaissant dans les livres et les bibliothèques.
Le type sentiment introverti et sa pensée inférieure extravertie
Le type sentiment introverti s’adapte à la vie principalement par le sentiment, il a une échelle de valeurs
hautement différenciée qu’il n’exprime pas à l’extérieur mais qu’il laisse agir à l’intérieur. Possédant en luimême des préceptes moraux ou des règles éthiques si justes, il influe secrètement sur son entourage de manière
positive car, par suggestion, il oblige ce dernier à se comporter comme lui.
Sa pensée est extravertie le faisant s’intéresser à un nombre extravagant de faits extérieurs en contraste complet
avec son apparence silencieuse et effacée. Mais étant inférieure, cette pensée ne s’exprime souvent que par
quelques idées fixes appliquées à une énorme quantité de matériaux. Si cela peut être une qualité que la capacité
d’ordonner à l’aide de quelques idées simples une foule de matériaux, sa pensée tombe souvent dans la
monotonie intellectuelle en voulant simplement s’imposer aux faits. De même, comme toutes les fonctions
inférieures, la pensée extravertie de ce type a la tendance négative à devenir tyrannique, rigide et inflexible et,
donc, a n’être plus tout à fait adaptée à son objet.
Mise en place des types
Je viens de vous présenter de manière succincte les huit types décrits par Jung. D’après lui, la différentiation des
types commence dans la tendre enfance vers un an pour l’intro et l’extraversion et un peu plus tard pour les
fonctions.
Les enfants, comme les adultes, ont tendance à faire plus souvent ce qu’ils font bien et à éviter ce qu’ils
réussissent moins bien. La tendance naturelle est d’ajourner ou de reporter sur autrui la chose dans laquelle on ne
se sent pas supérieur. Ce comportement naturel renforce de plus en plus une tendance unilatérale.
L’attitude familiale et l’environnement font souvent de même entraînant une lente dégénérescence des autres
facettes de la personnalité. Car, les familles comme d’ailleurs les autres groupes, ont tendance à répartir les
fonctions en leur sein en comptant sur la fonction supérieure de l’un ou de l’autre :chacun abandonne avec joie la
fonction pour laquelle un autre sait s’y prendre tellement mieux créant ainsi un groupe harmonieux.
Il en est de même dans le mariage où l’on est enclin à épouser quelqu’un du type opposé
Question : quand on parle d’opposition, cela veut dire par exemple qu’on peut avoir une pensée introvertie et un
sentiment extraverti. L’opposé serait sentiment introverti et pensée extravertie .
Bruno : D’un coup, tout le poids de la fonction inférieure est levé, c’est la fusion, tous les problèmes sont
résolus. Les ennuis ne reviennent que quand l’un des partenaires ressent le besoin de développer sa fonction
inférieure au lieu de se contenter de laisser cette partie de la vie à l’autre.
Normalement quand on se marie, on prend exactement l’opposé de ce que l’on est en fonction, en attitude
introvertie et extravertie. Si on introverti, on va prendre quelqu’un d’intraverti. La fonction inférieure est
inversée également, ce qui permet la fusion. Mais quand on veut travailler sur la fonction inférieure, c’est là que
les problèmes commencent au niveau de l’évolution.
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Certaines personnes ont du mal à trouver leur type, il s’agit le plus souvent de types « faussés ». Ces cas assez
rares se produisent quand l’environnement oblige la personne à développer une fonction auxiliaire à la place de
sa fonction principale.
Véronique : C’est un double contrat de survie ou double refus. On quitte son axe et si on est rationnel on peut
prendre une fonction principale irrationnelle.
Françoise : C’est une façon de mettre les masques. On rapproche des choses, des réalités de chaque école
conceptualisées de façon différentes et qui recouvrent les mêmes réalités.
Bruno : par exemple, si quelqu’un est sur un axe supérieur en pensée et sentiment inférieur et qu’il ne peut pas
développer sa pensée à cause d’un environnement, de parents qui l’obligent à faire ce qu’il a envie de faire, il
aura tendance à partir en intuition ou en sensation et il aura du mal à trouver son type de base.
Normalement on est sur un axe : soit le vertical soit l’horizontal. Si pour des raisons familiales ou
environnementales on ne peut pas développer sa fonction supérieure sur un axe, on part sur l’autre axe en
fonction principale.
Quelqu’un qui est dans l’enseignement par exemple et qui veut que son fils continue dans l’enseignement. Il
projette sur lui et l’enfant n’a pas envie de faire la même chose que son père.Il n’a pas du tout la même fonction
supérieure que son père ou sa mère et il est obligé de s’adapter. Il part sur un autre axe. Il a du mal à se repérer.
Véronique : par rapport au double contrat de survie. Si chez l’enfant la fonction supérieure est pensée et
inférieure sentiment. Le père veut absolument que son fils soit médecin comme lui. Par-dessus cela il met
sensation et intuition. Avant d’aller trouver le premier type inférieur, il faut enlever des couches.
Bruno : Peut-être que, vous aussi, vous avez du mal à reconnaître votre type et c’est normal. En effet, si vous
êtes ici à m’écouter, c’est que déjà vous avez commencé à vous désidentifier de votre fonction supérieure, à
développer vos fonctions secondaires et conscientiser votre fonction inférieure. Le meilleur moyen pour
découvrir votre type est de vous poser ces questions : quelle est ma plus grande difficulté ?, contre quoi je me
cogne toujours la tête ? Il ne faut pas essayer de chercher à trouver d’entrée la fonction supérieure.
Pour trouver son type, il faut trouver sa fonction inférieure. Qu’est ce qu me pose problème dans ma vie ? Est-ce
que c’est la pensée, l’intuition ? Si vous avez trouvé votre fonction inférieure, automatiquement vous savez
quelle est votre type.
Caractéristique de la fonction inférieure
Elle représente la partie méprisée, dédaignée de la personnalité, la partie ridicule et inadaptée, mais aussi celle
qui construit comme un pont, la relation avec l’inconscient et par conséquent détient la clé secrète de la totalité
inconsciente de la personnalité.
En clair, la caractéristique de la fonction inférieure est l’accès à l’inconscient.
Elle est sans cesse orientée vers l’inconscient, que celui-ci apparaisse à l’intérieur ou à l’extérieur et elle est
toujours porteuse d’expériences symboliques qui peuvent venir de l’intérieur ou de l’extérieur.
Françoise Tainon : Avec le test musculaire, on a accès à la fonction inférieure.
Bruno : Oui bien sûr.
La fonction inférieure est généralement lente, au contraire de la fonction supérieure. C’est pour cela que cette
dernière est bien adaptée et que la majorité des gens ne savent pas où se loge leur fonction inférieure : un type
pensée en général ne sait pas s’il a des sentiments ni quelle est leur nature ; un type intuitif, lui, mettra des jours
si ce n’est des semaines pour remplir sa déclaration d’impôts. Même en travaillant sur la fonction inférieure,
celle-ci ne pourra jamais atteindre la vitesse de fonctionnement de la fonction supérieure.
La fonction inférieure est primitive, infantile, susceptible et tyrannique. Quand la fonction inférieure est en
cause, de quelque façon que ce soit, la plupart des gens deviennent terriblement infantiles :ils ne peuvent
supporter la moindre critique et se sentent toujours attaqués car là, ils ne sont pas sûrs d’eux et naturellement
avec ce comportement, ils tyrannisent tout le monde autour d’eux. En effet, toute susceptibilité est une forme
secrète de tyrannie obligeant les autres à s’adapter à la personne susceptible. En plus, une charge énorme
d’émotion est liée au processus de la fonction inférieure.
Les gens découvrent relativement tôt qu’ils ont des réactions de nature émotive, susceptible et inadaptée dans le
domaine de leur fonction inférieure ; ils prennent par conséquent l’habitude de recouvrir cette partie de leur
personnalité par une pseudo-réaction de substitution et de « couverture ». Par exemple, un type sentiment servira
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des lieux communs pour ses pensées tandis qu’un type pensée exprimera une sorte de sentiment aimable et
conventionnel.
Comme on a du mal à reconnaître sa fonction inférieure, on prend des concepts bateau et standard pour évoluer
dans la vie sans découvrir, laisser montrer, ressortir sa fonction inférieure.
Dans la société, il y a des réactions standard de certaines personnes qui ont été mises en place pour cacher les
fonctions inférieures.
Interaction entre fonction supérieure et inférieure
Il y a perpétuellement un jeu dynamique entre la fonction supérieure et la fonction inférieure. D’une part, la
fonction supérieure essaye en permanence de garder l’emprise sur la fonction inférieure, de l’« organiser » en
l’amenant dans son domaine pour mieux la contrôler et, d’autre part, la fonction inférieure s’insinue, en la
faussant, dans la fonction supérieure dès que celle-ci relâche son étreinte (stress émotionnel, alcool, âge,…).Dès
qu’on est en situation émotionnelle stressante, la fonction inférieure remonte ; En règle générale, la fonction
supérieure essaie de mettre le chapeau sur la fonction inférieure.
Assimilation de la fonction inférieure et son rôle dans le développement psychique
D’après Jung, l’inconscient est un fait premier et la conscience une réalité seconde. Par conséquent, la totalité
inconsciente et la structure de l’ensemble de la personnalité sont antérieures à la personnalité consciente.
Quand les fonctions se développent dans le champ de la conscience (ABCD) remonte d’abord du fond une
première fonction qui devient la fonction principale de l’ego. Celui-ci se sert alors de cette fonction dans
l’organisation de son champ de conscience. Petit à petit, d’autres fonctions apparaissent et, dans des conditions
favorables, elles se manifestent toutes dans le champ de la conscience.
Mais, quand la quatrième fonction remonte, toute la structure supérieure s’effondre. En effet, étant mélangée à
l’inconscient, on ne peut la faire monter au niveau des trois autres ; ce serait vouloir ramener à la conscience tout
l’inconscient collectif ce qui est impossible.
En clair, normalement, il y a une première fonction qui émerge et qui devient la fonction principale. Si on évolue
bien, les fonctions secondaires peuvent remonter au niveau conscient. On arrive donc à avoir trois fonctions qui
sont conscientes let la quatrième est dans l’inconscient Quand on veut faire remonter la quatrième, elle ne peut
pas remonter au niveau des autres, les autres sont obligées de descendre pour pouvoir fusionner avec la
quatrième.
Au niveau inconscient, on a les quatre fonctions qui sont là à la base. Que l’on peut utiliser en potentiel. Quand
on se développe, il y a une fonction qui monte en premier qui est la fonction principale supérieure. Ensuite, deux
fonctions secondaires de l’autre axe arrivent et en dernier la fonction inférieure remonte.
Pourquoi est-il impossible de monter la quatrième fonction jusqu’au niveau conscient ? C’est parce que
l’inconscient collectif est à ce niveau-là. On ne peut pas remonter l’inconscient collectif au niveau conscient.
Si l’on ne veut pas régresser en refoulant la fonction inférieure, il faut accepter de descendre avec ses autres
fonctions à un niveau plus bas (ce que nous traduisons par une baisse de l’orgueil). Il en résulte la création d’un
palier intermédiaire entre les deux couches précédentes où rien n’est plus ni pensée, ni sentiment, ni sensation, ni
intuition. Quelque chose de nouveau surgit, à savoir une attitude envers la vie complètement nouvelle et
différente, dans laquelle on se sert de toutes les fonctions, mais jamais d’une seule en permanence (ce qui me
semble correspondre au deuxième éveil). Dans le premier éveil, on semble sortir de la fonction principale pour se
dégager de l’égo.
Ce qui explique que l’on ne puisse pas passer directement de la fonction principale à la fonction inférieure :
comme elles s’excluent mutuellement, on ne peut intégrer sa fonction inférieure qu’en ayant intégré ses
fonctions secondaires. Ce qui permet ainsi l’émergence du niveau intermédiaire
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Par rapport au schéma, on a une fonction supérieure. On est obligé de sortir de l’axe physiologique sur lequel on
est pour faire l’axe opposé pour pouvoir atteindre l’inférieur. On est obligé de prendre des chemins de traverse.
J’a fait le lien avec les stress profonds . En faisant le stress profond on pensait que cela allait tout résoudre. Non,
on est obligé de passer par des paliers.
Françoise Tainon : ce sont les paliers que l’on touche en stress profond.
Bruno : Je vais maintenant vous expliquer le rôle de la fonction inférieure dans le développement psychique. On
peut comparer notre conscience à une chambre à quatre portes ouvertes (les quatre fonctions) par où l’ombre et
la personnification du Soi peuvent pénétrer. Très vite, on apprend à fermer une porte (la fonction supérieure)
puis ultérieurement deux autres portes (en assimilant les fonctions secondaires, c’est-à-dire en vivant avec elles
« à tout moment ») mais, sur la quatrième porte, le verrou ne fonctionne pas :la fonction inférieure est la blessure
toujours ouverte de la personnalité consciente permettant à l’inconscient d’y pénétrer à tout moment afin
d’élargir la conscience et de provoquer une attitude nouvelle. Cette porte ne semble pas faite pour être fermée,
c’est là qu’il faut succomber et subir la défaite en vue d’un développement ultérieur.
En société, les gens dissimulent derrière une « persona » leur fonction inférieure car celle-ci est le véritable lien
avec nos instincts les plus profonds et avec nos racines les plus intimes, elle est mêlée à notre nature animale et
mélangée à nos émotions inadaptées et à nos affects. Souvent, la fonction inférieure ne dépasse pas le niveau de
l’animal ce qui explique et « impose » le développement de la « persona » sinon la vie en société ne serait
qu’une jungle où chacun défendrait son territoire. Ce qui permet aussi de comprendre que l’assimilation de la
fonction inférieure a pour effet de rendre les gens socialement moins souples et moins conventionnels.
Plus on intègre sa fonction inférieure, moins on a de souplesse au niveau social. On est en accord avec soimême,mais on est plus en refus de ce qui est imposé.
Mais comment assimiler sa fonction inférieure ?
Comme je l’ai déjà dit, elle ne peut pas être assimilée dans la conscience du moi, il est juste possible de la
« relever » un peu vers la surface mais ce processus tire la conscience vers le bas ; c’est cette interaction
dynamique qui permet l’émergence d’un plan médian. Toucher à la fonction inférieure représente un
effondrement intérieur permettant de vaincre la tyrannie de la fonction dominante dans l’ego. Jung cite en
permanence ce vieil adage de Marie la Prophétesse, auteur alchimiste légendaire : « Un devient deux ; deux
devient trois ; et du troisième vient l’un comme quatrième ».
Françoise : C’est ce qui se passe dans les matrices : La matrice quare devient la une.
Bruno : C’est-à-dire qu’au départ il y a le développement de la fonction principale, puis assimilation de la
première auxiliaire, ensuite de la seconde pour arriver à trois. Mais quand surgit la fonction inférieure, elle
dévore le reste de la personnalité ; elle devient l’une car elle cesse d’être la quatrième, ce n’est plus une fonction
mais un phénomène de « vie psychique totale ».
Quand le plan médian est établi, on transporte son sentiment de vie dans un centre intérieur avec les quatre
fonctions présentes sont comme des instruments dont on se sert ou non à volonté. L’ego et son activité
consciente ne sont plus identifiés à aucune des fonctions, ils fonctionnent dans une autre dimension que Jung
appelle la fonction transcendante. C’est-à-dire qu’on n’est plus fixé à une seule fonction, on peut prendre la
fonction que l’on veut pour agir dans l’instant sur la fonction que l’on veut. On a le choix. Quand on est sous
stress, on n’est plus bloqué dans sa fonction supérieure ou la fonction inférieure. On n’est plus identifié à une
seule fonction comme avant.
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Elle signifie un noyau consolidé de la personnalité qui ne s’identifie plus à aucune des fonctions, c’est une sortie
en dehors de l’identification à sa propre conscience et à son propre inconscient et une installation sur le plan
médian. Quand ce stade est atteint, une autre sorte de développement commence, mais il est extrêmement
difficile d’en arriver là.
La quatrième fonction est le grand problème de la vie et il n’y a que trois solutions :soit je la refoule (elle viendra
quand même me perturber de temps en temps) et je ne vivrai qu’à moitié ; soit j’y plonge dedans et je dégringole
à un niveau animal sans pouvoir l’assimiler; soit je l’intègre en lui donnant un cadre par le moyen de
l’imagination active (pour Jung, c’est pratiquement le seul moyen de s’occuper de la fonction inférieure et il la
définit comme l’objectivation des contenus de l’inconscient entreprise à l’état de veille et la confrontation
consciente avec ceux-ci). C’est ce qu’on fait en infusion/défusion. Ainsi, on n’a pas besoin de la vivre d’une
manière concrète, intérieurement ou extérieurement, mais en lui donnant la possibilité de s’exprimer par des
fantaisies :écriture, peinture, danse… Par le test musculaire, on remonte de l’inconscient les informations que
l’on amène à la conscience. On fait un travail d’intégration.
Françoise Tainon : En fait on fait un travail très jungien. Par les symboles, les couleurs, on utilise l’inconscient
collectif.
Pour conclure ce petit résumé de ma compréhension du référentiel de Jung, je précise que ce dernier a toujours
présenté son travail comme un outil heuristique, c’est-à-dire comme une hypothèse permettant d’expliquer et de
trouver des choses. Cet outil permet de comprendre notre propre fonctionnement, de comprendre celui des autres
et ainsi d’améliorer la communication. Il permet aussi de trouver notre fonction inférieure qui correspond à notre
problématique de vie. Elle est notre point faible, souvent utilisée par les médias ou les politiques pour nous faire
réagir émotionnellement à un niveau inférieur ; elle est donc la porte d’entrée de tous les démons mais aussi,
quand elle est assimilée, la porte d’entrée des anges.
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